Pardon

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m4x
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Inscription : 16 janv. 2009, 16:42

Pardon

Message par m4x »

Un.

Premier verre de la soirée. Ça va être long, je pense. Je le bois cul sec, comme j'en ai pris l'habitude lors de mon adolescence. Seule ombre au tableau, c'est que mon adolescence s'est passée il y a bien dix ans de cela, et que depuis je ne trouve plus grand intérêt dans l'alcool. Tant pis, ça reviendra.
Je sens le liquide brûler ma gorge, puis mes entrailles. Le sang qui parcourt mon corps et soudain plus chaud, c'est enivrant. Je n'ai pas envie d'arrêter.

Deux.

J'observe mon environnement immédiat. Un banc confortable, placé dans un angle d'un établissement fréquenté par la jeunesse actuelle. L'endroit est sombre, enfumé, et bruyant. Ce qui plait tout compte fait. Encore quelque chose pour me déprimer. Je veux faire le vide dans mon esprit, mais les pensées s'emmêlent et s'entrechoquent. Je n'arrive pas à définir de priorité, tout ressurgit en même temps.
Je fais un signe à la barmaid, et je remets ça.

Trois.

Je jette un nouveau coup d'œil à droite et à gauche, plus attentif au détail. A la table d'à côté se trouve deux jeunes en train de flirter. J'irais même jusqu'à dire que la chaleur montait entre eux jusqu'au moment où l'un des deux s'aperçoit que je les fixe depuis une bonne minute. Surement apeurée par un homme la regardant intensément, la jeune fille prend se défile et part. N'ayant pas compris pourquoi, son compagnon se lance à sa poursuite après avoir payé l'addition. Non seulement je ne vais pas bien, mais il faut en plus que je détruise la soirée d'autres personnes.

Quatre.

Il faut que je fasse le vide, à tout prix. Je ferme les yeux et pose ma tête sur la table, mes bras me servant de coussin. Je fais abstraction du bruit... Seule la sensation de l'alcool stimule encore mes sens à ce moment précis. Je me sens vide et surtout... Seul.

Quatre et demie.

J'attends une idée, quelque chose qui pourrait me faire partir d'ici. Non, c'est certain, j'ai la raison de mon côté, j'ai bien fait.

Cinq.

A moins que...
Je remets mes souvenirs récents en place. Il est minuit et demie, cela fait deux heures que je suis ici... A vingt-heure trente, j'étais chez moi, dans mon appartement, à quelques rues d'ici, cinq minute à pieds. Elle était là avec moi. On venait de manger, j'étais fier de moi, j'avais préparé le repas, elle l'avait apprécié. En gentlemen, j'ai débarrassé la table, je lui ai fait couler un bain moussant, je lui ai même apporté son café et une cigarette pendant qu'elle se prélassait. Pour une fois, je n'avais aucune arrière pensée, je voulais juste être gentil, être doux et délicat. Je lui ai mis de la musique, je me suis déshabillé, puis je suis parti au lit, en l'embrassant et en lui disant que je l'attendais dans la chambre à coucher. Il était vingt-et-une heure trente quand elle est arrivée, nue elle aussi. Elle s'est glissée sous la couette, de l'autre côté du lit.
Encore une fois, désirant être agréable avec elle, je me suis rapprochée d'elle afin de l'enlacer. Je l'ai embrassée dans le cou, à cet endroit, celui qu'elle aime tant. Aucune réaction, elle respire calmement et attend. En veut-elle plus ? Peut-être. Aimant, je m'applique à la caresser délicatement du bout des doigts, en faisant attention à ce que cela ne soit pas tendancieux. Ce soir, je ne désirais pas de sexe, je voulais uniquement de l'amour.
A partir de là, les choses ont brutalement changé. Elle s'est retournée, m'a plaqué contre le lit, est montée sur moi et a pris les choses en main. Jamais je ne l'ai sentie si passionnée lorsque nous faisions l'amour, jamais elle n'a été aussi vivace, et jamais elle ne m'a comblé aussi rapidement. Je ressens encore en moi cette extase, ce moment d'oubli total où seul le plaisir intense et concentré peut compter. C'était magnifique...
Mais comme le dit si bien ce proverbe " Plus on tombe de haut, plus la chute est rude. "
Elle s'est recouchée sur le côté, dos à moi, et les derniers mots que j'ai entendu de sa part furent " Maintenant que tu as eu ce que tu veux, je peux dormir ? ". Mon sang a bouilli en une fraction de seconde, je n'ai pas pu me retenir et je l'ai giflée, je me suis habillé en vitesse et je suis parti. J'avais souillé son visage, je l'avais frappée, chose que jamais je n'aurais du me permettre, que je n'ai même jamais envisagé.
Quelque chose attire mon attention, quelque chose de vrai. Brusquement, je me sens extirpé de ma mémoire, et j'ouvre les yeux. La serveuse me demande de payer, elle n'a pas confiance dans les gens qui boivent trop et qui partent sans payer. Je la comprends, je paye, et je surenchéris pour cinq autres verres. Satisfaite, elle m'en ramène un autre.

