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Reflets du passé

Publié : 28 avr. 2011, 17:27
par Sergent Kami
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Note de l'auteur : Pour mieux recadrer les faits et autres clins d'oeil de cette narration, il est fortement conseillé de lire : ceci et cela.
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*Bruit d’un pas sur le sable*

Et voilà. Qui aurait pu dire que le monde en arriverait à ce point ? Qui aurait cru, il y a de cela une poignée d’années galacticaines, que la génération nouvelle détruirait l’ordre établi ? Qui aurait cru que cette grande corporation et ses imbéciles de conseillers deviendraient si… désuets ? Le pouvoir appartient désormais à de frêles incapables. Ah, qu’ils sont beaux ces guerriers du dimanche, avec leurs centaines de milliers de vaisseaux rouillant lentement dans les hangars. N’oublions pas ces grands diplomates qui oublièrent dans leurs livres d’école la leçon principale : la guerre est nécessaire, car derrière les destructions, c’est toutes les économies qui s’activent. Notre monde se meurt, s’enfonçant dans une merde insondable et le plus beau dans tout ça, c’est que tout le monde s’en tape.

J’allais oublier les usages. Je suis Kami, Kami Raykovith, sergent d’honneur et gouverneur d’une fière terre volcanienne. […] En réalité, je ne suis personne. Ma fierté est devenue tristesse et déception. Mes terres ont été incendiées, mes frères d’armes tués, mon peuple massacré ou asservi. Et devant tant de violence gratuite, je me suis enfui à la recherche de réponses, laissant derrière ma dernière parcelle d’humanité : la tombe de ma femme.

Re: Reflets du passé

Publié : 29 avr. 2011, 19:56
par Sergent Kami
Le vent se levait, balayant les dunes de la planète jaune. Je me cachais derrière ma sempiternelle cape élimée. Je devais avancer, encore et encore, jusqu'à ces vestiges d’un passé pourtant si proche. Le vent s’intensifiait, réduisant par la même occasion mon champ de vision. Cela importait peu, je percevais désormais un faible flux de magie s’échappant du sol. A l’époque nous ne nous souciions pas des retombées de nos expériences, surtout sur le plan environnemental. Je marchais encore quelques minutes guidée par cette trace dans mon esprit, jusqu'à cet endroit. Une forte concentration d’énergie magique y rayonnait, à tel point que mon sixième sens en était partiellement brouillé.

En un mouvement, une sphère de fumée couleur saphir apparut au creux de ma main. L’instant d’après je la propulsai
d’une pression de l’esprit vers le sol. Le sol prit alors la couleur de la fumée avant d’imploser projetant un amas de poussières et de sable. Instinctivement, je jetais un œil à un petit objet semblable à une montre.

71%

Je pénétrais dans l’antre des procréateurs par la brèche que je venais de créer. Immédiatement, mon odorat fut agressé par l’immonde odeur de putréfaction mêlée à celle d’un composé chimique proche du camphre. Malgré cet infâme cocktail, je m’empressais d’avancer avant que ces relents ne mettent réellement à mal mon désir de trouver des réponses. Des étincelles apparaissaient régulièrement çà et là avant de mourir, avalées par l’obscurité. Elles constituaient ma seule source de lumière pour le moment. Alors que je m’enfonçais en direction du bureau du directeur du département magique, je sentis plusieurs auras de part et d’autres. La possibilité d’être pris en filature me traversa l’esprit. Je me saisis de ma lame résolument prêt à me défendre et accélérait le pas.

Quelques minutes de marche plus tard, je trouvais la porte de mon ancien bureau fracturée vraisemblablement par quelqu’un fortement intéressé par nos petits secrets. Je marchais lentement sur ce qui fut un tapis, inspectant chaque détail de mon environnement. J’aperçus les quelques feuilles éparpillée sur le grand bureau de bois. Je trouvais amusant l’idée de me volatiliser pour réapparaitre assis sur mon fauteuil… Un confort nécessaire pour la lecture de ces documents fortement abimés par le temps.



--- Département de la recherche sur la Magie
--- 17 Aquan 3728
--- Dir. Raykovith

Ma théorie s’avérait exacte. Apres divers tests sur le cobaye B24N, n’ayant aucun don pour la magie et le cobaye GC05P, mage au service de la corporation, j’ai pu mettre à jour la présence de flux magiques signés, propres à chaque être vivant. Il s’agit de rayonnements de fréquences dépassant largement la gamme de spectres scientifiquement découvertes. Chaque être vivant émet en permanence ces rayonnements à la structure chaotique, ce qui me laisse penser à un code inscrit aux plus profonds de nos gènes et statistiquement unique.

