Aventures...

Ici sont chroniquées les histoires des Etats et de leurs dirigeants

Modérateur : Modérateurs

Theon Al'Roeg
Messages : 57
Inscription : 16 mai 2010, 21:56

Aventures...

Message par Theon Al'Roeg »

Aquablue, tout de bleu, couleur intangible, omnisciente au-dessus des flots déchaînées, comme à chaque aube, à chaque tombée de la nuit. On ne faisait jamais la différence de toute façon par ici quand venait à poindre l'un ou l'autre, sauf à se perdre et sombrer dans un examen scrupuleux d'une multitude de nuances infimes. Bleu saphir, bleu délavé, bleu océan, bleu de çi, bleu de ça. Q'importait-il, sacrebleu ? Quand au fond, dans l'ensemble, rien ne changeait vraiment. A toute heure, le même spectacle, aussi éblouissant qu'inchangé. Au bout du compte, le résultat était le même, on finissait toujours par ne plus qu'accorder aux nuées un regard dédaigneux une fois habitué.

Aujourd'hui cependant, étrangement, une météorite étoilée, assimilable à une vague forme de larme au sortir des yeux, étalait sa queue en travers du ciel, y creusait des sillons d'un jaune miel au rouge sombre et sanglant. Que pouvait-il signifier ? Que promettait-il ? Une nouvelle ère impitoyable pour la galaxie toute entière ? Du sang et des larmes pour son peuple ? Une ascension sanglante d'états nouveaux, dont le sien, au sein de la communauté galactique atrophiée ? Son regard hagard et floue se précisant petit à petit, revint aux menues détails de la réalité et se posa sur son l'environnement qui l'entourait.

L'île, minuscule point jaunâtre émergeant au coeur de l'immensité de l'océan, abrupt et peuplée de rochers écumants contre la mer, brillait à cet instant de mille feux sous la lumière de l'éphémère comète rouge qui s'évanouissait enfin. Les présages, Theon Al'Roeg n'y croyait pas. Encore que, et alors juste au moment se répandait la rumeur de la décryogénisation de la plupart des états galactiques, que se nourrissaient déjà de nouvelles ambitions, il n'avait jamais vu de comète comparable à celle-ci.

Al'Roeg, délaissant là des pensées qui ne convenaient guère à un soldat de sa trempe comme on ne cessait de lui rabâcher constamment à l'état major, mais qu'au fond il adorait cultiver par-dessus tout, déambula son regard d'eau glacé sur la côte rocailleuse, en tout et pour tout qu'un qu'un amas de rochers déchiquetés avec lesquels le spatioport de l'avant-post de Vandergard ne semblait ne faire qu'un, taillés l'un dans l'autre de la même matière d'exodium², moites qu'ils étaient tous deux des mêmes vagues saturées de sel et maculés des mêmes fientes d'oiseaux exotiques qu'on ne retrouvait nulle part autre que sur cette planète. Pris de vertiges, assaillis de frissons, le soldat se trouvait à la pointe d'une falaise tapissée de graviers d'une rugosité extraordinaire, en quête de paix et de réponses. Et en contrebas, sous lui, s'écrasait la mer contrite, revêche, toute furieuse qu'elle était devant l'insolent bout de roc qu'elle ne parvenait guère à briser, ni à engloutir.

Et là-dessus, sa contemplation loin d'être achevée, son bracelet d'acier rectangulaire parsemé à son long d'une multitude de boutons, émit un bruit de cliquetis tandis que s'ouvraient ses valses d'activation en réponse à la réception d'un message instantané. Une image translucide mais nette, d'abord tremblotante puis net d'un homme réduit à la dimension 3x alpha d'une petite bouteille d'eau s'afficha promptement. Elle semblait malgré sa petitesse comme s'ériger fièrement sur l'avant bras du géant, qui ne pouvait que subir en abaissant son regard d'une singulière attention obéissante, sur l'hologramme et attendre ses instructions.

-Lieutenant Al'Rhoeg, veuillez vous présenter à la salle de briefing des pilotes de chasse du spatioport, terminé.


L'ordre aussi sec qu'à peine ébauché, l'hologramme n'en disparut pas moins de manière égale, sitôt le message transmis. Allons bon, que lui voulait-on encore ? Une mission cruciale, sans aucun doute. On ne l'appelait qu'à des engagements pour le moins épique, particulièrement dangereux, et pour des raisons souvent moralement douteuses. Ca ne manquait jamais. Faisant passer tout le poids de son corps élancé d'une jambe à l'autre, et d'une légèreté pareille à celle d' un félin tant s'en montrait l'aisance, outre qu'elle traduisait un entraînement poussif et régulier, le soldat en uniforme tacheté de gris et de bleu, blason de son appartenance sur le sein, s'ébranla pleinement. Il descendit la falaise, revint au spatioport, puis chemina d'un pas tranquille dans des coursives étroites au coeur de la base, à l'abri du sel, des vents cinglants et de l'odeur âcre.
Dernière modification par Theon Al'Roeg le 20 mai 2010, 12:31, modifié 1 fois.
Theon Al'Roeg
Messages : 57
Inscription : 16 mai 2010, 21:56

Re: Aventures...

