Comment former des officiers ?

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Empire de Praetorius
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Re: Comment former des officiers ?

Message par Empire de Praetorius »

Le lendemain matin, Valéria et Kalio ne trainèrent pas. Voulant être certaines de ne pas se mettre en retard, elles firent en sorte de se ménager une demi-heure après le déjeuner pour retrouver la salle. Mais il avait finalement suffit de demander à un des praetoriens la salle, et il leur avait indiqué le sixième étage, qui correspondait au "F", et là un autre leur avait montrée la deuxième salle du premier couloir en partant de la gauche.

Les portes s'ouvrirent en coulissant, sans un bruit, dévoilant aux deux femmes un petit amphithéâtre d'une cinquantaine de places, répartis en cinq gradins successifs de dix places chacun. En face des gradins, placés à droite en entrant, se trouvait une estrade sur laquelle était Siana, et sur le mur, un écran géant, de cinq mètres de haut sur sept ou huit de large.

Elles s'avancèrent, et Kalio se signala:


- Bonjour, Siana.

Cette dernière se retourna, souriante:

- Bonjour Kalio, bonjour Valéria. Vous allez bien ?

Les deux alwinionaises acquiescèrent en hochant du chef.

- Bien bien...alors, installez-vous, nous allons commencer de suite.

Elles s'installèrent au premier rang, et Siana vint à côté d'elle, saisissant au passage une télécommande. Avec un autre sourire, elle lança:

- Je ne vais quand même pas marcher de long en large sur cette estrade comme s'il y avait un public de cinquante bleusailles face à moi, non ?


Se calant toutes confortablement dans leurs sièges, elles se regardaient.

- Bien. Si vous voulez faire une pause, ou si vous voulez un verre d'eau, on s'arrête un moment, pas de problèmes.
Bon, on va commencer par les flottes de guerre, comme prévu. Je voulais finalement vous parler un peu des technologies en premier, puisque vous avez du mal avec les fusils d'infanterie, mais finalement, nous verrons les différentes technologies des civilisations spatiales en même temps que nous verrons les tactiques et engins au sol.


Elle appuya sur la télécommande, et l'image d'une bataille spatiale apparut sur le grand écran.

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- Sachez tout d'abord que ce que je vais vous dire est très subjectif. Chaque race, chaque culture, et bien souvent chaque peuple à sa propre définition, sa propre classification, des vaisseaux spatiaux. Un nombre infini de bâtiments de guerre ont été créés à travers les âges, et aucun n'est qualifié pareillement selon le peuple où on le présente. Je vais donc vous donner la classification que nous autres praetoriens faisons, et essayer de l'affiner pour quelle soit la plus standard possible. Et je vous fais remarquer que je vous donne les noms originels de ces vaisseaux, non les noms que nous autres praetoriens leur avons attribués.

Elle appuya sur un autre bouton, et une flotte de petits vaisseaux se matérialisa sur l'écran.
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- Voici d'abord un chasseur monoplace. Cette classification-ci est totalement neutre. Les chasseurs sont des vaisseaux ne dépassant normalement pas les trente mètres de long -encore que certains peuples ne sachent pas réduire suffisamment leurs technologies, créant des vaisseaux de puissance équivalente mais de tailles bien supérieures. Le chasseur est dévolu à l'attaque des autres chasseurs et des bombardiers; capables de voler rapidement en espace conventionnel comme dans l'atmosphère, ils sont à même de lancer des raids sur des installations, sur des colonnes de troupes...etcaetera. S'ils sont suffisamment bien équipés, avec des projectiles explosifs tels que des missiles, ils peuvent causer également des dommages aux gros vaisseaux. Ils doivent aussi éliminer si possible des adversaires qui auraient repéré la position de la flotte qu'ils escortent, avant que cette position ne soit révélée.
Ce chasseur-ci est un X-Wing, capable de voler en hyper-espace, c'est-à-dire de parcourir rapidement de très longues distances -de l'ordre du diamètre d'une galaxie en quelques heures. Il est armé de quatre canons lasers, en bout d'ailes, et de deux lance-missiles en-dessous du cockpit.


Une nouvelle image apparut.
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- Voici un bombardier "léger", et...

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- ...un bombardier "lourd". La puissance n'a rien à voir: il s'agit ici de tailles différentes. Le premier, un bombardier TIE, mesure à peine dix mètres de long, tandis que le second, un bombardier Alkesh, mesure soixante mètres de long.
Les bombardiers sont utilisés soit pour détruire les structures terrestres ou spatiales ennemies, soit pour harceler les colonnes d'infanterie adverses. Les chasseurs ont généralement pour mission de les escorter. Les bombardiers, s'ils sont suffisamment nombreux et/ou puissants, peuvent également servir à attaquer des bâtiments de guerre ennemis. Ils utilisent des charges énergétiques, le plus souvent.


Siana coupa l'écran un moment.

- Nous allons à présent rentrer dans le monde véritablement subjectif. Dès que l'on quitte les petits engins, les différences sont difficiles à établir...


L'image d'un grand vaisseau s'afficha.
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- Voici une corvette corellienne. Elle mesure cent cinquante mètres de long.
Les corvettes sont généralement de petits bâtiments de guerre, servant soit au transport de passagers, soit à l'élimination de la chasse et des bombardiers ennemis en escortant les flottes, grâce à des canons à tir rapide, mais peu puissants, et donc adaptés à combattre les petits chasseurs faibles et non les gros bâtiments de guerre lourdement armés.
Le vaisseau qui vous a amenées ici, bien qu'il soit nommé "croiseur", peut être rattaché aux corvettes.


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- Ceci est une frégate Nébulon-B de trois cents mètres de long.
Sa mission est similaire à celle de la corvette, mais la frégate est mieux armée, plus résistante, et généralement à même de résister un temps aux bâtiments de guerre de grande taille, et même capable de leur infliger des dommages assez conséquents.


