Chroniques de Galactica

Un silence équivoque dans les couloirs, mais des dizaines de voix résonnaient, provenant de salles apparemment réquisitionnés. Ainsi donc il restait tout de même d' irréductibles dirigeants civilés encore capable de s'exprimer et de régler leur différents dans une tribune. Ce monde n'était peut être pas tout à fait perdu tout compte fait, il suffisait de réunir ceux dont l'étoile brillait encore et de les pousser à entrevoir l'avenir et le changer ensemble... Car la fin de Galactica approchait à grand pas, ceux comme lui qui ne croyait pas à la fatalité ferait tout pour l'en empêcher.

Uthil Than...Il interviendrait pour la première fois à la corporation bien qu'ils s'y soient promenés moult et moult fois la nuit, dans l'ombre et invisible à tous pour divers tâches secrètes confiés. Peu de gens le connaissaient, pas même en Ord Cestus. IL était pourtant le mystérieux représentant cestun, choisi et nommé par le Grand Conseil. Il s'était bien souvent fait passer pour ce qu'il n'était pas, assurément en Alanhav par exemple. Lorth Needa, une des nombreuses impostures qu'il aimait à jouer de temps en temps, bien entendu personne là-bas ne le savait.

Vêtu d'une bure pourpre, un hâlo de lumière rougeâtre jaillissait étrangement des fibres de sa tenue sombre. Son "vrai" visage était caché derrière un reflet argenté qui prenait la forme de divers faces illustres. Il aimait particulièrement à prendre le visage du Pater Chancelier Farell Xarcias, le Bakta Makhno. Puis d'autres, tels l'archimage Terluan, l'impératrice Ehtel Trust, le diplomate Fisura, le seigneur Mak Rack, l'ourouks Lurtz. Jamais le profil ne restait le même plus d'une dizaine de secondes, un vertige désagréable pour quiconque l'observait durablement.

Il entra dans la salle qui lui était réservée et rejoignit sans tarder le centre du podium d'une démarche assurée, le geste précis et maîtrisé. Son souffle, ses mouvements, il contrôlait tout à la perfection. Le silence était établi, déjà une bonne chose de faîte, la foule assemblée était déjà prédisposée à l'entendre. Son annonce ne serait dès plus faciles.

Alors qu'il prenait la parole, son visage prit la forme du visage de la magicienne Stanford, un sourire éclairant le visage. Cependant la voix restait celle naturelle de l'homme, une voix grave, sensuel. Pour les personnes présentes cela devait être des plus exotiques...

Je me présente, Uthil Than, Grand Mage, illusioniste et exorciste, originaire d'Ord Cestus. Vous avez devant vous l'un des nouveaux Grands Conseillers, l'homme que l'on dit sans visage, le premier des quatre nouveaux élus à se présenter devant vous et non pour une quelque banale affaire je le crains.

Le sourire évanoui, Stanford s'évapora pour laisser la place à Deathscythe, le sourcil froncé, la face grave. Le silence perdura un temps, puis estimant que l'attention était à son paroxysme, il se lança.

Même si je reste entièrement inconnu de vous tous, il est de mon devoir de vous avertir, de vous réveiller de cette torpeur dans laquelle vous semblez vous complaire confortablement. Libre à vous de n'en écouter un mot, ou de vous en distancer, je peux aisément le comprendre.

Messieurs dames je l'affirme solenellement en cette salle, le Grand Conseil se trahit, VOUS trahit.

Les paroles avaient presque été crachés, le nouveau conseiller entrant dans le vif du sujet, augmentait l'intensité de sa voix. Il notait avec satisfaction qu'il était pris au sérieux et heureusement d'ailleurs, cela aurait été bien dommage pour "eux".