Message par Theon Al'Roeg »

La vie au sein de l'Armée Azurian n'avait pas été des plus facile pour Theon Al'Roeg, fils d'Evan Al'Roeg, chef du plus grand chantier d'armement navale, et plus grand spéculateur de l'histoire, aussi peu scrupuleux, qu'immoral. Bientôt une dizaine d'années que Theon avait postulé à la Marine Spatiale, puis rejoint les Affaires Tactiques de Reconnaissance au sein d'un corps d'élite d'intervention. A l'époque il n'était encore qu'un tout jeune garçon, à peine seize ans quand il avait franchi les portes coulissantes du premier bureau de recrutement en la colonie Sous-Marine d'Atrionix, puis présenté fièrement son dossier malgré le regard dubitatif de l'officier sur place qui examinait le marmouzet de haut en bas. Seize ans et déjà l'irrépréhensible envie de voler, de tirer, défendre les intérêts de l'Etat et découvrir l'univers. Son choix pour la Marine, au détriment de la Surveillance Territoriale aux côtés des mécas de sécurité, avait été tout naturel, en grand oiseau rêveur, puissant rapace aux griffes acérés déployant ses ailes en protecteur des flots, qu'il s'assimilait.

Son père l'avait pourtant mandé à la tête de son cartel, la toute puissante Alstom Bane, quand il avait quatorze printemps, dans l'espoir de lui décrocher des noces royales avec la fille du Coordinateur de l'époque, d'en faire son digne successeur et d'accéder à des postes stratégiques du gouvernement politique des colonies fédérées grâce à d'opportunes relations nouées. Mais en grandissant en âge, en force et en maturité, Theon était devenu plus indépendant que jamais, sa voie tracée selon sa volonté propre.

Et sa voie était toute militaire, pour le bien de tout à chacun, de toute une communauté soudée pour laquelle il se dévouait, se dévouerait corps et âme. Et d' entrainements d'infanterie en vol d'essai, de mission d'exploration en opération de maintien de la paix, le marmouzet eut tôt fait de devenir un homme accompli, de maitriser rapidement l'ensemble des chasseurs disponibles de la flotte et d'être paré dans les meilleurs conditions au combats d'infanterie de l'espace. Malgré ses prouesses, ses dons exceptionnelles, quelle déception n'avait tout d'abord éprouvé son père, eu égard à tout ce qu'il avait ambitionné pour lui, envisagé pour sa carrière, entrepris pour son avenir et celui de son empire industriel, fulminant à tel point qu'entre eux les ponts finirent par se disloquer. Par le dépit du père, la rancoeur du fils.

Alors, entre temps, durant la période de glace et de marbre entre familiers, Theon avait servi quatre années comme pilote de chasse sous les ordres du lieutenant-colonel Rossor et gagné ses premières étoiles dans la Marine contre l'alliance Black ball durant la guerre des Principes, et ses dernières contre l'IA rebelle Thésarus et ses bots assassins, de funeste mémoire, mission au cours de laquelle il avait perdu presque toute son unité au combat rapproché. Sa vie n'avait pas été rose, loin de là, aussi heureux que puisse paraître son cheminement. Des choses effroyables, la mort de compagnons, avaient plus d'une fois brouillé sa vision mêlée de larmes et de sang, outre la douleur, la faim, la soif et le froid ressenti.

Persévérant malgré de nombreux accès de rage tout autant que de faiblesses, il gravit petit à petit les échelons de la hiérarchie militaire jusqu'à tant qu'à être repéré et suivi par l'Amiral Penticov en personne. Et cela suite à son plus grand exploit spatial, aux commandes d'un chasseur-bombardier de classe 3, incognito, ni vu ni connu au coeur des systèmes de défenses, d'où il largua une bombe nucléaire de soixante mégatonnes sur un bunker de spationautes pirates, y enfouissant sous terre, plusieurs dizaines de milliers de cadavres dépouillées de toute dignité au regard de l'irradiation et de la putréfaction immédiate; en riposte à l'agression barbare d'une raffinerie de combustible très sensible sur une station spatiale qui ayant explosé, avait causé la mort de sept milles ouvriers. Depuis, la piraterie avait sombré dans la décadence, sans plus ni chefs, ni organisation, ni ressources, alors que les colonies poursuivaient de manière fulgurante leur essor et les abandonnaient à leur état de délabrement continue.

Ironie du sort cependant, c'est au sortir d'un échec retentissant qu' Al'Roeg s'était vu enfin muté à la prestigieuse et redoutée organisation des Affaires Tactiques de Reconnaissance, dernière ligne de défense des colonies Azurian, ultime recours à la Nation coordinatrice. Au commandement d'une petite unité de chasseurs, basée dans l'une des colonies spatiales du secteur 9 au-dessus d'Aquablue, posé sur une météorite. Albatros III. Theon fut déjà sur les lieux, au coeur de l'action, lorsque la principale source d'extraction d'Hellonium fut sauvagement attaquée par des écolo-terroristes et perdue durant la reconquête du secteur par des résidus d'unités survivantes de l'alliance Black ball, allié opportunément à ces fanatiques.

Son courage et sa détermination à protéger les siens n'avait guère pesé dans la balance, détail par trop négligeable pour sauver la colonie des griffes de l'envahisseur. Les trois avant-postes Azurian étaient tombés en une nuit, puis la station spatiale détruite, les renforts extérieurs à peine mobilisées. Bien peu furent ceux qui en réchappèrent, dont lui à nouveau. Encore à cet instant, il se demandait comment on avait pu décider de lui faire confiance, après tout ce foutoir.