Ainsi la magie est telle une terre en friche […]

--- Département de la recherche sur la Magie
--- 74 Vertan 3728
--- Dir. Raykovith

Mort des cobayes GC05P, GC07A, B24N, B27Z

Je sens que je suis proche d’une découverte historique révolutionnant le domaine même de la magie. Il est bien connu des mages que les arcanes et autres runes sont l’essence même de notre art occulte. Tout naturellement ces mêmes personnes savent qu’une rune incomplète génère une telle perte d’énergie qu’aucun potentiel ne peut en être tiré. Et pourtant, j’ai découvert -grâce à une erreur détruisant partiellement mon laboratoire- qu’une rune possède une sorte de point critique, sur laquelle elle se retrouve instable et très fortement déficitaire de flux énergétique […]

--- Département de la recherche sur la Magie
---
--- Dir. Ray

*passage illisible*

…instabilité, immédiatement corrigée par l’énergie de son environnement proche. Ce dernier devenu lui-même fortement déficitaire magiquement entre en résonance et implose sous le poids du fort surplus d’aura qu’il génère pour compenser la perte…

… nécessité d’apporter un fort apport pour ne pas devenir soi-même instable lors de l’invocation partielle… Maintenir le flux est un véritable gouffre énergétique. Ne pas entretenir l’instabilité plus de quelques secondes consécutives...

[…]
Note : Penser à réaliser des tests toxicologiques et biomédicaux.


Je méditais sur ce que la présence de ces rapports impliquait. Je souriais, tenant dans ma main une sphère de cristacier. J’eus une brève pensée pour ce pauvre pilleur d’idées qui testa par lui-même l’invocation partielle. A l’époque j’avais pris le parti de ne pas tout dévoiler, laissant se suicider magiquement les éventuels voleurs. Sur ces doux songes, je décidais de poursuivre ma petite promenade de santé en direction du laboratoire de Meryne.
Je ne savais ce que j’allais y trouver pour être franc. Je redoutais à chaque instant d’y voir les restes de mon amie rongés par les insectes. Ou une salle vide me prouvant définitivement que ce grand projet n’était que de la poudre-aux-yeux. A cela s’ajoutait l’aura qui me suivait depuis mon arrivée ici. Je commençais sérieusement à devenir nerveux. Mais faire volte-face et trancher l’obscurité n’allait pas améliorer mon inconfortable position…

Je finis par me retrouver face à la porte blindée du laboratoire de Karlina Meryne. Je percevais toujours la force de son sceau magique.

Personne n’avait réussit à violer le secret de cette pièce.
La porte s’illumina d’un bleu aussi profond que les eaux d’Aquablue.
Personne avant moi.

42 %

Le lourd morceau de métal fut propulsé dans le laboratoire, le sceau n’ayant pas supporté l’instabilité. Les lettres « OBE » étaient écrites sur le mur du fond. Soudain, je sentis une forte émanation magique, me laissant juste le temps de prendre une forme éthérée. Et le laboratoire explosa, annihilant toute chance de trouver ici une première réponse. Lorsque les dernières secousses furent passées, je repris forme humaine et me dirigeai, abattu, vers les gravats. Je m’assis sur un bloc de roche et me laissais aller à mes pensées le regard vide.

Un être doué de magie arrivait au bout du couloir. Je dégainais et pointais mon révolver dans sa direction.


Qui que tu sois, montre-toi.

Re: Reflets du passé

Publié : 30 avr. 2011, 17:07
par Kossnei
L'homme marqua une légère pause, comme un tressaillement. Peut-être ignorait-il que Kami était présent avant que ce dernier ne laisse échapper quelques mots... Puis, dans un craquement, il reprit sa marche.

Progressivement, le Kaméen vit se profiler sous le peu de lumière que laissait filtrer la tempête de sable une silhouette étonnante. C'était littéralement un arbre humanoïde qui s'avançait vers le Sergent. Ce dernier afficha un visage stupéfait.


« Mais... qu'est-ce que c'est que ce truc ? », souffla-t-il, la sueur s'intensifiant entre l'arme qu'il pointait toujours et le poing ferme qui la maintenait.

Kami n'eut pas le temps de se le figurer, car une détonation retentit, et d'énormes racines l'encerclèrent. D'un réflexe exceptionnel, le Volcanien se dématérialisa avant de réapparaître dans le dos de son adversaire et d'appuyer à trois reprises sur la gâchette. L'arbre s'écroula dans un fracas retentissant. Le Kaméen regarda alors frénétiquement autour de lui. Retentissant ? Résonnant, même...

« Tiens, tiens... Étonnant, pour une zone à ciel ouvert. »

Sans hésiter, Kami se dirigea alors vers ce qu'il restait d'un mur, et y approcha sa main. Elle laissa alors apparaître une sorte de fluide entourant son poing d'un hâle bleuté. Après d'amples mouvements de bras pour vérifier la stabilité de la cage magique, Kami n'hésita plus et franchit le mur. Le décor disparut alors, laissant place au laboratoire telle qu'il était lorsque le Sergent en avait franchi le seuil. A la différence près qu'il avait l'air plus vieux, et qu'un arbre occupait le centre de la pièce. Arbre dans lequel, en divers endroits, étaient plantés des sortes de seringues reliés à différents tubes à essai, béchers, et éprouvettes par de longs tuyaux. L'ensemble dégageait d'intenses ondes magiques.

