Reflets du passé

Ici sont chroniquées les histoires des Etats et de leurs dirigeants

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Aetherya
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Re: Reflets du passé

Message par Aetherya »

Pandora...

Vêtue d'une robe bleue nuit, Pandora comme une résurgence d'un lointain passé, se tenait fièrement face à Sursum. Son visage, aussi blanc que les neiges des plus hautes montagnes contrastait avec ses pupilles irisés dont les teintes tendaient timidement vers la violine. Seules quelques mèches de sa chevelures de jais voltigeaient hors du capuchon qu'elle arborait.

Les semaines, les mois voir les années n'effleurèrent en rien son aura. Un magnétisme brûlant qui par le passé illumina tant de salles de la Corporation. Pourtant et malgré avoir tutoyée les plus hautes sphères de l'élite des cinq, la Sulfureuse, tourmentée pas des projets plus attrayants, finit par abandonner ces luxes matériels, ces péons hauts gradés aux vapeurs corrompues que constituaient le Conseil.

Ses desseins plus profonds l'amenèrent en des lieux interdits, elle flirta avec le doux baiser de la mort, médita des nuits entières sur les puissances invisibles, celles qui baignent l'univers mais dont seuls les aveugles sont à même de déceler la présence.

De la tunique d'activiste chevronnée elle passa à l'apparat de l'observatrice silencieuse, tissant dans l'ombre de la lumière des fils de soie où venaient se reposer les étoiles. Elles lui murmuraient alors en secret d'étranges confessions et ensemble voyageaient bien au-delà de la réalité physique.

D'ailleurs, à tout bien y réfléchir, comment une réalité affligée par des sens sans cesse dupés pouvait receler la moindre once de réponse aux questions qui l’assiégeaient jadis ?

Les astres ont cette faculté, si on les écoute, de nous bercer de leurs savoirs et bien plus encore.

Mais c'est lorsque l'on veut fuir la jungle d'un passé si transcendant que ses lianes finissent par nous rattraper puis nous étrangler irrémédiablement.


Ainsi, par une quelconque magie alors que la Dame oubliée complotaient avec les mystères de la vie, qu'une image d'un autre temps explosa devant elle. Cette hologramme était celui d'une braise qui en quelques secondes réanima l'incendie des heures perdues. Son esprit comme soufflé par un flot de ressentis enterrés s'anima d'une puissante effluve magique.

« Pourquoi Sursum ? Pourquoi es-tu venu me sortir de ma sombre retraite ? Quels démons du passé cherches-tu à exhumer ? Par quelle magie cet appareil a-t-il crée un lien entre nous ? » Questionna la Féline. 

Déconcertée et abasourdie par cet Homme qui a lui seul, symbolisait ce qu'elle quittait hier. La tension qui bouillonnait dans ses veines de reine priait pour s'exprimer.

C'est alors que sans réfléchir, elle laissa exulter ses pulsions, brisant les sceaux de la réalité dans laquelle elle évoluait. Dans un fracas tonitruant, l'espace et le temps se délièrent, fracturant une courbe entre « ces » réalités.

Elle abandonnait donc son onirisme songe exhumant des sensations oubliées.

Pandora se tenait à présent face à Sursum, sans qu'aucune technologie -ou magie?- ne vienne obscurcir et amalgamer leur vision.
Son entêtant parfum aux pointes ambrées, signature olfactive reconnaissable parmi des millions, venait répandre à nouveau ces promesses sur ces Terres Sauvages.

« Alors pourquoi ? » sourit-elle.
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Sursum Corda
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Re: Reflets du passé

Message par Sursum Corda »

Pourquoi ? Mais qu’est ce que j’en sais moi !

Je remets une machine en fonctionnement et cette putain de mécanique de merde me renvoie dans en un temps que j’ai fuit pendant des années !
J’entendais être maître de mon destin, de mon chemin, de ma vie et il suffit d’un rien pour que je me retrouve face à mon passé.
Brusquement, sans préliminaire, j’étais face à elle et ce faisant, face à ma vanité.
Qui suis-je pour croire que je décide pour moi-même, qui suis-je pour penser que je que suis l’instigateur de ma propre destinée ?

Non, je devais maintenant l’accepter, on n’échappe pas à ce qui doit être !


Il ne lui restait plus que ce choix à faire, pour la première fois de sa vie Sursum Corda cessa de se révolter.
En ce muet consentement, il soupira et ferma les yeux un bref instant pour respirer comme dans une renaissance, ce parfum enivrant qui était celui de Pandora, il se rendit compte à quel point cela lui avait manqué.
Il s’approcha de la jeune femme et posa sa main sur sa joue, retrouvant le contact de l’étrange chaleur de cette peau d’albâtre, la caresse douce des mèches brunes qui s’échappaient de sa capuche, il frémit.

Pourquoi me demandes-tu ? Je ne sais pas.
Peut être est-il temps pour nous de cesser de lutter, de fuir, de se cacher et de simplement accepter l’existence telle qu’elle se présente.
Une foule immonde de choses nous ont éloigné de notre destin, nous ont éloigné l’un de l’autre et avec le recul, les années écoulées, elles m’apparaissent aujourd’hui comme de vains détails, des virgules inutiles dans un sonnet chantant, l’insignifiance même.