Allez Theon, c'est de l'histoire ancienne.
se dit-il tristement, puis il se mit en quête de la porte ou l'attendait ses supérieurs.
Dernière modification par Theon Al'Roeg le 20 mai 2010, 12:32, modifié 1 fois.
Theon Al'Roeg
Messages : 57
Inscription : 16 mai 2010, 21:56

Re: Aventures...

Message par Theon Al'Roeg »

Face à lui, l'Amiral Penticov en personne, chef des Affaires Tactiques de Reconnaissance. Debout et solennel, il abandonnait sa longue chevelure brune au gré du vent produit par les ventilateurs dans la chaleur moite, étouffante de la salle sous les roches de l'île. Taillée court, sa barbe émaillée de blanc le faisait paraître plus vieux que ses trente-cinq ans et, à voir l'expression farouche qui, en ce jour, durcissait ses prunelles grises, Theon assis sur une chaise de pierre se doutait bien qu'il ne risquait pas d'entendre d'heureuses nouvelles. Aussi, le regard du jeune homme , d'un bleu neigeux singulier, étincela quand celui-ci avec sa télécommande en main, fit apparaitre l'image tri-dimensionnel d'un bâtiment appartenant probablement à l'Armée, au vu des nombreuses créneaux derrière lesquelles se devinaient des mécas d'assauts et des sentinelles en position d'alerte. Après un regard acéré, pointu à l'adresse d'Al'Roeg qui examinait déjà les premières informations graphiques à sa portée, pour sa grande satisfaction, l'Amiral prit la parole d'un ton dénué de chaleur, de sa voix presque désincarnée comme à son habitude.

Voici la base militaire Eternité, du département scientifique. Là-bas y est expérimenter le prototype d'hyper-propulseur mis au point très récemment par les meilleurs de nos chercheurs. Et selon les derniers rapports datant d'il y a trois jours, les résultats promettent d'être concluants, nous touchons à notre but. A l'heure de la décryogénisation universelle, de l'ouverture galactique, la possession de ce genre de technologie permettrait une avancée considérable dans l'exploration et la découverte de nouvelles matières premières, de nouvelles richesses, de nouveaux états avec lesquels noués des relations commerciales. Un flux intense et tel que notre essor se multiplierait par trois fois. A même avec une telle innovation en nos moyens de transporter des gigantesques flottes dépassant votre entendement, d'Aquablue jusqu'à l'autre extrémité de l'espace connu, de Galactica, centre galactique où loge et règne le Grand Conseil, jusqu'à Volcano perdu aux limites d'un environnement sauvage, bourdonnant, et plus qu'inadapté à l'Homme.

Mais voilà. Il y a de cela une semaine, nous sont parvenus des nouvelles très inquiétantes. Le Vaisseau Anastassi croisait au large d'Ys, caillou stérile et désert, quoi qu'habitable, quand l'Intelligence Artificielle à bord, intercepta un bref signal, puis une transmission cryptée, qu'elle décoda rapidement.

Il semble que des gens mal intentionnés sur la planète, aient découvert une sonde Hammer-Sonn, le genre de sonde d'espionnage que nous avions largement disséminé, et peut être inconsidérément j'en conviens, durant la guerre des principes contre Black Ball. Voyez-vous lieutenant, ces sondes outre leur utilité furtive et leur mission prioritaire de renseignement ont la particularité de contenir chacune à l'intérieur de leur soute centrale une forte charge nucléaire, et d'exploser pour peu qu'elles soient découvertes. Aujourd'hui la plupart ont été retrouvées, désamorcées, puis détruites, mais quelques unes n'ont jamais été retrouvées, dont celle qui nous préoccupe actuellement de toute évidence.


Quel est le rapport avec la base Eternité ?


Et bien... le message stipule que ces gens comptent justement s'en prendre à elle, en utilisant cette sonde, avec quelques modifications informatiques agressives dans sa base de données. Ceci afin d'irradier le prototype et rayer toute chance d'ouvrir nos portes, notre économie au reste de la galaxie, même si de fait, c'est bougrement inéluctable. Ils craignent apparemment le monde extérieur, et selon toute probabilité, à en croire également les propos tenus dans le message intercepté, des écolo-terroristes sont mêlés à cette infamie.


Mais enfin, c'est absurde, qu'aurait-à gagner les écolo-terroristes dans cette histoire ? L'hyper-propulseur est une avancée majeur certes, mais elle n'est en rien dangereuse pour notre environnement.


Parlez plutôt de révolution lieutenant, d'innovation fantastique. Car elle intensifiera notre économie, bouleversa les moeurs et notre manière de d'entrevoir la vie. Pensez seulement aux sociétés d'extractions de toutes nos colonies, qui font actuellement pression sur le Coordinateur pour s'ancrer plus résolument que jamais sur les routes commerciales galactiques. Grâce aux propulseurs, ils trouveront de nouveaux acheteurs, faisant qu'on exigera d'eux plus de production, leur activités dépasseront la mesure, et leur déprédations sur la nature se multiplierons, quitte à en devenir effroyable. Enfin c'est ainsi que s'assimile approximativement leur pensées. Et pour ça, ils sont prêt à faire preuve de la plus indicible violence, y compris contre les innocents, quelque soit l'extravagance et la folie de leur raisonnement.

