Reflets du passé

Ici sont chroniquées les histoires des Etats et de leurs dirigeants

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Sergent Kami
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Re: Reflets du passé

Message par Sergent Kami »

Le vent s’était levé sur la planète jaune balayant les dunes avec grâce. Un vent apportant le calme après la dureté des événements. Un vent qui s’intensifiait au fur et à mesure que trois ombres se dirigeaient vers le sud ; ou plutôt une ombre qui en trainait avec peine deux autres à peine consciente. Lente agonie qu’était celle du voyageur marchant sous le soleil de plomb. Et s’ils ne trouvaient pas d’abri rapidement le désert refermerait son piège, emportant les trois malheureux.

[…]

Etrange sensation. Je me sentais planer, comme si j’avais consommé quelques drogues. Je ne me sentais ni bien, ni mal. J’étais dans un lieu où toutes les notions qui faisait que nous nous sentions bel et bien vivants n’existaient pas. Et pour autant que je sache, cette déconnexion avec le monde était terriblement incomplète… Le sable me démangeait horriblement.

Par moments, mes yeux me renvoyaient des images aveuglantes d’une tempête. D’autres fois, je sentais de l’eau couler le long de ma cavité buccale quand ce n’étaient pas des sons qui osaient faire vibrer mes tympans. La somme de ces sensations éparses m’offrait un fil robuste sur lequel mon désir de vivre s’accrochait et me fit succinctement reprendre le cours de ma vie au pied d’antiques portes devant lesquelles le groupe attendait. Portes que j’ouvris sans mal avant de sombrer à nouveau dans un monde parallèle.

[…]

Mon véritable retour à la réalité se fit dans une chambre face à un Sursum proche de la crise de nerfs. Il ne m’avait pas encore remarqué et lorsque je fus démasqué, un large sourire éclaira son visage, signe certainement provoqué par le soulagement.


Nikki…

Elle va bien, reposes-toi.


Il mentait ; son attitude l’avait honteusement trahi. Mais qu’importe, je ne laisserais rien ni personne emporter celle que j’avais tant de temps recherché. Le lendemain, je décidais d’agir, profitant d’un instant de somnolence de mon ami. A l’aide d’une béquille improvisée, je me levais et avançais lentement mais surement vers la porte de la bâtisse. Objectif : la bibliothèque, retour de préférence avant que Sursum ne se rende compte de ma petite escapade. Inutile de préciser que l’objectif fut partiellement raté et que si Sursum avait été mon père, j’aurais pris une sévère correction. Mais passons, j’avais trouvé un livre sur la magie curative et je comptais bien en apprendre les rudiments pour apporter mon aide.

[…]

Une autre nuit passa et au réveil, deux sourires m’accueillirent. Difficile de mettre un mot sur le maelström de sentiments qui m’envahissait. J’étais à la fois heureux qu’elle ait repris connaissance, déçu ne pas avoir pu y contribuer et intimement envieux de l’efficacité avec laquelle Sursum nous avaient sauvés. Et ce soir là, je m’isolais sur le toit de la bâtisse, préférant la lueur des étoiles et le calme de l’antique cité à cette subite euphorie qui transcendait mes deux amis.
Amiral Andrew K. R. Leister, dit le Feu, à votre service.
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Kossnei
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Re: Reflets du passé

Message par Kossnei »

Alanhav, cité retirée aux innombrables richesses d'Errecas et à la pudeur de Quesaee. Cité dont la vie ne fut qu'éphémère, mais qui marqua davantage les esprits que nombre d'autres. Cité qui tantôt brilla de mille soleils, et qui tantôt pleura de gouttes infinies. Et soudain, dans cet océan de souvenirs que la pluie battante alimentait survenait une aurore inopinée, un rayon de lumière qui venait percer d'un azur magistral le ciel si sombre. La lune pâlit alors, jusqu'à devenir laiteuse ; les étoiles se révélèrent. Et sous cet astre si imposant, un ancien autochtone se nourrissait de la douceur apaisante du silence, tentant de transcender en cette relique du temps qu'était Alanhav les pensées sombres qui l'habitaient.
Les sentiments troubles de Kami Raykovith se révélaient au clair de lune, lui dont le cœur souffrait depuis la perte de l'être le plus cher à ses yeux, et dont son âme se lamentait sans laisser paraître une once de faiblesse. Le corps lancinant, le Kaméen observait les cieux en une contemplation aussi confuse que pathétique, dans son sens premier.

Au loin, le vent balayait le sable environnant, qui jamais ne passait les portes d'Alanhav, comme par magie. Cette danse funèbre laissait présager d'inquiétants événements.
D'un soupir, Kami envoya valser une tuile qui s'était détachée de la structure du toit. Il porta la main à sa poche, et en tira une flasque au contenu inconnu. Il en but deux gorgées, et s'apprêtait à la remettre en place, lorsqu'une main la lui déroba.
D'un mouvement brusque, le Volcanien tourna la tête. Son regard se porta sur un sourire triste.


« Peu de personnes sont capables de me surprendre comme tu le fais, Nikki...»

