L'enfer des apparences
Publié : 24 mars 2009, 19:52
Agnosco, perle du Substratum, émaillée de Palais de marbre blanc dont les hautes tours parées de sculpturales dentelles semblent crever les cieux.
Agnosco la magnifique, fière de ses universités et de ses théâtres, de ses musées déroulant leurs merveilles sur les quais de la Libra dont les eaux paresseuses séparaient la Ville Haute de la Ville Basse.
Il suffisait de franchir le pont alexandrin pour découvrir l’autre visage d’Agnosco en parcourant le dédale de ruelles qui entouraient l’immense bâtiment militaire, siège de l’armée du Substratum. Ce n’était pas un endroit qu’on pouvait fréquenter de façon anodine après le crépuscule mais il n’en était pas moins grouillant de ceux qui recherchaient des plaisirs exotiques, un peu d’adrénaline ou tout simplement des émotions fortes.
C’était un lieu où l’on ne croisait pas souvent Sursum Corda mais il y venait de temps en temps. Lorsqu’on dirige un État on est le souverain de l’ensemble du peuple et pas seulement de la Ville haute. Donc il pouvait arriver qu’on croise l’homme au fouet au coin d’une rue sombre. Mais ce soir là ce ne serait pas le cas.
Sursum était de l’autre coté du pont alexandrin en mission diplomatique et recevait plusieurs autres chefs d’Etat invités pour une représentation exceptionnelle au Théâtre National d’Agnosco de la célèbre pièce d’Eugenio Nosckoïo . « La diva chauve » avec dans le premier rôle la sublime Tristana Hennessy.
Sursum Corda n’était pas trop friand de ce genre de soirées « pince mi pince moi » mais il abordait celle-ci avec bonne humeur car certains chefs d’Etats présents étaient de vieux amis et que Tristana, qu’il avait déjà rencontré deux ou trois fois était une jeune femme talentueuse mais également charmante et agréable.
Sous les lustres de cristal du Hall d’honneur du théâtre, une réception avait été organisée et les plats en argent regorgeaient de mets plus rares les uns que les autres provenant des cinq planètes. Une énorme corbeille de fruits vertaniens trônait au centre de chaque buffet, et de part et d’autre dans leur gangue de glace, les bouteilles de berrychampagne attendaient les amateurs.
Tristana était venue faire une brève mais très remarquée apparition avant de regagner sa loge. Toujours souriante et enjouée, elle était allée de petit groupe en petit groupe pour saluer ses admirateurs.
Et ils étaient fort nombreux, cette jeune artiste était connue dans toute la galaxie pour son talent immense. Il suffisait qu’elle entre en scène pour subjuguer son public par ses magistrales interprétations qui vous transportaient dans son rêve et sa vision si personnelle des pièces où des films auxquels elle prêtait sa grâce.
Dés la première sonnerie, les invités se dirigèrent vers la salle de spectacle, officiers en tenues d’apparat, femmes en robe de soirée, rois en tenues traditionnelles et chamarrées s’installèrent dans les confortables fauteuils pour cet extraordinaire spectacle.
Lorsqu’ils en ressortirent, une heure et demi plus tard, ils étaient sous le charme de la pièce et du talent de la jeune actrice.
Dans le Hall d’honneur, les buffets aient été réapprovisionnés par des pâtisseries et au berrychampagne s’ajoutaient des liqueurs aux parfums entêtant.
Lorsque Tristana arriva, les bras encore chargés de fleur, les invités lui firent une véritable ovation et elle fut accompagnée par une salve d’applaudissements.
Sursum quant à lui allait de groupe en groupe un magnum de berrychampagne à la main, remplissant un verre par ci, adressant un compliment par là.
Finalement les missions diplomatiques ne sont pas toujours ennuyeuses se dit-il, se dirigeant vers la somptueuse Pandora.
Quand l’engouement suscité par l’arrivée de Tristana ce fut un peu calmé, le dirigeant du Substratum se mit à la recherche de l’artiste pour lui dire à quel point il avait apprécié sa prestation.
Mais il ne la trouva pas. Son ordonnance l’informa que la jeune femme avait quitté les lieux un quart d’heure auparavant. Sursum haussa les épaules un peu déçu et rejoint ses invités.
Cinq heures du matin, Feralna Rolsen sortait du cabaret miteux où elle était entraineuse.
La nuit avait été difficile et les clients aussi, le spectacle au dessous de tout et la chanteuse braillarde et obscène avait fuit sous les quolibets.
Féralna avait trente ans mais l’alcool et les substances illicites, sans lesquels l’enfer de sa vie l’aurait conduit au suicide, lui faisaient paraître quinze ans de plus.
Elle grimaça, l’entrée du cabaret avait, bien sûr, servi à soulager la vessie de bien des clients et une violente odeur d’urine lui souleva l’estomac.
Elle n’eut que le temps d’entrer dans une petite impasse où elle vomit tripes et boyaux en hoquetant de bruyants hauts le cœur.
Quand elle retrouva enfin son souffle elle leva les yeux et poussa un terrible hurlement !
Sursum n’avait pas dormi, après les agapes, il s’était rendu directement dans son bureau. A quoi servait-il de ne dormir qu’une heure ou deux ? De plus les accords commerciaux et diplomatiques de la nuit nécessitaient d’urgentes décisions.
Son ordonnance venait de lui porter un café fort quand son communicateur vibra. Qui pouvait bien utiliser sa ligne directe à six heures du matin ?
Il écouta attentivement son correspondant et son visage se décomposa, une ride profonde barra son front et ses sourcils se froncèrent.
