Drim l'Ancien

Ici sont chroniquées les histoires des Etats et de leurs dirigeants

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Atéléïde
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Drim l'Ancien

Message par Atéléïde »

L’histoire que je m’apprête à consigner ici est l’histoire de ma vie, moi, Drim l’Ancien, né sur Vertana il y a plus de 800 ans sous le nom de Pierre Maximilien Louis Alexandre Nicolas de Saint Drim , dans la dense forêt du Sud, au sein d’un village arboricole. Je ne peux fidèlement le décrire, ma mémoire a effacé tout souvenir de ce lieu et je n'y suis pas resté très longtemps. Il y a 800 ans, la langue principale n’était pas le galacticain, chaque planète possédait sa propre langue et moyen de communication. Sur Vertana, nous parlions le Vertan. Cette langue n’était parlée que par les vertaniens et jamais aucun étranger ne put l’apprendre car elle était directement dérivée du langage de la nature. C’est la raison pour laquelle il m’est impossible de transcrire le nom de mon village natal en Galacticain standard. Ce n’est pas que je ne veux pas essayer, c’est que ce nom n’aurait aucun sens pour un lecteur non vertanien. Je vous transmets d’ailleurs une histoire à ce sujet dans l’Annexe A qui se situe au chapitre Annexes à la fin de ce journal.

Reprenons.

Sur Vertana, il est de coutume qu’après chaque naissance, les parents soumettent leur enfant à un dépistage magique en présence d’un mage assermenté. C’est ce que mes parents firent et l’on découvrit en moi un potentiel si grand que le mage ne put en sentir les limites et dut se référer à plus puissant que lui et son orgueil fut d’autant plus atteint que le véritable potentiel d’un mage ne peut être décelé avant plusieurs années de vie. En effet, les flux d’énergies, qui parcourent la planète, nourrissent bien souvent les capacités des vertaniens tant et si bien qu’à la naissance, on considère qu’on ne détectera pas plus de 75% de la puissance réelle, celle qui sera effective à l’âge adulte.

Ainsi, ma vie fut toute tracée dès les premiers jours de mon existence. Tout était décidé à l’avance sans que j’aie mon mot à dire. Voici les seuls souvenirs que j’ai retenus de mon enfance profonde. Mais je n’ai pas eu une enfance difficile, je ne crois pas. Je fis mes classes avec un maitre mage personnel quand les autres devaient se contenter de classe bondée, j’étais comblé d’amour par mes parents qui étaient tous deux très fiers de moi et j’avais des amis tout à fait parfaits et amusants qui s’intéressaient à moi peut-être parce que j’étais très puissant mais j’ose espérer aussi parce qu’ils m’aimaient bien.
En plus de mon maitre personnel, j’avais un autre précepteur, très réputé, qui m’enseignait les arts élémentaires, la magie invocatrice, l’exorcisme, les sorts de défense et d’attaque ainsi que le contrôle de la pensée — il ne m’apprit ce dernier qu’à l’âge adulte car, comme il le disait, « cette magie là ne doit pas tomber entre les mains d’une personne fragile et distraite, elle ne doit jamais être utilisé en dehors d’un champ de bataille », cette phrase sonne encore aujourd’hui dans ma tête tant il l’a répété inlassablement au cours de ses leçons.

Enfin, je bénéficiais d’un dernier professeur, celui-ci m’enseigna la maitrise du corps et de l’esprit et les techniques de combat sans magie et avec magie. Il m’entraina à subir les coups, à en donner, à prendre du plaisir dans la souffrance mais aussi à faire souffrir sans jamais en être heureux. Ce dernier professeur était celui avec lequel je m’entendais le mieux, Salazar. Nous sommes encore amis aujourd’hui.

Après une centaine d’années d’entrainement, on me décerna un diplôme d’aptitude à l’enseignement. On m’offrit la possibilité d’arrêter là et d’enseigner aux autres ou bien de continuer. Tout d’abord, je voulu m’arrêter et partager mon savoir avec les jeunes mages du monde. Seulement, par trois fois, mon formulaire s’égara dans les méandres administratifs. J’ai compris plusieurs centaines d’années après que c’est Salazar qui avait joué de ses relations pour que je ne puisse pas accéder à ce poste. Désespéré d’arriver à entrer à l’académie des mages en tant que professeur, je me suis résigné à continuer mes études.

C'était sans compter sur mon ami Salazar qui avait d’autres projets pour moi. Je ne tardais pas à les découvrir. M’ayant observé pendant des dizaines d’années au travers de ses cours mais aussi des cours de mes autres professeurs, il avait pu constater ce que moi-même je n’avais pas remarqué : mon affinité au feu. En effet, il y a plusieurs « types » de magie. Chaque mage peut être rangé dans une catégorie. Il existe les mages du Feu, de l’Eau, de la Terre, du Métal et enfin du Bois. Il existe des mages qui ne pratiquent pas la magie élémentaire mais leur magie appartient tout de même à une de ces catégories, le reste n’est qu’une question de spécialisation. Les plus répandu sur Vertana sont ceux dont l’affinité est du type « Bois », dut à la particulière abondance de cet élément sur la planète. La catégorie la moins représentée est celle du Feu. Pour tout dire, il n’y a eu qu’un peu plus de 100 personnes qui naquirent avec cette affinité…et je fais partie de ceux-là. Les premiers mages à l’affinité « feu » qui sont nés sur Vertana subirent de nombreuses expériences et plusieurs moururent mais l'on finit par découvrir qu’à l’instar de ce que l’on pouvait penser, pour compenser la faible existence du feu sur Vertana, leur pouvoir étaient naturellement dix ou vingt fois plus puissant qu’un mage standard à l’affinité de Bois. Cependant, cette magie ne pouvait être exploitée sur Vertana, bien trop dangereuse. Il fut donc décider d’aller installer une école sur la planète Volcano, la plus proche du soleil des 5 planètes. Le projet prit beaucoup de temps à se mettre en place mais finalement, alors que je recevais mon diplôme, l’école vit le jour. A l’époque, je ne savais rien de cette école mais j’en avais entendu plusieurs fois parlé autour de moi. Peu après l'annonce de l’ouverture future, je vis un encart dans un journal : « L’école Volcanienne de la magie du Feu n’accueillera que 13 élèves choisi parmi les meilleurs potentiels de ces 300 dernières années ». Quelques temps plus tard, je reçu ma carte d’étudiant et un billet pour Volcano…sans jamais n’avoir rien signé ni demandé, on m’avait embarqué, une nouvelle fois, de force.
Dernière modification par Atéléïde le 28 janv. 2011, 00:54, modifié 1 fois.
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Atéléïde
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Re: Drim l'Ancien

Message par Atéléïde »

     La lettre stipulait que je devais embarquer sept jours vertaniens plus tard. Pendant ces sept jours, mon esprit était emplit de confusion et rongé par le doute, je devais encore une fois me résigner à subir les décisions d'un autre. Le jour de l'embarquement, je dû faire et défaire ma valise plusieurs fois, tantôt impatient de découvrir ce qui m'attendait là-bas, tantôt effrayé par l'inconnu, tantôt fier d'avoir été choisi parmi les 13 plus grands mages de mon temps, tantôt enragé par la liberté dont on me privait...