L'Amirale eut un rire nerveux. Kami l'invita à s'asseoir, mais elle resta debout. Elle semblait encore sous le choc de sa défaite. La jeune femme à l'égo incommensurable avait, certes, perdu en crédibilité, mais lorsque le Kaméen posa un regard inquiet sur elle, il voyait encore briller au fond de ses yeux ternes, et brûler sur sa toge sale, le feu ardent du passé. Cet être si chétif pouvait-il avoir été la source des pires abominations tout en ayant possédé l'aura d'une meneuse fière et respectée ? Be*ucoup en douteraient ; Kami ne l'oublierait jamais.
Ils restèrent un temps silencieux, puis ce fut Nikki qui rompit le silence :


« Combien d'années se sont écoulées, Kami ? Si peu... Et pourtant, regarde-nous, nous avons tant changé. Je ne suis qu'un vestige du passé, mort et enterré aux yeux de la plupart des habitants de cet univers. Je me suis rendue minable auprès de ma propre création, j'ai perdu mon entourage, ai blessé mes amis, et déshonoré mon rang. Je ne suis même plus régente d'un quelconque état... Je fus bannie à vie de l'Empire Platin, oubliée, puis renversée à Sikhar, dans le coeur-même de Sombrot... par ceux que j'avais sauvés ! T'en rends-tu compte ?

La Source n'est pas tombée pour rien... Sa perte est mon unique responsabilité. J'y ai continué des expériences durant de nombreux mois, jusqu'à la dégénérescence d'Isan Aora, que je transformai en machine quelques années auparavant. Il nourrit mon propre corps, en servant de passerelle entre la magie qui émanait des mages que je lui donnais en pâture... J'ai atteint un nive*u de magie que tu n'oses imaginer. Mais mon égo m'a trahi. Les Cellules de la Corporation me l'ont bien fait comprendre.

Ils ont détruit des années d'attente... des années d'espoir... Ils m'ont rendue ridiculement faible, et incapable de lutter... J'en suis devenue... folle. »


Des sanglots entrecoupaient les mots de l'Amirale. Le Kamée ne put réprimer un frisson.

Ce que j'ai enduré... là-bas... je... »

Kami posa un doigt sur la bouche de son amie. Il se rendit compte que la vérité qu'il recherchait ardemment ne pouvait sortir des lèvres de Nikki. Pas maintenant. Une larme coula sur la joue de la jeune femme, puis roula jusqu'au milieu de cette dernière, avant qu'elle ne la détruisît d'une flamme sortie d'un des pores de son visage jusqu'alors livide.

Pris d'un accès de tendresse mutilé par la haine, Kami étreignit la jeune femme avec force. Les pupilles de cette dernière se dilatèrent. Le Feu se mêlait enfin à la Flamme, après tant d'années d'un jeu qui avait fini par devenir souffrance. Et le brasier s'alluma mutuellement en leur cœur lorsque leurs lèvres se joignirent sous la lumière grandissante de l'aube.
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Kossnei
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Re: Reflets du passé

Message par Kossnei »

L'étreinte dura dix longues minutes, durant lesquelles le soleil se mit à percer les nuages sombres, pendant lesquelles une légère brume vint tapisser la cité magistrale d'Alanhav. Et au milieu de ce spectacle, deux personnages aux pulsations synchrones, à la respiration lente, reprenaient vie. Au loin, une lente litanie s'éleva, de plus en plus claire au fur et à mesure que l'étreinte s'intensifiait, que l'instant durait.

D'abord, Kami et Nikki se laissèrent bercer, profitant de la valeur et de la chaleur de la situation. Ne se regardant guère plus avec les yeux qu'avec le cœur.





Puis les paroles devinrent claires.

Naralime. Naralime. Naralime. On n'entendait que cela.

Kami dégaina son arme. Son amie n'eut pas le même temps de réaction. Elle reçut de plein fouet, sur le visage, un projectile étrange. Pas un cri ne s'échappa de sa gorge. Elle tomba raide, assommée.

Sursum accourut, alarmé.

« Qu'est-ce qu'il se passe ? Tout va bien ?! »

Kami fit un signe de tête en direction de Nikki. Sursum acquiesça en silence, et entreprit de la mettre à l'abri. Les cris retentissaient d'autant plus fort, aux alentours, mais le Kaméen ne pouvait obtenir de visuel. C'était comme si les dieux d'Alanhav les faisait baigner dans leur colère. Mais la fameuse Naralime que scandaient ces gens n'était en aucun cas une déesse d'Alanhav...* Naralime était la déesse de la Mort, qui autrefois avait fait chuté l'Equité et le Lucre sous la puissance de ses cent quatre vingts dix-sept acolytes. Il semble qu'elle avait choisi ce jour précis pour prendre sa revanche contre les anciens habitants d'Alanhav, dont Kami faisait partie.

« Qu'à cela ne tienne... Sursum, allons-y ! »

Les deux protagonistes quittèrent le toit pour s'engouffrer par la fenêtre, avant de poser un pied dans la rue quelques instants plus tard. La cité semblait déserte. Les chants avaient cessé. Tout n'était plus qu'un étrange chaos, autour d'eux. Un vide formé de silence et de peur. La tension était palpable aux alentours.

