Aetherys

[Atéléïde]

Dans le silence intense, deux claquements cristallins, bien régulier, un pas. Des talons de cristal, une démarche souple, gracieuse, légère.

- Une princesse surement, quelle démarche! Que j'aimerai être aussi belle qu'elle...

Tous les braves gens que contenait le Palais d'Aether admirait déjà la personne à qui appartenait ce claquement presque rassurant.
Ce bruit fut rapidement suivi par une autre claquement, sec, métallique, d'autres pas. Des bottes militaires surement, une démarche lourde, rapide, nettement moins rassurante, le bruit de la guerre, le bruit des cris qui vont venir. Ce claquement sec fit fuir la plupart des curieux qui attendait le premier claquement. Plus le deuxième claquement avançait, plus les gens fuyaient paniqués.

Les deux claquements se rapprochaient maintenant, on commençait à pouvoir distinguer deux silhouettes d'ombres et toujours ces claquements que l'on ne pouvait presque plus qu'imaginer tellement le deuxième avait prit le dessus sur le premier.
Enfin, l'on pouvait distinguer une chevelure blonde, coiffée d'une queue de cheval sur le côté, comme si en se coiffant, personne n'avait osé lui dire qu'elle n'avait pas fait de deuxième queue de cheval, comme si...un mauvais tour? Non, personne n'avait autant de culot pour oser défier les claquements qui semblaient maintenant très proches, se tenant la main. A bien y regarder, le deuxième claquement sorti de l'ombre en même temps que le premier mais...personne n'y cru, comment cette silhouette aussi fluette, cette fille là pouvait exercer suffisamment de pression sur le sol et avoir une aura aussi meurtrière? Le deuxième claquement avait elle aussi une queue de cheval unilatérale sur sa chevelure d'un noir intense. A bien y regarder, sa queue de cheval était exactement inversée par rapport à celle du premier claquement. Comme si...c'était une coiffure naturelle et que l'on ne pouvait pas changer. Qui aurait pu leur faire une telle farce? Qui aurait osé...personne n'oserait défier une personne avec une telle aura.

On n'avait pas pu remarquer directement le claquement numéro deux, complètement éclipsée par le claquement numéro un. Sa beauté pouvait faire écran à toutes les choses du monde. Dès que la lumière posa ses rayons sur elle, se fut comme un nouvel habit qui vint la parer. Tout son corps s'illumina d'une radiance intense. "Comme une de ces barres d'Uranium que je fais miner à mes machines mais celle là j'irai bien la tirer moi même!" osa avancer en discrétion un mineur de l'état qui croyait ne pas être entendu. Le deuxième claquement s'avança d'un pas rapide vers lui à tel point qu'il cru qu'elle essayait de battre un record. Il voulu fuir mais quelque chose empêcha ses jambes de bouger. Comme si l'aura maléfique qui émanait du claquement numéro deux l'empêchait de se mettre à courir.

- Tu sais à qui tu parle là? Péon!

...s'écria le claquement numéro deux.

- Voyons...bien sur que non il ne sait pas, tu as déjà parlé à ce monsieur avant Jessica?

...la foule s'extasia devant la voix magique qui sorti du claquement numéro 1 dont on ne connaissait pas le nom. Le mineur senti son cœur se remettre à battre.

- Non et tu crois que j'ai envie de lui parler ou quoi? Je vais le buter!

...la voix du claquement numéro 2 était si puissante que même quand elle ne criait pas, elle criait quand même. Tant est bien que le coeur de M. Péon s'éteignit à nouveau.

- Oui, tu feras ce que tu veux quand tu lui auras présenté des excuses, on ne tue pas les gens avant de s'être présenté voyons Jessica...tu oublie ton rang.

- Tss, j'en ai rien à foutre du rang moi, c'est des rangées de baffes que je veux mettre moi! Allez Éléonore, on se casse, je veux pas voir ces têtes de morues plus longtemps sinon je vais m'énerver.

…dans l’assistance, personne n’osait mot dire mais tous s’interrogeaient : était il réellement humainement possible qu’elle ne fut pas déjà alors dans un état d’énervement ? Etait ce réellement son attitude calme et posée ?

