[Les Jardins] Et si demain...

[Sarexiel]

Et si demain, le monde se soulevait contre l’autorité ? Que se passerait-il ?

De tout temps, des chefs ont dirigés. Elus, autoproclamés, issus de droits divins… Peu importe la manière dont ils ont obtenus le pouvoir. Qu’ont-ils fait de ces pouvoirs ? Bien ? Mal ? Ont-ils dirigés pour eux même ou pour leur peuple ? Les deux à la fois ? Les pires dirigeants sont-ils ceux que le peuple n’a pas choisis ? Ceux qui prirent les bonnes décisions furent-ils les plus aimés ?

Que de questions. Ou chercher les réponses ? Dans l’histoire bien entendu. Et que nous apprend l’histoire ? Le seul consensus ne porte pas sur les dirigeants. En effet, parmi les pires, on trouve certains élus, et parmi les plus aimés, on trouve des personnes que le peuple s’est vu imposé. La seule chose communes à tous les pouvoirs est qu’ils furent un jour renversés par le peuple. Révolutions, guerres d’indépendances… Des milliers de morts pour une seule cause : s’opposer au pouvoir en place et instaurer un système meilleur.

Alors, pourquoi notre pouvoir ne subirait-il pas le même sort ? En ce moment même, la colère gronde un peu partout. Les réformes ne sont pas acceptées, et les faire passer en force ne semble pas la bonne solution. Trop de bouleversements d’un coup ? Probablement. Trop d’erreurs ? Certainement. Où cela va-t-il nous conduire ? Une nouvelle révolution est elle en train de voir le jour au sein de notre société ? Si oui, comment l’arrêter, tout en continuant d’améliorer les choses ?

D’ailleurs, sommes nous réellement en train d’avancer, et non de reculer ? La voie que nous empruntons nous semble la meilleur pour notre gouvernement, mais est-ce le plus important ? Le peuple doit-il se sacrifier pour son pays, ou alors l’inverse ? Le mieux serait d’avancer tous ensemble, main dans la main. Impossible ? Oui, tout à fait. Lorsque certains ne voient que le profit d’un groupe de personne minoritaire, la majorité s’oppose. Est-il préférable d’avoir une élite minoritaire, ou alors une majorité de gens à égalité ? En somme, doit-on donner plus aux riches en prenant aux plus pauvres, ou l’inverse ?

Ne voyez en ces mots qu’une simple réflexion personnelle. Les réformes menées ces derniers temps nous semblent profitables à tous, au bien de notre univers. Mais comment les acteurs de notre monde le perçoivent-ils au jour le jour ? Vous l’êtes-vous demandé ? Exemple simple, la fin de l’esclavagisme nous à mené à des restrictions draconiennes qui pèsent sur tous. Ces règles qui plus est, ne sont pas comprises par tous, et les limites en sont floues. Etais-ce finalement une bonne solution ? Dans la théorie, oui, car les esclaves ont été libérés et les esclavagistes punis. Dans la pratique, tous le monde est puni, et nous ne sommes pas sur que les esclavagistes n’ai pu contourner les règles une nouvelle fois.

Messieurs, je vous demande votre avis, vos réflexions. Pas sur l’esclavagisme, mais sur l’ensemble de notre politique. Et posez vous bien la question, que se passerait-il si les galacticains se révoltaient contre le Grand Conseil ? Une ère de guerre et de violence non contrôlée verrait-elle le jour, ou au contraire, seraient-ils plus sages que nous ?

Bien à vous, mes amis.

Lettre d'un Grand Conseiller à ses collègues,

Sarexiel.

[Dox]

Le récépissé de cette lettre à l'arrivage précaire et suintant d'ironie vola jusqu'à Sarexiel avec une magie dont seules les lueurs avaient connaissance. L'Azhar, premier allocutaire de ce courrier médisant, se prêta volontiers à la réflexion. Tant qu'il fallait penser de par le peuple ; tant qu'il fallait spéculer sur une émanation nauséabonde des basfonds égouttés de la Corporation, il était volontaire. Ensuite, dés que cela devenait plus noble et fastidieux... Il parvenait habilement à dénicher excuses pour ses absences.

" Pardonne cette réponse un temps soit peu précipitée. Mais la soirée qui ici s'achève, annonçant une nuit ardente, a terminé de mettre ma scribe dans tous ses émois. Et après maintes tentatives et moult drogues ravigotantes... Rien, les endorphines libérées par tant de folies l'ont semble-t-il assommées au point de frôler l'agonie. Et tout cela le sourire aux lèvres —les quatre. Excusez donc cette lettre parlante, mais je me garde d'utiliser mes doigts, une longue nuit de piano les attends ardemment ; alors je parle, elle enregistre, je vérifie l'enregistrement et te la renvoies. C'est magique. "

Et oui, c'était tout juste... Encore échappé avec sa bien aimée, ce n'était point Théran qui ici répondait. Mais bien un illustre inconnu ! Sa connaissance de Sarexiel était aussi maigre que son pourcentage de cellules du foie, encore asséchées.

