[Les Sous-Sols] Les Châtiments

Tout le role-play qui ne rentre dans aucune autre catégorie

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Kossnei
Soulis de Kalyso
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[Les Sous-Sols] Les Châtiments

Message par Kossnei »

« Il fait noir, ici, Shu’… Peut-être alors y verras-tu clair ? Va, va, et saisis ce châtiment comme la renaissance de ton âme, homme brisé. Va, va, car ce visage que je caresse une dernière fois de mon regard embué n'est pas celui d'un platin. »

---

Les Châtiments, arme des hommes contre les hommes, c'est à la fois cette terrible réalité, la preuve incontestable que la punition passe par l'aliénation de l'esprit, et sa soumission à celui d'un autre... et cette souffrance qui leur succède. D'abord la rage, puis les pleurs, les lamentations nocturnes et la faim quotidienne. L'ennui, puis l'indifférence. Et enfin pointe la nostalgie.

La froideur de l'âme de Devar Shurak emplit l'air d'une fraîcheur matinale. Un pâle rayon de soleil vient caresser son visage, et le sort de ses rêves pour mieux le replonger dans son cauchemar. Et s’efface alors l’image d’un ange aux cheveux bruns, tout de vert vêtu, et dont la vision, bien que tragique, l'emplissait de bonheur. Les rêves sont devenus rares, c’est donc désespéré que Devar voit celui-ci s’achever.
Il est assis sur un sol humide, la tête appuyée sur son poignet engourdi que soutient difficilement son coude endolori, et son regard vide semble peiner à trouver où se poser. Car çà et là ne sont que barrières. Derrière Devar, un mur froid qui encrasse chaque jour davantage ses cheveux, lorsqu’il vient à s’y appuyer pour chercher le sommeil. A l’opposé de la pièce, c’est une grille au fer roussi par la rouille qui se tient entre le monde extérieur et celui des Sous-sols de la Corporation. Celle-ci s’étend sur deux mètres environ, puis forme un angle de quatre-vingt dix degrés, avant de rejoindre la cloison arrière. Et chaque cellule est formée de la même façon, ainsi calquée. Et chaque prisonnier a, de ce fait, deux voisins. Mais le silence de mort encore et toujours hante les lieux ; car ici peu sont ceux qui étaient discoureurs, et d’aucun qui s’y risquerait n’y trouverait d’intérêt, tant les choses sont belles dont on se lasse plus aisément devant la vision d’un univers inconnu et dont la perdition chaque jour s’accentue un peu plus.

C’est donc un énième jour qui se lève. A la seule différence que dans la cellule adjacente, la monotonie a été rompue. L’auraient-ils délivré ? Peu de chances, il était devenu irascible de folie. Non, ce qui choque Shurak n’est pas tant le sort de son ancien voisin que la personne qu’ils lui trouvèrent comme remplaçant. Un gosse, vingt à vingt-cinq ans. Pas plus âgé qu’Histel à sa mort…

Comment pouvaient-ils vraisemblablement condamner un esprit si jeune à telle destinée ? Devar ne portait pas les Grands Conseillers dans son cœur, mais il les pensait sains. Mais qui donc pouvait prétendre sain l’être qui choisit d’enfermer un gamin dans les recoins les plus impurs de Galactica, ces méandres de corridors sombres, teintés de désespoir, ce sol âcre au goût de mort, ces sons enfin, témoins de la folie des hommes par laquelle toute joie, tout sentiment, toute…humanité furent emportés… ?

C’est cette pensée à l’esprit que Devar se figea : il venait, rien qu’un instant, de se rappeler avoir été un conseiller d’état qui œuvrait pour les autres. Un conseiller…humain.

C’est le moment que choisit le jeune homme pour ouvrir les yeux.
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Aetherya
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Re: Les Châtiments

Message par Aetherya »

Des paroles comme des caresses, des songes en murmures, je te cherche sans te trouver. Les souvenirs me submergent, tourbillonnent puis s’évaporent. L’oubli me guette malicieusement. Comment puis-je dissiper mes sentiments? Renier ce que je ressens? Un triplet de mots pour une phrase… Je te hais. L’éternité me tend les bras… Les larmes assiègent mes yeux pendant que les tiens froids me foudroient. J’agonise puis me perds en des pensés infinies. Tout n’est que paraître ici-bas. Ton corps sans vie repose près de moi. Les minutes se font heures puis jours. Mon être se meurt mais mon esprit lutte contre cette fatalité…écrite? Bientôt les jours tutoieront les mois puis ceux-ci s’uniront aux années et paraderont en contemplant ma vie s'effriter. Mais pour l’heure, la faim lacère mes entrailles entravées. Je ne puis accepter mon sort. Régi pas un instinct de survie primitif je ne veux point m’assagir. J’hurle. Brisant ainsi les glaces du silence qui semblaient régner, depuis toujours, en reines, sur ces lieux lugubres .

« Condamné injustement, je le suis, mais peut être que… oui c’est certainement…mon châtiment…car bien que fils de roi, je n’en demeurais pas moins pion à ses yeux puisqu'à son jeu j’ai perdu. Claire même morte tu continues à hanter mon esprit! » rêvassai-je alors.

« Sale chienne! Tu m’as tout pris! De ma chair à mon sang, de mon cœur à mon esprit, de ma famille à mes amis…! Emportant même avec toi les réponses aux questions qui me martèlent inlassablement » hurlai-je.