Kami ne rengaina pas son arme. Intrigué et toujours choqué par la scène fantasmagorique qui avait précédé, il s'approcha de l'arbre et en apprécia les feuilles effilées, les branches orangées et les innombrables nœuds, ainsi que le tronc massif qui reliait l'ensemble à de larges racines enfouies dans une sorte de liquide violet qui reposait dans une sorte de bassin dont Kami ne pouvait entrevoir le fond.
De toute sa vie, le Kaméen n'avait vu telle chose. Certaines plantes vertaniennes sont certes cocasses, mais aucune ne ressemblait à ça.
Après s'être assuré que la plante n'était d'aucun danger pour lui, Kami s'en détourna, rangea son revolver et inspecta les murs et la porte d'entrée, pour s'assurer que tout cela n'était pas à nouve*u une illusion — à coup sûr — concoctée par son amie Karlina.
Deux minutes plus tard, après avoir tâté et toqué sur le périmètre entier, Kami dut admettre que tout semblait bien réel. Il sentit alors monter en lui une bouffée d'adrénaline quand il réalisa qu'il était sur le point de découvrir tous les secrets de Karlina, ses expériences et, peut-être, ce qui se tramait durant le projet O.B.E voire, dans le scénario le plus fou, si celui-ci était toujours d'actualité.

Le Volcanien s'avança finalement d'un pas sûr vers le large bure*u encombré qui se situait face à l'arbre, un pétillement rare dans ses yeux.

Re: Reflets du passé

Publié : 01 mai 2011, 22:41
par Sergent Kami
Quelque chose arrêta ma marche vers le bureau. Un pressentiment. C’était trop simple. Beaucoup trop simple. Cela ne ressemblait pas à Karlina de tout plaquer pour laisser la surveillance de ses secrets à un machin incapable de casser trois pattes à un canard… Il y avait bien la magie, l’illusion, mais ça, n’importe qui de prévoyant pouvait l’éviter.

Mon regard balayait à nouveau le laboratoire poussiéreux. Il y avait tant de choses à analyser, en commençant par cet étonnant végétal qui n’était surement pas ici par hasard. A en juger par la quantité importante de matériels présents ici, Karlina semblait extraire quelques substances de cet arbre. Je m’approchais lentement du colosse verdoyant et plantais -avec difficulté- ma lame à l’intérieur. Je dus l’ôter tout aussi rapidement car le tronc semblait se reformer autour de mon arme, comme si l’arbre allait engloutir l’intrus. Un fluide noirâtre coulait le long du morceau d’acier sculpté. Ce même fluide qui rongeait le morceau d’étoffe avec lequel j’avais essuyé ma lame. Je le lançais dans le large bassin de liquide violet. Je n’eus qu’un simple « pshiit » pour toute réponse. Encore un acide, donc.

J’étais en proie à un fort doute. Le fait que cet arbre soit encore debout était bizarre. Vu la quantité de poussières présentes dans la pièce, personne n’avait du y mettre les pieds depuis la chute des procréateurs ; c'est-à-dire il y a au moins une année galacticaine, au bas mot. L’arbre aurait dû à coups sur dépérir sur ce laps de temps.

Encore une étrangeté, songeais-je.

Je parcourais les notes de mon amie à la recherche de réponses. L’ensemble était inscrit dans sa langue maternelle, ce qui ne me facilitait pas la tâche. Au fond, je n’étais que chef d’Etat, en dehors de ma propre langue maternelle et du galacticain, mes connaissances linguistiques se limitaient généralement à de vagues notions élémentaires. Parfois quelques dessins agrémentaient les notes ce qui me permettait une compréhension approximative. Une chose était sûre, il n’était pas question de simples machinations aussi dramatiques soient-elles. J’en venais même à douter de la valeur à accorder à l’inscription lue sur le mur du faux laboratoire.

Quelques dizaines de minutes passèrent avant que ma profonde concentration soit perturbée par des bips d’origine électronique. Je jetais un coup d’œil au petit appareil qui affichait un modeste 30%.

Il s’agissait en réalité d’un appareil de conception personnelle -le seul jamais réalisé à ce jour- servant à mesure la stabilité d’un flux magique, le mien en l’occurrence. Très utile en soi pour savoir quand rationner l’utilisation de la magie. Toutefois, cette subite baisse de stabilité m’inquiétait fortement. Je n’avais pas utilisé mes dons depuis une heure. Je me tournais vers l’arbre réalisant maintenant quelle horreur se dressait devant moi. Dans les notes de Karlina, il y avait de nombreuses occurrences à une source de magie ‘concentrée’ souvent précédées ou suivies d’allusions à l’arbre. Et si cette saloperie me vidait de mes forces pour se nourrir ?

Je commençais à imaginer les horreurs qui furent commises dans ce laboratoire. Je songeais qu’à coté de mon amie, j’étais presque un enfant de cœur. Au moins, mes cobayes ne souffraient pas. Du moins, pas énormément.

Alors que je m’apprêtais à quitter les lieux, un détail retint mon attention. Le liquide violacé semblait apporter la nourriture nécessaire à
son développement mais l’engrais enrichi à la magie ne courrait pas les rues. Je pouvais exclure l’utilisation de pierres de mana, qui étaient insolubles et dont la densité était plus faible que celle des solvants utilisés à l’époque. Il ne restait plus qu’une piste : le manium. Il s’agissait un composé crée par fusion entre de l’acier et de la pierre de mana extrêmement soluble. Potentiel magique exceptionnel, sa toxicité pour les êtres vivants l’était également.