Je n'ai pas besoin de vous faire un dessin sur l'urgence de la situation, j'espère Lieutenant. Ces sondes d'espionnage ont été crée par l'ingéniosité même des aquablusiens. Insaisissables, agiles, presque invisibles, nous ne réussirons pas à les atteindre à temps si elles viennent à s'engager puis s'écraser contre la pierre noire d'Eternité. En détruisant notre prototype, ce seraient des dizaines d'années d'avancées, de réflexion, mais aussi de tâtonnements, de hasard heureux aboutissant à ce formidable résultat qui seraient perdus. Nous ne pouvons nous le permettre, il faudrait tout recommencer de A à Z et ce pour de nombreuses autres dizaines d'années et peut être avec moins de succès. En attendant, nos colonies se dandineraient encore dans l'isolement et la solitude, ce à quoi vise évidemment les extrémistes.


Si c'est tellement important pourquoi ne pas faire appel à la flotte ? Envoyez la marine déloger ces mécréants et les corriger sévèrement, ce sera vite réglé !


Ce n'est malheureusement pas aussi simple. Il se trouve que ces sondes sont nés du plus grand secret, crée à l'insu même de l'Etat, du gouvernement, du Coordinateur, par l'Armée. A l'époque, la guerre ravageait nos contrées, et la haine distillait notre jugement pour la plupart. Nous étions prêt à tout pour la victoire, quitte à éradiquer des dizaines de milliers d'hommes, innocents ou non, cela n'avait pas d'importance s'ils étaient dans l'autre camps. Vous comprenez donc pourquoi il est indispensable de rester discret et ne pas faire de vague ?

Si cela venait à être découvert, ce serait un drame médiatique, pire encore, un acharnement judiciaire se déchaînerait, et nous avons tout sauf besoin de ça. La guerre des Principes a déjà provoqué assez de morts et de souffrance. C'est d'unité, de sérénité, d'amour dont nous avons besoin. Cette histoire révélée diviserait inexorablement notre nation, et ferait naître une nouvelle guerre civile, un nouveau Black Ball.

Non lieutenant. Nous préférons envoyer notre meilleur agent, en l'occurrence, vous. Une fois cette dernière sonde récupéré, désamorcé par vos soins, cette épée de damoclès au dessus de nos têtes, disparaitra.

Le code de désactivation secret, vous sera transmis par l'intermédiaire de votre omni-tech. A présent, je crois qu'il est temps pour vous de retourner à votre cabine et d'aller vous équiper. Rompez.
Theon Al'Roeg
Messages : 57
Inscription : 16 mai 2010, 21:56

Re: Aventures...

Message par Theon Al'Roeg »

La carnation blonde d'Al'Roeg, revêche et tant de fois cible de moqueries à l'époque de son recrutement - car oui prétendait-on à l'Armée, tout militaire, un vrai de vrai, se faisait un devoir de présenter une boule impeccable, aussi lumineuse qu'une lanterne magique de Vertana, ou à tout le moins, un crâne rasé de près - flottait librement sur ses épaules, hirsute et sans soin, au-dessus d'une armure noir d'obsidienne, qui miroitait doucement dans les tenues lugubres de la pièce, en signe de son éveil tranquille. Une merveilleuse protection techno-guerrière que portait là le jeune lieutenant, mijotée par les soins méticuleux des meilleurs scientifiques, soucieux de répondre aux attentes des fantassins de plus en plus inondés par les dangers au coeur du feu. Et ce faisant, si l'armure disposait assurément d'une quantité d'énergie suffisante, tout objet la percutant au delà d'une vitesse donnée, comme les balles perforantes, les lasers, déclenchait âprement son système réflexe qui déviait instantanément le projectile et rejetait par là même la mort qui s'ensuivait souvent.

Aussi mince et leste qu'une lame de profil, Theon même soumis au poids d'un lourd blindage, contraint à subir et traîner un puissant agencement de plaques massives, renforcées elles-mêmes par des feuilles de céramiques ablatives, n'en n'exhibait pas moins une sveltesse de fleuret. Quitte à faire taire de jalousie métissé de respect tous ceux qui se gaussaient de lui, car quelque grande gueule qu'on puisse avoir, chacun étant doté d'yeux au milieu des trous sur la face, autant l'on savait reconnaître sur un corps les signes rigoureux d'un entraînement implacable, suivi, assidu. Entraînement qui - répétait-on à l'envie - avait ça de bon de vous traîner dans la boue, plus misérables que des vers s'échinant à bas ventre sur la terre et qu'on piétine, de vous faire crachoter jusqu'au sang comme atteint d'agonie, mais aussi de vous transformer aussi physiquement que mentalement, avec des résultats pour le moins édifiant et des changements radicales sur votre anatomie. A cette pensée heureuse qui venait l'aveugler, Al'Roeg vit son reflet dans le miroir sourire sombrement, tandis qu'il sentait ses propres muscles faciales au niveau des lèvres s'étendre de manière féline.

Aucune devise, aucun ornement ne relevait son armure de plates tout de noir, rien qui puisse certifier de son appartenance , clamer la fierté de ses actes passés et futurs au nom d'une quelconque organisation, d'une patrie. Ce n'était guère un mystère, lors de missions scabreuses particulièrement, les Affaires Tactiques de Reconnaissance privilégiaient presque toujours le silence macabre à la revendication funèbre, la discrétion à la célébrité autant pour des raisons de sécurité que d'efficacité. Paquetage au dos, armes aux étuis, Al'Roeg était fin prêt. Au devant de ce flagrant constat, il s'élança donc au dehors de la chambre, et déambula dans les coursives exigus de pierre noire, sous le regard inquisiteur des gardes qui s'avisaient un peu partout dans leur rondes de surveillance, leur manteaux gris-bleu ployés puis déployés, soulevés par la brise.

