Un second
Je me souviens de toujours avoir été le second. Tu sais, cet éternel visage qui se cache dans l'ombre. Parce que les projecteurs éclairent toute la scène, le protagoniste la prend pour lui, parce que tout le monde en a toujours voulu ainsi. Le premier prend les marques et les responsabilités qui impliquent son poste. Il y va de sa survie, n'est-ce pas un ingrat mais glorieux métier ? Si métier il y a. J'ai toujours cru qu'il y avait un truc, une compétence, un apprentissage du premier, savoir tourner la lumière dans son sens et convertir les regards vers un même point, dans un unique but. Sa réussite. Derrière l'ombre du premier, se cache le second. Il se cache éternellement parce qu'il ne doit pas prendre les dangers que reçoit et provoque celui qui précède. Celui qui s'affiche. Ce premier, premier partout. Il prend les coups, et les rend. Je suis comme un support, et finalement, j'ai toujours trouvé cela intéressant. Seconder, dérive simplement de second. Pourquoi chercher trop loin. J'aurais pu dire soutenir, supporter, tout ce que le monarque ne peut pas montrer devant son public. Devant les autres, en soit. Tu sais, ce petit bout de moi, les quelques reliefs de mon visage qu'un brun de luminosité révèle au grand jour. Parce qu'il est important d'afficher qu'il n'est seul, sans quoi on le prendrait plus pour une machine que pour un véritable être humain. Et il est tout aussi important que ces aventures ne lui sont pas propres, mais que chacun de nous, qui vivons, et qui le regardons, qui l'écoutons, qui buvons son éloquence avec la même animosité que vous vous dégoutez du sang de ses nombreuses victimes. Le premier est aussi bon de rhétorique que de stratégie technicienne. Il est intéressant de comprendre que mélanger réel et fictif est un pouvoir dont peu se rendent compte de la violence avec laquelle il agit lorsqu'on jour avec.
Un peu en retrait, apparait sans qu'on puisse mettre ni un nom ni une image sur lui. Je suis ce second qui a toujours joué son rôle avec amusement et perfection. Ne récolter aucun honneur m'importe peu, je me rattrape. Parce que j'apparais. Le second manque de devenir premier pour peu de choses. Il en existe de diverses compétences, mais finalement, il n'y a que trois arguments pour justifier cette place, plutôt que celle de son souverain.
Il y a d'abord celles dites au dessus : le Premier fait œuvre d'éloquence et technicité globale. Le second est alors un chef imparfait. Compétent dans sa spécialité, il ne reste qu'un ultime membre dans les autres branches qui font des hommes, un agglomérat d'intelligence. Le second ne se montrera que par ses discours. Auquel cas, il restera le diplomate averti, celui sur qui on pourra toujours se reposer lorsque les autres seront en guerre. On fait appel à lui pour... seconder ? Mais que cas ? Dans quels moments ? Il suffit que le Premier soit prit ailleurs, et c'est lui qui siègera, il parlera. En son nom, au nom de son organisation, et donc, dans la priorité, au nom de son Premier. C'est une chose importante que de pouvoir déléguer ses pouvoirs, et ses compétences. Dans des gens de confiance, qui sont aussi, si pas plus, habile dans cette catégorie, que le Premier lui-même. La langue aisée, le personne lésée, il a la même assurance, et n'a pas peur de prendre momentanément la responsabilité de la puissance visuelle de son organisation. Parce que finalement, un discours ne sert-il pas uniquement à cela ? Si rarement suivi d'acte, il impose la présence, et la prestance. Une solide et rapide apparition montre l'importance et l'habilitée d'un groupe. Sans quoi il perd toute crédibilité. Ce second-là est connu des gens de l'élite. Des diplomates, et l'on suit ces interventions avec énormément d'attention. Parce que si, comme je l'ai dit plus haut, un discours, aussi magnifique soit-il, n'est finalement qu'une parade de la puissance d'un groupe, et non un projet d'action, ou de réaction, il est porteur de conflits. Ainsi, il est tout aussi dangereux de faire une erreur de rhétorique et d'argumentation que de laisser ses soldats trainer dans le grande Voile de notre Galaxie. Il suffit d'une faille pour que l'adversaire s'y emporte, et réduise à néant tout effort. A vrai dire, quel en est l'impact ? Il semble faible, peu intéressant. Croire cela, c'est ne pas jouir de toutes les qualités que l'homme et le monde nous propose. Parce qu'à l'oral il est bien plus facile d'attaquer que de défendre, perdre sa crédibilité signifierait la mort. Une fois sa crédibilité perdue, le groupe perd son sens, et se voit ridicule dans sa légitimité. Il perd tout appui dans ce monde, et le militaire pourra toujours être d'une puissance encore inconnue, il y aura toujours contre lui une passion bien plus grande. Aussi ce second doit soulever de ses bras une importance capitale. De sa bouche sort la confiance même qu'on peut avoir en lui, et indiquera si oui, ou non, ils, lui et ce qu'il représente, sont digne de cette confiance qu'il revendique. Si une attaque orale n'apporte que peu d'offensives militaires, une contre-attaque réfléchie amène souvent la victoire.