Mes pensées ont dépassé le stade de songes intimes pour devenir le puissant écho d’un farde*u que je porterai en moi… à jamais.

Je me lève, vacille, puis retombe. Mes jambes, comme vidées de leurs forces, refusent de m‘obéir.

« Gabriel tu as connu pire situation… »

Ni une, ni deux je me concentre, rassemblant les quelques fragments d’énergie brûlant encore dans mes muscles, et enfin je me relève.

« Non je ne veux pas dépérir comme toi dans cette cage. Va crever en enfer! »

Je m'approche d'elle et c'est alors que mes prunelles me font l'offrande d'une vision à laquelle elles-même ne veulent croire...

De l’amour à la haine, de l’ombre à la lumière, il suffit souvent d’un changement de tempo pour basculer de l’un à l’autre de ces vibratos.
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Kossnei
Soulis de Kalyso
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Re: Les Châtiments

Message par Kossnei »

Un océan marin embrasa la chevelure flamme de Devar lorsqu’il croisa le regard du garçon. Devant lui s’étendait une incongrue immensité, une improbable infinité, qui à la fois lui ôtait ses réflexions et son discernement, et par la même occasion lui rendait son humanité. Il baignait alors dans cette aqueuse salvation, jouissant de ses sens en extase, s’entichant enfin d’une fantasmagorique altération de la réalité, qu’il savait nécessaire… et dangereuse. Le premier souffle du gamin caressa son visage ; un zéphyr à la nostalgie inaltérée avait marqué l’ex-officier platin de sa diabolique signifiance.

A présent, s’il savait cette mer calme et fraîche, il ne doutait déjà plus des ravages dont elle avait pu être témoin. Dans l’air humait-il la mort, que dans les yeux du garçon il la rencontrait. Son apparence physique que Devar savait obsolète, tant elle avait à ses yeux usurpé l’identité des Sous-sols de la Corporation, teintait le tableau d’azur de sa main grise. Ses doigts fins se posaient partout, créant ici un orage, là une tornade.
Mais rien n’était moins attristant que le cœur brisé de l’océan. La terre tremblait là-bas, et les vagues ne cessaient de sévir en l’épicentre. La tempête était incontrôlable, et les bateaux du Bonheur et de l’Amour déjà avaient rencontré leur fin en ces lieux, Shurak le savait. Si on levait la tête, on pouvait apprécier le vol coordonné et synchrone des sombres charognards décrire une ellipse. Ces artistes de patience avaient l’attente comme ennemie, la satiété pour récompense. Ainsi ils attendaient, inlassablement, que leur tombe dans le bec leur dernière victime.
Dans l’immense azur du ciel tacheté de blancs cumulus que l’immobilité du décor avait eux aussi affecté, une forme exsangue chutait justement, à une vitesse inouïe, sous le regard avide des corbeaux. L’ex-officier platin observa autour de lui. Il subsistait encore des embarcations brisées, symboles d’un espoir rompu.

Le corps de Shurak réagit plus vite que son bon sens n’eût le temps de le prévoir. Déjà il avait les pieds sur le bois abîmé du radeau du Courage et, frénétiquement, comme un animal acculé se débattant contre son inéluctable capture, il frappait l’eau de ses mains. Ainsi, il arriva enfin au milieu de tout, à l’endroit où les cœurs souffraient et les plaies s’ouvraient. La peur régnait dans chaque éclat d’écume ; la mort y insufflait son envie. Shurak restait impassible. Qu’importe que la tempête l’emportât, il n’avait guère plus de vie que d’espoir de renouer avec son passé, après tout.
Alors, la forme exsangue atterrit dans sa main. Et les oiseaux de mort filèrent en piqué sur le platin. Mais Devar avait retrouvé sa vraie nature, celle que les infâmes Sous-sols lui avaient dérobée.


« Cassez-vous. »

Le vol, un instant, s’immobilisa. Les regards se croisèrent ; l’ardeur de l’iris du platin vrillant les sombres pupilles de ses ennemis. Puis les corbeaux, enfin, fuirent. Autour, le tourbillon faisait toujours rage, et l’embarcation menaçait de céder sous la force des vagues.
Devar ouvrit alors son poing. Et sur sa paume reposait, palpitant, le cœur de Gabriel.


« Allez, gamin, réveille-toi, et retrouvons-la… notre envie de vivre. Mettons fin à ces Châtiments. »
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flamme
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Re: Les Châtiments

Message par flamme »

Un cri, un hurlement, vient arracher une âme à un corps froid et mort, un esprit éthéré qui ravit à la vie l’est aussi à la mort et dans ces lieux humides trouve son purgatoire.

La sensation ultime de ne rien ressentir, plus de peau sous mes doigts, plus de gout sous mes lèvres, même plus la chaleur d’une impossible fièvre, je ne suis que douleur ! Je ne suis plus que haine !
Entre les souvenirs, mon âme virevolte, ils défilent en vrac et le vent les emporte. Ils sont de chanvre et forment la corde qui me lie, qui entrave mes gestes et me retient ici.

