La fin du commencement

[Dox]

Sa capuche était trempée, celle des treize élus qui le suivaient plus encore.

L'Exitium était en proie à un orage diluvien ; la pluie qui s'abattait mêlait eau, résidus de carburant et acides radioactifs. Une vapeur nauséabonde émanait du sol chaud et ébranlé ; les lendemains de l'affrontement le plus sanglant de l'histoire de ce monde... Les survivants avaient déjà été rassemblés, les sphères élémentaires libérées et l'intégralité des infrastructures respiraient le neuf. Cependant, une morbide atmosphère avait soufflé le vent de grâce et de luxe qui caractérisait la station spatiale Exitia. Après avoir quitté son bureau, scellé à jamais le salon des Astres, l'archimage et Lord des Étoiles Théran Azhar s'était éclipsé. Une seule et unique idée en tête, le Spatia Nécrolia était-il indemne ? De tout ce qu'il aurait pu perdre lors de cet assaut, ce monument était sans doute le plus précieux de ses biens... C'était son atout à la fois le plus fragile et le plus important. Et satisfaction, il avait emmené le petit au bout.

• -Quelques heures plus tôt.-
  

• " Ils sont arrivés, my Lord. " Théran se tenait droit, sa canne entre ses deux jambes, les paumes de ses mains recouvrant la sphère de cristal qui en ornait l'extrémité ; il scrutait le paysage chaotique qui se tenait sous sa fenêtre.
  
  " Faites les venir, sir Adriel. Ensuite, vous vous rendrez dans le Coeur et vous prendrez les dispositions qui conviennent pour assurer la sécurité de mes hôtes. " Lorsqu'il se retourna pour honorer son diplomate d'un regard bienveillant, un sourire carnassier s'effaça timidement dans l'ombre du pivotement de son cou. Son regard respirait la hardiesse et la faim, ses rides s'étaient creusées, il usait de sa magie.
  
  " Dois-je faire venir la garde impériale ? "
  
  " Qu'insinuez-vous, sir ? "
  
  " Rien, my Lord. Excusez mon impertinence. "
  
  " Disposez, et faites vite. "
  
  Enfin, les élus se présentèrent, l'intégralité des effectifs Exitiens étaient attelés à la protection de leur état, dans leur ombre se tramait le plus immense, le plus fou et le plus chaotique des projets jamais érigés. Tous mourraient un jour, au travers de ce qu'ils protègent aujourd'hui.
  
  " Mesdames, messieurs. Inutile de s'accommoder des douceurs de nos politesses, l'heure est à l'essentiel. Nous allons sortir et marcher pendant trois heures. Vous avez dix minutes pour prendre les dispositions qui conviennent, vous devez venir seuls. Faites vite, je vous attendrai sous le porche. " Ils acquiescèrent tous et se dispersèrent dans le calme. Théran dévala les quelques marches qui le séparait de l'entrée de cet Arcane Sanctum, puis une fois réunis, ils partirent dans un silence de cathédrale.

• -Maintenant-
  

La pluie n'avait cessé de les ralentir, de les marteler de son parfum répugnant, mais sans jamais s'arrêter, ils étaient arrivés à destination. Théran avait levé le bras, s'était retourné. D'un seul mouvement, presque harmonieux, chaque élu trouva sa place dans l'arc de cercle. L'archimage ôta sa capuche et glissa sa canne dans cette serrure tout à fait atypique. Sous leurs pieds, le sol se mit à trembler, les arbres qui les entouraient mourir, et l'air qu'ils respiraient corroder. Mais leurs regards se portèrent aux lèvres de l'Azhar.