C'est ainsi qu'un tel homme, un tel représentant, assumera non pas, l'efficacité d'un groupe, à se maintenir, mais bien sa faculté à ne pas faire d'erreurs.
Il existe alors l'autre personne, qui seconde, et qui soutient. Si l'orateur que je suis, ou que j'étais, se réservait aux longues et belles - mais parfois insensée - argumentations, comment un groupe pourrait-il survivre sans avoir la technique, la science du réelle. Maitre des champs de bataille, expert du commerce, ou de quoi que se soit d'autres, il met en action les directives. Ce que je n'ai, en fait, jamais été. Ce second réfléchit du moment, l'instinct des actes plus fort que toute chose, j'ai toujours respecté ces hommes qui en quelques secondes faisaient tomber des flottes deux fois plus grandes que les leurs, ou non, d'ailleurs. Ou qui savaient protéger les leurs, les nôtres, et les miennes, par la même occasion d'une menace. Il accompagne plus qu'il ne soulève. Ce second-là est glorieux. Il partage un peu plus les honneurs que tout autre personne d'un groupe. C'est celui, moins caché, que l'orateur mettra en avant. Il est un argument que j'ai toujours aimé ramener à côté de moi, ni devant, ni derrière. Sans eux plus aucun de mes discours n'auraient eu d'importance, de présence. Ils auraient été dénués de sens, d'un vide un peu flou, sans soutient. Parce qu'ils créent les faits, je les raconte. Et rarement l'inverse... Je l'ai déjà dit, mais je me répète. C'est étrange, presque paradoxal, mais il est très rare qu'un général avance par l'annonce d'un orateur, et peut-être est-ce mieux ainsi. Dans le meilleure des cas, il lance des offensives parce que son diplomate réagit. Ces hommes peuvent mourir, un jour, revivre le lendemain, alors que la veille ils étaient encore en haut de l'estrade. Ils sont d'une honneur aléatoire, et pris dans un ascenseur émotionnel extraordinaire, ils passent les extrêmes à leur guise : un jour l'honneur, la victoire, l'autre la honte, le désarroi, la défaite...
Le second représentant, celui que j'ai toujours joué avec plaisir, n'a pour seul chute, celle du groupe. Il est toujours, s'il reste d'une efficacité et d'une juste relative, sûr de sa situation, parce que justement ses propos et tous ceux de ses acolytes sont bien plus symboliques que réels. Ils sont une icône de la puissance du groupe, et n'ajustent leurs tirs que lorsqu'une brèche s'ouvre dans le discours de son adversaire.