Je suis au regret de vous annoncer qu'il ne s'agit ni plus ni moins, d'une clique d'individus sans états d'âmes, manipulateurs qui n'ont d'autres buts que d'abbattre tous ceux qui voudraient casser ce système axphyxiant qui vous étouffe et vous pousse dans vos derniers retranchements et soubresauts . Cette clique à laquelle j'ai été appelé à rejoindre, à laquelle je participe, j'en conviens. Mais justement j'ai pu voir de mes yeux, vous n'avez pas idée de la déchéance qui s'y manifeste et de la violence spirituelle qui y règne.

Je sais bien qu'il peut m'en coûter et qu'il se peut qu'on me fasse payer chèrement cette audace, cette folie...cette sottise de part. Mais je ne supportais plus de garder le silence, ma conscience me dictait d'agir. Je revendique pleinement le droit à l'autocritique, à la rebellion face à un système corrompu, décrépit et malsain.

Tout n'est que subterfuge de l'extérieur comme de l'intérieur ,un décor en trompe l'oeil, une illusion permanente qui fonctionne à merveille et pourrait perdurer indéfiniment. Des soupçons vous en aviez déjà mais c'est bien pire que ce que vous pouvez spéculer et chuchoter entre vous.

Vous pensez le Grand Conseil faible, dévêtu, impuissant.... Détrompez-vous, ce n'est en rien ce mirage trompeur qu'il s'efforce à faire refléter devant vos yeux ébahis et vos esprits si vite captivés.

J'ai vu. Le Grand Conseil en ces temps de malheur n'existe, ne vit aucunement pour ce qu'il est et doit être. Vous savez qu'il ne régule plus rien et ne prend plus même la peine de réfléchir sur la situation critique intergalactique depuis bien longtemps . Mais vous tous ignorants, aveugles vous perséverez à vouloir interpréter à votre manière ce qui n'est pas. Volontaire mais maheureusement trop faible ? impuissant ? Foutaises !


Détrompez-vous c'est plus que ça !! En réalité le Grand Conseil se montre d'une véritable "neutralité bienveillante" envers la gangrène qui ravage notre monde corrompu et en dépérissement. J'en ai pour preuve des déclarations du Grand conseiller Namaj Vuenthal qui affirmait récemment encore que face à l'éclatement de notre galaxie , le Grand Conseil inactif "assurait parfaitement son rôle".

Vous entendez ? Parfaitement son rôle !!! Et cette pensée traduite ouvertement, presque tous l'approuvent.

Allez-vous rester asssis bêtement face à cette conception indigne et intolérable qui menace les fondements même de notre système ? Continuerez vous de sous-estimer ce grand Conseil autant dans sa force que sa fourberie ? Ouvrez les yeux bon sang !

La tour des conseiller, la belle, la glorieuse, la sage, brille par l'absence préméditée de "ces nobles seigneurs". Lucre, corruption, perversité, basses tâches tout y est dans cet edifice d'ambre qui ne le mérite pas ...

Seul un petit nombre de conseillers et pas les plus anciens, sûrement les moins corrompus aussi, sont présent pour affirmer leurs idées, s'atteler à leur devoirs. Les autres refusent obstinément tout mouvement qui risquerait de déplacer le scénarion écrit depuis longtemps, de crainte que les choses finalement s'améliorent. Oui, ils rient, s'amusent, s'excitent devant la dérégulation, le désordre, le dépérissement du Galactica.

Le grand conseil a juré de vous protéger ! Il a juré ! Il trahit par sa volonté établie d'assurer votre destruction par l'intermédiaire de son inaction mûrement réfléchie. Les grands conseillers ne sont qu'un ramassis de pervers qui attouchent à votre dignité, faîtes en sorte qu'ils cessent leur cochonneries en appelant de vive voix au changement et un retour plus que pressant à la pureté des paroles et des actes. Cette trahison prenez la comme une goutte de trop.

Que faisait le Grand Conseil durant la période ekelienne ? Ou diable était-il donc passé ? Quel soutien a t-il apporté ? Vous connaissez les réponses, je vous prierai d' y réfléchir. Oh bien sûr nous avons aperçu pas moins de deux fois l'Archimage Terluan. Merci à lui de nous avoir fait profité de sa présence Ô combien divine, si rare, occupé qu'il était sûrement j'imagine à sauver notre bonne galaxie... Au final celle-ci s'en s'est sorti grâce à un autre...un renégat, étrange.

