Saniä

Tout le role-play qui ne rentre dans aucune autre catégorie

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Kalyso
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Saniä

Message par Kalyso »

(Premier post de retour bientôt...)
Dernière modification par Kalyso le 02 oct. 2011, 18:28, modifié 1 fois.
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Lord Eld
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Re: Saniä

Message par Lord Eld »

Un voyage sans tribulations, d'un homme sans convictions dans un vaisseaux sans prétentions... et là! enfin! Perdue au milieu de nul part, une destination.
Pied à terre. Sa cape rouge terne est sale et ses vêtements, usés par le temps. Il descend, difficilement. De longs jours de Mer, font perdre l'habitude de la Terre.
Ou est-il? Eld ne le sait, alors il observe. derrière lui, la falaise et l'océan. Devant lui, plaines immenses, forêts verdoyantes et montagnes impressionnantes.
C'est beau, cette terre perdue au milieu de l'eau dont le monde s'arrête à l'horizon. Sortant de sous sa cape un morceau de pain et une bouteille d'un alcool bien étrange, il fait bonne chair de ce maigre festin, profitant du spectacle. Une fois fini, il a toujours faim. Pourtant, il se sent plus rempli que celui qui englouti sans goûter, sans profiter.

Un pas en avant, de tous les chemins c'est le commencement. Même dans l'inconnu, il faut toujours avancer. Le soleil décline, il reste serein mais sur ses gardes; Il n'est pas seul, il le sait et le sent, c'est important.

Ainsi passa le temps, des heures? des jours? Il ne sait plus, mais maintenant des arbres -dont certains maintes fois centenaires- se trouvent sur son chemin.
La main à la garde, d'un geste il sort une Lame pour se frayer un chemin à travers les ronces, les branchages denses et les épais fourrés. Un bruissement, a peine l'entendit-il qu'il fut prêt à tuer, à faire payer amèrement à quiconque l'obligerait à jouer sa vie. Mais rien ne se passe, sa Lame brandit, prête à tomber n'a d'autres cibles que les arbres. *Impossible* se dit-il: doucement, avec la légèreté du vent, il approcha la pointe de son arme près d'une branche. Il ne sait par quelle magie, mais la voici qui s'écarte, qui se tord et se recourbe dans un grincement, comme tirée par quelqu'un, ou quelque chose. Il n'est pas le seul à être prêt à défendre chèrement sa vie.

Sans baisser sa garde, il avance, lentement, prudemment, mais sans faillir. Ses yeux peinent à voir, son ouïe est perturbée, son odorat surchargés: trop d'informations, impossible à gérer. *Difficile! il faut lâcher prise, avancer, ne pas douter* réfléchi t-il un instant. Il stoppa sa marche, rangeant sa Lame, mais laissant sa main sur sa garde, "Juste au cas ou". Prenant une grande inspiration, il ferma les yeux car ceux-ci ne pouvaient l'aider; quoiqu'il arrive s'il était attaqué, seul son instinct serait en mesure de le sauver. Ainsi il avança. Ni trop vite, ni trop lentement, laissant à ce qui était sur son passage la possibilité de s'écarter, contournant ce qui ne pouvait le faire. Nulles peurs, nuls doutes, nul agressivité, juste la volonté d'avancer, sans n'être le dîner de personne. S'il avait déjà perdu la notion du temps, il avait aussi perdu la notion de l'espace.

Soudain, un courant d'air frais lui fit ouvrir les yeux: une construction! *Ainsi l'endroit n'est pas désert, on m'avait prédit le contraire*. Une porte se trouvait à quelques mètres de lui, il tenta de l'ouvrir. Fermée.

"- Tiens, apparemment quelqu'un à les clefs"

En effet, son regard se portant à ses pieds, il vit que des pas avaient déjà laissés d'autres traces que les siennes...
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Duanration
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Re: Saniä

Message par Duanration »

Nul autre n’était aussi facile à suivre. Perdu dans les méandres excrétables d’un passé marron et inconsistant. Tel était le vagabond aux formes incernables. Incernable n’est pas indescriptible et sa physionomie n’avait rien de complexe en soit. De gros pieds nus et poilus directement chevauchés par deux protubérances velues et charnues dont la rondeur accentuait avec précision l’immonde raie coulante. Enfin, sans aucune transition une énorme tête aux quelques cheveux bouclés dont la bouche était absente et les yeux larmoyant de regrets infinis étonnait d’horreur. A la place d’instruments auditifs deux petits bras musclés gigotaient avec nervosité contrastant parfaitement avec les trois énormes parties qu’aucunes articulations ou os ne séparaient.
Ainsi était-il, hideux et repoussant. Rejeté pour ses origines, haït de par sa nature et inextirpable de l’esprit maudit dont il est né.


Flop.

Splarsh.

Splouik.

Prrr.