     Finalement, après avoir, pour la millième fois, pesé le pour et le contre, je pris mon paquetage et couru au quai d'embarquement. Pendant les dix minutes que dura le trajet, je stoppais de nouveau plusieurs fois et, me tournant vers le chemin que je venais de parcourir, caressais l’idée de rentrer chez moi mais avant de m'en être réellement rendu compte, j'arrivais au spatio-port. Je fus obligé de sortir mon billet pour connaitre le numéro du quai dont je ne parvenais pas à me souvenir. Une fois le lieu repéré, je me surpris à courir vers l'endroit. La navette qui allait nous transporter n'était pas très grande mais une aura luxueuse émanait de sa coque scintillante. D'une quinzaine de mètres de haut et d’une cinquantaine de mètres de long, je m'aventurai à penser qu'elle était affréter par l'école, c'était le cas. Ses moteurs étaient déjà en marche et des vibrations basses me remuaient un peu l'estomac. Je m’engageais sur le ponton pour gagner l'intérieur et me protéger de la nausée causée par le mélange du bruit et de la chaleur qui émanaient des deux réacteurs.

     Quand j'arrivais sous la porte d'accès au sas pressurisé, je lus sur le fronton de celle-ci un message dans une langue ancienne qui m'était inconnue. Je m'en souviens comme si je l'avais lu hier: "Ad augusta per angusta". J'appris plus tard que c'était la devise de l'école et sa signification: "A des résultats grandioses par des voies étroites". On ne peut pas dire que je fus rassuré par celle-ci cette fois là. Au contraire, mon anxiété ne fit que s'accroitre. Passé le sas, l'atmosphère incitait plus à la détente. Je n'étais jamais entré dans un transport, encore moins dans un transport privé. Je m'attendais à des couloirs étroits, des machineries impressionnantes et des tuyaux sortant des murs. Je fus bien obligé de constater que la décoration ne correspondait en rien à celle que mon imagination avait tissée et je m'en réjouissais. Je pris un couloir spacieux, éclairé par une lumière douce et tamisée et dont les murs étaient richement ornés. Tout d'abord, je fus un peu mal alaise mais tout de même rassuré de ne pas avoir à voyager dans un confort sommaire. Au bout du couloir, une porte de bois massif, du Selenia Vertanien, le roi des arbres. Mes pouvoirs étaient déjà très développés et j'avais eu d'excellents professeurs, je pouvais me servir de la magie avec un contrôle que d'autres ne peuvent prétendre acquérir en une seule vie. J'avais reçu l'aval de mes professeurs pour m'en servir dans ma vie de tous les jours et c'est ce que je ne me privais pas de faire. Tout en marchant, d'une pensée, j'ordonnais à la porte de s'ouvrir et elle m'obéit. Ce que je vis derrière dépassait mon imagination, et de loin. C'était une salle fantastiquement décorée, si grande qu'on eut pu y construire un quartier. Au milieu, un groupe de personnes qui faisaient connaissance, je les rejoignais tout en clignant des yeux tant tout brillait, tout attirait mon regard, que ce soit le plafond à fresque, les candélabres enflammés, les plaintes sculptées, les tableaux de maîtres, les lustres de crystal, le mobilier ancien...

     Une fois les présentations faites, nous reprîmes la discussion telle qu'ils l'avaient laissé. Il s'agissait de récupérer le plus d'informations possible sur les autres, la compétition semblait omniprésente. Je n'avais pas l’âme d’un compétiteur. Le groupe était bien composé de 13 personnes, moi inclus. Il y avait 9 hommes et 4 femmes. Je fis une inspection détaillée de toutes ces personnes pendant qu'elles parlaient entre elles. Je me démenais pour combattre l'un d'eux en silence, il essayait de rentrer dans mon esprit. Il n'y parvint pas et je pu l'identifier à la tête qu'il fit lorsque je repoussai son dernier assaut. Alors que l'impatience du départ s'intensifiait, une voix charmante sortie des haut-parleurs. Elle nous annonçait le départ prochain vers Volcano. Quelques minutes plus tard, nous sentîmes la poussée verticale de la navette. Rapidement, la pression retomba et les discussions reprirent.

     Il ne fallut pas plus d’une vingtaine de minute pour que notre vaisseau atteigne l’orbite volcanienne. J’ai le souvenir d’une sensation exceptionnelle, une sensation comme une extase, physique, métaphysique. Je sentais les flux magiques bouillir dans mes veines, comme un incendie, je sentais la puissance qui sommeillait en moi comme jamais je ne l’avais senti. Plus l’on s’approchait de la planète, plus mes pouvoirs augmentaient. Les moins expérimentés d’entre nous ne purent contenir quelques vagues de mana qui surgirent de leur corps et vinrent ébranler la coque du vaisseau tout aussi solide qu’elle fut. Ce n’est pas qu’elle eut pu être percée ou que nous ayons couru quelques dangers que ce soit, le vaisseau était tout à fait bien construit et adapter à ce genre de mésaventures, mais les bruits sourds ainsi que les vibrations, compte tenu du milieu dans lequel nous évoluions à ce moment-là, n’avaient rien de rassurant…

     Après quelques minutes, le vaisseau entama son entrée dans l’atmosphère et quelques dizaines de minutes plus tard encore, nous posions le pied sur un sol écarlate. A ce moment précis, l’intensité de nos pouvoirs dépassait tout ce que nous avions pu imaginer jusque-là. Nous étions attendus par un groupe de mage volcanien qui devait nous guider à travers les collines venteuses et les volcans en éruption qui jonchent encore aujourd’hui le sol de Volcano. Le feu nous entourait de toute part et même l’air que nous respirions en était composé mais, au contraire de la plupart des étrangers qui viennent sur Volcano, elle ne nous accablait pas, au contraire, nous respirions bruyamment et goulument pour gonfler notre poitrine de sa rafraichissante lourdeur et pour entretenir cet incendie qui nous dévorait et qui ne cessa de nous dévorer tout le temps qu’on y vécut. L’aura de chacun d’entre nous écrasait celle de tous nos professeurs réunis et ce fut l’occasion pour certains de penser qu’ils n’avaient pas besoin d’être là. D’ailleurs, pour les lecteurs intéressés, je relate une petite mésaventure qui arriva à un de nos camarades et calma les ardeurs de mes compagnons trop téméraires dans l’annexe B.