Arrivé à l'extérieur, un parfum de mer saturait l'atmosphère de l'île, et le vent qui soupirait fraîchement alentour, s'efforçait d'y répandre tout le sel mêlé à son souffle un brin tumultueux. Pas le meilleur temps pour décoller, cerné par une mini-tempête, se dit Al'Roeg en haussant les épaules.

Il parvint enfin à la baie d'accostage ou s'était posé d'innombrables chasseurs sur le sol mouillé, une véritable forêt massive d'ailes et de coques noirs à vue, délaissés par les pilotes qui en dessous de bannières flottantes, étaient occupés à se remplir la panse, à se réchauffer tout autant, non sans quelques gloussements, avec un doigté de vin. Douce liqueur ô combien réconfortante, qu'on mélangeait bien sûr allègrement à chaque mets qu'on avalait. Puis loin, très loin au-dessus des têtes, des nuées de chasseurs pratiquaient des va et vient incessants dans le ciel, d'autres s'aventuraient au loin pour ne plus jamais reparaître tandis que d'autres encore surgissaient de nulle part en vue d'atterrir promptement.

Ce fut devant un de ces engins, un appareil aux courbes bombées, considéré comme un chasseur multi-usage et dont le domaine de prédilection se trouvait être la furtivité, que l'on retrouva notre jeune engagé, équipé de la tête aux pieds, si l'on rajoutait la combinaison de vol. Deux techniciens apprêtés par l'état major pour ses soins, vinrent lui prêter main forte, et l'installèrent à bord . Ce faisant, ces derniers avec toute l'ardeur de la jeunesse qui était la leur, pas plus d'une vingtaine d'années à tout compter; s'empressèrent de quitter les environs bruyants du chasseur qui démarrait au quart-de tour. Ainsi, en même temps que s'allumèrent les divers clignotants du chasseur, s'activèrent également les contrôleurs automatiques au dehors, le système de ravitaillement et le support informatique, pendant que la cloison qui barrait la route sur le pont d'envol F3 se rétractait.

Al'Roeg qui avait bouclé sa ceinture, fermé la verrière, vérifié l'oxygène et ses équipements de vie, actionné quelques boutons, posa enfin les mains sur les manettes de commande, en maître incontesté chez lui. Par l'effleurement taquin de ses doigts, il déclencha la mise en route des propulseurs de son engin au milieu d'un magnifique ronronnement. Une voix atone et quelconque, qu'il oublierait sitôt qu'il aurait décollé, l'assourdit par l'intermédiaire du micro intégré à son casque.

-Tour de contrôle à XLALPHA3. Vous avez le feu vert, autorisation de décoller.


-XLALPHA3 à contrôle, reçu, décollage en cours.
Sur ces mots, Theon déchaîna la puissance de ses propulseurs dans un charivari d'hurlement et de grognement digne des plus grands fauves de mers. L'appareil poussé d'une aisance déconcertante vers l'avant, vint à s'arracher du sol, puis se renversa en direction de l'espace sans que le temps menaçant alentour n'altère ni sa vélocité, ni sa course.

Contrôle, phase de décollage achevée, tout est O.K, en jalonnement calculée jusqu'à la destination prévue. Terminé.


- Al'Roeg, ici l'Amiral Penticov. Je souhaitais simplement vous souhaiter bonne chance mon ami. Assurez vous de nous revenir vivant, lieutenant !


- Bien compris. J'y compte bien, Amiral.
Theon Al'Roeg
Messages : 57
Inscription : 16 mai 2010, 21:56

Re: Aventures...

Message par Theon Al'Roeg »

Le chasseur furtif, presque hors de contrôle et lancé comme une flèche folle, avait fusé dans la voûte noir aux contours flous, jamais définis et à en croire certains, sans fin par quelque volonté taquine d'entités supérieurs se jouant de ces mortels qui n'appréciait rien tant qu'à résoudre tout ce qui les dépassait. Theon sillonna donc l'espace et l'inconnu parmi les mystères, les nombreuses interrogations d'un univers quasi-vide, presque irréel tant s'en trouvait son immensité malgré son contenu d'étoiles et de planètes, son lot de flottes galopantes et de batailles spatiales déchirant l'atmosphère et semant tout un fratras d'épaves en perdition jusqu'à l'infini.

L'espace resplendissait comme toujours d'une beauté particulière, froide, secrète et ténébreuse, son être et tel qu'il se montrait en disséminant ses pièges, s'avisait tout aussi implacable. Sa placidité immuable allait jusqu'à vous édifier dans vos pires moments de réflexion, tout n'était que ténèbres et silence en ces lieux nuitées dont la splendeur pouvait aussi bien cacher dans le même temps les pires dangers. Gare à ceux qui considéraient l'espace comme un allié indéfectible, un ami loyale au spationaute, ou ils l'apprendraient à leur dépens. Rien n'avait moins de sens que cette assertion à un pilote chevronné qui, après des années d'expérience, savait percer minutieusement au delà du voile obscure prétendument inoffensif, entr'apercevoir la traîtrise et la fourberies qui se recelaient derrière tant de merveilles et de légèreté qu'il pouvait souvent vous procurer jusqu'à vous faire baisser la garde au moment de vous dévorer tout cru.