Puis une détonation, un cri. Sursum avait, d'un trait de magie, abattu le premier des renégats, qui tenait encore à la main son arme chargée. L'homme du Substratum s'en saisit.


« Eh ben, ça faisait bien longtemps que je n'avais eu à tenir un flingue », déclara-t-il, enjoué. La couleur du sang pourprait ses joues, alors que les deux hommes parcouraient la rue en direction du haut clocher d'Alanhav...


---

Grandes portes d'Alanhav.

---


« Qui va là ?! »

La jeune femme, dissimulée dans la tempête de sable qui agitait toujours feu l'état Areian, souleva légèrement le capuchon qui voilait son visage. Des yeux d'un iris bleuté toisèrent l'homme qui gardait la porte. Un frémissement se fit sentir dans l'air avant que l'homme n'articulât, machinalement :

« Bienvenue à Alanhav, mademoiselle... Trenia Heqat. »

Les portes de la cité en ruine s'ouvrirent à la légendaire Enjôleuse.
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Sergent Kami
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Re: Reflets du passé

Message par Sergent Kami »

Nous progressions trop rapidement, trop facilement. Ma nervosité croissait à chaque seconde. Cette brume n’avait rien de normal… Je me sentais aveugle, mon sixième sens ne semblait pas percer cet amas gazeux. Je comprenais à présent pourquoi je n’avais rien vu venir. Quelqu’un ou quelque chose de très bien informé sur mes dons les avaient camouflés. Une chose était sûre : la lâcheté avec laquelle ces renégats avaient frappés Nikki mit à mal ma soudaine bonne humeur... Naralime avait décidément mal choisi son jour pour assouvir sa vengeance.

Aucun obstacle ne nous avait réellement retenus, alors que nous avions parcourus la moitié de notre chemin. Pourtant j’éprouvais une sensation étrange. Comme si à chaque ennemi tué, leur stratégie s’affinait.


Eh Kami, t’as un chargeur pour…


Sursum n’eut pas le temps de finir sa phrase : quatre renégats fondaient sur nous, profitant de cette perturbation climatique pour le moins unique. D’un mouvement succinct, je plantais ma lame dans la gorge du premier avant de faire exploser les torses des deux suivants avec mon révolver. Je balayais la rue du regard. Mon compagnon avait tué son assaillant de la même manière que le premier et échangeait les deux armes. Le silence de mort qui régnait dans la rue intensifiait ma désagréable sensation d’avoir un coup de retard sur l’adversaire.


Nous avancions désormais avec une lenteur qui m’exaspérait, bien qu’elle soit nécessaire. Déjà, j’entendais un autre groupe d’assaillant s’organiser un peu plus loin. Ils s’étaient placés sur deux lignes, tel un peloton d’exécution barrant la rue. L’affrontement direct n’était pas envisageable, Sursum y aurait trouvé la mort.

Une onde de magie parcourra mon corps, avant d’illuminer brièvement mon environnement immédiat. L’instant d’après, une explosion retentit et le groupe de fidèles fut écrasé contre le mur d’une bâtisse proche, emporté par une lourde porte de bois subitement sortie de ses gonds.


La brume environnante commençait à se dissiper, dévoilant l’horreur qui s’apprêtait à s’abattre sur nous : pendant ce court lap de temps où nous nous étions battus, une partie de nos ennemis avaient fait le tour pour nous prendre à revers. Nous étions totalement encerclés. Je pris mon ami par le col avant de nous dématérialiser.

Je daignais nous ramener sur notre plan d’existence sur la grande place faisant face au lieu de culte de la cité. Les renégats ne mirent pas longtemps avant d’apparaître de part et d’autre de la place au pas de course.


Et maintenant on fait quoi ?


Je levais les yeux au ciel en murmurant pour moi-même :
Quesae, Errecas, si vous m’entendez, j’ai besoin d’aide…

Puis pour Sursum : On donne tout ce qu’on a, c’est maintenant ou jamais.

Connaissant mon incapacité à attaquer et défendre simultanément via ma magie, Sursum nous enveloppa dans une bulle protectrice. Je vidais alors mes chargeurs sur la horde d’ennemis qui venait à notre rencontre faisant pleuvoir le sang sur le champ de bataille.

Trois. Deux. Un. Tac, tac, tac.


J’étais à court de munitions… Je rangeais lentement mon révolver à ma ceinture et regardais d’un œil désabusé les ennemis revenir toujours plus nombreux. Une poignée d’entre eux attendait patiemment de l’autre coté de la bulle magique, prêts à attaquer au moindre affaiblissement de cette dernière.

Et elle arriva, suivie par une cinquantaine de renégats reconvertis pour l’occasion. L’enjôleuse foulait la place publique prête à en découdre avec nos assaillants.

(Rire nerveux, murmure)
Ce n’était pas de cette aide là que je parlais…

Teleportation.

La poignée d’assaillant à proximité disparut dans un halo lumineux, avant de retomber en une lourde pluie humaine sur les rangs des dévoués guerriers de la déserticaine.

(Plus fort, pour que l’arrivante entende)
Je ne t'attendais plus !