Son regard lavé de tout trouble plongea dans l’iris violine de la reine.

A y bien réfléchir, n’avons-nous pas lutté pour les mêmes valeurs chacun à notre manière ? Tu les as défendues par la puissance des institutions, je me suis battu avec les armes de la guérilla mais en définitive c’était la même guerre.

Au souvenir de l’expression de leurs belliqueux instincts exacerbés par la lave qui coulait dans leurs veines, les deux volcaniens sourirent.
Dangereux l’un comme l’autre, dangereux l’un pour l’autre, quelle serait la conséquence de ces improbables et pourtant inéluctables retrouvailles ? Peut être le feu combattrait-il le feu … peut être ….
Peut être aussi que la somme de ces deux caractères volcaniques consumerait la galaxie de sa violence, à ce jour nul ne pouvait le dire, même pas eux.
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Sergent Kami
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Re: Reflets du passé

Message par Sergent Kami »

Depuis le décollage, Nikki semblait particulièrement préoccupée. J’étais conscient que vaincre ses propres démons n’a jamais été une chose facile mais elle ne pouvait pas rester dans cet état. Cela compromettrait mon plan. Aussi décidais-je de briser le silence de mort régnant dans le cockpit.

Il est temps maintenant de t’en dire plus sur la suite. Sombrot a bien changé depuis ton départ. La cité n’en a pas moins gardé la force industrielle que tu lui as insufflée. Nous allons exploiter cet avantage.

Que comptes-tu y faire construire, Kami ?


Je n’ai pas vraiment de nom pour cela, dis-je en montrant une esquisse de la machine. Il s’agissait d’une large sphère métallique posée sur une structure similaire à un pied.

Jusqu’à présent, il me manquait une pièce pour réussir mon projet. Je devais trouver un moyen d’annuler le sceau d’anti-magie de Terluan, sans quoi l’armée corporatiste m’aurait écrasé sans la moindre difficulté.

L’invocation partielle me permet de résister au sceau, en formant une « carapace » autour de moi. Le problème étant l’énergie à déployer pour que la bulle magique n’éclate pas. Une énergie que je ne suis pas en mesure de déployer seul. Toutefois, rien ne m’empêche de puiser ces ressources ailleurs. Et c’est là que l’industrie volcanienne entre en jeu.

Ces derniers jours, j’ai eu l’occasion de comprendre partiellement le fonctionnement de ta source. Une merveilleuse invention, je dois l’avouer. Et c’est là que j’ai eu une idée. Puisque je peux absorber de l’énergie extérieure lors de l’invocation, il me suffit de créer un générateur couplé à un réservoir d’énergie dans lequel je n’aurai qu’à me servir selon mes besoins.


Et ton générateur serait…


Caché dans les sous-sols de la corporation, à un endroit où mon « sixième sens » sentirait sa présence.

Ingénieux, conclut Nikki d’un ton neutre.

Je tendais une carte d’ambassadeur falsifiée à l’amirale. Depuis ma petite intrusion dans les systèmes de la corporation, j’étais devenu un « ennemi » pour l’institution, une menace pour l’ordre établi par l’archimage. Emprunter une autre identité était une nécessité.



Je doute que le peuple de Sombrot soit prêt à te voir revenir par la grande porte. Mais n'aie crainte, je t’ai gardé le meilleur rôle. Tu es dorénavant une riche héritière déserticaine venue pour affaires. En tant que tel, tu pourras te permettre de circuler en toute liberté pour peu que ton visage soit caché.

L’amirale fit une moue déçue. Ce n’était pas dans sa nature d’être dans l’ombre. Mais qu’importe, j’étais sûr que ce rôle lui irait à ravir.

Le chasseur se posa peut après sur la planète rouge. Une poignée de gardes locaux se postèrent autour de l’appareil pour "accueillir" la délégation. Je sortis lentement du cockpit pour me présenter aux militaires.



Andrew Leister, conseiller et traducteur de dame Reija. Nous avons rendez-vous avec le gouverneur pour affaires.

Bien, le gouverneur sera informé de votre arrivée et vous recevra dans les plus brefs délais, déclara un soldat avant de nous inviter à les suivre.

Je me tournai vers l’engin spatial, tendis une main vers le cockpit et échangeais un sourire complice avec Nikki.



Si sa grandeur veut bien me suivre…
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Sergent Kami
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Re: Reflets du passé

Message par Sergent Kami »

Depuis notre arrivée dans la ville, j’avais la désagréable sensation d’être épié. Pas par la garde, car le détachement n’avait fait que son travail en accompagnant deux visiteurs fortunés à travers la cité industrielle. Le parcours avait d’ailleurs été soigneusement tracé : pas une seule fois, Sombrot n’avoua cette pauvreté qui la gangrène. Les quartiers-dortoirs dans lesquels s’entassent les honnêtes travailleurs semblaient n’avoir jamais existés. Seule la toute puissance du feu et de l’acier nous fut dévoilée, certainement pour mieux nous inciter à placer nos capitaux ici plutôt que sur Galactica.

Par ici je vous prie.

