Histoire quelconque..

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Theon Al'Roeg
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Histoire quelconque..

Message par Theon Al'Roeg »

A l'écart de la petite agglomération, au milieu d'un champs de mauvaises herbes s'enlisait sous un soleil couchant pareil à une géante rouge, le vieil entrepôt décrépit et rongé par la moisissure qu'on avait sommairement métamorphosé en un établissement censé assurer l'éducation de la jeunesse éparpillée ici et là. Un lycée plus exactement, enfin ce à quoi il devait s'assimiler approximativement... L'unique, le seul que comptait toutes les colonies réunies, poussiéreux et complètement délabré, presque en ruines. Comme si la volonté d'instruire, unanime sur toute la planète, n'avait suffi à souffler toute la saleté accumulée, résorber la décadence qui était à l'oeuvre ici, à rebâtir un nouveau pôle pour l'avenir.

Pour l'heure, voilà dans quoi les rares adolescents d' Eponi devaient chaque jour étudier, avec des conditions plus que déplorables, si l' on s'attardait sur l'éclairage ténue à l'intérieur du bâtiment, si bien que chaque couloir lugubre menaçait de se transformer en traquenard face aux nombreux pièges naturels sur le sol défoncé. Mais il y avait aussi les fissures effarantes dans les murs, l'invasion permanente des insectes dans les classes, l'infestation de rongeurs dans les recoins les plus sombres des couloirs. Puis cerise sur le gâteau, en l'an 2196 quand même, et sujet à l'hilarité général à défaut de pouvoir en pleurer, on pouvait compter sur la lubricité des vieux robots de maintenance pour ne rien faire d'utile et se contenter de tâches plus farfelues les unes que les autres. Comme récurer inlassablement, minutieusement, uniquement et presque avec amour les ampoules de la poussière, - ce qui n'avait pas grand intérêt comme chacun le remarquait -, quand le reste du bâtiment dans son entier et dans ses moindres recoins, en était submergé.

Eponi était un petit monde agricole, sommaire en sorte. Sans aucune autre perspective de rendement que le travail acharné de la terre et de ses ressources basiques, aussi bien diverses que minimes en terme de reversement à l'exportation. Enfin la colonie s' auto-suffisait, plus quelques gains en suppléments, c'était déjà ça de gagner, quoi demander de plus ! Le peu d'argent qu'il engrangeait et continuerait d'engranger n'allait d'ailleurs certainement pas servir à l'aménagement et l'amélioration du Lycée qu'on estimait suffisamment en état pour permettre aux jeunes d' apprendre, d' étudier et de s'instruire. Non on préférait se diriger vers l'achat de nouveaux outils, l'installation de nouvelles canalisations d'eau, bref tout ce qui était apte à garantir de meilleurs conditions de vie à la contrée, améliorer le quotidien, étendre les activités restreintes de l'aventure coloniale sous l'horizon écarlate d'Eponi.

De toute façon, personne n'était assez niais, y compris parmi les enfants en bas âge, pour penser que les études allaient mener quelque part, par ici. Pas de moyens, pas d'éducateurs autre que des vieillards ayant grappillé un peu de sagesse au cours de leur petite vie tranquille et sans histoire. Pas de livres scolaires, pas de programme uniformisé, rédigé et suivi. C'était selon l'expérience de chacun. Et surtout pas de diplômes ou de recommandations reconnus. Vous vous rendiez sur une autre planète le coeur léger et l'esprit en effervescence pour vous inscrire à une université quelconque muni de ce bagage lycéen sorti tout droit d'une colonie perdu dans le fin fond du cul de la galaxie, on vous riait tout simplement au nez. Non, à Eponi,o n se contentait du peu qu'on savait, ainsi donc ce que les générations précédentes avaient appris et tentaient d'inculquer eux-mêmes à leur héritiers, des choses pragmatiques et pratiques de la vie.