Ainsi était rythmée l’existence au combien regrettée et maudite du malheureux indésirable. De son nez imposant coulait dans un flux généreux l’humeur nasale, visqueuse et chaude, évoquant tout le malheur et l’incompréhension d’un être dont les interrogations raisonnaient dans un tumulte sourd d’inexpliqué et d’injustice.
Il est infâme d’être de par sa création l’objet d’un mépris dont vous ignorez les origines. Insupportable d’être l’objet d’un dégoût permanent en ignorant ce qui vous fit ainsi. Particulièrement lorsque vous constatez la fatuité impardonnable de ceux qui vous entourent et vous abhorre de toute leur haine vaniteuse.

Sanïa. Seul ici il était possible d’exister. Ici ou dérivent les vapeurs ignorées d’esprits bouillonnant d’une vie trop pleine de sentiments. Sentiment dont l’improbable puissance a pour conséquence le malheur de cette créature.


Prout.

Ainsi hurla-t-il sa tristesse.
Seul. Voila comment il était né.
Seul. Voila comme il était.
Solitude pesante. Disparaître, mourir, se désintégrer, être déjecté de ce monde, comme tout cela aurait été merveilleux. Mais en Sanïa nul ne disposait ainsi de son existence.
Son grand pied poilu se souleva. Doucement, dans cet endroit désert aussi vide que ses espoirs il se mit à marcher. Qui sait réellement ce que cela représente ? Marcher sans but. Marcher sans espoirs. Marcher sans risque. Marcher, simplement pour ne pas être là. Marcher sans arriver à fuir. Marcher sans voir de marché. Marcher sans mâcher. Marcher pour marcher.
Et c’est ainsi qu’au loin le badaud curieux pouvait apercevoir la silhouette bombée et puante qui au battement de son chagrin avançait à pas lourd, déchargeant derrière lui sa malédiction composte. Alors qu’il s’éloignait, raisonnait encore les bruits ténébreux d’une diarrhée purulente et convulsive.
Kemeth
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Re: Saniä

Message par Kemeth »

Il n’y avait pas le souffle du vent dans le coin. Pourtant on aurait pu le croire, puisque le son caractéristique qu’il provoque sur l’ouï était présent, lui. Puis parfois, le contraire se produisait. Aucun son mais une rafale invisible emportait dans son élan la plupart des choses jonchant le sol.

Ici et là, un appel retentit, sans vraiment venir de quelque part en particulier. C’était une sorte d’écho incompréhensible qui se perdait aussitôt dans le néant d’où il était sorti. On se retournait tout en sachant au fond, que personne n’était directement à l’origine du phénomène. Du moins, on se retournait si cela étonnait, et cela n’aurait étonné que si l’on n’était pas issu de ce monde.

Saniä...

Dimension née du psychisme. Innombrables empruntes altérées par le temps et l’oubli partiel. Souvenirs qui furent un jour et réapparurent ici en ayant perdu leur identité durant l’insondable trajet. Un monde fait de traces et marqué par les pensées fortes, les événements, les horreurs venant d’autres périodes, d’autres mondes pas toujours moins chaotiques, ce qui apportait plus encore à Saniä sa touche désordonnée d’abstrait.

Les choses les plus ignobles avaient leur place en ces lieux, aux côtés des plus extraordinaires. Une cohabitation propre à un univers désaxé dans lequel le temps ne voulait plus rien dire. A la fois hostile et accueillant, tout ce qui s’y trouvait était condamné à errer pour faire perdurer le rêve incarné.


Ainsi, il n’était pas troublant d’apercevoir le genre de l’individu en train de progresser dans le fin fond d’une ruelle déserte. Le pas traînant, dans un raclement sourd et intermittent, il semblait avoir été façonné à la hâte, sans autre modèle que l’imagination d’un fou. Il était chauve et sa peau paraissait tirée à l’extrême. Un œil droit plissé continuellement, un œil gauche manquant, se montrait au milieu du visage une simple bosse tandis que sa bouche virait sur la gauche et n’avait pas l’air de pouvoir se fermer. De son maigre buste pendaient deux bras mous aux mains crispées. Enfin, deux courtes jambes supportant à peine le poids de ses efforts étaient fixées au corps sans trop de convictions.

Une flaque translucide le suivait discrètement. Elle zigzaguait comme un homme saoule, avec moins de saccades cependant.

L’être au devant passa prés d’un mur avant de se faire agripper la main par celui-ci. Une tête et deux bras de pierre avaient soudainement poussé du mur pour affirmer son existence. L’être voulut continuer sa marche mais le mur ne lâcha pas prise. Puis, l’entité de pierre lui brisa le poignet et garda ensuite sa main comme trophée. L’être blessé marchait de nouveau, sans plaintes ni choque sur son visage, alors que les yeux du mur se posaient avec intérêt et curiosité sur ce qu’il tenait et sur le liquide qui s’en échappait.

