Evasion

Tout le role-play qui ne rentre dans aucune autre catégorie

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Lilou
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Evasion

Message par Lilou »

Un effort, encore.

Une voix? Qui me parle ?

C’est bon j’ai lâché le contact, laisse tomber.

Le contact ?

Ok, je lâche aussi. Si on continue à progresser aussi peu vite tu sais ce qui nous attend pourtant !

Mais de quoi parlent ces gens?

Regarde là bien c'te gamine, on en fait de la purée de son cerveau si tu veux mon avis. Mieux vaut attendre demain qu’elle reprenne un peu de consistance mentale.

C’est de moi dont il s’agit ?

Elle est bien mignonne cette petite, c’est dommage de ne pas en profiter un peu de temps en temps...

Peuh ! Bon allez viens on dégage! Tu te ferais fusiller crétin.

Des bruits de pas qui s’éloignent… Je tente d’ouvrir les yeux mais sans succès. Mes paupières sont bien trop lourdes. Une porte coulisse doucement et se ferme dans un « clap » sonore à quelques distances… et le silence s’installe.

Qui suis-je ? Où suis-je ? Qu’est-ce que je fais ici ? J’ai envie de crier mes questionnements à la terre entière, mais pour l’instant seuls quelques murmures inaudibles sortent de ma bouche asséchée.

Je prends petit à petit conscience de mon corps. Mes doigts bougent difficilement, mes poignets me font souffrir atrocement, mes mains sont ligotées dans mon dos face à une surface rugueuse. Je comprends petit à petit que c’est cette seule attache qui m’empêche de m’affaler au sol.

Mon esprit descend peu à peu vers le bas de mon corps, je suis assise, pieds devant, eux aussi attachés entre eux, et nues. Je ne sens presque pas ce que je porte en fait. Suis-je entièrement nue ? Non je sens qu’un léger tissu me couvre la peau… et… quelque chose de glacé à mon cou… comme un anneau trop serré…

Un léger mouvement de tête pour essayer de me redresser me fait vite me rendre compte que je n’ai même pas la force pour la maintenir sur mes épaules. Ma tête s'affale, menton en premier, vers ma poitrine et ma chevelure vient me recouvrir le visage en grande partie, masquant le peu de lumière que je pouvais percevoir de derrière mes paupières.

Pourquoi ?

Une larme coule le long de mon visage depuis mes yeux fermés, réchauffant un peu son parcours. J’ai si froid…

Pourquoi font-ils cela ?
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Lilou
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Re: Evasion

Message par Lilou »

Mais qu’est-ce que ?!

Je me réveille en sursaut. Quelqu’un face à moi me verse de l’eau sur le visage depuis un verre.

Oh Bonjour n°122 ! Désolé, mais ça me faisait de la peine de voir un si beau visage aussi souillé par la poussière.

L’homme qui se trouve penché face à moi me dévisage en souriant bienveillamment de derrière de larges lunettes rondes d’où se reflète la lumière des néons du plafond. Petite moustache peu épaisse, cheveux courts et châtains avec un léger côté ébouriffé, des yeux bruns et perçants, je lui trouve alors un petit côté « fils à papa » bien qu’il semble être assez simple dans sa tenue en chemise et blouse.

Je lui rends un regard noir après avoir cligné plusieurs fois des yeux pour en chasser l’eau et les réadapter à la lumière ambiante. Derrière lui, une demi-douzaine d’hommes en longues robes se tient droit en m’observant.

Alors ?, poursuit l’homme qui me fait face, on m’a dit que tu avais fini ta petite grêve de la faim depuis quelques jours ? C’est une bonne chose ça ! Tes paramètres montrent que tu reprends des forces et puis si tu veux mon avis, la maigreur est un style bien désuet de nos jours ! ahah ! Sans vouloir te manquer de respect ma chère, ne prends pas un air si vilain!

C’est bien facile de me parler de respect alors que je suis attachée…

Oh… oui, où avais-je la tête…,me dit simplement l’homme en détachant un couteau tout blanc de sa ceinture.

Voyant que je suis en train de lorgner sur son arme avec insistance il me dresse un sourire amusé.

Il est beau pas vrai ? Céramique ! Un très beau modèle ! Je t’en ferai peut-être cadeau si tu coopères comme il faut, allé laisse-toi faire un instant et ne fait pas de bêtise, on n’a pas tellement de temps.

En quelques entailles l’instrument à raison des liens qui me nouent les mains et les pieds. Je me masse frénétiquement aussitôt libérée. Ça fait beaucoup de bien de pouvoir bouger plus librement.

Des milliers de questions m’assaillent, c’est extrêmement difficile de formuler de façon courte mes interrogations dans un tel tourbillon d’idées.

Qui êtes-vous ? Pourquoi me retenez-vous ici ?Et… qui suis-je monsieur ?

Le sourire de mon interlocuteur s’illumine d’autant plus à mes interrogations.

Fascinant ! Alors tu as vraiment tout oublié ?... et tu m’appelles « Monsieur » ? Seconde chose tout à fait fascinante ! Ahah !

Son sourire charmeur cesse un court instant tandis qu’il prend un air qui me parait faussement désolé.

Si seulement j’étais sûr que cet effet de trouble mémoriel sera stable dans le temps cela aurait simplifié bien des choses ! Mais bon tu connais les militaires, enfin… peut-être moins maintenant… leur côté binaire est des plus exaspérant ! Un bon militaire est un militaire con je le dis souvent, et dieu qu’il y a de « bons » militaires!

Cet homme semble être une vraie piplette une fois lancé. Je le laisse pourtant parler sans le couper. Friande de tout ce que je peux apprendre de lui.

Je me nomme Calvados, je suis le chef de l’unité de recherche de notre pays ! Enfin le « capitaine » comme ils m’appellent. Tu t’en souviendras probablement un jour où l’autre ça fait pas mal de temps que je te suis tu sais ? Entre "non-déserticains" je sentais souvent qu’on avait un bon feeling tous deux... ma volcano me manque parfois !

Non je n’en sais rien à vrai dire. Mis à part une vague sensation de déjà vu c’est le trou noir dans mon esprit concernant ce « Calvados ».

Et pourquoi suis-je dans cette position si nous nous connaissons tant « Capitaine » ?

Tandis que je pose cette question j’en profite pour essayer de me relever, un peu titubante, j’arrive à faire quelques pas au milieu de ma salle de captivité. Les six autres observateurs se crispent tous dans un même mouvement, près à agir. La tension est palpable.

Oh disons que tu es un élément qui nous est très précieux jeune fille, mais que même si ton côté rebelle en ferait craquer plus d’un, ce n’est pas tellement le jeu de la maison... Tu sais le côté binaire des militaires dont je te parlais à l’instant : obéis/obéis pas, fiable/pas fiable, bon soldat/mauvais soldat, allié/ennemi… tu saisis ? J’ai fondé beaucoup d’espoir sur toi tu sais... aussi à tes premiers revirements j’ai pu convaincre les boss de tenter une approche plus… coercitive.

D’un mouvement de main il désigne ses coéquipiers.

Des envoûteurs si tu préfères. Ca a marché un temps, tu nous as éblouis à nouveau plusieurs fois, mais tu es devenue une nouvelle fois… peu fiable par la suite... On a essayé de forcer le passage de ton esprit, un peu trop peut-être… et nous voilà.

Je ne me souviens de rien… vraiment ! Que me faisiez-vous faire pour que je refuse, lutte et m’affâme à ce point ?!

Des larmes de peur et de colère me montent peu à peu aux yeux. Etait-ce moi la monstruosité ou bien eux ?

Oh, tu sais un état comme celui-là que nous servons ne manque pas de petites affaires à régler… Mais nous verrons ça plus tard. Comme je te le disais nous allons être un peu pris de court, aujourd’hui est le jour d’un ultime test qui va sceller ton sort.

Il me montre son cou d’une main et désigne de son autre main l’ épais collier qui enserre mon propre cou comme dans un étau. Je porte mes mains à lui, c’est comme s’il est incrusté dans ma peau.

C’est le même principe que les montres à nos bras, me dit-il en me montrant la sienne et en désignant celles de ceux qui l’accompagnaient. Jolies hein ? Mon équipe à eu spécialement une nouvelle génération de montre ! Mais je m’égare !

Bon toi tu n’en as plus actuellement, tu l’as tirée, ancien modèle tout ça… mais on t’en remettra une sous peu !, se reprend-il.

Ton collier est une de mes dernières inventions : un catalyseur de mana portatif ! Tu devenais résistante aux envoûtements, on a d’abord essayé d’augmenter le nombre de mages t’influençant, mais trop d'envoûteurs sur un même esprit rendent plus infirme mental qu’autre chose. Un peu comme un programme dont une horde de bidouilleurs essayent de modifier le code si tu veux. Chacun à sa façon de faire, son idée sur la question, chacun avec son écriture… ça devient vite illisible et bourré de beug, jusqu’à ce qu’un écran tout noir apparaisse à la place du logiciel comme pour toi... Et bien mon approche théorique est d’augmenter l’influence qu’exerce sur toi un nombre limité d'envoûteurs grâce à ce collier. De reprendre le contrôle tout en ne brisant que ta volonté et pas l’esprit entier! Bon hein ? Je m’applaudis moi-même parfois ! ahah !

Il fait une légère pause après cette déclaration, comme pour savourer ses propres paroles.

Les yeux rougis je lui jette un regard amer, prête à bondir sur lui.

Pourquoi ? Pourquoi me faites-vous subir tout ça ?!

Je te l’ai dit, tu es une pièce prometteuse, dont on voudrait éviter de se passer si possible. Mais nous serons fixés bien assez tôt. Notre commandeur étant en voyage diplomatique avec le premier officier depuis plusieurs jours, c’est la capitaine Thibarine qui dirige la cité actuellement. Et tu sais, militaire, binaire, tout ça… J’ai repoussé l’échéance tant que j’ai pu mais si le test échoue ce jour, on baissera les bras ma chère… Mais je suis assez confiant en ma création même en ayant travaillé à la va-vite rassure-toi !

Je regarde partout, affolée. Ces révélations ne m’ont décidément que plus troublée encore… Un moyen de partir vite ! Une seule porte de sortie semble se profiler, derrière ces hommes. Mais elle semble bien verrouillée…Une idée, une idée ! Allé ! Mais comment se fait-il qu’ils me craignent autant, mis à part Calvados qui semble imperturbable avec son sourire en coin, les autres tremblent bien qu’ils soient mages si j’ai bien compris… Ai-je un pouvoir ? Des facultés de soldates inhabituelles ? Qui suis-je ?...Ou QUE suis-je?