De quoi est donc tissée cette étrange souffrance qui vrille un corps sans vie et une âme en errance ? Elle est faite d’amour, elle est faite d’espoir, mais lorsque mes mains s’ouvrent, j’y trouve les coupables, j’y trouve des morceaux de confiance trahie qui du sombre calice constitueront la lie.

Claire …..
L’âme tressaille, elle connait cette voix, elle connait sa douceur, ses accents impérieux et elle sait qu’il est enfin là, le porteur de lumière qui depuis si longtemps sommeille dans son cœur et qui patiemment attendait son heure.

- Il est temps, plus rien ne te retient ici, il faut passer le pas et rejoindre ma nuit car tu dois t’éloigner de toutes ces chimères qui torturent ton cœur et scarifient ton âme, prends donc ma main tendue et accompagne moi dans les plaines morbides de mon sombre domaine qui bientôt seront aussi les tiennes. Accomplie le pacte que nous avons scellé voici maintenant bien des années.
- Mon prince, je ne puis rejoindre tes enfers en emportant ma colère au fond du cœur ! Comment t’apporter la froide détermination que tu exige alors que je ne suis que passion ? Un volcan de douleur, un cœur qui crie vengeance ! Qui pleure d’avoir aimé l’infâme et d’avoir été payé en retour par la trahison et par le meurtre ! Les geôles de la confédération ne seront jamais assez sombres ni assez humides pour châtier Gabriel des crimes qu’il commit et des fausses accusations qu’il portât. Je serai son tourment et je dois rester là !
- Claire, petite Claire, frêle fleur dans le vent, au prince des enfers tu parles de tourment ? À l’ange déchu tu cries le châtiment ? De ces quelques notions je n’ai rien à apprendre, tout ceci n’est qu’un leurre.
Que sais-tu de tout ça toi ? Rien encore ! Crois tu que son tourment viendra des larmes de ton cœur ? Crois tu que son châtiment sera prononcé par quelques notables rageurs ?
Non Claire les choses ne sont pas ainsi faites !
Le vrai tourment est celui qu’on s’inflige à soi même, la vraie prison est celle dont on détient la clé, le vrai amour est celui qui sait pardonner et le vrai châtiment s’appelle la conscience et c’est ce qui, entre moi et les hommes, fait toute la différence.



Le sourire de l’ange inspirait de l’effroi pourtant l’esprit s’en rapprocha et la main blanche de Claire frôla celle de Lucifer …..
Qui n'entend qu'une cloche n'entend qu'un son

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Endymion
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Re: Les Châtiments

Message par Endymion »

Ce matin, tout était différent, le ciel, les odeurs, les couleurs. Je me levais pourtant comme tous les matins. J'errais, de long en large, suivant les murs de ma maisonnette. Le ciel était pâle et sans nuage, les fleurs restaient belles pourtant. Le jardin s'étendait loin vers l'horizon, je n'en percevais pas l'extrémité. A l'est, la limite de mon domaine, un lac, à l'ouest, une forêt.

Parfois, je me promenais emprunt d'une liberté sans borne. Le vent soufflait, les herbes se pliaient, les arbres gémissaient et mes cheveux s'emplissaient d'une fraicheur incroyable!! J'étais heureux, libre et heureux!

Je crois que ces moments n'auraient pas pu être plus parfait en rêve!

Mon domaine n'était pas réellement mon domaine, j'y partageais ma vie avec une femme, une femme riche et intelligente, belle et charmante, cultivée enfin une femme parfaite. Je l'aimais, elle m'aimait tout aussi fort! J'étais heureux, libre et heureux!! Sans cesse cette phrase me tournait dans la tête, je la tournais aussi dans tous les sens pour m'amuser et surtout pour ne pas l'oublier: "J'étais libre, libre et heureux! " ou encore "heureux et libre, j'étais heureux". Je ne l'oublierai pas.

Je souhaitais mourir, mourir pour ne pas oublier ces merveilleux moments, mourir pour partir heureux, libre et heureux. Et pourtant chaque jour, la date de cette échéance reculait.


- C'est dommage, me dis-je en me réveillant, que ce ne soit pas aujourd'hui.

Je me réveillais donc de ce songe merveilleux, je me retrouvais dans cette salle obscure, obscure et si petite...si petite que je ne pouvais pas même bouger, et le peu de lumière qui me parvenait,elle aussi, était agressive. Tout ici est agressif, la douleur seule et un réconfort, au moins on pense à autre chose et puis on se dit que c'est bientôt la fin, plus très longtemps à tenir... En même temps, j'aurai bien aimé continuer un peu se rêve, ce n'était peut-être qu'une illusion mais je m'y sentais bien! Pourquoi vouloir me priver de ça? Pourquoi? Pourquoi? Pourquoi? Si je le savais...on m'a dit un jour que c'était parce que je n'étais pas quelqu'un de bien et de civilisé, un barbare comme on m'a dit.

A peine suis-je réveillé que pourtant je dois me recoucher, le temps passe si vite lorsqu'on l'oubli...

Encore une fois, je me réveillais plein de sentiments libertaires, je regardais donc, comme à mon habitude, par la fenêtre mais je n'y voyais pas le ciel. C'était aujourd'hui. Aujourd'hui, pourquoi ne pouvais-je pas faire une dernière fois mon rêve merveilleux?

- Je VEUX faire MON rêve!!! Je VEUX mon rêve!