La flaque suivait toujours l’individu, à la manière d’un espion sournois. Sa lenteur aurait donné matière à perdre patience, si la patience n’avait rien eu à voir avec le temps. L’être continua donc jusqu’à ce qu’il s’arrête à un carrefour. La tête tournée vers sa droite, il observait un carrosse miteux qui ne tarda pas à s’immobiliser à quelques mètres de lui. Rien de visible ne permettait de faire avancer le véhicule.

Une porte s’ouvrit alors, pour centrer le tableau sur une enfant au regard mort...
Stanford
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Re: Saniä

Message par Stanford »

Une porte au milieu de nulle part, dans une ville hypothétique.
Des êtres l’entouraient mais elle était seule ; peut-être feraient-ils connaissance plus tard.
La femme était arrivée là elle ne savait comment. Elle s’approche de la porte lentement en fait le tour, une fois, deux fois puis un sourire éclairant son visage tanné par le soleil, elle esquisse quelques pas de danse.
Elle brosse une robe ocre qui semble avoir connu des jours meilleurs pour en ôter la poussière du voyage
Alors elle s’assied en face de la porte et elle se met à parler… Une logorrhée que rien ni personne ne semble pouvoir arrêter.


Aussi loin que remontent mes souvenirs, j’ai toujours ressenti ce manque.
Enfant je me disais que je saurais devenue plus grande. Alors j’étais très sage et pour savoir j’ai appris tout ce qu’ils m’ont dit d’apprendre, lu tout ce qu’ils m’ont donné à lire.
Mais rien…
Et puis j’ai découvert la magie, là j’étais sûre de combler ce vide.
Et j’ai maîtrisé tous les arcanes, appris à contrôler les éléments : j’ai lancé des fleuves de feu, brûlé des glaciers et déchiffré le chant des forêts.
Et toujours rien…
Alors j’ai quitté ma famille, je suis partie.


Elle se tut un moment.
Il est des choses qu’on ne dit pas même à une porte inconnue.
Puisque le savoir n’apportait rien que connaissance superficielle du monde matériel, puisque la magie n’était que vague perception d’un monde puissant et incompréhensible qu'elle ne pourrait qu'appréhender, elle avait fréquenté les bas-fonds de Vertana et puisqu’il n’y avait rien à trouver elle avait essayé de se perdre.
Elle avait essayé les paradis artificiels de drogues douces en drogues dures, toujours plus loin toujours plus fort. Mais les rêves qu’elles faisait l’entraînaient plus haut que ne pourrait jamais le faire aucune drogue et les lendemains qui ne chantaient pas la renvoyaient à ce manque éternel.
Elle avait cherché à s’égarer dans la fange, les rencontres sans lendemains et les étreintes improbables.
Au petit matin elle sortait de couches douteuses, de bras abjects et bestiaux et les outrages, les obscénités avaient glissé sur elle épargnant le noyau lumineux de son âme Les yeux clairs gardaient leur pureté et elle sa fraîcheur d’enfant et son amour de la vie.
Elle reprit :


De rencontre en rencontre, j’ai appris énormément, aimé beaucoup mais à aucun moment je n’ai su confier ce manque, de peur qu’un jugement hâtif ne compromette ce joyau précieux.
A certains moments, dans mes amants de passages j’ai cru saisir l’illusion fugace d’avoir atteint mon but, enfin touché le port, mais cette chimère s’évanouissait dès que je voulais la saisir.
Une fois ce mirage s’est fait tenace si tenace que j’ai cru que ce manque serait comblé par la chaleur d’un foyer, un mari des enfants pourquoi pas, Mais ces liens là si fort qu’ils étaient, n’ont point suffi à me retenir. Toujours je regardais vers l’horizon.


Alors elle était repartie gardant de cet épisode un remords lancinant, celui d’une tâche inaccomplie pour lequel elle n’avait eu aucun talent. Des remords mais aucun regret : elle les aimait pour ce passé ensoleillé, elle les eût haïs de la clouer à un quotidien de grisaille.

Parfois au cours de mes voyages, j’ai rencontré des gens assis au bord de la route que tout espoir avait déserté. Et je me suis assise à leurs côtés pour les écouter, leur parler et pour essayer de faire naître en eux un peu de cette étincelle que j’ai en moi.
Quelquefois j’ai réussi.


Et la lumière d’être partagée se faisait plus dense, plus vive.

