La fleur bleue de Désertica

Ici sont chroniquées les histoires des Etats et de leurs dirigeants

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Kamikakushi
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La fleur bleue de Désertica

Message par Kamikakushi »

57 Galan 3733

Je m’accoudais avec nonchalance sur la crosse de mon arme, contemplant, de loin, les courbes de cette femme qui me faisait tant frémir. Dans un moment de rêverie béate je murmurais son prénom : Mononoke.
L’un de mes hommes resté peu en arrière s’esclaffa. Un autre encore qui m’avait lui aussi entendu vint me faire profiter d’une tape amicale sur l’épaule. Ciel, cette femme qui me faisait perdre tout moyen me ferait une nouvelle fois passer pour un demeuré fleur bleu sinon obsédé auprès de mon contingent.

« A quand la déclaration, Ash? », se moqua-t-on bien vite. Je consentais enfin à détourner les yeux de cet être délicieux qui ignorait presque tout de moi, pour les tourner vers ces hommes et ces femmes avec qui j’avais déjà partagé tout et rien à la fois.

Soupirant et dans un rictus forcé je montrais du doigt les quelques insignes que je portais.

« Les gars, croyez pas que ça me donne le droit à un minimum de respect ces choses là ? »
J’aurais dû m’abstenir, me voilà vite moqué à coup de « ô capitaine mon capitaine ! » ou de « Oh mais gamin tu resteras toujours notre p’tit Ashi à nous! ». Bref, je ne dois pas être ce genre de chef qu’on craint beaucoup…
Après un soupir de lassitude que je forçais un peu. Voulant me retourner à nouveau vers celle qui hante mes pensées je me rendis compte bien vite qu’elle n’était plus dans mon champ de vision.

Malin ça.

Je me redressais déçu tandis qu’une bourrasque chaude et sèche nous amenait un tourbillon de sable déserticain. Je n’aime pas le sable, et encore moins cette planète de peu de vie. Dans quoi diable me suis-je fais embarqué ? Moi qui ne me suis engagé et ai gravi les échelons dans cette armée juste pour avoir une chance d’approcher cette fille, cette femme, officier et fille de haut gradé... Moi qui ai crapahuté d’un point à l’autre de cette galaxie avec mon unité pour des intérêts qui me passaient bien au-dessus du couvre-chef... J’allais assister à la naissance d’un état qu’un général débile et mégalomane, voulant se faire monarque, allait créer de toute pièce.

Une alarme retentit, annonçant la fin de la pause. Je remis mon arme en bandoulière et fit signe à mes hommes d’en faire autant.

« Déchargeons ces cargos les mecs. On commence par les drones, le général Tatarigami veut que les premiers soient opérationnels le plus vite possible. »
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Kamikakushi
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Re: La fleur bleue de Désertica

Message par Kamikakushi »

59 Galan 3733

Capitaine Ashitaka!

Un colonel, dont le bel et copieux uniforme n'était pas du tout adapté à la chaleur ambiante, se dirigeait vers moi. Je n'arrivais jamais à retenir son nom à celui-ci. Un truc en rapport avec des produits laitiers je crois. Je lui fis un salut confortable.

Mon colonel.

Le pauvre suait à grosse gouttes, je sentais qu'il n'avait qu'une hâte : retourner sous la climatisation des installations.

Vous quittez la base, j'ai une mission de la première importance à vous confier.

Chouette, 2 jours après mon arrivée j'allais pouvoir repartir de ce site venteux et en effervescence constante, où le sable volait de toute part et s'immisçait en vous comme dans les rouages des drones et chars... Je le laissais poursuivre.

Une de nos patrouilles de reconnaissance a suivi la trace d'un drone qui s'était perdu dans les rocheuses à quelques dizaines de kilomètres au nord d'ici. Nous avons perdu le contact avec eux depuis ce matin. Outre le signal d'alerte automatique leurs précédents rapports ne faisait part d'aucun problème.

Et encore pour bibi de ramasser les dépouilles de quelques jeunes hurluberlus se croyant invincibles une arme à la main.

Avec plaisir colonel, mais sauf votre respect, est-il nécessaire de nous mobiliser pour ça? Une autre patrouille de reconnaissance ne suffirait-elle pas à apprécier la chose? 

Le colonel me fit signe de le suivre un peu plus loin afin de s'éloigner des oreilles indiscrètes.

