Attention, une vieille bique peut en cacher une autre.

[Lord Of Darkness]

La nuit venait de tomber.

La vraie nuit, non pas celle où la lumière disparaît, créant des illusions cauchemardesques dans les moindres recoins. Non, la nuit où ces visions cauchemardesques prennent vie…

La nuit où une majorité de la population dort, d’un sommeil profond, inébranlable, nuit qui ne dure que quelques dizaines de minutes, nuit où nul ne vit, mis à part ceux qui veulent surprendre ce moment, l’avoir pour eux seuls, ceux qui l’attendent, pour l’observer, ou pour agir.

Beaucoup craignent ce moment où deux mondes se croisent, ne faisant que s’effleurer : s’ils entraient en collision, les conséquences seraient dramatiques. Deux mondes que tout oppose, et pourtant si semblables, les même buts, mais des manières différentes de les atteindre. Un monde voilé, hypocrite, et un monde un petit peu trop démonstratif…

Les rues sont vides à cette heure là : leurs habitants diurnes les quittent, les prédateurs nocturnes n’y sont pas encore : un silence oppressant règne en maître. Un ronflement d’ivrogne, le souffle d’un couple d’amants s’endormant après l’amour, le troublent de temps en temps.

Une petite fille rêveuse, Kaïla observait ces rues. Elle avait veillé pour être témoin de ces uniques instants dont ses camarades lui avaient parlé à l’école. Ses petites mains appuyées contre la vitre, elle vit les lumières de la ville s’éteindre une à une, les rumeurs du Bourbier s’étouffer, puis disparaître, elle entendit ses parents s’endormir. Elle serra sa peluche fétiche contre son cœur pour se donner du courage, ou pour ne pas s’endormir, et plongea son regard d’enfant dans l’obscurité dont elle tentait de percer le cœur.

Alors l’instant qu’elle attendait arriva : plus personne ne vivait dans les rues, plus rien ne bougeait. On devinait les brigands qui s’apprêtaient à sortir de leurs cachettes, les dealers et les proxénètes, préparant leurs marchandises, n’osant pas encore se montrer, attendant un signe de leurs semblables qui leur indiquerait une prospérité jusqu’à l’aube, jusqu’au réveil de cet autre monde qu’ils méprisaient.

A présent, le monde de Kaïla l’appelait, et elle ne pouvait résister au sommeil. Avant de se détacher du spectacle qui s’offrait à elle, le regard de Kaïla fut attiré par une silhouette. Celle d’un grand jeune homme, seul dans l’ombre. Il portait une longue cape sombre dont la capuche rabattue cachait les traits du jeune homme. Celui-ci souleva doucement sa capuche de ses longs doigts fins, laissant apparaître son visage : il était celui d’une personne à peine sortie de l’enfance, et pourtant, son regard était dur, ses traits, forts…

Pour la petite Kaïla, c’en était assez. Elle avait vu de ses yeux de fillette. Elle marcha vers son lit en se grattant le genoux et en repensant à la mystérieuse personne. Qui pouvait elle bien être ? Sûrement un prince venu d’ailleurs…oui ! C’était un prince qui allait combattre le mal nocturne ! Et sur cette pensée, la petite fille s’endormit.

Dans la rue, Lord Of Darkness s’avança lentement et alla s’adosser à un mur. Il voulait voir, lui aussi, curieux comme l’était la petite fille, mais pas pour les même raisons.

Le monde nocturne commençait à vivre, et Lord Of Darkness attendait la suite des événements. Déjà, au loin, des prostitués prenaient leurs places avec lassitude, des cris retentissaient dans les recoins. Et Lord Of Darkness attendait. Il attendait quelqu’un, ou quelque chose...

Soudain, une ombre se dessina au coin de la rue. On distingua bientôt les traits d'un homme, qui se dirigeait rapidement vers le mur où était adossé Lord Of Darkness... L'homme ne s'arrêta pas, il se contenta de glisser une petite enveloppe dans la main du Lord, qui prit alors la direction du Siège de la Corporation...