Souvent j’ai échoué

Et la lumière alors vacillait un moment pour n’être plus qu’étincelle avant de retrouver sa clarté.
De toutes les villes qu’elle avait traversées, de tous les ports d’où elle était partie, du printemps à l’été, de l’automne à l’hiver elle n’avait gardé que des souvenirs un peu fanés, à l’image de ces vieux contes de nourrices. Mais elle n’avait jamais oublié aucune rencontre, aucun visage et de les porter dans sa mémoire la faisait se sentir plus vive comme si c’était là les seuls liens qu’elle eût pour s’ancrer au réel.
Jusqu’à cette île bleue
Jusqu’à cela qui ne peut être qu’illusion tellement changeante tellement belle et horrible ;
Ce monde qui mêle illusion et réalité dans une savante combinaison qui aliène l’esprit.
Ce monde si bleu si pur et si dense à la fois.
Et cette sensation d’achèvement si forte cette fois qu’elle ne pouvait être illusion
Elle s’allonge devant la porte, un brin d’herbe entre les dents, et attend les yeux vrillés sur la porte.
Boostée par Dark-Angel et Spatouille. Comme promis ma flotte arbore leurs drapeaux.
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Kalyso
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Re: Saniä

Message par Kalyso »

Il y a cet homme d’abord. Dont on sait peu. Qui sait bien peu lui-même, d’ailleurs. Qui est là, qui ne se l’explique. Qui avance, nonchalant, et qui sera bien plus touché que ce qu’il peut croire. On n’arrive pas sur Saniä comme ça, au hasard des flots, on n’y arrive pas non plus en la cherchant. Elle attend son heure, et elle happe, et elle engloutit. Et il ne s’en rend pas compte, encore, mais il est absorbé, comme eux tous par ce tourbillon de pensées, qui l’hypnotise, qui le lie.

Il y a la chose, ensuite. Allégorie de cette douleur, cette incompréhension, qui laisse une emprunte tellement profonde, même aujourd’hui, qu’il ne peut savoir quand son tour viendra de quitter enfin le sol de Saniä. Il est né, un soir humide, sans comprendre pourquoi. Et depuis il avance, aveugle et muet, noyé dans ce désintérêt général qui le rend si vulnérable.

Il y a l’homme qui marche, indifférent aux coups qu’il reçoit. La forme dont l’a doté la nature n’est peut-être en rien plus glorieuse que celle de la chose, mais il n’en a cure. Il existe, simplement. Il sent la partie commencer. Et il veut jouer. C’est peut-être la première chose qu’il ressent depuis longtemps d’ailleurs.

Enfin il y a la femme, qui pourrait répondre Désespoir si on lui demandait son nom. Elle a une histoire, elle veut la conter. Elle veut qu’on l’entende. Elle veut qu’on la sauve. Ou alors Saniä ne l’a bien comprise. En tous cas, elle l’a happée, comme tous ces êtres, ces pions sur son échiquier.

Aujourd’hui marque le début d’une nouvelle manche, qui ouvrira à certains la porte de sortie tant recherchée. Et maintenant que les pèlerins sont tous là, il est l’heure de passer à un temps de récit. D’apporter des réponses à ces êtres qui en cherchent. A ce monde qui en a besoin.

_____

La femme fleur s’était ouverte ce matin. Elle avait bordé le lune, et l’avait regarder s’endormir, avant de lui prendre la clef et de le quitter pour prendre sa place.

Il l’a baisée un jour, sur sa joue rose, où a éclos sous ses lèvres un bourgeon couleur étoile. Depuis elle attend qu’il pose sur elle son regard salvateur, et qu’elle y lise un amour qu’elle rêve chaque soir en se fermant. Et elle rêve en dansant jusque la porte, et là se plante et s’épanouit, au milieu de ses gardiens à elle, qui l’empêchent de se faner. Le temps qui s’arrête lorsque ses pétales noircissent, la clef qui empêche son cœur de s’envoler au vent, et la promesse qu’un jour elle rejoindra les champs immortels de Saniä, où il pourra veiller sur son sommeil.

Les pas du premier homme l’avaient mené près de la porte, qu’il n’avait su ouvrir. Il tournait autour lorsque la femme fleur arriva. La nature, complice, avait masqué le bruit de ses pas gracieux, et il ne sentit sa présence que lorsqu’elle posa une main délicate sur son épaule. Il ne fut étrangement ni surpris, ni effrayé. Comme s’ils s’étaient donné rendez vous, il y a bien longtemps. D’instinct, il ne lui parla pas, se contentant de lui rendre son sourire. Coquette, elle se détourna, et ses yeux devinrent plus bleu que le plus pur des saphirs, ses lèvres prirent la teinte d’une rose naissante, et sa chevelure se fit éclatante comme un bouton d’or. Elle en enroula une mèche autour de son doigt, et tira dessus d’un coup sec. Lorsqu’il baissa les yeux sur sa main, elle tenait une marguerite, qu’elle lui tendit en rougissant. Puis elle déposa sur son front un baiser aussi léger qu’un papillon, et partit danser au milieu des arbres, oubliant la présence de l’homme, donnant l’étrange spectacle d’une nymphe solitaire se fondant dans la brume. Un bruit d’aile et un tintement retentirent, et trois voix graves s’entremêlèrent.

Tu ne peux t’en empêcher, n’est ce pas ? Tu sais pourtant que chaque fois que tu te vends, tu rajoutes à ta peine une année. Et à la notre un siècle. Ah ! si seulement, jolie Sintiann, l’on pouvait te cueillir.