- Oui je sais que tu essayes de te contenir là. Mais tu te souviens de notre promesse? Si tu ne fais rien exploser aujourd'hui, je te ferai un gâteau, tu sais ceux aux citrons verts que tu aime tant?!

...Éléonore...quel nom délicieux, elle connaissait bien Jessica. Elle savait parfaitement que son seul point faible c'était les gâteaux au citron vert et qu'elle pourrait faire n'importe quoi pour ne serait ce qu'une bouchée de ces gâteaux. D'ailleurs, les observateurs auront remarqué sur le coin de la bouche de Jessica, un filé de bave qui commençait à couler à la simple pensée de ce gâteau et de son goût qui pétille et qui la rend folle. Un sourire béat s'étalait sur toute la largeur de sa tête. Éléonore reprit sa marche vers les Hautes Salles du Palais car Dame Pandora l'attendait. Jessica suivait comme un zombie, prit dans son imagination débordante d'adulte qui ne pouvait sortir de l'enfance, imaginant les personnes avec des têtes de gâteaux et forçant Éléonore à tirer régulièrement le bras de Jessica pour ne pas qu'elle morde les aventuriers téméraires qui osaient ne pas esquiver l'aura maléfique qui, d'un bleu morbide, avait viré à un bleu vert citron.

Les quelques étages qu'elles devaient monter ne suffirent pas à faire décrocher Jessica de sa pensée, toujours absorbée par des milliers de gâteaux volants qu'elle voulait attraper mais qui lui échappaiten sans cesse. Eléonore lui lâcha le bras pour qu'elle puisse s'adonner à cette passion débordante lorsqu'elles furent à un étage où personne ne pourrait la sortir de cette état de transe qui préservait le Palais d'une destruction certaine et instantanée.

Il était maintenant temps pour les deux jeunes filles de voir Pandora, celle qui régnait sur l'Aetherys. La dame de fer les avait convié à un rendez vous où beaucoup des nobles du pays allaient se retrouver à la demande impérieuse et non négociable de Pandora. Personne ne savait réellement pourquoi ni dans quelles conditions ils allaient être reçu. Jessica et Éléonore s'attendaient à une autre de ces chiantes réunions de personnes riches et pleines de convictions.

-A vous de jouer Pandora, la vie de beaucoup de personne tient entre vos mains maintenant, ne l'ennuyait pas s'il vous plait, elle fait rimer distraction avec destruction...

...pensa à voix haute Éléonore en regardant sa soeur.

Une femme s'avançait alors que le bruit des discussions et des retrouvailles de longues dates cessé. Aucune des deux soeurs ne pouvait la voir, on ne distinguait qu'une vague silhouette mince au loin dans la salle gigantesque parsemé de vieux bourgeois et de vieilles bigotes effarouchées. La salle était vraiment magnifique, ornée de mille décorations, de statues gigantesques, presque rassurantes tellement elles en imposaient.

Au loin, un discours semblait avoir lieu mais les filles n'écoutaient pas, Jessica, trop absorbée par la chasse au gâteau imaginaire et Éléonore par la chasse aux couples amoureux, son passe-temps favoris. En effet, elle était de celle qui s'extasie du bonheur des autres, elle cupidonnait parfois des amours impossible jusqu'à que, plus possiblement gavé des tentatives de cette dernière, le couple se mette ensemble uniquement pour qu'Éléonore arrête de s’en prendre à eux avec tant de véhémence, comme une persécution, certes involontaire mais tout de même persécution, qui ne prenait cesse que lorsque que le bourreau était satisfait du bonheur qu’il croyait avoir donné. Souvent, le lendemain, ce couple n'était plus qu'un lointain souvenir.