Il existe enfin, un personnage, plus complexe, plus intéressant encore. L'ami. Amené par l'occasion, par la seule chance d'avoir de bonnes relations, la plupart du temps sans avoir fait aucune preuve, il est porté tout en haut de la pyramide des hiérarchie, et reste légitime par la seule conviction du Premier qui l'a mis en place. J'ai... A vrai dire, j'ai été souvent à ce poste-là. Car il fut un jour où je naquis sans aucune expérience, de compétences douteuses, du moins non-vérifiées et où cet ami me pris sous sa coupe, celle d'une parfaite connaissance des autres, du monde, et des complexités. Ce genre de personne, ne sont légitimes qu'à l'intérieur du groupe - ce tant que ce second n'aura pas fait d'erreur et qu'il restera dans les faveurs de son premier. Il en est tout autrement dans le grande fluide du monde. Car si tout Premier qu'il est, il n'a pour influence que ceux qu'ils gouvernent. Et non ceux qui le regardent. Ce second a alors tout à prouver aux autres. Ainsi, plus le Premier est puissant et influent dans les relations qui régissent ce monde - diplomatique, militaires, commerciales - plus il sera aisé d'imposer son ami à la grande communauté. Sans quoi il ne restera qu'un jouet du Premier, caché, entièrement cette fois, dans son ombre. Plus un appui psychologique et moral, un soutient sur qui il pourra compter, simplement scellé par l'amitié qui les lie.
Cependant, il suffit d'une mauvaise connexion, pour que cet ami disparaisse, et ne redevienne qu'un homme, parmi les autres. Sans nul doute sera-t-il évincé. Il n'a aucune qualité, sinon celle de jouir, auparavant, de la fortune d'avoir un ami bien placé, et n'a donc aucune légitimé. Il reste alors à cette personne le simple choix de devenir inévitable, en développant quelques qualités qui feront de lui quelqu'un d'exception, technique, plutôt que sentimentalement.
Se retrouver dans la place du second, est quelque chose de formidable. J'ai longtemps cru devoir être dégouté, mais finalement, n'y a-t-il pas meilleure position que celle où l'on peut jouir tranquillement des plaisirs de ce monde, sans avoir à en supporter les contraintes ?
J'expliquerais plus tard peut-être, le cas qui est le mien. Mais déjà, écrire tel texte relève d'une certaine qualité de second, d'une certaine expérience. Car d'ami, que je suis toujours, je suis passé de commerçant à mes grands jours, et d'orateurs de qualité - sans être aucunement présomptueux - et reconnu par mes pairs. Cela sans jamais vraiment posséder ce que les militaires appellent une armée...
Ecrits
Modérateur : Modérateurs
-
- Messages : 419
- Inscription : 26 avr. 2008, 14:48
Re: Ecrits
Nouvelle d'une amie
Lorsque je vois tes yeux, je me plonge dans un mélange flouté de songes et de cauchemars dont la seule issue est cette porte qui se ferme un peu plus sur nous, chaque fois que nos deux voix s’entremêlent. Oui. Nous un sommes une équation dont la seule variable connue, reste le degré de nos colères, et savoir qu’elles régissent tout ce qui nous entoure me rend malade.
Ses deux doigts viennent s’enfoncer profondément dans sa bouche. Un liquide jaunit en sort, s’écrasant à l’intérieure des toilettes. Une porcelaine qu’un crachin vint salir.
Je suis définitivement mauvais. Mais tu ne vaux pas mieux que moi.
Avoir l’impression que la vie
Est un magnifique poème
Dont la seule issue subit
Les pas de ta bohême
Habillée de pue ;
Elle me tue.
Nous sommes cette rhétorique qui envenime et qui rallie à la fois. Attirance et rejet se mêlent d’une éloquente suite de mots, un poème dont la prose n’est qu’une suite de vers sans retour à la ligne. J’aimerais hausser la voix d’une seule césure à l’hémistiche, mais mon phrasé est entrecoupé de multiples barrières. Tu es l’obstacle de mon existence, bébé. Je t’aime mais plus nos deux cœurs se rapprochent, plus ma haine se meuble de nos désespoirs.
Oh oui je t’aime. Et ma main sur ton sein n’en est qu’un symbole parmi tant d’autres.
Toutes sortes de compliments revêtent nos dialogues, les artifices de la langue n’ont plus rien de physique et pourtant… Et pourtant tes lèvres restent ce même gâteau nappé de sucre lorsque nous nous embrassons. Deux corps qui se rapprochent pour n’en fonder qu’un, telle l’entité naissante qui me pousse à couver tes ardeurs. Tu vois, nous pourrons toujours user des mots les plus raffinés, à jamais nous toucher avec cette déliquescente saveur de bonheur, jamais nous ne nous cacherons l’un l’autre. Répartie tueuse des lettres des grands temps, ta plume est la meilleure de toute. Pourtant tu finis par me dire merde.
