Le sans-visage.

Ici sont chroniquées les histoires des Etats et de leurs dirigeants

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Rob Deken
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Le sans-visage.

Message par Rob Deken »

le 36 Vertan 3732, terre désolée de l'ancien Emerald.

Quand nous chanterons Le temps des cerises
Et gai rossignol Et merle moqueur
Seront tous en fête!

Les belles auront la folie en tête
Et les amoureux, de soleil au cœur!

Quand nous chanterons Le temps des cerises
Sifflera bien mieux Le merle moqueur!


Le vent soufflait sur le visage de l'homme immobile, assis en tailleur devant une tombe blanche comme tant d'autres alentours, des milliers à vrai dire. Il semblait être le seul vivant au milieu de ces êtres en repos. Depuis son monoplace posé non loin s'élevait la mélancolique mélodie à fort volume sonore. Elle se propageait doucement à des centaines de mètres à la ronde.

Mais il est bien court Le temps des cerises
Ou l'on s'en va deux cueillir en revant
Des pendants d'oreilles

Cerises d'amour aux robes pareilles
Tombant sous la feuille En gouttes de sang


L'homme, d'une main, creusa une petite excavation dans le sol, de l'autre sortit une badie d'une se ses poches et la planta là dans la terre encore humide de la dernière averse. Son regard se porta à nouveau vers la tombe devant laquelle il avait trouvé recueil .

Ci-git Rob Deken, dernier Missus Dominici de la cité d'Emerald.
36 Vertan 3703-74 Desertan 3731


Je te l'emprunte, vieux frère.

Un sourire. L'homme se saisit d'un chapeau qu'il avait posé à même le sol avant de se relever et de s'incliner doucement devant le lieu de sépulture. Se dirigeant ensuite vers son monoplace il contempla un cours instant plus au loin l'aspect post apocalyptique d'un ancien joyaux Vertanien.

Mais il est bien court Le temps des cerises
Pendents de corail qu-on cueille revants

J'aimerai toujours Le temps des cerises
C'est de ce temps la Que je garde au cœur
Une plaie ouverte
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Rob Deken
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Re: Le sans-visage.

Message par Rob Deken »

Le 38 Vertan 3732, quelque part dans les bas fonds de Galactica.

Et puisque je te dis que j'ai besoin de cet argent, vieux frère!

Le regard de son interlocuteur, un homme de forte carrure à l'uniforme déjà taché d'innombrables auréoles alcoolisées, se fit évitant.

J'ai une entreprise à faire tourner moi l'ami! C'est une grosse somme que tu me demandes, une très grosse somme même. Tu ne pourrais pas le dérober ton vaisseau? Avec une bonne équipe tu pourrais l'avoir pour le dixième de son prix...

Le nouveau Rob Deken, fit un signe au patron du petit bistrot des bas quartiers d'une mégapole de Galactica.

Les deux petites sœurs Patron!

Son visage se perdit un instant sur la strip-teaseuse qui se déhanchait non loin sur une scène improvisée.

Will, je peux t'appeler Will vieux frère?, tu sais que je veux un bâtiment selon mes plans, ceux du Mononoke. Je veux le faire revivre, lui, pas un autre...

Le dénommé William lui lança un regard, jaunit par la débauche.

Un vaisseau en vaut un autre, ils en font à la chaîne du même type les dirigeants de nos jours! Et puis si tu tenais tellement au Mononoke il ne fallait pas le perdre voilà t...

Une lame siffla et vint fixer la manche du sieur William à la table, épargnant son avant bras de quelques millimètres salavateurs. Ce dernier s'arrêta de parler net. Tout autour les conversations des différentes tablées cessèrent et les regards se portèrent sur les deux hommes. Après quelques instants d'un lourd silence Rob s'esclaffa en retirant la lame de son coutelas.