Je ne veux pas qu'aujourd'hui soit triste...Je voudrais tellement être encore libre et heureux! Pourquoi me torturer? N'est ce pas assez dur? Ne souffrirais-je pas assez? Mon âme n'est elle pas assez noircit par la conscience? Oh non pas la conscience du bien et du mal mais celle qui me dit que je ne suis plus libre ni heureux!! C'est elle, elle qui, de sa voix brailleuse et sans pudeur, clame haut et fort ma présence en ces cloisons! C'est une voix que d'autres m'ont obligé à entendre, je ne la connaissais pas avant! Je souffre, je souffre comme un rocher assailli par les vagues, des attaques violentes et répétées entrecoupées de douceur, de mon rêve!

- Debout, me cria le gardien, c'est fini pour toi, aujourd'hui tu y passes!!

Pourquoi? Pourquoi aujourd'hui, pourquoi pas hier? Hier j'avais fait mon rêve, hier j'étais libre, heureux et libre! On m'a attrapé par le bras, je me débat, je les conjure d'attendre encore un jour! D'attendre que je refasse mon rêve! Mais ils n'entendent rien! Je marche, je cours, je veux leur échapper, je saute, un mur, puis deux, puis la matraque, le noir. Un noir sonore, des voix...puis l'électricité, puis le noir, le noir obscure.

Heureux, heureux qui est libre!
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flamme
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Re: Les Châtiments

Message par flamme »

Et soudain la conscience de l’inutilité, le gouffre des doutes effacé, la douleur d’avoir fait souffrir l’autre monte aux yeux et les larmes se mêlent pour former l’océan de la vision platine.
Frêles esquifs dans les flots déchainés les âmes se cherchent, s’esquivent et s’intimident mais ne se quittent pas pour éviter le vide ou évitent le vide pour ne point se quitter, on ne sait dans quel sens il faut le décliner.
Préférer la douleur au néant et les mots deviennent tranchant, préférer la colère au silence et les phrases tombent comme des sentences. Sentences incomprises, sentences irraisonnées, qui ne sont que l’écho d’un passé de douceur où des cœurs s’effleuraient pour donner du bonheur.

Le ciel est noir d’orage et de sombres nuages y dessinent leur rage, roulant sous le souffle d’un vent dont les bourrasques pourraient aussi bien éteindre toute flamme plongeant ainsi le monde dans l’obscurité du refus et des portes fermées comme rallumer de terribles brasiers qui consumeraient le souvenir fugace de la complicité
C’est dans cet étrange pan de réalité qu’il lutte, l’équilibriste. Seul sur son fil, il ne veut pas chuter sous le souffle du vent, il scande son courage, sous la fureur des flots il s’accroche à la vie.
Car il n’a qu’une idée.
Surtout ne pas tomber !

Mais quelle étrange main a dessiné ce fil tendu là, au dessus d’une mer qui s’agite entrainant le radeau de l’officier Platin, seule voix qui s’élève pour damner le destin ?

Mais de quoi est-il fait cet être si fragile qui pendu à son fil tente de ne point chuter ?
Il est fait d’une main posée sur l’épaule d’une reine, il est fait des soupirs de deux corps enlacés, il est fait de rires qui s’entremêlent au son magique et délicat de la musique des mots et de l’habile jonglerie des idées.

Pour se donner le cœur de vaincre la tempête il cherche au fond de lui son unicité, son indivisibilité, son humanité et y trouve l’amour comme invincible amarre contre tous les courants, contre tous les tourments, il y trouve l’amour comme l’ultime phare de ce qui dans les cœurs peut encore compter.

Et là, il sait qu’il a gagné, contre elle, contre lui, il saura faire face, il saura faire fondre l’inacceptable glace, car il est l’une et l’autre et ne peut accepter que de tels sentiments restent foulés au pied.

Allez !! Réveillez vous ! Ne m’oubliez donc pas !
Je ne veux pas tomber !
Combattez vos démons; ravalez la fierté, ignorez la colère, laissez derrière vous ce qui n’est que chimères ! Elle est le je, il est le tu … et moi je suis le nous !!!!
Je ne veux pas tomber !!!!!
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Aschlan
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Re: Les Châtiments

Message par Aschlan »

Comme un regard de velours, un doux suintement timide, qui me frôle tel une caresse que le temps ne peut oublier… Je me souviens.

Je me remémore jadis où les souverains plus orateurs que guerriers tranchaient les mots plus que les corps, devenant ainsi les héros éphémères d‘un instant. Désormais leur image est écorchée comme broyée par une machine que le Grand Conseil appel justice. Alors je danse seul à l’ombre de mes souvenirs et en hommage à ces temps révolus. Je danse encore et toujours, bercé par les phares des lueurs d’éternelles aubes, je valse et tournoie à la manière d’une toupie libre comme un alizé et malgré ma prison de verre.