Une autre image...
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- Voici deux croiseurs: à gauche, un BC-304 de trois cent trente mètres de long, et à droite son prototype, un BC-303 de deux cents mètres.
Nous rentrons avec ces vaisseaux dans les vraies catégories de "vaisseaux de ligne": ils sont capable d'affronter d'autres vaisseaux lourds, de détruire facilement chasseurs, bombardiers légers, et de détruire après quelques tirs corvettes et frégates. Ils emportent des canons lourds, dans certains cas des missiles explosifs causant de lourds dommages en atteignant la cible, et surtout des escadrons de chasseurs et de bombardiers.
Ces vaisseaux sont de véritables postes avancés et mobiles, capables de longues traversées, disposant d'une autonomie généralement d'un an. Toutefois, ils sont généralement peu mobiles face aux chasseurs, et leur taille demeure leur défaut majeur, mais imparable puisque cette taille permet de les équiper pour résister aux autres vaisseaux.


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- Voici à présent des modèles plus importants. Vous avez des Star Destroyers de mille six cents mètres, autour d'un Super Star Detroyer de dix-neuf milles mètres de long.
Sous des noms particuliers, nous autres praetoriens utilisons énormément ces vaisseaux, sachant que chaque modèle dispose d'une taille "standard" qui n'est qu'indicative, puisque les commandes spécifient les détails pour chaque vaisseau.
Les noms courants sont "destroyers", "cuirassés", ou plus simplement "vaisseau lourd", dans les diverses civilisations. Ces engins dépassent normalement le kilomètre de long, et sont de véritables bases mobiles, avec des armées embarquées, des engins terrestres disponibles, de nombreux chasseurs et bombardiers en soute...et ainsi de suite. Leur armement leur permet de se débarrasser en un instant des vaisseaux adverses.
Seules les puissances les plus avancées et les plus riches peuvent se procurer de tels engins. Vous ne devriez guère en rencontrer là où vous allez, je pense. Je ne vous donne ces informations qu'à titre indicatif... Nous autres praetoriens sommes véritablement...amoureux de ces vaisseaux immenses. Parce que de tels vaisseaux n'ont souvent pas besoin de combattre pour remporter une bataille: nos adversaires ne disposent généralement pas de tels bâtiments, alors lorsqu'ils se retrouvent face à une flotte de ces engins, quelques tirs dissuasifs suffisent à les faire se rendre.
Mais bien évidemment, l'existence de tels engins engendre une course au gigantisme, que nous poursuivons avec ardeur. Plusieurs de nos modèles dépassent même les deux cents kilomètres de longueur...


Siana appuya encore sur un bouton de sa télécommande.
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- Dans la même catégorie de grandeur -un diamètre se comptant en centaines de kilomètres-, voici une base mobile spatiale. Ces engins transportent des centaines de milliers de soldats, sinon plus, avec une autonomie de souvent dix ans. Il paraît que vous allez rencontrer des...comment s'appellent-ils...ah, oui, des "solars". Ça devrait en gros ressembler, du moins pour les caractéristiques. Bien sûr, ces engins sont à craindre: leur puissance est immense, et ils sont souvent équipés d'armes super-lourdes, certaines pouvant détruire une planète...


Siana coupa soudain l'écran, et se redressa, se tournant à moitié vers les alwinionaises.


- Mais fi de ces engins de cauchemar. Des questions, les filles ?
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Ellianne
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Re: Comment former des officiers ?

Message par Ellianne »

Le soir précédent, après avoir coupé la communication avec leurs supérieurs et partagé un moment de complicité vraie, Kalio était allée essayer les douches de leur chambre, un équipement encore inconnu pour elle, tandis que Valéria, sceptique sur ce genre de chose, avait prit sa forme de chat pour faire sa toilette, tranquillement perchée sur le lit. Ce détail avait fait sourire la Fée tandis qu‘elle expérimentait l‘installation moderne, déroutante pour cette fille de la nature sauvage qui avait l‘habitude de sa laver dans les lacs et les ruisseaux d‘eau claire qui parsemaient la Forêt des Brumes. Mais elle, elle était prête à essayer, tandis que sa féline compagne, malgré sa curiosité naturelle, ne se serait pour rien au monde mise sous cette eau tombante.

C‘en était suivit une longue conversation à la lumière des étoiles, sur ce qu‘elles avaient déjà vécu et ce qu‘elles allaient sans doutes vivre ensuite, jusqu‘à ce que le contrecoup du voyage les prenne toute les deux et qu‘elles aillent dormir, l‘aînée en aillant agrémentée sa couche d‘un tapis de feuilles tressées, apportées dans sa valise personnelle, tandis que la cadette choisissait encore une fois de profiter de sa forme animale pour tromper l‘étrangeté de son nouvel environnement, s‘enroulant telle une boule de poile sur les draps froissés. Il fallait bien se raccrocher à ce genre de chose, dans une telle situation. Elles avaient discuté sous les étoiles, certes, comme elles en avaient l‘habitude lors de leur formation en Alwinion, mais ce n‘était pas sous un tel toit… Et pas non plus sous ces étoiles-là.

Au matin, le réveil avait été matinal, et après un rapide brin de toilette à l‘évier, les deux damoiselles s‘étaient dirigées vers le mess pour prendre un bon petit déjeuner. Elles trouvèrent leur bonheur dans le large choix de produit proposé, à savoir petits pains et cruches de laits pour Valéria et de la baguette avec diverses confitures pour Kalio, elles étaient retournées à la terrasse pour déguster le tout. Le repas, d‘une qualité tout aussi correcte que la veille, avait été expédié avec rapidité, sans que les deux jeunes femmes négligent de le savourer. Elles connaissaient toutes deux l‘importance de prendre des forces le matin quand on entamait un programme d‘entraînement qui pourrait bien être des plus prenant et donc éprouvant. Elles en avaient fait l‘expérience personnelle, en Alwinion…

Après avoir débarrassé leurs plateaux, elles étaient parties, en avance par précaution, à la recherche de leur salle de cours… Qui s‘était révélée facile à trouver, en fin de compte. Enfin, après la première crise que leur avait piquée Elemanquia lors de leur unique retard, un peu d‘avance ne faisait pas de mal, hein ? Peut-être grâce à ça, Siana se montra d‘ailleurs plutôt accueillante et familière pour une instructrice, ce qui n‘était pas pour déplaire aux deux alwinionaises. Le Grand Maréchal avait ensuite commencer son cours proprement dit, leur montrant les différentes classes de vaisseaux sur l’écran géant dont était doté la salle et leur expliquant leurs caractéristiques. Le duo d‘élèves écouta et regarda avec attention, en silence, jusqu‘à ce qu‘elle ne face finalement disparaître les images.