Faites venir le Capitaine Etrigor dans mon bureau immédiatement répondit-il avant de raccrocher.
Agnosco la magnifique, fière de ses universités et de ses théâtres, de ses musées déroulant leurs merveilles sur les quais de la Libra dont les eaux paresseuses séparaient la Ville Haute de la Ville Basse.
Il suffisait de franchir le pont alexandrin pour découvrir l’autre visage d’Agnosco en parcourant le dédale de ruelles qui entouraient l’immense bâtiment militaire, siège de l’armée du Substratum. Ce n’était pas un endroit qu’on pouvait fréquenter de façon anodine après le crépuscule mais il n’en était pas moins grouillant de ceux qui recherchaient des plaisirs exotiques, un peu d’adrénaline ou tout simplement des émotions fortes.
C’était un lieu où l’on ne croisait pas souvent Sursum Corda mais il y venait de temps en temps. Lorsqu’on dirige un État on est le souverain de l’ensemble du peuple et pas seulement de la Ville haute. Donc il pouvait arriver qu’on croise l’homme au fouet au coin d’une rue sombre. Mais ce soir là ce ne serait pas le cas.
Sursum était de l’autre coté du pont alexandrin en mission diplomatique et recevait plusieurs autres chefs d’Etat invités pour une représentation exceptionnelle au Théâtre National d’Agnosco de la célèbre pièce d’Eugenio Nosckoïo . « La diva chauve » avec dans le premier rôle la sublime Tristana Hennessy.
Sursum Corda n’était pas trop friand de ce genre de soirées « pince mi pince moi » mais il abordait celle-ci avec bonne humeur car certains chefs d’Etats présents étaient de vieux amis et que Tristana, qu’il avait déjà rencontré deux ou trois fois était une jeune femme talentueuse mais également charmante et agréable.
Sous les lustres de cristal du Hall d’honneur du théâtre, une réception avait été organisée et les plats en argent regorgeaient de mets plus rares les uns que les autres provenant des cinq planètes. Une énorme corbeille de fruits vertaniens trônait au centre de chaque buffet, et de part et d’autre dans leur gangue de glace, les bouteilles de berrychampagne attendaient les amateurs.
Tristana était venue faire une brève mais très remarquée apparition avant de regagner sa loge. Toujours souriante et enjouée, elle était allée de petit groupe en petit groupe pour saluer ses admirateurs.
Et ils étaient fort nombreux, cette jeune artiste était connue dans toute la galaxie pour son talent immense. Il suffisait qu’elle entre en scène pour subjuguer son public par ses magistrales interprétations qui vous transportaient dans son rêve et sa vision si personnelle des pièces où des films auxquels elle prêtait sa grâce.
Dés la première sonnerie, les invités se dirigèrent vers la salle de spectacle, officiers en tenues d’apparat, femmes en robe de soirée, rois en tenues traditionnelles et chamarrées s’installèrent dans les confortables fauteuils pour cet extraordinaire spectacle.
Lorsqu’ils en ressortirent, une heure et demi plus tard, ils étaient sous le charme de la pièce et du talent de la jeune actrice.
Dans le Hall d’honneur, les buffets aient été réapprovisionnés par des pâtisseries et au berrychampagne s’ajoutaient des liqueurs aux parfums entêtant.
Lorsque Tristana arriva, les bras encore chargés de fleur, les invités lui firent une véritable ovation et elle fut accompagnée par une salve d’applaudissements.
Sursum quant à lui allait de groupe en groupe un magnum de berrychampagne à la main, remplissant un verre par ci, adressant un compliment par là.
Finalement les missions diplomatiques ne sont pas toujours ennuyeuses se dit-il, se dirigeant vers la somptueuse Pandora.
Quand l’engouement suscité par l’arrivée de Tristana ce fut un peu calmé, le dirigeant du Substratum se mit à la recherche de l’artiste pour lui dire à quel point il avait apprécié sa prestation.
Mais il ne la trouva pas. Son ordonnance l’informa que la jeune femme avait quitté les lieux un quart d’heure auparavant. Sursum haussa les épaules un peu déçu et rejoint ses invités.
Cinq heures du matin, Feralna Rolsen sortait du cabaret miteux où elle était entraineuse.
La nuit avait été difficile et les clients aussi, le spectacle au dessous de tout et la chanteuse braillarde et obscène avait fuit sous les quolibets.
Féralna avait trente ans mais l’alcool et les substances illicites, sans lesquels l’enfer de sa vie l’aurait conduit au suicide, lui faisaient paraître quinze ans de plus.
Elle grimaça, l’entrée du cabaret avait, bien sûr, servi à soulager la vessie de bien des clients et une violente odeur d’urine lui souleva l’estomac.
Elle n’eut que le temps d’entrer dans une petite impasse où elle vomit tripes et boyaux en hoquetant de bruyants hauts le cœur.
Quand elle retrouva enfin son souffle elle leva les yeux et poussa un terrible hurlement !
Sursum n’avait pas dormi, après les agapes, il s’était rendu directement dans son bureau. A quoi servait-il de ne dormir qu’une heure ou deux ? De plus les accords commerciaux et diplomatiques de la nuit nécessitaient d’urgentes décisions.
Son ordonnance venait de lui porter un café fort quand son communicateur vibra. Qui pouvait bien utiliser sa ligne directe à six heures du matin ?
Il écouta attentivement son correspondant et son visage se décomposa, une ride profonde barra son front et ses sourcils se froncèrent.
Faites venir le Capitaine Etrigor dans mon bureau immédiatement répondit-il avant de raccrocher.