Et le premier homme fut submergé d’une peine terrible, et voulut aller secourir la fille fleur, chasser les oiseaux, et l’emmener loin d’ici. Mais il ne le pu, car la brume léchant ses bottes le poussa jusque la porte, et il se pencha sans le vouloir pour en passer l’embrasure. Et il était trop tard maintenant, car il était entré. Regardant toujours par-dessus son épaule, il vit l’ombre du bois qu’il venait de quitter, et une silhouette qui s’approchait de la porte restée ouverte, sûrement pour elle. Elle se jeta à genoux, et se mit à prononcer d’une voix éteinte un discours dont les mots ne parvinrent à ses oreilles. Déjà il se retournait vers la ville.

Saniä était grande, et vivante. Aussi inconstante qu'un vent hiémal. Une musique y était jouée éternellement. Entendue seulement par ceux qui le voulaient. Sous les yeux du premier homme se dessinèrent trois bâtisses grimpant vers le ciel sur plusieurs centaines de mètres. L’une était faite de verre. Un verre terni et sale, qui par endroit laissait voir s'y mouvoir les ombres des maudits, qui entraient dans la demeure en quête d’une souffrance à montrer, et n’en sortaient qu’une fois l'esprit assez usé pour déborder du corps ; ou y restaient jusqu’à ce que leur porte soit ouverte.
La seconde était une cascade où jouaient les rayons d’un soleil absent. S’y dessinaient des arcs-en-ciel, et parfois s’en échappaient des rires. Mais nulle silhouette n’était visible, malgré la limpidité des flots. Une foule se bousculait au pied de la bâtisse, mais l’attractif bonheur qui éclaboussait le public avec quelques gouttes d’eau, était bridé par l’absence de portes.
La troisième était un gratte-ciel, comme ceux que l’on trouve sur Galactica, et d’où sortait un brouhaha incessant, de cris, de rires, de voix chantantes et de pleurs incontrôlés. Lorsque le premier homme posa les yeux sur le portail au pied de l’immeuble, il vit sortir en courant un quadragénaire secoué de sanglots, les mains sur les oreilles.

Il su alors que le spectacle était terminé, et qu’il était attendu ailleurs. Il reprit donc sa route et s’enfonça dans la ville dont il savait avec certitude qu’il découvrirait plus tard les mille et un secrets.

___

Cookla attendait patiemment qu’ils la trouvent. Elle tétait une sucette sans goût, et tenait dans son autre main une laisse au bout de laquelle gisait le corps inanimé d’un petit chien. Ses yeux sans couleur lui donnaient l’air d’avoir un regard vide. De longs cheveux d’un blond terne, grisâtre, tombaient en boucles soignées sur ses épaules et son dos d’enfant. Elle portait une robe rose bonbon déchirée, qui laissait voir ses petites jambes bleutées. Il lui manquait une chaussure. L’autre brillait à son pied droit. Deux petites ailes en tulle et fil de fer flottaient dans son dos malgré l’absence de vent. Retirant de sa bouche la sucrerie, qui eut l’air disproportionnée dans sa main poupine, elle se retourna vers l’animal mort et murmura avec une fierté jouée.

Ils arrivent, Shaty. Bientôt nous pourrons partir. C’est moi le guide cette fois.
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Duanration
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Re: Saniä

Message par Duanration »

Les déjections aux sanies jaunâtres s’étendaient sur des mètres infinis, monotones et pourrissantes, moribondes et puantes. A l’instar du pauvre être que les éructions anal punissaient d’un crime ignoré et non commis par celui qui en subissait les conséquences.
Haïs. Il l’était.
Repoussé et repoussant. Il l’était.
Malheureux, désespéré et blessé. Il l’était.
Seul. Il advint qu’il ne le fut plus en ce jour faste qu’une pluit d’exhalaisons alvines aux fragrances profondes et lointaines de méconiums arrosa de toute sa puanteur. Miasme infâme déversé par son hôte. Rectum sur pied, tel était-il.
Errant dans ce lieu fréquenté par les autres. Ici, à la vue de tout ceux qui le rejetaient. Il était repoussé pour sa laideur. Il était haïs pour son odeur. Il était exclu pour ses flatulences aux sonorités gênantes. Rejeté par les sens. Qui pouvait l’aimer ou même le supporter ?
Lui-même était témoin de ses pires vices, il entendait vaguement, voyait son horreur et sentait avec précision ses infects déjections.
Ainsi osa-t-il errer en publique. Oui, il pouvait errer. Mais en publique. Pensez. On ne tarda pas à cracher sur ses formes hilarantes. D’aucuns vomissait sur son corps. Et les rires en furent les conséquences, durant quelques instants, tout du moins. La gênante odeur. Cette infâme puanteur que déversait l’anus par ses matières fécales parfois liquides et parfois dures, gênantes et salissantes.
L’un d’eux riait plus fort que les autres. Ce fut celui qui s’énerva le plus également. Il était gigantesque, son corps était celui d’un Dieu grec. A la place d’une tête, un Soleil, éblouissant, deux yeux étincelant et un sourire dans équivoque, joie, c’était son nom. Joie cria.