Je recule de plus en plus vers le fond de la salle, marchant pieds nus sur d’épais pavés. Calvados semble s’être désintéressé de moi et en pleine discussion avec quelqu’un au bout d’une oreillette.

Rho faites-la attendre cette furie ! Et pas d’armes conventionnelles dans cette pièce vous m’avez compris ?! Je m’en contrefous de son avis ! Mettez ses soldats à poil s’il le faut mais AU-CUNE arme ! Et QUE ceux pourvus de la dernière génération de montres, je suis catégorique. C’est MON secteur, MA juridiction.

Je touche le mur au fond, une peinture métallisée cache un mur fait de lourdes pierres. Trop épais, impossible d'espérer sortir par là…

A quelques mètres Calvados semble éteindre son communicateur et me dévisage sans mot dire de derrière ses lunettes étincelantes sous l’angulation de l’éclairage sans que je puisse voir ses yeux.

Tu vas nous éblouir, ma chère n°122, j’en suis persuadé. Tu es si belle baignée de sang …
Dernière modification par Lilou le 12 oct. 2015, 18:10, modifié 2 fois.
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Lilou
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Re: Evasion

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Les portes s’ouvrent à l’entrée de la salle. Une petite nuée de soldats en beaux uniformes se déploie bientôt tandis que cet homme qui s’est présenté à moi il y a quelques instants comme le capitaine Calvados détourne son regard de moi et va les inspecter.

Bon, ça ira, maintenez vos jouets à bonne distance et laissez mon équipe gérer ce qui vous dépasse, enfin le plus gros du test en fait !ahah

Une silhouette sort de l'ombre de la porte, se démarquant des autres par sa tenue d'officier supérieure.

Tu aurais pu faire une entrée un peu plus soft Thibarine. Je te reconnais bien là. Avions nous besoin de tant de monde?

Capitaine, je te pris. Et ta commandante pour l’heure je te rappelle, alors laisse moi superviser la chose comme je l'entends.

Une femme mûre et forte, le regard implacable, mais un œil caché par une longue frange arrive bientôt dans la pièce. Tous ses hommes se mettent aussitôt au garde à vous. D’une main elle sort un long cigare d’une de ses poches avants, de l’autre un briquet dont elle se sert immédiatement. Un nuage de fumée l’enveloppe bientôt tandis que je sens son regard lourd et méfiant se poser sur moi.

Ton cobaye j’imagine ? Elle a l’air un peu pathétique vue d’ici. Je m’attendais à plus… impressionnant.

Un nouveau jet de fumée s’échappe de sa bouche tandis que je me retiens de lui lancer mille injures. Mais je dois bien admettre que j'ai l'air bien pathétique ainsi couverte d'un faible tissu en lambeau, pieds-nues, pas lavée depuis je ne sais combien de jours, et petit bout de femme faiblard que je suis. En fait, la nouvelle arrivante me fait un peu peur. Tout d’elle montre une autorité sans borne et une détermination, non pas enflammée comme Calvados, mais froide et glaciale...

Calvados reporte à son tour son attention sur moi avec un large sourire qui découvre des dents d’une blancheur éclatante.

Oh ma n°122 ne nous décevra pas aujourd’hui je le sais !

Mais que veulent-ils de moi ?

Nous verrons bien, lâche un peu lasse la capitaine Thibarine. Commençons donc.

Oui, allons-y, dit simplement Calvados.

Je m’adosse au mur froid du fond de la salle pour rester le plus loin possible d’eux. Mes jambes tremblent sous la pression, comme mes mains que je porte à mon visage. Je ne sais rien faire, je ne peux rien faire, je ne sais plus rien de moi… Qu’ils me laissent, qu’ils s’en aillent ! Arrêtez de me tourmenter ainsi !

Claquement de mains de la part de la femme officier en face, aussitôt de nouveaux soldats entrent suivis de deux colonnes de six prisonniers chacune, lesquels sont en haillons comme moi, les yeux bandés, un tissu dans la bouche pour ne dire mot, et attachés entre eux comme des animaux.

Ils les font bientôt s’asseoir à genoux, parfois à coups de crosse .

Arrêtez ! Vous êtes des monstres !

Les larmes reviennent humidifier mes yeux et coulent bientôt le long de mes joues. Ça ne va pas du tout, que veulent-ils faire ?! Il faudrait que je sois plus forte que ça, je voudrais tous les sauver…

Bientôt deux autres hommes, deux nouveaux mages vue leur tenue, arrivent à leur tour portant ce qui semble être un lourd coffret sculpté en bois. Ils viennent le déposer au centre de la pièce. Calvados me fait signe d’approcher tout en allant ouvrir le dit coffret.


Approche ma chère, approche !

Je refuse de prime abord, consciente d’être observé dans cette grande salle de captivité par pas moins d’une trentaine d’hommes.

Je… Je ne suis pas un cobaye, ni une attraction de foire, laissez-moi… laissez-nous partir.

Oh mais je suis sûr que ce qu’il y a là-dedans ne manquera pas de susciter ton intérêt. Approche ma belle n°122, peut-être les voir te rappellera des souvenirs qui sait ?! Héhé , me tente Calvados.

Si ça ne va pas assez vite j’irai la trainer moi-même jusqu’ici, commente simplement la capitaine Thibarine non loin derrière, son cigare incandescent toujours en bouche.

Je… je viens.

La peur, mais aussi la curiosité je dois l’avouer, me font bouger. Toujours tremblante sous l’émotion, mes pas me portent. Peu à peu je me rapproche du centre de la pièce où se situe le coffret. Je sens le regard intéressé et pétillant de Calvados posé sur moi tandis que mes yeux arrivent enfin à voir le contenu du coffret.

Trois légères boules argentées, de quelques centimètres de diamètre seulement chacune, toutes identiques, se tiennent là par-dessus un tissu semblable à de la soie.

Qu’est-ce que c’est ?

Non rien ne me revient. Les avais-je vraiment déjà vu ces objets si étranges ?

Du crisacier ma chère, un métal extrêmement rare et prisé. Les connaisseurs te le diront, mais pour l’heure crois-moi sur parole, ceux-ci sont totalement purs, je te laisse imaginer leur valeur. Elles t’appartiennent tu sais ?

Je les contemple : elles sont magnifiques, totalement lisses, sans rayures, mon visage un peu déformé se reflète dans chacune d’elle. Je leur trouve un côté fascinant en fait. Sont-elles réellement à moi ? Qu’en ferai-je ?

Calvados semble un peu déçu de mon absence de réaction mais bientôt il détache un petit boitier d'une des poches de sa blouse et m’affiche à nouveau un large sourire avant de se relever.


Commençons donc ma chère et belle n°122. Ça risque d’être intéressant.

Se relevant, son sourire devint plus amer et il va donner le boitier, qu’il a saisi à l’instant, au capitaine Thibarine.

Je n’en aurais pas le cœur si cela tourne au vinaigre. Je te laisse ça Madame la Capitaine.

La femme au cigare s’en saisit immédiatement, et m’adresse un regard remplit de mépris.

Tu sais ce que c’est petite?

Je fais non de la tête.

C’est un détonateur, on a pris soin de munir ton collier d’une jolie sécurité en plus de sa fonction première : un mouvement de travers, un écart dans le protocole, et ton joli minois volera dans toute la pièce, compris ?

Mais je ne sais même pas ce que je dois faire…

Oh mais tu vas le savoir bien assez tôt. Sergent !

Les deux lignes de prisonniers entrées tout à l'heure se font face assis à genoux non loin de moi. Douze personnes, hommes et femmes immobiles et forcés au silence depuis leur arrivée. Des soldats se rapprochent et lèvent leurs armes vers la nuque d’une des deux colonnes des prisonniers présents. Je sens l’effroi monter en moi.

Que ?! Arrêtez ça ! Je ferais tout ce que vous voudrez mais arrêt…

Des coups de feux fusent et cachent la fin de mes paroles, la moitié des prisonniers se retrouve bientôt à terre baignant dans son sang, les six autres prisonniers encore en vie écoutent et tremblent. Ils se savent, je le sens, tout comme moi, depuis longtemps plus maîtres de leur vie.

Je sanglote sans savoir que faire. Je n’avais pas eu le temps d’esquisser un mouvement. Ils sont morts, mais morts pourquoi ? Pour moi ? C’est idiot ! Je ne suis qu’une idiote. Fallait-il que j’arrête le temps ou les lasers pour éviter ça ?

La voix de Calvados porte bientôt au-dessus du silence après cette courte tempête de flammes et de sang :

Bien, après ces préparatifs nous pouvons entrer dans le vif du sujet messieurs : soldats reculez, envoûteurs c’est à vous.
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Lilou
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Re: Evasion

Message par Lilou »

Ci-tôt l’ordre de Calvados émit, ses envoûteurs commencent à psalmodier en se plaçant autour de moi tout en gardant néanmoins leurs distances.
Le collier autour de mon cou devient dès lors brûlant, me donnant l’impression qu’on me brûle la peau et la chair sur tout son pourtour. La douleur devient vite insupportable, je tombe à genoux et ferme les yeux dans un cri de souffrance.


Je les réouvre enfin après un temps. La douleur s’estompe petit à petit, mais je m’aperçois que je ne suis plus dans ma pièce de captivité mais maintenant dans un long couloir d’un blanc pur, similaire à ceux d’une navette spatiale médicale. Je porte les mains à mon cou pour le masser tandis que la douleur finit par n’être que lointaine.

Tiens, le collier n’est plus là ?

Combien de temps s’est passé depuis cet étrange « test » que Calvados m’avait fait mener ? Aucun souvenir de la fin de cet épisode… le trou noir… encore.

Bon ben… retour à la case départ !

Le couloir dans lequel je me trouve semble extrêmement long quand je jette un œil droit devant, mais là-bas à plusieurs dizaines de mètres semble se dessiner une porte ou un sas d’entrée. Je jette un coup d’œil derrière moi, le couloir s’y sépare en différents dédalles, et la lumière semble se raréfier au fur et à mesure que mon regard porte au loin.

Bon faisons simple, je vais continuer tout droit ! Voyons voir si je trouve un plan dans cette pièce au fond…

Le silence alentours est perturbant, je n’entends que le bruit de mes pieds-nus sur ce sol aseptique. Aucun vitrage le long des murs, aucune fenêtre pour me faire dire si je suis dans un bâtiment terrestre ou aérospatial.

