Le Nom de l'orgueil - Sous les sables de Desertica

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Carassus
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Le Nom de l'orgueil - Sous les sables de Desertica

Message par Carassus »

Tyrion Fordring s'inclina devant Terenas Menethil.
Il n'avait pas le choix.
La force du vieux guerrier était encore largement supérieure à la sienne, il ne pouvait encore le défier, pas ouvertement.
Pour l'instant.
Son nom était un bon nom. Il ne tarderait pas à s'élever.


Tu savais que je refuserais avant même de me faire cette proposition, n'est-ce pas ?
Terenas semblait plus amusé que contrarié.
Un nom comme le tien ne pourra jamais obtenir le droit de courtiser ma fille. Je tiens trop à avoir des petits enfants !

Tyrion refoula un grognement. Son nom ne portait pas encore de gloire, c'est vrai. Mais cela changera bientôt se jura-t-il.

Retires toi maintenant. J'ai d'autres choses à faire que de m'occuper d'un sans-nom.

A vos ordres répondit Tyrion en s'inclinant.

* * *

Le sang de Tyrion bouillonnait tandis qu'il s'éloignait de la demeure de Terenas. Bien sûr que son nom ne recelait aucune gloire. Mais était-ce de sa faute si son père n'avait pu tuer qu'un sans-nom à sa Déclaration ?

La Déclaration était une étape cruciale de la vie d'un habitant du territoire souterrain de Lordaeron : c'était le moment où il passait du statut d'innomé à celui veritable citoyen. C'était le moment où ils aqueraient leur nom.
Et mon père n'a pas pu faire mieux que celui-ci regretta-t-il amèrement.
Le nom d'un homme décidait de sa place dans la société de Lordaeron. Un bon nom amenait plus facilement richesse et possibilités d'exploits, ce qui rendait ce nom encore meilleur. Un vrai cercle vertueux songea ironiquement Tyrion.
Mais son faible de père n'avait pas osé défier quelqu'un de mieux nommé que ce Tyrion.
Gagner un nom pour son fils n'avait pas été facile cependant, malgré la faiblesse de son adversaire. Le père de Tyrion n'était pas un combattant, un défault majeur dans ces souterrains. Le combat avait duré plusieurs heures et son père avait failli se faire tuer plusieurs fois. A la pensée de ce qui se serait passé si son père avait échoué à gagner ce duel, Tyrion frissonna.
J'aurais du reprendre son nom à lui ! Une honte fantôme le traversa.

Un nom ne devait jamais être perdu. Telle était la Loi. Car un nom ne pouvait pas être créé non plus. Un nom était un cadeau de la Trinité divine, une chose sacrée pour laquelle on devait se battre et mourir. Le nombre de noms en circulation avait été le même depuis des millénaires, tout comme le nombre de citoyens de Lordaeron. On ne peut pas vivre sans nom. Pour donner le droit à un nom, et donc le droit de vivre, à un enfant un des parents devait libérer un nom ; en défiant quelqu'un dans un duel à mort - ou en mourant . Ainsi, ayant prouvé sa propre valeur, et donc la valeur à venir de son enfant, le parent en question lui donnait le droit de vivre.
Très peu de règles limitaient ces combats :
* seul un homme peut combattre un autre homme pour son propre fils, et une femme pour sa propre fille
* les combats se déroulaient à l'arme blanche ou à mains nues
* tout citoyen nommé peut être défié, quelque soit son âge

Cette dernière règle avait entraîné des guerres de succession féroces où le nom pouvait changer de mains plusieurs fois par jour, jusqu'à ce que les prétendants écœurés délaissent le nom teinté de sang.

Car la gloire - ou l'anonymat - d'un nom lui restait attachée, quelque soit son propriétaire.
Et le mien ne m'a rien apporté sinon le mépris. songea Tyrion. Mais ça ne durera pas !

Car Tyrion avait un secret, un espoir dont il n'avait encore parlé à personne. La Triarche l'avait convoqué.
Dernière modification par Carassus le 07 mai 2013, 15:51, modifié 2 fois.
Carassus
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Re: Le Nom de l'orgeuil - Sous les sables de Desertica

Message par Carassus »

Un enfant. Et pas un très impressionnant.
Terenas était cependant songeur : pourquoi ce sans-nom avait-il eu l'air si sûr de lui ?
Cela faisait quelques années que l'on n'avait pas osé m'importuner de la sorte.
Il se remémora avec nostalgie le temps où les duels étaient fréquents et où le sang coulait à flot. Pas le sien. Celui des fous qui osaient défier le puissant Terenas Menethil, Lord Protecteur du Domaine.
Le titre était venu avec le nom, avec les responsabilités. Terenas n'avait pas envisagé ces aspects de son nom lorsqu'il avait défié l'ancien Terenas, le Briseur de Noms. L'ancien avait gagné ce qualificatif après que quatre grands noms l'aient défié et se soient fait tuer - humilier -, salissant le nom qu'ils portaient avant de le léguer à leur héritiers.

Le combat entre l'actuel Terenas et le Briseur de Noms avait été long, sanglant, héroïque ... mortel.
Car Terenas n'avait pas laissé à son propre père la gloire de défaire le Briseur de Noms. Chaque années, de jeunes ambitieux partaient eux-mêmes à la conquête d'un nom. Terenas avait fait partie de ceux-là. Il avait fait partie des très rares à y survivre.

De nombreux prétendants avaient cru qu'un jeune homme tout juste nommé serait plus facile à détroner que le Briseur de Noms. Le sang de Terenas s'échauffa à ce souvenir. Le plaisir et l'exaltation qu'il avait eu à écraser ces insectes !
Beaucoup plus qu'à jouer mon rôle de Protecteur.
Il n'y avait plus tellement de duels lancés contre lui depuis qu'il avait triplé la gloire de son prédecesseur en tant que Briseur de Noms.