Certes oui, mais il se trouve que le jeune neveu du général se trouve parmi les disparus. Comprenez que je lui ai tout de suite dis que je mobilisais mon meilleur officier sur cette affaire.

Pauvre type, si j'étais son meilleur officier c'est qu'il devait avoir une belle bande de bras cassés sous ses ordres.

J'en serai honoré Monsieur.

Prenez une escouade et allez régler cette affaire en toute discrétion. J'ai réussi à convaincre la fille du général Tatarigami de ne pas y aller. Le montage de notre petite entreprise a pu attirer l'attention de puissances étrangères et il serait regrettable qu'elle ne disparaisse aussi.

A oui, il s'en fiche bien de moi en fait.

Je forme une escouade de suite mon colonel.

Nouveau salut militaire avant de le quitter. Une puissance étrangère qui nous espionnerait de loin? Elles devaient bien s'en fiche les puissances galacticaines de l'installation d'une pseudo armée dans un trou paumé comme celui-ci... Le neveu du chef s'était surement fait bouffer par une bête voilà tout. Mais si ce n'était pas le cas peut être capterai-je l'attention de ma Mononoke en retrouvant son imprudent cousin?

A peine arrivée dans mon campement l'air songeur que quelques uns de mes hommes de repos me lancent des remarques grivoises et orientées. Dans un sourire narquois je leur lançais gaiement:

Merci de vous porter volontaires les mecs.

Ils me regardèrent intrigués.
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Kamikakushi
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Re: La fleur bleue de Désertica

Message par Kamikakushi »

60 Galan 3733 : 1 ère partie

Voici plusieurs heures que nous étions partis à la recherche de la patrouille de reconnaissance perdue qui comprenait le neveu du général de nos armées. Nous nous engouffrions de plus en plus profondément dans une zone rocheuse et abrupte qui contrastait tout à fait avec les étendues de dunes sableuses sur lesquelles nous avions atterri 3 jours plus tôt. Tout passage de véhicule lourd n’était pas envisageable dans ces passages escarpés, mais qu’importe je souhaitais avant tout un maximum de discrétion.

Au plein cœur de la nuit déserticaine le froid était glacial et le silence pesant, parfois perturbé par de brusques bourrasque au-dessus de nos têtes sur les reliefs terrestres. Notre escouade marchait religieusement et avec la plus grande prudence. Cela faisait quelques temps déjà que nous avions dépassé la zone d’où le dernier message de détresse avait été envoyé.

Un bruit sec, puis plus rien, un de mes éclaireurs venait de sauter plus loin et se dirigeait vers nous d'un pas de chasseur pour son rapport. Jusque là, mis à part quelques membres de la faune locale qui n'aurait su représenter de menace particulière pour un groupe d’hommes armés, rien de particulier n’avait été signalé. L’éclaireur me fit son rapport dans un murmure .

Grosse source de chaleur à 800 mètres, quart nord-est : un feu.

Pensez-vous que ce soit eux ?, dis-je simplement.

Probablement pas Cap’tain, j’ai cru voir quelques créatures quadrupèdes de loin se disputer un os long comme un fémur, des sortes de gros chiens vu de loin mais qui ne dégagent pas de source de chaleur. Quelques hommes aussi mais impossible de constater s’ils en étaient…

Je me tournais vers mon second.

On a des témoins d’activité indigène dans la région ?

Pas de connu Ashi.

Ces zouaves du renseignement…

Ok, vu que c’est notre seule piste concentrons-nous dessus. On va se séparer en deux équipes. Le vent joue contre nous je ne voudrais pas que leurs bestiaux repèrent nos odeurs.

Saloperie, j’y connaissais rien à la faune de cette foutu planète. Dans le doute...

Je prends le premier groupe, on va contourner ces reliefs sur quelques kilomètres pour ne plus avoir le vent dans le dos et trouver une solution de tir en hauteur. Vous prendrez un second groupe qui ira les rencontrer de face une fois que je vous donnerai le signal, masquez votre nombre qu’ils vous croient en infériorité. S’ils sont belliqueux nous les prendrons sur deux flancs, s’ils veulent fuir cela permettra à notre groupe de repérer si nos hommes en sont.

Et s’ils sont amicaux ?, émit un sous officier qui nous écoutait le sourire en coin.