Sur les indications du garde, nous remontâmes une large avenue vide de toute activité. Un nouveau détail qui ne manqua pas de soulever une interrogation : Que se passait-il ici ? La ville était-elle toujours aux mains de la « bonne » personne ?

Nous nous trouvions désormais devant un bâtiment d’une taille écrasante. Pouvait-on vraiment appeler cet empilement d’acier surplombé d’une vaste verrière un palais ? Une fois de plus, on nous intima de suivre le mouvement, pénétrant dans la sinistre demeure du gouverneur. Nul effort de décoration. Rien de que l’acier froid et des gardes nous rendant un regard dans lequel ne transparaissait aucune émotion. Notre rapide progression dans le dédale de couloirs fut rapidement entravée par deux lourdes portes en bois massif derrière lesquelles disparut l’un de nos accompagnateurs.


Ils sont là ?
- Oui monsieur.
- Bien. Faîtes-les entrer.


Dans un grincement, la porte s’ouvrit faisant apparaître un salon entièrement meublé dans un style ancien où bois massifs, dorures et draperies rouges étaient rois. Et au milieu de ce luxe exacerbé se tenait un homme d’une taille normale. Le genre de personne qui rayonne de part son expérience, tout en restant propre sur elle. Derrière l’extravagante cape bleue au style rappelant celui d’un monarque, l’homme en question n’avait pas changé.

Ne voulant pas nous faire languir outre mesure, je m’avançais vers l’industriel mes plans à la main. Après un long exposé sur mes attentes et une courte analyse d'un point de vue technique, nous arrivâmes à la phase la plus délicate : signer le contrat. Notre homme avait pris des précautions en se renseignant sur nos fausses identités. Vu la perplexité que son regard dégageait, j’en conclus aisément que cela n’avait pas été fructueux.


Je dois avouer que je ne sais quoi penser.

Il était temps de sortir mon dernier atout. Ma fortune détournée des caisses kaméenes il y a bien longtemps allait enfin m’être utile. D’un geste, je tendais une carte KTF (Kei Trade Fiia – Carte d’informations communes pour le commerce), un sésame permettant à l’aide d’un système connecté au réseau bancaire universel de connaître instantanément la solvabilité d’un potentiel acheteur. Et avec une fortune approchant le milliard de crédits galacticain, je pouvais sans soucis payer mon dû. Mon excellente situation rendit instantanément le sourire à l’industriel. Tout se passait comme prévu, le contrat allait être signé dans l’heure.

[…]
Suite de Kami – Minuit, heure volcanienne


Tu as remarqué Nikki ? Pas un habitant, les gardes ont le regard vide.

Elle nous a pris de court n’est-ce pas ?

C’est ce que je pense…
Rendez-vous dans une heure à l’astroport, on vole un transporteur et on se casse. Ne t’inquiète pas pour moi, je saurai te retrouver.


Sur ces mots, je disparus.

[….]
Bureau d’Alucar Tenit – 0h15

Un astre se reflétait dans l’immense verrière de la pièce la plongeant dans une aura de sérénité qui s’était faite rare. Surtout depuis l’arrivée du détachement de la corporation. Depuis que cette garce m’ait tout prit. Accoudé contre le dossier de mon fauteuil, je fixais ce qui semblait être Galactica les yeux dans le vague. Ces conneries n’étaient décidément plus de mon âge.

Bruit d’un pas sur le tapis. Il avait pourtant été discret depuis son intervention illicite à la Corporation. Mais il n’aurait pas dû refaire surface. Sombrot ne se trouvait plus en territoire conquis. Cette époque était révolue. Je pris une profonde inspiration avant de me retourner lentement.


Bonsoir Kami. Cela faisait longtemps.
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Sergent Kami
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Re: Reflets du passé

Message par Sergent Kami »

On n’invite plus un vieil ami à prendre le thé ? dis-je en désignant d’un geste de la tête plusieurs tasses accompagnées d’une théière encore pleine du raffiné liquide. Le vieil homme soupira, et sans un mot assura le service. Le gratifiant d’un sourire satisfait, je me saisis avec précautions de la tasse brûlante qu’il me tendait et m’assis sur le bureau. Alucar préféra garder ses distances en choisissant le fauteuil. Je n’étais décidément pas le bienvenu.

Tu ne devrais pas être ici. Mais ce n’est certainement pas ce détail qui t’arrêtera. Alors que puis-je pour toi ?

Où sont les habitants ?

Le regard du gouverneur se durcit. Ses lèvres bougeaient sans qu’aucun son n’en sorte. Manifestement, il faisait attention à ce qu’il allait m’avouer. Etait-il vraiment lui-même ?

Ils ne sont plus.

Je le regardais fixement, l’intimant de m’en dire plus. J’avais grand besoin d’évaluer la situation actuelle, ne serait-ce que pour savoir si le temps jouait contre moi. Chacune de ses réponses arrivaient au compte-goutte, au rythme imposé par la tasse de thé.

Envoûtés. En moins d’une journée, ils arboraient fièrement les blasons de la corporation. Tous… sauf moi. La conseillère me préfère avec mon libre-arbitre, du moins c’est ainsi que je lui suis le plus utile. Je n’ai de toutes manières d’autre choix que de la suivre.