La petite Kaïla avait pris le Lord pour un prince venu d'ailleurs qui allait combattre le mal nocturne... Malheureusement, la jeune enfant n'y était pas du tout.
Lord Of Darkness représentait le Mal en personne. Dans ce quartier, tout lui appartenait... Dealers, proxénètes, tout... Comme tous les soirs, il était venu récupérer les crédits qui lui étaient dus. Mais ce soir, le Lord avait une autre préoccupation en tête...

La nuit fraîche le poussa à accélérer le pas. Quelques goûtes de pluie commencèrent à tomber. Elles venaient s'écraser sur la cape du Lord dans un bruit sourd.
Lord remis sa capuche sur sa tête, Il n'aimait pas la pluie.

Il aperçut au loin les seules lumières encore allumées : celles du Siège de la Corporation. Dernière ligne droite, donc, avant de se retrouver devant une salle comble, et ce, malgré l'heure tardive... La Corporation était un endroit étrange, le seul lieu de vie nocturne où se trouvaient des personnes que l'on pouvait côtoyer sans risque.

Perdu dans ses pensées, le Lord ne remarqua même pas qu'il était arrivé devant les grandes marches de la Corporation. Il les monta donc machinalement et ne reprit ses esprits que lorsqu'une lumière éblouissante l'éclaira.

Il se trouvait alors au centre de l'accueil, où drones de ménage et Seigneurs en tout genres déambulaient avec nonchalance. Après quelques minutes d'observation, il se décida à aller discuter avec l'hôtesse, qui attendait sagement derrière son bure*u.

" Bonjour. Plutôt, bonsoir. J'aurai besoin d'une petite salle pour mettre au point certaines choses avec une Dame de haut rang. "

L'hôtesse se contenta de remettre une clé au Lord, sans dire un mot.
Surpris par tant de froideur, Lord Of Darkness prit la clé, regardant quel était le numéro de la salle. O19. Le Siège de la Corporation comportait quatre ailes. Le O désignait donc l'aile Ouest...

Lord se dirigea donc vers cette aile, anxieux quant à son discours. Il allait toucher un point sensible, et il le savait... Cependant, il n'irait pas par quatre chemins. L'autre personne avait fauté, il en était persuadé. La porte de la salle se dessinait peu à peu, devenant de moins en moins floue à chaque pas du Lord. Arrivé devant cette porte, Lord inséra la clé dans la serrure, puis ouvrit la porte.

La salle était petite, elle pouvait contenir une vingtaine de personnes, tout au plus. Lord Of Darkness se dirigea vers l'estrade. Au passage, il appuya sur le bouton de rediffusion. Sa prise de parole allait être diffusée dans toute la Corporation. Inutile donc d'attendre l'arrivée de Seigneurs. Ils arriveraient au fur et à mesure, si cette discussion les intéressait.

Puis, Lord Of Darkness commença :

" C'était une nuit comme une autre, j'étais seul à engloutir mes verres de Bérichampagne... Seul encore et toujours, comme un vieux souvenir refoulé... J'ai perdu presque tout mes amis... Kel'Zahra est porté disparu depuis plusieurs jours déjà, Bad Max a pris sa retraite et a décidé d'écumer les sept mers à la recherche de je ne sais quoi, Kalyso s'est enfuie, cherchant à oublier la Corporation et ses débats houleux...

J'étais donc seul, à ressasser mes souvenirs, comme un vieux débris. Soudain, j'ai entendu un bruit, chez moi, alors que tout était si calme. J'ai directement mis la main à ma Masamune, me méfiant des assassins que l'on m'envoie régulièrement... Seulement, après quelques minutes, rien ne se passa.

Je décidai donc de passer ma maison au peigne fin, afin de voir ce qu'il s'y tramait... A ma grande surprise, je n'ai rien découvert, j'ai donc une théorie sur ce qui s'est passé ! Et je vais vous l'énoncer à tous, ici et maintenant.

