Chroniques de Galactica

La Légende de Cyrmen :

Il fut un temps, dans une des parcelles encore en friche de Galactica qui ne se nommait pas encore Linterstice, et d’ailleurs visiblement que personne ne s'était encore jamais donné la peine de nommer, un jeune homme du nom de Laius Altano.
Il s’agissait d’un jeune homme intelligent, qui avait quitté sa famille originaire de Vertana poussé par la haine de ses habitants et même par sa propre famille après qu’il eu tenté de prouver que la pratique de la magie n’était pas un don que le Créateur leur avait accordé à eux Vertaniens, mais la conséquence de propriétés scientifiques tout à fait étudiables qu’il fallait mettre à la portée de tous.

Depuis sa tendre enfance, il avait à la fois intéressé et terrifié ses professeurs de magie en montrant des dons scientifiques impressionnants. Même s’il possédait des capacités certaines à tirer parti des énergies issues de son environnement, notamment sur le métal, il prenait un malin plaisir à n’utiliser ses pouvoirs qu’en cas de stricte nécessité, privilégiant son intelligence au recours à la magie en toutes circonstances. Sa chambre était une chambre de vrai petit génie solitaire, des automates qu’il fabriquait en tant que passionné exposés ci et là.
Plus tard, il fut l’un des rares vertaniens à rentrer dans des études scientifiques, d’où il fut renvoyé après avoir voulu créer un robot dératiseur de deux mètres de haut pour sa faculté, qui, ayant trop bien fonctionné, avait réussit à mettre plusieurs de ses camarades ainsi que son professeur principal dans le comas pendant plusieurs jours et à détruire entièrement la salle du réfectoire. Il mit cela sur le compte de la vétusté des bâtiments et le fait qu’il avait vraisemblablement sous-estimé les effectifs de rats présents dans les cuisines.

Honni par tous, marginal depuis son enfance, il s’était décidé à partir sur la planète Galactica dans le but de dédier sa vie à la science et à la technologie. Il réussit à s’emparer de l’un des vaisseaux militaires vertaniens en trafiquant les codes d’accès à l’ouverture du hangars, prit le contrôle d’un chasseur, et parti en direction de Vertana sans prévenir personne.

Arrivé dans une des mégalopoles Galacticaine, il prit l’identité de Cyrmen, et se mit à travailler en temps que Mage de métal dans le but de complèter ses maigres économies qui lui serviraient à se procurer toutes les ressources et éléments nécessaires pour pouvoir se retirer du monde, dans le but de ne se consacrer uniquement qu’à la science.
Quelques années plus tard, son royaume était prêt. Il ne s’agissait que d’un réseau de grottes au beau milieu de la nature, mais équipée entièrement de hautes technologies, des vieux ustensiles qu’il avait perfectionné à outrance, d’un ordinateur surpuissant…
Aidé d’un drone qu’il avait lui-même fabriqué, il était prêt à se retirer du monde.
Quelques mois plus tard, il inventait le rince-doigts à vapeur, avait créé une race mutante de chien domestique à pattes de canards, et sentait qu’il avait encore tellement de choses à découvrir que dix vies ne lui suffiraient pas pour cela. Cette impression fut bientôt renforcée lorsqu’il se découvrit condamné à moyen terme, atteint d’une maladie rare paralysant progressivement des muscles, ne laissant que le cerveau et certains organes internes intacts.
Au bout de deux semaines, il comprit que même ses grands talents ne suffiraient pas à le sauver. Il manquait de temps. Déjà il avait du mal à marcher. En désespoir de cause, il se décida à tenter l’ultime solution : sauver ce qui pouvait l’être, c'est-à-dire son cerveau.

Il passa ses deux dernières années à travailler sur un prototype d’ordinateur qui pourrait être relié aux connexions de son cerveau, avec lequel ce dernier serait capable d’interagir. Alors qu’il ne se sentait plus la force de continuer, il fit faire l’opération décisive par son drone qu’il avait programmé dans ce but. Selon tout état de cause, si l’opération réussissait, il ne faudrait pas allumer l’ordinateur avant plusieurs dizaines d’années le temps que les deux éléments s’associent sans risque de perte totale de sa personnalité. Il programma donc l’ordinateur pour qu’il se mette en veille durant tout ce temps nécessaire, mais seule une intervention extérieure pourra l’en réveiller. Il inscrivit au mur les signes nécessaires à cet effet, en prenant garde d’être le plus vulgaire possible. Il procéda ensuite à sa propre opération.