Je félicitais intérieurement l’intelligence de Trénia. Encore une fois, elle me surprenait agréablement bien que cela ne gêne ponctuellement mes plans. Plans qui n’incluaient pas la survie d’Alucar. Son manque de fiabilité risquait de me porter préjudice.

Et lorsque notre petit entretien se terminera, que feras-tu ?

Tu connais déjà la réponse. C’est ici que nos chemins se séparent, Kami.

Je lui retournais un regard emprunt de tristesse. Au fond, effacer définitivement toute trace de mon passé était une bonne chose. Lentement, je vidais le contenu de ma tasse en me délectant de chaque goutte. Puis je me relevais sous le regard vide de mon ancien ami. Tu as raison Alucar, c’était ici que nos chemins allaient se séparer ou plus justement que le tien trouverait une fin brutale.

Nous ne nous sommes pas compris Kami. Je ne peux te laisser partir. Ma survie en dépend.

Allons, toi comme moi savons que ton travail terminé, tu ne seras plus. C’est à cela que servent les pions, n’est ce pas ?



Je suis sûr que mon alternative te sera plus douce. Il s’agit sans nul doute d’une belle nuit pour s’éteindre, dis-je, un sourire narquois se dessinant sur mon visage.

Tu ne peux pas me tuer puis disparaître. Ton révolver est trop bruyant, ta magie trop destructrice. Quoi que tu choisisses, l’alerte sera donnée, lâcha t-il, prit d’une soudaine panique.

Et c’est là que tu me connais mal.

Je libérais une faible partie de mon aura afin de ne pas attirer l’attention de Trénia. Mon corps s’enveloppa instantanément d’un léger amas gazeux. Je fis un pas vers le gouverneur, celui-ci recula de trois.

Je sais tuer, tel un poison…

La fumée avançait dans la direction d’Alucar, et bientôt l’entoura. Il était pris au piège.

… insidieux…

Le gaz remontait lentement le long des jambes de ma future victime, jusqu’à son visage.

… et pourtant ô combien mortel.

La fumée entra alors dans son corps, bloquant l’arrivée d’air aux poumons. Le gaz magique accélérait la suffocation : déjà le vieil homme prenait une étrange teinte bleue. Et au bout d’une minute, les vapeurs ressortaient par les orifices de son visage. Il avait succombé au mal. Je m’approchais lentement du corps inanimé et m’agenouillait dans un dernier recueillement. Repose en paix mon frère.

Prépares-toi à décoller, on s’en va.

Impossible, les gardes se rassemblent sur la piste.

Je m’en occupe.

Après plusieurs téléportations successives, j’arrivais sur la piste derrière les gardes. Derrière Trénia, en plein discours. Bla bla bla, tu peux toujours essayer de m’attraper petite sotte, tu n’en as pas les capacités.


Je ne tolèrerai…

Eh bien, on s’amuse sans moi ? lançais-je d’une voix assez forte pour qu’un frisson parcoure l’assemblée. Trénia fit volte-face. Je libérais alors l’entièreté de mon aura. Le léger amas de vapeurs autour de mes membres devint une fumée tourbillonnante nettement plus menaçante.

Cercle à cinq points.

Cinq runes d’un bleu azur apparurent autour du corps de garde. Puis une onde d’un même bleu parcouru la zone suivie d’une large explosion, plus impressionnante que destructrice. La poussière soulevée occulta le décollage du vaisseau de Nikki à l’intérieur duquel je me téléportais. Encore une fois Trénia, tu n’étais pas à la hauteur. Prends garde à toi, la prochaine fois, ce sera pour de vrai…

[…]
Le vaisseau filait seul dans l’immensité stellaire. Il était temps de reprendre le cap pour Galactica. Grands conseillers, Terluan, me voilà.
Dernière modification par Sergent Kami le 18 oct. 2011, 18:54, modifié 1 fois.
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Kossnei
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Re: Reflets du passé

Message par Kossnei »

La Conseillère se tenait seule au milieu des volutes de fumée qu'avait laissées le décollage telle un implacable roc face aux assauts de l'écume.
Sur son visage crispé, on pouvait lire la domination certaine de la hargne sur la raison. Les poings serrés, elle arborait un rictus déformant son visage et la rendant presque animale telle la furie qui l'animait. La pression spirituelle de l'Enjôleuse augmentait de manière exponentielle avec sa rage lorsque, enfin, elle se mit en mouvement.

Essuyant le sang qui perlait sur son visage, qu'elle semblait transpirer tant la douche avait été glaciale, elle leva les yeux au ciel. Les monceaux de chair éparpillés autour d'elle furent chassés d'un geste de la main, et se perdirent dans la poussière, se mêlant à l'essence de Desertica, s'enterrant avec Sombrot dans les vestiges du passé.
Trenia porta la main à sa bouche, puis murmura :


Cette ville n'est qu'un cercueil. Faites-moi exploser tout ça.

Au loin, les vaisseaux qui commencèrent à encombrer le ciel tinrent lieu d'acquiescement de l'armée Corporatiste.

Une brise qui devint rafale fit disparaître l'Enjôleuse du désert de cendres qui naquit quelques secondes plus tard.


---

Tour Blanche, Siège de la Corporation Galactique, Galactica.