     L’école était charmante, pas de bâtiments immenses, pas de salles démesurées, pas d’extravagance, en somme, qui put faire penser qu’en son sein, 13 jeunes hommes et femmes développaient des pouvoirs sans limite et se destinaient à devenir les plus grands mages du feu que le système ait porté. Tout du moins, en apparence car à l’intérieur, tout semblait différent. Un procédé magique modifiait l’échelle des choses qui passaient la porte d’entrée. En soi, le sort était basique mais son application à toute une structure devait demander une énergie conséquente ou bien un générateur d’énergie suffisamment avancé pour maintenir le vortex d’incantation ouvert. En fait, l’école utilisait une source nucléaire, originellement utilisée dans le domaine de la défense anti-missile, qui avait subi plusieurs modifications afin de délivrer correctement un flux tendu d’énergie. Plusieurs de ces sources avaient été réquisitionnée afin d’éviter toute interruption du système. En cas de rupture du flux énergétique, ne serait-ce que pendant 1 seconde, les conséquences pouvaient être dramatiques. Une fois la porte passée, l’école s’étalait sur plusieurs dizaines d’hectares mais vue de l’extérieur, elle n’en occupait pas plus d’un ou deux. Essayez de rentrer le mobilier contenu sur plusieurs dizaines d’hectares dans dix fois moins d’espace… vous comprenez maintenant pourquoi le sort devait rester actif sans interruption. Ceci dit, cela n’arriva jamais et nous n’avions pas même l’impression que cela puisse arriver à cette époque.

     L’intérieur de l’école était grandiose, absolument démesurée en comparaison de son apparence extérieure. On y trouvait des salles d’entrainements toutes équipées de ce qui se faisait de mieux, une salle où l’on pouvait manger entre nous, un salon gigantesque avec tout pour nous détendre, deux ou trois salles de cours théoriques, deux salles de travaux pratiques ainsi qu’un jardin d’hiver immense et emplis de toutes les variétés de plantes qui existent sur chacune des 5 planètes, ainsi qu’un bassin pour les plantes d’Aquablue. Nous étions logés au sein de l’établissement dans des appartements particuliers de plusieurs centaines de mètres carrés. Chacun d’entre nous possédait des domestiques attitrés natifs de Vertana et avec qui nous pouvions parler en Vertan pour lutter contre le mal du pays. Tout était très luxueux, très bien entretenu et parfaitement agencés de manière à ce que nous n’ayons qu’à penser à développer nos pouvoirs.

     L’essentiel du temps que nous avons passé à étudier dans cette école, nous le consacrions à l’étude de la maitrise du feu et de son corps. Les autres cours ne servant qu’à nous distraire un peu. Pour ma part, ayant eu la chance d’avoir été élevé avec les plus grands professeurs qui soient, j’avais maitrisé les bases de toutes les magies et même surement dépassé les connaissances de ceux qui enseignaient dans cette école. Je me consacrais donc uniquement au Feu et à la maitrise du corps. Les années passèrent et plus j’étudiais, plus je devenais puissant. En termes de connaissance, de maitrise du Feu ou de quelque autre magie, d’adaptabilité et de maitrise du corps, je dépassais de très loin mes autres camarades. Malheureusement, ils ne tardèrent pas à jalouser mon pouvoir et je fus exclu des conversations ainsi que du groupe si rapidement que je n’eus pas même le temps de m’en apercevoir. Je m’en moquais bien, ce qui m’importait c’était d’étancher ma soif de connaissance. Mais au bout de quelques années, je ne fus plus en mesure de suivre les cours du professeur, mes capacités avaient totalement dépassées celle du maitre et je devais tomber dans une détresse morale si profonde qu’on dut suspendre mon enseignement. Je pus alors me consacrer à mes recherches et développer toutes les autres formes de la magie. Je voyais dans cet établissement le premier pas vers un futur de chercheur, je m’imaginais déjà publier des articles dans la presse spécialisée, recevoir les honneurs… Et puis, avant que nous ne puissions nous en rendre compte, l’année du diplôme arriva. Je passais les épreuves comme des formalités, mes camarades ne connurent pas beaucoup plus de difficultés. Le jour des résultats, les 12 autres vinrent me voir et s’excusèrent de m’avoir si mal traité. Je ne leur en voulais pas, moi-même parfois je m’effrayais mais l’excitation l’emportait toujours. Nous nous sommes donc réunis autour d’un verre pour fêter notre diplôme et nous avons parlé de ce qu’il allait se passer après. L’un voulait s’engager dans l’aide humanitaire, la plupart des autres voulaient enseigner… un avenir paisible et silencieux s’ouvrait devant nous, munis de ce prestigieux diplôme.

     Seulement, et je devais m’y habituer, lorsque nous sommes arrivés en fin d’après-midi devant l’école que nous devions quitter, un grand homme en habit militaire nous attendait. Il nous sera la main avec la vigueur de l’assassin assermenté et entreprit de nous accompagner à l’intérieur. Une fois la porte passée, il fut prit de nausées, ce qui est habituel chez les personnes ne possédant pas de magie en eux lorsqu’ils traversent un champ d’énergie Manaéïque. Nous le regardions avec amusement tenter de ne pas montrer qu’il souffrait. Nous ne comprenions pas bien pourquoi il était là mais nous ne semblions pas vraiment avoir le choix. Il nous guidait plus ou moins malgré qu’il ne dise pas un mot. Il marchait ni devant ni en retrait, simplement comme l’aurait fait un gardien de prison. La méfiance nous liait de plus en plus et au moindre geste suspect, il serait devenu le poulet le mieux rôti de la galaxie. Mais, à notre grand regret, il ne trahit rien. Enfin, en passant devant une des salles de cours, il nous indiqua la porte et nous fit assoir. Il prit place sur l’estrade.


Je me souviens de ce que j’ai pensé à ce moment-là :
« Dans quoi vais-je me faire embarquer cette fois ci ? »
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Atéléïde
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Re: Drim l'Ancien

Message par Atéléïde »

Ma première rencontre avec Theran Azhar, jamais je ne devais l'oublier. Tout était frais dans mon esprit, je connaissais son nom, il revenait en moi comme une litanie douloureuse et macabre. Mais alors que je me remettais à peine de l'impressionnante démonstration de force à laquelle nous venions d'assister, il me fallait affronter mon destin encore une fois.

Nous étions face à cet étrange homme, debout sur son estrade, la coupe militaire et bardé de décoration sur son uniforme de cérémonie. Aussi rayonnant qu'un soleil et pourtant, plus sombre qu'une nuit sans lune dans les profondeurs de l'océan aquablusien. Autant dire qu'il ne m'inspirait pas une grande confiance. Cependant, et comme il n'avait pour l'instant rien fait de suspect, je dû me résoudre à l'écouter.