Quelques heures plus tard, la machine se mettait en veille et le silence régna sur le bunkers .

Année 2663.

Une des multiples guerres paralysant le système planétaire tout en lui permettant de se faire une Histoire. La jeune Orphée Debris, blessée au combat, seule, s’accroche à la grande falaise pour ne pas d’écrouler. Luttant contre l’engourdissement qui lui serait assurément fatal, fusil en bandoulière, elle recherche un abris.
Elle s’était souvenue de ragots que sa grand-mère lui avait raconté dans son enfance, avant qu’elle périsse dans un obus largué pour délester un chasseur mal en point avec tout le reste de sa famille.
Il existerait une sorte de grotte maudite dans les environs dans laquelle un savant fou aurait fait de multiples expériences il y a de cela un siècle.
Une grotte où elle pourra peut être s’y reposer, protégée par la superstition des hommes.

Sa dernière chance?

Un mur de broussaille. Seul au milieu de cette falaise. Peut être que….
Orphée sortit son cimeterre usé et commença à couper les broussailles. Oui… il y avait donc bien une crevasse dans la paroi. L’interstice de la falaise dévoila bientôt une entrée menant en son centre. Elle s’avance prudemment, fusil braqué dans l’obscurité. Il semble…oui. Une très faible lueur dans la noirceur. Elle faillit s’étouffer.

Un écran géant ? Ici ?

Oui, il s’agissait bien d’un écran, visiblement éteint. Orphée appuya sur le bouton émetteur de la lueur.
Aussitôt, plusieurs lumières s’allumèrent dans la grotte, dévoilant plus de merveilles technologiques qu’Orphée n’en avait vu depuis son enfance. Elle remarqua des bocaux par centaines, des squelettes l’animaux improbables sur le sol, et une série de chiffres défiler sur l’écran. Une voix métallique résonna alors dans la pièce.

-Mer…ci de m’avoir ré…veillé. Je ne peux vous entendre, vi…siblement mon interface d’écoute est en dysfonctionnement. Je vous remercie d’utiliser mon clavier.

De surprise, Orphée en laissa tomber son fusil. Elle hésitait. Dans quoi s’était elle embarquée ? Que devait elle faire ? Elle s’apprêtait à quitter la grotte en courant quand retentit la voix :

Restez ! Je ne peux vous entendre mais je peux vous voir. Vous êtes blessée, vous n’irez pas loin. J’ai besoin de vous. En échange de votre aide, vous serez soignée et protégée. Essayez d’allumer le drone à côté de mon unité, pour voir si le temps n’a pas eu trop d’effet sur lui. Et connectez le à moi.

Elle fit demi tour, hésita et fit ce que l’ordinateur lui avait demandé.

La rumeur, improbable était lancée.
Une entité bienveillante aurait entreprit de protéger les victimes de guerre qui se mettait son service.
Ceux-ci arrivèrent d’abord au compte goutte, puis des dizaines de personnes s’installèrent dans la grotte.
Des pacifistes, des blessés, des humanistes, des hommes dont la tête avait été mise à prix, venant de nations des plus diverses et aux passés plus ou moins troubles, tous réunis dans le but de tirer un trait sur leur passé et de récréer les bases d’une communauté humaine saine, en ce lieu souterrain ?

Cyrmen, dés son réveil, avait pris le contrôle du drone, lui en avait fait construire d’autres, et aidé de sa nouvelle main d’œuvre il entreprit d’agrandir l’espace de cette grotte. Malgré les travaux, il était temps de songer en sortir de ce lieu souterrain qu’ils avaient surnommé Linterstice.
La jeune Orphée, guérie, avait pris le contrôle du commandement des hommes.
Ceux-ci érigèrent les deux premières tourelles laser à l’entrée, et plusieurs chasseurs étaient en cours de construction pour la protection de cette utopie.
Après plusieurs semaines et cependant , une voix résonna.

-Orphée

L’homme machine, à laquelle seule la jeune femme et quelques privilégiés avait l’honneur davoir accés, s’adressait à elle. Elle tapa sur le clavier.

