« Qu'ils meurent, je veux qu'ils meurent, enfin oui, tous, tous, tous, ils doivent tous mourir ! J'invoque ici la toute puissance divine pour qu'elle s'abatte, enfin, oui qu'elle s'abatte, mais que moi je les tue, ces mécréants, ces infidèles, qu'ils meurent ! »
Levant soudainement les bras vers le ciel, Dolgan hurla d'un cri désarticulé dont la puissance divine fit exploser la tête du malheureux être qui gisait maintenant dans une flaque de sang dont le pourpre flamboyait sur les murs pâles de la cellule.
« Cela en fait encore, encore un pour toi mon grand, mon dieu,mon éternel. Je te promets de les détruire, de les anéantir jusqu'au dernier, jusqu'au dernier. »
S'adressant soudainement aux hommes derrière lui : « Bande d'incapables, faibles, faibles, vous êtes, je suis désolé, je suis vraiment désolé mon seigneur, mon maitre, mais ils sont si ..., sauf Yodle, lui il est gentil, lui il est fort, lui il les trouve les hérétiques, les monstres qui défient notre dieu, mais quand je serai revenu..., oui quand j'aurai l'État à mes pieds nul ne résistera, et tous, oui tous trembleront devant la puissance du tout puissant »
Un acte habituel pour un monstre tout puissant, Dolgan, chétif et psychotique seigneur du clergé du Lerua Vol, pour qui le nombre de fidèles augmentait en même temps que l'ancien pouvoir déclinait. Il en était arrivé à un point où ses assassinats au nom de l'Église n'étaient plus faits dans le secret, il pouvait montrer au monde sa toute puissance magique que dieu lui avait transmise.
Il était enfin temps pour lui de mettre en place son plan, un plan qui n'avait pour but que l'asservissement de la population et la prise totale du pouvoir entre ses mains et celles de ses plus proches conseillers. Tout se passerait donc demain.
L'idée était simple, marcher vers le palais avec les partisans, et prendre le pouvoir, l'État étant devenu bien trop faible pour assurer sa sécurité. La marche avait démarré avec calme, au rythme des chants religieux, puis la parade avait commencé à sombrer dans la violence, détruisant et saccageant tout sur son passage. Cette manifestation, Dolgan à sa tête, en pleine folie avait déjà lynché plusieurs dizaines de personnes, tabassées sans ménagement au nom de dieu. Et plus la procession se rapprochait de l'ancien palais présidentiel où résidait actuellement les dirigeants de ce pouvoir décadent, et plus la haine des fanatiques montait, une clameur terrible montait de la foule qui massacra tous les gardes, soldats, ou tout ce qui pouvait rappeler le système.
Quand la foule atteignit le palais, il leva les bras vers les gardes qui le mettaient en joue et dans un hurlements les anéantit, leurs corps explosaient comme percés par des multitudes d'impacts divins, et la boucherie continua ainsi dans tout le palais jusqu'aux derniers retranchements où le président c'était réfugié
« C'est l'heure, oui l'heure de la rédemption, oh oui, oh oui venez, venez mourir, nous pouvons tous vous accueillir, et seul le seigneur sait ce qu'il vous reste mais moi je vois, je vois tout ! Je suis, enfin il est, nous, il est omniscient, et dans sa puissance je vous détruirai car je suis l'oracle, et vous êtes déjà des cadavres, vils, oh oui très vils, pantins désarticulés d'un pouvoir, oui pouvoir c'est le mot, d'un pouvoir décadent et impie. »
Soudain arriva la rencontre qui devait avoir lieu, dans la grande salle du palais.
Dans un dernier élan le président invectiva le prêtre :
« Va oiseau de malheur, et accomplit le devoir de ton faux dieu, tu laisses une plume noire telle ton âme dans cet État, et ton bec fourchu et fourbe le traverse en son cœur. Tu n'es qu'un pantin qui est manipulé par ce qu'il a crée, ton pouvoir n'est qu'illusion, et tu ne t'en rendra compte que trop tard. »
Un affrontement digne des plus grands drames suivit ces paroles, il ne dura pas longtemps, il n'y eut pas de mot, il n'y eut qu'un coup de tonnerre, une explosion d'énergie qui fit voler en éclat le visage de cet ancien pouvoir, de cet homme qui symbolisait ce qui restait de démocratie après des mots qui furent pris comme beaucoup pour un acte de faiblesse mais qui restèrent dans la mémoire de beaucoup.