La réunion se finit à peine quelques poignées de minutes plus tard, peut être beaucoup plus mais en tout cas c’était de cette façon que l’on perçu les jeunes sœurs qui, trop préoccupé par leur propres activité, n’avait pas tout à fait une perception du temps correcte. Tout juste finit, Elé prit Jess par la main pour tenter de s'approcher de la sortie afin de gagner au plus vite leurs appartements. Il semblait que le discours que Pandora avait tenu n'avait pas réjouit tout le monde et de nombreux débats avaient éclos dans la salle et ses alentours. Le débat semblait houleux, des avis divergeaient et certains semblaient avoir été conquis par la démonstration de Pandora mais d'autres commençaient déjà à comploter. Des groupes s'étaient formés. Eléonore entendait vaguement que l'on parlait d'habiter au Palais à plein temps, que ce n'était qu'une façon pour Pandora de surveiller efficacement, d'autres pensaient que c'était pour mieux permettre aux nobles de prendre les décisions importantes. Mais pour l'instant, rien de plus que du bruit pour les sœurs qui ne se préoccupaient que de gâteaux et d'amours. Les affaires d'état les avaient toujours passionnées car toute deux rêvaient du Pouvoir. De grands projets se dessinaient dans leur esprit depuis des années. Mais ce soir, ce qui leur importait le plus s'était de quitter cette ambiance pesante et surtout bruyante.

Le lendemain, alors que les nouvelles se propageaient à travers tout le pays, les sœurs se levaient tranquillement à la mi-journée. Plus tard, elles apprirent que tous les nobles du pays étaient assujettis à résidence au Palais d'Aether ce qui confirmait les rumeurs. Soucieuses d'en savoir plus, Elé et Jess demandèrent audience à Pandora, très occupée, celle ci leur accorda tout de même au détour d'un couloir un peu de son temps.

-Ma soeur et moi avons appris hier que vous aviez demandé à toute la noblesse de résider à temps plein au palais. Nous ne sommes pas contre votre décision mais il est vrai que nous aimerions nous rendre utile. La vie que nous menions à la campagne était morne et monotone. Nous aimerions ici pouvoir vous aider.

- Ouais, on pourrait faire péter des trucs ou heu...les faire exploser si vous voulez!

- Ne prêtez pas attention à ma soeur, ce que nous désirons par dessus tout c'est que tout le monde puisse vivre en paix en étant amoureux!

- Pardon? Pas moi! Moi je veux tout péter!!

- Ahah! Elle est charmante n'est ce pas? Elle a toujours été amusante comme cela. En fait, ce qu'elle veut s'est faire exploser les barrières qui nous séparent les uns les autres!

- Ouais bah va jouer aux bisounours galactiques avec ton amour à deux balles, on m'appelle pas "la nuée de straté" pour rien! J'aime quand ca fait boom!

- Jess, tu veux toujours ton gâteau?

D'un coup d'un seul, le sourire béat s'inscrit sur le visage blanc de Jessica, comme prit d'un délire, elle se mit à chasser les gâteaux.

- Je suppose que si vous avez réuni les nobles ici, c'est bien pour leur permettre de prendre des décisions avec vous, leur offrir le droit de proposer des choses? Partager en quelque sorte le pouvoir?

Pandora esquissait désormais un sourire en coin qu'elle peinait à dissimuler, elle admirait désormais la naïveté des sœurs mais c'est sans peine qu'elle imagina une façon bien amusante de s'en servir. Après tout, il n'y a pas de mal à avoir des bouffons pour une reine, les distractions sont si peu nombreuses...
Quelques minutes plus tard, Elé et Jess s'en retournaient à leur chambre, le sourire aux lèvres et un peu de bave aussi au coin de la bouche de cette dernière. Pandora s'éclipsait alors pour rejoindre une salle de réunion vers une rencontre qui pourrait changer la vie de l'Aetherys.

[Aetherya]

Une poignée de jours auparavant...

Démarche preste, élue d'une nouvelle épopée, gloire future aux savoureux parfums.

Senteurs d'un ailleurs aux couleurs d'un éclatant passé.

Les ombres tissent les rêves, la lumière en écrase les ambitions.

Elle est là, le temps n'aura eu d'emprise sur elle, et pourtant comme les fleurs flétrissent son éclat et sa fougue d'antan s'estompent. Trop d'ombres aux table*ux. Le ride*u n'est point encore tombé, les aventures lui tendent leurs bras, malgré tout, elle frisonne... Paradoxe de la situation...

Invitée intriguée par une nouvelle découverte aux reluisantes promesses. Convoitise de ses songes, un jouet nouve*u aux mystères damnés, entiers. Il lui faut briser les barrières qui étranglent cette matière, cet Aetherium aux propriétés de velours.