Et rien n'était plus vrai que ce silence oppressant, omniprésent lorsque vous vous retrouviez seuls avec vous-même, avec pour seul discussion le fil de vos pensées, presque atteint d'hébètement et parfois de folie suite à une période prolongée de solitude et d'isolement aux tréfonds des ténèbres qui vous envahissaient de toute part et s'insinuaient jusqu'à votre esprit.

Le voyage se poursuivait paisiblement, sans aucune anicroche. Les étoiles se déformaient, comme si l'univers entier se compressait, et tout au long de sa trajectoire calculée, le chasseur bondissait à leur côtés comme un cerf enluminé, jusqu'à atteindre finalement sa destination. Il avait parcouru moult et moult kilomètres et il s'en était fallu seulement de quelques heures. Les bienfaits de la technologie incontestablement.Comment pouvait-on s'élever contre quelque chose d'aussi inoffensif, combien qu'il soit facteur de révolution des moeurs ? Quelle mouche avait donc piqué les écolo-terroristes qui refusaient de voir l'évidence d'un monde meilleur grâce aux progrès de l'Homme. Justement, Theon, pour tenter d'appréhender leur état d'esprit, avait eu affaire un jour à l'un d'eux durant un interrogatoire qui ressemblait plus d'ailleurs à une séance de torture. Malgré les nombreuses questions, les poings et pieds flanqués au visage et sur toutes les parties du corps qui s'ensuivaient irrémédiablement, la victime n'avait pas une fois desserré les dents malgré la douleur et tout le sang pissé, ses yeux fiévreux de haine et de fanatisme.

De tous, les écolo-terroristes étaient les plus dangereux, les plus insaisissables. Encore aujourd'hui Theon n'entendait rien à leur motivations. Qu'est-ce qui pouvait tant les animer ? Il se souvenait qu'un autre, un dur de chez dur, une brute de première, après avoir résisté plusieurs semaines à la torture sans verser la moindre larme et sans balancer le moindre copain, n'en n'avait pas moins pleurniché comme une madeleine face la dératisation de la prison infectée peu auparavant par la peste. Aujourd'hui, ceux-ci semblaient avoir franchi un pas de plus dans la démence, et Theon n'était pas sûr de se montrer très clément à leur endroit, quoi qu'il puisse découvrir sur le sujet de leur manigances.

Le vol touchait à sa fin, Ys, il y était enfin, grosse météorite stérile, d'où saillaient de toute part des gouffres gigantesques en de nombreux pans de sa surface, là ou ne prenaient guère pieds les monts qui s'attachaient de tout le reste des parages. D'ailleurs à perte de vue, montagnes acérées, déchiquetées à leur flancs, et terres plates noires, pleines de trous. Aucune installation économique ou industrielle n'avait jugé bon, à plus forte raison, de s'installer sur ce cailloux vide, inintéressant, hostile. Les scanners du vaisseau l'en certifiait, rien de ce qui se trouvait ici ne pouvait être utilisé, transformé, en ressource précieuse. Une perte de temps qu'envisager un projet ambitieux de colonisation ou d'extraction là-dessus.

Theon activa le mode de furtivité du chasseur, qui le rendait invisible aux capteurs et radars ennemis, puis engagea furieusement sa bête hurlante dans les allées limpides de l'atmosphère de la météorite, sans qu'aucun nuage n'obstrue son chemin ni même ne s'y encontre, en direction du sol et de la piste d'atterrissage qu'on lui avait fourni grâce aux données transmises. Après une descente en rase motte, les roues du chasseurs touchèrent enfin le sol. La poussière monta, virvolta tout autour, s'électrisa au contact du passage fougueux du chasseur, tourbillonna férocement jusqu'à embrasser le ciel et toute l'atmosphère. Une fois les moteurs et l'alimentation coupée, Al'Roeg sortit du cockpit. Il n'y avait rien à craindre pour son chasseur, il l'avait positionné à un endroit difficile d'accès et de vue, et vraisemblablement seuls ceux qui avaient connaissance de sa position pourraient avoir une infime chance de le dénicher, quand bien même l'on serait à sa recherche. L'Agent des Affaires Tactiques, lui, avait sa balise qui l'amènerait droit à l'engin, lorsqu'il s'agirait de faire chemin inverse et de quitter cet endroit inhospitalier.

Par où commencer ? Il scruta l'horizon, tandis que son pied tâtait de la terre. Le sol était caillouteux, fruste et sec comme on si en avait aspiré toute l'eau, et se fit plus hostile encore, alors qu'il entreprenait de faire ses premiers pas. Une dangereuse équipée à n'en pas douter, l'attendait.

Bon. Selon l'IA de l'Anastasiss, la transmission interceptée a été émise au Nord-Nord Est d'ici.
Il observa la montagne tout en rangeant la boussole sortit à l'occasion de son observation, et soupira. Et bien ça promet une belle escalade.
Dernière modification par Theon Al'Roeg le 31 mai 2010, 20:03, modifié 1 fois.
Theon Al'Roeg
Messages : 57
Inscription : 16 mai 2010, 21:56

Re: Aventures...