Lerua Vol
Modérateur : Modérateurs
Re: Lerua Vol
Un homme de l'ombre. Ou peut-être simplement une ombre. Peu importe, tout cela appartiendrait au passé. Tout devait changer, l'ombre devenir lumière.
Peu connaissait son apparence, lui qui était pourtant déifié, et pas par n'importe qui. Un fou, peut-être le plus grand ... Pas bien grand pourtant, juste en dessous de la moyenne. Pas fort, mais aucune importance. Toujours ses lunettes de soudeur autour du cou, et ses cheveux en partie calcinés. Lui ce qu'il aime, c'est le feu ... ou plutôt l'acier. "Si froid, et pourtant, si puissant", selon lui. Plus que l'acier, les armes, mais pas n'importe lequel. Les canons ? Ses jouets préfèrés. Les missiles ? Jamais assez gros pour lui.
Il venait pourtant d'apporter la lumière, mais pas n'importe laquelle. Son fusil à 5 canons venait de réduire le passé en quelques bouts de cervelle, éparpillés ça et là.
"N'écoute pas ses sotises, cet homme n'est rien qu'un fou qui ne tenait qu'à son pouvoir. Tu vaux tellement plus que ça. Regarde ce que tu as fais ... En un regard, tu as réduis tout le mal qui emplissait cet état, tu viens d'apporter la lumière dans la noirceur de ce monde. Et tu continueras à le faire, car tu es invicible, mon ami."
Et, tandis que gisait là le cadavre de l'ancien maître des lieux, il s'avança vers la baie vitrée, observant alors au loin. Il semblait effrayé.
"Tout ses arbres, cette nature, et puis ce ciel ... Non... ce n'est pas ce qu'il nous faut. Toi qui est si puissant, Dolgan, pourquoi laisserais tu ton nouvel empire en proie à la nature, si destructrice ? Et puis ce soleil ... Il ose défier ta resplendissance. Il faut le cacher, le faire disparaitre. Il nous faut plus de puissance, plus d'usine, pour faire disparaître à jamais ce pitoyable astre qui corrompt l'âme de tes concitoyens."
Ses yeux brillaient, il parlait toujours plus vite, comme si le temps lui était compté. Et pourtant, le monde s'offrait à lui, rien ne pouvait plus s'opposer à sa volonté. Il continua à parler, pour lui-même, perdu dans ses pensées, dans sa demesure.
"Il nous faudrait détruire ce batiment, pour y mettre un canon. Oh, et ici, une usine, non mieux, une fonderie à ciel ouvert. Oh et là-bas, à la place de ses éoliennes, des cheminées, des si jolies cheminées, des canons pointés vers les cieux. Oh oui des canons, il en faudrait aussi un là-bas , et un autre ...."
Il s'arrêta net, se retourna, puis dévisagea Dolgan. Puis, en une fraction de seconde, il s'élança dans le dédale de couloir, descendant petit à petit dans les entrailles de la terre, fuyant la lumière, aspiré dans les ténèbres de sa folie.
Peu connaissait son apparence, lui qui était pourtant déifié, et pas par n'importe qui. Un fou, peut-être le plus grand ... Pas bien grand pourtant, juste en dessous de la moyenne. Pas fort, mais aucune importance. Toujours ses lunettes de soudeur autour du cou, et ses cheveux en partie calcinés. Lui ce qu'il aime, c'est le feu ... ou plutôt l'acier. "Si froid, et pourtant, si puissant", selon lui. Plus que l'acier, les armes, mais pas n'importe lequel. Les canons ? Ses jouets préfèrés. Les missiles ? Jamais assez gros pour lui.
Il venait pourtant d'apporter la lumière, mais pas n'importe laquelle. Son fusil à 5 canons venait de réduire le passé en quelques bouts de cervelle, éparpillés ça et là.
"N'écoute pas ses sotises, cet homme n'est rien qu'un fou qui ne tenait qu'à son pouvoir. Tu vaux tellement plus que ça. Regarde ce que tu as fais ... En un regard, tu as réduis tout le mal qui emplissait cet état, tu viens d'apporter la lumière dans la noirceur de ce monde. Et tu continueras à le faire, car tu es invicible, mon ami."
Et, tandis que gisait là le cadavre de l'ancien maître des lieux, il s'avança vers la baie vitrée, observant alors au loin. Il semblait effrayé.