 « Votre altesse, voici la pierre en question. »

Le scientifique d'un âge certain semble tout excité, il lui tend euphorique, un coffret transparent dans lequel trône l'extrait d'Aetherium.

« Nous n'avions jusqu'à cette nuit rien étudié de semblable. Les analyses portées sur sa structure ainsi que sur sa composition nous ont démontré que le pourcentage en matières radioactives est hautement critique, bien plus que l'uranium que l'on trouvait jadis dans les mines du Pandora ou tout autre état recensé sur Volcano.» Il marque une pause et reprend aussitôt.

« Mais ceci n'est certainement pas le plus surprenant. En effet, nous avons aussi relevé des teneurs en énergie vitale anormalement fortes. En d'autres termes, ce caillou est un hybride entre la puissance nucléaire et le monde des runes. Alliance improbable entre le feu des bombes et la mana des mages. Les possibilités découlant de ce trésor sont probablement innombrables, bien qu'une étude plus poussée des sols de la région, tout comme de cet échantillon seront nécessaires avant tout pronostic définitif. Il nous faut donc trouver un moyen pour récupérer ces terres au plus vite.»

Son cœur s'accélère à la vue de l'objet mystique, Pandora approche sa main, effleure le cristal froid et protecteur qui couvre la pépite. Elle bat, ondes sournoises qui vrombissent de façon saccadées sur les parois glacées. Elle veut s'échapper, un éclat fulgure, la prison se brise. Vent tonitruant qui happe la poussière aux alentours. Elle se déchaîne, fracasse le scientifique, s'envole puis retombe; fontaine de lumière jaillissant en éclats qui arrachent les chairs rouges des terres volcaniennes. Le soleil fuit la scène. La nuit se joue complice. Les prières sont muettes. Les échos ardents.

Identités flouées, jeu interdit dont l'empirisme des expériences scarifie les mœurs.

L'immatériel devient solide, plaisir illicite d'offrir le repos éternel.

Le vieux barbu git la bouche ensanglantée, sacrifice-complice de cette libération.

Personnification des rêves, de l'irréel, de l'imparable.

L'Aetherium devient elle sous les traits artificiels d'une femme.

« Pandora, il est temps pour toi de changer, devient-moi, accepte-moi et nous esquisserons ensemble l'infini de nos utopies sur l'univers. L'obscurité te ronge, tu déambules inertes, vidée par un passé trop auréolé de succès. Le dragon n'a que trop sommeillé...»

La Grande Conseillère allongée sur le sol ne dit mot et acquiesce avec résignation.

Les larmes caressent ses joues pour la première fois. Nulle défense, son corps meurt, peu à peu. Lentement il se soulève, les lois physiques n'existent plus en cet instant. Chagrin délétère.

La forme et l'être se cherchent dans ces airs abrasifs, tournoient puis s'épousent dans un bruit ahurissant, fusion proscrite qui déchaîne les éléments. Une explosion sans pareil détonne au travers ce désert rouille, pulvérisant de son souffle la base scientifique toute proche, liquéfiant l'air, décapitant les montagnes qui dormaient impassibles depuis des millénaires.

A quelques lieux de là...

« Putain, encore un con qui se br*** le manche en balançant des ogives, ils font vraiment chier ! Comment je peux dormir tranquillement moi, y en qui sont en vacances bordel ! Foutue Volcano, pourtant l'agence de voyage m'avait promis un lieu calme, ensoleillé sans touristes... Pas étonnant, qu'il n'y en ai pas, ils terminent tous le cul sur une bombe et la tête cramoisie par le soleil de plomb...»

Retour sur image...

Elle se lève, changée...

...et attrape un holo-téléphone...

« J'exige un rendez-vous immédiat avec les propriétaires des terres du Sud ! Précise leur que la conseillère Aetherya les attend de pied ferme dans l'heure, si ils ne... Enfin bref, lance une grande réunion au palais, convoque les paysans et ceux qui se targuent d'appartenir à la noblesse »

...puis coupe la transmission et contemple le spectacle qui est à la hauteur de son énergie. Un paysage digne des plus grandes guerres se reflètent sur ses iris.

Renaissance...

Pandora n'est plus (totalement) car de ses cendres naquit Aetherya.