Je dégoupillais une grenade à l’uranium appauvri que je lançais dans le bassin. Dématérialisation. Secousses. De larges plaques d’un blanc pur flottaient à présent à la surface du bassin. Je pâlis en voyant le résultat de mon expérience. L’uranium avait pour ainsi dire ‘brisé’ les liens qui maintenaient captif la pierre de mana de l’acier. L’énergie de l’explosion avait permis à la roche magique de former des macrocristaux, visibles à l’œil nu.

Je me reprenais forme humaine et me saisis des notes que je fourrais sous ma cape. Je commençais à courir en direction de mon ancien laboratoire. J’y trouvais sans difficulté les injecteurs que je cherchais. Un puissant remède qui neutralisait les effets du manium sur l’organisme. Si puissant que cela annihilait également ma capacité à concentrer de forts flux magiques, dans le cadre d’invocations partielles par exemple… Tel un junkie venant de prendre sa dose, je me laissais glisser lentement contre le mur pour reprendre mes esprits. Et sentir par la même occasion qu’une forêt vertanienne sur patte se rapprochait dangereusement… Deux grenades, trois chargeurs et ma lame. Les minutes qui allaient suivre seraient longues.

Re: Reflets du passé

Publié : 02 mai 2011, 08:48
par Sursum Corda
L’homme était debout sur le pont de bois élimé et fragile qui franchissait l’abime sans fond, terrible et rougeoyant, que surmontait « La Source », Temple d’alliance mystérieux de ceux qui furent les Procréateurs de Combination.

Il leva les yeux sur le bâtiment métallique, minéral et majestueux qui avait abritait, en d’autres temps, les secrets les plus grands, les plus fous, les plus terribles sans doute, que cette galaxie n’ait jamais connu.

Il lui semblait percevoir de légères pulsations de lumière blanche.
Le bâtiment délaissé, loin d’afficher l’intense activité qui l’avait animée autrefois, paraissait reprendre vie comme par des battements de cœur lents.

Assurant sa prise sur le pont mouvant au gré des bourrasques de vent chaud, il retrouvait peu à peu des sensations perdues, oubliées, gommées par les années.
Au dessous de lui, le vide.
Au dessus de lui le passé.
Entre les deux lui … Sursum Corda, l’équilibriste.

Son regard se porta presque machinalement sur l’ombre des larges baies qui avaient éclairées le laboratoire où, avec Hélissa, il avait passé tant d’heures à explorer les implications de la production d’uranium sur la mutation des gènes volcaniens.

Il avait envie de s’avancer sur le pont pour rejoindre ce passé qui voulait vivre encore mais il était conscient que le moindre de ses mouvements entrainerait la rupture du fragile ouvrage où il était campé, il osait à peine respirer tant la chute était inéluctable.

En d’autre temps cela lui aurait été égal de tomber dans l’abime comme un poids mort mais le souffle de vie, l’ombre de l’espoir, le rattachait désormais à ce qui pouvait ressembler à un avenir ou peut être à un point final qui s’érigeait en nécessité.

Sa main se referma sur le manche du fouet qui ne le quittait jamais comme par réflexe, il ferma les yeux et chercha un point d’accroche dans ses souvenirs, dans son passé.
Il vit alors l’image d’un vieux fauteuil de cuir élimé, celui de son laboratoire.
Il ressentit sur la paume de ses mains la douceur lisse des accoudoirs et sur sa nuque le soutien du haut dossier qui lui avait offert son appui lors des harassantes nuits de recherches effrénées où il avait côtoyé l’invraisemblable.

Sa haute silhouette devint peu à peu floue et l’instant d’après il était dans la place, assis à son bureau. Il ouvrit le tiroir de gauche et saisit son arme.

Re: Reflets du passé

Publié : 02 mai 2011, 13:02
par Kossnei
Kami était dans l'attente. Il ignorait encore s'il devait faire un mouvement pour s'enfuir, ou si le "monstre" l'attendait à la porte. Ce fut une terrible sirène qui vint le faire sursauter et, de fait, le sortit de sa torpeur.

Une voix féminine informatisée lança à la suite de ce son riche en décibels :

« Module activé à 95% ! Erreur cuve ! Drainage manuel nécessaire ! Karlina Meryne est demandée immédiatement à son laboratoire ! Nive*u d'alerte numéro 2 pour évacuation de la Source lancé. Nive*u d'alerte numéro 2 pour évacuation de la Source lancé. »

Le Kaméen ignorait l'existence de cette alerte. Malgré ses nombreux mois passés dans ce laboratoire éphémère, jamais il n'avait eu l'occasion d'entendre cela. Une fois, le nive*u d'alerte numéro 1 fut déclenché, mais ce n'était officiellement qu'une erreur, et Etseko Mirrlahq, à l'époque assistant de Karlina, avait lui-même coupé l'alerte et gardé le secret sur la cause de l'accident.
Le Kaméen ignorait le sens de cette alerte, mais il fallait qu'il se mette en mouvement s'il ne voulait pas mourir. Néanmoins, son sixième sens lui susurrait à l'oreille que le fait de rester lui en apprendrait be*ucoup.
Il est des choix qui peuvent changer une vie... Et n'est pas anodin celui qui risque le maximum pour un aléatoire qui peut-être ne vaudra rien.

C'est cette pensée à l'esprit que Kami choisit de se poster derrière son bure*u en attendant l'inattendu.