Infâme vermine tu viens déverser tes flots de déchets ici. Tu mérites d’être puni, que tu es laid et que tu pues. Je ne supporte ni ta vue ni ton odeur.

Ne possédant pas bouche le pollueur s’exprimait par le seul orifice capable de s’exprimer et ses paroles étaient ponctuées de pets et autres gaz indélicats.

Je n’y suis pour rien et…

N’avait-il donc pas compris ? Peu importe qu’il se justifie ou non. Leur plaisir était d’extérioriser leur haine sur le pauvre bougre qu’il était. Si seulement la punition dont il parlait était la mort pensa-t-il. Mais en Sanïa, la mort n’est pas permise. Si seulement. Son rêve.
Joie balança son pied en arrière et shoota le malheureux afin de le couper dans son élan à se défendre. Si il avait eut le temps de le faire il aurait gâché tout le plaisir de l’acharnement sadique sur plus malheureux que soit, voila qui aurait manqué d’intérêt.
Projeté dans les airs il souffrait. La douleur physique existe en Sanïa. Il avait mal. Il retomba dans un fracas d’autant plus douloureux que ce fut dans dans un endroit désert emplis de solitude. Par chance, il n’avait rien perdu d’utile de son corps. Mais submergé par l’insupportable douleur, il s’évanouit, pour ne se réveiller que quelques heures plus tard. Durant sa perte de conscience des choses étranges lui étaient apparures, mais il avait été réveillé par une gêne. Quelque chose entre son dos et le sol. Il se releva doucement et aperçut cette étrange petite sphère grise. L’une de ses petites main, guidée par son petit bras musclé l’attrapa. C’est à ce moment qu’il comprit.
Elle aussi en était un. Une sphère grise. Sans rien. Elle n’avait pas de bouche, elle n’avait pas de sens. Elle communiquait avec son inconscient. Et il comprit. A cet instant. Elle aussi. Elle aussi avait ce rêve. Elle voulait mourir.


Je m'appelle Ssa.

Et il serra. Il serra la sphère dans sa petit main droite. La solitude n'était plus et désormais il poursuivrait son rêve avec elle. Elle qui fut la premiere à écouter son nom et qui lui dévoila le sien. Ainsence.
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Lord Eld
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Re: Saniä

Message par Lord Eld »

*Qu'elle était belle! Mais ses oiseaux étaient spéciaux...ils savent le prix de la liberté, car la leur est liée à autrui... ils le savent, mais ils ne le réalisent pas..
Elle, elle est comme le fruit d'un arbre, beaux et appétissant lorsqu'on s'en approche, alors on le cueille, on le mange. Le garder plus longtemps, c'est le regarder pourrir...*
Les dernières images qu'il avait de la demoiselle monopolisaient une grande part de son attention, il se demandait s'il pouvait la libérer, comment il pourrait faire cela...
Ainsi, songeur, il avance,

"Non! je ne veux pas la cueillir! C'est toujours plus beau quand c'est libre!" C'est comme le fruit. Si personne ne le cueille, il en nourrira d'autres et les graines que personnes n'aura voulu manger tomberont sur la terre et....

3 tours se dressent devant.

Elles ne sont pas pour lui. Tandis qu'il déambulait dans ces rues étranges pavées de gens étroits, Eld s'interroge: *Une marguerite? mais pourquoi faire? Si je ne trouve pas de l'eau, elle va se flétrir et pourrir et disparaître...*


Un instant, il regarda ces être s'agiter, comme l'ombre qui ondule sous la feuille livrée au vent.
*Ils sont tous là, mais aucun d'eux ne semble savoir ou il va. Intéressant*. Continuer, toujours continuer, c'est sa Destinée. La ville n'est pas si différente de la forêt. Pour Eld, qu'elle soit de brique, de sable, d'arbres, de montagnes, de froid ou de chaleur, une jungle reste une jungle. Aussi la façon de s'y comporter est-elle semblable: sur ses gardes et à l'instinct.

Les rues sont sinueuses et surprenantes. Une large rue baignée de lumière débouche sur une rue étroite et sombre, une rue vivante le jour d'un marché se transforme peut à peut en rue terne et triste comme le plus inquiétant des cimetières. ainsi se succédaient les rues et ruelles, ainsi avançait-il toujours imperturbable, aux aguets, parmi cette foule qu'il voyait tel les habitants de la forêt qu'il avait traversé.
il ne dit mot a personne et personne ne l'interpela. Il n'était qu'un inconnu parmi une foule où les personnes qui se connaissaient s'amassaient en groupes, en grappes.

On fini toujours par trouver quelqu'un dans une masse d'inconnu.