« Mais fi de ces engins de cauchemar. Des questions, les filles ? »

Les deux damoiselles s‘entre-regardèrent en silence pendant quelques instants, assimilant encore tout ce qu‘elles venaient de voir. Elles venaient d‘un univers ou la guerre était une affaire totalement différente, tenant plus de la force et de la rage que de technologie perfectionnée. Finalement, ce fût Valéria qui prit la parole.

« Hum… Il me semble avoir bien comprit l’idée générale. Les chasseurs sont pour les raids rapides, les bombardiers pour la destruction, les corvettes et… heu… l’autre que vous avez dit juste après pour l’escorte, les croiseurs pour les opérations de plus grandes envergures… Et les deux derniers types pour servir de base ou d’argument de poids. T’en dis quoi Kalio ? »

« Il me semble avoir comprit à peu près la même chose, en effet, même si je ne doutes pas qu’il faille rôder tout ça et le mettre en pratique. »

L‘une comme l‘autre, elles savaient en effet que de telles choses avaient besoin de pratique pour s‘intégrer et être maîtrisées… Sans compter qu‘il y avait sans doutes bien d‘autres détails à voir ! Toutefois, la féline alwinionaise semblait ne pas en avoir fini.

« Toutefois, si vous le permettez, j’aurais une question qui n’est pas directement en rapport avec notre formation… Même si on peut trouver des liens… Si votre Empire possède une telle avancée au niveau des grands vaisseaux, comme vous venez de la dire, pourquoi n’annexez-vous pas Galactica ? Ou notre propre monde ? »

Valéria ne pensait pas à mal le moins du monde, se laissant juste guidée par sa curiosité naturelle. Quant à sa féérique compagne, pour une fois, elle était assez curieuse pour ne pas intervenir.

« Comprenez-moi bien, j’ai du mal à comprendre… À la limite, installer une colonie pour étudier les indigènes peut être profitable, mais nous savons, Kalio et moi, comment votre Imperator a été traité par notre propre Empereur du temps de la Guerre de Succession qui a suivit la disparition de la Première Impératrice, et tout ce qui s’en suivit. »

Elles-mêmes n‘avaient pas participé à cette terrible guerre, mais le compteur de la Cour, Nacromia, avait eu bien des histoires sur elle, à la véracité confirmée par de nombreux autres témoignages distillés dans la société alwinionaise.

« Il a été emprisonné, maltraité et il a toujours détesté les autorités impériales… Pourquoi avoir laissé passé tout ça, s’il avait une telle force de frappe à disposition ? »

Elle était réellement curieuse de la chose, ne parvenant pas à comprendre comment un homme qui avait été si focalisé sur son opposition au pouvoir, allant jusqu‘à trahir les siens, avait pu avoir tant d‘armes et ne pas les utiliser. Ca lui semblait… incroyable…
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Empire de Praetorius
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Re: Comment former des officiers ?

Message par Empire de Praetorius »

Siana hésita...le problème était à la fois simple et complexe, difficile à comprendre pour beaucoup...

- En fait...eh bien, disons que c'est par...excès d'intégrité.

Elle se frotta la nuque, regardant le bras de son fauteuil, cherchant ses mots.

- Comprenez que...Lupus est le fondateur de l'Empire de Praetorius. Il a longtemps été son dirigeant, lui a donné une grande partie de sa culture et de sa puissance, lui a fournit ses institutions. Il ne dirige plus désormais que le côté militaire et diplomatique de l'Empire -et a longtemps hésité à prendre ce poste, en quittant son rôle d'Empereur.
Il est cher au cœur de la plupart des praetoriens, et a la fidélité de l'armée. Il pourrait prendre le contrôle de l'Empire par la force, s'il le voulait. En fait, il lui suffirait de se présenter à une quelconque élections pour la gagner, puis d'imposer ses idées...encore que là, notre amour pour la démocratie s'opposerait sans doute à lui...
Mais je m'égare. Lupus n'a jamais fait cela. Pour la bonne raison que la race dont il est originaire est "naturellement" bonne, pacifiste...


Siana triturait à présent l'un de ses blondes mèches, les yeux dans le vague.

- Mais surtout, cette race refuse l'ingérence, et l'Empire a hérité de ces traditions -celles de nos ancêtres, les "Vrais Anciens".
Alors, comprenez que l'Empire ne s'étend que de deux manières: soit en intégrant pacifiquement les civilisations qu'il rencontre -et nombre d'États qui nous rencontrent acceptent de se fondre dans l'Empire-, soit en faisant la guerre...
Je dis la guerre, mais c'est une guerre défensive. Nous nous contentons de nous défendre, puis d'intégrer les États vaincus. Ils sont nombreux à croire qu'ils peuvent vaincre nos flottes immenses et innombrables...bien sûr, ils se trompent.
Quand à Galactica ou votre monde...c'est assez particulier. Lorsque nous décidons de créer une Colonie, c'est avant tout un micro-État qui a pour objectif d'observer et étudier son environnement en limitant ses interventions. Bien, sûr, nous n'en restons pas moins des êtres pensants: voilà pourquoi, sur votre monde, Lupus s'est si durement opposés à certains, au point de se faire emprisonner. Mais au nom de notre éthique de non-ingérence, nous ne pouvions attaquer si simplement votre monde pour délivrer Lupus. Lui-même n'aurait jamais voulu ça.
Galactica est un monde en guerre. Mais pas encore aussi développé que nous. Toutefois, oui, nous pourrions l'intégrer...mais les galacticains ne menacent pas l'Empire lui-même, et nos troupes sont encore loin de Galactica: nous ne menons notre expansion que d'une manière: imaginez une bulle qui gonfle doucement...c'est ainsi que l'Empire s'étend. Et pas question de s'avancer trop loin, même si nous en avons les moyens: c'est un ordre stratégique pur et simple, que nous respectons même s'il peut paraître absurde.

