1997: L'Horloger

Les Chroniques de Lievanta

Modérateur : Modérateurs

Valicius
Messages : 16
Inscription : 02 mars 2008, 17:49

1997: L'Horloger

Message par Valicius »

-Qu'en penses-tu, Armand? Est-il assez fort? Je ne vois pas l'aura des glorieux sur son front... ni même le génie salvateur en ses yeux... seulement de..
-... seulement de l'excentrisme.
-Oui. Ça et rien d'autre.
-Alors... peut-être est-il vraiment celui que j'attends.
-Que «tu» attends?
-Nous avons tous les messie que nous désirons, Larg.

________________________________________________

Lorsque le sommeil nous abandonne, seul l'Absolu nous est perceptible de par la faiblesse de ces premiers instants de conscience. Comme toujours, le «nous», appelation de la communauté et du mouvement de groupe, me vient naturellement... malgré leur inexistence, malgré leur absence après toutes ces années...

Me lever dans le plus pur et le plus déliçieux des silence reste pour moi un de ces moments magiques qui marquent ma vie... Ce fut toujours, en fait, une de mes «excentries» si particulière qui me caractérisaient...
Mais j'étais ainsi: Passionné par tant de chose, tant de possibilitées... Un garçon rêveur dont le plus grand plaisir était d'écouter les histoires de son grand-père, pénétrer dans les légendes de la famille et revivre à moindre échelle ces contes rocambolesques de rois, de princes et de sombres assassins...

La crédulité de l'enfance était passé, mais restait encore cet amour du passé... non pas que le futur ou le présent me soit lourd, mais leur omniprésence m'a toujours convaincu qu'atteindre le futur, c'était atteindre l'union du tout et, ainsi, l'Intemporalité.
Fol concept, pour un jeune homme, n'est-ce pas? Mais j'aimais ces folles élucubration de mon esprit, ces démonstrations de créativités...

Mais revenons à cette journée qui commence... Sortir de mes draps, m'habiller et reprendre ma sempiternelle routine qui, étrangement, m'apporte cette sensation de plénitude qu'un matin bien particulier mon grand-père m'apprit être du bonheur.
Car rien ne changeait: Je vivais toujours dans cette même demeure où seul mon esprit et ses créations n'étaient point simplicité... Simplicité bourgeoise, certes, mais tout de même aride simplicité.

Parlons de cette demeure, d'ailleurs, car elle est et restera toujours un symbole de ma nature: C'était un habitation de taille moyenne du quartier des Roseliens, créé dans le but même de présenter une discrète finesse à la face du monde... Bien sûr, les termes «quartier des Roseliens» ne sont plus de mises depuis les changements.

Par «changements», ceux-ci sont en fait les limitations et les arrondissements considérés comme «véritables» de Liventa. Effectivement, j'avais le plaisir de vivre hors des murs, en ces lambeau de civilisation, inspiré par les décombres...

Effectivement, je n'avais aucune raison de ne point vivre en ces lieux de par la «non-solvabilité» de ces lieux. Oui, l'absence totale d'alimentation en eau, en nourriture et, surtout, en cachette pour voyous me protêgeait adéquatement: Nul ne venait jamais, que cela soit des membres des forces de l'ordre ou des «terroristes anti-social désirant affaiblir la brave et victorieuse nation de Lievanta».
Ah, oui, j'oubliais...
Les clients.

Deux fois par années, parfois plus, ils venaient à moi. Leurs «protections» étaient dérangeante, sinon sans réelle intelligence, mais ils m'alimentaient en vivre, en eau potable et en matériaux... Leur richesse, leur arrogance et, surtout, leur désir m'était profitable, nourissant mon petit paradis personnel.
Car j'étais içi par choix: Je possédait un passeport légalement sans faille et, surtout, une fortune personnelle suffisante pour m'établir comme brillant «artiste de la république»... «symbole de l'éternelle sagesse de la cité»...
Non, j'étais Holcar, l'Horloger...
J'étais... non, je suis Holcar...
...et libre est mon esprit.

Mais aujourd'hui, il n'y avait que le plaisir... nulle désagréable personne ne doit venir s'interposer entre moi et mes oeuvres... Alors je me mets au travail, écoutant les harmoniques du silence et les sonorités de l'Absolu...
... et quand il n'eut plus que moi et l'Imtemporel, alors je ne fut plus qu'un, comme toujours.

Tic-tac-tic-tac-tic-tac-tic-tac-tic...
Dernière modification par Valicius le 07 mars 2008, 21:19, modifié 2 fois.
Valicius
Messages : 16
Inscription : 02 mars 2008, 17:49

Re: 1997-L'Horloger

Message par Valicius »

-Papa?
-Oui, fils?
-Pourquoi c'est à moi qu'il parle? Pourquoi c'est pas Alex ou Zou'?
-C'est comme ça, fils. C'est le destin... la roue tourne et on arrive pas toujours à la place que l'on désire.
-Et les Cavaliers des Derniers Jours?
-C'est histoire, Hol'... Et c'est différent.

___________________________________________

-Pourquoi serait-ce si différent, père?

Mes mains s'écartent de mon travail alors que je reprends conscience de ma fragilité... Mon père, lors des rares moments où la douleur ne le tourmentait plus, appellait cela mes «petits problèmes d'existence sous inter-temporalité». Il avait toujours été le seul à comprendre ma nature et, même, à l'apprécier sans regret ni arrière pensée... mais il était aussi celui qui, comprenant le pourquoi, se devait d'être le plus... froid...
Oui, c'est effectivement le terme: Dans sa désespérante connaissance de notre nature, seule une glaciale étreinte, je l'appris par la suite, restait en son coeur lorsque l'amour d'un père aurait dû déborder devant...