La physique, les mathématiques, la biologie, l'ingénierie ou la science, toutes ces matières qui ouvraient les portes à un avenir radieux, offraient à l'espèce humaine nombre d' opportunités incroyables, n'avaient pas cours ici, n'existaient pas. Ce à quoi pouvait aspirer de mieux les étudiants les plus assidus, les plus ambitieux, était alors de s'élever jusqu'au rang très respecté de mécanicien, d' urbaniste, de responsable des colonies, d' agent de ravitaillement ou encore de syndicaliste. La colonie avait besoin de tous ceux là. Puis il y avait les autres ensuite, la plupart des gens, la masse en soit qui n'avait que faire de l'éducation qui ne l' aiderait pas à manger plus dans un environnement particulièrement âpre et rude, si ce n'était hostile en nombre d'endroits. Presque tous des agriculteurs, des ouvriers, des chasseur de Varrens... Pour Le reste, les machines, les machines outils, la mécanique fermaient la marche. Admirablement, presque souverainement. Non, la jeunesse ne pouvait rêver à d'autres horizon. Aller- au delà, c'était s'infliger des souffrances superflues et regrettables, quelques fois fatales pour les plus désespérés, les plus démunis face à la dure réalité de ce monde.
Theon Al'Roeg
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Message par Theon Al'Roeg »

La voix chevrotante et particulièrement dénuée de passion du vieux sage Marty avait encore eu raison de Gehanne Sole. Celle-ci avait pris place au fond de la pouilleuse salle de classe qui s'apparentait plus à un grenier suffocant de poussières et d'immondices, et dont elle occupait seule l'espace pour son plus grand bien, la quasi-totalité de ses camarades rassemblés autour de Marty. Comme à son habitude quotidienne, elle dormait à poings fermés, affalée qu'elle était sur sa table, paupières closes et têtes logée au creux de ses bras alanguis, presque plongée dans un sommeil quasi-comateux depuis les premiers mots du professeur livrés d'un ton monocorde. A cette heure il s'agissait de s'informer sur la manière précautionneuse d'utiliser une clé à molette dans un générateur d'énergie du vingtième siècle, pas tout à fait compatible avec les accumulateurs d'aujourd'hui. Passionnant... Comme toujours. Voilà ce qui allait changer leur vie !

L'adolescente ne se souciait manifestement guère de son comportement et des conséquences qui pouvaient en résulter pour sa scolarité. Peut être même avait-elle éclipsé la raison de sa présence ici et la surtout la tenue à adopter. Mais que pouvait-on attendre d'elle dans une bâtisse miséreuse, sinon une attitude misérable ! Elle assumait pleinement et totalement cette auto-justification pour le moins simpliste, mais qu'elle avait fait sienne avec toute l'effronterie dont elle était capable. Aussi, posait-elle souvent la question ! Qui pouvait donc avoir envie de s'instruire dans une atmosphère empoisonnée par la pourriture tout en étant importuné incessamment par un essaim de moucherons volatiles ? On refusait d'agir contre ces nuisibles, car il se disait, sans aucune sorte de résultats scientifiques, qu'ils jouaient un rôle extrêmement positif dans la préservation de la biodiversité de leur planète. Conneries tout ça ! Encore une croyance populaire soumise à son ignorance et à sa crédulité béate !

Depuis longtemps déjà le vieux sage de Kara, âgé d'une centaine d'année et encore en pleine forme grâce au processus naturel de rajeunissement et de rallongement de vie des êtres humains à chaque génération suivante, avait convenu de l'ignorer, persuadé dès les premiers jours de sa venue au lycée que de cette tête de mule il ne ressortirait rien. Rien de rien, jamais. De tous les dégénérés qu'il serinait chaque jour de conneries, mais des conneries utiles pour la colonie au moins, elle était la pire, un cas désespéré pour laquelle il ne méritait pas de s'agacer, et surtout de se fatiguer. Quitte à se concentrer sur ceux qui en valaient la peine, quand bien même il n'y en n'avait pas vraiment. Quasiment tous des branleurs, des crétins finis au regard vide, à l'esprit lessivé de la moindre once d'envie de réussir dans le théorique. Mais ceux là faisaient au moins l'effort d'apprendre les métiers de demain, de se spécialiser dans les tâches manuelles essentielles à la vie fermière et ouvrière. Gehanne Sole, elle, ne suivait strictement rien depuis qu'elle avait rejoint le lycée l'année dernière, passant des pans entiers de son précieux temps à rêvasser, si ce n'était à roupiller toute la journée.