Je ne sais pas si je m'exprime très bien...


Siana hésitait. Décidément, même les praetoriens ne savaient trop quelle était leur ligne de conduite profonde.


- Pour les civilisations qui sont loin de maîtriser le voyage spatial, nous passons à côté sans les annexer...seuls des diplomates les contactent, leur expliquent l'immensité du monde, et promettent la possibilité d'intégrer l'Empire une fois que ces États seront naturellement arrivés au niveau technologique souhaité. De fait, l'Empire est parsemé de monde "arriérés" -sous vouloir vous vexer-, qui finissent tous par le rejoindre -ou par être absorbés en pensant pouvoir le combattre une fois le voyage spatial développé. Bizarrement, il est vrai que jamais un État suffisamment développé pour nous intégrer n'a juste souhaité rester libre, même en bons termes avec l'Empire, ou neutre. Soit les dirigeants sont belliqueux, soit ils voient leurs intérêts, personnels ou de leur monde, à rejoindre l'Empire. Il n'y a pas de juste milieu.

Elle souri avec hésitation.

- Je ne peux mieux exprimer ma pensée...bref, disons que nous jugeons que nous ne pouvons forcer un Ethan non belliqueux à nous rejoindre, et que de même, nous refusons d'intervenir dans les affaires de mondes moins avancés...


Puis elle revint soudainement à un terrain qu'elle maîtrisait mieux, considérant qu'elle ne pouvait réellement mieux expliquer la vision du monde des praetoriens aux alwinionaises:

- Quant à l'idée générale de la répartition des vaisseaux -le type suivant la corvette est la frégate-, oui, c'est à peu près l'idée...ou plus exactement, c'est l'utilisation générale et théorique faite de ces types d'engins: leur utilisation pratique peut largement différer, notamment selon la composition des flottes adverses.
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Ellianne
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Re: Comment former des officiers ?

Message par Ellianne »

Les deux jeunes femmes avaient écoutées, attentives, les explications de Siana. C’était des choses assez difficiles à comprendre pour elles, pas tellement sur le point de vue de la technologie ou même de la puissance décrite, mais simplement sur le plan idéologique. C’était tellement… Insensé ! La force était faite pour être utilisée. La posséder et n’en rien faire était une totale aberration. Valéria tiqua aussi sur un mot utilisé par Elemanquia, malgré l’esquisse d’excuse qui s’en suivit. Elle attendit patiemment que la praetorienne eu fini, sous le regard un brin inquiet de sa compagne.

« Hum… Encore une petite digression, si vous le voulez bien. »

La politesse glacée qui se lisait dans son ton n’était pas vraiment de bonne augure. Toute trace de sympathie ou d’amusement avait fuit son regard comme son expression, et même la curiosité semblait s’être éteinte en elle. Ses oreilles étaient dressées, raides au-dessus de sa chevelure.

« C’est peut-être bien ma mentalité d’arriérée qui parle ici, puisque je n’égale certes pas la civilisation exquise et sans borne des praetoriens si élevés, mais il y quelque chose que je puis dire. »


Les yeux rouges de Kalio n’étaient plus seulement inquiet, mais intimaient très clairement à son amie la demande plutôt ferme d’en rester là. Ce dont l’intéressée ne tint pas compte un seul instant.

« Oh, certes, vous avez une telle avance technologique, une telle grandeur d’âme, une telle gloire militaire, un tel raffinement diplomatique ! Vous êtes tellement supérieur à des arriérés comme nous, à tous ceux qui vous sont si inférieurs technologiquement et que vous ne considérez pas autrement que comme des morceaux de viandes choisis que vous pourrez déguster un peu plus tard ! Et vous valez tellement mieux que tous ceux que vous avalez sans leur laisser d’autre choix qu’une résistance à mille contre un alors qu’ils viennent à peine d’évoluer ! »

Sa voix se mua brièvement un en feulement animal, ses oreilles se penchant en avant. Elle crispa ses poings, faisant ressortir légèrement des griffes qui n’étaient pas là quelques minutes plus tôt.

« Mais laissez-moi vous dire cette chose que je sais : si nous ne sommes tous qu’une bande d’arriérés tout juste bon à servir de sujets d’étude ou de futurs absorbés, vous vous n’êtes qu’une légion de dégénérés condescendants qui ne se rendent même pas compte de leur supériorisme. »

Un mépris intense et une colère profonde transparaissait maintenant dans sa voix qui ne parvenait même pas à garder son vernis de politesse. Elle en venait à traduire directement des mots de sa propre langue dans celle qu’elle utilisait maintenant.

« Avec vos petits sourires et votre snobisme, vous ne voyez même pas combien vos paroles sont méprisantes pour le reste de l’univers. Vous ne valez pas mieux que les autres, Praetorienne. Vous valez même moins que beaucoup. »

Elle était tellement en rage qu’elle perdait peu à peu le contrôle de sa Maîtrise de la forme Humaine, son visage se couvrant déjà un peu de poil de même couleurs de ses cheveux. Quant à ses bras et ses mains, ils étaient déjà recouverts, totalement ou presque.

« Tôt ou tard votre Empire si fier de sa supériorité béate s’effondrera, que vous tombiez sur un os ou que vous vous détruisiez vous-mêmes. »

Ses yeux n’avaient pas changés, eux, mais ils étincelaient maintenant d’une colère sourde, qui ne faisait que s’autoalimenter. Ceux de Kalio, qui la regardait toujours, étaient grand ouvert par l’étonnement, voir la stupéfaction.

« Et quant à moi, je refuse de vous côtoyer plus longtemps. Vous êtes un monstre d’arrogance, et vous ne vous en rendez même pas compte. »

Brusquement, elle fût un chat, un gros chat mais elle avait encore assez de Maîtrise, un lambeau, mais c’était assez, pour ne pas reprendre sa forme originelle. Le félin feula encore, se braquant vers Siana, avant de brusquement tournée les talons - au sens figuré - et de bondir de fauteuil en fauteuil jusqu’au bout de la rangée, où elle se roula en boule, niant complètement les deux autres.

