Page 1 sur 1

Le poid des mots.

Publié : 08 janv. 2009, 10:12
par Eros
Amer gout que celui de la victoire. Eros parcourait la salle jonchée de corps meurtris, vestiges de cette bataille empirique qui opposa le dogme du vice à celui de l’étique.
Les cris, les pleures emplissaient l’espace du mouroir. Les femmes, mères maudissaient déjà ceux par qui tout avait commencé.


Je ne puis rester de marbre, trop de choses sur mon cœur pèsent. Le monde doit ouvrir les yeux sur les responsabilités de ce funeste conflit.

Ainsi débuta le voyage initiatique de Eros Shadow. Descendant de la phalange pourpre, il fut choisit par le bouillonnant Sarkisian pour prendre sa succession.
Homme d’apparence agréable, caractérisé par des yeux d’un bleu hypnotique. Adepte de la rhétorique, les mots se mêlaient aux armes pour matérialiser les rêves d'une nation.


Les Daliens ne sont que les pauvres jouets brisés, les victimes du machiavélisme. De la pitié pour eux, rien de plus. Point de haine à leur encontre. Pour haïr, encore faut-il avoir un jour obtenu le respect de l’autre.

Eros méditait sur l’histoire empreinte de suffisance qui déclencha le début des larmes.

Ils fut une époque, ou l’un des nôtres les avaient éclairé sur les probables conséquences des mots de ce volcanien sans âme. Evidement, ils n’entendirent que le son de l’aveugle.
Le sang versé pour les mots leur fera t’il enfin comprendre qu’ils ont été trahis des le départ par celui qui se cache derrière les autres. Je l’espère, le prix que nous payons semble bien élevé pour les poignards de ce dirigeant fuyant.


L’odeur du sang fut remplacé par celui des cerisiers fleuris quand il pénétra dans le jardin de l’hôpital. Havre de paix ou l’illusoire espoir laissait à penser que l’être aimé à ses blessures survivrait.
Sur un banc il s’abandonna aux délices de la réflexion…


Cette guerre sans saveur devra t’elle éradiquer les Daliens de l’univers, certes non. Il faut purifier ceux qui n’ont que la haine de l'unité comme arme. Les autres, les véritables spartiates méritent honneur et respect.

Le serment que je fis le jour de mon adoubement sera respecté. Le fourbe devra répondre par le sang de ses phrases. Le temps n’a plus de prise, il se fige au pied de la détermination. Juda sans courage, état gangréné par le plaisir sadique de la division des hommes. Etat qui sera traité malgré sa fuite, la peste t’emportera pour tes crimes. Tu devras enfin répondre de tes actes par le sang. Te cacher derrière l’autre sera vain.


Eros, se leva brusquement pour contempler le triste spectacle de la mère en pleure à l’annonce de la disparition brutal du fils. Le poing serré il prononça à haute voix.

Serpent sans crochets, ou que tu sois tu payeras pour tes mots, la désolation sur les tiens en guise de compensation pour les veuves. Tu iras procréer des larmes vil fuyard. Que ceci soit gravé sur la lame du glaive qui t’occira !

Il ne put résister plus longtemps aux larmes de la mère. L’air n’était plus respirable, la pourriture des cadavres avait remplacé le doux parfum des fleurs de cerisier… De dégout il se dématérialisa de l’endroit pour un lieu mélancolique, sans vie.

Re: Le poid des mots.

Publié : 08 janv. 2009, 16:42
par Lord Faust
D'un être de pierre ou de marbre, mes songes s'évanouissent dans les confins de l'univers. De ses prunelles brunes et sauvages, combien de temps aurais-je pu être encore une marionnette, animé par l'amour plus que par la raison ? Il y a longtemps que je n'ai pu te voir, j'étais pris. Pris dans une tourmente insatiable. Sans toi.

Entre les corps calcinés, gisant avec une acre odeur de sang, séché et craquelé sur les longues paroies du bâtiment, je t'observe. Mes pieds voguent entre les morts, sans remords aucun. Il fut un temps où je m'en serais inquiété. Mais aujourd'hui il n'est plus à l'heure de pleurer, que celle de venger. De reconstruire et de venger. Tu as perdu beaucoup. Cela deviendra impossible maintenant.

De tout cette déliquescence tu ne reverras plus rien. Eros. Des morts, aucun ne portera ton nom, de cette sottise, de l'âme humaine en perdition, de la bêtise et des milliers de félons, je peux te le promettre...