Des minutes qui semblaient des heures s'écoulèrent, sans que rien d'autre que la terrible sirène ne vienne rompre le silence, malgré une pression magique qui ne cessait d'augmenter.
Puis, finalement, tout devint officiel.


« Module activé à 100% ! Verrouillage des portes du laboratoire de Karlina Meryne ! Code Maître nécessaire pour déverrouillage. Nive*u d'alerte maximum pour évacuation de la Source lancé. Nive*u d'alerte maximum pour évacuation de la Source lancé. »

« Eh ben, c'est pas trop tôt... » lâcha Kami qui, pour une fois, tremblait dans cette salle où la température atteignait les 30°C.

La sirène retentit encore dix secondes durant, puis tout fut coupé. Le noir total entrecoupé de faibles rayons lumineux provenant de la véranda qui surplombait le laboratoire. Les ondes magiques qui se dégageaient étaient à présent surpuissantes, et le groupe électrogène semblait n'être, évidemment, d'aucune utilité...

AAAAIAAAA !

Des hurlements que suivit une marche lente et lourde vinrent briser le silence. Le couloir renvoyait en écho cette terrible litanie qui se poursuivait. La chose hurlait quelque chose de plus en plus audible :

AAALIAAA !

Une détonation se fit entendre au loin. Dans l'embrasure de la porte de son laboratoire, Kami distingua une forme étrange, comme un fluide en mouvement qui reprit peu à peu forme humaine.

KARLINAAAA !!

Kami eut un frisson devant la rage qui se dégageait de l'homme, qui commença à émettre un halo vert. Kami reconnut alors Isan Aora, Grand Conseiller au service de la Procréation, disparu il y avait à présent un peu plus de deux ans et demi.
Mais il ne ressemblait plus à ce qu'il avait été. Autre fois élégant et digne, il suintait à présent une substance verte de tous ses orifices, et son corps, à en juger par la couleur, avait pris une teinte orangée.

Le Volcanien s'accroupit d'un mouvement brusque sous son bure*u. Aora l'avait vu, c'était certain. Que lui voulait-il ? Etait-il un cobaye de Karlina ? Etait-il à l'intérieur de l'arbre ? Ou alors noyé au fin fond du bassin ?
Et était-il seulement doué de pensée ? L'homme ressemblait à présent davantage à une créature rongée par la magie, lui qui autre fois la dominait.
Que faire ? S'échapper était une issue, mais Kami voulait en savoir davantage. A présent qu'Aora était dans la nature, il voulait retourner au laboratoire de Karlina, en percer tous les secrets. Mais il y avait toujours un obstacle entre lui et la porte, et cet obstacle se rapprochait dangereusement...


Tac. Tac. Tac.
Tac. Tac. Tac.
Tac. Tac. Tac.
Tac. Tac. Tac.
Tac. Tac. Tac.

Re: Reflets du passé

Publié : 03 mai 2011, 09:16
par Sursum Corda
Sursum Corda ferma les yeux et s’abima dans ses pensées.
Qu’est ce qui m’a ramené là ?
Quelle pulsion impérieuse a conduit mes pas dans cet endroit oublié de tous ?

Il était à la fois un félin et un chasseur, l’instinct semblait le guider la plupart du temps même si la raison guidait toujours ses mots et ses actes.

Un frisson sur sa nuque, des battements de cœur qui s’accéléraient, une goutte de transpiration sur son front … Oui il connaissait bien ces signes.
Tangible, proche, effrayant, le danger était là, il en avait une conscience aigüe.

Il enleva le long manteau de cuir qui effleurait ses bottes et enfila un holster où il glissa son arme.
Comme en écho à ses sensations, une sirène se mit à hurler.

« Module activé à 95% ! Erreur cuve ! Drainage manuel nécessaire ! Karlina Meryne est demandée immédiatement à son laboratoire ! Nive*u d'alerte numéro 2 pour évacuation de la Source lancé. Nive*u d'alerte numéro 2 pour évacuation de la Source lancé. »

Il tapa un code sur le clavier et le mur d’images qui tapissait le mur du fond de sont bureau s’éclaira.
Chaque écran renvoyait les images des points stratégiques du bâtiment.
Il les examina et fit un zoom sur le laboratoire de Karlina où une scène étrange semblait se passer.
Un arbre indescriptible trônait au centre du laboratoire, luminescent, suintant la magie, ses racines enfoncées dans un liquide étrange.
Son attention fut soudain attirée par une silhouette dans le laboratoire de Magie.

Kami !!

Il n’était donc pas le seul à avoir entendu l’appel de la Source !

Kami était immobile, il contemplait …. Une abomination à l'expression horrifié de son visage !


Soudain il entendit des cris et aperçu un mouvement sur le coté de l’écran.
Un autre homme était là aussi, il le connaissait ou du moins, il l’avait connu car son aspect actuel lui retourna les tripes.
Aora était là ! Pulsant la magie, il dégueulait de substances nocives et hurlait comme le damné qu’il était, introduisant un vent de folie dans l’antre de la raison.

KARLIINAAAA

Sursum ne croyait pas au hasard, leur présence à tous, même vieillie, même dévoyée, même altérée ne pouvait pas être une coïncidence… Non !