« Hum... »

Kalio ne parvenait pas à trouver quelque chose à dire. Son regard allait de sa compagne à Elemanquia, et réciproquement. La surprise lui avait momentanément ôté toute capacité de réaction, et ce n’était visiblement pas de son côté qu’il fallait se tourner pour avoir des explications.
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Empire de Praetorius
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Re: Comment former des officiers ?

Message par Empire de Praetorius »

Siana resta immobile un temps...comment réagir ? Jamais elle n'avait prévue telle réaction. Puis, finalement, Valéria, sous forme féline, s'écarta d'elle et de Kalio. Ses fins sourcils froncés, elle fixait le dos de la boule de poils. Kalio ne pipait mot. Siana fini toutefois par se reprendre, et se détourna de Valéria pour, fixant Kalio dans les yeux, répondre à haute voix; mais Kalio pouvait bien s'apercevoir que cette réponse était destinée à Valéria, non à elle-même.

- Je m'excuse, Kalio, si j'ai commis une maladresse et insulté votre peuple... Ne l'ayant pas rencontré, il est déjà évident, n'est-ce pas, que je ne peux le juger...chose que je n'aime guère faire même avec les civilisations que je connais. Par ailleurs, j'étais concentrée sur une réponse dont je ne suis pas sûre d'avoir la réponse; et puis, je suis une militaire...et à ce titre, je suis bien moins délicate que d'autres.

Elle jeta un coup d'œil vers Valéria, guettant une réaction. Et soudain, elle sentit une odeur forte, puissante...sans même être sous forme canine, certaines caractéristiques de la métamorphe lui faisaient sentir l'odeur d'un puissant félin colérique, en rage...

"Contre moi ?"

Mais essayant de contrôler ses froncements de nez -car cette odeur était piquante, quasi-insupportable-, elle continua à parler à Kalio, ses paroles s'adressant toujours à Valéria.

- Quant à notre supériorisme et notre snobisme...ou les miens, cela dépend de la façon dont vous voyez la chose...je ne crois pas qu'ils existent. Je pense que vous avez un très bon exemple en Alwinion: dites-moi, pensez-vous que si les praetoriens étaient ainsi, ils auraient pu produire un certain Julius César, présentement Prince Consort d'Alwinion ? Si nous étions comme Valéria le décrit, je pense que Juju ne se serait jamais intéressé à votre Dame; Lupus et Vosgiens ne l'auraient pas laissé faire, pas plus que notre gouvernement...

Sans s'en rendre compte, elle avait utilisé le petit nom qu'elle utilisait pour parler de Julius...

- Et pour ce qui est de notre fierté quand à notre supériorité...pff ! Nous ne nous promenons pas en conquérants dans des rues, que je sache. Personne ici ne vous a regardées comme si vous n'étiez que des esclaves, si ? En, fait, ce serait tout le contraire...

Et soudain, Siana se rembrunit, son visage même s'assombrissant. Sa voix se fit même presque caverneuse, et son regard était fixé sur un point au-delà de Kalio.

- Une nation de pacifistes uniquement intéressé par leur tranquillité et le développement de nouvelles technologies...c'est là un sujet que l'on pourrait appelé tabou, de l'Empire. Nous sommes désormais équipés de puissantes armées, et n'avons jamais rencontrés ne serait-ce que des égaux, sur le plan de la puissance et de l'avancement militaire.
Et nous avons honte de tout cela ! En un sens, même si ce sont essentiellement des troupes créées dans ce but qui se battent -robots et clones-, nous sommes devenus le contraire de ce que nous prisons ! Voilà pourquoi nous avons mis en place l'éthique dont je vous parlai voici quelques minutes...parce que nous risquons de nous laisser aller à une grandeur conquérante, devenant une puissance militaire uniquement, capable de battre les armées de la plupart -sinon de toutes- les galaxies de cet univers. Parce que nous risquons allons de sombrer dans le despotisme que vous nous reprochez déjà, Valéria.


Cette fois, Valéria et Kalio ne pouvait plus ignorer à qui s'adressait ce petit discours.

- Nous pouvons perdre notre âme à tout moment ! Voilà ce qui nous fait peur ! Notre Empire est stable et démocratique, capable d'une longévité immense, juste parce que nous nous voulons pacifistes ! Si nous nous laissions aller à profiter de notre supériorité pour nous lancer dans une conquête de l'Univers, là, sans aucun doute, notre Empire s'effondrerait, et ses anciens territoires sombreraient dans le chaos, tombant aux mains d'anciens officiers devenus seigneurs de guerre, disposant de puissantes armes capables de détruire des planètes entières, ou du moins d'en raser la surface !

Peu à peu, Siana s'énervait...et Valéria n'était plus seule à perdre le contrôle de son métamorphisme. Déjà, Kalio pouvait voir de longues canines dépasser de la bouche, alors que le nez noircissait et que le cheveux blonds devenaient blancs.

- C'est ça, Valéria, que vous pensez que nous voulons ?!

Cette fois, Siana se retourna complètement vers la féline. Ses yeux, maintenant, viraient au jaune-or.


- Vous croyez peut-être que nous voulons sombrer dans le chaos, nous qui avons le respect de la vie ? je suis devenue officier de l'Armée, non pas par plaisir guerrier, mais parce que dès mon plus jeune âge j'ai manifestées des capacités militaires très avancées ! Puisque j'étais aussi douée dans ça, je suis entrée dans l'armée, pour éviter à d'autres de devoir le faire ! Je me hais, je me déteste ! Je ne suis douée que pour la guerre, et rien d'autre ! Que ne donnerai-je pour savoir peindre, par exemple ! Je n'ai qu'un talent, et c'est celui qui est le plus haï par notre société, quoi qu'il permette...