J’arrive, après une longue ligne droite, devant l’entrée que j’avais vue. La porte s’ouvre à mon approche, remontant dans un léger sifflement vers le plafond. J’hésite un moment, puis rentre dans une pièce large et immense dans sa profondeur, elle aussi d’un blanc immaculée et… totalement vide de premier abord. Ça m’en donne le vertige.

Je m’avance doucement, la porte se referme derrière moi. Prise au piège ? Les différentes parties de la pièce semblent s’éclairer un peu plus à chacun de mes pas.

Un bruit strident provenant du fond de la pièce parvient à mes oreilles .Il se répète, pas très fort mais il me parait terriblement angoissant. Je me décide pourtant et continue à avancer. Bientôt je distingue plus loin devant moi d’étranges créatures ramper au sol autour d’un corps. Elles ne semblent pas s’intéresser à moi.

Ces créatures noires contrastent tout à fait avec la blancheur de la pièce. Plus je me rapproche et plus je les distingue clairement. De grosses et monstrueuses araignées, six en tout, ayant toutes la taille d’un gros chien. Elles se déplacent peu mais émettent toutes les petits bruits stridents que j’entendais à l’instant. Toutes sont reliées au corps d’une jeune femme, ou plutôt la maintiennent prisonnière, via un épais fil de soie qui part de leur abdomen.

La femme au centre me tourne le dos. Elle est entièrement nue, à quatre pattes au sol. De longs cheveux d’un noir de jais lui tombent jusque dans le bas des omoplates. Elle semble souffrir mais ne dit mot, je vois pourtant qu’elle bouge un peu mais difficilement, et qu’elle soulève sa poitrine de façon ample et rapide pour respirer.

Je regarde autour, rien pour me défendre, aucun objet… Il faut pourtant bien que j’intervienne je ne peux pas la laisser comme ça se faire dévorer par ses immondes créatures qui la jaugent sans me prêter attention. D’autant plus que si elle était la dernière survivante sur ce vaisseau ou quoique ce soit, elle pourrait me renseigner…

Je me rapproche en tentant de faire le tour pour entrer dans son champ de vision. Les créatures continuent de m’ignorer… Comment peuvent-elles ne pas m’avoir repérée ? Je m’approche, encore un peu plus, face à cette jeune captive je me rends compte qu’elle murmure quelque chose de ses lèvres sans qu’aucun son n’en sorte. Je tente de la relever, m’étonnant du peu de réaction des araignées autour. Son regard ambré croise le mien et je sursaute. Comment est-ce possible ?! Les deux araignées les plus proches de moi lâchent un cri strident en faisant enfin attention à moi et montrent leurs larges mandibules semblables à des crocs. Je recule sous la surprise sans savoir que faire, trébuche en m’emmêlant les pieds et tombe sur les fesses. Les araignées reprennent alors leur place autour de l’autre jeune femme… L’autre… moi.

Une voix neutre s’élève dans mon dos.

Essayer de la libérer comme cela est voué à l’échec. Tu t’en doutes pourtant ?

Je tourne la tête à toute vitesse.

C’est la voix d’un homme, lequel semble à première vu se désintéresser totalement de moi. Derrière à quelques mètres, il semble concentré sur un large écran plasma qui diffusait un programme encore crypté. A cet instant, bien qu’une demi-douzaine d’araignées mutantes sorties de je ne sais quel film d’horreur sont à quelques pas de moi, c’est cet homme qui m’inspire autant peur que fascination.

Je me relève et m’approche prudemment de lui. Il semble assez athlétique d’allure et grand de quelques centimètres de plus que moi : dans les un mètre quatre-vingt je dirais, vêtu d’une tenue de voyage d’un gris foncé abimée par le temps et assez large, recouverte par une cape mais laissant distinguer clairement un holster pour pistolet ou revolver à une de ses cuisses et une dague à l’autre, il faudra m’en méfier... Une capuche lui recouvre les cheveux et une partie du visage.

Qui êtes-vous et comment êtes-vous arrivé ici ? Il n’y avait personne à cette place il y a un instant, je l’aurais vu !

Il se contente de m’ignorer, concentré sur l’écran devant lui qui se met à afficher des images de moins en moins floutées. J’en profite pour m’approcher voir ce qu’il fait et… voir son visage de derrière sa capuche.

Je distingue bientôt une chevelure blonde et raide, ni courte ni longue, un peu ébouriffée de dessous son vêtement ainsi qu’un visage ferme et tiré par de nombreuses expériences. Ses yeux couleurs saphir océan se détournent bientôt vers moi et son regard me perce de part en part. Je ne saurais dire pourquoi : peut-être puisque de toute façon je ne représente pour lui pas une grande menace, ou peut-être ce sentiment de déjà vu… mais j’ai dans l’idée que cet homme ne me fera rien de mal en cet instant.

On se connait, ou du moins on s’est déjà vu… non ? Je ne sais plus rien. Mon passé ancien comme proche est si flou dans ma tête…
Après un moment à me scruter il prend enfin à nouveau la parole.


Suis-je flou ?

Euh, c’est qu’il me prend un peu au dépourvu avec ses questions douteuses celui-là.

Ben… non je vous vois bien…

Il reporte son regard sur l’écran où se dessine maintenant une sombre scène mais mon attention reste portée sur lui. Un déclic soudain :

Êtes-vous… réel ? Est-ce que tout ça est réel ?

Autant qu’un rêve ou un songe, me répond-il simplement.

Déboussolée par ce qu’il vient de me dire je laisse mon regard dans le vide devant l’écran où est projeté une scène bien familière.

Mais c’est moi ! J’étais dans cette salle là à l’écran juste avant de perdre connaissance !

Je me vois en effet. Debout dans cette autre pièce, entourée envoûteurs et de dizaines de soldats. Je me concentre un peu plus sur la scène, telle une bande sans son qui passe dans cette pièce ou le silence est à peine troublé par le bruit strident et dérangeant des araignées derrière nous.

Mais cette fille là qui est moi à l’écran ne me ressemble pas dans sa tenue, elle se tient debout, droite, fait de légers mouvements de main. Bientôt les trois boules de cristacier qu’avait amenées Calavados roulent hors de leur coffret et viennent tourner autour du moi de cette vidéo avant de s’élever doucement dans les airs en tourbillonnant.

Est-ce une vidéo qui a été prise lorsque j’ai vécu ça ? Est-ce ce qui s’est passé après que j’ai perdu conscience ?

Le regard de l’homme blond se reporte vers moi et son regard me perce à nouveau, semblant guetter mes réactions.

Non.

Je me sens soulagé. Mais comment-est ce possible ?

C’est ce qui se passe, en ce moment.

Il montre du doigt la jeune femme attachée par les fils de soie derrière moi.

C’est ce que tu fais, ou du moins ce qu’ils te font faire.

La panique m’envahit aussi bien qu’une multitude d’interrogations.

C’est moi qui arrive à soulever ces boules d’acier ? Mais comment ? Je ne me souviens même pas comment pratiquer la magie, si tant est que je ne l’ai jamais pratiqué !

Et pourtant, s'ils arrivent à te la faire pratiquer une fois envoûtée, c’est que cette connaissance et cette capacité de manipuler le métal ne sont pas si loin non? Tu les as juste enfouis en toi.

Son regard se reporte à nouveau vers l’écran. Toute perturbée je reprends aussi la lecture de la vidéo du présent qui défile devant nous : les boules de cristacier continuent de tourner autour de moi et tandis que je lève lentement mon bras vers le ciel. Quelque chose semble se passer au sol non loin devant, là où la moitié des esclaves avaient été tuée d’un tir dans la nuque. Un temps passe, mais bientôt un mouvement d’un des cadavres, puis d’un autre, les membres tremblent puis s’animent, les six corps se redressent, et après un effort brisent leur lien.

C’est donc ça mon pouvoir ? Mais si je suis mage de métal comment est-ce possible ?

Peut-être es-tu autre chose.

J’avais le souffle coupé.

Je suis… une nécromancienne ?

Cela t’étonne ? Pourtant si je suis là à te le dire, c’est que tu t’en souviens. Je ne suis que la projection d’une personne chère à tes yeux. Qu’une partie de toi, de ta mémoire.

Avant que je puisse répondre la scène se précipite à l’écran. Les morts relevés et ayant arrachés leurs lien par une force surhumaine se ruent sur les prisonniers restant et se mettent à les dévorer et à les déchiqueter de toutes parts de leurs mains nues. Scène d’horreur, même sans le son je devine les cris d’effroi des victimes de même que je distingue le regard apeuré et craintif des soldats qui observen la scène sans rien faire.

Non ! Je ne veux pas qu’ils fassent ça de moi !

Je saisis par le col le grand blond à côté de moi.

Si tu fais partie de moi aide-moi à reprendre le contrôle ! Ne reste pas planté là !

Derrière nous la jeune femme entourée d’araignées se met à cracher du sang au sol, avant de reprendre ses murmures inaudibles, toujours entourée des six araignées qui la maintiennent. Je ne semble pas capable de maîtriser autant d’êtres à la fois et d’une telle façon apparemment… Ces envoûteurs savent ils seulement ce qu’ils font de moi ? Ou la part de moi sous leur contrôle cherche-t-elle à se détruire et à me tuer ?

D’un geste, l’homme à mes côtés me fait lâcher prise, de l’autre il désigne un coin de la pièce.

Si nous sommes dans ton esprit, tu te doutes de ce que signifient ces bêtes contre-natures qui n’ont rien à y faire?

Oui je m’en doute maintenant…

Ce sont des projections du pouvoir qu’exerce sur moi les envouteurs de Calvados là dehors ?

Exact, il y a une hache là-bas, va-t’en saisir et débarrasse t’en. Elles t’ignoreront tant que tu ne touches pas cette « toi » à terre, elle est tout ce qui les intéresse.


Bien !

Je m’élançais. Une hache était en effet apparue, ou bien avait-elle été la depuis le début, le long d’un mur, mais bien trop haut pour moi. Même en faisant la courte échelle, si tant est que c’était possible de la faire avec des projections de mon esprit…, je ne réussirais pas à l’atteindre. Et aucun objet, chaise, escabeau ou échelle n’était présent dans cette immense pièce vide.

L’homme, sans avoir bougé, me toisait en croisant les bras, semblant me jauger.