Mes secrets crépitent le soir au crépuscule de mes rêves, une fictive musique jouant le rôle de l’écuelle de mes larmes. Pendant que mes draps en haillons recouvrent mon être nu. De bergers nous sommes devenus loups, loups qu’ils pensent devoir abattre. La révolution gronde au-dedans de ces geôles, cependant nul n’ose venir porter en étendard leurs convictions. Un corps à corps subtile, dans lequel les murmures, plus encore que le phrasé, frétillent dans l’air. Une tension permanente, où chaque nuit devient l’expiation de leurs vies, de nos vies, de ma vie. Les jours se révèlent être l’apologie des macabres visions de ces Grands, durant lesquels la valse des condamnés rythment nos quotidiens aux heures effeuillés. Ces mises à mort qui s’enchaînent encore et toujours, telles les larmes des cieux qui tombent sans fin sur nos tristes sorts, reflètent quelque chose de banal, d’anodin. Oui c’est cela même! La mort est devenue vénielle dans nos cœurs humides. Certains pourtant la fuient au dehors, d’autres la cherchent encore, mais, nous, nous l’attendons. Notre destin se fait requiem, et moi je patiente écrasé par des certitudes bafouées et des rêves souillés. Je fus condamné pour avoir tenté d’en terminer avec ce qui restait de mes jours vidés, aspirés en un instant par l‘implacable… Ma femme et ma fille soufflées dans l’éternité, et moi… Je maudits ma destinée, et tente d’attiser la mort qui au contraire elle m’ignore! Pire, elle semble me contourner, me rejeter. Pourquoi?

Les mois passent et le silence devient notre langage, notre amant. Nos sens s‘effacent, nos forces se tarissent. La routine s’installe.

Et de file en aiguille, le sentiment pesant d’être une ombre devient de plus en plus insistant, si bien que je finis par en devenir une. C’est ainsi que du jour au lendemain, je développe certaines capacités… Étaient-elles en moi depuis longtemps? Est-ce un don? Le fruit d’une mutation? Je ne le sais. Néanmoins j’apprends à apprivoiser cette dématérialisation… en palpe les limites… Puis, après quelques semaines empiriques, les sce*ux du secret sur la maîtrise de mes facultés, sont décachetés, et je suis à même de les user comme bon me semble. Une pièce sombre étant suffisante pour que mon nouvel art s’exprime. Je peux traverser les murs, observer sans être vu. C’est ainsi qu’une coutume s’installe, lorsque la nuit recouvre de son mante*u les dernières lueurs de l‘aube, je pars à l’aventure hors de ma cellule…

Depuis quelques temps déjà, un prisonnier hante mon esprit, il ne ressemble à aucun autre.. Gabriel est son prénom. Il fait fi des lois établies, criant, hurlant ses sentiments, brisant ainsi ce silence d’or.

Je le regardais sans lui parler jusqu’à ce soir d’étain où dans sa cage un autre condamné lui tendit une main…

Le jeune garçon le fixe tout étonné, à demi frustré. Il semble perdu.

Je sais alors où se promènent ses songes... ceux-ci naviguent malgré lui vers le berce*u d’un Amour éteint. Cependant lui n’a point conscience qu’un fourbe dieu l’a trompé, gravant dans sa mémoire des souvenirs livides et factices.

Toi aussi Claire éveille-toi, et n’écoute point le patin qui veut jouer au marionnettiste, il se tient devant toi et se languit ta venue -proche?- au sein de son antre, toutes griffes acérées déployées. Laisse ton cœur te bercer de la mélodie de tes jeux interdits de jadis. Claire, Gabriel n’oubliez jamais l’éclat qui rayonnait de vos êtres, cette complicité tant jalousée et controversée, ce ballet exquis qui transpirait de vos deux âmes fusionnelles.


Oh oui, souvenez-vous…et gardez l'équilibre...


Alors que le garçon ouvrait la bouche pour répondre à son interlocuteur je décidai d’apparaître.

« Il est plus que temps de briser nos chaînes et scier ces barre*ux qui scarifient nos horizons! » m’exclamai-je.

C’est alors que d’un simple touché, le mur en pierres qui faisait face à la mer s’obscurcit, avant de se fondre totalement dans la nuit d’ébène qui régnait à cette heure de la soirée.

« Mes amis nous sommes libres, embrassons nos avenirs… »

« Ah j’allais presque oublié! Je me présente. Je suis Aschlan, enchanté de vous rencontrer… »


La première étape de leur périple débutait à peine…
"Les vertus se perdent dans l'intérêt, comme les fleuves dans la mer."

La Rochefoucault
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flamme
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Re: Les Châtiments

Message par flamme »

Tout c’était passé très vite …
La grande conseillère avait encore sa botte appuyée sur la face bleutée de sa prisonnière quand l’archimage entra suivi d’un escadron de gardes armés jusqu’aux dents. Les quelques personnes qui restaient encore dans le hall furent amenées dans les sous sol pour y être incarcérées.
C’est ainsi, qu’Hélissa, l’empathe polymorphe du Substratum se retrouva dans les geôles de la confédération.

Assise sur un vieux matelas posé à même le sol elle avait replié ses genoux et les avait entourés de ses bras. Son menton y reposait et elle était songeuse.

Elle recevait les diverses pensées de ceux qui vivaient emprisonnés par leurs songes, leurs souvenirs, leurs démons plus que par les murs épais suintant d’humidité. Des vagues amères de renoncement lui parvenaient de part et d’autre, comment rêver ? Comment espérer quand on a tout perdu en ces sombres murailles ?
Certains fermaient les yeux et vivaient dans le souvenir de jours heureux, d’autres s’inventaient des vies qu’ils n’auraient jamais dans une réalité qui ne leur appartenait plus. Nombreux étaient ceux qui revoyaient, encore et encore, ce qui les avait conduit à ce sombre destin.