Et bien on dit bonjour Jonhson ! Merci de te proposer pour la première ligne, tu seras le premier à leur adresser ton plus beau sourire!

Grognement de l’intéressé et quelques ricanements discrets alentours.

En formation, puis en route mauvaise troupe ! Restez silencieux, on attend le petit matin pour leur sauter dessus histoire d’avoir un meilleur visuel sur leurs créatures de compagnie à sang froid.

Les rencontres de merde c’était toujours pour moi de toute façon. Je ne la sentais tellement pas cette affaire.
Dernière modification par Kamikakushi le 02 févr. 2015, 20:48, modifié 1 fois.
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Kamikakushi
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Re: La fleur bleue de Désertica

Message par Kamikakushi »

60 Galan 3733 : 2 ème partie

Il fallait que ça sorte. Je m’étais éloigné quelques instants du groupe afin de vomir toutes mes tripes, le haut le cœur m’avait pris d’un coup. Je me croyais plus fort que ça.

Sur les roches avoisinantes plusieurs traces des combats récents : de nombreux impacts de balles, des corps encore fumant parfois disloqués sous la puissance des armes lourdes. Les indigènes s’étaient montrés des plus hostiles dès le début, lâchant leurs chiens reptiliens et tirant de leur arquebuses rudimentaires sur nos premiers hommes qui leur firent face. Nos tirs croisés eurent vite fait de les neutraliser. S’il ne semble pas que le concept de « se rendre » face partie de leur vocabulaire certains avaient tout de même tenté une fuite désespérée. Le tout s’était arrêté par le bruit sourd et régulier d’une de nos mitrailleuses.

La scène n’avait pas durée plus de deux minutes. Une douzaine de corps furent décomptés.

Aucune trace de nos hommes disparus de prime abord.

Nous ne l’avons pas senti tout de suite du fait de l’odeur âcres de la chair carbonisée qui embaumait ce massacre. Nous ne l’avons pas vu tout de suite non plus car nous recherchions des signes de captivité, mais bien vite des insignes furent retrouvés parmi les cendres encore fumantes de l’ancien foyer dressé là, des bouts de tissus mal incinérés, nos vêtements étaient étudiés pour ne pas s’embraser lors des incendies…
Bien vite nous nous rendîmes compte que ces viandes dans leur gamelle et ces os rongés par leurs molosses à sang froid n’avaient aucun rapport avec la faune locale…

Je me rendis auprès de mon second, un profond malaise parcourait toute l’escouade.

Les 4 insignes ont été retrouvés Ashitaka.

Ils sont donc tous là, dis-je simplement.

Pauvres gamins, le plus vieux avait la vingtaine : le cousin de ma Mononoke.

Parlant fort pour que toute l'escouade m'entendent, je constatais:

La mission de sauvetage est donc un échec par la force des choses, soldats. Prenez les effets personnels de ces malheureux que vous pourrez encore trouver et brûlez tout le reste.

Une tête fut retrouvée à même le sable, objet de jeu pour les bestiaux de ces hommes sans humanité, on y lisait mille souffrances dans un rictus figé à jamais .

Les pauvres avaient dû en baver bien sévère.

Je saisis mon intercom en entrant la fréquence de mon supérieur tandis que nous quittions les lieux, dépités.

Mon colonel, nous avons retrouvé nos hommes, tous morts, le neveu du général n’a pas survécu non plus…

J’hésitais un bref instant.

… Nous n’avons pu récupérer les corps, ils se sont fait agresser par une meute de créatures sauvages. Ils ont résisté vaillamment et ont dû se battre avec honneur aux vues du nombre de corps de ces créatures qui entourait leur dépouille. Nous avons traqué et exterminé le reste de ces bêtes…

Nouvelle pause.

… Je soumets donc l’idée de décréter cette zone comme dangereuse de catégorie 3. Ashitaka. Terminé.

Ici le colonel Membert, message reçu. J’en informe le généralissime Tatarigami. Je vous attends à la base pour un débriefing complet.

En raccrochant mon communicateur je sentis le regard lourd de mes hommes posé sur moi. Mon second me fit un léger « compris » tandis que d’autres hochaient simplement la tête dépités de leur journée.