Allez ! Si je suis bien une mage de métal je peux le faire.

Je regarde fixement la hache, qui elle était fixée au mur quelques mètres plus haut. Un petit écriteau semble être apparu pour me narguer « en cas de besoin prenez-moi ». Mon esprit était-il fourbe à ce point pour jouer ainsi avec moi ?

C’est en toi, tu peux le faire ma vieille.

J’élance mes bras en les crispants vers l’objet. Rien ne se produit.

Pourquoi ça ne marche jamais comme dans les films ces choses-là ?

Je m’acharne un moment, continuant à penser dans un coin de ma tête au carnage gratuit qui se passe là dehors. Puis… doucement et faisant le vide en moi, c’est comme si d’un coup un rouage mal huilé s’enclenche à nouveau et relance toute la machinerie. Le bout métallique de la hache bouge de sa fixation. Je me concentre sur lui. Dans un mouvement hésitant il se relève et s’élance vers moi.

Non, non, non ! Je veux le manche pas la partie coupante !

Je recule et cesse ma concentration, voyant le drame arriver et le bout tranchant de la hache arriver directement dans mes mains et les entailler bien profondément… mais ci-tôt le contact mental finit l’objet se contenta de retomber sur le sol bruyamment sans continuer sa course vers moi.
Je saisis la hache à terre et me dirige vers les araignées. Un regard vers l’homme, représentation de mon esprit ou quoique ce soit qui m’avait aidée.


Un sourire se dessine enfin sur son visage.

Je te félicite.

Je devais beaucoup tenir à toi si j’ai choisie ton image pour m’aider… Tu es quelqu’un de mort ?

Je ne sais pas, car tu ne le sais pas toi-même… Mais tu trouveras la réponse à cette question en Karamdaï, sur Volcano, oui c’est là que tu trouveras...

Je lève déjà la hache au-dessus de ma tête, non sans difficulté…

Karamquoi ? Tu me noteras ça sur un post-it ?

… la première araignée ne réagit même pas tandis que son corps se fait désarticuler sous l’impact de la hache qui s’abat lourdement sur elle. A la suivante maintenant. Mon corps et ma volonté m'appartiennent.
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Lilou
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Re: Evasion

Message par Lilou »

Boum

Qu’est-ce que ce bruit ? J’ai mal, mon cou me brûle.

Boum.

Ce bruit sourd à nouveau ? J’ouvre enfin les yeux, prostrée sur le sol froid. Tout autour de moi, les regards sont figés. Ils m’observent tous, soldats, mages et capitaines, avec leurs yeux ahuris. Ils me regardent comme une bête de foire.

Boum.

La troisième boule de cristacier qui lévitait jusqu'alors encore péniblement vient se fracasser sur le sol lourdement et en casser le dallage : je n’avais donc pas su maintenir mon pouvoir actif en reprenant mes esprits...

Les armes des soldats se lèvent un peu plus et les envoûteurs non loin semblent ne rien comprendre à la situation. Devant moi ces… créatures, qui n’ont plus d’humain que l’apparence et dont la bouche est encore dégoulinante de sang et dont les ongles sont encore encrassés de la chair de leur dernière victime sans défense, me fixent sans rien dire encore de leurs yeux vides, expulsant de l’air bruyamment de leur souffle saccadé.

Qu’avais-je créé ? Pourquoi ce genre de magie existait-elle ?

Une voix féminine, ferme et sèche s’élève bientôt à bonne distance.

Qu’est-ce que cela signifie Calvados ?!

Je me sens complètement vidée. Je comprends bien, au vu de mon état, que si l’expérience avait continué mon corps n’aurait jamais tenu. Affaiblie par des jours de captivité, je suis bien incapable de disposer ainsi de ma magie.

Je me souviens maintenant. Oui. Enfin pour être plus précise j’arrive enfin à sentir et ressentir ces flux de magie qui émanent de moi et des corps alentours. Essayer de maîtriser pleinement ainsi six corps et en prendre pleine possession… c’était juste insensé. Même en plein possession de tous mes moyens, je n’aurais jamais tenu bien longtemps…


Hmmm, voilà qui semble... regrettable. Ne déclenche pas ton engin de mort tout de suite je te pris Thibarine. Et dis à tes petits soldats de se tenir tranqui…

La voix, un peu moins assurée qu’à l’habitude, du capitaine Calvados est vite masquée par un geignement d’un des êtres que j'avais relevé d’entre les morts lorsque j'étais envoûtée quelques minutes plus tôt.

Ils ne sont pourtant plus sous mon contrôle, j’ai stoppé les flux de magie pour me préserver…

Pourtant ils ne semblent pas pour enclin encore à retomber au sol tels des marionnettes inanimées, mais au contraire ils continuent de me fixer inlassablement.


J’essaye tant bien que mal de me relever. Chancelante je me dirige vers ces êtres, soumis dans la vie, puis dans la mort, qui ont été forcés de tuer leurs camarades de la plus horribles façon… par ma faute… par mon pouvoir. Ils ont beau être de ma « création », ils ont beau n’être en rien fautifs de ce qui vient de se passer : ils me répugnent tout de même, comme s’ils symbolisent par leur présence même un bras d’honneur, une insulte, aux principes fondamentaux de la vie.

Tous autour, se taisent, contemplent la scène. Un rien suffirait à faire perdre patience aux vivants de cette pièce. La tension est palpable, les mains sur les gâchettes, mais je n’en ai cure : mes yeux sont rivés sur le gâchis dont je suis responsable.

Qu’as... Qu'as-tu fais ?

Une femme morte mais animée par ma magie s’avance vers moi. La voix plaintive devient très vite pleine de reproches.

Qu'as-tu fais de moi?

Une autre voix s’élève bientôt d’un des autres cadavres animés. Ils commencent tous, les uns après les autres, à esquisser un pas puis un autre vers moi, tendant leurs bras. J’ai un mouvement de recul.

C’est ta faute.

Ta faute.

Oui, rends nous notre humanité.

Tu vas payer pour tes crimes.


L’un arrive à me saisir le bras. Un autre trébuche et s’affale au sol. Les autres encore continuent de s’approcher dangereusement, gagnant en vitesse et en assurance dans leurs propos et mouvements un peu plus à chaque instant, comme s'ils se libéraient de leurs chaines invisibles.

Je… je suis désolée. Je n’ai pas voulu ça!

Tu mens, tu es seule responsable.

Tu vas payer.


L’emprise sur mon bras du "mort-vivant" se fait de plus en plus forte. Il va me déboîter l’épaule s’il continue à tirer ainsi... J’essaye de le faire lâcher mais les forces physiques me manquent. Je sens que je n’aurais plus les moyens de reprendre leur contrôle par la magie et le fait d’avoir perdu le contrôle une fois devait rendre, en sus, encore plus difficile ce genre de procédé de soumission du corps et de l'esprit. S’il se rapproche plus ou que les autres m’atteignent, je subirai le même sort que les prisonniers qu’ils avaient mutilés juste avant et dont les corps gisent encore par terre à quelques pas.

Peut-être ai-je mérité tout cela ? Ma punition pour avoir créé et usé de ce genre de magie ?

Pan.

Un coup de feu, simple, et qui fait mouche. Le crâne de celui qui m’avait agrippé est bientôt percé de part en part. Calvados a profité de la scène pour se rapprocher et se tient maintenant non loin de moi. Une arme à feu est à sa main, encore fumante au bout de son canon.

J’en ai assez vu, finissez les autres!, déclare alors la voix du capitaine Thibarine.

Les coups de feu partent et s’enchaînent, plus que de nécessaire. Les morts sont tués une seconde fois, criblés de balles, menés vers un repos cette fois durable.

Calvados ne se détourne même pas, tandis que les tirs fusent et que les morts perdent contenance dans une tentative désespérée de continuer d’avancer vers moi pour me faire du mal, sans se soucier de leurs agresseurs.

Bien, bien, bien. Je suis désolé de t’avoir à ce point éprouvée ma chère n°122. J’avoue avoir été bien excité par le début de cette mise en scène, tu étais resplendissante! Si, vraiment. Mais la suite me rend bien perplexe : l’armée ne voudra jamais d’un élément aussi instable, qui génère à ce point une arme à double tranchant capable de se retourner contre ses propres troupes et il s'avère que te contrôler dans le temps même aidé de ton collier catalyseur est maintenant chose bien difficile…

Nous aurions mieux fait de la laisser se faire bouffer par ces horreurs si tu veux mon avis Calvados. C’était pitoyable.

Elle lui lance sans ménagement le détonateur du dispositif explosif de mon collier, que Calvados s'empresse de rattraper en vol. Elle s’approche ensuite à son tour de moi avant de me saisir les cheveux d’une main ferme et implacable.

Ahhh...

J'étouffe mon cri de souffrance tandis qu'une larme de douleur coule le long de ma joue.

Elle ne veut et n'attend que ça...Reste forte.

Je la défis du regard, de tout l'inconfort de ma situation. Comment puis-je m'en sortir? Calvados, dans toute son originalité et bien que je ne me souvienne pas de notre histoire ou relation passée, semble bien moins enclin qu'elle a utiliser le détonateur maintenant entre ses mains, lequel déclencherait les explosifs sur mon collier s'il était activé et achèverait ma vie à coup sûr, mais les soldats sont bien trop nombreux pour moi dans cette pièce, et cette "Thibarine" m'intimide quelque peu...


Pitoyable ! Tu nous as fait perdre beaucoup d’argent petite salope. Et pire que tout, tu m’as fait perdre mon temps. Ne crois pas t’en sortir à si bon compte.

D’un geste vif, la capitaine Thibarine me jette à terre, sans ménagement.

Calvados, disparaissez toi et ta clique. Nous règlerons cette affaire plus tard, attends moi dans mes bureaux, et crois bien que tu auras quelques comptes à nous rendre toi aussi. Ton entêtement déraisonnable et illusoire pour cette fillette était indigne de ta situation. Division 1 et 3 emmenez le lui et ses mages de pacotilles. Division 2... vous restez.

Ses hommes répondent immédiatement à l'unisson :

Bien votre grandeur !

Peuh ! Je persiste et signe : la méthode était bonne, les moyens attribués et le temps d’étude trop court, déclare seulement Calvados en un rictus.

Un des soldats du capitaine Thibarine le presse déjà de la pointe de son arme. Le scientifique lui lance un regard de dédain autant que de défiance.

Encore un geste et je te crame ta famille toi, compris ?!