Sa bouche se décolla enfin de sa peau blanche et vint s’asseoir dans le creux de sa nuque, léchant d’un soupçon nostalgique les restes d’un bonheur passé. Il cherchait, mais jamais il ne découvrait quel évènement avait pu voir un sourire couvrir son regard aiguisé. Ses deux mains s’emparèrent de son corps, et sur le lit il laissa leurs deux corps se frotter l’un contre l’autre. Il alluma une cigarette lâchant négligemment un fin nuage de fumée âpre.
Je t’aime comme jamais je n’ai aimé. Et tu m’as détruit. Le sang qui coule sur mes mains comme lors de notre première fois m’importait peu. Il tâche mes draps, mais tu as constamment fourré tes mécréantes émotions partout où le beau soulevait ma vie. De tout mon être, je ne pense qu’à cela : mourir. Entre tes bras, cela serait une si belle chose, un moment que nous deux pourrions vivre de son plein, dans des ébats d’un sincère amour. Pour une fois…
Les gyrophares teintent notre chambre d’un régulier tutoiement. Rouge. Bleu. Rouge. Bleu. Peu à peu l’azur perd de sa beauté et s’étale sur nos rideaux. Les draps s’imprègnent de ton être. Jamais plus je ne les laverais. Jamais je n’en aurais l’occasion.
J’entends les deux « toc » qui frappent ma porte.
La main de l'homme est ferme et sûre.
Il sait.
Les battants cèdent. Leurs pas, rapides, glissent sur la moquette de mon appartement.
Une main se pose sur mon épaule.
Je tremble.
Une dernière fois, j’aurais aimé poser mes yeux sur son corps, décrivant ses formes agréables, ses seins blancs, son regard d’un vert paresseux et ses longs cheveux noirs. Tu étais une muse, tu étais ma muse. Et maintenant je m’en rends compte.
Elle ne l’est plus.
Les petites lumières des grands et mortels fusils des policiers se posent sur moi. Nu. Le même homme me passe deux menottes. Je n’ai rien connu d’aussi froid de toute ma vie, et pourtant, elle, était froide, comme la roche. Si peu de sentiments. Les voies grésillent et tombent dans l’oublie.
Il l’avait aimé comme elle le haïssait. Un amour peu recommandable. Il vomit encore, mais cette fois, ce fut le parquet qui retint les colères de son âme. On le releva.
Le couteau, dans sa poitrine, il ne se souvenait pas l’avoir enfoncé si profondément…
Lorsque je vois tes yeux, je me plonge dans un mélange flouté de songes et de cauchemars dont la seule issue est cette porte qui se ferme un peu plus sur nous, chaque fois que nos deux voix s’entremêlent. Oui. Nous un sommes une équation dont la seule variable connue, reste le degré de nos colères, et savoir qu’elles régissent tout ce qui nous entoure me rend malade.
Ses deux doigts viennent s’enfoncer profondément dans sa bouche. Un liquide jaunit en sort, s’écrasant à l’intérieure des toilettes. Une porcelaine qu’un crachin vint salir.
Je suis définitivement mauvais. Mais tu ne vaux pas mieux que moi.
Avoir l’impression que la vie
Est un magnifique poème
Dont la seule issue subit
Les pas de ta bohême
Habillée de pue ;
Elle me tue.
Nous sommes cette rhétorique qui envenime et qui rallie à la fois. Attirance et rejet se mêlent d’une éloquente suite de mots, un poème dont la prose n’est qu’une suite de vers sans retour à la ligne. J’aimerais hausser la voix d’une seule césure à l’hémistiche, mais mon phrasé est entrecoupé de multiples barrières. Tu es l’obstacle de mon existence, bébé. Je t’aime mais plus nos deux cœurs se rapprochent, plus ma haine se meuble de nos désespoirs.
Oh oui je t’aime. Et ma main sur ton sein n’en est qu’un symbole parmi tant d’autres.