" Enfin. Il en va de l'instant, ou du moment c'est selon. Ou à votre question je dois répondre. Mais dans un premier temps, pousser la réflexion vous devez. Telles sont les paroles d'un sage : Le Grand Conseil, incarne-t-il un pouvoir ? Et si oui, quels révolutionnaires seraient attirés par ce-dernier ? "

Un saoulard... Qui tel un clochard pousse le Grand Conseiller dans les fondements de sa raison ; l'envoyant dans les décombres de sa mémoire expliquer sa torpeur.

[Sarexiel]

Pousser la réflexion… est-ce réellement nécessaire ? Si le malaise actuel ne vous saute aux yeux, alors vous devez être frappé de cécité. Si vous n’entendez ces plaintes lancinantes, alors vous devez être frappé de surdité. Ne sentez vous pas cette odeur putride qui s’élève de toute la galaxie ? N’avez-vous touché de vos propres doigts la merde dans laquelle nagent nombres d’états ? N’ayez crainte, bientôt, ce gout amer s’insinuera jusque dans votre bouche. A ce moment peut-être vous rendrez vous compte de ce qui se passe aujourd’hui.

Dois-je comprendre dans vos propres dires que le Grand Conseil n’est qu’une simple institution inutile ? Alors, pourquoi l’avoir rejoint ? Non, je ne pense pas que vous mésestimiez le rôle que nous pouvons jouer dans la vie galacticaine. Seulement, peut-être ne vous rendez-vous pas compte de l’importance que chacune de nos décisions revêt pour tout un chacun. Avez-vous demandé à un habitant dont l’état a été mis sous protection galactique de force, ce qu’il vit ?

Oui, nous avons un pouvoir dans cette galaxie. Outre celui de faire appliquer les règles élémentaires, nous pouvons ériger ces règles. Nous n’avons pour limite que l’ambition de l’Archimage. Si nous souhaitons par nos décisions rendre invivable notre galaxie, nous le pouvons. Des brides à nos actions ? Elles sont inexistantes, car la peur l’emporte sur le courage. Nous avons le vrai pouvoir, celui de décider ce qui est bien et ce qui est mal. Celui d’imposer nos idées. Celui de jouer avec la vie des galacticains.

Bien sur, la plupart des règles ne sont que foutaises et sont bafoués des milliers de fois par jour, mais cela nous enlève-t-il ce que nous avons ? Nullement. La preuve, nous sommes la à bavasser alors que d’autres essayent simplement de survivre dans cet enfer.

Maintenant, qui voudrait de notre pouvoir ? Tout le monde… Les pacifistes pour interdire les armes et faire proliférer la paix. Les esclavagistes pour reprendre leur petit commerce. Même ceux qui ne savent qu’en faire souhaiteraient nous détrôner s’ils en avaient les moyens. Sans raison aucune, des gens nous envient. Si en plus nous leur donnons des excuses pour agir, alors l’implosion de notre système n’est pas loin. Et c’est exactement ce qui se passe.

Malgré nos bonnes intentions, on nous juge négativement. Certains voient en nous des profiteurs qui veulent asservir la galaxie, d’autres des pervers qui favorisent certains au détriment des plus faibles. Bientôt, nous serons l’Ekelia ou le Shadowsong revenus sous une nouvelle forme, plus malveillante que jamais.

Je m’emporte probablement, mais les prémices sont la, sous nos yeux. Le mécontentement, la jalousie et la rancœur envahissent les esprits, et nous sommes ceux qui incarnent le pouvoir, et de par ce fait, l’ennemi. Certains espèrent s’emparer de nos places croyant faire mieux… Pourtant, vu leurs mentalités, je doute du bienfondé de leur jugement, et surtout de ce qu’ils pourraient apporter.

Je pense, très cher, que nous devons réellement nous méfier et trouver une orientation pour que nous réformes ne montent pas les galacticains contre nous. La révolution est proche, je la vois déjà se dessiner à l’horizon. Un horizon lointain, certes, mais si nous ne faisons rien, il va se rapprocher bien plus vite que nous ne le pensons.

Sarexiel.

PS : Préférez-vous réellement le son de la voix au silence révérencieux, accompagné du simple crissement de la plume sur le papier ? N’appréciez-vous donc le calme d’une pièce vide, éclairée par une simple bougie, avec pour seule présence votre esprit et les mots qui s’en échappent ?