Le soldat n’en semble pas, de premier abord, décontenancé, mais se garde bien de montrer plus d’hostilité. Calvados, quant à lui, s’empresse de s’adresser à un de ses envoûteurs qui commence déjà à se saisir de la mallette que son unité avait apporté au centre de la pièce au début de l’expérience. Un autre tout proche tient de ses deux mains une boule de cristacier, prête à être rangée dans la mallette.

Laissez ça là voulez-vous messieurs ? La dame nous a dit de sortir de suite. Nous allons faire ce qu'elle nous dit...

Vous êtes sûr capitaine? Heu... bien.

Calvados se saisit de la sphère et la laisse retomber lourdement sur le sol. Je la regarde rouler doucement au sol.

Boum

Lui qui semblait si à cheval sur la sécurité, à quoi joue-t-il?

Nous n’en avons plus besoin n’est-ce pas ?, poursuit Calvados avec un léger sourire pour son subordonné.

Heu… je suppose Capitaine.$

Non loin de moi Thibarine s'impatiente, crachant un lourd nuage de fumée de son cigare .

Disparais Calvados !

Le capitaine Thibarine continue à me lancer un regard plein de haine en disant ces dernières paroles. Je devine que sa patience arrive à son terme et qu’elle a besoin d’évacuer un trop plein de je ne sais quoi... Sur moi ?

Et bien adieu ma chère n°122. Tu restes ma préférée tu sais ? Tu l'as toujours été.

La salle se vide petit à petit. Bientôt ne reste que moi, Thibarine et une « petite » escouade de neufs hommes.

La capitaine, se rapproche encore de moi qui suis toujours à terre et me contemple de toute sa hauteur. Elle lève son pied, sur lequel elle porte une imposante chaussure de type ranger qu'elle écrase sur ma tête à même le sol. C'est affreusement douloureux, mais je me m'efforce à nouveau de me taire, d'être forte...De ne pas lui donner la satisfaction de m'entendre gémir.

Les déchets comme toi me répugnent au plus haut point tu sais?

Elle se saisit du long cigare qu’elle avait en bouche depuis son entrée et souffle sur son bout pour le rendre plus incandescent et raviver la braise des herbes contenues. Puis elle se baisse doucement en continuant de me maintenir la tête plaquée contre le sol.

Les faibles me répugnent, tous. Ils sont tellement inutiles… mais tu sais, malgré tout, chacun à un but dans la vie . C’est ma conviction. Ceux des niveaux misérables de cette citée sont un des rouages clés de l’économie : de vils et affreux serviteurs, du bétail rien de plus, qu’on parque pour mieux les surveiller. Mais au moins c’est là leur utilité, ils nous servent, nous les grands, les importants, les dominants... nous les forts.

Son pied lâche prise sur ma tête tandis que son genou vient me labourer le dos et me maintenir plaquée au sol, elle rajoute à cette nouvelle étreinte une clé de bras qui me coupe le souffle tellement elle met en tension mon articulation. Son visage se rapproche peu à peu du mien et elle vient susurrer à mon oreille :

C’est dommage... tu aurais pu t’élever, aspirer à plus grand, être forte. Pourquoi n’es-tu pas restée des nôtres ? Je te voyais comme une pièce de choix sur l'échiquier du Zardoz.

J'ai le souffle coupé sous la pression de son genou qui écrase mon thorax. J'ai envie de lui cracher ma haine, de la provoquer... j'ai envie de la tuer. Pourtant je ne peux rien dire ni rien faire pour l'instant : ses soldats sont tous alertes en sa présence, et elle qui me domine, je sens qu'une fraction de seconde lui suffirait pour me faire taire définitivement et à main-nues.

Prenant son temps, elle me dénude doucement l’épaule et vient y poser le bout incandescent de son cigare.

Ahhhhh !

Un petit souvenir de moi. Je ne voudrais pas abîmer ton beau visage car je veux laisser à mes hommes le loisir de profiter pleinement de toi.

Elle lâche son étreinte et se redresse. Époussetant son uniforme elle me parle à nouveau à pleine voix, sur un ton glacial :

Tu ne veux pas nous être utile en ta qualité de mage et tu ne peux plus nous être utile en étant contrainte et forcée dans ce même domaine. Soit! Tu seras donc utile une dernière fois pour un de tes attributs les plus basiques ; ton corps de femme. Bien la seule chose que je t'envie dans ta vie misérable. Et encore, tu vas le maudire bientôt.

Se détournant de moi elle s’adresse à ses neuf hommes restant:

Toi et toi, vous me suivez. Calvados n’a que trop trainé dans nos pattes, il s’agira de se débarrasser de lui avant le retour de père de son séjour diplomatique à Galactica.

Les autres, disposez d’elle comme vous l’entendez, et achevez-la après l’avoir brisée et consommée. Jettez là parmi les autres cadavres une fois cela fait et faites nettoyer cette pièce.


Elle m'adresse un dernier regard méprisant avant de me tourner définitivement le dos et de s'en aller, escortée de deux de ses sous-fifres.

Faites la souffrir.

Bien votre grandeur !

La porte se verrouille bientôt derrière elle en un craquement sinistre. Un des soldats me saisit déjà le bras et me tire vers lui.

On commence à m’arracher mes vêtements un à un. Ça rigole, ça grogne, ça rugit. Je lève la tête et leur jette un regard plein de haine et de dégout : trois sont autours de moi, tendent leurs mains avides et me tiennent fermement, trois autres me maintiennent en joue en riant de ma situation et de leur futur plaisir, un dernier enfin, un plus loin, semble effaré par ce qu’il se passe mais n’ose rien dire.

Je ne peux pas finir comme ça.

Ahah, moi je suis du genre à aimer les suppliques ma mignonne ! Si tu me supplies assez j’essayerai de t’achever assez dignement pour finir! Mais je te préviens je vais prendre mon temps autant que mon pied!, crache un soldat bien empressé d'être le premier.

Non je ne peux pas finir comme ça…

Les mots sortent de ma bouche d'eux-mêmes :

Pour ces paroles tu seras le dernier à mourir… et moi aussi je pense que je vais prendre mon « pied » à te faire souffrir.

Je me prends à sourire. J’avais mal. Mal au corps autant qu’à l’âme. Mais depuis tout à l’heure, depuis ce songe, j’ai un nouveau but que me donne envie de vivre un peu plus. De le retrouver lui : celui que j’avais perçu dans mon esprit tout à l’heure. Lui...cet homme, dont je ne sais, ou n’arrive pas, à me souvenir qui il est vraiment pour l’instant. Mais je ressens au plus profond de moi qu’il est tout pour moi… Qu'il me possède, que ma vie entière lui est dévouée et que pour lui seul je pourrais mourir sans me battre jusqu'au bout.

Je dois trouver la force… et je la trouverai oui.

Le sourire sur mon visage s'élargit encore pour devenir carnassier, et mon regard se perd dans la démence tandis que je sens mon emprise se raffermir sur mon élément fondamental : l'acier.

Oui, ma force t’appartient Kami… oui... Kami! C'est ça ton nom!, dis-je tout fort.

Tu vas te calmer sale folle! Je vais te faire taire moi tu vas voi...

Une première sphère de cristacier vient fracasser la tête d’un des soldats qui pointe son arme sur moi. Il n'a pas le temps de s'écrouler au sol qu'une seconde vient percuter l’un des hommes qui me tient, et fait lâcher l'emprise des autres sur moi.

Je me redresse, consciente d’être nue, mais je m’en fiche bien. Ce sera la dernière chose qu’ils verront.

La surprise passée les deux autres hommes qui tiennent encore leurs armes en position se mettent à tirer tout azimut sur moi. La troisième sphère de Cristacier fond et se déforme en un instant pour se reformer en une fine plaque infranchissable pour leurs munitions. Elle se remodèle ci-tôt leurs chargeurs vidés en deux pics acérés qui viennent se planter dans leur gorge et leur fait cesser tout mouvement.

Le sang jaillit de leurs artères carotides lorsque je retire les pointes de cristacier et éclabousse mon corps. Qu'importe, je me mets même à rire comme une folle. Je les terrorise, c'est tout ce qui compte. La mise en scène... Mais j'y prends aussi du plaisir.


Je m’épuise pourtant, même si la scène ne dure que quelques fractions de seconde, bien consciente d'utiliser là mes dernières réserves. Je sens les forces me quitter tandis que les fluides non palpable de magie circulent en moi et que je les projette dans mon environnement, pour manipuler le cristacier comme un enfant manipulerait de la patte à modeler.

Les trois hommes derrières moi courent, deux se saisissent de leur armes mais n'ont pas le temps de les actionner. Bientôt projetés en l’air par la force d’impact de deux lourdes boules de métal qui viennent percuter leur thorax en un bruit sourd de bris d’os, ils retombent finalement à terre, sans vie.

Le troisième, celui qui m’avait tenu des dernières paroles bien assurées, s’éloigne et se saisit d’un communicateur pour tenter d’appeler des renforts. Une de mes sphères vient se fixer à sa main sans bruit et englober dans un même magma de métal son communicateur et sa peau.

Arghhhhh !

Le déséquilibre causé par la lourdeur de l’objet et la douleur du métal infiltrant sa peau le font tomber au sol.

Je t’avais promis de prendre mon temps avec toi…, dis-je satisfaite.

Pi… Pitié !

Bof, pas envie!, dis-je en souriant de toutes mes dents. J’aime pas les brutes épaisses je préfère les futés si tu veux tout savoir.

J’amène une autre de mes sphères et la fait léviter au-dessus de sa tête.

J’espère que tu vas apprécier.

Perdant consistance, elle s’infiltre dans sa bouche tandis que l'homme pousse des hurlements de douleurs bientôt rendus sourds. Les secondes passent et l'homme s'agite au sol, agonisant sans pouvoir sortir aucun son de son larynx. Il finit bientôt de se débattre en un dernier soubresaut.

Je ne prends pas le temps de refaire sortir le cristacier par où il était entré. Le fluide de métal s’échappe du corps en ouvrant ses entrailles et son abdomen pour venir reformer une sphère parfaite qui vient rejoindre les deux autres qui ont déjà repris leur place et tournent autour de moi au ralenti.

Je jette un regard autour de moi, reprenant un air plus habituel, et prends le temps de souffler un peu.