Ecoutez tous attentivement. Surtout vous, Luluberlue, intendante du Vadolandia ! Je sais que vous êtes folle de mon corps, et que vous m'espionnez depuis je ne sais quelle cachette ! Je sais pertinemment que c'est vous qui pénétrez chez moi. Depuis que je suis venu dans votre alliance, en tant que Chef qui plus est, vous ne cessez de m'espionner. Je sais très bien que derrière vos agressions perpétuelles à mon égard, se cache un amour fou envers ma grande personne.

Mais je vais vous le dire franchement, une vieille bique telle que vous ne m'intéresse pas. Vous puez la transpiration à des kilomètres à la ronde... C'est sans doute pour cela que je sais que c'est vous qui m'espionnez ! Vous empestez autant sinon plus qu'un phacochère sortant de son bain de boue quotidien. Lavez vous bon sang ! Ne laissez vous pas aller à cause de votre âge... Vos problèmes d'incontinence sont une chose, vous avez la gentillesse de porter des couches, mais cela ne doit pas vous empêcher de vous laver !

Je ne parlerai que brièvement de votre bouche, de vos dents... Votre haleine fétide ferait fuir un putois. Vos dents sont si éparpillées dans votre bouche que l'on pourrait faire passer une voie de chemin de fer entre chacune d'entre elles.

D'ailleurs, si vous le souhaitez, ma première action au sein de votre alliance, de notre alliance, sera de vous payer un rendez vous chez le dentiste. Mais ce, à une condition, vous devez avouer que vous m'espionnez et que vous êtes folle de mon corps.
Je vous aurais bien demandé également d'affirmer que je possède le plus gros sexe au monde, mais vous ne l'avez heureusement pour moi pas vérifié. "

Lord quitta l'estrade, allant s'asseoir dans un coin de la salle, afin de siroter son Bérichampagne tranquillement... Loué soit Sheptal.

[flamme]

...

[Legion Noire]

Le Chacal , commandant des forces de la Légion Noire vint au plus vite au Siège de la Corporation Galactique.Un de ses nombreux contacts lui avait signalé qu'il se passait dans la salle O 19 des évènements plus que honteux pour notre alliance.
Il semblait en effet que deux chefs des Disciples de l'Apocalypse étaient en pleine joute verbale , et que le sujet de ce duel n'était autre que le physique du dirigeant du Darkness empire.

Le Chacal ouvrit la porte aussi discrètement que l'aurait fait un tueur à gages professionnel .
Au même moment Luluberlue répliquait d'un ton sec mais emplie d'une niaiserie:

''Je vous reconnais bien là ! Incapable d’avouer en privé les penchants pervers que vous concevez pour moi, votre gout du spectacle vous amène à les exprimez en public. Je suis là pour y faire réponse.
Certes je dois l’avouer j’ai eu ces derniers temps une attitude un peu furtive car on m’avait confié une mission d’enquête sur une disparition suspecte et vous avez cru, dans votre suffisance, que votre petite personne en était l’objet.''

Alors que Luluberlue semblait attendre une réponse de la part du Lord...C'est donc ce moment là que choisit le Chacal pour faire irruption sur scène.

-Luluberlue , Lord.....Aviez-vous remarquez que votre ''mascarade'' passe en direct sur l'une des centaines chaînes d'information de la Corporation.Cessez tout de suite vos enfantillages.

Le Chacal s'adressant au spectateur (bien que peu nombreux):

-Messeigneurs ,je vous prie d'excuse l'attitude de mes deux camarades.Les temps sont durs, et le Bérichampagne coule à flot sur ces deux états.Il ne sera donc pas rares qu'une telle histoire se reproduise.Mais ne vous inquiétez-pas,tout les Disciples ne sont pas comme mes coéquipiers ici présents ....
Veuillez donc les excusez d'avoir cru un seul instant que la Corporation était une sorte de cirque en pleine air.