Après quelques minutes d'un embarrassant silence où il nous scruta droit dans les yeux, il sortit de son sac comme un papier un peu jaunit. Alors qu'il le retournait, j'aperçus le sceau apposé sur son recto: Ad augusta per angusta, A des résultats grandioses par des voies étroites. La devise de notre école. Il me semblais avoir déjà vu ce formulaire quelque part, j'avais comme un pressentiment, comme une intuition, je sentais que mon destin se jouait dans ce rectangle de cellulose. Alors qu'il prenait la parole, la mémoire me revint: c'était le papier que nous avions signé à notre entrée dans l'académie. J'étais quelque peu rassuré mais mon intuition ne cessait de m'avertir d'un danger et chaque fois que je regardais ce papier s'agiter dans les mains de l'officier, mon coeur s'affolait.

Perché sur son estrade, il prenait son temps, nous expliquait que si nous avions été choisi c'est que nous étions spéciaux, que nous avions des capacités que personnes d'autres n'avaient. Des banalités. Plus le temps allait, plus je me méfiais. Rien encore n'avait un quelconque rapport avec le formulaire que nous avions signé il y a de ca des années. Pourquoi prenait il autant de temps pour en venir à ce qui nous liait lui, nous et ce papier? C'est la question à laquelle je n'arrivais pas à répondre.

Enfin, son regard se figea et son sourire, qu'il arborait depuis le début de son pitoyable discours, disparu. Sa bouche n'exprimait plus que rigueur et discipline. Quelques minutes plus tard, mes craintes furent confirmées. Après un discours impitoyable, qui ne nous laissait aucune échappatoire, il nous apprit que cette feuille, qui, pourtant, semblait si inoffensive, était en fait une convention militaire au nom de l'école nous liant à l'armée de suite après la fin de nos études.

Nous étions effondrés. Aucun d'entre nous n'avait émit le désir de prendre les armes. Nous n'étions tout simplement pas fait pour ca, nous n'en avions ni le courage, ni la volonté. Et pourtant...

Et pourtant c'est bien ce qu'il fallu que nous fassions. Liés par notre faute commise dans l'enthousiasme de notre arrivée. Personne n'avait prit la peine de lire cette maudite feuille. Nous avions été piégé par notre propre égo. Alors débuta notre carrière militaire. J'en raconterai plusieurs épisodes dans les annexes.

Dans la journée, l'unité magique F13 fut créée. 13 mages du feu, 13 maitres de l'élémentaire le plus destructeur, 13 amis qui, sans même s'en rendre compte, étaient devenus des instruments de la guerre. Dans l'armée à laquelle nous appartenions, nous nous faisions appeler "les Repenteurs". Chacun avait son surnom suivant la manière dont il utilisait le Feu. On me nomma à la tête de l'unité compte tenu de mes capacités et je fus forcé d'accepter. Nous étions tous si jeunes, tous si inexpérimentés de la vie, comment pouvions nous lutter contre ce destin qui semblait oppresser jusqu'à la plus infime partie de nos êtres?

Mon second était surnommé Titan, il y avait aussi Apocalypse, Harbinger, Burning Ground, Faucon, Magma, Fire Cloud, Bombing Shell ou encore Wave, Blasphème, Boil et Tentacle. Mon surnom, je ne l'acquis que plus tard, Redeemer. Au début, ce fut comme un jeu, on s'en amusait, on en riait. Nous étions devenus des supers héros, une équipe imbattable dont le seul nom faisait trembler des armées entières mais il ne fallu pas longtemps avant que notre véritable identité soit perdu, avec ce qu'il restait d'humanité à ce que nous étions devenu: des machines à tuer.

Sur le champs de bataille, nous menions des combats à sens unique, lorsque nous étions débarqué, il ne fallait que quelques heures pour que la bataille prenne fin. Il ne restait alors plus que l'odeur de la chair que nous avions pulvérisé. Des plus simples soldats aux plus gros vaisseaux, rien ne nous résistait. Aucun alliage, aucune armure, aucun bouclier magique ne pouvait arrêter le feu que nous déchainions sur l'ennemie. Et c'est avec la plus grande des tristesses que je me souviens aujourd'hui de mes crimes du passé. Nous rependions la mort sous toutes ses formes. Jamais nous n'y avons prit du plaisir, jamais nous n'avons fait cela parce que nous le voulions mais nous étions liés, nous avions scellé un pacte avec la guerre. C'était notre erreur de ne pas nous en être rendu compte, nous ne pouvions pas reculer, il fallait aller jusqu'au bout, il fallait qu'à travers le chagrin de chaque mort infligée, la terrible souffrance des vies arrachées, nous fassions repentances. Le surnom de notre unité avait un double sens alors, nous seulement nous apportions l'ultime jugement aux ennemis de nos maitres mais aussi sur nos coeurs. Malheureusement, chaque fois que nous allions au combat, nous augmentions ce que nous avions a repentir. Et il nous semblait que jamais nous ne pourrions obtenir le pardon de nos âmes. Alors, il fallait y mettre un terme.

Plusieurs solutions furent envisager, le suicide en tout premier lieu. La solution la plus facile, celle qui mettrait fin à tout ce que nous avions enduré jusqu'ici, tout ce qui avait fait de nous des êtres sales et inhumains, des monstres aux services d'autres monstres. Mais c'est alors que nous envisagions sérieusement de nous supprimer que la nouvelle tomba, celle qui changea ma vie, qui fit de moi ce que je suis aujourd'hui.

Parmi les officiers, nous avions un ami. Un petit capitaine, jeune et inexpérimenté mais très intelligent, qui nous considérait autrement que comme des outils de destruction. Je raconterai notre rencontre dans l'annexe C. Il se nommait Johanson, un nom bien banal pour une personne extraordinaire. Il s'était engagé dans l'armée après avoir apprit la mort de son père sacrifié par Warren Shadowsong. Son coeur était pur mais rongé par une inexpliquable haine, une haine qu'il avait, avec le temps, apprit à supporter. C'est pour ca qu'il nous comprenait. Sa colère n'était pas aveugle, elle n'était pas soudaine et impromptu, c'était la haine de l'innocent, la colère naive de l'enfant qu'il n'avait pas pu être. Pour lui, nous étions des héros, nous lui avions sauvé la vie. Pour cela, sa reconnaissance était infinie. C'est pourquoi, souvent, il nous rapportait ce qu'il se disait dans les réunions d'état major, ca n'en valait que rarement le coup mais cette fois ci, ce qu'il nous apprit se trouva être la chose la plus incroyable qui soit.