Je me tournais vers Sursum, avant de l’aveugler magiquement pour sa sécurité. Notre amie avait un don pour captiver d’un regard les foules…

Bonjour Trénia.


Je sentis alors une pression spirituelle. Comme à son habitude, elle tentait de manipuler mon esprit pour m’envoûter. C’en était devenu lassant. Une pulsation surnaturelle traversa le champ de bataille avant d’envelopper Trénia d’un halo couleur saphir.

Et maintenant, si tu ne veux pas mourir prématurément, tu vas arrêter ce vacarme dans mon crâne !
Dernière modification par Sergent Kami le 09 juin 2011, 17:08, modifié 1 fois.
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Kossnei
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Re: Reflets du passé

Message par Kossnei »

Un rire cristallin éclata derrière le dos de Kami et de Sursum. D'un même mouvement, ces derniers se retournèrent. Elle était là, tranquillement assise, jambes croisées, capuchon baissé pour l'occasion. Regardant derrière lui, Sursum aperçut ce qu'il restait de Trenia s'évaporer dans la bulle magique.

« Toi... Quand as-tu croisé notre regard ? », grinça Kami.

L'Enjôleuse secoua la tête, afficha un sourire satisfait, puis expliqua :


« La brume, la ruelle... C'était le moment idéal. Vous étiez bien trop aveuglés pour y voir quoi que ce soit. Enfin, ça, c'est votre sentiment. Votre oeil voit des choses que vous ne pouvez décrire. Je vous voyais parfaitement, et vous suffisamment pour vous laisser envoûter par mon regard.

Cela dit, notre dernière entrevue m'a fait remarquer à quel point tu étais méfiant, Kami. J'ai juste eu envie de m'amuser un peu et d'observer ta réaction. Sur ce, je te laisse, j'ai à faire... »


Elle rit. Kami leva la main, mais elle n'était déjà plus là. Peut-être même ne l'avait-elle jamais été.


---

Hôtel Palacky, Alanhav est.

---

Douleur lancinante, draps tachetés de pourpre. Le réveil fut délicat pour Nikki Katarilis. Elle se haïssait à ce moment, faible qu'elle était. Elle s'extirpa péniblement du lit où les autres l'avaient laissée se reposer, puis approcha de la fenêtre donnant sur le toit. Elle jeta un regard alentour : la brume s'était levée. Un soleil de plomb frappait à présent Alanhav. Desertica avait finalement repris l'ascendant sur le climat soudain. Une légère brise vint agrémenter le sentiment de plénitude qui l'habitait, chassant la douleur. Au loin, on entendait des coups de feu. Nikki se tourna vers une armoire massive qui ornait la pièce et l'ouvrit, peu convaincue. Elle y trouva une robe courte qu'elle ajusta après s'être dévêtue de sa vieille toge sur laquelle les trous avaient envahi le tissu. Ce faisant, elle observa dans le miroir son teint cireux que venait agrémenter sa plaie récente, ses cheveux sales, ses lèvres sèches, et poussa un soupir. Retrouver un état correct où habiter, même modestement, devenait nécessaire.

Elle sortit à nouve*u par la fenêtre, après s'être assurée de la sûreté des environs. Arrivée sur le toit, elle remarqua, marqué par le sang, le projectile qu'elle avait reçu. Une balle de plomb, d'un diamètre considérable, reposait là. Elle approcha ses doigts et ressentit une puissante magie. S'emparant de la sphère anthracite, elle remarqua un sigle apposé sur la surface de cette dernière. Un sigle bien connu, puisqu'il s'agissait de deux lettres ocres, un "E"... et un "P".


« Empire Platin, hein... ? »

Soucieuse et nostalgique à la fois, elle observa l'objet sous toutes les coutures. Une fine rainure l'ornait. Elle ouvrit la sphère, et y trouva un message griffonné hâtivement sur un papier froissé.

« Où est passée l'ambitieuse Mana-Li II et ses sombres desseins ? Reprends-toi, sotte. - Tiesendar, qui en toi a insufflé la Vie. »

Nikki eut un rire nerveux.

« Mais va te faire, t'es qui toi ? »

Elle envoya valser le lourd artefact, qui lui revint directement au visage. Cette fois-ci, elle l'évita, et l'objet alla s'écraser sur la fenêtre derrière laquelle la toisaient deux yeux d'un bleu électrique...

La jeune femme poussa un cri et se cacha la vue, alors que Trenia Heqat passait d'un pas décidé l'embrasure de la fenêtre, pour se retrouver à trois mètres de celle qu'elle avait traquée durant de nombreux mois.


« Bonjour, Nikki. Me croyais-tu toujours enfermée ? »

Maintenant fermement ses paumes sur ses paupières closes, aux aguets, l'Amirale répliqua :

« Tu m'as suivi depuis tout ce temps ? Moi qui pensais que ta petite visite dans les geôles de la Corporation n'était qu'une coïncidence... »

Trenia éclata d'un rire moqueur et inquiétant à la fois.