Suffisait d'ailleurs de se plonger dans ses bulletins trimestriels pour s'en convaincre, ses notes étaient le reflet implacable de son indolence et de son comportement outrageant : catastrophiques, pitoyables, inexorables. Aucune moyenne, dans aucune matière théorique basique comme l'histoire ou le civisme. Pire encore, pour toute tâche manuelle, elle se révélait totalement incapable de prendre les choses en main, d'user d'une clé à molette avec un minimum de bon sens, de comprendre quoi que ce soit, pas même le fonctionnement rudimentaire d'un circuit électronique d'un drone de tracteur. L'aura de nullité , naturelle chez elle, semblait avoir englouti sévèrement toute possibilité, toute chance, tout espoir d'obtenir chez elle un grain de résultat quelque soit le domaine. D'ailleurs elle ne s'intéressait à rien, et ne s'en cachait guère.

Cette fille était un vrai garçon manqué sans avenir, une vraie plaie pour cet établissement. Il se demandait encore pourquoi elle prenait la peine de se traîner jusqu'à cette salle de classe, de s'y enchaîner des journées entières, à son plus grand dam et pour son plus grand malheur. Pourquoi ne pas simplement à l'exemple de ses congénères dépravés, ces rustres sans aucune éducation de la colonie secondaire de Zetsu qui considéraient l'étude comme une bagatelle, ne pas refuser de se rendre au lycée pour se concentrer sur leur tâches primitives si essentielles au bon fonctionnement de leur bourg loqueteux. Peut être - il n'était pas interdit de rêver - avait-elle des parents raisonnables qui s'accrochaient encore à l'espoir interdit, qu'il réussirait à faire entrer quelque chose dans sa petite tête. Les pauvres... ils pouvaient toujours se gratter. L'éternité n'y suffirait pas.
Theon Al'Roeg
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Message par Theon Al'Roeg »

En guise de sonnerie, un sifflement aigu et particulièrement désagréable, semblable au bruit singulier et grinçant d'une théière en ébullition, annonça sèchement la fin des cours. Evidemment l'effet du sommeil auprès de la belle au bois dormant se dissipa immédiatement en réponse au signal auditif tant attendu, l'aplomb disparu. Retrouvant soudain son énergie débordante et sa fougue, Gehanne Sole qui s'était relevé promptement, des tâches rouges plaquées sur des pans entiers de son visage marqué par le sommeil, fut la première à foncer puis atteindre la porte - sous le regard méprisant du vieux sage -, n'ayant même pas à eu à ranger ses affaires vu qu'ils n'avaient jamais pointés le bout de leur nez en dehors de son sac. Enfin, le cauchemar se terminait ! Non pas que dormir fusse déplaisant, mais à s'y forcer toute la journée finissait par vous fatiguer plus qu'autre chose ! Si bien qu'au bout d'un certain temps, au comble de l'exaspération et de la lassitude, vous en veniez à vous demander si vous faisiez encore partie des vivants. Et c'était souvent le cas pour Gehanne, en fait elle se posait toujours la question.

Une fois dehors dans le couloir, La bouillante adolescente soupira. Elle n'en pouvait plus de toutes ces lavettes abrutissantes qu'elle avait pour camarades et qui faisaient figure de zombie à longueur de temps, aussi bien en cours que dans le quotidien de leur vie, à l'instar de leur parents et de la population dans les rues. Marre aussi de cette vieille chèvre puante de Marty dont elle se moquait ouvertement, ainsi que ses enseignements qu'ils ne lui servaient strictement à rien ! Toute cette vie apathique, molassonne ne lui correspondait nullement, ni à ses aspirations singulières, elle qui désirait tant explorer les étoiles, battre des contrées fantastiques et dangereuses au coeur de systèmes inconnus de l'espace ! Rencontrer d'autres gens, d'autres espèces extraterrestres. Tout cela elle l'appelait de ses voeux. Gehanne avait la certitude de perdre son temps bêtement ici, alors qu'elle pouvait se rendre foutrement plus utile ailleurs, entreprendre des choses différentes, plus ambitieuses, plus engagés dans l'action et dont elle n'aurait point à rougir ici.

Mais non, au détriment du sien propre, il fallait faire plaisir à son oncle qui refusait toujours de se départir de ce bouclier de mensonge qu'il avait érigé autour d'elle en protection, un prétendu gage d'équilibre et de solidité. L'école c'est la garantie d'un avenir stable ! L'école permet de prendre l'avantage sur la masse ! assénait-il constamment, droit dans ses bottes. Ce qui était on ne plus faux sur Eponi. Le travail agrico-industriel régentait le quotidien, dominait souverainement la vie de chaque colon sauf à Zetsu, où d'autres appétits plus vélléïtaires avaient vu le jour et avec lesquels elle se sentait notamment beaucoup plus à l'aise. Mais les faits s'imposaient d'eux mêmes dans toutes les colonies. Quand se rendrait-il à l'évidence ? Puis la scolarité n'était pas faite pour elle, elle détestait ça, tout autant que le travail ouvrier ou agricole, néanmoins les seules perspectives honnêtes dans ce trou perdu.