Au plus profond d'une des mines d'uranium appartenant à l'état sur lequel nous nous trouvions, les machines avaient excavé une ancienne relique magique dont personne n'arrivait à percer le mystère mais dont le secret était jalousement gardé par les dirigeants en fonction. Immédiatement, nous avons su. Nous savions parfaitement ce qu'était cet artefact. Nous ne pouvions rien dire à Johanson, sans ce mystérieux objet, son père serait peut être encore en vie à l'heure qu'il est. Il ne nous fallu pas plus de quelques heures pour décider de la marche à suivre. Nous devions ou plutôt, nous avions le devoir de nous emparer de la sphère. Si son véritable pouvoir venait à tomber entre de mauvaises mains, tout allait recommencer.

Et alors que la nuit se couchait sur Volcano, nous nous préparions à donner l'assaut. Les 13 mages du Feu enfin unis pour une cause qui étaient la leur. Ce n'était pas arrivé depuis la mise en fonction de l'unité F13, jamais notre détermination n'avait été aussi profonde que ce soir là. Je n'avais jamais eu besoin de donner aucun ordre, je n'avais jamais accepté ma condition de chef, jamais accepté qu'on me considère comme supérieur à mes amis. Je n'avais pas besoin d'un titre ni même de leur prouver ma valeur, j'étais simplement l'un d'eux. Nous étions une équipe, une entité dont le tout était supérieur à la somme des parties. Les uns sans les autres, nous n'aurions jamais pu supporter la douleur de nos atrocités. Cet assaut, c'était notre rédemption.

Dans le ciel Volcan, il n'y a jamais d'étoile, le soleil est si proche que sa lumière les masque. Pourtant, tous les soirs pendant toutes les années que j'ai passé sur cette planète, je levais les yeux vers le vide infinie et je priais aux étoiles, je les fixais et leur demandais mon pardon. J'en fis autant avant de me lancer dans l'ultime bataille.
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Re: Drim l'Ancien

Message par Atéléïde »

Durant le voyage qui nous mena de Volcano à Vertana, nous n'avons eu de cesse que de contempler le couvercle métallique et l'étrange aura qui l'entourait, tantôt d'un rouge plus vif que les plumes des plus beaux oiseaux, tantôt plus pâle que la candeur du matin.

Notre destination avait été soigneusement choisie par notre spécialiste de l'infiltration, celui que nous appelions Blasphème. Capable de créer des illusions en utilisant le principe des mirages. Sa magie était très puissante, capable de dérouter des centaines de soldats ennemis. Il avait choisi Vertana avec l'idée que ce serait bien là le dernier endroit où l'on chercherait la sphère du feu. Il avait aussi déterminé une position précise en se référant à la carte de mouvement des flux magiques de la planète. Cet endroit se situait très précisément au point de rencontre de deux flux très puissants ce qui rendait l'émanation magique capable de masquer le pouvoir de la sphère. Cette énorme quantité de magie était en théorie nocif pour un être humain et même notre puissante aura ne pouvait nous protéger contre ce phénomène. Nous comptions sur une des caractéristiques de l'artefact que nous venions de voler. Ce dernier avait absorbé une bonne partie de mes pouvoirs et le voyage nous prouva qu'à condition de se trouver dans son environnement proche, toute source magique était peu à peu privée de ses propriétés. Tous ces éléments réunis nous fournissaient une couverture idéale et celle-ci perdura longtemps sans que jamais nous ne fussions découverts.

Pendant des années, nous avons étudié la sphère, nous l'avons observés, touchés, attaqués, étudiés, nous avons réunis les connaissances de plus de cinquante-mille livres et sommes parvenus à comprendre l'essentiel de son fonctionnement. Cependant, une ultime question résistait à nos études: pourquoi réunir tant de pouvoir dans un objet transportable si ce n'est pour l'utiliser? Il semblait impossible d'en faire usage. Bien sûr, à son contact nous ressentions une nette augmentation de notre aura et, en quelque sorte, devenions plus puissants mais en comparaison de l'extrême énergie qui était enfermée à l'intérieur, cette puissance était bien ridicule.

Alors que les années passaient toujours, que nos corps arrivaient à leur limite et que la fatigue s'emparait peu à peu de nos esprits galvanisés à la fois par la quantité étourdissante d'informations que nous avions recueillis et par l'énorme quantité de magie qui nous submergeait chaque jour, l'impensable arriva. Malgré toutes les précautions que nous avions prises, nous fûmes découverts par une civilisation qui venait de se sédentariser, découvrant à peine les rudiments de la technologie. A cet âge de l'évolution des hommes, la découverte d'autrui est toujours synonyme de danger ce qui les poussa à nous faire prisonnier, laissant à la portée du premier voleur la sphère élémentaire dont ils ne réalisaient pas la valeur. Nous ne pouvions ni nous permettre d'abandonner nos travaux ni de briser la promesse que nous nous étions faites de ne jamais plus nous battre.

Nous sommes restés quelques jours enfermés dans des cellules desquelles nous aurions pu nous échapper avec facilité. Finalement, cela nous fit le plus grand bien, nous permettant de ressourcer notre magie dans un lieu isolé de toutes les interférences que les flux planétaires pouvaient causer. Au bout de ces journées d'enfermement, plusieurs hommes sont venus nous chercher et sans plus d'explication que cela, nous fûmes remit en liberté. J'appris plus tard que l'intervention venait du Grand Conseil, ce ne pouvait être que lui...Azhar.

Nous retournions au campement avec soulagement, retrouvant tout ce que nous avions laissé dans le même état. Ainsi purent reprendre les recherches. Je ne sais pas si l'on peut y voir le fait du hasard ou bien le devions nous à nos esprits enfin reposés mais quelques jours plus tard, nous faisions la découverte qui changea littéralement le cours de ma vie.

La conscience, le libre arbitre, faire des choix, tout ce que nous pensions réservé à l'Homme, voici que tout ceci fut remis en cause. La sphère, l'élémentaire de Feu, sa puissance, toute l'immensité universelle qu'elle contient, possède sa propre conscience. La conscience d'être mais aussi la conscience des autres, la conscience d'avoir une incidence et de sa puissance. Malheureusement, cette découverte je ne pouvais pas la faire partager aux autres. J'avais remarqué, depuis quelques années, qu'à chaque occasion où je me retrouvais seul en présence de la sphère, son intensité augmentait comme si elle voulait communiquer avec moi mais jamais je ne pris ca au sérieux jusqu'au jour où je la vis en rêve.

Je m'étais endormi comme chaque soir sur mes travaux, la tête contre le papier fin de mes cahiers. Dans mon sommeil, des images apparaissaient distinctement devant mes yeux, indistinctes au début puis de plus en plus nettes jusqu'à ressembler tout à fait aux campements que nous occupions depuis tant d'années. Tout me semblait naturel, tout était parfait, l'illusion jusqu'au moindre détail. J'errais dans le désert de ce camp, suivant une voix comme une litanie dans mon esprit. Enveloppé de bien-être, j'écoutais la douce voix guidant mes pas. La sphère n'était plus recouverte de son berceau de métal et le sceau de contention habituellement apposé sur lui n'était pas présent. Je m'approchais de l'artefact, les mains tendues comme attirées comme un papillon vers la lumière. Des images jaillissaient dans ma tête. Je touchais l'objet et j'étais alors submergé par un sentiment de paix et de sérénité. Dans mon esprit, résonnait le mot "destin", je voyais défiler ma vie comme un conte pour enfant, le visage de ma mère, de mon père, de mes maitres et de mes professeurs, celui de mes amis et la voix cessa.