En quoi Kami et lui-même était-ils moins monstrueux qu’Aora ?
Ils étaient tous les fantômes hagards d’un passé oublié, perdus au fond d’un rêve comme dans les brumes pales d’un purgatoire mérité.

« Module activé à 100% ! Verrouillage des portes du laboratoire de Karlina Meryne ! Code Maître nécessaire pour déverrouillage. Nive*u d'alerte maximum pour évacuation de la Source lancé. Nive*u d'alerte maximum pour évacuation de la Source lancé. »

Une coupure d’électricité rendit le mur d’images à l’ombre qui avait été la sienne durant ces dernières années.
Seules les loupiotes de sécurité traversaient la pénombre.

Sursum se dirigea vers le coffre qui s’ouvrit au scan de sa rétine.
Il y prit une boite métallique d’où il sortit une capsule.
Il ne l’avait pas choisit au hasard, elle était du vert profond des marais de Mathanga dont les eaux stagnantes, craintes et mystérieuses, se cachaient au cœur même de la jungle vertane.

Il dévissa le manche de son fouet et y introduisit la capsule avant de le fixer à nouveau.
Sursum pris une profonde inspiration et ferma les yeux.
Sa silhouette devint floue et l’instant d’après il se matérialisa derrière Kami.

Re: Reflets du passé

Publié : 04 mai 2011, 17:04
par Sergent Kami
Tic tac.
Tic tac.
Tic tac.

La situation était critique. Acculé derrière un bureau renversé, je cherchais un moyen de gagner du temps. Les effets secondaires du remède s’estompaient, lentement, me permettant de déployer un peu plus d’énergie magique au fur et à mesure que le temps passait. D’ici cinq petites minutes j’aurai recouvré assez de forces pour que le combat soit équilibré.

Tic tac.

Lancer une grenade ? Sa magie le protègerait. Avec le mortel venin que sa peau crachait, j’excluais d’utiliser ma lame. Mon regard se posa sur les capsules de remède. Une dose m’avait temporairement amputé de mes facultés magique. Une demi-douzaine devrait me permettre de stopper l’hémorragie magique dont Aora souffrait. L’effet serait éphémère mais me laissait tout de même assez de temps pour que je lui explose le crane.

Tic tac.

Malheureusement, une simple rune de défense suffirait à détruire la capsule. Il fallait trouver une diversion, qu’il ait la tête occupé pour ne pas se penser à se protéger. Il me fallait…
Une aura apparut dans mon dos. J’eus une poussé d’adrénaline et d’un bond, je me retournai prêt à vider mon chargeur sur le nouvel arrivant.


Baisses-toi imbécile !

Sursum vint s’abriter à mes côtés. Je lui tendais l’injecteur. Si l’un de nous deux occupait l’ex-conseiller, l’autre pourrait aisément se téléporter dans son dos pour lui administrer le remède. D’un signe de tête, Sursum m’indiqua qu’il avait compris ce que j’allais faire. Silence de mort.

Je percevais l’intense flux d’Aora. Nous n’étions pas les seuls à préparer l’offensive. Sans que cela ne forme une réelle menace, il étendait progressivement son aura dans notre direction. L’instant d’après, le bureau qui nous servait de protection vola en éclat, pulvérisé par un éclair de couleur verte. Violente poussée d’adrénaline ; je me sentais pousser des ailes, décidé à ne pas mourir ici. Je lançais un bref regard à Sursum. Il était accroupi, son fouet dans une main, l’injecteur dans l’autre, prêt à mettre le plan à exécution.

Je me relevais lentement et fixais l’ex-conseiller. Un rictus se dessinait sur son visage. Je me dématérialisais et créais un écran de fumée qui occultait totalement la présence et l’aura de Sursum dans la pièce. Invisible aux yeux d’Aora, il se déplaçait lentement sur le côté et attendait le bon moment.


VOUS ALLEZ MOURIR

Une véritable tempête magique s’était déchainée. Je ne comptais plus les éclairs qui traversaient la fumée pour toucher le mur le plus proche. Aora semblait décidé à m’écraser par la magie. Et le temps lui donnait raison : je n’allais pas pouvoir tenir de la sorte très longtemps. Je lançais ma dernière carte sur la table. Lentement mais surement, j’avançais dans sa direction pour me rendre plus « menaçant ». La provocation semblait fonctionner, car un déluge de magie percutait le mur de granite. Le monstre visiblement décontenancé par la fausse inefficacité de sa magie redoublait d’effort pour me mettre à mal.

Ce fut le moment choisit par Sursum pour passer à l'attaque.


Re: Reflets du passé

Publié : 05 mai 2011, 14:09
par Kossnei
Quelques minutes auparavant, laboratoire de Kami Raykovith, La Source.
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Dans l'embrasure de la porte de son laboratoire, Kami distingua une forme étrange, comme un fluide en mouvement qui reprit peu à peu forme humaine. Une détonation se fit entendre au loin.