[Dox]

Sachez que le peu de considération que vous apportez à mes propos m'irrite au plus haut point. Et si ce fut d'un regard que je munisse cette lettre, croyez moi elle vous aurait dévisagé.

Oui, de la parole il étais las. Non pas que sa voix l'horripile, ni même que le timbre renvoyé par ce message numérisé maladroitement manque cruellement de sensibilité pour coller avec l'éloquence dont il se créditait... Non. En fait ce qui l'avait forcé à s'asseoir, sortir une bouteille de Bérichampagne, ouvrir sa capsa et tremper sa plume avec ardeur et maladresse c'était tout simplement la colère. La colère de voir, qu'en Takalane, l'esprit Lapinique avait porté atteinte à sa notoriété. Le Lord Théran Azhar n'était plus maître de ces terres, terres qui portèrent jadis les fières armées de sa fleur. La Nécrolia, n'était plus que patrimoine de l'histoire, un patrimoine dont il ne reste que des spectres et des dessins, triste révélation en ces temps sombres. Une tension palpable levait le voile blanchâtre qui enveloppait ce que l'on pouvait assimilé à un renouveau sur la galaxie, une tension presque suave qui sourde aux cloches de la semonce rampe telle un reptile jusque nos gorges.

Cela étant dit, bonjour.
Je vous présente mes excuses pour ce début de soliloque de conseillers quelques peu mouvementé. Vous pourrez aisément comprendre qu'étant donné que je ne suis plus le dirigeant attitré du Takalane, certains des messages qui me sont destinés fassent un détour chez quelques standardistes peu scrupuleux.
Bien que je puis constater que dans vos convictions et votre détermination n'en ai souffert, j'espère que vous ne m'en tiendrez point rigueur dans les lettres futures.

Bien. Après une brève relecture de vos deux lettres. Je serai enclin à vous donner raison. La galaxie se remet à peine de ses émois que déjà de nouvelles vagues viennent napper nos prairies encore parsemées de jeunes scions. C'est navrant de voir un système qui des décennies durant fonctionna dans la seule optique d'affronter les malveillances du voile, tout en se battant loyalement pour déterminer celui qui les guiderait au devant des imbroglios des Ténèbres. Toujours il fut humain, et frappa à la porte des démons avec une violence telle que barricadés dans l'inconnu, jamais ils ne sont revenus croiser le fer.
Auparavant encore, mais toujours dans ce système imbriqués de ses archimages conseillers, de ses entités sacrées, c'est de notre galaxie qu'était née la menace. Cependant, vous savez comme moi ce que l'Edar Shadowsong a encouru pour s'en être pris aux nôtres. Vous lueur, savez mieux que quiconque.

Mais quelque soit l'histoire, votre savoir ou vos arts, le temps reste en perdition continuelle et fortuite. Rien, d'un temps soit peu sain, ne saura pointer le bout de son nez et encore moins lorsque l'idée se limite à la coexistence de nos cinq planètes habitées. Toutes les populations qui résumèrent le système et l'extradimensionnelle en quelques frontières physiques et traversables, finissent éteintes. Que ce soit par les dieux, ou par leurs feux, elles finirent toutes aliments des mondes post mortels. Alors, permettez moi de vous dire, que lorsque je vois Galactica opter pour un consensus patrimonial tout droit né des jalousies dérisoires, transformées en affronts par les héritiers pourris gâtés des lointaines mais honorables dynasties de notre Histoire... Je me lave langoureusement et sarcastiquement des accusations que l'on nous porte. Car mon cher Grand Conseiller, les seuls coupables des méfaits qui se font éléments de votre argumentation. Ce sont ces malhabiles de commissaires. Ce sont leurs pouvoirs que veut le peuple. Car le notre, quel qu'il soit, n'a qu'un impact ridicule sur les enjeux véritables qui façonnent la galaxie. Chaque jour, les gens vivent dans la peur que ce conventicule d'autistes silencieux ne damnent leurs âmes et leurs peuples pour avoir frôlé les règles branlantes fixés par ces mêmes commissaires. Nos ordres, certes plus flous, permettaient une liberté qui avait le dont de laisser hommes et femmes sourire, de l'aurore au crépuscule. Nous n'avons le pouvoir que de réveiller leurs jugement et d'ainsi les laisser libre d'agir. Dois-je vous rappeler ce qui se passa, le jour où Nous Théran Azhar décidâmes de renverser le Grand Conseil ? Dois-je vous rappeler les Wizards ?

Alors, Sarexiel. Comment pouvez-vous me tenir un tel discours ? Alors que ni commissaire ni actionnaire je ne suis ; alors que ni d'une âme ni de compassion je ne suis doté. Hors de question que le Grand Conseil plaide coupable pour laver les fomentateurs de Commissaires.

Comment...

Tristement,
Théran Azhar.