Je fus réveillé le lendemain matin par le frais de la rosée qui recouvrait l'herbe dans laquelle je me trouvais. Pris d'un sentiment de panique inexplicable je me mis à hurler, à hurler tout mon saoul. Le souvenir de mon rêve était particulièrement présent, non pas comme le souvenir d'une illusion créée par mon cerveau mais comme la mémoire d'un instant passé, réel. Je pris plusieurs jours pour récupérer pendant lesquels je restais étendu dans mon lit avec un peu de fièvre. Mes amis ne pouvaient pas comprendre, je ne pouvais pas leur dire ce que j'avais vécu, je ne pouvais pas non plus mettre de mot dessus. C'était une expérience si intense qu'elle ne pouvait être comprise que par moi-même. Un rêve si puissant, si réel, si dense, si empreint de réalité... Je n'acceptais d'abord pas l'évidence.

Pendant les quelques mois qui suivirent cette première expérience, d'autres s'en suivirent et parfois alors que je ne dormais pas, j'entendais la voix. Plus j'acceptais la vérité, plus je parvenais à entendre et voir ce que la sphère elle-même voulait me montrer. La conscience, sa conscience, son choix. Une nuit, comme pour confirmer mon hypothèse, je feins d'aller me coucher et lorsque je fus certain que tous les autres en aient fait autant, j'allais retrouver l'artefact. Je supprimais le sceau de protection et soulevais la dalle de métal, enfin, je portais mes deux mains autour de l'objet dont je n'avais jamais vu la couleur aussi intense. Au moment précis où je la saisi, les images revinrent, la voix aussi, tout comme dans mon rêve. Je sentais la présence de son intelligence, la puissance couler le long de mes bras et la sensation que les flux magiques à l'intérieur de mon corps s'intensifiaient. Mu par la curiosité, je ne lâchais pas la sphère, la laissant prendre peu à peu possession de mon corps. Je ne me souvins plus alors de ce qui se passa mais le lendemain, on me retrouva inconscient à nouveau devant la dalle de métal et le sceau en place.

Dans mon esprit, tout était de nouveau chamboulé. Je savais maintenant, il ne pouvait y en avoir qu'un seul, qu'une clé pour libérer la puissance de la sphère, son élu, celui qui serait l'élu de la sphère. Je connaissais aussi le prix qu'il faudrait payer pour en être le possesseur: affronter la mort. Tout cela je l'avais appris pendant les quelques heures durant lesquelles j'étais évanouis. Il me semblait connaitre la sphère dans ses moindres détails, pouvoir en énumérer les qualités et pourtant rien expliquer.

Je me décidais à en parler aux autres un soir. Je leur expliquais tout, de ma première expérience à ma dernière en passant par le récit exact de tout ce que j'avais découvert. Je craignais d'être prit pour un fou mais j'oubliais à quel point ce que nous avions vécus tous ensemble avait tissé des liens de confiance et d'amitié. Tous me prirent au sérieux et les discussions allèrent de l'interprétation métaphysique du sacrifice demandé au possesseur jusqu'aux implications de cette découverte dans la compréhension de la sphère. Au bout de 5h de discussion, nous prîmes la décision de faire l'expérience de la connaissance par les sens.

En moi, un sentiment de mal-être grandissait. Je ne pouvais l'expliquer mais j'avais l'intuition qu'un moment grave arrivait. Tous en cercle autour de l'artefact, nous avions décidé de tenter notre chance chacun son tour pour connaitre l'élu, savoir s'il était parmi nous. Nous avions aussi décidé de l'ordre de passage. Le premier serait Harbinger, le plus téméraire d'entre nous.
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Atéléïde
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Re: Drim l'Ancien

Message par Atéléïde »

     Il s'était avancé vers la sphère, à la fois craintif et curieux, impatient de savoir mais ... il ne sût jamais.

     La sphère émit plus de rayonnement que jamais auparavant pendant une fraction de seconde seulement, Harbinger tomba.
Mes émotions, mes peurs, mon passé, tout resurgit devant ce drame. Les ténèbres s'étaient de nouveaux misent en mouvement et ses armées de démons rongeaient mon âme. J'hurlais, je me souviens. La détresse inondait mon coeur d'un flot de larmes figées dans le temps et l'espace.

     Ils essayèrent. Chacun d'entre nous était préparé à mourir. C'était notre sacerdoce, mourir pour protéger le pouvoir, mourir au nom de personne et pourtant de tous, mourir pour sauver des centaine de milliards d'individus, mourir pour rien, mourir pour tout. Il ne restait bientôt plus que moi.

     J'aurai voulu moi aussi mourir ce jour, mourir en prenant la sphère dans mes bras, en la caressant, mourir en laissant derrière moi le souvenir d'un ami, le souvenir qui ne périt pas, une trace dans la tête d'au moins un d'entre eux. Je n'avais rien comprit.

     Dans ma mémoire gisent les corps de mes amis, leur courage, leur amour, leur détermination. Tous ils ont essayés, ils m'ont donné la force d'aller de l'avant et pourtant chaque souvenir que j'ai d'eux est comme l'ultime résurgence de mes péchés, un discours plein de phrases aux accents malins, aigus ou bien graves. Chaque souvenir est une nouvelle douleur qui s'ajoute à mon éternelle agonie et mon plus grand malheur est d'être condamner à ne pas pouvoir y mettre un terme. Je me réjouis désormais d'être celui qui ait été choisi, jamais je n'aurai supporté qu'un seul d'entre eux ait à subir ce que je vis maintenant, bien leur a prit de mourir alors.

     Le temps s'est chargé d'atténuer la douleur, j'ai perdu mes émotions, perdu peut être mon humanité, je ne suis déjà plus humain, je suis porteur de la sphère du Feu, l'élu, le seul être capable d'endurer la peine et la destruction, pire: de l'infliger et pourtant je jalouse ceux qui n'ont pas cette chance, ce pouvoir. Je suis resté le même égoïste, je n'ai jamais apprit.

     Tout pouvoir a un prix, plus le pouvoir est grand plus le prix est élevé et la puissance de cet artefact est illimité, son prix l'est aussi, c'est la souffrance éternelle, c'est la douleur continue, les pouvoirs d'un Dieu entre les mains d'un humain. Nous avons été fous de penser que nous serions capable de résister à l'attraction, à la tentation et comme dans le mythe, j'ai croqué la pomme d'or et de feu qui brulait devant moi.

