L'illuvrai

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Endymion
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Inscription : 14 mars 2009, 11:31

L'illuvrai

Message par Endymion »

Le rideau s'ouvre sur la lune, la lumière pénètre dans la pièce noire de nuit.

- C'est l'espoir.

Le rideau est rouge, on n'en distingue que les franges qui se détachent du sol où elles trainent lamentablement posées comme des lianes qui n'ont pas de Tarzan.

- C'est la solitude.

La lune est pâle comme ce visage qui la scrute, qui l'épie. Elle...rit. Seule dans son univers d'étoiles, se moquant bien de ceux qui du bas de leur statue se prennent pour le soleil, pensant alors qu'à l'aube la lune meurt aussi, qui se rassurent à l'azur en voyant un rayon clamer haut leur couleur: "Non! Je ne suis pas un être pâle comme toi, Lune, je peux me vanter d'être de chair rose, d'yeux bleus, de sang rouge!" alors que la lune, elle, se moque de plus belle. Non, elle ne meurt pas, elle s'éloigne, profite un instant d'une distance certaine entre ce regard qui l'épie et sa frêle carapace de matière dont elle ne peut que partiellement, par interstice, par coupure pub, dissimuler l'éternelle beauté. Non, elle ne meurt pas, non elle ne s'éteint pas, elle coule dans l'horizon pour prendre son bain de clarté dans un autre coin de notre planète endormie. Et alors que nous nous trouvons soulagés de ne plus subir le lourd fardeau de la nuit, ce sacerdoce inéluctable qui encombre notre sommeil de cauchemars effrayants, la Lune, elle, rit. Elle nous voit nous éteindre, perdre ce privilège de la couleur, devenir tout pâle. Et nous ne comprenons pas que la lumière s'éteint quand la Lune s'en va. Heureusement, le soleil arrive tout en même temps pour sauver notre timide inconscience. Le danger ne guette plus lorsque Soleil est là. Ce bois, tout à l'heure pullulant de bêtes à cornes et dents acérées, devient une paisible promenade où un tel amène son fils, où un autre amène son chien. Pourtant, rien n'a changé, les bêtes sont toujours là.

- L'évidence.

Sans encombre, le visage scrute à travers la fenêtre, un temps bien dégagé, pas un nuage, une perle de pluie pourtant jonche la vitre comme un cadavre oublié, elle rampe le long de ce champs de bataille. Il l'essuie du bord de sa manche. Elle imbibe le tissu mais...personne ne la voit se débattre, essayer de s'étendre pour sortir de ce piège mortel. Non, perle de pluie, tu ne rejoindras pas le sol boueux, non, tu ne revoleras plus à travers les nuages sous ta forme d'ether.
Les yeux sont rivés sur quelque chose, là haut. Une étoile bleue, un scintillement coloré qui s'applique à refléter, à ce moment même, ses rayons dans les yeux du visage qui le scrute. Comme volontaire, comme ciblé, le visage se sent à son tour scruté. Il rougit presque de se savoir vu, il comprend maintenant ce que ressent la lune, tous les soirs mis à nue par un regard sans pudeur qui se pose sur sa calotte nue. Quelqu'un, quelques uns... qui sait combien de millénaires nous contemplent? On sait désormais, depuis des lustres même, qu'en regardant dans l'espace, c'est le passé que l'on observe.

- Qui vois-je?

Le visage s'avance, à travers l'absolu transparence du verre, il regarde son passé, si sombre. Il y voit un ancêtre, non, une étoile. Comme un visage qui se dessinent, c'est une constellation. Le visage se recule subitement, atteint par un projectile, de l'air, de l'air frais et doux. Pour la première fois, le visage a froid. Il sent sa peau se refermer, comme une fleur de soie fine. Puis la brise, douce et caline, s'estompe ou peut être le visage s'y est il juste habitué. C'est une sensation qu'il regrette déjà. Il regarde à nouveau dans le ciel, dans son passé, dans les étoiles. Il voit se firmament, où tout semble plat, où tout semble avoir été dessiné. Est ce son esprit qui a placé ces points de lumière blanche? Pourquoi tout autour de lui? Comme l'épicentre d'un phénomène somptueux, il se dresse soudain de sa position assise à une position d'homme, debout, sur ses deux pieds, deux jambes, soutenu par la pierre de sa rotule qui articule majestueusement son corps artistiquement sculpté par...la maladie qui, comme pour lui rappeler l'humilité envers ces cieux qu'il a cru maitrisé, le force a s'agenouiller soudainement, dans un mouvement pourtant lent et entrecoupé de pause contre lequel il lutte en s'agrippant au rideau rouge dont les franges trainent à terre comme deux serpents dorées prêt à mordre. Dans l'obscurité, l'homme se tient, tête vers le sol, trop fatigué pour à nouveau lever la tête vers ce qui est son passé. Il regarde à nouveau la terre, son futur?

- L'abysse.

Il regarde ses mains à nouveau recouverte par l'absolu noirceur de l'ombre. Que reste t-il de son être alors que la lumière le fuit encore. La fenêtre est fermée, personne ne peut fuir de sa geôle, il est prisonnier du temps qui avance et qui le ronge, ses rides sont de profondes vallées où pleurent les enfants qu'il a oublié d'être, son visage est marqué par une fatigue intense qui lui détruit ses rêves. Il n'y a plus d'homme, l'homme s'en va, ses paupières ne se ferment pas, il est dans un sommeil éternel, il oublie de respirer, son corps se couche à terre.

- Délivrance?

Du visage, l'on ne voit que la bouche, à peine éclairée par l'entrebâillement de la fenêtre, un sourire dessiné et des lèvres gercées, du visage il ne reste que ca, comme un ultime pied de nez à la réalité.
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