Excellence, les ressortissants sont toujours en fuite. J'implore votre pardon...

Trenia Heqat, à genoux devant l'Archimage Terluan, l'air grave, baissa les yeux en signe de soumission.
L'homme ne lui accorda pas un regard. Soupirant longuement, il rétorqua, quasiment pour lui-même :


Que vais-je donc faire... ? Sont-ce ces Conseillers tous des incapables ?

Puis d'ajouter, baissant enfin les yeux sur Trenia, et la submergeant par la même occasion d'une déferlante de magie dont la puissance aurait littéralement annihilé le cœur d'une personne normalement constituée :

Tu resteras désormais ici et seras chargée de la sécurité du Siège. Je te laisse la coordination des opérations à distance, mais ne quitte plus ton poste. Et retrouve-moi Pandora, elle saura quoi faire pour combattre cet ennemi. Souviens-toi du gage de reconnaissance dont tu dois t'acquitter. Une épée de Damoclès, de surcroît terriblement lourde, pèse sur toi, idiote. Alors va. Et à défaut de réaliser de grandes choses, tiens-t'en au minimum. Sans quoi des douze tu seras évincée, car tes écarts commencent à peser sur ma patience...

Elle acquiesça, puis disposa. Le soir-même, Trenia Heqat quittait le Siège vers l'Empire Platin, bien déterminée à en finir avec les Procréateurs, et avec en poche l'exceptionnel atout sur lequel elle avait travaillé toutes ces années. Son titre de Necroman prendrait enfin toute sa valeur. Après la Résurrection, l'ère de l'Absolution prendrait forme.
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Kossnei
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Re: Reflets du passé

Message par Kossnei »

Arrivée imminente sur l'Empire Platin, Madame.

D'un regard ostensible, Trenia Heqat fit signe au copilote qu'il pouvait regagner son poste. Autour du vaisseau Corporatiste, une armée entière comme escorte. L'Astroport Dergilia, le principal de l'Empire, s'ouvrit à la délégation du Grand Conseil. Les moteurs furent stoppés, à terre les pieds posés.

Trenia balaya les environs d'un œil amusé, et eut un sourire lorsqu'elle aperçut le comité d'accueil, à l'extrémité de la passerelle. D'un apparat vert émeraude, des yeux d'une même majestueuse couleur la fixait. Ethel Trust se tenait devant elle. L'Impératrice de l'Âge d'Or de l'Empire Platin, d'une allure exceptionnelle, dominait la troupe qui l'encadrait. Elle avait le teint pâle et la mine faiblarde, mais il rayonnait autour d'elle une aura toujours rassurante, symbole de la ténacité du peuple platin face aux adversités quotidiennes que cet univers lui devait bien.

Sans ciller, elle jaugea la Conseillère, avec cette haine du Grand Conseil qu'on lui connaissait, lui qui lui avait refusé son admission.

Trenia s'avança, sûre d'elle.


Très bonne idée que tu as eue là, Ethel, de ne pas tenter de résister à la Corporation, s'amusa-t-elle.

L'Impératrice ne broncha pas. D'un air menaçant, elle se laissa embellir d'un halo lumineux, comme un animal en pleine parade défensive montrant à son adversaire qu'il valait mieux ne pas s'y frotter.

Trenia Heqat eut une hésitation, puis retrouva son sourire assuré.


Très bien, si c'est ainsi que tu veux que nous nous retrouvions...

Elle tenta de lever le bras, mais ne put bouger. Une certaine magie l'en empêchait. Elle ne put non plus délier sa langue, qui resta figée dans sa bouche. Trenia ne put donner l'ordre fatidique, et les platins en profitèrent.
Des bâtiments se déversèrent des centaines de Techno-Guerriers, implacables face à la délégation Corporatiste, devenue aussi inoffensive que la gerbille dans la gueule de l'aigle royal.

L'Astroport Dergilia accueillit alors une vraie prise d'otage alors que les gardes de Trenia, impuissants, courbèrent l'échine.
Ethel attrapa son TrustCom, alignant sa fréquence sur celle de la voix de la Conseillère, renvoyant le blocus Corporatiste d'où il venait :


Ici Trenia Heqat. Toute opération additionnelle est inutile. Je vous donne l'ordre de quitter l'Empire Platin et de reprendre la défense du Siège de la Corporation Galactique.

Et aussitôt, le ciel devint plus clair sur l'Empire, rayonnant autant que son Impératrice sous le soleil déserticain.
Désarmée, Trenia Heqat se retrouva devant une Ethel Trust déterminée à en découdre.


Trenia... Tu as détruit notre idéal, annihilé l'alliance des Procréateurs avec tes amis du Grand Conseil, certes. Mais tu vas apprendre à tes dépends que l'esprit de la Combination ne meurt pas, lui. Il y a encore peu de temps, tu combattais le Grand Conseil à nos côtés, et à présent regarde-toi... Tu débarques ici avec ton insigne flamboyante, croyant pouvoir nous aliéner sous le joug de ta puissante armée. Mais as-tu oublié qui nous sommes ? Crois-tu que les platins se laissent dominer sans raison, sans résistance ?

Le halo émeraude qui entourait l'Impératrice s'intensifiait avec le ton de sa voix...