Un dernier homme reste. C'est celui qui n’a pas bougé en bien ou en mal depuis le début de la scène : il n'avait pas exprimé son désaccord à voix haute, mais n'avait rien essayé de me faire... Tous ses membres tremblent et il se saisit de façon incertaine de son arme avant de la lâcher à terre n'y croyant pas lui même.


Le tue, le tue pas ?

Le visage taché de sang, je lui souris d'une façon qui se veut bienveillante.

Tu m’ouvres la porte s’il te plait ?
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Lilou
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Re: Evasion

Message par Lilou »

Il ré-ouvre ses yeux, et me redécouvre totalement intimidé qu’il est, accroupie en face de lui. Haletante, je m’efforce à prendre de grandes inspirations afin de reprendre ma respiration habituelle et plus calme.

Il n’a pas l’air bien âgé ce soldat, un jeune homme fraîchement sorti de ses classes surement au vu de son attitude incertaine… Quelques années de moins que moi. Ou peut-être est-ce la peur qui se lit sur son visage qui lui donne un air plus juvénile ?

Alors tu as fini de t’évanouir ? dis-je en lui souriant à nouveau. Je repose ma question :

Peux-tu m’ouvrir la porte s’il te plait ?

Il me fixe sans me répondre d’un air paniqué, puis détourne le regard comme gêné fixant le sol à quelques mètres à côté de moi. Mon sourire s’efface.

Oh mais oui je suis toujours nue…

Je me relève et fais quelques pas allant d’un macchabé à un autre juger de leur carrure comme de l’état de leurs vêtements. Je peste un peu : le seul uniforme militaire qui aurait pu convenir à mon gabarit est totalement nimbé du sang de son dernier propriétaire.

Je suis trop impulsive. Il fallait y réfléchir avant à ça ma pauvre…

Je lance un regard de plus en plus impatient au seul homme qui pouvait encore me regarder dans cette pièce. Va-t-il enfin broncher un mot ? Je ne sais pas moi… me supplier peut-être ? Essayer de marchander sa vie ? Oh mais j’y pense… lui et moi avons une corpulence à peu près similaire… Ca serait trop beau.

Hmmm, si tu te dis qu’en ne disant rien je vais finir par t’oublier c’est juste stupide. J’ai besoin de toi pour ouvrir cette porte tu sais ? En vie ou … mort tu m’obéiras. Tu as vu ce dont j’étais capable non ? Et je pense ne pas m’éterniser ici… tu saisis ?

Je veux juste m’éloigner le plus vite de cette pièce avant que des renforts n’arrivent ou que l’alerte ne soit donnée… Et surtout m’éloigner le plus loin possible de Calvados et de son détonateur qui est toujours susceptible de déclencher la bombe qui m’enserre le cou…

Il prend enfin son courage à deux mains et me répond enfin, mais d’une voix peu assurée.

Oui, j’ai saisi…

Je lui souris à nouveau, le visage encore couvert de sang.

Bien. Tu as de la chance j’ai une petite idée derrière la tête. Et pour la mener dans de bonnes conditions j’aurais besoin de toi. Que dis-tu de ça : ta vie contre ton service ? Si tu m’aides à sortir d’ici sans faire d’histoires je ne te tuerais pas. C’est plutôt honnête non ?

Son regard se relève à nouveau vers moi. L’espoir se lit à nouveau dans ses yeux. Pauvre bougre, si je sors d’ici et que tu restes derrière moi que crois-tu qu’il t’arrivera ?

Il se relève tant bien que mal et reste à bonne distance de moi.

Bien, que dois-je faire ? Ouvrir cette porte ?

Oui, mais avant ça file moi ce que tu as sur toi et en quatrième vitesse.

Heu… quoi ?

Tu gardes ton falzar mais tu me passes tout le reste de ton uniforme. On va inverser un peu les rôles…Puis tu iras piocher des vêtements aux anciens prisonniers par terre là-bas, essaye de prendre des foncés qu’on ne voit pas trop le sang dessus, ils sont un peu tous en lambeaux mais j’imagine que ça gênera moins pour le rôle dans lequel je te vois…

Il s’exécute sans oser broncher un mot. J’en profite pour enfiler au plus vite ce qu’il me tend. Sans sous-vêtements ce n’est pas bien glorieux, et ça serre un peu trop à certains endroits et pas assez à d’autres... Mais de loin ça passera et le col de l’uniforme masquera une partie de mon collier… du moins j’essaye de m’en convaincre.

Je tire parti du fait que mon camarade de fortune aille se chercher de nouveaux vêtements pour me saisir de son arme à terre, plus lourde qu’elle n’y parait au premier abord, et faire redescendre les boules de cristacier qui lévitaient jusqu’alors toujours, de façon un peu trop voyante, autour de moi.

Comment les masquer ? Les porter ne posera pas de souci : bien qu’elles soient démesurément lourdes pour le commun, il me suffirait de maintenir un fin lien magique avec elles pour qu’elles me paraissent aussi légères que trois boules de pétanques…

Je profite de ma réflexion pour me laver un peu le visage et les parties découverte du corps avec un tissu imbibé de l’eau d’une gourde que j’ai trouvée à la ceinture d’un des soldats.

Le jeune homme revient vite vers moi, alors que je suis encore en pleine réflexion. Les quelques haillons dont il s’est vêtu conviennent bien mieux à son teint livide. Enfin… je ne dois pas être bien mieux.

Je crois que j’ai trouvé !

Les trois boules de cristacier, toujours à léviter mais immobiles devant moi fusionnent toutes ensemble et se déforment doucement à mon ordre pour prendre la forme de lourdes chaines, à larges maillons. Je fais juste sortir une plus petite boule du précieux alliage de ce lot : elle suffira amplement à mon autre dessein, et d’un geste je fais en sorte que les chaines viennent enserrer les mains de mon compagnon pour le moins surpris.

C’est sacrément lourd !, s’exclame-t-il.

Si tu subissais leur vrai poids tu serais déjà au sol à gémir. Fais en sorte d’avoir l’air d’un prisonnier plus vrai que nature. Tu t’appelles ?

Wallace…

Et bien Wallace, j’ai fait en sorte que les chaines te serrent un peu pour faire « vraies » mais tu devrais avoir la liberté qu’il te faut au niveau de tes mains. Déverrouille moi la porte pendant que je nous trouve un autre équipier à peu près présentable. C’était qui ton chef dans le lot?

Il m’indique l’homme dont je m’étais occupée en dernier. Les viscères de ce dernier étaient répandus au sol. Ça serait trop long de tout recoudre et faire rentrer…

Bon passons… ton sous-chef alors? Je veux quelqu’un avec plus de galon que ceux que tu as sur ton uniforme histoire qu’on ne focalise pas trop son attention sur moi si jamais on croise quelqu’un…

Il m’indique un autre à l’apparence encore à peu près présentable. Ca ira.

Bien déverrouille moi la porte je n’en ai pas pour longtemps.

C’est que… Si je la déverrouille on verra que c’est moi qui vous ai fait sortir m’dame. Ma montre aura sauvegardé cette donnée. Vous ne pouvez pas la faire s’ouvrir avec vos pouvoirs de mage de métal ?

Je me dirige déjà vers le corps qu’il m’avait indiqué et me saisis de la bille de cristacier que j’avais mise de côté, prête pour un rituel qui me paraissait encore bien vague dans mon esprit mais que je sais maintenant sous cortical. Je n’ai rien perdu. Tout me revient en pratiquant…

Non je ne peux pas. Je ne sais actuellement de Calvados que ce qu’il m’a dit aujourd’hui sur lui, mais lui semble relativement bien me connaître et a dû prendre ses dispositions. J’ai deux gros points faibles dans ma maîtrise du métal vois-tu :

En premier je ne peux agir que sur un type précis d’alliage à la fois. Il me faut un temps d’adaptation si je veux changer de contrôle. Pour un autre alliage, que je connais bien ça me prendrait quelques instants pour effectuer ce changement, mais le cristacier échapperait alors totalement à mon contrôle alors qu’il m’est indispensable…

Deuxième point faible : pour un alliage qui m’est totalement inconnu comme celui de cette porte ça prendrait des minutes, des heures, ou des jours avant que je n’arrive à en prendre le contrôle… Il me faut un vrai temps d’analyse et d’étude pour en comprendre la matière, tu comprends ? Et on est loin d’avoir ce temps. Alors ouvre cette porte avant que je ne te force d’une autre manière.


Je me détourne et commence mon emprise sur le corps du sous-officier à mes pieds. Mes paroles ou mes actes finissent de convaincre finalement le jeune Wallace et je l’entends se diriger vers la porte, un peu hésitant et tendre sa montre pour la faire analyser par un moniteur.

S’il me dupe il connaitra sa souffrance lui aussi…


Je me concentre plus sur ma tâche et sur l’homme qui git devant moi. La chose n’est pas si simple, mais la mémoire procédurale me revient peu à peu, et j’arrive bientôt à un résultat : un battement, puis un autre. Le cœur du mort repart bientôt, mais d’un rythme lent et forcé, qui pour une oreille attentive paraîtrait des plus inquiétant. Il a des lésions multiples… Mais mon rafistolage tiendra un temps. Bientôt ses yeux s’ouvrent et me fixent.

Je suis extenuée et ma respiration s’est accélérée : cette première phase de contrôle est des plus épuisantes.

Bientôt… oui bientôt je pourrais me reposer…enfin. Peut-être dans ses bras à lui ? Peut-être est-il là à m’attendre en Karamdaï ?

Je susurre son nom à nouveau : Kami…

Je… je suis mort ?

Le mort vivant que je viens de ranimer me fait face. S’il n’y avait ces yeux grisés et ce battement de cœur typique de mes possessions, on pourrait croire qu’il s’agit là juste d’un officier sortant d’une rixe quelconque, un filet de sang aux lèvres.

Oui, tu l’es. Et tu es mien pour l’heure. Voici ma volonté qui remplace désormais la tienne :

Remets-toi en état, et escortons ce prisonnier hors de ce secteur. Evitons de croiser trop de monde, il ne faudrait pas qu’on voit que tu t’es battu de façon inadaptée à ton rang, pas vrai chef ?

Les yeux de l’homme prennent une teinte encore plus grisée. J’ai sa volonté au creux de ma main mais il est bien moins épuisant, vu mon état avancé de fatigue, de faire en sorte que nos volontés coïncident, quitte à altérer partiellement sa mémoire et ses visions, plutôt que de lui imposer purement ma volonté qui irait à l’encontre de la sienne.

