Pensées d’un soldat

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Izumi
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Pensées d’un soldat

Message par Izumi »

Le paysage était complètement défiguré par cette guerre qui n’en finissait plus, voilà deux ans que je suis terré dans ces tranchées. Enfoui comme un lapin où je ne fais que suivre le chemin pré-tracé tout en évitant les multiples embûches comme les grenades, les balles, les obus ou les corps de mes compatriotes.

Je suis lassé de me battre, je n’en peux plus j’ai envie de rentrer chez moi mais je ne sais pas comment j’y arriverai. J’ai une chance sur deux de revenir au pays en vie. Tous les matins je me dis que je ne passerai pas la journée et tous les soirs je remercie le destin d’être encore en vie mais avec le poids du remord d’en avoir vu d’autres qui n’ont pas eu la même chance que moi. Etrange sensation qu’est la joie d’être en vie et la peine d’enterrer un ami. C’est paradoxal mais tous me disent la même chose ; « la vie continue », comment peut-elle s’arrêter aussi rapidement pour certains et continuer pour d’autres alors que nous sommes tous dans le même merdier, je ne comprends pas.

Et cette odeur je ne la supporte plus, une senteur acre et violente, à la fois chaude et écœurante, le corps en putréfaction après une bataille ou parceque le temps manque pour ramasser les corps. Comment pourrai-je oublier ces images, qui me enteront pour le reste de mon existence ? Je crois que le pire c’est lorsqu’ils ont encore les yeux ouverts, j’ai l’impression parfois qu’ils sont encore en vie mais qu’ils ne peuvent plus bouger. Parfois cela arrive mais on se rend compte que c’est seulement les nerfs du défunt récemment exécuté qui se rebellent.

Un corps est un corps même ceux de mes ennemis. Le sont-ils vraiment ? Après tout eux aussi tremblent comme moi et se posent sûrement les mêmes questions. « sont ils mauvais ? » Voilà ce que je n’arrête pas d’entendre mais le sont-il vraiment ? Ou peut être que c’est nous les mauvais? qui peut vraiment le confirmer?. Et pourtant, un respect mutuel s’est instauré entre nos deux rivalités, car après tout, quel que soit la politique, le grade, la religion ou la classe sociale nous somme tous dans la même galère jouant avec nos vies pour une entrée en enfer. Seules nos idées, nous on poussé à nous combattre et à nous détester les uns les autres mais cela n’empêche pas que nous tremblons tous de la même manière.

Cette guerre est-elle aussi indispensable ? A t’elle réellement sa place ? Je ne le pense pas, aucune guerre mérite d'exister.

Parfois je m’étonne de m’imaginer chez moi avec elle, c’est d’ailleurs le seul moment où je me sens bien et apaisé, où je n’entends plus le martèlement des bombes et le tiraillement des fusils. Toi qui es dans mes pensés depuis si longtemps, toi que j’ai aimé depuis le premier jour dont j’ai croisé le regard. « M’aimes-tu encore ? » C’est la question que je n’arrête pas de me poser, « Avec qui es-tu ? » Je me torture à me le demander. Il y a beaucoup de femmes dans ce pays mais aucune ne m’attire, « Seule » Tu reste dans mes pensées. « Seul » Je reste accro à toi mon amour !

Ton regard, ta voix, ton sourire m’obsèdent, je voudrai tant te serrer dans mes bras et quitter ce cauchemar qui ne veut plus s’arrêter. Je me rends enfin compte de mes erreurs lorsque nous étions encore ensemble, lorsque nous étions encore libres de nous voir quand nous le voulions et lorsque nous le désirions. Ces fois où j’ai choisi d’être égoïste, d’en faire qu’à ma tête et te faire souffrir car je me croyais libre de tout. Toutes ces fois où je me suis caché de toi pour me préserver ! Maintenant j’ai envie de tout te dire sur moi jusqu’au plus profond secret de mon âme, je n’ai plus envie de me cacher, j’ai enfin compris mais il est peut être trop tard, je vais mourir aujourd’hui ou demain. « Ne soit pas défaitiste » Me dirais-tu mais je ne peux plus regarder la vie en face car j’ai peur de voir la mort se cacher derrière elle. Ne plus jamais te revoir, ne plus ressentir ce soulagement à chaque crise de jalousie que tu me faisais, maintenant je comprends que c’était parce que tu m'aimais.

Je me mets même à sourire, par tous les temps, que c’est bon d’être aimé, je n’avais jamais envisagé les choses dans ce sens c’est étrange…

Je marche, je ne fais que cela depuis deux heures et le paysage me semble le même, je n’ai plus de repaire, je dois me reconcentrer où sinon je risque d’y passer bêtement. Des coups de feu, je me planque dans la crevasse, j’entends les balles siffler à mon oreille, un cri, un homme est touché. Je regarde si je suis encore intact parfois les blessures sont tellement profondes que la douleur n’arrive pas immédiatement. Non je vais bien mais les cris étaient toujours là, je sors de mon trou pour voir qui avait était choisi pour rejoindre nos amis dans l’au-delà.

Je me précipite à sa rencontre évitant les balles et priant la chance de ne pas me faire toucher, j’arrive enfin à l’apercevoir et je suis accablé par la jeunesse de ce soldat tout droit sorti des jupes de sa mère. « Maman, Maman !! » Pleura t’il, le Doc était à ses côtés mais on pouvait déjà savoir qu’il était perdu, un de plus qui ne vivra plus cette guerre mais à quel prix ?

C’est un réflexe presque inné pour chaque soldat, lorsque nous savons qu’on va partir pour toujours et que la peur nous tenaille par cet inconnu qui nous attend, nous appelons notre mère. Celle qui à toujours su nous rassurer lorsqu’un coup dur survenait, celle qui nous à porté, qui nous a aimé quels que soient nos défauts, celle qui ne nous trahira jamais et dont nous avons envie qu’elle nous serre dans ses bras pour la dernière fois avant de plonger dans le néant.

Ma mère est déjà morte, si un destin tragique m’attendait qui appellerai-je ? Serai-ce toi ? Sur qui pourrais-je compter ? De qui murmurerai-je le nom ? Ne serait-ce pas une malédiction pour cette personne ? Je ne voudrai pas que tu t’en veuilles si ce jour devait arriver mon amour, non même mort, je ne me le pardonnerai jamais.

Décédé à 14h39, voilà la seule distinction que nous pouvons offrire à ce jeune soldat décédé, nous devons reprendre la marche et le laisser là, seul et l’abandonner mais nous n’avons pas le choix, la compagnie doit reprendre la route l’ennemi recule et nous devons de ce fait, continuer à avancer. « Pardonne-nous petit » C’est tout ce que j’ai pu sortir. Car un jour je serai peut-être à sa place et on me fera pareil et je ne leur en voudrais pas.

Paysage monotone, guerre interminable ! tu viens d’enlacer à nouveau dans tes bras macabres un de mes compatriotes. Pour cette fois-ci tu auras gagné mais il te sera difficile de m’avoir car je sais qu’elle m’attend, j’en suis certain maintenant…
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