Je sais ce que tu cherches. Elle n'est pas là. Tu ne l'auras pas, et d'ailleurs, tu n'auras plus rien sinon le repos.

Trenia releva la tête violemment, et les gardes platins se ruèrent sur leur propre Impératrice, qui créa instantanément une bulle défensive sur laquelle ses assaillants s’électrocutèrent. Lorsque la bulle s'effaça, Trenia avait déjà disparu dans les ruelles de la capitale.

Ethel soupira, rabattit sa cape sur son épaule, et communiqua un avis de recherche à toutes les autorités platines. Au petit matin, des affiches parsemaient les enseignes et façades.


Personne recherchée : Rikka Katarilis, Mère de l'Impératrice Mana-Li II Nikki Katarilis. Personne de sexe féminin, 57 ans, blonde, yeux vert. Signe distinctif : Rune ancrée sur l'omoplate droite.

Prime : 50 000 000 de crédits galacticains.
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Sergent Kami
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Re: Reflets du passé

Message par Sergent Kami »

Quai 22 – Quartier de la Corporation, 18h00 heure galacticaine

La sécurité avait grandement été renforcée dans l’enceinte de l’astroport. Chaque arrivant devait attendre de longues minutes dans une salle à l’écart, avant de subir un contrôle strict de son identité par une patrouille surarmée. La Corporation se sentait menacée et faisait tout pour se protéger, enfin.


Hé vous deux ! Ouais toi l’blondinet et ta copine ! C’est vot’tour !

Nous nous avançâmes dans le silence le plus total jusqu’au poste de contrôle. D’un geste lent voulant mettre les soldats en confiance, je sortais ma fausse carte d’ambassadeur. Il était peu probable que ces gorilles fassent le rapprochement entre l’inoffensif Andrew Leister et le tant recherché Kami Raykovith…

- N’empêche que j’trouve qu’il lui r’ssemble.
- Ouais mais si on se trompe, la conseillère va nous dégrader, ou pire encore. J’veux pas retourner à la patrouille du quartier commerçant moi.


Hé toi, tu viens d’où comme ça ?

Je marquais un temps d’arrêt, surpris par la stupidité de la question. Il était si aisé de leur mentir que cela me navrait.

Je viens de la région de Tirenn sur Desertica et..

Tu vois, l’mec qu’on cherche est volcanien. Heureusement que j’suis là…
C’est bon, vous pouvez passer.

Je récupérais lentement ma carte, avant de rejoindre Nikki aux portes du bâtiment. Nous échangeâmes un sourire, particulièrement amusés par la scène qui venait de se produire.

En cette heure, la plupart des débats politiques avaient encore lieu au siège et le commun des mortels préférait quant à lui se ressourcer en terrasse des nombreux bars du quartier, si bien que le quartier respirait pour une fois le « calme ».

(murmures)
Dirigeons-nous vers le quartier commerçant. C’est là bas que nous nous cacherons le temps de mettre en place les derniers préparatifs. J’y ai une ou deux planques.

Une ou deux planques ?

Aussi loin que je m’en souvienne, j’ai toujours entretenu une sorte de méfiance vis-à-vis de la Corporation m’obligeant à me préparer à toute éventualité. J’ai donc acheté sous diverses identités plusieurs bâtisses qui ont été réaménagées en poste logistique avancé contenant armes, munitions, salles de tir pour l’exercice et vivres impérissables. En somme, des véritables forteresses difficilement détectable par les autorités, juste au cas où
, précisais-je.

Nous tournâmes dans une rue, puis dans celle adjacente avant d’emprunter une ruelle sombre au bout de laquelle se trouvait une porte scellée magiquement. Il s’agissait en réalité d’un leurre visant à piéger un éventuel poursuivant. La porte menait certes à la planque mais si d’aventure le sceau venait à être ôté, la bâtisse serait soufflée dans la minutes par un système d’explosifs à retardement. Ne constatant aucun danger, je nous téléportais à l’intérieur retrouvant une Mess qui commençait à perdre patience.

Très rapidement, je présentais à l’amirale la jeune nécroman recueillie lors d’un voyage sur Désertica et qui fut tour à tour mon assistante lors de mes recherches et celle qui « recollait » mes morceaux lors d’erreurs de manipulation. Devant l’air grave de Mess, mon sourire s'effaça. La demoiselle masquait un holo-écran. Il s’agissait d’une chaîne d’information galacticaine.

« Rappelons l’information du jour : Sombrot, cité industrielle située sur Volcano, aurait été entièrement détruite suite à une erreur de calcul d’un soldat de la corporation. Par ailleurs, l’homme, agé de 29 ans, est suspecté d’appartenir au même réseau terroriste que le volcanien Kami Raykovith, activement recherché par l’armée Corporatiste. Les Grands Conseillers n’ont pas encore fait de déclarations à ce sujet. »

Aucun mot ne pouvait exprimer ce que je ressentais à cet instant. C’était comme si en un claquement de doigts, Trénia avait mis à mal un plan longuement réfléchi. Je devais trouver une autre source d’énergie et ce rapidement. Il me restait onze jours.
Dernière modification par Sergent Kami le 24 févr. 2012, 01:43, modifié 1 fois.
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Sergent Kami
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Re: Reflets du passé

Message par Sergent Kami »

Kami,

Notre petit projet ne souffrira d’aucun retard. Ton ami a préféré rester à la colonie en insistant sur le fait qu’il était un piètre guerrier. Bien qu’ayant une totale confiance en tes choix, j’émets de vifs doutes quant à son intégrité… J’espère simplement qu’il n’essayera pas de nous dénoncer…

Je souhaite qu'il en soit de même de ton coté mais te connaissant, il n'y aura aucun problème.