Message par Theon Al'Roeg »

Environné d'ombres noires et de rochers noirs, Theon Al'Roeg, en mission spéciale sur Ys pour l'Amiral Penticov des services secrets, s'échina à escalader une sente abrupte et tortueuse. Dur était la marche, et lente, et pesante. Se hâter ici ou là, c'était s'exposer à la fracture d'une cheville ou pire. Al'Roeg à l'affût des moindres détails, menaçants ou singuliers sur la pente ascendante qui s'accouchait devant lui, dût constamment surveiller le sol froid, caillouteux et pourri.

Le col qu'il grimpait hardiment s'acheminait vers de hautes montagnes érodés par la bise tout en tournicotant inlassablement. Parfois de manière prompte, la montée se métamorphosait en une profonde descente et on plongeait jusqu'à presque chuter dans des vallonnements, comme aspiré par la gravité et ses lois impitoyables. Combien de fois Theon à chaque pas, chaque raidissement des articulations pour ne pas tomber, chaque glissade au sol, s'était-il entendu maudire ce caillou géant sur lequel il entendait accomplir sa mission ? Pester de toute façon ne l'aiderait pas plus à surmonter cette épreuve des plus éreintantes et des plus enrageantes.

Alentour, nulle âme qui vive, en dehors de la sienne. Il n'avait entrevu aucun signe de vie depuis qu'aux pieds des monts, à proximité de son chasseur, il avait débuté sa lente ascension. Plus il montait, plus s'en ressentait les affres du temps. Le vent coupait comme un rasoir dans ces parages, et poussait des cris aussi perçants que s'il s'était trouvé quelque part une mère tout juste endeuillé face à l'assassinat de ses enfants, les échos de ses cris portés au plus loin. Un chaos de roc en suspens menaçait la sente que le soldat Azurian traversait piteusement et des rangées de stalactites qui se contordaient un peu partout, s'avisaient de l'accrocher et le déchiqueter en tentant de lui planter leur dents aiguisés sur sa chair, si ce n'était les plaques massives de son armure plus dures que l'acier qui les séparait de celle-ci.

Theon suivit un bon bout de temps la sente, dont les lacets ne cessaient de monter en serpentant contre le flanc de la montagne noire, moirée de temps à autre par les faibles éclats d'étoiles qui étaient de passage dans les cieux ou venaient joyeusement s'écraser, provoquant dès fois un énième cratère parmi tant d'autres. Soudain, un halo s'orangea pauvrement dans la nuit promise à l'éternité de la météorite géante. Theon s'empressa de suivre de ce côté et d'atteindre le lieu indiqué, en posture d'observation. Des hommes avaient dressé un campement illuminé par des globes lumineux en suspension. Devant Theon, une pente, des rochers derrière lesquels il s'abrita. Ce même écran le protégeant à la vue de l'ennemi, il se permit d'approcher en tapinois jusqu'à se trouver à une distance de tir correct.

Couché à l'avant, il sortit ses jumelles d'optique infra-rouge puis balaya la place occupée qui s'étendait devant lui. Ils étaient trois et non pas des hommes mais en fait des mécas, dont un d'assaut IG 160 et deux droides de bataille. Ces derniers, l'oeil aux aguets, réactifs à toute chose, se coulaient en plusieurs endroits et pratiquaient inlassablement de minutieuses rondes. Ils semblaient protéger les environs, être à l'avant-post de quelque chose, mais quoi ? C'était à cette question que Theon allait devoir répondre, et pas de la manière qu'il souhaiterait le plus en pensée. Mais désirs et réalité n'allaient pas toujours de pair. Ces droides, il le savait, étaient programmés pour tuer quiconque serait aperçue. Ses jumelles, prenant un format d'approche de lunette lui permirent de contempler les mécas aussi bien qu'ils avaient pu se trouver en face de lui. Le premier, l'Ig 160 était modèle de droide militaire très évolué, avec un exosquelette semblable à celui d'un humain. Formidable machine à tuer, dotés de performances supérieurs à nombre de mécas.

Ainsi, l'armement le plus visible de celui-ci, consistait en un bâton électrique parcouru par un flux d'énergie pure, qui combiné aux capacités réactives de lg 160, en faisait un adversaire redoutable. Les deux autres, de modèle standard n'en paraissait pas moins dangereux avec leur fusils blaster pointé à l'avant de leur bras métalliques, et sous leur armure capable d'encaisser plusieurs salves de blaster à la suite. Quand ils se déplaçaient, ils émettaient des sons électroniques menaçants. C'est à eux que l'humain allait avoir à faire, des monstres de métal et d'acier, machinales et mécaniques. Tout naturellement, son arme sorti de son étui lui était venu aux mains.

Prompt comme un daim, aussi preste qu'un serpent qui s'érigeait, menacé, Theon Al'Roeg se redressa vivement tout en pointant son fusils d'assaut calé au creux de son bras. Puis sans autre préambule, sans qu'aucun des bots ne l'ait découvert, oeil au viseur et malgré sa tenue belliqueuse, il tira sans être inquiété et fusèrent les premières balles mortelles.
Theon Al'Roeg
Messages : 57
Inscription : 16 mai 2010, 21:56

Re: Aventures...

Message par Theon Al'Roeg »

Al'Roeg fit parler les armes et les ténèbres chancelèrent. Plusieurs éclairs bleuâtres ravagèrent la nuit d'encre, la foudre horizontale semblait comme frapper en plein milieu du camps, avec une fureur qui empesta l'ozone et l'acide. Patatra, Patatra ! Le premier squelette mécanique perforé de balles sifflantes tituba en arrière, d'abord un bras éradiqué, une épaule démise, la poitrine foutrement ravagée, puis tomba à la renverse dans une gerbe d'éclaboussures huileuses. Theon fermement campé sur ses pieds en équilibre, nonobstant le plein carton, rajustait déjà son tir sur le suivant, et un nouveau coups de tonnerre en rafale éclata, fustigea l'air en tournoyant, jusqu' atteindre et faire s'écraser sur le sol la seconde ombre funèbre dont la tête explosée avait été plus que cinglée.