« Tu es devenue bien naïve, Katarilis... Depuis le début, je n'ai jamais cherché que ta mort. Le Grand Conseil te traquait, dès lors qu'ils ont appris pour Aora, et le fait que tu les aies roulés dans la farine. Quand ils t'ont capturée, j'étais hors de moi. Non que je cherchais à accomplir une quelconque mission, mais cela servira mes desseins futurs que de leur rapporter ta tête sur un plate*u. Alors, maintenant, tu vas me suivre à nouve*u, et bien gentiment. Allez, ouvre les yeux, ma petite Nikki... »

L'Amirale fit un pas en arrière. Trenia, quant à elle, en fit deux en avant. Nikki pouvait sentir le vide derrière elle. Ses pieds n'étaient qu'à quelques centimètres du bord...
Elle tâcha de se calmer. L'enjôleuse, ce fut également Nikki du temps de l'Empire Platin, ainsi que du Sikhar Atlis... Elle savait se montrer dangereuse, par la parole. Libérant la pression de son corps, laissant ses bras reposer le long de son corps, Katarilis lâcha un grand soupir, puis répliqua :


« Tu veux donc ma mort, Trenia Heqat... J'ignore quels sont tes desseins pour que tu ailles jusqu'à servir un Grand Conseil dangereux pour toi-même, mais je vais t'expliquer quelque chose : ma mort t'apportera des années de souffrance, avant d'enfin sortir du tunnel. Ce que le Grand Conseil t'offrira... jamais ne vaudra la puissance de mes recherches. »

Trenia frissonna alors que son sourire s'effaçait.

« Qu'est-ce que tu veux dire par-là ? » murmura-t-elle.
« Allons, réfléchis un peu... Ne connais-tu rien de mes trouvailles ? Penses-tu vraiment que le Conseil tenait tant que ça à Isan Aora ? Non, ils avaient découvert bien davantage chez les Procréateurs de Combination... et cela les effrayait.
Trenia, pourquoi voudrais-tu me tuer ? La Source peut t'aider à regagner ce que tu as perdu en Ekelia, il y a quelques années... La Source te fera redevenir la grande Necroman que tu fus. Alors, qu'en dis-tu... ? »


L'Enjôleuse réfléchit un moment, puis ouvrit la bouche.

« Je dois dire qu... »

Un grand fracas retentit à l'intérieur, suivi par deux détonations. Trenia baissa la tête, puis s'enfuit sur les toits.

Quand Nikki ouvrit à nouve*u les yeux, ce fut un Kami rassuré qui lui sourit d'un air triste.


« Désolé pour le retard, on a eu à faire... » s'excusa-t-il.

L'Amirale retint ses larmes, et tomba à genoux sur les tuiles. Son cœur lui fracassait la cage thoracique.
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Sergent Kami
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Re: Reflets du passé

Message par Sergent Kami »

Je me sentais coupable de l’avoir embarquée dans ce foutoir. Je m’agenouillais à ses cotés et passais lentement mes bras autour de ses épaules.

(Murmure à l’oreille de Nikki)
Pleurer est également une marque de force… Et cela te rendrais encore plus belle que tu ne l’es aujourd’hui.

Je lui souriais avec toute la sincérité dont je pouvais faire preuve et l’aida à revenir dans la chambre. A cet instant, une larme perla sur la joue de la fière Amirale. Et au creux de mes bras, la dame laissa finalement retomber la pression dans un mutisme marié à un regard étonnement lointain. Dans un silence exemplaire, le groupe se laissa emporter dans un sommeil réparateur.

Je me réveillais au milieu de la nuit, tiré de force à la réalité par une problématique qui m’affectait au plus haut point. Qu’avait fait Trénia, après ma fuite cette fameuse après-midi ? Pourquoi m’avoir menti, sachant que j’aurais pu lui offrir un soutient beaucoup plus important ce qu’elle pouvait imaginer ? Je me rendais à l’évidence. Sur ce vaste échiquier, je m’étais bêtement isolé du reste des pièces. A moins que je ne sois la dernière pièce en état de se battre. Le dernier rempart avant la victoire totale des noirs sur le reste des forces en présence.


Pourquoi ai-je été si con ?


Parce que tu avais besoin d’elle ?

J’étais seulement à ta recherche Nikki. Je savais que Trénia voulait te tuer, elle me l’avait avoué. Mon erreur fut de croire qu’une cause plus noble réussirait à faire taire momentanément les tensions. Le respect tacite qui unit les combattants, même adversaires, n’existe plus.


Nous ne sommes plus que des pièces sans identité sur un vaste plateau, cherchant à tout prix à survivre et dans notre malheur, il ne reste plus que nous pour stopper l’attaque ennemie.
Soupir. Ce n’est pas grave, s’il le faut, je me battrais seul. Tomber là-bas sera pour moi le plus bel honneur que l’on puisse m’offrir.

J’esquissais un sourire désabusé. La seule pensée que mon aventure touche à sa fin réduisait à néant mon moral.

Et si nous mobilisions ? Que nous rétablissions l’équilibre en jetant de nouveaux guerriers dans la bataille ?

Qui serait assez fou pour me suivre ? tranchais-je.

Pas de réponse. Après quelques minutes qui semblaient durer des heures, je retrouvais un peu du poil de la bête.