Lui ne cherchait que de l'eau, il trouva une fontaine, il cherchait des explications, trouvait-il le guide?
Toujours est-il qu'une petite fille attendait, assise à la fontaine. Ces yeux n'étaient pas les mêmes que ceux que son regard avaient pu croiser dans les ruelles.


-Bonjour jeune fille. Ton chien est-il mort d'avoir bu à cette fontaine? sortant la marguerite, il continua en souriant, vois-tu, je voudrais abreuver cette fleur pour qu'elle ne meurt. Si cette fontaine est mortelle, je serais bien en peine de me séparer de cette fleur avant qu'elle ne flétrisse.
Stanford
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Re: Saniä

Message par Stanford »

La porte était ouverte; la fille fleur, un instant offerte, évaporée sous les frondaisons émeraude. Malgré sa beauté, malgré cette fleur, étincelle d’infini qu’elle avait consentie, elle exhalait tant de souffrance, de se punir de singulière grâce, elle avait fait le choix et les oiseaux, les fleurs, n’adoucissaient sa peine que pour la prolonger. Elle était d’un autre monde, nul ne pourrait l’atteindre, ni la consoler, à peine l’effleurer pour la voir se fermer.
Un homme déjà ayant franchi la porte, Aireal se leva cherchant des yeux un instant la fille fleur pour endosser sa souffrance, illusoire utopie : il n’y aurait ni partage, ni communication.

Alors elle franchit la porte à son tour.

Tout se jouera ici.

Certitude apaisante au début de ce long voyage.

La porte franchie Saniä était semblable et différente. Trois tours barraient le paysage de leur inattendue et agaçante géométrie. Une seule pouvait la retenir, l’ombre de maudits à travers le verre, lumière pour ce papillon de nuit.
Une souffrance à montrer était ce là la fin de son voyage ? L’ultime but tant recherché ?

Non ne reste pas continue … Ici tu te perdrais… Plus tard tout te sera donné...


Les êtres en ce lieu semblaient poursuivre un but inconnu, faire partie d’un songe obscur, enfermés dans une éternelle nuit dont nul ne pourrait les sortir ; Etrangers à eux-mêmes inaccessibles à tous, tels des ombres. Seuls leurs corps étaient présents, leurs âmes volées ou envolées.
Dans l’air bleuté de Saniä, issue de nulle part, s’élevait, perle fragile, une note, instant ailé et magique, claire beauté insaisissable, suivie bientôt par d’autres notes frémissantes, scintillantes, elles inscrivaient dans les cieux un espoir infini, aussi aérien qu’une bulle aussi persistant qu’un parfum d’héliotrope.
Les notes s’égrenaient, limpides, lumineuses, elles broyaient le cœur avant de l’élargir d’une infinie douceur, jouissance et souffrance mélangées, chaque note en suspens, Aireal attendait la suivante avec appréhension et espoir. Une envie instinctuelle de s’abandonner à ces volutes miraculeuses rejoignant l’infini.
Une autre mélopée se fit entendre plus grave en contrepoint de ces notes lumineuses, celle-ci vous plaquait au sol dans un amer désenchantement. Elle disait les remords, les regrets, les erreurs passées et les souffrances, elle rappelait les humiliations, la honte, la culpabilité. Elle renvoyait à l’inachevé décourageant de l’être humain.

Reste où tu es ! Ne les suis pas! ne t’accroche pas à cette chimère! Tu seras déçue; pire encore, tu décevras. Cette quête-là, tu n’es pas assez forte pour la faire. Tu n’es pas taillée pour l’aventure. Contente toi du quotidien : l’espoir n’est pas pour toi, reste dans ta médiocrité lâche. Qui te donne le droit de t’embarquer pour le merveilleux?


Sous l’impact Airéal baissait la tête. Les notes lumineuses continuaient sans paraître s’émouvoir…

Viens accroche toi à ton rêve: l’aventure est là qui t’attend ; elle sera pour toi si tu la veux. Tu deviendras ce que tu es.

Les notes légères ouvraient la voie parlant d’espoir et de futur. Alors d’un geste Airéal fit taire le thème sourd. Se saisit d’une note, immaculé diamant et referma sa main autour, une irradiante lueur s’échappant de son poing fermé. Et la note l’entraîna dans les airs pour un voyage d’un instant, d’une éternité. Saniä entière était là étrange envoûtante et toujours aussi incompréhensible.la berçant de mystères, de réponses sans questions, d’images éternelles inquiétantes et splendides. Saniä serait à la fin…

Le temps du soupir d’un ange, délicatement Aireal toucha le sol au bord d’une fontaine dont les gouttelettes se mêlèrent à la note en un bouquet joyeux et irisé. Des rires cristallins s’échappèrent de la fontaine.

Ils étaient là : un homme tenant une marguerite à la main, telle un joyau précieux ; celui là lui ressemblait, à cela près qu’il ne savait apparemment pas être en quête. Et il y avait cette petite fille apparence trompeuse dont le regard démentait la puérilité avec toutefois une part d’enfance incontestable. Airéal s’agenouilla près de l’enfant les yeux clairs cherchant à percer l’insondable mystère.