L’esprit d’Hélissa effleurait les âmes avec douceur, elle grimaçait avec l’horreur et souffrait avec la douleur.

Soudain elle sursauta. Certains luttaient encore ! Désespérément comme si leur vie en dépendait ! Avec force et détermination ! Ils refusaient l’inéluctable et niaient que la réalité puisse les briser !

Il y avait encore de l’espoir en ces lieux et il s’insinuait comme une douce musique infiltrant les pensées les plus sombres, se jouant de l’amertume, épuisant la rancœur.

Les lèvres d’hélissa s’étirèrent en un sourire, au plus profond de ces lugubres sous sols, derrière les barreaux rouillés, dans l’ombre menaçante de cachots oubliés, la vie avait repris ses droits et pour certains un avenir se substituait à la désespérance.

Hélissa se releva et s’approcha des barreaux qui fermaient la minuscule geôle où elle croupissait depuis deux jours maintenant. Les voiles blancs qui couvraient sons corps androgyne étaient souillés de crasse.
De l’autre coté du couloir, dans la cellule d’en face, elle apercevait le corps étendu et immobile d’une jeune femme, presqu’une enfant.
Elle sentit que la jeune prisonnière luttait de toutes ses forces contre la mort, contre la vie, dans un combat paradoxal. Elle voulait mourir pour fuir l’atrocité de la réalité mais elle voulait vivre pour refuser d’y croire.
Le corps d’Hélissa sembla grandir, ses contours s’estomper perdant sa consistance l’étrange polymorphe contourna les barreaux en volutes lascives de fumée blanche pour se rematérialiser auprès de la jeune fille.
Elle s’accroupit et posa sa longue main fine sur le front glacial de l’enfant. Si Hélissa n’avait pas perçu le combat infernal que livrait la jeune fille, elle aurait pu la croire morte.

Je vais t’aider murmura-t-elle …

Et elle aida Claire à vaincre ses démons, tournoyant avec elle dans les méandres de son passé, triant le vrai du faux tristement imbriqués par la maline traitrise de ceux qui essayent de lui faire prendre les prétextes pour des motifs, les illusions pour la vérité, l’esclavage pour l’amour. Pour cela il fallut expurger la colère qui lui serrait le cœur et faire rejaillir cette petite flamme qui jamais ne s’était éteinte et qui ne s’éteindrait probablement jamais tant qu’il resterait un souffle de vie.

Hélissa poussa un soupir de soulagement quand elle vit naitre de la paupière de Claire, une larme qui roula lentement le long de sa tempe pour venir s’échouer dans ses cheveux blonds ternis par la poussière et l’incarcération.

Elle savait que la jeune femme venait de choisir la vie.
Claire ouvrit les yeux et promena un regard surpris sur l’étrange femme qui veillait son chevet, sur l’infâme prison où elle se retrouvait mais la surprise céda vite à l’angoisse et elle poussa un cri de terreur

GABRIEL !!!!!!

C’est à ce moment que se produisit le plus étrange phénomène qu’Hélissa n’ait jamais vu, les murs de la sombre prison, ces murs pourtant épais et infranchissables, semblèrent se dissoudre et n’être plus que fumée que déjà la brise pousse au loin.
Face à elle les remous de l’océan, fugace blancheur sous les reflets métalliques d’une lune pale. Tournant la tête vers la droite, elle aperçoit à quelques mètres de là, trois hommes dans la nuit.
Deux hommes, une femme et les deux jeunes gens savourant l’illusion d’une liberté dont on ne peut connaître la valeur que quand on l’a perdu.
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Kossnei
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Re: Les Châtiments

Message par Kossnei »

« Ah j'allais presque oublier ! Je me présente. Je suis Aschlan, enchanté de vous rencontrer… »

Shurak releva la tête. L'homme qui le dominait de son élégance, le berçant de son regarde envoûtant, n'était autre qu'Aschlan. Ainsi tout s'expliquait. Ils se connaissaient.

Un Croisé...


« Devar Shurak ? Cela fait bien des mois que nous ne nous étions croisés. Mais c'est bien le dernier endroit où je m'attendais à vous retrouver... », continua-t-il.

Le platin avait la gorge sèche. Antithèse difficile à ingérer, après avoir affronté les maux d'un enfant au cœur de l'océan déchaîné de son âme. Et pourtant, harassé, Devar ne pouvait plus dire mot. Il tenta bien de se lever, mais ses jambes flageolantes ne le portèrent guère plus d'une seconde. Il s'écroula au sol, et ses yeux n'eurent que le temps d'entrevoir le plafond si sale qu'ils connaissaient tant, avant qu'un voile sombre ne les couvre.


---

Shurak fut réveillé par une brise fraîche. Il regarda autour de lui. L'ombre, l'ennui et l'angoisse avaient disparu, il ne régnait alentour qu'une activité retenue des feuillus qui tour à tour frémissent et se balancent sous la force du vent ; allégorique calme des journées vertaniennes. L'air environnant, dont il brassait chaque mole, le platin en connaissait la saveur.

« L'Empire... Mon Empire. »

Mais alors qu'une once de déjà vu s'installait en son esprit, Devar eut la sensation d'être observé. avant d'en avoir pris conscience, les mots sortirent d'eux-mêmes :

— Y'en a un qui veut s'battre ici ?
— Allons, allons, personne ne te veut de mal, Devar
, lui répondit une voix.