Les membres étaient déjà ceux d'un loup, et le nez commençait à s'allonger, entraînant la mâchoire supérieure. Siana, qui ne s'en rendait toujours pas compte, se leva et se mit à faire les cent pas à quatre pattes, plus à l'aide en trottinant sur ses quatre membres qu'en restant assise. Peu à peu, elle finissait totalement de se transformer en louve blanche -mais la voix demeurait humaine.

- Et pourquoi croyez-vous que Lupus a prit le poste d'Imperator, lui qui désirerait plus que tout prendre sa retraite ?! Parce qu'il faut un chef militaire, même pour un État qui se veut pacifiste, si cet État veut survivre. Cette place, il l'occupe parce que c'est la honte suprême de notre peuple ! L'armée concentre des milliers d'hommes et de femmes mis au ban de la société, soit par désir de la protéger, soit parce qu'ils ont comme moi des capacités innées au commandement ou au combat, soit enfin parce qu'ils veulent éviter la peine à d'autres d'en faire partie !

Désormais, c'était bien une louve blanche, énorme, qui trottait de long en large, la truffe baissée sur le sol. Les vêtements avaient disparus tandis que la fourrure s'épaississait, de façon étrange.

- Les titres militaires que doivent respecter les civils, les décorations militaires, et jusqu'aux titres de noblesse comme le mien, tout cela n'a qu'un but: compenser un peu la honte du service à l'armée ! Et cela a pourtant souvent le sens inverse, parce que cela signifie que le détenteur d'une décoration, a "commit" -car c'est ainsi que nous le voyons, comme un crime !- un ou plusieurs hauts faits militaires !
Quand au Service Militaire Obligatoire, c'est une façon non seulement de permettre à chacun de se défendre en cas de nécessité, mais aussi de montrer à chacun une part de ce qu'est la vie militaire, pour que nous soyons tous "souillés", et qu'ainsi les civils méprisent moins ceux restés dans l'armée; et en même temps, le SMO permet de trouver les futurs officiers...


Siana stoppa, observant la fourrure de Valéria, solidement ancrée sur ses quatre puissantes pattes.

- Alors sachez bien une chose: c'est que les peuples que j'ai si malencontreusement qualifiés d'"arriérés", nous ne les méprisons pas le moins du monde...en fait, la plupart du temps, nous les admirons ! Parce qu'ils sont tellement plus sages que nous ! Bien moins contradictoires !

La voix sortait maintenant d'une gueule ouverte, aux crocs découverts. Un grondement sourd en sortait en même temps.

- Et nous autres militaires, sommes tellement à plaindre ! Nous voudrions être autre chose que ce que nous sommes; mais aussi, nous rêvons parfois d'être dans ces sociétés militaristes où l'officier est admiré de tous ! Parce que dans ces sociétés, nous nous sentirions tellement plus à l'aise, et notre fonction serait en plus gratifiante ! Nous sommes le mal incarné, au sein de l'Empire ! Nous, les officiers issus du peuple, sommes ce qui menace le plus l'Empire, à cause de ces rêves: nous sommes le plus gros risque que l'Empire se perde dans le militarisme !

Cette fois, des larmes claires coulaient des yeux de la louve, dégoulinant sur le pelage blanc des joues.

- Alors remballez votre fierté, Valéria ! Chez vous, être officier dans l'armée, c'est le privilège de servir son peuple et de le protéger ! En venant ici, vous deviez apprendre à être des officiers complets pour votre État ! Vous ne voulez pas de cette formation ? Allez vous faire voir ! J'ai laissé des millions de soldats sous les ordres de mon second, moins capable que moi quoi qu'il en soit: des centaines de milliers d'entre eux risquent la mort à chaque seconde où nous parlons ! Et malgré tout ce qu'ils pourront dire, malgré tous leurs beaux discours, nul civil, nul politicien ne plaindra leur mort ! Les seuls êtres qui les plaindront, ce sont leurs officiers comme moi ! Nous sommes leur seule source d'affection !
Je pensai que vous accepteriez sans rechigner les gentils cours que je devais vous faire. Même pour les militaires, c'est une honte que de former d'autres aux arts de la guerre, car ainsi nous poursuivons la création de l'armée. Parfait ! Retournez en Alwinion, et que l'expérience soit votre seul maître ! Plutôt que de perdre deux ou trois semaines à faire de la théorie avec moi, vous perdrez deux ou trois ans sur les champs de batailles réels ! Remaballez vos affaires, et sortez ! Il y a des chauffeurs qui peuvent vous remmener à tout instant à l'astroport, où il y a des vaisseaux pour vous remmener en Alwinion ! Partez, et ne revenez pas !


La louve se détourna brusquement, s'élança vers la porte, qui s'ouvrit, et se referma lorsque la queue de l'animal l'eut dépassée. Au sol, des gouttes étaient tombées, sur le passage de la bête.



Siana courait, avec toute la puissance de ses muscles. D'un coup 'épaule, elle ouvrit la porte de l'escalier de service qui était à côté des turbo-ascenseur, et descendit jusqu'au rez-de-chaussée. toujours au grand galop, elle dépassa les portes, tandis que les soldats en armures saluaient, et que des élèves officiers se retournaient à son passage, surpris d'une forme qu'ils savaient qu'elle était seule ici à posséder, mais à laquelle elle ne les avait pas habitués.

Bientôt, Siana traversaient les vallons et grimpait à les flancs des montagnes, en une course effrénée, cherchant à épuiser sa rage due aux déclarations de Valéria, sa tristesse quand elle regardait sa propre situation, et sa peur d'elle-même et de tous les officiers de l'Empire. Mais sans doute, seules les trois lunes de la planète pourraient-elles écouter ses apitoiements.
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Ellianne
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Re: Comment former des officiers ?

Message par Ellianne »

Quelques instants de silence, qui auraient pu être des heures, des années, des éons. Mais quelques instants seulement, où sa propre flamme monta, fini de monté, une flamme qui s’était élevée peu à peu, comme la marée part à la conquête du rivage, et qui maintenant était prête à gronder comme le fracas de l’océan. Ses yeux rouges se portèrent, au bout de ces si longues secondes, sur la forme féline toujours roulée en boule sur le siège, et qui relevait seulement sa délicate tête, les poils toujours hérissé par la colère qui couvait.