Bonjour Damoiselle, Mon nom est Airéal. Ton chien a-t-il un nom ?

Elle eût voulu prendre l’enfant dans ses bras, la débarbouiller, la coiffer.la câliner, la prunelle ombrageuse suffit à l’en dissuader. Des deux l’enfant l’adulte, les dieux s’étaient plus à mélanger les attributs.
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Kalyso
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Re: Saniä

Message par Kalyso »

Il semblaient tous arrivés, et déjà prêts à repartir. Cookla pencha la tête d’un côté, puis de l’autre, en les observant. Qu’ils étaient beaux, dans leurs tenues neuves, avec leur peau encore fraîche, et leurs cheveux si soyeux. Qu’elle aurait aimé, elle aussi, connaître cette sensation de douceur au toucher de son corps. Ah, si seulement, si seulement elle n’était née petite poupée, désarticulée et sans autre âme que celle, malléable au gré des rêves, dont la nature l’avait dotée. Un éclair d’étonnement passa dans ses yeux sans expression. Shaty ? Mort ? Fallait il que cet homme ait abusé de quelque substance enivrante pour lancer de telles inepties ! Mais soit, qu’ils pensent ce qu’ils pensent, l’heure n’était pas aux digressions de ce genre, il fallait, vite, vite, se prendre en main et partir. Et elle l’annonça de sa petite voix rieuse, sans se soucier des informations qui lui avaient été données, ni des questions que pouvaient se poser ses invités du jour.

Et si nous partions mes amis ? Le jour se couchera sans nous attendre, et si Saniä s’endort et que nous ne sommes partis, il nous faudra patienter un siècle encore, ou peut-être une heure, pour qu’elle nous ouvre une fois de plus ses portes !

Les paroles de l’enfant avaient beau être difficilement nanties de sens, ils l’écoutèrent avec attention, et comprirent sans difficulté ses mots. Comme si elle s’était parlée à elle-même, la petite tourna les talons et s’enfonça dans les ruelles, tétant encore sa sucette pâle et tirant de sa petite main une laisse qui semblait s’alourdir au rythme de ses pas. Et eux, suivaient simplement, comme s’ils savaient qu’il serait inutile de poser une question à cette enfant aussi mystérieuse qu’évidente.

Ses prédictions s’étaient révélées justes, le ciel au dessus de leur tête se mit à obscurcir. Ceux d’entre eux qui levèrent les yeux, furent surpris de voir une main géante et sans propriétaire apparent, flotter dans les airs, et gratter sans un bruit la voûte céleste. Ils ne furent presque pas étonnés d’en voir tomber, telles des cendres, les résidus, qui se posèrent sur leurs épaules, et de découvrir sous les volutes poussiéreux, un toit azur parsemé d’étoiles dorées.

Laissez la neige sur vos épaules. Si elles ont été choisies c’est qu’elles peuvent en porter le poids. Et si elle peuvent en porter le poids c’est que nous sommes prêts à partir !

La petite avait encore parlé sans regarder personne. Toutefois ils surent que c’est à eux qu’elle s’adressait. Et comme elle murmurait encore d’imperceptibles paroles, elle s’arrêta brusquement et s’accroupit. Eux, curieux, l’entourèrent. Elle avait déposé sa sucette sur le sol qui s’était couvert de boue, et grattait le sol de ses petits doigts. Tout à coup, un sifflement retentit dans la pénombre, et ils eurent à peine le temps de sauter en arrière, qu’une locomotive surgit de sous ses mains enfantines. Aireal poussa un petit cri, et se précipita aux pieds de l’engin pour chercher une trace de l’enfant, et ce n’est qu’un petit rire, fragile, et sans émotion qui lui fit lever la tête. Dans l’encadrement d’une porte qui s’était dessinée sur la façade de la machine, se tenait la petite Cookla, sa sucette dans une main, et la petite laisse écarlate dans l’autre. Elle rit encore et les invita à entrer. Ils s’exécutèrent, comme hypnotisés, et prirent place dans un compartiment qui semblait sans fin. Dans le fond du wagon, il y avait deux vieilles femmes, voûtées, respirant fort, qui coiffaient des chevelures parfaites qu’elles tenaient à bout de bras ridés.

Et maintenant mes amis, que nous sommes là pour une semaine, je vous propose que vous me contiez tous, un par un, votre plus doux rêve. N’ayez pas peur de l’invraisemblable, ou du ridicule, car aucun des mots que formeront vos lèvres ne pourra dépasser ce à quoi Saniä a déjà donné la vie.

Et dans un bruit de chocs métalliques et de vapeur, le train reprit sa route. Par une des fenêtres ils purent voir s’étendre une plaine verglacée, tandis que celle d’en face leur offrit la vue de profondeurs océaniques.
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