Je ne pensais plus désormais qu’à protéger celle qui hantait mon cœur et obsédait mon esprit de toutes les souffrances et atrocités de ce monde.
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Kamikakushi
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Re: La fleur bleue de Désertica

Message par Kamikakushi »

61 Galan 3733 : 1ère partie

Poc, poc, poc.

Le bruit de mes pas raisonnait dans le long couloir que je parcourrais en direction de la salle de débriefing. Deux soldats se tenaient devant la porte, leur tenue flamboyante me fit vite comprendre qu’ils faisaient partie de la garde rapprochée du généralissime.

Je les avais vu plusieurs fois à l’œuvre ces gars là, pas des rigolos… Ils pouvaient exécuter des hommes de sang froid sur simple ordre de Tatarigami.

Je m’arrêtais devant eux, et fus annoncé. La porte se déverouilla et on me laissa entrer dans la salle de réunion.
Sur le palier de la porte j’attendis qu’on me fit signe de m’asseoir. Sur une table en arc de cercle différents haut gradés faisaient acte de leur présence, le générallissime présidait au centre, à sa gauche se tenait le colonel Membert qui m’avait affecté à la dernière mission et à sa droite…

Resplendissante, ma Mononoke l’était. Un teint halé dont je rêvais tant, des cheveux foncés enivrants et des yeux d’un vert émeraude si envoûtants… cette femme ne le savait pas, mais elle me possédait déjà totalement. Moi qui savais me rendre insondable quand la situation l’exigeait, j’avais cette écrasante et fataliste impression que cette fille de général, pourrait lire en moi comme dans un livre.

Elle me dévisageait imperturbable, ils me regardaient tous d'ailleurs, tandis que je m’efforçais de reporter mon regard vers le vide.

Capitaine Ashitaka.

De la concentration Ashi que diable !

Le colonel avait pris la parole.

Prenez place.

Je m’assis donc sur une chaise, que mon supérieur m’indiquait d’un geste de la main, disposée en face de leur tablée.

Chouette cette ambiance tribunal militaire retro me mettait tout à fait en confiance…

Comprenez bien que le fait qu’un membre de la famille du général ait été impliqué, et ai connu une fin dans des circonstances si…

Je le vis jeter un regard vers le général.

… tragiques … ait nécessité un tel débriefing. A fait d’exception réunion d’exception…

Et mesures d’exception, pensais-je tout bas. Quartre jeunes anonymes auraient été tué là bas que mon rapport eu été classé au plus vite.

J’entends bien mon colonel.

Le générallissime prit la parole, d’une voix imposante et rocailleuse.

Nous tenions à réentendre votre version des faits, Capitaine de division. Ne soyez pas avare en détails.

Veni, vidi, vici mais trop tard, c’est pourtant pas si compliqué.

Bien mon général.

Tachant de rester un maximum neutre et évitant le regard de ma Mononoke qui semblait me transpercer j’entrepris donc mon récit falsifié. Point questions d'autochtones hostiles et de leurs animaux domestiqués mais uniquement d'une meute de chiens/loups reptiliens qui auraient attaqué le groupe de reconnaissance du jeune neveu du général. Point question du fait de leur soumission probablement rapide mais d'un combat héroïque qu'ils auraient menée en s'éloignant de la zone de de part du message de détresse. Point question de leurs milles souffrances mais d'une mort rapide et indolore... De mon vécu je ne gardais que leur image de jeunes hommes dévorés, en omettant de préciser la raison anthropophage d'un tel carnage...

Ca passe ou ça casse Ashi... De tous les regards posés sur moi un seul m'importait vraiment, et il me paraissait bien lourd à supporter.
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Sergent Kami
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Re: La fleur bleue de Désertica

Message par Sergent Kami »

Si je comprends bien… vous nous dîtes que trois soldats et un sous-officier, rompus à l’exercice, sont morts en héros, encerclés par la faune locale ?

La petite voix calme de la belle venait de troubler le silence régnant dans la salle. Un pavé dans la mare venant de celle qui n’avait dévié ses émeraudes du capitaine lui faisant face. Le Colonel déglutit et tourna lentement la tête vers Tatarigami. Le malaise était à son paroxysme, l’atmosphère soudainement étouffante.


Généralissime, reprit-elle. Si comme le suggère le Capitaine Ashitaka, la zone est occupée par une faune vindicative, peut-être devriez-vous dépêcher une troupe pour nettoyer le secteur et vous assurer que cette même faune ne trouve la direction de notre base ? En procédant de la sorte, nous règlerions également notre problème d’approvisionnement dans les secteurs du nord.