« Valéria ! »

Sa voix avait claquée comme un fouet d’épines, mais la tête ne se tourna qu’avec résistance vers elle, et le regard tout aussi carmin qui rencontra le sien ne portait pas la moindre trace de repentance. La gueule de sa compagne s’ouvrit même pour dévoiler des crocs trop tranchants pour ceux d’un chat…

« Il suffit ! Calme-toi, bon sang ! Nous ne pouvons pas nous l’aliéner ! Nous avons une mission à remplir, et par la Brume, je jure que je ne te laisserais pas la gâcher ! »

Pour la Fée, l’échec n’était pas une option. Elle maudissait le sort de se retrouver ainsi prit entre chien et chat - en version plus sauvage - et elle ne comprenait les réactions emportées ni de l’une ni de l’autre, mais elle était venue ici pour une raison bien précise, et elle ne comptait pas faillir à la confiance que les siennes avaient placées en elle. La Chef de Guerre l’avait choisie entre toutes les candidates potentielles et elle ne pourrait jamais la décevoir.

« Valéria… Je ne comprend pas ce qui t’as prit. Ils nous ont accueillit quand rien ne les y forçait, alors pourquoi les défies-tu ainsi ? Ne pouvais-tu simplement te taire ? Ou même t’excuser ensuite, quand tu as vu combien tu l’avait blessée ? La suivre, la rattraper pour réparé ce que tu avait dit ? »


Contrairement aux deux autres, elle essayait de maîtriser la sourde rage qui coulait en elle à l’encontre des deux femmes qui menaçaient de fiche en l’air tout ce qui commençait si bien, pour tenter de trouver une solution. N’importe laquelle.

« Tu l’as touchée en plein cœur, que tu l’ais voulu ou non. Elle a pleuré, et elle est partie, blessée. C’est comme ça que tu traites un allié qui t’accueil ? C’est là ton honneur ? »

C’était la corde la plus sensible pour les Fées, et elle espérait qu’elle le soit aussi pour son amie. Et en effet, les yeux rouges qu’elle n’avait pas quitté flamboyèrent brièvement. La voix qui lui répondit n’avait rien d’Humain. Elle disait la course du vent sur la plaine et la langueur de la Brume sur la Forêt. Elle portait bien des choses… Et une grande amertume.

« Honneur ? Quel est ce mot étrange ? Je ne sais rien d’honneur. »

Ce qui vibrait dans cette voix, au-delà de sa nature profonde, était mêlé de colère, de peine et de cette amertume si présente. Et ces émotions étaient si intenses que les mots que cette voix traduisait n’avait rien à voir avec ceux auxquels ils répondaient. Heureusement, c’était une langue que Kalio avait apprise, et qu’elle maîtrisait bien.

« L’honneur n’est pas pour ceux qui s’en vont sur les lointaines sentes. L’honneur est pour le foyer et sa pierre. L’honneur est pour la tanière et le chasseur. L’honneur n’est point pour moi. Je n’ais plus d’honneur. L’honneur, je l’ais abandonné. »

Avant qu’elle ne puisse répondre, un rugissement noya tous les sons alentours, un rugissement qui se fit entendre dans les couloirs. Un rugissement qui n’avait rien à voir avec ce que pouvait produire un chat, si gros soit-il. Et d’ailleurs, soudain, ce ne fût plus un chat. Sautant du fauteuil, toute Maîtrise envolée, le corps tendu vers la porte, Valéria prit pourtant la peine de tournée se tête féline.

« Tu veux que je la suive ? Soit, je la suivrais. »

Et la tête se détourna également vers la porte, tandis que les pattes puissantes la propulsait en avant. Les battants à ouverture automatiques s’ouvrirent et se refermèrent derrière elle, et Kalio s’élança à sa suite, même si elle savait bien que c’était vain. Quand elle eût elle-même franchie la porte, elle pu voir le fauve, sa noble face levée, en train de humer la piste qu’elle suivrait.

« Valéria… »

Elle essaya, pour le principe, par réflexe, en sachant que c’était vain. Elle n’était pas certaine de vouloir l’arrêter, il fallait peut-être que ces deux là s’expliquent seul à seul. Et puis de toute façon, comment aurait-elle pu l’arrêter, si ce n’était pas les mots, et quels mots auraient pu toucher son amie ?

« ... Nous sommes à la base un peu plus grands que des tigres… »

Voilà comment, laconique, Valéria avait décrite les membres de sa Kwaené. C’était un bel euphémisme. La créature qui se trouvait à l’arrêt devant elle, dans cet instant figé entre deux battements de cœur, était beaucoup plus imposante qu’un simple tigre. Son garrot dépassait allègrement les trois mètres, étant peut-être même plus proche des quatre, et la musculature imposante de ses pattes laissait présager des performances hors du commun. Sa fourrure avait la même teinte auburn qu’avaient eu ses cheveux, quoique plus sombre, presque noire par endroit. Une double rangée d’os tranchants affleurait sur son dos, particularité propre aux siens, et ses crocs, entrevu dans sa gueule puissante, avaient une apparence aussi dangereuse que redoutable.

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    Un parent de Valéria, avec la fourrure noire et les yeux jaunes.
Le grand félin huma l’air une dernière fois, regarda brièvement la porte de l’escalier, puis se détourna vers une autre salle, dont la porte s’ouvrit également devant elle, pour se retirer un instant plus tard. Elle répéta l’opération deux fois, trouvant finalement ce qu’elle cherchait. Sans se préoccuper de ce qu’y s’y trouvait, elle fonça droit devant-elle, vers la baie vitrée qui remplaçait le mur extérieur, comme dans le mess ou leur chambre. La créature broya deux ou trois choses au passage, mais les gens présents eurent le réflexe de s’ôter de son chemin, jusqu’à finalement se retrouver sur le balcon, où elle leva de nouveau la tête, captant les odeurs de ses naseaux largement ouverts.