Six.

Tout ce que j'ai désiré ce soir, c'était de l'affection. Je voulais juste passer une nuit tranquille et douce, tenant la femme que j'aimais dans mes bras, sentant son souffle chaud sur mon torse alors qu'elle dormait. Je voulais que sentir l'odeur de ses cheveux, je voulais qu'elle se sente bien et protégée, et je désirais moi aussi des élans d'affection. Rien de plus.
Une larme roule du coin de mon œil sur ma joue, je l'essuie sans y prêter attention. Et je réfléchis, encore, et encore. Une heure de plus dans ce bar pour ce soir.

Sept.

Je suis maintenant aux toilettes, j'ai la nausée. Je me trouve au dessus d'un lavabo. Il n'a pas été nettoyé ce soir, cela me perturbe. Mon regard fixe un autre point, le miroir. Je m'inspecte minutieusement, l'alcool ne facilitant pas les choses. Je me dis que j'aurais dû aller chez le coiffeur il y a quelques jours déjà, je trouve mes cheveux trop longs. Mes yeux sont rouges à cause de la fatigue, et j'ai le teint blême, l'alcool est certainement en cause. Une barbe de deux jours orne mon visage. Je n'ai pas fait attention à moi récemment, et je trouve ça dommage. Je souris, je me moque de moi même... Le couple que j'avais vu auparavant passe à côté de moi et s'enferme dans une cabine des toilettes pour dames. Je me dis que tout compte fait, je n'aurais pas tant détruit leur soirée que ça. Je me passe de l'eau sur le visage et m'essuie les mains sur mon pantalon en jean, puis je remonte à l'étage.

Huit.

Elle m'apporte encore un verre. Après tout, j'ai payé pour. Je ne le bois pas tout de suite, je suis encore plongé dans mes pensées. Il est vrai que j'ai eu tendance à beaucoup lui en demander, et qu'un homme n'a pas les mêmes envies qu'une femme. Mais pour une fois, je désirais juste la rendre heureuse et être agréable avec elle... Pour une fois ! Ce sont d'un coup des centaines de mains qui volent vers mon visage pour me gifler en même temps et me ramener à la réalité. Cela ne devrait pas être occasionnel de vouloir cela. J'ai eu un comportement égoïste à longueur de temps avec elle, et lorsque je fais un effort les retombées de plus de dix mois de vie commune à me prélasser arrivent enfin. Pourquoi maintenant ? Pourquoi pas un autre soir ? Pourquoi pas un jour comme les autres, un de ces jours où je regarde un match à la télé ? A nouveau, je m'embrouille, quand soudain une évidence me saute aux yeux...

Neuf.

Je l'aime. C'est aussi simple que cela, je l'aime. Je ne veux pas la perdre, et j'y mettrais le prix s'il le faut. Je pars d'un bond de ce rade miteux, je délaisse cette musique trop forte, ces gens trop bruyant, cette ambiance glauque et enfumée, cette serveuse qui me tendait mon dernier whisky pour retourner dans le froid mordant de l'extérieur afin de retrouver ce qui m'anime, ce qui me rend heureux : mon foyer.

Au bout de cinq minutes de marche, j'aperçois la porte d'entrée de mon appartement. Il y a de la lumière à l'intérieur, et je vois sa silhouette se découper sur un des rideaux. Mon coeur bat à la chamade, j'ai une forte appréhension sur ce qui va suivre. J'ai peur, peur qu'elle me rejette, peur d'avoir commis quelque chose d'irréversible, peur de devoir fonder de nouvelles bases dans ma vie sans elle.

Je sonne et j'attends, la tension monte. La porte s'ouvre, elle se tient enfin face à moi. Je reste là à la contempler pendant quelques secondes - qui m'ont paru dix minutes. Une seule phrase pu sortir de ma bouche à ce moment là.

" Je t'aime, Youma. "
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