L'officier se retourna et aperçut Kel'Zahra, qui avait surgi d'un buisson, toujours armé de son stoïcisme menaçant.


— Tiens, voisin, grommela Shurak, comment va, aujourd'hui ?

Chassant un insecte de son épaule, Kel' répliqua d'un ton cassant :

— Oh, tu sais ... ma vie, à moi, est idyllique, Ô divin Empereur Platin.
— Tagueule. Tu sais plus que quiconque que telle appellation n'enjoint que mon agacement.
— Hé hé, toujours aussi susceptible, à ce que je vois. Mais dis-moi, as-tu trouvé ta voie ?


Devar dégaina un coutelas de sa ceinture, et le pointa sur son opposant.

— Ne joue pas à cela avec moi, Kel'. Je te l'ai pourtant dit, je ne suis ni Kossnei, ni Platin. Aussi ...
— Aussi, je suis sûr que tu as appris de leurs erreurs. Et que tu es conscient, comme moi, de combien l'annihilation des ténèbres montantes est importante. Rappelle-toi, camarade... L'Armée Pourpre.
— Et ... ?
— Rappelle-toi la traîtrise, la félonie et l'intolérance face à notre altruisme. Imagine-toi l'intransigeance, et affuble-là de ce nom : l'Agrégation Idyllique. Qu'en dis-tu ?
— J'en dis que le peuple platin ne suivra que son général, et que son général lui-même ne saurait se trouver meilleur maître que l'Impératrice.
— Foutaises !
— "Casse-toi. Passe cette putain de frontière, et retourne donc crever sur le Mikanésia." C'est ce que je devrais te dire. Mais peut-être prendras-tu un petit quelque chose, cher voisin ?
— ... sans façon.


Et l'ombre s'éclipsa.

Devar le savait, il avait déjà vécu ce moment. Non pas une, mais bien deux ou trois fois. Et il tentait inlassablement de contraindre l'attitude qu'il eut alors à sa propre volonté, mais il savait que, si puissant qu'il fût, le Général Shurak ne pouvait agir sur les souvenirs. Sa vie en aurait pourtant été si belle...


---

— Shurak ! Shurak, allons, réveillez-vous !
— Hmm...


La douceur de l'environnement vertanien lui avait été arrachée. Il était à présent étendu sur le sol froid et humide de sa cellule, soutenu tant bien que mal par le gosse qu'il avait ramené à l'espoir quelques minutes auparavant.

— Il faut nous dépêcher. Le Grand Conseil a été prévenu, ils vont arriver d'une minute à l'autre !

Devar vacilla un instant, plongea son regard dans celui d'Aschlan, puis observa le jeune garçon qui venait de lui attrapait le bras et lui souriait timidement. Une douleur naissante s'installa en son cœur.

— Non, je... vous ne comprenez pas... Isan Aora, je ... je dois lui montrer.
— Il n'y a rien à montrer, il faut fuir ! Allons, Shurak...
— NON ! Prends le môme et casse-toi, moi je reste ici.


Aschlan semblait vouloir insister, mais un hurlement mit fin à la discussion.

— GABRIEL !!!!!!

Le garçon dont les Sous-sols avaient drainé la vie, celui-là même qui quelques instants auparavant s'agrippait si tenacement au bras de l'officier platin, venait de s'élancer comme une furie dans la direction d'où provenait le gémissement désormais incessant...

— Gabriel... aide-moi ! J...je...
— Claire !! J'arrive, tu m'entends ?! J'arrive !!!


... le jeune homme avait repris vie.

Dévalant les marches, manquant de glisser sur ce pavé-ci, trébuchant sur celui-là, Gabriel disparaissait peu à peu dans l'ombre.


— T'attends quoi, abruti ? Vas-y, j'te dis !

Aschlan se mordait la lèvre...

— J'ai un compte à régler, tu piges pas ça ? Allez, casse-toi j'te dis.

Implorant une dernière fois Shurak du regard, Aschlan capitula.

— Je comprends... Gardez espoir, Devar.
— J'y penserai. Va, et aide-le du mieux que tu peux.
— Je reviendrai...


Et il s'élança dans les ténèbres.

« Revenir ? Idiot, sors déjà d'ici en vie... » pensa Devar, avant de s'accroupir sur le sol qu'il devait ne plus quitter. « Nous n'avons pas tous la chance de pouvoir fuir. »

Les pas approchaient. Et le noir des cachots s'éclairait d'une teinte émeraude, tandis qu'une voix déjà annonçait :

— Grand Conseil, ne bougez plus ! Au moindre geste vous serez ...
— Ouais, c'est ça. Et si tu la fermais, Aora ?


Interloqué, le blond Conseiller ôta son chapeau aux couleurs de Vertana, et chercha des yeux la provenance des paroles qui venaient de lui être adressées. Quand il eut mis un visage sur les mots, il éclata de rire.

— Tiens donc, Shurak ! Je pensais bien que toi, un platin, tenterait l'évasion. Alors, dis-moi... Comment vas-tu, depuis que je t'ai enfermé ici ? D'ailleurs, tu as le bonjour de ma chère et tendre.