Entre mes mains ce n'est pas juste un titre. J'ai aussi remporté des noms fameux pour les fils que j'ai eu.

Son coeur se gonfla de fierté en pensant à ses fils. Varyan Wrynn, son puîné, promettait d'être un aussi grand guerrier que son père.
Son aîné cependant ... Othmar Garithos, second de la Force - un titre gagné autant par ses mérites que par son nom - ... Othmar était un homme taciturne, froid et calculateur. La première - et dernière - personne à l'avoir defié avait été lacerée vivante par son fouet. Othmar ne s'était pas arrêté pour le coup de grâce après que son adversaire soit tombé, vaincu.

Il l'avait poussé jusqu'à ce qu'il crie, qu'il supplie, que l'on mette fin à ses souffrances, déshonorant à jamais son nom. Plus personne ne l'avait jamais defié. Celui là m'inquiète. Aucune femme ne voudra de lui, ce n'est pas de son côté que j'aurais des petits-enfants. se désola Terenas.

Penser à ses hypothétiques petits-enfants ramena Terenas à Tyrion Fordring et à sa demande impudente. Le droit de courtiser ma fille, et puis quoi encore !
Je vais demander à quelqu'un de garder l'oeil sur lui.
Appelle moi Lancy Revshon ! lança le vieux guerrier à l'un de ses gardes.
Le garde s'inclina et sortit.
Revshon saura se débrouiller pour savoir ce que ce petit rigolo manigance.

* * *

Revshon au rapport, Lord Protecteur
Déjà ? Je ne t'ai envoyé suivre ce Tyrion qu'hier et tu as déjà découvert ce qu'il mijotait ? Terenas était soulagé, mais un peu déçu.
J'en attendais plus de toi sans-nom.

Pas exactement, Lord Protecteur l'interrompit Lancy Revshon, j'ai du interrompre la traque. On m'a interrompu plutôt.

Qui donc est assez bon pour t'arrêter et assez fou pour ne pas craindre mon nom ? s'enflamma Terenas.

Les gardes de la Triarche, Lord Protecteur. Ils m'ont arreté alors que Tyrion Fordring se dirigeait vers les hauts quartiers.

Terenas se figea. Par le sang du Trahi, que peut donc vouloir la Triarche à ce sans-nom ?
Laisse moi maintenant. Ne parle de ça à personne ou je te ferais écorcher.

Lancy Revshon s'inclina et sortit de la salle.
Carassus
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Re: Le Nom de l'orgueil - Sous les sables de Desertica

Message par Carassus »

Terenas se promenait pensivement dans les jardins de son palais souterrain. Le rapport de son maître espion le perturbait plus encore qu'il ne l'avait laissé paraître à celui-ci.
La Triarche .... Le seul pouvoir sous terre qui dépassait le sien. La Triarche était cependant beaucoup plus mystérieuse que le Lord Protecteur. Personne n'avait jamais vu directement les Triarcs, les trois membres de la Triarche.
Leurs ordres étaient relayés par leurs gardes, des hommes mystérieux enveloppés dans un vêtement leur couvrant la totalité du corps, ne laissant qu'une fente pour leurs yeux sombres. Le plus énigmatique - et le plus inquiétant - à leur sujet n'était cependant pas leurs yeux ni même leurs voix métalliques. Ils n'ont pas de nom frissonna Terenas intérieurement.

Des innommés qui n'étaient pourtant pas morts.
Abominations !

Et pourtant ces abominations étaient les relais de la Triarche.

Il faut bien des gens aussi étrange pour servir directement de tels maîtres.

De temps à autre, des citoyens étaient appelés par la Triarche à venir les rencontrer dans les hauts quartiers. Ceux qui revenaient parlaient d'escaliers sans fin, de labyrinthes tortueux et d'une pression à faire flancher même le plus haut des noms.
Car tous ne revenaient pas. Une majorité des appelés disparaissaient dans les couloirs des hauts quartiers, transmettant leur nom à leur héritier. Personne ne savait sur quels critères la Triarche basait ces choix. Des hommes forts avaient disparus, aussi bien que des sans-noms, de pieux citoyens comme des impies vociférants.


Que peut donc vouloir la Triarce à Tyrion Fordring ?
La question tournait encore dans la tête de Terenas.
Sa promenade dans les jardins ne l'avait pas apaisé autant que d'ordinaire.

* * *

Tyrion était nerveux. Ses gardes - son escorte - n'avaient pas prononcé un mot depuis qu'ils l'avaient récupéré à l'entrée des hauts quartiers, ni pour le saluer ni pour lui indiquer le chemin. Ils se contentaient de le préceder et d'attendre en le fixant de leurs yeux morts si jamais il faisait mine de traîner.

Une entrée fort peu héroïque rumina-t-il.
Si la Triarche m'avait convoqué pour me faire disparaître, les gardes m'auraient tué à l'entrée des hauts quartiers
Mais il n'arrivait pas à se rassurer.
Peut-être m’emmènent-ils au fin fond d'un labyrinthe pour m'y abandonner ? On dit que les couloirs des hauts quartiers peuvent changer de place et rendre un homme fou.


Perdu dans ses pensées, Tyrion n'avait pas vu qu'il s'était arrêté de marcher. Il releva vivement la tête, s'attendant à voir les regards des gardes rivés sur lui.
Une inquiétude vaine : il n'y avait plus personne dans le couloir.

Ils ont prévus de me laisser mourir là, perdu dans ces stupides couloirs !

Sa rage initiale commençait à s'éteindre, noyée par une inquiétude grandissante.
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