Le fantôme have et blême de l'IG 160 à l'exosquelette plus qu' humaine, le dernier des mécas encore debout, réagissait déjà promptement, et muet, brandissant sa pique au flux énergétique, bondissait d'arrière en avant dans sa direction. Theon l'exposa à un nouveau tir implacable, mais ce dernier tout en faisant tournoyer d'une fulgurance sans nom son bâton qui déviait âprement les mortels projectiles, poussa un cri strident que répercutèrent les ténèbres alentour. Et de ci de là, en dessous de trappes jusque là invisibles, surgirent quatre nouveaux spectres de fils et d'aciers.

Comment ?
Al'Roeg en eut le souffle coupé. Il fit les gros yeux, pris au dépourvu devant le spectacle abominable de renforts ennemis nullement prévus au programme. L'affaire se compliquait quelque peu.

Comme un seul homme et comme à un signal donné les nouveaux spectateurs jusque là passifs semblaient prendre vie, et très vite ils se déployèrent, leur canons gorgés de plasma dardés sur l'ennemi humain. Des rayons fusèrent à proximité, aux pieds de Theon, qui d'un pas de biais tout en baissant l'échine d'un brusque plongeon au sol, se culbutait soudainement contre la paroi des rochers, et se faufilait derrière cet écran naturel aussi bien inébranlable qu' immobile. Le feu n'en rugissait pas moins furieusement autour de son être et des longues langues orangées l'environnèrent, léchèrent le roc et la pierre sans toutefois jamais l'atteindre. De loin en loin, les éclairs rougeâtres plus nombreux des machines, succédant à d'autres, lézardèrent la voûte noir et la pierre en tonnant, leur roulements ébranlèrent le flanc de la montagne. Encore qu'indemne, la créature de chair et de sang qu'était Al'Roeg pouvait nettement sentir ses cheveux crépiter ses cheveux par endroit alors que se poursuivait le bal de rayons au-dessus de sa tête.

Patatra ! Patatra ! Patatra !
Et la clameur s'estompa, puis s'éteignit enfin pendant qu'on se mouvait furtivement, que les pièces se remettaient en ordre sur la table de jeu à la donne changée. Theon qui avait attendu le moment propice, profita de ce répit pour bondir à nouveau, répliqua d'une mitraille impitoyable et bougrement précise. Un méca en mouvement encore à découvert, fut abattu sur le champs et se désintégra sous le feu. L'assaut brutal aussi vite achevé qu'entamé, Theon avait déjà abaissé son arme et calé sa tête derrière un abri de roc. Lui survint au vol en guise de réponse et de courtoisie, des nouveau tirs de suppression.

L'humain dans une position inconfortable serpenta sous le feu nourri, tira, dévala un pan de la montagne, échappa à l'encerclement des formes mouvantes tout en ripostant comme une furie. Un autre droide fut réduit en miette. Les spectres muets, sans visages sous le noir et pourtant tout sauf invisible en dépit de leur fulgurante mobilité ne pouvaient manifestement échapper à ses balles mortelles. Ils avaient beau jeu d'essayer de refermer l'étau autour de leur proie, elle s'en défaisait à chaque fois in extremis, non sans d'ailleurs faire payer leur audace à ceux qui s'essayaient à le contourner, à découvert. Et il ne fallut pas longtemps avant que les mécas ne se transforment tous autant qu'ils étaient en un amas funeste de cendres, un par un.... Ou presque.

l'Ig 160 plus fourbe, plus astucieux, disparu puis réapparu soudainement dans le combat armé de sa pique, se précipita sur le dos d'Al'Roeg en vociférant de son cri strident. Et mal lui en prit, la crosse du fusils d'assaut du soldat azurian le cingla en pleine figure. Il tituba un moment, mais tourbillonna à nouveau d'une détermination implacable sus à son ennemi. Theon acculé, recula d'un pas, d'un autre. Son ennemi progressa d'autant, tenta de tailler, mais un saut en arrière mit l'Agent hors de portée de la pique menaçante qui ne fendit que l'air pendant qu'il tirait toujours inlassablement, faisait vomir son arme qui atteignait à présent la surchauffe. Enfin le méca sous la violence de l'impact à bout portant finit par éclater et se répandre en menues morceaux.

Le ballet de mort était terminé, Theon haletant, ruisselant de sueur, pouvait souffler. Et les ténèbres se reployèrent tandis qu'il rangeait son arme, et parcourait le camps jonché de carcasses, le sol plus noirci là où ils souillaient la pierre. Theon après quelques minutes de recherche finit par trouver ce qu'il cherchait, à quelques pas d'ici, l'entrée d'une grotte aménagée pour la recherche, dérobée derrière un fouillis inextricable de ronces noirs, tordues, tranchantes comme des épines.

Sûrement là que doit se trouver la sonde nucléaire et ceux qui l'ont asservi à leur fins...
Après un dernier regard en arrière, Theon entreprit d'éparpiller les ronces puis d'entrer.
Répondre