Un sort puissant s'échappa du corps du Grand Conseiller, et sa victime fut projeté contre le mur du fond de la cellule, avant d'être lacérée par cent lames.

— Mais tu sais que même un Platin n'a le droit de faire ce qu'il désire, n'est-ce pas ? Voilà ton châtiment pour aujourd'hui, Shurak.

Shurak, une fois libéré de l'étreinte magique, glissa doucement au sol ; mais ne frémit pas. Il ne frémirait plus... pas face à cet homme-là.
Essuyant le sang qui lui coulait des cheveux, il souffla :


— Tu diras à ta femme... Tu diras à Ethel...
— Hmm ? Je t'écoute.


Les yeux de Shurak vrillèrent ceux d'Isan Aora. Les deux hommes se regardèrent longuement et en silence, avant que le Grand Conseiller ne reforme les barreaux puis, se détournant, n'édicte :

« Devar Shurak, vous êtes un criminel, et vous avez récidivé, en tentant d'échapper à votre sort. Aussi vais-je, au nom du Conseil, étendre votre sanction à ... la peine capitale. La date de votre exécution vous sera communiquée prochainement. »

Et il rit. Il rit, si longtemps que Shurak l'entendit encore avant que la porte des Sous-sols ne se referme. L'issue qui menait à cette liberté que les prisonniers désiraient tant et par laquelle, Devar l'espérait, Aschlan et Gabriel s'étaient enfuis.
« Altea seit Ethel. Ton nom ne sera jamais oublié... » - Kami Raykovith
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flamme
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Re: Les Châtiments

Message par flamme »

Ouvrir les yeux, les écarquiller sur un rêve fugace de liberté, de murailles soufflées par la magie comme dans un rêve, voir l’horizon et le sublimer, le vouloir, le désirer comme un futur volé.

Revenir des Enfers pour étreindre la vie, pour remettre à sa juste place, ce qui lui fut ravi.
Mais qu’en attendre ? Que vaudra cet effort ? Faut-il donc tant faire pour racheter la mort inique ?

Les idées de Claire défilaient à la vitesse de la lumière dans son esprit à nouveau leste et vif, elle jaugeait la faiblesse et mesurait la lâcheté, la sienne, celle de l’autre.
Pourquoi se fatiguer à rêver ?
Les minutes, s’écoulent, s’égrainent et se dispersent en attente inutile, en occasion ratées et en futilités.
La peur, la panique incompressible de l’erreur, son évidence éclate en pluies écarlates souillant ses joues, son cœur, son être même.
Elle ferme les yeux pour un instant de rêve, un seul, juste un seul ….

Caresse satinée des draps sur nos peaux, sentiment paradoxal d’avoir failli et d’avoir réussi, émergence de la conscience au lendemain du sommeil, au lendemain de la mort sur les rives du néant.
Se réveiller enfin avec le vif sentiment d’exister, transcendé par la volonté, le désir et l’amour et avoir envie de lumière pour être, comme on a besoin de respirer pour vivre.
J’entends ta respiration, à la mienne synchrone, ton souffle doux contre ma joue fait frissonner ma peau, j’étire un à un mes muscles assoupis et j’ouvre enfin mes yeux qui plongent dans les tiens, s’y perdent, s’y noient, s’y abiment dans l’infini tourbillon d’une passion intacte.
Plus de maux, point de mot, ce sont les corps qui parlent l’universalité d’un langage amoureux, à la fois doux et fort, qui fusionnent les âmes dans un même soupir, dans un même plaisir.
Les mains glissent librement sur les corps qui s’étreignent, caressant, explorant et cherchant le frisson, écho de l’amour même, elles font monter la fièvre et nos lèvres se joignent pour gouter la passion qui monte et nous enflamme, endormant la raison.
Quand mon cœur bat plus vite, tes mains se font expertes et gagnant finement le galbe de mon sein me tirent des soupirs et font mon corps lascif contre le tien, abandonné dans un élan fantasque de sensualité.
Puisqu’il faut s’oublier pour ne penser qu’à l’autre et unir les plaisirs pour vouloir tout donner, de nos bouches exigeantes pouvoir se savourer et enfin voir portée à un doux paroxysme l’envie inégalée de ne former plus qu’un pour exploser ensemble dans cette pluie d’étoiles qui nous arrache un cri témoin de notre gloire.


Voilà donc le matin dont on avait rêvé, voici le lendemain qui n’est pas arrivé. Car tant de vie gâchées, de démons illusoires, ont fait de toi un terrible assassin et de moi un spectre froid privé de lendemains.

Et déjà les murailles se refermaient sur le rêve vain, sur l’attente essoufflée scellant le lourd destin de Claire, frêle fleur, veuve de ses demains.

La femme agenouillée derrière elle, l’étreignant de son bras posait sur ses cheveux un baiser qu’elle savait ultime, rien avant ce dernier acte d’amour ne lui avait paru si fort et elle su en sentant la lame s’enfoncer dans son dos, qu’elle recevait la mort de qui lui avait donné la vie et qu’elle allait rejoindre son destin légitime et dans un dernier souffle elle entendit le cri de celui qui tarda, de celui qui faillit.
Qui n'entend qu'une cloche n'entend qu'un son

J'ai un autocollant "Soulis 4ever" sur ma voiture depuis 1897 !
Verrouillé