-Non.

Je me lève et soupire... car c'est la vérité: Toute excuse est superflue, inutile tentative de ma nature pour expliquer la faille résidant en mon coeur... pour expliquer la douleur, la souffrance...
Avoir une raison, le savoir qu'il y a plus grand que sois.
Comme dans les histoires...
Comme si j'avais la foi.

La foi... Un bien intéressant sujet digne de la folie l'accompagnant, aurait dit oncle Larg. Mais il aurait aussi argumenté sur le fait que, étant des intellectuels, nous ne désirions point ressentir mais savoir...
Et qui sait n'espère point.

Larg était un homme intéressant, tout compte fait... Totalement dénué de comportement romanesque, dur et d'un esprit pratique, il était de ces homme qui, supports principaux de la société, permettent aux romantiques, aux génies et, surtout, aux excentriques de devenir ce qu'ils doivent et désirent être. Fidèle à sa nature, c'est lui qui me permit de faire mes études, de voir le monde... lui qui m'offrit la possibilité d'apprendre au-delà du «minimum requis»...
Si mon père fut le créateur de ma chaire, oncle Larg fut l'ingénieur de mon futur.

Mais...
Stop.
Un bruit.

Naturellement, mon corps revient aux ténèbres tranquilles de la pièce, l'obscurité à laquelle je suis habitué m'enveloppant tel un manteau. Mes yeux rêveur deviennent maintenant observateur, mon corps agité, immobile.
Sont-ils là? Attendent-ils le moment fatidique? Est-ce notre sang qu'ils viennent chercher?
Est-ce nos possibilités qu'ils viennent étouffer?
Pas sans prix, me souffle l'Absolu.

Entre les doigts de ma main frémissante, le pistolet se câle avec une douce sensation de déjà-vu... et quand le bruit s'éteint au travers de la faune sonore m'entourant, ne reste le calme... Le calme et une main tranquille, attendant ce qui sera... ou ce qui fut.
Car nul ne trépasse sans sacrifice.
Valicius
Messages : 16
Inscription : 02 mars 2008, 17:49

Re: 1997: L'Horloger

Message par Valicius »

-Récite-moi la Loi.
-Sacré est le Sang des Élus et nul ne restera sauf après l'avoir fait couler?
-Non, pas celle-là. Récite-moi la Loi Inviolable... Nul ne...
-Nul ne... nul n'incarnera la Voie gratuitement.
-Tu comprends ce que cela veut dire? Holcar?
-Heu...
-Ça veut dire que tout a un prix... même un héritage. Surtout un héritage.


_____________________________________________

Le temps passe... ainsi que la peur.
Était-ce réel? Était-ce...
Non, ce n'était que fantasmagorie, pure démence distillé en mes folles pensés.
Oui, ce n'était rien.
Rien que de la peur.

Mon arme revient au creux de mon aisselle... Bien puérile sensation que celle-ci, mais son efficacité ne peut être contredit.
Mais... est-ce puéril? Et si... Et si c'était normal?

Parfois, me viennent ces questions... ces interrogations...
Et si ce n'était pas sain? Et si ce mode de vie... cette habitude...
Vivre seul et enfermé pendant 7 ans, est-ce malsain? Est-ce folie? Pourtant, n'était-ce donc pas mon désir, vivre avec mon art? Être le plus merveilleux des artistes?

Ma main se met à trembler... non, pas seulement elle. C'est mon corps, mon âme qui tremble.
Est-ce la peur? Est-ce le Changement? Serait-ce les premiers frémissements de la folie?
Ou... est-ce l'instint?
Ou...

Le poids de l'instrument me ramène à la réalité... et me raisonne.
Oui, je dois être sûr. Sûr que la Voie a raison. Sûr de ma nature.

L'ancestral instrument métallique bourdonne avec force entre mes doigts lorsque je commence mon périple. Le chemin, bien qu'entretenu, reste parmis ces souvenirs que nous préférons écarter... tel un rêve trop fantasmagorique habitant les premiers instants de l'aube.
Avais-je vraiment emprunté ce chemin par le passé? Avais-je vraiment pris cette voie de solitude lors de ma première véritable folie?

Lorsque ma main compose les chiffres, mon corps traversant les dernières ténèbres de mon havre, me vient un de ces irrésistible sourire idiot.
Comme si l'innocence m'était revenu.

Et, lorsque mes yeux rencontrent la première lueur de l'aube, lorsque le silence de l'absence et la rumeur des démentes rébellions me parviennent aux tympans, me parvient un air frais... Oui, un air agité par le vent, portant en lui la putridité de la ville mais, surtout, la vie et le souffle de toutes ces créatures humaines s'entre-déchirant hors de mon havre de paix.
Je suis...
J'existe...
J'hésite.

Tout ce temps... ais-je bien fait? Car, quand ma folie reviendra, je reprendrais le chemin de ma forteresse de poussière... et alors, je redeviendrais le génie...
Seul des adieux seront offerts à l'homme libre.

Pendant ce temps, entre mes mains, l'instrument s'immobilise...
Comme si il savait.
Comme si il approuvait...
Comme si...
Répondre