     Je ne peux décrire exactement ce qui se passa lorsque je saisis la sphère entre mes mains trop jeunes pour avoir connu la chair ni même le plaisir d'une caresse, la douceur d'une chevelure. Je n'obéissais déjà plus à ma volonté, j'étais l'esclave de cet objet maléfique et terrifiant capable d'apporter le bonheur et les plus horrifiques cauchemars dans le même instant. Tout ce dont je me souviens c'est de l'avoir agripper et de l'avoir serrer contre moi, ajustant la fréquence de mon aura à sa magie, fusionnant avec pour ne former qu'une seule et même entité. Ensuite, tout est brasier, tout est brulant.

     Je me réveillais quelques temps après, 24h ou bien 48 peut être, je ne sais pas. La sphère était là, je la contemplais. Elle me laissait la voir, enfin, elle s'offrait à moi. Je sentais ses flux converger vers moi, se mélanger aux miens, une véritable osmose. Je voyais l'avenir, le passé, je pouvais tout deviner. J'étais prit d'une sorte de frénésie indicible, plus rien ne comptait pour moi, pas même les cadavres de mes amis allongés là, dos à terre comme s'ils dormaient. Puis la sphère disparu.

     Je n'étais ni surpris ni étonné par cette disparition. La sphère m'appartiendrait désormais, il me suffirait de l'appeler pour qu'elle se manifeste, elle m'avait offert son pouvoir, sa magie, elle m'avait libéré de ce qui me retenait de vivre.

     Je pouvais maintenant retourner dans le monde des humains, vivre au milieu d'eux et c'est ce que je fis. Pendant 3 années, je vécus dans un village arboricole au Sud de Vertana. Depuis que la sphère s'était emparée de moi, j'avais physiquement changé. Mes cheveux avaient déteints et étaient passés d'un brun foncé à un blanc très clair. Mon iris avait prit une couleur rougeâtre qui ne manquait pas d'intriguer ceux qui me rencontraient. Mon teint était devenu pâle alors que j'étais plutôt rosé, tout mon corps brulait incommensurablement. Même mentalement, j'avais changé. Moi qui était si expressif, je ne sentais plus rien, j'étais vide de toute émotion, je ne pouvais qu'éprouver intérieurement parfois de la compassion, de la pitié ou la colère. L'amour m'était interdit. Je ne parvins pas à me faire beaucoup d'amis et ceux que je me fis ne tinrent pas longtemps. J'étais trop agaçant, trop distant, trop étrange pour un humain.

     Je fuis la vie urbaine, je fuis la vie des hommes et je m'isolai des années dans les bibliothèques secrètes de magie, dans les salles d'arcane, je découvris la puissance de mes pouvoirs, appris à les maîtriser et entrainai mon corps. Je devais devenir plus fort, apprendre plus de chose pour pouvoir toujours contrôler l'immense flux d'énergie qui traversait mon être.

     Mes recherches me conduisirent à étudier un des mystères qui me prit la plupart de mon temps jusqu'à aujourd'hui: Le voile. Je l'étudiais des siècles durant, parcourant les déchirures, parcourant les limites de la réalité, exploitant mes pouvoirs, exploitant tout mon corps à la limite de ses capacités. Je n'ai pas peur de mourir, ni hier ni aujourd'hui je n'ai connu cette émotion.
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Atéléïde
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Re: Drim l'Ancien

Message par Atéléïde »

Je ne pouvais ni me plaindre de ma vie ni m'en réjouir, il n'y avait plus d'enfer, plus de paradis, tout était gris.

Mes recherches se concentraient presque exclusivement sur le voile et ses propriétés. Je ne sais pas pourquoi je m'y suis intéressé en tout premier lieu, peut-être parce qu'il représente un pouvoir qui me dépasse, un challenge, un adversaire, un rival. Depuis l'évènement qui me conduisit à devenir l'élu de la sphère du Feu, mes soleils étaient artificiels, ils pendaient aux plafonds des salles obscures encombrées de livres que j'occupais à longueur de temps. Je ne sortais plus que lorsque j'avais épuisé toutes les sources intéressantes d'un lieu. Je ne pratiquais plus que la lecture et la méditation. Cette vie d'ascétisme me conféra la force nécessaire à poursuivre ma vie sur le chemin où elle s'était engagée.

Mais il ne fallut pas si longtemps que ça pour qu'à nouveau je fusse troublé dans ma recherche de la sagesse. En effet, alors que je voyageai à la rencontre d'une déchirure dans le Voile que je voulais absolument étudier, je décidai de rendre une petite visite à l'école de magie Volcanienne. Je me demandais si après tant d'années ils se souviendraient de moi, s'ils avaient d'autres élèves, s'ils vivaient paisiblement ? Je cherchais donc les coordonnées de l'état sur lequel se trouvait l'académie mais... à ma grande surprise, il me fut complètement impossible d'accéder à celles ci et les coordonnées que l'on me fournit aux archives de la Corporation m'indiquaient la position d'un tout autre état dont le nom ne m'évoquait rien, un état encore jeune: L'Aetherys. Après quelques heures de recherche, je découvris finalement qu'une insurrection avait eu lieu et que l'ancien gouvernement avait été destitué. L'état avait été recréé de toute pièce, avec pour seule base les frontières existantes, c'est à dire à peine quelques champs et terrains vagues, suffisant toute fois pour y implanter quelques usines. L'état s'était développé rapidement, j'étais impressionné par les rapports des sages de la corporation. Il se plaçait alors comme l'une des plus grandes puissances de la galaxie. Malheureusement, l'école avait payé le prix de la révolte et s'était retrouvée dans l'incapacité de continuer les formations. Elle avait donc fermée définitivement. Je n'étais pas déçu, au contraire, je m'attendais à bien pire. Il n'y a que les Vertaniens qui sont capables de vivre autant de temps, à vrai dire, un Vertanien ne vieilli jamais vraiment. Je me voyais déjà dans l'école comme un inconnu. J'étais rassuré de ne pas avoir à faire face à de telles émotions. Je restais quelques jours là-bas, je visitai, je me rappelai.

Je flânai pour la première fois depuis des années, l'esprit en paix. Je me permettais un véritable moment de détente. Je ne pouvais cependant pas m'attarder trop longtemps au même endroit par peur que l'on me repère. C'était peut-être plus de la paranoïa ou tout simplement l'habitude de cette vie de rat que je menais depuis trop de temps déjà mais parfois il vaut mieux trop se méfier que pas assez.