Beaucoup de choses nous sont encore cachés, de nombreux accès nous sont fermés en la tour, les nouveaux conseillers ne sont pas tout à fait mis au courant, l'Archimage est bien secret, Kalyso semble disparaître et réapparaître, tout donne à penser qu'il se trame des choses...

A présent vous connaissez la vérité..

Ils ne pourraient plus prétendre qu'ils n'étaient au courant et qu'on ne les avaient prévenues. Uthil s'inclina, et l'esprit apaisé il se dirigea vers un siège pour s'y asseoir, attendant peut être une hypothétique prise de parole qui ne viendrait sûrement pas. Qu' importait, désormais il avait la conscience tranquille et pourrait au pire remonter dans la tour sans porter ce lourd fardeau qui l'avait tant tenaillé ces derniers temps. Un sourire serein traversa fugacement le visage de l'Imperator Ditis.

Uthil, l'ami, avait osé dire tout haut ce que d'autres pensaient tout bas. Même l'Impérator jusqu'il y a peu n'aurait osé imaginer dire ce qui alla suivre. Assis sur un siège de la salle, il écouta attentivement ces paroles, ô combien vraies. Il fût un temps.......il fût un temps, à elle seule, cette phrase est paradoxe, puisque ce qui fût, est! comme un engrenage dans un cercle parfait. Parfait! le monde est-il parfait? Certes non! et les hauts dirigeants si complaisants s'éloignent de cette perfection qu'ils incarnaient. Oui, Ditis avait le sourire aux lèvres. Après cette allocution, l'Impérator applaudissait Uthil, lui qui a osé, lui, qui fait partie de cette assemblée de mascarade.

<<Bien parlé mon ami, bien parlé! cela faisait longtemps que j'attendais cela! >>

Ditis se dirigea vers Uthil...ou était-ce cette fois, la magicienne? L'ourouk? Peu importe!

<<Depuis le temps que notre Nation a abandonné l'idée que le Grand Conseil tarvaillait pour le bien de tous. Tu parles! Absentéisme crasse, plus de prises de paroles, plus de présence dans les assemblées diverses! je suis pour la dissolution de ce Conseil de pacotille!

Tu as raison Uthil, où était le Grand Conseil durant la menace ékelienne? Ah oui, ce personnage, dont j'ai déjà oublié le nom, nous avertissant que seul lui pouvait nous aider! tu parles! sans l'aide des différentes nations de notre galaxie, le Grand Conseil ne serait plus! Et comment il nous remercie? Par son absence intrigante, car oui, je suis cerrtain que derrière cette façade, les intrigues vont bon trein! je ne puis avancer de preuves, mais quand des injustices sont perpétrées, nulle apparition des Grands intéressés! pots de vins peut-être?

Pathètique!

Maitenant je suis certain qu'ils vont venir, car blessé dans leur amour propre, et ils vont rétorquer que nous sommes fous mon ami. Soit, la folie est le bien de l'humanité, lorsque celle-ci n'est point maîtrisée!

Je suis las de cette institution inutile et lourde en soi.

Je me demande ce que l'avenir nous réserve mon chère Uthil. Nous verrons bien, n'est-ce-pas?

Une femme entra dans cette salle. de son mètre soixante-dix, une chevelure noire, affinée, vêtue d'un combiné noir et orange, elle marcha d'un pas décidé. Les claquements de ses bottes faisaient penser à une parade militaire.
Azazelle, tel était son nom, s'approcha du centre, approcha le micro.....

Bonjour mesdames et messieurs,

je m'appelle Azazelle, nouvelle représentante de la nation drakonienne. Mon intervention sera très courten car fortement prise en ce moment. Les raisons, ben, si vous prenez la peine de vous mettre au courant, vous le sauriez, donc je vais à l'essentiel.