Tu sais bien que je n'aime pas le sujet, vieux frère! Ce qui est fait est fait. Même si ces nigauds de grands conseillers et archimages arrivaient à remonter le temps pour modifier nos actes passés une part de moi referait le même choix qui conduisit à la destruction de mon bâtiment... Je le pense, hélas!

La tenue de William s'était faite tremper de sueurs sous l'effet du stress passager. Rob, quant à lui, continua le regard pétillant.

Il n'en reste pas moins que tu me dois bien ça vieux frère. J'efface ta dette à cette condition. Et tu sais comment je considère ceux qui ne tiennent pas parole, n'est ce pas?

Je sais aussi comment tu fais disparaître les preuves de ta vie passée... Tu comptes me faire disparaître après que je t'ai versé la somme?

Rob sans répondre lui tendit un terminal de payement électronique portatif. William hésita, puis tapota là une suite de code d'identification et de validation.

Un sourire de plus illumina le visage de Rob Deken. Sortant une petite fleure blanche d'une de ses poches, il la glissa dans la poche avant de William avant de se lever, de remettre son couvre-chef et de poser à sa place quelques crédits.

Vas-tu me répondre?, s'enquit William.

Rob le toisa un court instant avant de disparaître.

L'alcool s'en charge pour moi, vieux frère.
Dernière modification par Rob Deken le 10 juin 2014, 07:38, modifié 2 fois.
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Rob Deken
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Re: Le sans-visage.

Message par Rob Deken »

Avertissement : la scène qui suit peut heurter la sensibilité de certains. Personne jeune ou fragile s'abstenir.

Le 47 Vertan 3732, quelque part en Desertica.

« Et les amoureux, du soleil au coeur... »

Rob fit taire la musique aux vues des bruits de pas qui s'approchaient. Une jeune hôtesse vint se présenter à lui.

Ca sera quoi pour vous, m'sieur?

Ce que vous avez de plus frais.

Il faisait affreusement chaud et la climatisation précaire de ce taudis Deserticain offrait un bien piètre réconfort à elle toute seule.

Un sourire et la jeune serveuse disparut un court instant avant de revenir le servir et de repartir à une autre tablée. Rob la suivit doucement du regard avant de remettre sa langoureuse chansonnette en route et de commencer quelques rédactions utiles.


"A la redoutée dirigeante de l'Antioche, ou à ses proches collaborateurs.

Reine Xodia,

C'est bien humblement que je m'adresse à vous à ce jour. Je souhaiterai que nous parvenions, à un accord concernant la construction d'un vaisseau de classe Solar, modifié selon des plans en ma possession, au sein de vos chantiers navals dont les talents des ingénieurs sont reconnus de tous en Galactica. On m'a vanté vos attributs d'électron libre au sein de l'ordre établit aussi j'ose espéré que nos échanges, et nos accords potentiels se fassent dans le plus grand secret.

Je vous joint une copie partielle des plans de mon, je l'espère, prochain joyau volant afin que vos mestres de construction navale évaluent la faisabilité et de proposer un devis.

Bien à vous votre Altesse.

R.Deken, Capitaine libre.
"


Alors qu'il finissait cette première missive. Un bruit sourd masqua un instant la douce musique de Rob, ce qui lui fit relever la tête. La serveuse de tout à l'heure avait fait tomber son plateau près d'une table où s'alcoolisaient quelques pillards du désert. Se confondant en excuse, leurs brimades à son égard ne firent que s'amplifier tandis qu'au verbe vient bientôt se prêter le geste et que l'un d'eux attirait la jeunette à lui tandis qu'un autre lui touchait les fesses.

« Trop jeune et trop jolie pour un tel boulot... », songea Rob qui se replongea dans sa rédaction augmentant le volume de la mélopée à ses oreilles.

"Au puissant dirigeant du Kafelor, ou à ses proches collaborateurs.