Je me propose pour mener cette mission Généralissime, lança le Capitaine interrogé.

Vous en avez assez fait Capitaine de division, rétorqua Tatarigami. Capitaine Mononoke, vous prendrez la tête de cette opération.

L’intéressée opina sobrement du chef.

Quant à vous Capitaine…
Ashitaka, souffla le Colonel.
Peu importe, trancha le général. Vos hommes et vous partez au nord, au-delà du secteur concerné en reconnaissance. J’exige un rapport dans les douze prochaines heures. Vous pouvez disposer.

Sur ces mots, les officiers se levèrent et retrouvèrent avec un soulagement non dissumulé la lumière artificielle de la base. D’un pas rapide, Mononoke dépassa le Capitaine interrogé, non sans lui retourner un regard empreint de reproches non formulés.


Une voix résonna dans ce même couloir, un instant plus tard.
« Hé ! Tout va bien Ashi ? »
Amiral Andrew K. R. Leister, dit le Feu, à votre service.
Un homme éclairé a écrit :Sergent dieu n'aime pas être contredit ! :evil:
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Kamikakushi
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Re: La fleur bleue de Désertica

Message par Kamikakushi »

Ce regard me hantera pendant longtemps. Ses yeux couleur émeraude m’avaient jugés, et je me sentais au plus mal. Le gouffre qui me séparait de ma Mononoke s’agrandissait. Elle qui était devenue ma raison d’être. N’avait-elle pas cru les faits tels que je les avais racontés ? Me tenait-elle pour responsable de la mort de son malheureux cousin ? Moi qui espérais la préserver, en partie du moins… le sol se dérobait maintenant sous mes pieds.

Mon plan avait été trop bancal. Mais y a-t-il seulement plan viable que je puisse élaborer dès lors que ma Mononoke est impliquée ?

Une secousse.

Désert de …Comme je regrette ma Vertana parfois.

Le véhicule de tête dans lequel je me trouvais venait de glisser de quelques mètres sur le sable fin du désert avant de reprendre sa route comme si de rien n’était. Bien peu de choses pour un véhicule de reconnaissance.

Je jetai un œil à l’arrière. Le régiment suivait. Trois chars lasers faisaient partie du convoi afin de parer à toute éventualité. Les autres véhicules de transport et plus légers de reconnaissance suivaient. A quelques kilomètres sur notre droite les rocheuses de ma dernière mission se dressaient hors du sable de toute leur irrégularité, comme pour me narguer.

J’avais cette certitude amère que ma Mononoke ne s’en tiendrait pas à la chasse de la faune locale et chercherait le lieu de trépas de son cousin… Que ferait-elle si elle découvrait ma falsification ?

Je risquais de perdre tant…

Mon grade… bon je m’en fichais en soit.

Ma vie, soit, mais ainsi pire que tout… tout espoir de me faire aimer de ma belle Mononoke.

Je me tournais vers l’homme qui conduisait à côté de moi.

Ca vous dit une petite virée vers les rocheuses tous les deux Johnson ?, lui criais-je par-dessus le brouhaha mécanique du convoi affrontant les dunes de sable du désert.

C’est une proposition Capt’ain?

Je saisis mon intercom un sourire aux lèvres et composait l’identifiant de mon second. Celui-ci me répondit depuis un véhicule situé peu en arrière.

Oui Capitaine ?

Henri, je fais un détour… prends le commandement pour la suite. Je reste branché, transmets moi la communication si on a un appel de la base ok ?

Manquerait plus que ces vieux planqués s’en mêlent…

Un court moment d’hésitation se fit sentir au bout du fil. Il savait comme tous mes hommes ce que je risquais si le pot aux roses était découvert.

Bien compris, Ashi. Prends garde à toi.

Un grand cœur ce type. Il aurait pu me lâcher sur bien des affaires déjà.

En éteignant l’intercom je jetai un coup d’œil à mon conducteur qui entama de dévier de sa trajectoire en douceur.

Juste un détour, tu me dépotes à l’entrée de la zone, je ferai le reste à pied…Rattrape le convoi ensuite.

Johnson émit un simple grognement tout en passant une vitesse.

Les rocheuses se dessinaient de mieux en mieux face à nous.
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