-Oui, maître ?

-Il est temps de tenir ta promesse.

La jeune femme blêmit.

-Mais je…oui.

-A partir des dernières cellules organiques qui ont pu être conservées de mon vivant, mon drone médecin a réussit à reconstituer mon ADN et à recréer quelques gamètes reproducteurs. Grace à toi, et malgré ma condition, je vais enfin pouvoir réaliser mon rêve . Avoir un fils.

Orphée ne dit rien. Hésita à taper.

-Etes vous certain que je sois la bonne personne pour cela ?

-Je n’en doute pas. Si j’avais encore été de chair et de sang je pense que je vous aurait épousé.

-C’est trop d’honneur…

-Tu mériterais bien plus que cet honneur d’être la mère de mon fils. Cependant, n’êtant plus réduit qu’à une énorme boite de conserve parlante, je ne vois comment vous remercier autrement.

Orphée réfléchit.

-Bien. Puisque je vous ai donné ma parole, je consens à vous donner ce fils. Puisse t-il être sage et nourrir nos idéaux. Elle caressa l’écran. Son sourire était triste mais résolu.

L’insémination eu lieu le 26 Vertan 2664.
Neuf mois plus tard , elle mis au monde le petit Fisura Rima, appelé ainsi pour la petite tâche de naissance ressemblant à une cicatrice qu’il portait à l’arcade sourcilière et que portait déjà sa mère.
Celle-ci n’eut jamais l’occasion de voir son fils.
Elle ne se réveilla jamais de l’accouchement.

-

Le bébé se portait bien. Le drône chargé de l’accouchement fit ce que Cyrmen lui avait demandé. Il le lava,le nourrit de lait pour lequel un animal avait été spécialement conçu de façon à ce que sa substance puisse accroitre l’intelligence et la vitalité de l’enfant.
Le drône opéra le nourrisson, de façon à lui mettre un implant dans la nuque permettant de connecter directement l’Entité paternelle au cerveau de l’enfant.
Lorsqu’il eu 4 ans, il fut connecté pour la première fois à la machine. Cyrmen l’instruisit de cette façon, s'introduisant dans son esprit, lui apprenant diverses langues, l’étourdissant d’images de guerre, de sa propre vie, lui inculquant petit à petit le sens de la pitié, de la justice, de l’honneur, les bases de la conduite de vaisseaux…
Ceci jusqu’à l’âge de ses 17 ans.
Les portes du bunker depuis lequel il avait été coupé du monde des hommes durant ces 17 ans s’ouvrirent alors, dévoilant un beau jeune homme, à la barbe et à la coiffure hirsute.
Il découvrit ainsi pour la première fois le genre humain en chair et en os. Il recula dans le bunker, vers l'ordinateur.
Puis, il reconnut sur ces visages les images que lui avait transmit Cyrmen, et se rendit compte qu’il était capable de mettre un nom sur à peu près tous. La voix de Cyrmen fut à la fois projetée dans la grotte et dans son esprit.

-Messieurs, mesdames, chers citoyens de Linterstice. J’ai l’honneur de vous présenter…mon fils, Fisura Rima.

Tous l’observaient comme une bête curieuse.

Fisura sera mon représentant charnel dans notre monde. Il sera par conséquent le votre. Inutile donc de vous préciser le fait que vous devrez lui obéir en tous points.

Un homme s’approcha, vétu d’une armure légère. Plus imposant que le jeune homme physiquement, il le surpassait d’environ 10 centimètres.

-De quel droit ? Cela fait maintenant 17 ans que je dirige cette communauté, et ce depuis la mort suspecte de notre vénérée Orphée. De quel droit cet avorton me remplacerait il ?

Toutes les lumières de la caverne s’éteignirent alors. Tous les drones s’immobilisèrent, la production cessa. L’obscurité était totale. Tous se taisaient. Seule une voix résonnait dans la caverne.

-De quel droit ? N’oubliez pas que JE commande cet endroit. Sans moi, pas de salut ! Pas de protection, pas de production. Pas de paix.
Je vous laisse choisir.

Grâce à l’implant derrière sa tête, Cyrmen transmit à Fisura, de façon à ce que lui seul l’entende.

-Tue le.