"Tout ses arbres, cette nature, et puis ce ciel ... Non... ce n'est pas ce qu'il nous faut. Toi qui est si puissant, Dolgan, pourquoi laisserais tu ton nouvel empire en proie à la nature, si destructrice ? Et puis ce soleil ... Il ose défier ta resplendissance. Il faut le cacher, le faire disparaitre. Il nous faut plus de puissance, plus d'usine, pour faire disparaître à jamais ce pitoyable astre qui corrompt l'âme de tes concitoyens."
Ses yeux brillaient, il parlait toujours plus vite, comme si le temps lui était compté. Et pourtant, le monde s'offrait à lui, rien ne pouvait plus s'opposer à sa volonté. Il continua à parler, pour lui-même, perdu dans ses pensées, dans sa demesure.
"Il nous faudrait détruire ce batiment, pour y mettre un canon. Oh, et ici, une usine, non mieux, une fonderie à ciel ouvert. Oh et là-bas, à la place de ses éoliennes, des cheminées, des si jolies cheminées, des canons pointés vers les cieux. Oh oui des canons, il en faudrait aussi un là-bas , et un autre ...."
Il s'arrêta net, se retourna, puis dévisagea Dolgan. Puis, en une fraction de seconde, il s'élança dans le dédale de couloir, descendant petit à petit dans les entrailles de la terre, fuyant la lumière, aspiré dans les ténèbres de sa folie.
Re: Lerua Vol
Dolgan avait senti le regard de Yodle sur son visage, il sentait l'émerveillement de son cher ami pour son superbe nez fin et tordu, ses cernes sombre qui faisait ressortir la beauté du rouge de ces yeux tandis que pour finir ses cheveux long et gras faisait un magnifique cercle autour d'une calvitie qui lui grignotait le haut du crane.
S'avançant vers la baie vitré, il dit : « Ces arbres, ces arbres ils n'ont rien a faire là, je n'en veut, je n'en veut plus...nous n'en avons pas besoin, le tout puissant m'a dit qu'il n'en voulait pas, détruisez les, oh oui, détruisez les tous ! Et puis ici je verrai très bien une tourelle, oui c'est vrai, une magnifique tourelle, même plus, d'autre tourelles, beaucoup de tourelles, une économie de guerre puissante, et puis aussi des défenses, oui de la défenses mais surtout la puissance. »
Se mettant soudainement a courir vers une table, il prit au hasard une feuille et se mit à écrire avec une rapidité inouï. Après quelque seconde d'écriture il hurla à son lieutenant le plus proche : « Je veux que ce nombre, ce nombre divin, qu'il soit envoyé aux usines, c'est ce qu'ils doivent produire, je veux ce nombre de char, dieu en a décidé ainsi, nous auront ces chars quelque soit le temps que cela prenne »
Dans le même état d'excitation puéril il s'écria : « soldats, faites venir le peuple, oui tous le peuple, enfin ceux que vous pourrez, et mettez les devant le palais, je vais...je vais leur parler, oui c'est ça leur parler
-Oui mon seigneur, je fait au plus vite mon seigneur, dieu nous guide dans cette voie par vous monseigneur
-Votre loyauté, oui elle vous honore, honore, c'est très bien oui. »
Quelque heures plus tard, une foule immense et chaleureuse venaient accueillir avec bonheur les paroles de leur nouveau et bienveillant souverain, et après un raclement de gorge dont la beauté n'avait d'égal que sa pureté il commença son discours sous un soleil qui le rendait plus resplendissant que jamais, et qui faisait faisait ressortir ces l'éclat des centaines diamants qui scintillait sur ces vêtements : « peuple, tu es maintenant éclairé par moi, par dieu aussi, et par moi. Notre État va passer, oui il va passer dans une nouvelle ère de prospérité, une prospérité militaire. Ce nouvel, age, nouvel age d'or verra la mise en place d'un nouveau système, oui un nouveau système, mais je vais laisser Calis, brave Calis, quoique un peu jeune, enfin vas y présente Calis »
Un jeune homme barbue, recouvert d'un long manteau noir pris donc la place de Dolgan avant de commencer : «Notre nouveau système sera basé sur une économie puissante. La vie paisible que vous pouviez vivre ce finit maintenant, place au temps de l'économie de guerre, de la compétition, des sacrifices, du pouvoir pour nous, enfants chéries de dieu. Notre État s'élèvera bientôt parmi les hautes sphères de la galaxie. Il enflammera l'espace telle un météore incandescent traversant les cieux. C'est la fureur divine qui armera notre bras et qui détruira les hérétiques sur son passage ! Nous auront une industrie sur-puissante, qui alimentera notre bras armé, nous serons invincible par la bonne grâce de dieu ! Oui, notre saint État du Lerua Vol verra son nom scandé et acclamé. Nos ennemies trembleront de peur en entendant ce nom bénis, et la paix éternel sera enfin pour nous, nous qui avons toujours gardé la foie ! Oui mes frères, mes amis, un jour nouveau est arrivé, demain le monde nous appartiendra ! »
