Passer la main
Publié : 25 août 2015, 19:40
Oserai-je vous conter une énième histoire dont vous vous foutrez tous ?
Un jour je fus un habitant des cinq, comme vous, contrairement à toutes ces bonnes gens qui nous gouvernaient et nous gouvernent encore. Un jour je devins militaire, tueur de profession, meneur de la chair à canon. M’écartant des sentiers battus, je me hissai à la tête d’une troupe et volai un bout de terre stérile à la tumultueuse Volcano. Et je grandis.
- Bougez-vous, on va le perdre !
Je grandis et mon alcôve brulante devint le creuset d’âmes en peine, fécond d’idées d’un autre monde. Je me fis voix de ces dernières et partit pour la première fois à la rencontre des grands. Ces hommes de biens œuvrant pour la cause commune. Des êtres habitués à l’apparat et aux beaux discours, le regard résolument porté sur leur propre nombril. Et il y avait aussi les autres, en marge de ce système. Les moins étincelants. Les moins éloquants. Ceux qui furent mes compagnons au fil des saisons.
- Bordel, j’arrive pas à le stabiliser !
Mes compagnons… Tous furent persuadé que mes racines se trouvaient sur la planète rouge. Mon tempérament de feu, ma propension à recourir à l’atome pour désamorcer les situations firent ma renommée. Mais personne ne me craignit. A l’instar de ces esprits limités, le système n'avait jamais peur. Il s’adaptait. Il façonnait. Il corrompait. Tout en lui me révulsait, me poussant à franchir la limite. Et à tout perdre.
- Faut le transférer !
Ma femme mourut dans la douleur. Ma fille aussi. Et mon peuple, mon œuvre, ma joie, mes souvenirs. Tout ce qui séparait les hommes des bêtes fut volatilisé en une nuit. Bercé par mon deuil, je me relevais, et devint procréateur puis terroriste…
-Peut-on le ramener sur Desertica ?
-Impossible Madame, il sera mort avant.
-Contactez Xodia.
Le meurtre s’installa comme une sombre routine plongeant le monde dans un chaos prévisible.
Combien d’ères d'une violence inouïe ai-je vu passer sous mes yeux ? Mon cœur devenu glacé par l’effroi et la bêtise de mes contemporains m’imposa un recul sur le monde. Alors, j’observais sans prendre part aux conflits destinés à tromper l’ennui d’une poignée de Seigneurs. Croyez-le ou non, je finis par devenir un homme bon. Un « grand ». Un Conseiller au service des peuples. Une proie désignée par des bonnes gens trop concernées par leur petit bien-être pour être honnête. J’ai vu l’enfer naitre dans leur cœur.
Lentement, les mains tendues se transformèrent en autant de pièges mortels pour qui s’en saisissait. Des mots comme « sage » ou « Conseiller » prirent un second sens proche de l’imposture et de la traitrise. Avaient-ils seulement réalisé que les Conseillers n’étaient que le reflet de leur volonté ?
Je ne fus pas épargné. La bêtise me traquait où que j’aille. Je n’avais aucune valeur à leurs yeux. J’étais redevenu un monstre.
Je sentais le froid me bercer à nouveau, glisser sur ma peau comme les balles de ce chasseur. Cela pourrait marquer le point de départ d’une autre histoire, d’autres folles spéculations mais… Merde à la fin. En une dizaine de saisons, pas un de ces imbéciles n’apprit du passé. Pire encore, voilà que des gosses se prenaient à apprendre aux vétérans l’art subtil de la guerre. La vraie. Celle qui se révélait incertaine. Celle des idées que l’on défendait corps et âme… Autant par la verve que par les canons...
L’embrigadement de masse et les discours sans fond… J’avais passé l’âge de lutter contre ces conneries.
Lointain cri d’effroi. Des mains qui me serraient. Des larmes.
Voilà qui cloturait admirablement l’histoire d’un homme solitaire. Car si l’on faisait les comptes, qui prit le temps de me connaitre réellement ? Tous me voyaient comme une relique du passé, bonne à jeter à la poubelle alors que ce combat, j’en fus l’un des pionniers en mon temps. Tous pouvaient se targuer d’avoir massacré des peuples entier, mais combien seraient là ensuite pour reconstruire et préparer l’avenir ? Qui s’interrogeait sur mes motivations à intégrer le Conseil de Galactica, moi qui les avait toujours haït ? Qui avait réellement pris le temps de me connaitre ? Mes origines n’avaient jamais été sur la belle rouge, alors que ce serait probablement là où l’on déposerait mon corps sans vie. Ma douce Desertica, sentirais-je une dernière fois le grain de ton sable caresser ma peau ?