La nuit tombait sur Volcano, le ciel ne noircissait pas beaucoup, la planète produit sa propre lumière à cause de l'extrême radioactivité qui règne partout à sa surface et dans ses profondeurs, illuminant le ciel et masquant en grande partie les étoiles. Même ses lunes à la magnitude si élevée, renvoyant à la fois la lumière de la planète et celle du soleil, ne sont que rarement visibles à l'œil nu. Je m'asseyais sur un banc dans un parc construit à l'orée d'une forêt artificielle. Mon esprit était un peu engourdi et la force de gravité Volcanienne semblait alourdir le poids de la fatigue accumulée durant toutes ces années de labeur et de travail. Cependant, toute mon attention était retenue par la conversation de deux hommes qui ne semblaient pas avoir remarqué ma présence. Ils étaient tout vêtus de noir et semblaient quelque peu suspicieux, balayant du regard l'espace vide qui les entourait. J'y faisais d'autant plus attention que les bribes de conversation qui parvenaient à mon oreille semblaient porter sur l'acquisition d'artefacts magiques d'une grande puissance par le gouvernement Aetheryien. Il ne fallut pas longtemps pour confirmer mes doutes. Après m'être lié à la sphère du Feu en adaptant la fréquence de mon aura à celle de cette dernière, je localisais sa position exacte.

Lorsque j'étais élève ici, je ne me promenais pas souvent. J'avais le profil de l'élève sérieux, un peu trop au goût de mes amis d'alors. Je ne connaissais pas très bien l'endroit, je situais avec beaucoup de peine le lieu où était gardé les sphères, ce palais d'Aether. Pourtant, je ne pouvais pas le manquer. L'édifice brillait d'un blanc éclatant, tant et si bien que j'en eus presque mal aux yeux. C'était donc ici, dans ce château, résidence gouvernementale gardée par l'impressionnante soldatesque Aetheryienne, que je devais rencontrer une nouvelle fois mon destin.

Tout est allé ensuite si vite.

Je pus rencontrer la dirigeante Aetheryienne, Dame Aetherya. Aussi étonnant que cela pu me paraitre à l'époque, j'appréciais les quelques moments passés avec elle. Nous avons discuté longuement, j'avais comme une confiance naturelle envers cette femme à la poigne de fer. Je m'ouvrais à elle, lui confiais des secrets, mes secrets. J'exposais mon passé à son regard sans jugement et lui expliquais mes projets, mon envie d'étudier les autres sphères. Elle m'accepta à la condition de garder le secret sur ma présence, qui j'étais, ce que je faisais surtout. Je passais donc le reste de ma vie loin de la sphère politique et militaire et de nouveau je pu approcher celle qui m'intéressait le plus: la sphère du Feu. J'étudiais aussi la sphère de l'Eau et du Métal puis celle du Bois et enfin de la Terre.

Ma situation était idyllique, j'avais le pouvoir du gardien des sphères, j'étais entretenu par l'Aetherys et je pouvais disposer de laboratoire magique très avancés. Mais comme tout état qui naquit dans le bruit des canons et l'odeur de la poudre, ce dernier, un jour, tomba.

Les sphères furent préservées, l'Aetherys comptait des alliés puissants dont l'Exitium dirigé alors par Théran Azhar lui-même. C'est le Grand Conseillé en personne qui vint récupérer les sphères. C'était notre deuxième rencontre.

Malgré un combat titanesque, il ne parvint pas à prendre ma sphère. Nos pouvoirs étaient équivalent, notre magie se neutralisait, il n'y avait ni vainqueur ni vaincu et Théran dut se résoudre à partir, emportant avec lui deux des trois artefacts que l'Aetherys possédait. Avant que son vaisseau ne décolle, il me fit une proposition: venir avec lui, partir sur l'Exitium, demeurer à ses côtés, continuer mes études et devenir son disciple. Quelques temps plus tard, je pris mon envol moi aussi en direction de l'Exitium et, accueilli là-bas par celui que je considérais déjà comme mon ami, y demeurais pour quelques mois de plus.

L'Aetherys ne redevint jamais ce qu'il était. Le gouvernement fut renversé, Aetherya quitta sa place et un indécent carnaval de politiques commença son défilé à la tête de l'ancien empire. Je ne sais pas pourquoi mais je m'étais pris d'affection pour ce bout de terre, j'y avais tant de souvenirs... Alors lorsque je sentis en moi le courage de prendre la décision, je repris la route de l'Aetherys encouragé par Théran.

Il ne me fut pas facile de prendre le contrôle de l'état. C'était une époque difficile où le peuple n'avait confiance en personne. Régulièrement, des états étrangers tentaient de venir piller les ressources naturelles et le peu de force dont disposait l'Aetherys ne suffisait pas à faire face et nous fûmes obligés de reconstruire maintes fois les bâtiments de notre fière contrée. Finalement, je leur dois ce que je suis aujourd'hui. C'est grâce aux quelques victoires que j'obtins contre ces personnes que le peuple Aetheryien (qui respecte par-dessus tout le courage et l'honneur) pu m'accorder sa confiance. Ainsi, je fus définitivement intronisé nouveau gouverneur. Pendant quelques mois, je levais les fonds nécessaire à la production d'armement, non pas destinés à faire la guerre mais à la défense de l'état et, avec l'appui de ce peuple valeureux, l'Aetherys remonta peu à peu au classement journalier du développement galactique.

Pendant ce temps, je rencontrais de nombreux dirigeants qui devinrent mes alliés. Le nouveau départ prit par l'état que je dirigeai intéressa le Grand Conseil et, après des centaines d'années passées dans l'ombre à cacher la nature de mes vrais pouvoirs, je fus reconnu comme l'Archimage du Feu et me vis accorder l'honneur de siéger au Grand Conseil aux côtés du grand Terluan et de mon ami Théran.
J'avais surmonté chaque difficulté, survécut à tous les obstacles que le destin mit sur le chemin de ma destinée et prouvé aux mondes la force de mon esprit. Le Concile Débonnaire était créé, il ne nous restait plus qu'à répandre nos idéaux dans la Galaxie, y apporter la paix, la stabilité et la justice. J'avais de nouveau espoir. Il restait cependant une barrière à lever : oublier.
Pour cela, Je pris le rang de Dynaste et, comme preuve de notre bonne volonté, établis des voies commerciales avec d'anciens ennemis du précédent régime. Après avoir discuté avec ces derniers, dont je me fis des amis pour quelques-uns d'entre eux, j'appris qu'au nom de mon état beaucoup de sang avait été versé. Je ne pouvais me permettre d'inspirer une crainte infondée, je ne voulais pas acquérir le respect des autres par la voie des armes. Ainsi, l'Aetherys devint l'Ean Feria. Cet ultime changement se voulait le revers de manche qui chasserait les fantômes de la guerre, offrant la chance aux Eanyiens de montrer leur véritable nature.

La justice, la paix, la stabilité. Je jurais de me battre pour ces idéaux.

Ici finit ce récit, gravé dans le marbre de l'histoire pour preuve que les étoiles savent nous rendre nos prières.
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