Briser une volonté ou explorer les moindres parcelles d’un esprit inconnu sont des choses bien plus épuisantes que la suggestion et la simple implémentation d’idées erronées.


Il ne voit ainsi plus les corps aux alentours, il ne voit plus que moi : une soldate probablement connue venue l’aider mais que sa probable ivresse et son état lamentable lui ont fait oublier, ainsi que le prisonnier qu’il faut escorter mais dont il ne se rappelle plus pourquoi.

Wallace réussit enfin à ouvrir la porte dont le verrou se retire lourdement.

Suivi de mon pseudo-supérieur qui finit de remettre en ordre sa tenue je vais saisir les chaines en cristacier de Wallace et lui lance un léger sourire.

Et pourquoi on a pas utilisé sa montre a lui ? me demande le prisonnier factice. Ca… Ça va me causer bien des soucis tout ça vous savez…

Regarde-là sa montre, lui murmurai-je, elle s’éteint dans les instants qui suivent l’arrêt cardiaque si le coeur ne repart pas, du moins je crois m’en souvenir… En tous cas, là elle est éteinte, il aurait fallu que je le « zombifie » juste à l’instant après sa mort pour éviter ça. Tu vois que tu m’es indispensable…

La deuxième porte du SAS met moins longtemps à s’ouvrir sur un couloir sombre et froid partiellement éclairé par de pâles néons aux angles supérieurs des murs. Personne pour garder la porte.

J’espère que Calvados et Thibarine règlent leur différent bien loin d’ici…

Bon suivez-moi les jeunes, on va pas trainer. J’ai ma femme et ma fille qui m’attendent à la maison moi !, dit simplement le chef, que j’avais réanimé quelques instants plus tôt, en commençant à s’avancer.

Il se saisit d’un pistolet à sa ceinture et le brandit vers Wallace.

Quant à toi mon garçon tu te tiens tranquille le temps qu’on te livre ! C’est ton intérêt comme le mien ! Capis-je ?

Je tire un peu plus sur les chaines du pauvre jeune Wallace tout retourné par la scène surréaliste. Il finit par acquiescer.

Bien, allons-y.

Nous suivons notre ainé dans le dédale des couloirs. Il a beau ne pas être de la division de Calvados il semble assez sûr de lui dans les chemins qu’il emprunte. On croise à un moment deux soldats en pleine discussion qui ne prêtent guère attention à nous hormis un bref salut assez informel. Je devine que mon évasion n’est pas encore ébruitée et que d’autres sujets de préoccupation occupent leurs esprits pour l’instant.

Les minutes passent et nos pas résonnent dans les couloirs, qui se ressemblent tous les uns les autres.


Haem, et… on doit le mener où déjà notre prisonnier ma louloute ? J’ai la mémoire qui flanche un peu, me dit le chef sur le ton de la conversation.

Ca quoi ?!

Je me crispe un peu. Peut-être puis-je me permettre une meilleure emprise sur lui pour éviter ce genre de propos, quitte à m’épuiser un peu plus encore…

Oh et puis, peu importe.

Sortir du secteur, à l’astroport ça serait le mieux…chef.

Je n’avais aucune idée d’où nous nous trouvions dans la cité Zardozienne actuellement. Mais il fallait en sortir au plus vite.

Bon, je vois, je m’en souviens maintenant. Ahah !

Le mort semble réfléchir, puis tourne à gauche à un croisement.

Je préfère éviter de passer par la place publique. On est un peu crasseux tu vois et ça jase vite dans le milieu du 85 ème étage. Et puis ces guichets interminables des ascenseurs civils et le contrôle de « sécurité » de ces robots sentinelles à la mords-moi le nœud… Je m’en passerai bien ! Prenons un ascenseur du personnel militaire et on sera rentré pour le repas du soir pour sûr!

Bientôt un large ascenseur se dessine au bout d’un couloir. Un unique garde derrière un bureau nous dévisage en nous voyant passer mais baisse vite la tête en grommelant :

Pas de boisson pendant le service Francis tu sais bien pourtant. T’as été réaffecté ? Comment va la petite ? Attends je vous déverrouille tout ça.

Mon mort s’arrête alors, en me lâchant un :

Vas-y Louloute rentre dans l’ascenseur avec le colis je te rejoins.

Et se dirige vers le bureau pour échanger quelques politesses grivoises avec le garde en faction.

L’ascenseur s’ouvre et nous nous engouffrons Wallace et moi.

Je lui murmure :


Tu penses qu’il y a encore loin jusqu’à l’astroport?

Heu pas tellement… Ces ascenseurs sont prioritaires sur les lignes et directs à tous les étages. Mais y a quand même 85 étages à monter donc voilà…

Bien, je ne crois pas que je supporterais encore bien longtemps de me faire appeler « Louloute ».

Un léger silence, j’entends non loin mon mort animé finir ses palabres, essayant de justifier au garde son teint livide et les traces de sang par d’invraisemblables histoires.

Je sentis le regard de Wallace sur moi.

Je lui murmure amusée :


Non, en vrai j’y suis pour rien : il est juste con. Pour me préserver je n’assure qu’un contrôle tout partiel qui laisse ressortir pleinement la conscience et la personnalité…

Je le vois esquisser un léger sourire. Je plisse les yeux tandis que les portes de l’ascenseur se referment enfin derrière le sous-officier et que nous entamons notre montée vers la surface déserticaine.

Bon allé les jeunes, direction l’astroport, le mec est un copain, il nous a programmé un trajet direct pour que je puisse dire au revoir à ma fille avant qu’elle se couche ! Un vrai pote !ahah !

Tout se passe pour le mieux… Je m’éloigne de mon enfer, et je me rapproche de toi Kami…

Les secondes passent et notre montée se poursuit. Après quelques instants Wallace se tourne vers moi et me dévisage de ses yeux gris.

N’oubliez pas votre promesse. , me lâche simplement le jeune homme à mi-mot.

Non je n’oublie pas : je ne te tuerais pas, dis-je assez clairement.

Je me penche à son oreille, un sourire aux lèvres.

En fait tu es déjà mort.
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Lilou
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Re: Evasion

Message par Lilou »

Les portes s’ouvrent dans un bruit aseptisé. Le brouhaha des quais de l’astroport du Zardoz se trouvant à perte de vue devant nous, nous assaillie quant à lui d’un seul coup. L’ascenseur nous dépose ainsi sur une passerelle légèrement surélevée vis-à-vis des points d’amarrages de différents vaisseaux spatiaux alignés à intervalles réguliers et chacun séparé de deux autres par de larges couloirs d’accostage permettant l’amarrage des différents mastodontes galactiques de tous gabarits, mais également la décharge et la charge des marchandises de leurs immenses cales.

Je m’avance la première et me penche à la rambarde quelques mètres devant moi afin de contempler la scène. Derrière moi le pseudo chef de notre groupe sort à son tour de l’ascenseur militaire et tire doucement par ses chaines un jeune Wallace semblant ne plus avoir aucune volonté.


Du nerf petit merdeux ! On y est presque !, s’exclame le gradé à l'attention du faux captif.

Mon regard croise celui gris métallique du jeune homme. Une larme coule sur ses joues. Il sait désormais qu’il n’aura pas le temps de faire son deuil : celui de son propre départ, inéluctable.

Suis-je si cruelle de donner à ces deux là une prolongation de ce grand match qu’est leur vie ? Certains payeraient pour ça…

Je retourne à ma contemplation un peu perdue par la tristesse mélancolique du jeune homme.


L’astroport est noir de monde, c’est un espace tout en longueur où tous les vaisseaux sont amarrés à notre gauche sur des kilomètres, bien plus loin que ne peut porter mon regard. Sur notre droite, tout en longueur également, des entrepots, des centres d’échanges et de marchandages. Il ne sera pas difficile de se fondre dans cette foule informe qui s’active en contrebas, entre ces deux entités.

Bon ma Louloute, on la boucle notre mission ou pas ?, s’impatiente le sous-officier zombifié.

Je me retourne non sans rayer la rambarde de mes ongles tant mes mains se crispent à cette appellation : non je ne suis pas SA «Louloute ».

Il va me faire péter un câble ce con là à ce rythme...

Oui, oui bien chef, désolé je ne viens pas souvent ici, mon regard s’est perdu.


Ahah, toujours impressionnant quand on voit ça ! Un vrai désordre organisé ! Mais ne traines pas tu veux ? Il y en a qui sont attendus chez eux ce soir si tu vois ce que je veux dire !

J’acquiesce. Nous nous dirigeons vers la sortie de notre passerelle. Un officier derrière un moniteur semble être le point de passage obligé pour accéder aux quais via un court ascenseur gardée par un seul garde

Encore un…

Un autre groupe de soldats, des jeunes officiers en fait, sortant juste d’un ascenseur similaire au notre, se dirige vers cette sortie et passe sans même s’arrêter au checkpoint pour monter dans la nacelle de descente.

Peut-être aurons-nous la même chance et que passerons-nous sans contrôle ?

Je croise le regard d’un des officiers qui me sourit, sûr de lui. D'un geste du pied, il retient la porte de la nacelle de descente.

Allé montez ! Ca serait dommage d’attendre la prochaine !

J’espère que le gus qu’ils trimballent ne pu pas trop Tommy, on aurait l’air con de se présenter en sentant le poisson…, lâche la voix d’un de ses compagnons, approuvé par un éclat de rire de quelques autres.

L’officier au moniteur nous dévisage intensément tandis que nous passons, mais son regard se reporte enfin sur son écran dans un soupir, surement désespéré par notre peu de tenue.

Je monte dans la nacelle en passant devant le soldat de garde toujours immobile, et je suis aidée par la main tendue du jeune officier nommé Tommy qui m’adresse un large sourire. Mes deux acolytes m’emboitent le pas. Un léger silence s’installe durant lequel nous sommes jaugés par ces officiers qui nous regardent tous un peu de haut mis à part ce Tommy qui semble avoir quelques autres idées en tête à mon égard et qui continue de me dévisager en prenant une pause. Je m’efforce de ne pas croiser son regard. Heureusement la descente ne dure qu’un instant. Et les portes de la nacelles se réouvrent bientôt déversant le groupe de militaires sur les quais.

Pas très causant tes camarades.,me glisse l’officier qui reste planté devant moi en me désignant du menton ce pauvre Wallace toujours enchaîné et le sous officier en train de siffloter doucement .

Je fais avec Monsieur.

Un soldat à l’extérieur nous incite à sortir :

Heu… excusez moi mais si vous restez la nacelle va remonter avec vous.