S'avançant vers la baie vitré, il dit : « Ces arbres, ces arbres ils n'ont rien a faire là, je n'en veut, je n'en veut plus...nous n'en avons pas besoin, le tout puissant m'a dit qu'il n'en voulait pas, détruisez les, oh oui, détruisez les tous ! Et puis ici je verrai très bien une tourelle, oui c'est vrai, une magnifique tourelle, même plus, d'autre tourelles, beaucoup de tourelles, une économie de guerre puissante, et puis aussi des défenses, oui de la défenses mais surtout la puissance. »
Se mettant soudainement a courir vers une table, il prit au hasard une feuille et se mit à écrire avec une rapidité inouï. Après quelque seconde d'écriture il hurla à son lieutenant le plus proche : « Je veux que ce nombre, ce nombre divin, qu'il soit envoyé aux usines, c'est ce qu'ils doivent produire, je veux ce nombre de char, dieu en a décidé ainsi, nous auront ces chars quelque soit le temps que cela prenne »
Dans le même état d'excitation puéril il s'écria : « soldats, faites venir le peuple, oui tous le peuple, enfin ceux que vous pourrez, et mettez les devant le palais, je vais...je vais leur parler, oui c'est ça leur parler
-Oui mon seigneur, je fait au plus vite mon seigneur, dieu nous guide dans cette voie par vous monseigneur
-Votre loyauté, oui elle vous honore, honore, c'est très bien oui. »
Quelque heures plus tard, une foule immense et chaleureuse venaient accueillir avec bonheur les paroles de leur nouveau et bienveillant souverain, et après un raclement de gorge dont la beauté n'avait d'égal que sa pureté il commença son discours sous un soleil qui le rendait plus resplendissant que jamais, et qui faisait faisait ressortir ces l'éclat des centaines diamants qui scintillait sur ces vêtements : « peuple, tu es maintenant éclairé par moi, par dieu aussi, et par moi. Notre État va passer, oui il va passer dans une nouvelle ère de prospérité, une prospérité militaire. Ce nouvel, age, nouvel age d'or verra la mise en place d'un nouveau système, oui un nouveau système, mais je vais laisser Calis, brave Calis, quoique un peu jeune, enfin vas y présente Calis »
Un jeune homme barbue, recouvert d'un long manteau noir pris donc la place de Dolgan avant de commencer : «Notre nouveau système sera basé sur une économie puissante. La vie paisible que vous pouviez vivre ce finit maintenant, place au temps de l'économie de guerre, de la compétition, des sacrifices, du pouvoir pour nous, enfants chéries de dieu. Notre État s'élèvera bientôt parmi les hautes sphères de la galaxie. Il enflammera l'espace telle un météore incandescent traversant les cieux. C'est la fureur divine qui armera notre bras et qui détruira les hérétiques sur son passage ! Nous auront une industrie sur-puissante, qui alimentera notre bras armé, nous serons invincible par la bonne grâce de dieu ! Oui, notre saint État du Lerua Vol verra son nom scandé et acclamé. Nos ennemies trembleront de peur en entendant ce nom bénis, et la paix éternel sera enfin pour nous, nous qui avons toujours gardé la foie ! Oui mes frères, mes amis, un jour nouveau est arrivé, demain le monde nous appartiendra ! »
"Les rêves partent en fumée sur Heptagone t'en es témoin !"
Re: Lerua Vol
Trois jours seulement venaient de défiler dans le calendrier galacticain, et pourtant tant de choses avaient déjà changé. Un monde de machines, d'industrie et de nuage de feu ne cessait de grandir, broyant toute vie sur son passage. Bientôt, le vert qui ornait autrefois les balcons des immeubles galacticains, les parcs et autres lieux paisibles de vie, ne serait plus que métal et noirceur, feu et cendres. Déjà au loin, l'horizon était déchiré par des cracheurs de nuages, gigantesques cheminées de métal et de fonte, dont la taille n'avait d'égale que l'odeur nauséabonde qui s'en dégageait.