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Extérieur de la Source
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Ce qui était peu de temps auparavant un chasseur de la Corporation était retourné à la poussière. Le sable Déserticain, virevoltant avec grâce autour de l'épave, vint chatouiller une chevelure aussi dorée que lui. Un genou à terre, une silhouette bien connue se profilait dans la tempête. De misérables haillons vêtus, la jeune femme semblait revenir des enfers. Son visage était marqué et entaillé en divers endroits, et elle paraissait amaigri. Mais s'il était quelque chose qui lui restait, c'était le sang impérial qui coulait dans ses veines, la rage d'une Amirale liquéfiée et dissoute dans le plasma s'alliait à la fierté d'une impératrice, bien que déchue, matérialisée dans les globules.

D'un pas laborieux mais décidé, elle se hâta vers la majestueuse bâtisse qui se dressait devant elle, et qui avait bercé ses nuits durant plusieurs années, avant qu'elle ne chute dans l'ombre.



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Laboratoire de Kami Raykovith, La Source.
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Ce fut le moment choisi par Sursum pour passer à l'attaque.

Déployant toute l'envergure de son mouvement à l'aide de son fouet, Sursum fit siffler ce dernier en direction de l'assaillant. Aora, trop décontenancé par l'avancée du Sergent Kami dans sa direction, ne put esquiver. Un grand fracas se fit entendre alors que l'imposante véranda se brisa au-dessus de leur tête, empêchant Sursum d'effectuer un quelconque mouvement supplémentaire en direction de l'ennemi, et surtout pas une injection.

Kami, dont le corps avait été considérablement éprouvé par l'utilisation abusive de magie, ne put esquiver. Des bris de verre fusèrent avec une accélération gravitationnelle renforcée par le lourd impact magique, et s'abattirent sur lui en de multiples endroits, découpant la chair là où il n'était possible de la transpercer. Le Kaméen resta au sol, tremblant.

Sursum, à l'autre bout de la pièce, arborait une mine déconfite. A l'opposé du laboratoire, Isan Aora avait pris une forme bien plus immonde que précédemment. Seuls quelques pans de pe*u habillaient encore cet être qui, exsangue d'une verte et toujours aussi intrigante substance, avait à présent davantage l'allure d'un squelette que d'un humain. On pouvait observer, en divers endroits, des os saillants qui n'avaient rien de normal. D'une couleur safran, ils semblaient élastiques, comme caoutchouteux.
De plus, l'ex-Conseiller ne semblait avoir été affecté physiquement par la magie plus de trente secondes car, lorsqu'il releva la tête, on pouvait lire dans ses yeux globuleux une détermination sans égale à... tuer.

D'une attitude glaciale, Sursum fit à nouve*u claquer son fouet. Celui-ci atteignit une nouvelle fois sa cible, mais aucune détonation ne se produisit. Aora resta de marbre sous la vapeur rosée qui se dégagea de l'impact.


« Saleté de composant... On ne sait jamais comment il va réagir... », grinça Sursum.

Kami, quelques mètres plus loin, sortit de son agonie et retira la demi-douzaine d'éclat qui dépassait encore des plaies, avant de se relever péniblement.


Tous deux faisaient face à leur adversaire sans savoir de quelle manière passer à l'offensive, tout en ayant à l'esprit que, s'ils tardaient à se décider, ils signeraient par la même occasion leur arrêt de mort.

« Kami, je vais devoir te rendre cela », dit Sursum Corda en tendant l'injecteur à son partenaire. « Comme j'ignore les effets que peuvent avoir ces molécules riches en magie que j'ai placées dans mon fouet, je pense qu'il vaut mieux que j'essaie de l'occuper avec cela pendant que tu passeras derrière lui en te dématérialisant, si tu te sens d'attaque », reprit-il.

Le Kaméen acquiesça d'un hochement de tête glacial. Cet Isan Aora commençait sévèrement à l'agacer. Il allait en finir maintenant.

Son compagnon leva une nouvelle et dernière fois son fouet, prêt à attaquer, quand une nouvelle fois, la voix féminine informatisée retentit dans la Source :


« Code Maître entré, déverrouillage des portes du laboratoire de Karlina Meryne en cours. Alerte dévaluée au nive*u 2. »

Tous frissonnèrent, y compris la créature qui se tenait à l'entrée du laboratoire de Kami Raykovith et qui s'évanouit dans un nuage de fumée sous les yeux de ce dernier et de Sursum.

Ceux-ci s'interrogèrent un moment du regard, avant d'entendre le cri qu'ils connaissaient si bien, à quelques mètres de là.


KARLINAAAA !

Ils s'échappèrent alors rapidement par le corridor, cherchant d'où provenait la voix, et l'énorme explosion qui suivit. Inévitablement, ils tombèrent nez à nez avec la porte du laboratoire de Karlina Meryne. Chacun d'un côté de cette dernière, ils s'observèrent, hochèrent la tête, et pénétrèrent à l'intérieur.

Il faisait à présent particulièrement sombre dans la pièce, et l'arbre, cette source de lumière qui occupait les lieux quelques minutes auparavant, avait disparu. Il faisait sombre, seulement leur vue ne les trahit pas lorsqu'ils aperçurent, à quelques mètres de là, Isan Aora, frissonnant d'extase et faisant trembler le sol avec lui, sol sur lequel gisait, inerte... cette jeune femme que Kami recherchait depuis si longtemps.