Merci Nikki.

Le lendemain matin


Je n’avais pas réussi à me rendormir. Je mis à profit ces longues heures pour établir les rôles de chacun dans les jours à venir. Le timing serait serré, car la saison nouvelle approchait, signifiant l’isolement complet d’Alanhav pour soixante-quinze jours.

Sursum, il y a un équipement de transmission hyper fréquentiel datant de l’époque du Kamagma dans le bureau de Mac Rack. Il ne fonctionne plus, mais si tu le répares, nous devrions pouvoir pirater les fréquences d’informations de la Corporation pour passer un message.

L’homme acquiesça.

Nikki, certaines choses devraient t’intéresser à l’église de la cité. Je t’incite à y jeter un coup d’œil, mais ne déplace rien.

Je sortis une chaine à laquelle était attaché un anneau d’or sertie d’une aigue-marine. Il s’agissait de l’alliance de May. Je la posai dans le creux de la main de l’Amirale.

Si jamais tu venais à être en danger, cet anneau devrait t’aider.

Pour ma part, je serai à la bibliothèque Alanhavienne. J’y ai quelques recherches en suspend.


Et sur ces mots, nous nous séparâmes.
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Re: Reflets du passé

Message par Sergent Kami »

D’une main assurée, je poussais la lourde porte de la bibliothèque. Long grincement. Ce lieu aussi avait été abandonné, lors du grand exode qui se conclut par la chute pure et simple de la cité quelques années auparavant. Eblouissant. Elle n’avait rien à envier aux archives de la Corporation. Des milliers d’années de connaissances, de recherches fructueuses ou non au gré des colons successifs se tenaient là, dans une stase qui ne demander qu’à cesser. Et pourtant, ce n’était pas ces antiques consignations qui me poussaient à déranger la tranquillité des lieux. Je cherchais quelque chose de plus… rare. Une perle de connaissance, berceau de la réincarnation de la déesse elle-même, cachée quelque-part derrière cette tonne de livres.

Pris dans mes pensées, j’effleurais du bout des doigts une étagère poussiéreuse. Une petite flamme s’alluma au creux de mon cœur lorsqu’après trois heures d’errances, je sentis une emprunte lourdement imprégnée de magie. Une trace qui n’avait rien d’anodin et qui m’arrachait un sourire de satisfaction.

Il me fallut encore plus d’une heure à tâter et examiner l’étagère en question à la recherche du mécanisme caché, sésame de mon accession aux secrets d’Alanhav. La porte secrète se referma sur ma personne pendant la montée de la volée de marches vers le sommet. Sans doute pour préserver l’intimité des lieux. Désormais dans le noir le plus complet, j’évoluais lentement me tenant aux murs de l’escalier. D’un pas mal assuré, je fis craquer une latte du vieux plancher. Des bougies placées à intervalles réguliers s’allumèrent instantanément. Comme si l’on m’attendait…

Quelques livres sur lesquels le temps avait fait son office étaient éparpillés au sol. Mon regard se posa ensuite sur un objet appartenant à une éminente personnalité tragiquement disparue.


Ephaelia, c’est donc ici que tu te cachais… murmurais-je.


En silence, je me saisis des livres trainant çà et là pour en examiner le contenu, puis les rangeai sur une étagère contenant des ouvrages certainement uniques dans cette galaxie. S’il existait une solution à mon problème ou si un écrit pouvait m’aider à comprendre ce Nikki avait créé, il se trouverait ici, dans cette secrète extension de la bibliothèque. J’effectuais un premier tri parmi les livres pour repérer ceux dont le sujet se rapprochait de ce que j’avais vu à la Source avant de me plonger dans une lecture plus intense de ma sélection.

La nuit venait de passer. Enfin, c’était ce que je pensais. Enfermé dans cette pièce exigüe, je perdais toute notion du temps. Les livres attirant mon attention flottaient autour de moi, me permettant d’avoir sous les yeux l’ouvrage qui me permettait d’avancer. Avancer n’était peut-être pas le meilleur mot. J’avais beau rassembler toutes mes forces dans l’exercice, je ne faisais que griffonner sur des morceaux de papiers des annotations provenant de traductions approximatives ou plus simplement des idées qui me venaient au fil de mon harassante recherche. Les heures s’enchainant, il vint un moment où la fatigue l’emporta sur ma dernière goutte de détermination me faisant sombrer dans un sommeil agité. Les livres retombèrent dans un fracas qui dérangea en rien ma chute vers le néant.



Tu perds ton temps. Ta place n’est pas ici.

Ni..Nikki ?


N’oublie pas ce pourquoi tu te bats.


Je me réveillais en sursaut et balayais du regard le grenier mon esprit encore embrumé par la fatigue.

N’oublie pas qui tu es vraiment.

D’un mouvement réflexe, je me saisis de ma lame prêt à me défendre. La voix était nette, comme si mon interlocuteur se trouvait à coté de moi. Sauf que j’étais seul. Ou presque. A l’instant, où je me relevais, je perçus l’aura faible de Trenia. La conseillère rôdait encore dans la cité posant par la même occasion un problème pour la sécurité de mes amis. Je me concentrais pour réussir à capter plus nettement cette pulsation magique.