Il pleuvait ce jour là sur le Lerua Vol, mais le liquide qui tombait du ciel et qui ruisselait le long des façades, et qui laissait sur sa trace une trainée sombre, lourde en cendre et polluant en tout genre, n'avait plus d'eau que le nom. Personne ou presque ne se baladait dans les ruelles, si ce n'est quelques drones et autre convoi d'engins mécaniques tous plus sophistiqués et destructeurs les uns que les autres. Mieux valait rester chez soi, si tant est que l'on y trouva encore la moindre parcelle de réconfort. Au moins ici, nul courroux de ce fou qui se croyait tout puissant, de ce drôle dont le seul péché fût d'exister, et qui d'un regard semblait vous transpercer de mille feu.
A quelques kilomètres de là, encore loin mais pourtant si proche de la transformation final, celle qui rendrai à jamais les terres infertiles, quelques arbres se tenaient fièrement, semblant défier de leurs branches acérées le vieux fou dans sa tour de verre. Sous un de ses derniers rescapés de l'apocalypse de l'artificiel, elle siégeait sur un banc, déjà partiellement noirci par les retombées de cendres. Elle semblait regarder au loin, ou peut-être avait-elle le regard perdu, cherchant à fuir ce chaos sans nom mais pas sans visage. Quatre majordomes l'accompagnaient, se regroupant sous un unique parapluie. Ils la regardaient, semblant inquiets de son silence sans fin. Et lorsqu'enfin, elle daigna émettre un son, un de ses serviteurs s'empressa de l'approcher et de s'abaisser à son niveau, pour ne pas rater une bribe de ses paroles. Sans même se tourner, elle s'adressa à lui:
"Serait-il trop vous demander, que de m'apporter quelque chose pour étancher ma soif ?
-Madâââme souhaite-t-elle la même chose que d'habitude ?
-Vous-êtes encore là ?"
D'un geste, l'homme se redressa, puis s'élança dans le chemin de gravier bordant la rivière où la jeune femme s'était installée. Il disparu rapidement au loin, camouflé par la poussière et les restes du passé, comme si le chaos en personne venait de l'accueillir en son sein.
"Salut frangine, encore à perdre ton temps ici ?"
Elle ne se retourna pas, à peine surprise d'entendre cette voix familière. L'homme qui venait de lui adresser la parole n'était autre que Yodle, lui qui, il y a trois jours encore, n'était qu'un fou rêvant du présent.
"Je rêve où tu es enfin sorti de ton trou ? Enlève-moi ses binocles, on dirait une taupe.
-Désolé de te déranger, mais j'ai un truc à te demander." Lança-t-il, l'air désintéressé. "En fait voilà, avec mon pote Dolgan, on voulait savoir si tu serais d'accord pour être notre porte-parole. Parler à la corporation, répondre au missive, enfin tu vois le topo. Alors Hita, qu'est ce que t'en dis ?"
Elle ne répondit pas directement, bien qu'elle fût surprise par une telle demande. Malgré la faible protection qu'apportait l'arbre sous lequel elle s'était installée, sa robe noircissait déjà à vue d'œil. Elle tremblait. Pas seulement de froid, elle avait peur.
"J'accepte, mais à une seule condition."
L'impatience de son frère la réjouissait, lui qui était toujours si pressé, lui qui avait horreur de l'extérieur, lui qui n'était pour elle qu'un poids à supporter.
"Accordé d'avance, mais vas-y dit toujours !
-Je veux qu'un arbre ... mon arbre ... reste pour toujours à sa place. Je veux qu'il reste loin de toutes ses impuretés. Je veux qu'il trône encore fièrement dans quelques années, lorsque ta folie aura pris fin."
Dégouté, son frère lui tourna le dos, puis s'empressa de retourner d'où il était venu, à plusieurs kilomètres de la surface. Son paradis mécanique, là où la lave liquide emplissait des cuves, là où l'acier semblait se faire rare, mais où les gisements d'or commençaient à peine à être révélés.
"Une bien étrange créature que votre frère, madâââme.
-Qui êtes-vous, pour oser ainsi parler de Yodle ?" Il ne fallut pas plus de temps à Hita pour prononcer cette phrase que pour enfoncer le sécateur, probablement oublié par un des derniers jardiniers encore en vie, dans la gorge du pauvre homme un peu trop bavard. Le corps ne toucha pas encore le sol qu'il était déjà entrainé au loin par les deux derniers domestiques encore présents.
Il pleut toujours sur le Lerua Vol, mais les cendres et le sang finissent de recouvrir ce qui était encore bon sur cette terre.