Toutes sortes de compliments revêtent nos dialogues, les artifices de la langue n’ont plus rien de physique et pourtant… Et pourtant tes lèvres restent ce même gâteau nappé de sucre lorsque nous nous embrassons. Deux corps qui se rapprochent pour n’en fonder qu’un, telle l’entité naissante qui me pousse à couver tes ardeurs. Tu vois, nous pourrons toujours user des mots les plus raffinés, à jamais nous toucher avec cette déliquescente saveur de bonheur, jamais nous ne nous cacherons l’un l’autre. Répartie tueuse des lettres des grands temps, ta plume est la meilleure de toute. Pourtant tu finis par me dire merde.
Sa bouche se décolla enfin de sa peau blanche et vint s’asseoir dans le creux de sa nuque, léchant d’un soupçon nostalgique les restes d’un bonheur passé. Il cherchait, mais jamais il ne découvrait quel évènement avait pu voir un sourire couvrir son regard aiguisé. Ses deux mains s’emparèrent de son corps, et sur le lit il laissa leurs deux corps se frotter l’un contre l’autre. Il alluma une cigarette lâchant négligemment un fin nuage de fumée âpre.
Je t’aime comme jamais je n’ai aimé. Et tu m’as détruit. Le sang qui coule sur mes mains comme lors de notre première fois m’importait peu. Il tâche mes draps, mais tu as constamment fourré tes mécréantes émotions partout où le beau soulevait ma vie. De tout mon être, je ne pense qu’à cela : mourir. Entre tes bras, cela serait une si belle chose, un moment que nous deux pourrions vivre de son plein, dans des ébats d’un sincère amour. Pour une fois…
Les gyrophares teintent notre chambre d’un régulier tutoiement. Rouge. Bleu. Rouge. Bleu. Peu à peu l’azur perd de sa beauté et s’étale sur nos rideaux. Les draps s’imprègnent de ton être. Jamais plus je ne les laverais. Jamais je n’en aurais l’occasion.
J’entends les deux « toc » qui frappent ma porte.
La main de l'homme est ferme et sûre.
Il sait.
Les battants cèdent. Leurs pas, rapides, glissent sur la moquette de mon appartement.
Une main se pose sur mon épaule.
Je tremble.
Une dernière fois, j’aurais aimé poser mes yeux sur son corps, décrivant ses formes agréables, ses seins blancs, son regard d’un vert paresseux et ses longs cheveux noirs. Tu étais une muse, tu étais ma muse. Et maintenant je m’en rends compte.
Elle ne l’est plus.
Les petites lumières des grands et mortels fusils des policiers se posent sur moi. Nu. Le même homme me passe deux menottes. Je n’ai rien connu d’aussi froid de toute ma vie, et pourtant, elle, était froide, comme la roche. Si peu de sentiments. Les voies grésillent et tombent dans l’oublie.
Il l’avait aimé comme elle le haïssait. Un amour peu recommandable. Il vomit encore, mais cette fois, ce fut le parquet qui retint les colères de son âme. On le releva.
Le couteau, dans sa poitrine, il ne se souvenait pas l’avoir enfoncé si profondément…
-
- Messages : 419
- Inscription : 26 avr. 2008, 14:48
Re: Ecrits
Nouvelle d'une romance
Les printemps se dévergondent dans les champs de bourgeons.
Je t’aime.
L’été, rieur, écarte les pommes entre les grandes feuilles vertes.
Je t’aime.
L’automne songeur esquisse un sourire serein.
Je t’aimais.
L’hiver glacial serpente entre les corps desséchés des arbres blancs.
Tu meurs.
Quatre saisons, un seul amour. Quatre sensations, une seul péché : celui de croire qu’en regardant les nuages défiler sur le pâle ciel bleu, je t’aimerais un peu plus encore. Chaque jour nous rions, main dans la main, écartant l’herbe tour à tour fine, épaisse, jaune, et morte, sur notre passage. Je ne saurais combien de temps cette alchimie prendra mon cœur, pourtant, ne sommes-nous pas là ?
Entre les cieux, Apollon règne. Dévisageant Eros avec une incertaine quiétude, il vogue, un navire de cœurs, une rame de soie. L’arc en main, le Dieu accourt et survole, chaque pas sur un nuage comme une goutte perlant la surface calme d'une tasse de lait. Et nous dansons entre les temps entre les entités entre toi et moi ; rien. Le soleil nous frappe, la pluie nous lave, chaque élément nous apporte un peu plus de confiance. Je ne sais pourquoi, tu ne peux m’en dire plus, je ne sais pourquoi nous sommes ainsi faits, Dieu nous crée et nous vivons, pleinement, les frasques du passé.