Hier fût la dernière intervention de Ditis, avec toutes les sornettes que cela implique. Il était certainement encore sous le coup de l'alcool! au nom du Drakone, je présente mes excuses au Grand Conseil.

Quant aux dires de notre allié de l'Ord Cestus, nous nous prononçons pas en ce moment, pour les raisons évoquées il y a quelques secondes.

Je ne puis rester plus longtemps, j'en suis désolée.

Azazelle reparti comme un éclair pour s'en retourner en Drakone.

Effacée, comme une jeune louve trop aventureuse, une robuste porte, stable de surcroît, qu'on aurait ôté de ses gonds avec l'assurance de lui en fournir de meilleurs, pour la laisser entre deux mondes, dans un couloir sombre et étroit, où l'on ne pouvait l'apercevoir, et où elle se perdait; et c'est assurément sans la main ferme et rassurante d'un homme aux virulents cheveux, à la mine revêche et aux allures rebelles, que l'impératrice aurait continuée à errer, laissant inopinément couler un état militairement fier, mais faible de convictions.
C'est sans les efforts répétés des indénombrables collègues de Devar Shurak, les membres du cabinet de la diplomatie platine, qui pouvaient quotidiennement observer le déclin de leur précédente meneuse, leur préceptrice, l'origine de leur force, et à leurs yeux il n'était devenu que pur caprice que de plus longtemps s'enfermer dans cette solitude voulue, que de se morfondre en la mélancolie d'un coeur blessé, d'une relève manquée, d'un honneur aujourd'hui absent.
Mais là où Kossnei lui-même eût échoué, la - très - jeune impératrice ne voyait qu'une inaptitude personnelle, une incapacité à trouver, au-delà des jolis mots et des apparences plaisantes, la petite flamme qui l'aurait à coup sûr propulsée au rang de ceux qu'aujourd'hui l'on dénonçait; pire: détruisait.
Irait-elle s'en plaindre, à présent? Devant le vif du sujet souvent le comportement change, et l'exception n'est pas en une âme faible: Ethel se questionne. Doit-elle, ou ne doit-elle pas, là, maintenant, devant une trentaine de personne, lâcher enfin, d'un souffle depuis de longues semaines emmagasiné, les paroles lâches mais Ô combien méritées?

Doit-elle se guérir par la diffamation inexcessive, simplement appuyée? Doit-elle, après tout, approuver une personne qui porte le blason qu'elle aurait dû revêtir sans reproche aucun?
Elle n'est déjà plus perfection par cette pensée. Mais à quoi bon, à présent que le but évanescent de sa vie s'est détaché d'elle aussi aisément que le coupe-vent émeraude qu'elle tend à l'un de ses subordonnés avant de s'avancer d'une démarche, sinon tremblante, au moins traîtresse de ses pensées?

La voilà déjà prête à discourir, et elle ne manque pas, comme à l'accoutumée, de susciter le regard de nombres de personnages surpris, et de protagonistes souriants, malgré son évident trouble.

<<Bonjour à vous, Grand Conseiller, grand annonciateur et dénonciateur, représentant d'un pouvoir dont vous ne voulez ostensiblement plus, et véritable amas d'épithètes dont je ne pourrais énoncer la liste sans, assurément, susciter l'ennui.
Aussi me présenté-je dès maintenant, puisque, aussi évident que personne n'a jamais vu de fantômes, vous ne me connaissez.

Je me nomme Ethel Trust, et suis l'Impératrice de l'Empire Platin, cette bien désolante nation.
N'est-ce pas? Oh, je sais que vous m'approuvez, l'air vibre sous les mauvaises pensées.
Je suis également ce qu'on pourrait nommer une victime du Grand Conseil, et de ses basses idées.

Ne me voyez pas comme présomptueuse, car je ne l'ai jamais été, voyez-moi comme la conteuse d'échecs. Si je rapporte les paroles et actes que j'ai pu entendre ou voir, subir ou savourer, je dirais que...