Trenia, je sais que tu m’entends. Je sais où tu te caches, je perçois parfaitement ton aura. Retrouve-moi sur le toit de la bibliothèque ce soir, nous devons discuter… seuls.
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Sergent Kami
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Re: Reflets du passé

Message par Sergent Kami »

Tu es en retard Trenia…

Ah cette phrase, combien de fois avais-je pu la prononcer pour mieux déstabiliser mon interlocuteur. Parfois cela prenait, parfois non. Qu’importe, cette traditionnelle entrée en matière amusait la bête qui sommeillait en moi.

Depuis quand ai-je des comptes à te rendre Kami ? répliqua la susnommée d’un ton cassant.

Vas te faire voir.

Douce pensée… Mais la traduire d’une manière aussi franche ne serait pas constructif. Je profitais de ce froid pour analyser la situation. Mon regard finit par se poser sur la conseillère, que je toisais avec un mépris saupoudré d’un chouïa de déception. Un bref sourire illumina son visage, avant qu’elle ne réalise que sa présence dans mon esprit n’était pas la bienvenue. Navré que ta seule arme n’ait de réel effet sur moi, Trénia. J’avançais d’un pas. La peur se lisait dans son regard.


Je serais bref. Nous avons tout deux nombre de projets malheureusement incompatibles entre eux. C’est un fait, nous devrons vivre avec. Mais ce que je te propose aujourd’hui est… inédit, du moins dans ma façon de procéder.
Oui, inédit dans le sens où je te laisse un choix. Celui de mourir immédiatement, de disparaître sans laisser de traces ou alors de quitter la ville, sachant que nous finirons par nous retrouver. Dans tous les cas, la finalité est pour moi la même.


Son regard s’était durcit. Cette inéluctable issue, tu nous l’avais prédite et pourtant, moi-même je n’arrivais pas à m’y faire. Qu’importe, vu qu’aucun son ne s’échappait de sa bouche, je me résolus à briser ce silence opprimant.

Tu sais, j’ai longtemps songé à cet après-midi là. Précisément celle où tu me permis de m’échapper avec Devar. Dès lors, je me suis rendu redevable envers toi. Chose peu plaisante en soi. Soupir. Laisse au moins mon honneur sauf, c’est la dernière chose qu’il me reste.

J’étais absolument pathétique, et le plus moche dans l’histoire, c’est que tout ce que je venais de dire était vrai. Parfois, je me donnais la nausée.

Alors conseillère, quel est ton choix ?

Sans un mot, elle tourna les talons. Au fond, c’était sa façon à elle de montrer qu’elle n’abandonnerait pas aussi facilement, sans pour autant nous faire perdre un temps précieux.

[…]

Je jetais un dernier regard à la sombre silhouette qui s’éloignait dans les immensités désertiques. J’étais pris dans un maelström de sentiments contradictoire. Plongé dans mes pensées, je manquais de heurter Sursum. Instinctivement, il pausa une main sur mon épaule.


Hé Kami, tout va bien ?



Je venais te prévenir que le transmetteur est opérationnel.
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Sursum Corda
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Re: Reflets du passé

Message par Sursum Corda »

Quelque chose dans la voix de Sursum mit Kami en alerte, un léger tremblement, un écho assourdi comme l’émanation d’une infinie tristesse.
Levant les yeux sur lui, il perçu dans son regard un trouble indiscutable comme ce que refléteraient les yeux d’un homme qui aurait croisé un fantôme.

Tu es sur que l’appareil de transmission va nous permettre d’infiltrer les canaux de la corporation ?

Oui Kami, tu peux en être assuré.



Quelques heures plus tôt ...

Le bruit des lourdes bottes de Sursum Corda résonnait dans les couloirs déserts.
Il s’arrêta devant la porte métallique du bureau de Mac Rack.
Passant rapidement la paume de sa main devant le capteur de la serrure électronique, il attendit le bruit caractéristique de son déverrouillage et entra.

La pièce était en désordre.
Divers appareils disséminés ça et là semblaient avoir été brusquement abandonnés comme dans une fuite mais ce n’était probablement que le fruit de son imagination imprégnée des dramatiques événements que les Procréateurs rescapés venaient de vivre.

Où était donc le transmetteur dans ce bric à brac ?

Lorsqu’il repéra l’appareil, il s’accroupit devant son socle et en dévissa la plaque frontale, il examina les circuits et les cartes qui le composaient.
Sursum n’était pas un technicien, il n’était pas non plus un magicien mais comme beaucoup de volcaniens, ses gènes pervertis par des générations au contact de la matière et de ses diverses phases de développement, il avait révélé certaines facultés dont les mystères étaient encore entiers.
Il ferma les yeux et ses doigt parcoururent lentement les circuits, un par un.
L’appareil émis un bourdonnement sourd et l’écran diffusa les pulsations d’une lumière pale.
L’alimentation était rétablie.