• " Messieurs Dames, sous nos pieds se dessine le Projet Spatia Nécrolia.
  Une fois que vous aurez pénétré à l'intérieure, il vous sera impossible de faire demi-tour. A partir de cet instant et jusqu'à notre mort, nous ne répandrons que le chaos et le déclin. Nos desseins sont plus noirs et ardents que les enfers ! Nos âmes seront maudites, chassées puis bannies de ce monde. L'intégralité de cet univers nous portera une haine infinie et éternelle. Nous partons en croisade contre des puissances qui dépassent tout ce que nous avons pu voir, croire ou même imaginer. Nos corps et nos esprits seront malmenés, châtiés, ils tenteront de les détruire par tous les moyens dont ils disposent. Nos coeurs... Nous devrons les abandonner à notre cause et notre cause seulement, aucun sentiment ne devra jamais ébranler le sororal et fraternel lien qui nous unira, nous serons seuls, pour toujours.
  Demain sera un jour noir, après-demain n'aura même cette fausse couleur pour le décrire. Nous sombrerons dans la fatigue et la lassitude, mais notre combat se durcira chaque seconde. Il faudra être plus robuste que le granit et plus affamé que les loups. Nous sèmeront sang et larmes et lutterons contre déchéance, jalousie et folie absolue.
  Nous ne sortirons pas vivants de tout cela, nous resterons gravés dans la pierre comme le pire fléau de l'histoire de ce monde. Nous sommes aujourd'hui ce que les Dieux étaient hier. L'ultime et hais espoir de Galactica. Alors mes frères, acceptez-vous de devenir ces images de Dieux ? Rejoignez-vous l'Imago Dei ?
  Partez-vous en quête, à mes côtés, des pires démons qui soient ?! Osez-vous traverser les frontières de la raison ?! Êtes-vous prêts à mourir sans personne pour vous enterrer ?!
  Si oui. Alors, Revêtez ceci. "

[Luna]

Idriline se tenait droite, vetue de noir et sa tête était recouverte d'une capuche, dans cette pluie diluvienne aux senteurs infecte, Seul ces yeux, d'un rouge sang ne lui donnait apparence humaine.
Elle regardait sortir des entrailles de la terre l'édifiant Spatia Necrolia...

La jeune femme ferma les yeux un moment, elle avait du mal a y croire... ce qu'elle voyait était la parfaite réplique de ce qu'elle avait pu voir durant ces nombreuses nuits de sommeil agité...

Etait ce un signe incroyable du destin ? L'esprit de la jeune Chancelière fulminait alors qu'elle maintenait une attitude posée et discrète.



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Quelques années plus tôt sur l'êtat de Luna


L'heure était a la course a l'armement et très vite la planète Volcano fut la cible de nombreuses flottes sans oublier les pirates errant s'attaquant a toutes flottes de transport possedant cette ressource tant convoitée... L'uranium.

Fruit de l'union entre une sénatrice de l'état et d'un commandant de l'armée, Idriline était a l'universitée en science politico économique lorsque les premieres bombes nucléaires se sont abatue sur Luna...

Il n'y a pas que la technologie qui avait progressé, la médecine n'était pas en reste si bien qu'une équipe de chercheur a fini par metre au point un serum qui nous protégerait de cette exposition continue aux radiations de l'Uranium présent dans notre sol. Ce serum est aussi a l'origine de la couleur rougeatre des habitants de Luna. Mais ce Serum n'etait pas en mesure de nous protéger de l'enfer de l'hiver nucléaire et de toutes ces mutations morbides... Il aura fallu 5 ans pour faire table rase sur 99 % de la population. Les survivants zonait dans les ruines de l'etat mortuaire et silencieux …


Au même moment dans un bunker secret de l'etat, Idriline ainsi qu' une poignée de survivants, descendant de personalitée importante de l'état. Ils avaient pour mission de relancer l'état...

c'est ainsi qu' Idriline est devenue Chancelière de l'état tel que vous le connaissez actuellement.

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Dans sa tête elle revoyait defiler comme des flashs de nombreuses images de ces années de chaos si loin de son désir de paix et ces images du Spatia Necrolia. Pour la relance de son état elle avait su nouer des liens commerciaux avec l'exitium, et pourtant elle ignorait encore le pourquoi l'archimage l'avait choisie.

L'éradication de la magie était ce réellement la solution ? Elle était persuadée que le Spatia Necrolia conduirait le monde vers la paix éternel sans cette magie destructrice. La question n'etait plus a la moralité, mais bien au résultat...



La chancelière s'avanca vers l'Archimage brisant ainsi le demi cercle formé avec les autres Elus.

Elle posa un genoux au sol en s'inclinant respectueusement devant l'Archimage.