Un jour je fus un habitant des cinq, comme vous, contrairement à toutes ces bonnes gens qui nous gouvernaient et nous gouvernent encore. Un jour je devins militaire, tueur de profession, meneur de la chair à canon. M’écartant des sentiers battus, je me hissai à la tête d’une troupe et volai un bout de terre stérile à la tumultueuse Volcano. Et je grandis.
- Bougez-vous, on va le perdre !
Je grandis et mon alcôve brulante devint le creuset d’âmes en peine, fécond d’idées d’un autre monde. Je me fis voix de ces dernières et partit pour la première fois à la rencontre des grands. Ces hommes de biens œuvrant pour la cause commune. Des êtres habitués à l’apparat et aux beaux discours, le regard résolument porté sur leur propre nombril. Et il y avait aussi les autres, en marge de ce système. Les moins étincelants. Les moins éloquants. Ceux qui furent mes compagnons au fil des saisons.
- Bordel, j’arrive pas à le stabiliser !
Mes compagnons… Tous furent persuadé que mes racines se trouvaient sur la planète rouge. Mon tempérament de feu, ma propension à recourir à l’atome pour désamorcer les situations firent ma renommée. Mais personne ne me craignit. A l’instar de ces esprits limités, le système n'avait jamais peur. Il s’adaptait. Il façonnait. Il corrompait. Tout en lui me révulsait, me poussant à franchir la limite. Et à tout perdre.
- Faut le transférer !
Ma femme mourut dans la douleur. Ma fille aussi. Et mon peuple, mon œuvre, ma joie, mes souvenirs. Tout ce qui séparait les hommes des bêtes fut volatilisé en une nuit. Bercé par mon deuil, je me relevais, et devint procréateur puis terroriste…
-Peut-on le ramener sur Desertica ?
-Impossible Madame, il sera mort avant.
-Contactez Xodia.
Le meurtre s’installa comme une sombre routine plongeant le monde dans un chaos prévisible.
Combien d’ères d'une violence inouïe ai-je vu passer sous mes yeux ? Mon cœur devenu glacé par l’effroi et la bêtise de mes contemporains m’imposa un recul sur le monde. Alors, j’observais sans prendre part aux conflits destinés à tromper l’ennui d’une poignée de Seigneurs. Croyez-le ou non, je finis par devenir un homme bon. Un « grand ». Un Conseiller au service des peuples. Une proie désignée par des bonnes gens trop concernées par leur petit bien-être pour être honnête. J’ai vu l’enfer naitre dans leur cœur.
Lentement, les mains tendues se transformèrent en autant de pièges mortels pour qui s’en saisissait. Des mots comme « sage » ou « Conseiller » prirent un second sens proche de l’imposture et de la traitrise. Avaient-ils seulement réalisé que les Conseillers n’étaient que le reflet de leur volonté ?
Je ne fus pas épargné. La bêtise me traquait où que j’aille. Je n’avais aucune valeur à leurs yeux. J’étais redevenu un monstre.
Je sentais le froid me bercer à nouveau, glisser sur ma peau comme les balles de ce chasseur. Cela pourrait marquer le point de départ d’une autre histoire, d’autres folles spéculations mais… Merde à la fin. En une dizaine de saisons, pas un de ces imbéciles n’apprit du passé. Pire encore, voilà que des gosses se prenaient à apprendre aux vétérans l’art subtil de la guerre. La vraie. Celle qui se révélait incertaine. Celle des idées que l’on défendait corps et âme… Autant par la verve que par les canons...
L’embrigadement de masse et les discours sans fond… J’avais passé l’âge de lutter contre ces conneries.
Lointain cri d’effroi. Des mains qui me serraient. Des larmes.
Voilà qui cloturait admirablement l’histoire d’un homme solitaire. Car si l’on faisait les comptes, qui prit le temps de me connaitre réellement ? Tous me voyaient comme une relique du passé, bonne à jeter à la poubelle alors que ce combat, j’en fus l’un des pionniers en mon temps. Tous pouvaient se targuer d’avoir massacré des peuples entier, mais combien seraient là ensuite pour reconstruire et préparer l’avenir ? Qui s’interrogeait sur mes motivations à intégrer le Conseil de Galactica, moi qui les avait toujours haït ? Qui avait réellement pris le temps de me connaitre ? Mes origines n’avaient jamais été sur la belle rouge, alors que ce serait probablement là où l’on déposerait mon corps sans vie. Ma douce Desertica, sentirais-je une dernière fois le grain de ton sable caresser ma peau ?