Il poursuivit son inspection. La concentration faisait perler sur son front quelques gouttes de transpiration qui glissaient sur ses tempes.
Cet appareil serait leur seul moyen de communication pendant de nombreux jours et il devait prendre garde de maitriser son énergie afin de le réparer sans l’endommager davantage.
Lorsqu’il entendit un « bip », il sut que le transmetteur était en fonctionnement mais il ne fut pas suffisamment prompt pour interrompre la communication qui s’était automatiquement lancée avec le dernier interlocuteur.

La forme holographique de ce dernier apparut au centre de la pièce. Sursum n’en croyait pas ses yeux, il ne s’était pas attendu à ce que le passé ressurgisse brusquement dans sa vie, un passé qu’il croyait définitivement éteint.

Pourquoi Sursum ? Pourquoi es-tu venu me sortir de ma sombre retraite ? Quels démons du passé cherches-tu à exhumer ?

Ses rapports avec cette femme n’avaient été que douleur, ils avaient connu la morsure constante qu’infligent immanquablement les avatars de la passion que sont l’amour et la haine constamment enlacés.
Les souvenirs envahissaient sa tête, frôlements de deux corps dans la foule aveugle des salles de la corporation, regards complices pétillant de connivence, allusions voilées apparaissant en filigrane dans des discours dont ils étaient les seuls à comprendre le sens, un jeu dont les arcanes n’appartenaient qu’à eux, les rendant uniques, lumineux.
Le regard de Sursum se durcit néanmoins car la pièce avait son revers et il était conscient d’être en présence d’une des rares personnes qui constituait pour lui un danger. Si l’homme et la femme aimaient à se perdre dans l’ambigüité d’une attirance sans égale, les deux chefs d’Etat qu’ils étaient avaient su cultiver une opposition frénétique tant était grand l’espace qui séparait leur pensées et leur attraction irraisonnée avait soufflé sur leur dissensions comme le vent sur des braises.
Elle était l’ennemie, elle était la Grande Conseillère …

Pandora …
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Sergent Kami
Soulis de Kalyso
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Re: Reflets du passé

Message par Sergent Kami »

Centre administratif de la cité – Aube sur Desertica, environ 12h00, heure corporative

J’avais du mal à reconnaître le bureau de Mack Rack. Tout le bric-à-brac avait été déplacé pour les besoins de l’opération. Je me tenais bien droit devant l’appareil songeant à ma prestation future. La tension croissait graduellement, notamment par les tics nerveux de Sursum et les ricanements d’une Nikki au meilleur de sa forme.

Activation de la liaison, module 1-4-7-7

*Démarrage du module 1-4-7-7
*Ok
*Séquencement fréquentiel en cours
*Sept canaux ouverts
*Liaison stable – 268 points activés
*Connexion dans 5
*4
*3
*2
*1

Voilà, avec mon apparition sur l’ensemble des holo-écrans de la corporation qu’ils soient dans l’atrium ou dans les amphithéâtres, j’avais atteint le point de non-retour.


Ceci est un message à l’attention de tous. L’heure est grave. Pertes d’activités économiques, famines, corruptions du pouvoir, assassinats et autres guerres souterraines sont foison. Nul ne peut se targuer d’être en sécurité, même enfermé dans le bunker le plus profond.

Que font les Grands Conseillers dans tout cela ? Ces élites, qui sont censé donner un semblant d’équité pour préserver l’équilibre du monde, se repaissent de vos malheurs. Et lorsqu’une alliance fait front pour votre bien, elle se retrouve purement et simplement annihilée. Chaque jour, la corporation fait assassiner des hommes influents dans le silence le plus total. On vous ment mes amis. Le projet OBE a bel et bien existé, et des milliards d’innocents furent tués selon le bon vouloir de Terluan !

Ne les laissez plus vous contrôler ou vous subirez le même sort !

Grands Conseillers, Archimages, sachez que ceci n’est que le premier pas vers une action d’envergure. Il est temps que vous appreniez de vos erreurs, que vous payiez pour vos crimes.

Moi, Kami Raykovith, vous en fait le serment.


*Tentative d’intrusion repérée
*Coupure de la communication
*Fin de transmission
*Evalutation des risques
*Sécurisé : 40 %

Mes neurones s’agitaient, analysant toutes les données pour échafauder le meilleur plan. L’urgence était de fuir et de préférence le plus loin possible.


Et maintenant, que fait-on ?

On plie bagage, l’armée corporatiste va débarquer dans l’heure.
Sursum, j’ai contacté une amie qui se cache dans la bordure extérieure, colonie 524. Retrouve-la. Tu auras pour charge de lever une armée de mercenaire. J’ai laissé 70 millions de crédits sur un compte sécurisé pour payer les soldes. S’il en reste après, cet argent t’appartient.

Nikki, je te laisse l’opportunité de rendre une visite à de vieux amis de Sombrot.
L’amirale frémit. Je te laisse prendre ta décision sur le chemin. Les hangars se trouvent à l’est de la ville. Vite !

Ok Kami, va pour Sombrot, lança Nikki sur un ton qui se voulait égal.

******************

Naïssha,

Comme promis, je t’envoie un ami pour le petit service dont nous avions discuté précédemment. Prends soin de lui, je compte sur toi.

Prochain contact dans deux saisons pour les derniers préparatifs.

Kami.

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