L’éternité se défile.
Il n’y a pas de saisons après la mort. C’est un cycle qui se rond, et je lis sur nos lèvres le bonheur des temps. Il n’y a pas de froid ni de chaud, là-haut, tout se morfond, et les anges battent des ailes. Le souffle se répand, la tempête surgit. Un seul battement d’aile… Ah si la mort était un cauchemar je me ferais main du Diable. Eros et Apollon n’ont rien de commun, et vois ce rien qui nous sépare : ce n’est que leur pouvoir.
Aphrodite criera, elle n’aime guère les sentiments, seul le contact, le physique dévergondé des puritaines ne l’intéresse. Tu es ma muse, je suis ton roi. Tu places la couronne de lys sur ma tête, j’enlace tes hanches humaines, et nous parcourons les grands chemins sans fins. Un royaume entier, empire onirique de nos fantasmes muselés, nous jouissons d’un spectacle sans nom. Aucune parole ne sort de nos deux bouches qui s’entrelacent avec simplicité. Et nous nous embrassons. L’arbre sort de terre, il pousse. Grandissant ses branches s’étendent, les premières feuilles sortent et il sourit. La verdure, le soleil, l’herbe douce et grasse qui accompagne nos corps tout nous réussit ; les fruits tombent à foison, pommes, fraises, les rougeurs des Dieux de l’Olympe, Athènes de mes rêves.
Les printemps se suivent et se ressemblent de morosité.
Il clique.
L’été arrive, et sa chaleur les étouffe.
Ses doigts tapotent doucement, comme une symphonie pour Piano.
L’automne, macabre, les prend à la gorge et les remplit de mélancolie.
La lumière artificielle l’éblouit.
L’hiver, rigide, recouvre tout de morts.
…
« Etes-vous sûr de vouloir supprimer ce fichier ? »
L’homme se lève de sa chaise et appui sur sa sourie d’un doigré autoritaire. Oui. Une barre verte apparait et le texte à la prose fine et élancée s’efface de l’écran une fois le pourcentage comblé. La machine est une bien sombre expression des impossibilités de l’homme. Ses bras se gonflent d’une colère qu’il cache. Dans la cuisine, l’odeur agréables des oignons que l’on fait revenir à la poêle dans un soupçon d’huile lui vient au nez. Il entre-ouvre un placard et sort deux assiettes. La femme, pure et blanche, fredonne. Elle dévisse son cou et tutoie du regard l’homme.
Il esquive, et pose définitivement les couverts sur la table, l’air de dire « Salope, je savais que tu avais un amant aux romances plus prononcées que mes amours pour le football ! »
Délaissant son tablier et ses deux spatules de bois imprégnés des odeurs de la nourriture préparée avec passion, elle se tourne vers le salon, et rapidement, deux steaks et trois petits poids en attente d’une mère poule, bouge la sourie de sorte que la veille se délaisse et le ronronnement sourd de l’ordinateur se remette à son habituel crépitement irrégulier.
« Chéri, tu n’aurais pas vu l’œuvre que je dois rendre à ma boite de Prod demain matin ? Tu sais, celle appelée ‘Quatre Saisons’ ? »
Le bruit de la terre cuite percutant le carrelage froid résonne dans tout l’appartement.
Dommage, printemps été automne et hiver faisaient si bon ménage. Mais non, Science ne prime que trop souvent sur Expression...
Les printemps se dévergondent dans les champs de bourgeons.
Je t’aime.
L’été, rieur, écarte les pommes entre les grandes feuilles vertes.
Je t’aime.
L’automne songeur esquisse un sourire serein.
Je t’aimais.
L’hiver glacial serpente entre les corps desséchés des arbres blancs.
Tu meurs.
Quatre saisons, un seul amour. Quatre sensations, une seul péché : celui de croire qu’en regardant les nuages défiler sur le pâle ciel bleu, je t’aimerais un peu plus encore. Chaque jour nous rions, main dans la main, écartant l’herbe tour à tour fine, épaisse, jaune, et morte, sur notre passage. Je ne saurais combien de temps cette alchimie prendra mon cœur, pourtant, ne sommes-nous pas là ?