Je suis compétente. Très compétente. Universellement reconnue comme telle.
Tolérante. Suffisamment tolérante. Quelques fois même appréciée de mes ennemis pour cela.
Intelligente. Suffisamment intelligente. Non, trop intelligente.

Oui, trop intelligente, semblerait-il. Et ce sont vos propos, Conseiller, qui me font penser cela. Laissez-moi donc vous expliquer...

J'ai posté ma candidature, moi aussi, au Grand Conseil. J'ai voulu sortir de la monotonie que nous imposait cet univers et de laquelle l'Empire s'acharnait à s'extirper.
N'ai-je pas été fougueuse? Ne le suis-je pas toujours?
N'ai-je pas été folle? Si d'autres sont recrutés, c'est qu'ils le furent tout autant que moi.
N'ai-je pas commis d'incurie dans mes motivations? Je ne sais plus, relis à nouveau, ne le pense pas.

Toutes ces questions ont été autant de lances plantées en mon être, qui subsista durant la vingtaine de jours que je passai à attendre. Attendre, sans cesse. Déléguant Aramis à la tête des platins, tant mon incapacité à faire quoi que ce soit d'autre que de penser à cette demande croissait.

Et, un jour, cette réponse. Simple, concise. Un Non.

Que n'ai-je fait pour être parmi vous, Conseillers? Ou qu'ai-je fait? Je ne fus accusée de rien, je n'eus rien contre moi, point d'arguments contre cette demande.

Je vis bien d'autres têtes le rejoindre, ce haut piédestal. Mais si l'on ne m'accepta guère, n'était-ce point par peur?

Je dois avouer que ma confusion me porte bien loin dans les réflexions, mais ... mais ...

Et si le Conseil était vraiment à ce point secoué? Et si, et si vous, Uthil, veniez de me redonner l'envie de vivre, de respirer, cette envie que j'ai perdu depuis des semaines déjà?
Et si j'avais de nouveau besoin de me battre contre l'injustice, grâce à vous?

Si c'était le cas, je vous admirerais, et vous porterais tout le soutien nécessaire.


Mais nous sommes encore bien trop loin de la vérité, et la manipulation nous dépasse à coup sûr.>>

Elle ferma les yeux, puis sembla se laisser tomber. Mais une main l'agrippa, et ne trembla pas.
Devar Shurak semblait vouloir se joindre à la danse.

L'Archimage Terluan, dirigeant du Grand Conseil, s'était fait discret depuis la guerre contre Ekelia : nul ne l'avait vu prendre la parole, ni même arpenter les couloirs du Siège de la Corporation. Il avait passé ces quelques semaines enfermé dans son bureau, semblant travailler d'arache-pied, ou au loin, dans des expéditions au but inconnu de tous.

Le Grand Conseil avait récemment recruté plusieurs nouveaux membres, aussi était-il persuadé que ses subordonnés seraient en nombre plus que suffisant pour maintenir l'ordre sur Galactica durant sa relative absence. Quelle ne fut donc pas sa stupéfaction quand on lui apprit que le chaos s'emparait du Siège, et que des membres du Conseil eux-mêmes en étaient la cause ! Prenant rapidement connaissance des deux dossiers problématiques, il décida d'apporter sans plus tarder des solutions à ces situations conflictueuses.

A son entrée dans la salle de débat, le silence se fit, tandis que les regards passaient alternativement de l'Archimage, l'air déterminé, le visage fermé, au Conseiller rebelle Uthil Than. Althor Terluan passa devant ce dernier sans un regard, et monta quatre à quatre les marches de l'estrade. Prenant place devant les micros, il s'éclaircit la voix, toisa enfin le Conseiller Than, et prit la parole.

Bonjour à vous, Conseiller Than. Bonjour à vous, ambassadeurs, chefs d'Etats, simples curieux. Voilà une affaire pour le moins inhabituelle... Ce genre de dissensions au sein du Conseil est extrêmement rare, et est habituellement traité de manière interne, comme il se doit. Mais c'est sans compter sur l'impensable légèreté d'esprit d'Uthil Than...