Re: Reflets du passé

Publié : 05 mai 2011, 20:58
par Sergent Kami
L’espace d’une fraction de seconde, ce fut comme si tout allait s’arrêter. Comme si l’intégralité de mon univers s’apprêtait à voler en éclats. Comme si… la faiblesse de mon humanité refaisait surface. Comme si ces intenses percussions dans ma cage thoracique, comme si cette respiration s’accélérant, cette subite transpiration qui perlait sur mon visage n’étaient pas dues qu’à la forte tension précédant la bataille. Comme si en cet instant, le Feu venait de sceller son destin pour qu’au travers de sa Flamme renaisse ce brasier qui les liait si profondément. Comme si, enfin, son cœur lui hurlait de voler au secours de la jeune femme. Coûte que coûte. Parce que mon amour pour ce génie aux cheveux d’or allié à cette rage de vivre qui brillait dans mes yeux balayerait tout sur son passage.

Et à cet instant précis, pendant ce millième de seconde où mon regard croisa celui d’Isan, nous comprîmes que l’issue du prochain combat serait funeste pour l’un de nous deux. Mes yeux se posèrent sur le corps inanimé d’une Karlina agonisante. Sursum me fixait stupéfait, comme s’il venait de comprendre l’intégralité de la problématique qui me tiraillait.


Prend soin d’elle mon frère. Cela ne sera pas long.

Kami…

Répulsion. Une rune apparut aux pieds de Sursum, qui fut littéralement happé par une force invisible et projetté contre Karlina. Maintenant, partez. Les deux procréateurs disparurent dans un bref halo de lumière.

Ne fais pas çaaaaaa

Je les avais téléportés à l’extérieur de la source. Ils étaient dorénavant en sécurité, hors d’atteinte de la folie de l’ex-conseiller.

KARLINAAAA

Aora me lançait un regard meurtrier. Regard que je lui retournais sans faillir. Ma détermination était infinie. Il était la première véritable pièce d’un vaste échiquier et aujourd’hui, le cavalier blanc allait tuer le fou noir.

Vous me décevez conseiller Aora, lâchais-je froidement. Je pensais qu’un maitre de la magie comme vous me donnerai plus de plaisir que cela. Mais venant d’un vulgaire pion de Terluan, plus rien ne m’étonne.

Dans un râle, le monstre tenta de me foudroyer. Je me dématérialisais à temps, mais je sentais les prémices d’une longue convalescence apparaître. Mon organisme était à bout de force. Et pourtant, porté la froide résolution d’un homme à forcer le destin, je n’abandonnais pas. Pire encore, je rassemblais ce qu’il me restait d’énergie pour un dernier assaut. Sous ma cape, je tenais fermement mes deux grenades à l’uranium. Il était tant de montrer à cet imbécile de vertanien la réelle puissance de Volcano !

Cling, tac, tac, tac…

Les deux goupilles tombèrent au sol. L’instant d’après, les deux grenades flottaient à coté de moi, prises dans un halo couleur saphir. Et lorsque finalement elles explosèrent, contrairement aux attentes de mon adversaire, il n’y eut aucune secousse. Les deux bulles de magie qui virevoltaient autour de moi contenaient l’explosion. On voyait à l’intérieur celles-ci la fureur de la mort et du feu qui tournoyaient comme des lions en cage. Et cette force, fleuron d’une technologie controversée dans les cinq, allait m’offrir l’occasion de terminer mon office...


TU ES SI FAIBLE. MISERABLE AVORTON, JE VAIS TE BRISER COMME JE L’AI BRISEE.

Sa réflexion m’arracha un sourire. Faible je l’étais, certes, mais avec une énergie équivalente à celle de deux réacteurs nucléaire, la balance penchait nettement en ma faveur.

C’est fini Isan. Tu as perdu.

L’ensemble du laboratoire -Isan y comprit- s’enveloppa d’un halo d’un bleu profond. Tout air de suffisance avait disparu du ‘visage’ du vertanien. Il transpirait la peur à un point tel qu’il me répugnait profondément.

TÔT OU TARD, TERLUAN TE TUERA.

Tais-toi, tu m’insupportes.

Je pris une profonde respiration et m’élevais dans les airs, transporté par un flux d’énergie sans égal.

Invocation spéciale, réaction en chaine.

Une violente secousse qui allait en s’intensifiant annonçait le début de la fin. Puis de multiples explosions balayèrent le laboratoire, immédiatement suivies par un déluge de feu…

0%
- Danger, aura instable -

[…]

Au même moment, à une centaine de mètres de la source.

La terre tremblait comme jamais. Soudain, des fortes détonations se firent entendre, puis la façade extérieure des laboratoires disparut engloutie par les sables. Une larme se frayait un chemin sur le visage de Sursum, à la mémoire d’un ami probablement décédé.

Alors qu’il s’apprêtait à tourner les talons pour s’occuper de Karlina, le déserticain manqua d’avoir une attaque. En effet, au même instant, Kami venait de se matérialiser à quelques mètres de lui. Le kaméen, maculé de sang n’était pas dans un meilleur état que son amie. Et dans un tressaillement, il s’effondra au sol.


A..lan…hav , murmura-il avant de s’évanouir.

En s’approchant du guerrier, Sursum vit six plaies un peu plus grosses que les autres.

Pile le nombre de capsules, songea l'homme en souriant.