Nous allons entrer dans le système galacticain, et passer sous camouflage intégral. Lorsque nous serons à une heure de l’attaque, je t’enverrai un code 4. Par sécurité, ce sera le seul.

Bonne chance mon frère.
Naïssha.

[…]

Bureau réaménagé en laboratoire, sous-sol de la planque, 20h00, J-7.

Je parcourais d’un regard faussement neutre la mauvaise nouvelle que le transmetteur avait eu l’audace de recracher sous mes yeux. Je froissais le bout de papier et le lançais dans une corbeille proche. Je lançais un regard las sur le super ordinateur qui réalisait mes derniers calculs. La machine avait beau fonctionner à plein régime, cette recherche du point énergétique parfait était chronophage. Je tournais comme un lion en cage, exaspéré de perdre ces instants précieux. Un bruit électronique mit fin à cette attente, avant de m’arracher un sourire désabusé. La charge minimale correspondrait à l’énergie équivalente à une dizaine de réacteurs pour préserver mon intégrité magique une heure durant... Piqué au vif par cette vaste plaisanterie, je balayais d’un geste brusque le moniteur.


Un problème ?

Ton aide ne ser…

L’amirale s’était avancée et posait un doigt sur mes lèvres, m’intimant de ne pas perdre plus de temps en explications inutiles. Nous nous commençâmes immédiatement le travail par la mise en commun de nos connaissances dans nos domaines d’expertise magique respectifs. Nous devions concevoir une « arme » que je pouvais manier sans avoir à déployer une énergie trop conséquente. Maitrisant la magie runique, il fut évident que cette solution serait la plus productive.

Créer une nouvelle rune ressemblait à l’écriture d’une chanson. Chaque mot, chaque rime possédait une force propre qui altérait à sa manière l’effet global de l’invocation. Toute la difficulté consistait en l’exploitation de chaque sonorité à son ton le plus juste afin de trouver la combination parfaite. Après d’innombrables heures de travail, lorsque que notre première rune atteint un état suffisamment stable pour être exploité, nous nous jetâmes tout deux au sol, épuisés.

Après avoir brièvement récupéré de cette expérience incomparable, je mettais à l’épreuve notre création. J’enveloppais d’une bulle magique une de mes grenades à l’uranium. J’invoquais ensuite la rune. Le lien magique s’établit brièvement entre l’objet et moi-même avant qu’un pic d’énergie dans le canal ne le rende instable. La rune se désintégra subitement dans une explosion qui m’obligea à me dématérialiser. Une simple erreur de calcul. Je réapparaissais secoué mais souriant. Nikki semblait déjà recalculer de nouveaux paramètres à essayer.

Nous nous mîmes au travail. Heures après heures, les tests s’enchainèrent à un rythme effréné à tel point que je n’avais plus la force d’éviter chaque accident de parcours qui blessait un peu plus mon enveloppe charnelle. […]


Canal stable, la quantité d’énergie véhiculée est élevée et constante… Très intéressant, concluais-je. Un résultat au niveau de mes espérances, tout simplement parfait. Probablement notre meilleure combination.

Je ne comptais plus mon retard de sommeil, mais qu’importe je n’avais pas la tête à dormir. A priori l’amirale semblait partager mon état d’esprit. Je remarquais que la nuit était retombée sur Galactica. Le moment était parfait. Je me saisis de la main de mon amie avant de nous téléporter sur le toit de la planque. La vue sur les quartiers adjacents à la corporation était imprenable. Nous nous assîmes sans un mot. Nikki posa sa tête contre mon épaule.

Kami ? Je…, murmura la déserticaine.

Je tournais lentement ma tête vers elle, l’intimant de poursuivre si elle le désirait.

Je…

L’amirale plaqua les mains contre sa poitrine, esquissant une expression de douleur. Alerté par le comportement soudain de Nikki, je nous ramenai à l’intérieur de la bâtisse à la recherche de Mess. La demoiselle ausculta la deserticaine puis repartit sans un mot. Je comprenais en sentant l’aura magique de Nikki se disloquer que les évènements prenaient une tournure funeste.

Non Nikki, pas toi…

Les larmes me venaient pour la troisième fois de ma triste vie. La respiration de la mourante s’accélérait, avant que sa douleur de par son intensité s’extériorise par des râles. Impuissant devant cette scène, je sentais mon cœur se déchirer un peu plus à chaque instant. Au bord de la folie, je pus observer la vie quitter son corps.

Nikki, tu n’avais pas le droit… NIKKI ! NOOOOOOOOOON !