La mort remontait jusqu'à ses narines, comme un gaz dont on ne peut voir la présence, sinon en exécutant ses propres conditions. Et la mort ne demande que la mort. Que voudrait-elle d'autre ? Prendre les corps, graines des pousses de ce monde, et ôter toute substance, toute envie, toute passion. De sorte que de la vie il n'y ait plus que le nom qui sonne comme une plaque d'espoir sur un mur de cœurs. Ces gerbes de sang, dégoulinant avec puanteur les briques de nos fondations. De tes fondations, Eros, tout cela est à toi, mais aujourd'hui plus rien n'est, en tant que tel. Sans âme, de sens il n'a que dans la mort, celle qui établit les règles dans l'après. Caché un relan est bien humain, je manque de vomir des mouches qui survolent avidement tes soldats de la bonne cause.

Te promettre que dans l'avenir plus rien n'arrivera de tel. Aucun de tes hommes, aucune de tes femmes, ni ton peuple ni tes alliés. Rien de tout ce qui fait de toi un possesseur n'a plus lieu de sentir le danger. Danger il n'y en a plus. Il n'y a que toi. Ton étonnement de me voir ici. Dix ans que j'ai quitté ces terres...

Les mèches d'un brun sacré, deux yeux en amande aux profondeurs azurés se rapprochait peu à peu de l'immondice. Pris de dégout par la vision d'horreur que dévoilait le drap languit des ombres, l'ouïe embué par les senteurs haletantes et prenantes, il faisait pas à pas, le récit d'une vie. De quoi ovulait-il parler ? De quelle sorte de promesse était-il capable de réaliser vraiment ? Faust n'avait-il pas tout abandonné, lorsque la fortune le lui permis ? Balançant avec colère les sensations d'un père, ses projets, ses amours, ses passions et ses haines. Les chemins tracés dans le ciel Galacticain, sursautant entre les étoiles, effleurant les prémices de la vie sans qu'une ne se réalise. De combien de planète l'histoire de Faust était-elle remplie ? De combien de voyages ? De peines ? De joies ? Tout s'effaçait avec la plus âpre des certitudes. Il se donnait sans relâche à un homme meurtri, avec lequel, les dix premières années de sa vie purent prendre le qualificatif de magnifiques. Pourquoi était-il parti ? Pourquoi n'avait-il plus été là, dix ans auparavant ? S'était-il imaginé à quel point il fut difficile à son père de l'expliquer ? Peut-être lui avait-il menti, cachant une vérité trop dure aux yeux de son autre fils.

Qu'importe leur nom, nous avons nos idées, nous les tenons. Ce ne sont aucun artifice de pur mensonge qui nous conduirait vers la ruine. Celle du corps et celle de l'esprit. Tu es bien plus puissant que tout cela, qu'importe la défaite dans la victoire. Nous ne sommes pas seuls, nous ne serons jamais seuls. Même dans cette bataille à la victoire amère, je vois le renouveau. Les quêtes font avancer les hommes, de ton immobilité princière, devenons calvaire. Tout deux. D'une main liés. Que ni le vent ni la foudre ne puisse nous arrêter. Tu ne perdras plus rien, Eros. Nous perdrons. Nous avancerons. Nous gagerons de la bonne ou de la mauvaise conduite des évènements. Car de ton coeur sans faille, l'amour n'y a plus de place, sinon celle du combat.

Aucun de tes hommes ne mourra, je te l'ai promis. Mais dans quel monde vivrait-on si nous ne pouvions plus répandre les Oniriques et Généreuses pensées sans avoir à répandre peur et bienfaits ? Aucune de tes femmes ne périra. J'ai juré tout cela. Allons dans la sérénité de voire nos hommes et nos femmes mourir, sans que tu n'es de regrets à porter, jusqu'à ce que, le seule de tes amis, et non le notre, ne s'en aille.


Il marqua une pause, marchant sur un bras qui craqua sous son poids. N'osant poser les yeux sur ce qu'il venait fracturer, Faust inspira jusqu'à remplir ses poumons et déplaça son corps. La jambe se leva, puis son pieds retomba sur le sol, froid comme l'acier cette fois.

Jusqu'à ce que je ne puis que fuir, mais devant la vie, et non devant la haine. Te souviens-tu d'Ihna Faust ? Faust Shadow. Un frère...