Il pleuvait ce jour là sur le Lerua Vol, mais le liquide qui tombait du ciel et qui ruisselait le long des façades, et qui laissait sur sa trace une trainée sombre, lourde en cendre et polluant en tout genre, n'avait plus d'eau que le nom. Personne ou presque ne se baladait dans les ruelles, si ce n'est quelques drones et autre convoi d'engins mécaniques tous plus sophistiqués et destructeurs les uns que les autres. Mieux valait rester chez soi, si tant est que l'on y trouva encore la moindre parcelle de réconfort. Au moins ici, nul courroux de ce fou qui se croyait tout puissant, de ce drôle dont le seul péché fût d'exister, et qui d'un regard semblait vous transpercer de mille feu.
A quelques kilomètres de là, encore loin mais pourtant si proche de la transformation final, celle qui rendrai à jamais les terres infertiles, quelques arbres se tenaient fièrement, semblant défier de leurs branches acérées le vieux fou dans sa tour de verre. Sous un de ses derniers rescapés de l'apocalypse de l'artificiel, elle siégeait sur un banc, déjà partiellement noirci par les retombées de cendres. Elle semblait regarder au loin, ou peut-être avait-elle le regard perdu, cherchant à fuir ce chaos sans nom mais pas sans visage. Quatre majordomes l'accompagnaient, se regroupant sous un unique parapluie. Ils la regardaient, semblant inquiets de son silence sans fin. Et lorsqu'enfin, elle daigna émettre un son, un de ses serviteurs s'empressa de l'approcher et de s'abaisser à son niveau, pour ne pas rater une bribe de ses paroles. Sans même se tourner, elle s'adressa à lui:
"Serait-il trop vous demander, que de m'apporter quelque chose pour étancher ma soif ?
-Madâââme souhaite-t-elle la même chose que d'habitude ?
-Vous-êtes encore là ?"
D'un geste, l'homme se redressa, puis s'élança dans le chemin de gravier bordant la rivière où la jeune femme s'était installée. Il disparu rapidement au loin, camouflé par la poussière et les restes du passé, comme si le chaos en personne venait de l'accueillir en son sein.
"Salut frangine, encore à perdre ton temps ici ?"
Elle ne se retourna pas, à peine surprise d'entendre cette voix familière. L'homme qui venait de lui adresser la parole n'était autre que Yodle, lui qui, il y a trois jours encore, n'était qu'un fou rêvant du présent.
"Je rêve où tu es enfin sorti de ton trou ? Enlève-moi ses binocles, on dirait une taupe.
-Désolé de te déranger, mais j'ai un truc à te demander." Lança-t-il, l'air désintéressé. "En fait voilà, avec mon pote Dolgan, on voulait savoir si tu serais d'accord pour être notre porte-parole. Parler à la corporation, répondre au missive, enfin tu vois le topo. Alors Hita, qu'est ce que t'en dis ?"
Elle ne répondit pas directement, bien qu'elle fût surprise par une telle demande. Malgré la faible protection qu'apportait l'arbre sous lequel elle s'était installée, sa robe noircissait déjà à vue d'œil. Elle tremblait. Pas seulement de froid, elle avait peur.
"J'accepte, mais à une seule condition."
L'impatience de son frère la réjouissait, lui qui était toujours si pressé, lui qui avait horreur de l'extérieur, lui qui n'était pour elle qu'un poids à supporter.
"Accordé d'avance, mais vas-y dit toujours !
-Je veux qu'un arbre ... mon arbre ... reste pour toujours à sa place. Je veux qu'il reste loin de toutes ses impuretés. Je veux qu'il trône encore fièrement dans quelques années, lorsque ta folie aura pris fin."
Dégouté, son frère lui tourna le dos, puis s'empressa de retourner d'où il était venu, à plusieurs kilomètres de la surface. Son paradis mécanique, là où la lave liquide emplissait des cuves, là où l'acier semblait se faire rare, mais où les gisements d'or commençaient à peine à être révélés.
"Une bien étrange créature que votre frère, madâââme.
-Qui êtes-vous, pour oser ainsi parler de Yodle ?" Il ne fallut pas plus de temps à Hita pour prononcer cette phrase que pour enfoncer le sécateur, probablement oublié par un des derniers jardiniers encore en vie, dans la gorge du pauvre homme un peu trop bavard. Le corps ne toucha pas encore le sol qu'il était déjà entrainé au loin par les deux derniers domestiques encore présents.
Il pleut toujours sur le Lerua Vol, mais les cendres et le sang finissent de recouvrir ce qui était encore bon sur cette terre.