Chroniques de Galactica

"Simple comme un murmure." Songea-t-elle

"Le vide... attirant n’est-ce pas ? Vertige enivrant qu’est celui de la mort ? Cependant pourfendre ton âme et plaquer ta chair transpire plus d’une folie, qu’autre chose. Tu ne peux balayer ta vie, comme on chasse la poussière. Pose-toi les bonnes questions !

Pandora déambulait dans les couloirs de la corporation à la recherche de la salle animée par un orateur plumeux amphytrien. Mais le hasard travail malicieusement et l'a conduite jusqu'ici.

D’ailleurs, dois-je te rappeler qu’en ces lieux ta magie ne s’opère point." Sourit-elle.

Un claquement de doigt, un écho, des ondes soyeuses et le temps rebroussa chemin, le filet sablonneux se matérialisant à nouve*u sur les chaises, comme si de rien.

"Le temps a fait son œuvre ici, figeant pour une brève éternité des souvenirs… nos souvenirs... ne les dérange plus.

La nostalgie, sentiment humanisant… piètre instrument diabolisant plutôt… dérobant plus que ce qu’il nous offre."

Elle sera ses poings.

"Être aimé, deux doux mots plus douloureux que cotonneux."

Ses mains tremblaient.

"J’ai noyé ces sensations depuis fort longtemps dans des océans de solitudes, dont les flots me submergent encore. Le monde est une énigme, où les forteresses que l’on bâtit un jour tombent puis terminent soufflées la nuit. Des harmonies de mélancolies, des maux, des morts, des empires, mon Empire Onirien… Une succession en torrent, de passages mielleux et acidulés. Voilà ce qu’est la Vie !"

Sa tête se baisse, des mèches ébènes voilant ses yeux brumeux.

"Lixia, pourquoi ? Où est passé la grande guerrière fière et combative qui illuminait de par sa splendeur l‘univers?

La braise sous la cendre peut raviver des feux plus ardents et abrasifs que des rayons célestes. Réanime ta fougue d’antan ! Vie dans le présent et chuchote à l’avenir des desseins inexplorés ! Certes, le passé est tenace, parfois assassin satiné mais ne t’éclipse jamais face à ses fourbes traquenards.

Tu penses être délaissé, mais ton cœur te leurre. Be*ucoup de personnes t’admirent.

Je puis t’avouer à demi-mot, que je n’ai eu tel adversaire depuis des millénaires et rien que pour ceci, tu as gagné tout mon estime."

Pandora s’avança ensuite vers l’Impératrice tout en fustigeant d’un regard acerbe Neïdahra.

"La mort ne te mérite pas, rejoint tes futurs horizons et bat-toi comme mon cousin le souhaite !"

Au même instant la Grande Conseillère, lui tendit une main.

"Lixia, nan !" Cria quelqu'un.

"Reste, j’ai une myriade de choses à te dire !"

Il se tenait là… berçé d’une aura singulière…celui dont même la mort a rejeté les souhaits de sommeils éternels…

…Aschlan.

La musique a changé, le tempo avec, mais malgré tout, la danse continue.

L'Impératrice écouta sagement Pandora par respect mais ne quitta pas un seul instant ce vide. Cependant, l'arrivée d'Aschlan lui fit décrocher et elle le dévisagea avec des grands yeux. Pupilles sombres, cœur battant la chamade, Lixia venait de comprendre... ou tout du moins pensait avoir comprit.

«Le vide n'est pas attirant, il est envoûtant... Alors, à choisir entre les mirages que tu me proposes et les illusions d'outre-tombe. Je préfère nettement le deuxième choix...

De mes efforts n'en ressort qu'une sueur d'odeur moribonde, rien n'est bon en moi... Alors que ce soit de la folie, du narcissisme, ou de l'orgueil qui me fasse tenir devant ce vide, c'est du pareil au même.»

Ses yeux se perdirent dans son esprit, trop brumeux pour en sortir quelque chose de concret.

«Je suis un électron qui vogue dans le circuit de la vie... Je suis celui qui donnera sa vie pour l'effet Joules et serais ensuite un fardeau pour les autres car ils devront continuer à me trimballer. La question que je dois donc me poser, c'est, pourquoi suis je encore en vie ? Car pour le bien commun je dois m'effacer... c'est la loi...»

Ses yeux noyés de larmes roulèrent pour regarder le plafond, elle pouffa de rire.

«La vie ! Elle est fielleuse et vaine. Car un jour ou l'autre, tout bonheur est entaché, toute volonté s'estompe, le mal fini toujours par l'emporter alors il est inutile de vivre alors que l'issue est la même pour tous... »

La sublime féline se redressa et sonda le ciel du regard, était il clément ? Le vent s'engouffrait par l'orifice, et le soleil était caché par un des nombreux bâtiments administratifs.

«Ma fougue d'antan... cette hargne qui m'animait... a fait de moi ce que je suis aujourd'hui, bouleversée et sur le point d'attenter à sa vie... Cet entrain, il n'est plus. Tu as donné la réponse après ta question. Je suis une guerrière... Affirma-t-elle en lançant un regard à Pandora par dessus son épaule. Je ne suis que chienne qui a besoin d'un os à ronger pour être heureuse, aujourd'hui, aucun os, pas le moindre. Plus aucun n'est enterré, ou alors à des profondeurs que je ne peux atteindre. Tu l'as sûrement compris, mes instants sont devenus mornes, dépourvus du moindre intérêt... »

Nyunia pleurait et commença à s'élancer vers sa mère pour la prendre dans ses bras mais Neïdahra la retint par l'épaule, accompagné par un regard sévère.

«Rien n'arrive à retenir mon attention plus d'une heure, et ma volonté à résister à l'ennui s'est érodée, elle n'est plus que sable, pourtant... elle était montagne...»

Lixia continuait de fixer l'horizon, fuyant les regards des occupants de cette maudite salle.

«Sublime Pandora, ouvre toi aux autres, laisse tes sentiments jadis refoulés surgir, car ce sont eux ta vraie force. Laisse tomber ce masque, il t'étouffe alors que les sensations que tu m'as brièvement décrites, ce sont elles qui te feront vivre, elles qui te permettront de te regarder dans une glace. Ne commets pas les mêmes erreurs que moi, je t'en conjure.

Ma fille... Celle-ci retint sa respiration. Cesse d'être une gamine, il arrivera un moment où tu voleras de tes propres ailes... Tu es bien trop gentille voire innocente, ce monde est pour le moment dangereux pour toi, alors que tu possèdes tous les outils pour t'en sortir... Ne deviens pas comme moi, mais sache qu'une langue acérée trouvera toujours sa voie dans ce monde. L'utiliser avec modération est le plus grand défie qui me fut rapporté, et j'ai échoué, ne fais pas comme moi...

Neïdahra, j'ai rien à te dire sauf peut être que je ne regrette absolument rien !

Cher Aschlan, bien que ta cousine te donne une deuxième vie grâce à cette illusion, nous parlerons bientôt, une fois mon cœur apaisé de tous ses battements.»

Ses Adieux venaient de toucher à son terme, elle s'apprêtait à sauter.