Entre les cieux, Apollon règne. Dévisageant Eros avec une incertaine quiétude, il vogue, un navire de cœurs, une rame de soie. L’arc en main, le Dieu accourt et survole, chaque pas sur un nuage comme une goutte perlant la surface calme d'une tasse de lait. Et nous dansons entre les temps entre les entités entre toi et moi ; rien. Le soleil nous frappe, la pluie nous lave, chaque élément nous apporte un peu plus de confiance. Je ne sais pourquoi, tu ne peux m’en dire plus, je ne sais pourquoi nous sommes ainsi faits, Dieu nous crée et nous vivons, pleinement, les frasques du passé.
L’éternité se défile.
Il n’y a pas de saisons après la mort. C’est un cycle qui se rond, et je lis sur nos lèvres le bonheur des temps. Il n’y a pas de froid ni de chaud, là-haut, tout se morfond, et les anges battent des ailes. Le souffle se répand, la tempête surgit. Un seul battement d’aile… Ah si la mort était un cauchemar je me ferais main du Diable. Eros et Apollon n’ont rien de commun, et vois ce rien qui nous sépare : ce n’est que leur pouvoir.
Aphrodite criera, elle n’aime guère les sentiments, seul le contact, le physique dévergondé des puritaines ne l’intéresse. Tu es ma muse, je suis ton roi. Tu places la couronne de lys sur ma tête, j’enlace tes hanches humaines, et nous parcourons les grands chemins sans fins. Un royaume entier, empire onirique de nos fantasmes muselés, nous jouissons d’un spectacle sans nom. Aucune parole ne sort de nos deux bouches qui s’entrelacent avec simplicité. Et nous nous embrassons. L’arbre sort de terre, il pousse. Grandissant ses branches s’étendent, les premières feuilles sortent et il sourit. La verdure, le soleil, l’herbe douce et grasse qui accompagne nos corps tout nous réussit ; les fruits tombent à foison, pommes, fraises, les rougeurs des Dieux de l’Olympe, Athènes de mes rêves.
Les printemps se suivent et se ressemblent de morosité.
Il clique.
L’été arrive, et sa chaleur les étouffe.
Ses doigts tapotent doucement, comme une symphonie pour Piano.
L’automne, macabre, les prend à la gorge et les remplit de mélancolie.
La lumière artificielle l’éblouit.
L’hiver, rigide, recouvre tout de morts.
…
« Etes-vous sûr de vouloir supprimer ce fichier ? »
L’homme se lève de sa chaise et appui sur sa sourie d’un doigré autoritaire. Oui. Une barre verte apparait et le texte à la prose fine et élancée s’efface de l’écran une fois le pourcentage comblé. La machine est une bien sombre expression des impossibilités de l’homme. Ses bras se gonflent d’une colère qu’il cache. Dans la cuisine, l’odeur agréables des oignons que l’on fait revenir à la poêle dans un soupçon d’huile lui vient au nez. Il entre-ouvre un placard et sort deux assiettes. La femme, pure et blanche, fredonne. Elle dévisse son cou et tutoie du regard l’homme.
Il esquive, et pose définitivement les couverts sur la table, l’air de dire « Salope, je savais que tu avais un amant aux romances plus prononcées que mes amours pour le football ! »
Délaissant son tablier et ses deux spatules de bois imprégnés des odeurs de la nourriture préparée avec passion, elle se tourne vers le salon, et rapidement, deux steaks et trois petits poids en attente d’une mère poule, bouge la sourie de sorte que la veille se délaisse et le ronronnement sourd de l’ordinateur se remette à son habituel crépitement irrégulier.
« Chéri, tu n’aurais pas vu l’œuvre que je dois rendre à ma boite de Prod demain matin ? Tu sais, celle appelée ‘Quatre Saisons’ ? »
Le bruit de la terre cuite percutant le carrelage froid résonne dans tout l’appartement.
Dommage, printemps été automne et hiver faisaient si bon ménage. Mais non, Science ne prime que trop souvent sur Expression...