Je commençais à frapper le corps inerte de toutes mes forces, emporté par l’émotion. En quelques instants Mess intervint, m’écartant du corps. J’hurlais son prénom de toutes mes forces. Bien que secoué, je commençais inconsciemment à me remémorer les symptômes précèdent la mort de la procréatrice. Soudainement frappé d’un bref moment de lucidité, je levais les yeux, fixant le lointain, comme pour la débusquer.


TRENIA ! Trenia…

En cet instant précis, je recouvrais mon calme, le même qui précédait la tempête. Je m’assis un temps sur une chaise en esquissant un vague sourire. Et sans un mot, je me levais pour m’enfermer dans le laboratoire. Jusqu’à ce jour fatidique…
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Kossnei
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Re: Reflets du passé

Message par Kossnei »

Pourquoi, Nikki, pourquoi m'as-tu abandonnée... ? Sans toi, mon cœur se meurt chaque jour d'une solitude que nulle personne ne saura compenser... - Rikka Katarilis

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Dalis, petite ville de l'Empire Platin.

Ruelle sombre, lumières tamisées, feu de bois dans une mansarde que l'on peine à deviner. Le soleil déjà a disparu du ciel, tout comme de la vie de cette femme qui, près du foyer, tricote de ses mains malhabiles. Frappée par une maladie inconnue, recluse dans ce taudis où on l'a laissée, Rikka Katarilis n'a rien de la mère d'une princesse. Et pourtant, loin des coups de feu et de la violence, elle tarde à apprécier les bienfaits d'une retraite dont l'anticipation lui a permis une fin de vie sereine et calme.

Mais dans ses yeux n'étincelle plus rien, là où autrefois chatoyaient mille lumières. Elle se morfond dans une quarantaine forcée par celle qu'elle idolâtrait, et son monde s'effondre à chaque maille qu'elle ajoute à son tricot.
Lorsqu'elle l'aura fini, Rikka offrira ce cadeau à son enfant.

Elle l'imagine, sa fille, fière Nikki, cette écharpe au cou... et ses yeux de larmes s'emplissent.


« Elle reviendra, elle reviendra, elle reviendra... » se convainc-t-elle.


Mais elle ne revint pas.

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Le jour se lève sur l'Empire Platin. A Dalis, tout est calme. Seul une légère brise agrémentée de poussière déserticaine vient troubler le silence et l'ordre qui y règne.

Thani sort de la boulangerie, son sac plastique en main. Le regard vide, il traverse la rue pavée, et l'arpente d'un pas asynchrone. Trébuchant à chaque coin de rue, il parcourt cinq cent mètres, puis s'arrête. Il reste là, debout, tel un pantin.

Le vent lui caresse la nuque et y fait s'hérisser les poils. Mais le jeune homme ne frissonne pas. Bientôt, d'autres personnes sortent des bâtiments, et viennent prendre place à ses côtés, silencieusement.


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Rikka vient de descendre les escaliers, et s'installe à présent, comme à son habitude, près du feu avec son journal, toujours le même, daté du jour où elle a vu partir sa fille, endimanchée qu'elle était dans son apparat d'Amirale, vers le son des canons.

Mais dans la rue, un bruit peu commun l'interpelle. Laborieusement, elle se traîne vers la fenêtre dont elle entrouvre le rideau. Et son coeur se met à battre extrêmement vite. Car c'est une armée d'habitants qui, d'un oeil hagard, la toise. Elle tombe à la renverse, et rampe jusqu'au canapé près de la cheminée. Elle attrape alors l'écharpe qu'elle tricote quotidiennement et la serre fort, très fort contre sa poitrine.


« Nikki, que me veulent ces gens... ? Je ne fais rien de mal... Aide-moi, aide-moi... J... J'ai peur... »

On entend toquer à la porte. Retenant son souffle, Rikka peine à garder son calme. Des larmes coulent le long des sillons de son visage ridé, et viennent dissoudre la poussière éparse sur le sol.

Le silence laisse place à un grand fracas. Tous, tels des morts-vivants, se pressent à l'entrée et matraquent la masure de leurs poings. La fenêtre se fissure, derrière le rideau, puis le verre éclate. A l'entrée de la ruelle, un petit rictus s'anime sur le visage de Trenia Heqat, l'Enjôleuse, alors que les cinquante hommes et femmes sous son contrôle franchissent le seuil du refuge de la mère de Nikki Katarilis, seule et sans défense.

C'est alors que surgit au milieu de la foule un homme à la crinière rousse et avec, à sa ceinture, un pistolet Imp.Platinum X-32, arme des espions impériaux platins.

Le regard de la Conseillère se durcit.


« David Histel... », grinça-t-elle.

Le jeune homme repoussa une horde d'ennemis, et dégaina son arme.

« Etat-Major Platin ! Vous êtes tous en état d'arrestation. Maintenant, reculez ! »

Trenia, dont le visage avait abandonné toute humanité, crispé qu'il était par la haine, leva le bras. La horde qui menaçait Histel eut un instant de frémissement, puis elle se jeta sur lui. Quelques coups de feu retentirent, quelques hommes chutèrent, avant que l'officier ne disparaisse sous les coups des cinquante sbires de l'Enjôleuse.
« Altea seit Ethel. Ton nom ne sera jamais oublié... » - Kami Raykovith
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