Gehanne tout au long de sa courte vie avait très vite saisi puis développé les compétences aussi nombreuses qu'étonnantes dont elle avait été naturellement dotée, et il n'était pas sûr que son oncle les ait jamais approuvé, lui qui était si terre à terre, profondément ancré, six pieds sous terre dans son monde ordinaire, étroit, sans substance mais qu'il lui convenait amplement, ardemment. En reflet à cette chimère à laquelle il s'accrochait, malgré les aspirations et la différence de sa nièce, Gehanne demeurait aujourd'hui l'unique native de Zetsu à poursuivre ses études à Kara, ainsi sujette à sa fierté déplacée, tout autant qu' à l'indifférence des colons, et surtout aux moqueries cinglantes de ses amis qui lui reprochaient durement de mener une vie de mauviette, aux côtés de tous ces rats des champs de la colonie principale. Mais instinctivement, l'adolescente estimait qu'il s'agissait seulement d'un moyen comme un autre de lui rappeler d'où elle venait , sonnant aussi comme un appel insidieux à ne pas se laisser influencer par tous ces pleutres qui refusaient de porter une arme et donc vulnérable à toute créature hostile. La seule raison pour laquelle Gehanne n'avait pas jeter son cursus en l'air, c'était pour ne pas décevoir son oncle, car intérieurement elle rageait. Pendant que ses amis chassaient le Varren pour nourrir la colonie secondaire, activité ou elle resplendissait avec tant d'ampleur, elle, devait faire la courbette, ingurgiter un tas de niaiseries qu'elle oubliait aussitôt dans la minute, tout cela maintes fois entrecoupés par des siestes indigestes. Que de journées gaspillées !
Theon Al'Roeg
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Message par Theon Al'Roeg »

Nonobstant les rongeurs hybrides qui se faufilaient de trous en trous dans les parois des murs, les mines déconfites des autres mollassons lessivés par le cours qui la suivaient , et les sifflements des robots de maintenance qui s'agitaient ici et là autour des lampes électriques, l'adolescente de sa démarche légère et souple s'empressa de quitter les couloirs peu éclairés de l'entrepôt, d'en descendre le perron pour se retrouver enfin à l'air pur. Loin de toutes ces odeurs nauséabondes qui avaient envahi la bâtisse en pleine décomposition. A présent dans le champs de mauvaises herbes, les pieds empêtrés dans une toile de ronces et de racines, elle avait malgré tout enfin la sensation d'être libre !

Seule et sous le couchant, Gehanne traversa dans le grand inconfort qui était le sien la faune hostile qui s'accrochait d'une agressivité rageuse à ses vêtements, ses bottes pleines de boues et de substances gluantes propres à la planète. Une fois arrivée à la route, beaucoup moins contraignante bien qu'aussi gluante et boueuse, la jeune fille se dirigea d'une vigueur renouvelée vers le train de marchandise, voie unique de toute les colonies qui la ramènerait directement chez elle. A Zetsu, la colonie secondaire dont elle distinguait les lumières tremblotantes au loin. Derrière elle, la troupe suivait, et des groupes intimes se formaient inexorablement au cours de la marche de retour. Gehanne elle, n'avait personne à son côté pour lui tenir compagnie. Ce qui n'était guère surprenant vu qu'elle n'avait aucun ami, aucune affinité. Non pas qu'elle se trouva incapable de s'en faire, au contraire, à la vérité elle avait plus d'une fois été sollicitée. Mais elle ne le souhaitait aucunement.

Se mêler à eux c'était risquer de se compromettre, autant pour les siens que pour elle-même, c'était une pensée viscérale dans son esprit. Des rats des champs, tous autant qu'ils étaient ! Ainsi s'acharnaient à clamer sans pitié ses amis hilares lors d' empoignade amicales vis à vis d'eux. Tel était exactement ce qu'elle pensait de tous ces étudiants, tous ces gens de Kara, qu'elle apercevait chaque fois en grimaçant le matin dans leur champs, leur usines quand elle se rendait en cours, et qu'elle quittait joyeusement le soir, sans aucun regrets. Plus d'une fois étant petite, par curiosité elle avait couru en ville, dans l'espoir de s'émerveiller sur son dynamisme, sa bonne humeur et ses mirobolantes perspectives. Que de déception, de désillusion, de cynisme face à une telle vision qu'elle avait jugé apocalyptique. Des visages sans expressions, sans étincelles, uniquement, partout. Des gens concentrés sur leur tâches quotidiennes matin au soir, sans entrain, sans vie, sans amour.