C'est avec honneur et loyauté que Luna vous accompagnera dans cette croisade Seigneur Theran.

La jeune femme reste un moment dans cette position avant de se diriger vers la porte du Spatia Necrolia.

Je suis prête Seigneur Theran, que votre croisade soit mienne pour l'éternité.


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Au même moment sur Luna dans le complexe militaire


Tous les membres était en train de s'activer pour remetre toutes les instalations militaires en état, batiments, flottes, soldats... visiblement Idriline avait laissé ces ordres avant son départ pour l'Exitium...



La population quant a elle, était loin de s'imaginer qu'une nouvelle ere sombre et morbide allait s'abatre sur eux...

[Xih'Urlan]

Treize élus sous cette pluie battante, dans cette pénombre indicible, sur le sol de l'Exitia. Arawn écouta sagement Theran ainsi que la rougeoyante Luna. Mais il ne pouvait s'empêcher de penser...

C'est fou ce truc, il veut nous tuer l'vieux ? Déjà, il aurait pu nous faire un petit abri, j'ai capté qu'un mot sur deux avec tous ces plop plop sur ma capuche, et j'te dis même pas la bronchite après...

Il baissa légèrement la tête, sa capuche rendant son visage ombre parmi les ombres. L'orage continuant de déverser ses tourments sur les treize et Théran. Ses petites blagues intérieures ne pouvaient camoufler plus longtemps les images qui lui revenaient. Il se revoyait faisant son laïus devant ses officiers et son peuple. Lorsqu'il a demandé qui serait volontaire, le colonel et ami Apollonius se leva s'en réfléchir, les autres suivirent très rapidement. Mais contre toute attente et surtout contre toute demande, un soldat se leva, tenant la main de sa femme qui pleurait à chaude larme et celle de son fils qui s'était levé en même temps, un sourire aux lèvres, il ne devait pas comprendre la décision que venait de prendre son père, mais il n'en restait pas moins fier. Le soldat et père cria qu'il était volontaire. Certains en furent abasourdis, d'autres amusés. D'autres encore l'imitèrent pour finalement voir l'armée Epsilonienne entière se lever et crier à l'union qu'ils étaient tous unis, unis face au danger, pour leur famille, pour leur souverain... Jamais Arawn, le sous-fifre de l'Epsilon comme il se nomme lui-même, n'aurait pu rêver d'un moment de cohésion aussi important, aussi réconfortant.

Le souverain se redressa et ôta sa capuche. L'eau inonda son crâne dégarni et déferla sur son visage rabougri. Il voulait s'avancer, mais son rythme cardiaque s'affola devant la lourde décision. Il réessaya, mais la vie de tout un peuple, d'une culture et d'une histoire cloua sa botte dans la boue. Malgré leur dévouement, le choix n'est pas simple et les risques sont grands, peut être insurmontables... Il passa par plusieurs états, d'abord l'étonnement puis... l'amusement, l'effroi, la résignation, la crainte, le déni, le renoncement. Il repassa ensuite par la crainte pour arriver à l'acceptation. Qu'est ce qui lui a fait changer d'avis ? Sûrement le fait que son peuple meurt pour amuser certains derrière leur bouton rouge, son peuple meurt pour amuser une galerie d'hommes infertiles, castrés par la médiocrité...

Un bruit de ventouse, il venait de faire un pas, libérant ainsi son pied de la boue devenant de plus en plus gluante. Il fixa le Lord Théran Azhar et prononça distinctement pour que les élus puissent entendre malgré les plop plop de la pluie sur leur capuche.

«L'armada Epsilonienne sera prête sous peu, les effectifs seront complets et directement opérationnels. Des flottes entières arpentent en ce moment les villes d'Aquablue pour amasser un stock suffisant de carburant. Mes officiers et moi-même sommes prêts à vous suivre partout où on devra se rendre pour purifier et putréfier les mécréants.» Il s'avança pour rejoindre Luna près de Théran et du Spatia Nécrolia. «Je serai donc des vôtres et je promets une loyauté sans vergogne.»

Sur ces mots, Arawn regarda le ciel noir parsemé de gris. Avait-il fait le bon choix ? Il ne le savait pas, mais il était lancé et irait jusqu'au bout...