Voyez vous, ce Conseiller a du mal à comprendre l'essence même de son rôle. Que signifient ses paroles, une fois décryptées ? Allons, réécoutez les enregistrements, vous allez tout de suite comprendre. Il voudrait un Conseil autoritaire, intervenant dans chaque conflit qui secoue nos mondes, dans chaque guerre, dans chaque dispute. Vous commencez à comprendre, n'est-ce pas ? Uthil Than n'aime pas avoir à respecter les règles strictes que le Conseil s'est imposées pour conserver à ce système son statut démocratique. Il voudrait disposer du droit d'ingérence, intervenir dans les affaires privées là où le rôle du Conseil est avant tout, comme son nom l'indique, le conseil...

Conseiller Than, je ne vous laisserai pas imposer la dictature du Conseil que vous préconisez ! Nous sommes ce que nous sommes afin de préserver l'équilibre, d'empêcher les utilisations abusives de la magie, et certainement pas pour dicter aux Etats leur conduite ! Nous sommes des médiateurs, des aides, nous empêchons les tyrans de réduire nos planètes en ruines radioactives, mais JAMAIS nous ne dirigerons leurs Etats à leur place !

Quant à la prétendue inactivité du Conseil, elle me fait franchement rire. Considérons ensemble les situations où nous devions agir : la montée au pouvoir d'Assarun Shadowsong, nous l'avons enrayée. La traîtrise de Shingaz, nous l'avons enrayée. La montée au pouvoir de Warren Shadowsong, je l'ai personnellement stoppée. Son retour et son asservissement de l'Assianta, nous y avons mis fin. L'attaque de l'Ekelia ? J'étais personnellement prêt à y mettre un terme, mais ceux que nous devons aider ont choisi de ne pas me faire confiance.

Terluan s'interrompit un instant, puis se tourna vers la foule.

Alors, que reste-t-il à nous reprocher ? Si ceci était un procès, tous les arguments du Conseiller Than seraient déjà invalidés par le fait que ce qu'il voudrait que le Conseil fasse est totalement contraire à ses objectifs et à ses lois. Non, nous n'instaurerons pas de dictature. Etant donné que la Nation Drakonienne a retiré ses attaques, il ne reste plus à notre décharge que les pleurs d'une hystérique, Ethel Trust, qui nous en veut d'avoir reconnu son inaptitude à servir le Conseil de manière impartiale et désinteressée. Elle refuse de reconnaître son incapacité de prendre en charge un tel poste. Sa mauvaise foi fait peine à voir : contrairement à ce qu'elle avance, les raisons de notre refus pour sa candidature ont été très clairement exposées, et elle nous en fait une nouvelle fois la preuve. Cela dit, je comprends partiellement sa colère : si nous avons commis l'erreur d'accepter en nos rangs un liberticide borné tel Uthil Than, pourquoi pas une jeune femme inexpérimentée, pleurnicharde, emportée et irresponsable comme elle ?

Le Conseil statuera en privé sur le sort à réserver au Conseiller Than, ces affaires ne concernent que nous. Cependant, sachez que ses ambitions dictatoriales seront réprimées avec le plus grand soin.

Mesdames, Messieurs, veuillez s'il vous plait ne pas tenir rigueur au Conseil pour les propos d'un de ses futurs ex-membres. Cette salle de débat va maintenant être fermée, car la réponse est, je le répète encore une fois, très simple : le Conseil est là pour maintenir la liberté, pas pour vous asservir.

Althor Terluan s'inclina légèrement et quitta la salle d'un pas pressé, tandis que des soldats de la Corporation la faisaient évacuer dans le calme. Deux d'entre eux guidèrent le Conseiller Than vers la salle de réunion du Conseil, où il aurait sous peu un entretien privé avec l'Archimage.


HRP :
Je joue mon perso, hein, rien de plus ^^ Il est *légèrement* agressif, mais ne le prenez pas personnellement
Quant à Farell, il restera bien entendu Conseiller