Des robots en quelque sorte, qui répétaient inlassablement les mêmes gestes, prisonniers d'un mode vie abrutissant, sans âme, sans horizon. Ils avaient abandonné toute ambition, toute créativité, tout audace et détruit systématiquement tout esprit d'entreprise, collectif ou individuel,qui faisaient la force de l'humanité. La pérennité, la stagnation, le blocage, une situation figée ! C'était tout ce dont on avait besoin sur Eponi ! Pas de nouvelles étapes, pas d'étrangers, pas d'aventures, pas de changement fondateur, surtout pas ! Si attachés à leur isolement, à leur sécurité. Kara possédait un spatioport, le seul de toute la planète, et pourtant ils rechignaient à s'en servir, sauf à exporter. La limitation de circulation des biens et des personnes était presque tyranique par ici, l'on en était venu à considérer les étoiles avec méfiance, le comble pour des colons !

Pas étonnant que ceux qui avaient financé la campagne de colonisation sur cette planète les ait abandonné à leur médiocrité. Toutes les raisons qui faisaient que l'adolescente fuyait tout autant cette ambiance comme la peste ! Ce que nombre d'étudiants à Kara avaient d'ailleurs trouvé dommage. Car malgré son tempérament inadéquate, ses idées farfelues et sauvageonnes, son côté bagarreur et parfois belliqueux, son amour de l'action et de l'aventure qui procuraient tant de boutons ici bas, elle demeurait toutefois attirante pour la gente masculine. Sa toison ténébreuse qui lui couvrait la tête jusqu'au épaules, bien que brouillonne et emmêlée, ses yeux noirs à l'intensité des plus troublantes malgré sa mine rébarbative, et son corps souple, gracile, agréable à vue, quand bien même elle était plus forte et capable de faire mordre la poussière que n'importe quel garçon, jouaient considérablement en sa faveur.

Mais Gehanne n'aurait jamais d'intérêt pour aucune de ces mauviettes qui ne savaient même pas tenir une arme, mouillaient dans leur culotte à la simple idée de chasser le varren. Ou considérait encore comme horripilant, sauvage, et manifestement peu charmant qu'une jeune fille manie le pistolet ou le combat au corps à corps aussi aisément qu'ils maniaient leur truc quand ils se rendaient aux wc. Leur passivité, leur frilosité décadente tout inspirait en elle la révolte, la faisait bouillonner. Sa plus grande peur était de leur ressembler un jour, de demeurer à jamais enfermé dans cette prison qu'ils s'étaient eux-mêmes constitués.Qu'ils aillent tous se faire foutre ! Plutôt finir dans la couche d'un ours terrien vu dans les vieux holos de son oncle que de sortir avec l'un d'entre eux. C'était dire son aversion.... Moult propositions, que des rejets, et quelques fois des coups dévastateurs à la gueule ou aux bijoux de famille et parfois quelques fractures occasionnés pour ceux qui se faisaient insistants. Aujourd'hui sa réputation violente avait eu raison des plus courageux, plus personne ne l'approchait et tant mieux.

Gehanne était née il y a 16 ans de jeunes parents aventuriers, de colons entreprenants en quête de terres et de sensations dans l'espace ! Tant d'ardeur à la tâche pour finir dans ce tas de merde auquel pourtant ils avaient cru passionnément, avec pour socle l'idéal de fonder quelque chose de nouveau pour le genre humain, ici ! Comme c'était ironique, le contraire de ce qu'aspirait aujourd'hui la populace laissée à elle-même après leur disparition dans un crash de vaisseaux. Elle qui voulait tant s'échapper de cet endroit, à l'exact opposé de ce qu'avait désiré ses défunts parternels qui avaient espéré lui constituer un avenir ici, d'après son oncle. Apercevant la navette au loin, Gehanne se fit un devoir comme tout le monde de rejoindre la station de marchandises d'un pas plus hâtif. Encore une heure et elle serait chez elle !
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