GMS Kafelor,

Ou que j'aille dans cette galaxie votre nom finit par apparaître au détour des conversations que ce soit en terme de gloire ou de débauche. Cependant ni l'un, ni l'autre ne m'attirent à vous à ce jour. Capitaine libre de cette galaxie, je cherche à monter une station Solar autonome, cependant ne disposant pas de ressources étatiques je souhaiterai permettre à mon vaisseau un moindre équipage possible pour maîtriser pleinement une station aussi difficilement manoeuvrable que peut l'être un solar. J'ai eu vent que vos équipes de recherche travaillaient sur des IA tout à fait novatrices, l'une d'elle, dans ce cadre, m'intéresserait au plus au point. Si la chose vous paraissait possible, que solliciteriez-vous en échange d'un tel appareillage?

Bien à vous grand Seigneur.

R. Deken, Capitaine libre."


Satisfait de son ouvrage, Rob rangea ses missives dans une de ses poches : il les enverrait peu après. Un nouveau bruit sourd lui fit à nouveau lever le regard. La jeune hôtesse de tout à l'heure commençait à se faire dénuder et rouer de coups devant un barman et une assemblée qui regardait la scène du coin de l'oeil, feignant de ne rien voir.

Finissant son breuvage qui avait déjà perdu de sa fraîcheur, et déposant sur sa table les quelques crédits qu'il devait à l'établissement, Rob se leva doucement, remit chapeau et cape et se dirigea vers le groupe de pillards, sortant discrètement son coutelas.

C'est sans sommation qu'il prit la tête du premier et la fracassa lourdement sur la table, et sans pitiée qu'il planta sa lame dans la gorge d'un second, la retirant tout aussi vite et laissant s'épandre sur la table une nappe de sang rouge foncée, tout en faisant gicler par battements un sang plus vif. L'un d'eux voulu se saisir d'une arme à poing, un vif coup de pied eu raison de son effort, un mouvement de poignet bien placé lui cisailla le cou. Tandis que le malheureux portait les mains à sa blessure, tentant vainement de contenir son fluide vital, un autre bandit se jeta contre Rob et contempla son trépas alors que la lame de notre protagoniste traversa chair et côtes pour terminer sa course dans un cœur encore battant.

Les deux derniers bandits prirent la fuite, terrifiés devant cet homme d'une dextérité assassine. Lequel mit un temps pour dégager son coutelas de sa dernière victime, appuyant dune de ses jambes et faisant traction de ses deux mains sur un corps parcouru de derniers soubresauts de vie. Un des deux fuyards réussit à franchir la porte, l'autre vit la lame de Rob, lancée à 10 mètres de là, venir se loger entre ses omoplates. Il s'écrasa au sol en cri sourd.

Rob alla jusqu'à lui, délogea son arme et l'essuya doucement sur la tunique de l'homme sans vie. Le barman tremblant avait sorti un fusil de chasse de sous son comptoir. Un regard de Rob lui fit baisser son arme. Se retournant il vit la panique dans les yeux des gens, mais c'est surtout celle de la jeune femme dénudée non loin qui attira son attention. S'avançant vers elle il s'accroupit .

Je te demande de m'excuser jeune demoiselle. Le dernier d'entre eux cherchera surement à se venger . Si je le retrouve avant de partir ça ne sera le cas, mais ne souhaitant pas m'attarder dans ce bled je ne sais pas si la chose sera faite avant mon départ.

Il marqua une pause, défaisant sa cape il la déposa sur les épaules de la jeune femme. Et posa devant elle un petit transmetteur.

Quoiqu'il en soit, un tel taudis ne te convient pas. Aussi je te propose une alternative à cette vie là, de donner un autre sens à ta vie : je te propose de me suivre dans quelques aventures rocambolesques plus qu'épiques...

Je te laisse la nuit pour prendre une décision. Appui sur le bouton centrale du transmetteur si ta réponse est positive. Cache-toi quelques temps sinon....

Se relevant, n'attendant pas la réponse de la jeune femme encore choquée, il se détourna de la triste assemblée et de la macabre scène qu'il laissait là et redevint en quelques pas un simple inconnu au milieu de la foule des passants d'un bazar non loin.
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