Haem oui… bien.

Dans un sourire gêné tommy s’éloigne, nous permettant aussi de descendre.

Je regarde le jeune homme disparaitre avec son groupe et me lancer un dernier regard. C’est bête. Même persuadée que son côté charmeur n’est qu’une façade, je n’en reste pas moins troublée. Cela doit faire bien longtemps qu’on ne m’a pas regardée comme ça ou même exprimée le moindre signe de tendresse.Qu'on ne m'a pas regardé comme un monstre, une bête de foire, ou un simple objet... Une femme a essayer de conquérir simplement...

Ahah, il me rappelle moi quand j’étais jeune !, commente notre sous-officier. Quoique j’ai gagné en âge niveau expérience pour serrer les prises !, lâche mon pseudi-chef, tandis que nous nous avançons vers la foule.

Pour serrer les quoi ?!


Je m’arrête brusquement au milieu de la foule affairée. Il semble ne pas comprendre.

Hey Louloute ne stoppe pas comme ça !

Pour qui tu te prends pauvre idiot ?
, lui dis-je le regard assassin.

Je pointe mon doigt sur sa carcasse tandis que ses yeux grisés me regardent d’un air ahuri.

Tu ne retrouveras pas ton foyer ce soir pauvre loque ! Ni ta femme, ni ta fille, tu ne mérites aucune d’elles de toute façon ! Sale vicelard !

Des regards curieux alentours nous regardent puis se détournent, aucun ne s’arrête, tous s’affairent à leur affaires bien futiles, comme leurs vies.

Je… je te ferais regretter ces paroles sale chienne ! Une fois la mission finie crois-moi que…

Mission ? Oh elle vient justement de changer crétin.


J’arrache sans les touchers les chaines de Wallace à ses mains qu'il tenait jusqu'alors encore fermement. Elles viennent retomber doucement dans mes mains à quelques centimètres de ses paumes.

L’armée à tuée ta famille, tu veux te venger d’elle et en perds la raison. Eloigne toi de nous deux, tes seuls amis, et pars plus loin sur les quais. Tue les premiers militaires que tu croiseras passé quelques centaines de mètres. Puis retranche toi, dans une échoppe et prends des otages. Si tu risques de te faire prendre, donne-toi la mort. Voilà ma volonté, elle est tienne désormais.


Ses yeux s’injectent alors de sang, tandis que ses pupilles deviennent de plus en plus grisées. Il semble lutter contre ce nouvel ordre. Il s’agenouille un bref instant au sol devant moi se prenant la tête dans ses mains tandis que mon propre cœur palpite devant le surplus d’énergie que cela me demande.

Mais… l’armée est ma famille, pourquoi je…

Sans avoir le temps de finir sa phrase il se redresse doté d’une nouvelle volonté.

Ils payeront.


Oui., dis-je simplement tandis qu’il s’éloigne doucement, prenant son arme en main et vérifiant le chargeur.

Vous êtes un monstre
, me lâche Wallace toujours à mes côtés.

Je sais. Tu reparles toi ? Tu as digéré ta… situation ?

Je ne sais pas ce qui me retient de me jeter sur vous et de vous arracher les tripes comme ces pauvres gens que vous avez ressuscité pour les faire s’entretuer tout à l’heure…

Probablement plus grand-chose maintenant. Je n’ai plus beaucoup de force. Mais tu perdrais la raison et peut-être attaquerais-tu les passant alentours avant de te disloquer? Tu pourrais aussi courir chercher de l'aide et me dénoncer afin de retrouver ton "honneur" peut-être? Mais tu sais bien que tu perdrais la raison avant d'avoir fait 10 mètres...

D’un geste de la main je lui retire ses chaines, qui coulent le long de ses avant bras puis des miens pour venir me ceinturer le torse en une masse compacte bien que un peu trop visible. Mais qui pouvait bien se fiche de l’apparat sur ces quais où tous les gens s’ignoraient les uns les autres mis à part pour s’insulter de temps à autres ?

Je ne pourrais pas te tenir en vie jusqu’à ma destination de toute façon. Je ne peux te donner que la mort que tu souhaites maintenant Wallace… En échange de quelques-uns de tes crédits sur ta montre encore en état de marche afin de prendre un transport de gros quelconque en graissant la patte du contrôleur pour qu’il ne s’attarde pas trop sur mon identité.


Un silence, je le lui accorde, il en a bien le droit.

On se rend bien souvent compte à quel point on tient à quelque chose que quand on sait qu’on l’a perdu ou que l’on va le perdre.
Te retrouverais-je un jour Kami ?


Je…

Oui Wallace ?

Je voudrais juste être un héros… ou quelque chose comme ça, le rêve de tout gamin, mais… avoir fait quelque chose de ma vie… que mes parents, ma famille, soient fiers de moi… de ne pas rester dans les esprits comme le traitre et le pariât de la famille… si je me suis engagé dans l'armée c'est pour ne pas me sentir inutile, faire de grandes choses... tu parles, te voilà beau Wallace...

Que dirais-tu de l’homme qui a sauvé des dizaines de gens d’une prise d’otage en y laissant sa vie ?, lui dis-je avec un sourire tendre.

Ca serait juste un mensonge... Je ne saurais,… Et puis c'était mon caporal, je ne peux pas le..


Je pose un doigt sur ses lèvres. Il me regarde l’esprit ailleurs. Une larme coule sur ses joues mortes.


Ça sera notre secret. Et puis là où tu vas ce sera le cadet de tes soucis, crois-moi.

Je n’en savais rien en fait. Je suis nécroman’ moi pas théologienne après tout ! Mais il finit par acquiescer.

Comment savoir si tu ne me manipules pas à nouveau totalement comme tout à l’heure… me dit-il simplement en m’indiquant la direction de divers gros vaisseaux en cours de chargement.

Oh… je comprends tes doutes.

Il me sourit avec mélancolie tout en marchant.

Quelle direction prends-tu déjà ?

Volcano… qu’importe l’hémisphère, je me dérouillerais sur place pourvu que je m’éloigne de cette horrible cité bunker…

Après quelques minutes de marche nous voyons un guichet le long d’un quai. Différents horaires et départs y sont annotés. Un robot sentinelle semble s’y être improvisé comme hôtesse d’accueil.

Je me retourne vers effarée vers Wallace tandis qu’il me pousse dans la file d’attente sans un mot. J’avais entendu les pires abominations sur ces robots chargés de surveiller et de cloîtrer les civils comme des animaux. Peut-être même les avais-je déjà vu à l’œuvre sans m’en souvenir encore, d’où ce rejet sous cortical de ces tueurs métalliques.

Je ne compte pas négocier ma sortie avec un des ces logiciels ambulants à la bote du Zardoz Wallace ! Nous trouverons autre chose !


La file avance doucement. Mon compagnon ne semble pas s’inquiéter.

C’est un ancien modèle.

Comment ?

C’est un vieux modèle que des compagnies ont racheté, il n’est plus raccordé au logiciel central du Zardoz, mais à celui de la société qui l’a racheté. Laissez-moi faire et écoutez.

Arrive notre tour. Wallace s’avance doucement. Au loin des premiers coups de feux retentissent. Des cris dans la foule, les têtes se baissent, mais le robot vendeur nous fixe imperturbable. Il est en effet moins imposant que ses confrères, et sa carcasse semble en piteux état, couverte de bosse et oxydée en plusieurs points.

Destinatiiiion ?

Volcano, une place pour ma sœur ici présente.


Etat d’arrivée?

Celui du premier vaisseau en partance.


Ouiiii, ça peut se faiiire, départ imminent du Cumulus 3005 quai 322,
2000 crédits de frais de transport.


Très bien, continue Wallace d’un air sûr de lui bien que tout en loque, d’un aspect misérable.

Le robot semble se méfier de sa capacité à payer et après avoir vérifié l’état de son compte via sa montre incrustée la sentinelle reprogrammée semble se "détendre".

Hmmmm, bien, pièce d’identité de l’iiiiintéressée.


Je rajoute 10 000 crédits et pas la peine d’accord vieille gargouille ?

Léger silence le temps que le robot traite la donnée. Va-t-il nous recaler ? Ou pire, appeler la garde ? Un son gutturale sort bientôt de sa carcasse. Une tentative de rire en fait.

Héhéhé, pour 20 000 crédiiiiiits en plus des 2000 crédiiiits normaux je vous arrange ça. Mais si madame veut avoir accès à nos soutes anti alarmes il faudra rajouter 30 000 crédits à cette addition, sinon pas la peine les systèmes anti émigration du Zardoz la repéreront à la sortiiiiie du vaisseau des hangars. Ou bien lui couper le bras…. Uhuhuh.


Pas la peine, je n’ai pas cette somme et elle n’a pas de montre de toute façon.

Sans piper mot, je lève mon avant-bras en découvrant la manchette de mon uniforme emprunté et prouve les dire de Wallace à la machine.

Ohhhhh, s’exclame le robot visiblement un peu déçu. Virement effectué, voici votre ticket d’embarquement. Suiiiivant.

Les tirs avaient cessé au loin. Déjà des militaires et quelques sentinelles se dirigeaient vers les lieux laissant « craindre » que le sort de notre ex camarade ne soit déjà résolu. Un autre coup de feu nous prouva le contraire. Je tends l’arme à feu que j’avais en bandoulière à Wallace et me penche vers lui en levant les talons afin de lui baiser sa joue froide comme la mort.

Je suis désolé pour toi Wallace. En d’autres lieux, d’autres circonstances, nous aurions peut-être pu mieux nous connaitre… Je tiens ma part du marché. Il sortira en te voyant tu tireras en premier, il t’abattra avant de s'écrouler. Il faut que cela soit fait avant que mon vaisseau ne parte sinon je n’aurais plus de contact avec vous… Tu seras l'héros de cette journée sur les quais du Zardoz...

Pour toute réponse il prend l’arme que je lui tends et me tourne le dos commençant à courir dans la direction souhaitée.
Lui n’aurait souhaité ne jamais me rencontrer. Qui le pourrait ? Je n’apporte que la tristesse et la mort avec moi, où que j’aille.
Peut-être que même lui aussi me rejetterait si je le retrouvais? Kami…





Fin de "l'évasion", trouvez la suite des aventures de ma "Lilou" sur ce lien : http://forum.chroniquesgalactica.org/vi ... 339#p99339 et merciiii de votre lecture! :)
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