Je suis là, las.

[Vlastilin]

Tant de souvenirs hantent ce lieu - le siège de la corporation -, nous accostent quand nous les perlustrons, nous parlent et nous effraient. Hommes et femmes y vécurent - passionnément - les guerres par de vaines, mais si belles, palabres. Obsolescence de nos idées et déliquescence de nos amitiés finirent par rendre tout ceci - ou plutôt, tout cela - impur, indigne de nos désirs d'antan. Rien, jamais, ne fut aussi noble que les combats que nous menions ; nous dégustions la grandeur de nos idéaux, dévorions ceux de nos ennemis, puis recrachions en un pus difforme les restes squelettiques de ce qui n'était pas condigne de notre appétit : les logomachies de ces Chefs d'Etat par trop emplis de fatuité. Irénisme chez les uns, certes ; mais jamais de simples velléités, de paroles sans actes. Niaiseries, calembredaines, et autres coquecigrues spécieuses n'avaient pas encore envahi les entrailles de ce palais ; plus qu'un palais, un être vivant, éternel et modeste, régissant de sa volonté de fer les affaires de la galaxie.

Il y a longtemps que je n'ai plus pris ici la parole. Stupre et fornication m'avaient attiré vers de bien plus agréables cieux.

Tout avait changé, en moi comme autour de moi. Hormis, bien sûr, ma terrible intelligence, conculquant les faibles d'esprit, terrassant les sots ; capable, d'une flèche, de percer le coeur de l'humanité. Et maintenant, il me fallait voir si la concupiscence qui s'était éprise de moi, me faisant son esclave asservi aux plaisirs de la paresse et du coït, n'avait pas emporté avec elle tous mes talents, à savoir...non, trop longue serait une quelconque liste, et bien sûr, certainement pas exhaustive...

Bien que mon empire soit vieux, il est maintenant en ruine. Ecrasé par les poids de mes actes, inondé dans les flots du sang qu'il a jadis fait couler. Sybilles actions, que d'aucuns trouveraient, à tort, sans fondement, sans raison d'être. Taratata, tout est planifié, tout est voulu, et rien n'est jamais laissé au hasard.


Peuple de Galactica.
Vous vous souvenez bien sûr de moi. Je veux dire, vous attendiez avec impatience que je daigne enfin revenir vous adresser la parole. Préparez vos verres, car vous ne pourrez faire autrement que de boire mes paroles. Vous connaitrez les cosmogonies de mon esprit, mais tels les habitants de Gomorrhe, vous souffrirez d'avoir trop voulu connaitre.
D'aucun m'accuse d'avoir agi sans raison, aujourd'hui, mais pourtant, Thorin a toujours une raison, et telle une suite géométrique, celle-ci multiplie ma valeur sans jamais pouvoir s'arrêter.
Vous croulez sous vos contradictions, tempêtant contre l'inactivité, mais jamais prêts à agir, et tel Ephone, viendra un moment où vous devrez répondre.
Ulysse lui même disait qu'il ne fallait jamais être trop frisé, et tel Emaque resta lisse.
Shingaz n'aurait d'ail...

Mais je m'é-gare, et il faut que je prenne mon é-train !

Mais en guise de péroraison, et parce que la synesthésie s'éprend de moi comme une note de musique s'éprend de la rosée du matin, laissez-moi encore vous ouvrir les yeux : vous êtes tous des sots, cloisonnés dans vos copinages, embrigadés dans de vielles alliances ; et lorsque vous prônez la paix, vous enrôles tout de même de bien noires armées ; et lorsque vous prônez la guerre, vous ne vous attaquez qu'aux faibles, aux impuissants ; et jamais vous ne remettez en cause une quelconque hégémonie, vous préférez reproduire vos élites, jusqu'à baigner dans le sang consanguin de votre propre descendance.
Alors soit, critiquez le fruit de ma folie, mais elle servira à vous montrer à quel point je vous suis encore, comme je l'ai toujours été, supérieur.