Avec un nouveau rugissement, plus puissant encore que le premier dans cette gorge qui y était adapté, elle prit son élan sur la largeur de la terrasse, ce qui représentait pour elle quelques foulées, avant de sauter par-dessus la rambarde, en un large bond qui l’amena dans le vide. La Fée, qui s’était précipitée à sa suite, ne pu que la regarder plonger dans les airs, descendant d’un seul coup les six étages qui la séparaient encore du sol. Derrière elle, les praetoriens réalisaient à peine ce qui venait de leur arriver, et d’autres arrivaient depuis le couloir pour essayer de comprendre ce qui venait de se passer, entre les bruits qui avaient ébranlé tout l’étage jusqu’à l’animal qui avait surprit plusieurs d’entre eux. Les questions et le bruit glissaient sur Kalio, qui avait visiblement atteint sa limite, cette fois.

Pourtant, six étages plus bas, la créature se recevait souplement sur ses puissantes pattes, non sans causer une assez vive surprise au groupe d’élèves conduit par un officier devant lesquels elle atterrit. Avec une vivacité toute animale, elle pivota sur elle-même, accrocha sa piste et se dirigea vers la sortie, dépassa des gardes un brin étonnés eux aussi et fonça vers la forêt qui se dessinait plus loin, laissant derrière elle le complexe, et une compatriote abasourdie, qui, semblant ne rien voir de ce qui l’entourait, fût finalement reconduite jusqu’à sa chambre, ou elle se laissa tomber sur le lit, ses yeux rouges fixés sur le plafond. Les praetoriens finirent pas la laisser seule.

Pendant ce temps, Valéria parcourait inlassablement les collines et les vallons, les montagnes et les vallées, les plaines et les forêts. Une énergie effrénée la poussait à suivre la piste olfactive qu’elle avait accroché dans l’amphithéâtre, avec l’obstination absolue de sa race. Supraprédateur manifeste, rien ne vient se mettre en travers de sa route, jusqu’à ce que, finalement, l‘odeur se face de plus en plus forte. Jusqu‘à ce qu‘elle aperçoive sa proie, devant elle, à terrain découvert. Alors, d’un bond vertigineux produit par ses membres puissants, elle fût devant Siana, barrant la route de sa masse brute. Ses yeux rouges croisèrent le regard de la louve blanche, des yeux qui n’exprimaient plus qu’une résolution, au-delà de la rage et de l’amertume. [/b]

« La fuite n’est pas une option. Nous avons à parler. »

La voix était profonde, plus puissante que sous sa forme de chat, mais avec les mêmes accents, même si elle restait assez proche de celle de la féline alwinionaise qui s’était emportée dans la salle de projection pour être parfaitement reconnaissable.
Dernière modification par Ellianne le 08 juil. 2010, 12:07, modifié 1 fois.
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"La mort nous sourit à tous, tout ce qu'on peut faire c'est sourire à la mort."
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Empire de Praetorius
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Re: Comment former des officiers ?

Message par Empire de Praetorius »

Dans le complexe, les praetoriens étaient des plus agités...le Grand Maréchal Siana risquait-elle quelque chose, puisqu'on l'avait vu quitter au grand galop le complexe peut avant qu'un monstrueux félin ne le quitte à son tour ? Quel était ce félin ? Y avait-il eu des blessés ? Les gardes n'avaient pu suivre Valéria, trop surpris parce cet immense être qui avait vite disparu de leur champ de vision, avant qu'aucun d'eux ne songe à la poursuivre. Ne restait plus, en fait, qu'à nettoyer la salle où certaines chaises et tables avaient été réduites en miettes...
Toutefois, par méfiance, quelques soldats avaient été déployés, par deux, sur des speeder bikes, rapides petites machines dotés de suspenseurs anti-gravifiques. Mais ces soldats n'avaient pas réussit à retrouver la trace du félin, pas plus que de Siana, d'ailleurs...



Siana courait, courait, la rage au cœur. Elle arriva sur un pré d'herbe verte, et commença à le traverser. Soudain, une ombre survola la louve blanche, et un énorme félin se planta devant elle. Siana stoppa net, ses puissantes pattes s'ancrant en terre, les griffes ajoutant à cet arrêt. A moins de trois mètres du félin, elle se mit en garde, la tête rentrée entre les grandes épaules, les crocs découverts.


- La fuite n’est pas une option. Nous avons à parler.
- Je croyais vous avoir dis de partir !

Entre les crocs, la voix passait: plus une seule note de tristesse, mais uniquement de la rage. Siana était loin d'être calmée, contrairement, à ce qu'il semblait, à Valéria.

- Nous ne sommes que des manants qui ne savent pas utiliser toute la profondeur du langage, et qui n'en connaissent pas suffisamment les termes pour l'utiliser avec délicatesse, hein ?! Alors pourquoi restez-vous sur ce monde, Valéria d'Alwinion, de la Kwaené des Vaérindel ! Nous autres poisseux ne sommes mêmes pas dignes d'adresser la parole à la noblesse alwinionaise, qui maîtrise le langage à la perfection !

Des gouttes de bave coulaient des babines noires retroussées, ou des canines blanches.

- Je n'ai rien à vous dire ! Rien du tout !

Et la louve, imitant le comportement de Valéria un peu plus tôt, se détourna du félin, et se roula en boule, au sol.
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Ellianne
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Re: Comment former des officiers ?

Message par Ellianne »

Croire que, parce que sa résolution était au-delà de la colère, ladite colère s’était envolée, c’était une erreur. La rage bouillonnait toujours en elle, peut-être plus encore qu’au part avant. Et quand Siana lui tourna le dos et se roula en boule, boudeuse, cette rage ce matérialisa sous la forme d’un rugissement terrible, bien plus puissant qu’au part avant, qui ébranla jusqu’aux arbres sur le pourtour de la prairie où elles se trouvaient.

« Shëaaal Inchbiciune ! »

Sa colère l’avait à nouveau fait revenir à sa propre langue, mais cette fois elle s’en rendit compte et s’arrêta passé cette première exclamation. Au prix d’un effort conséquent, elle repassa dans le langage commun qu’elle utilisait hors de sa Kwaené.

« Enfant stupide ! Que savez-vous que ce qui nous as amené ici ? Que savez-vous de noblesse, ou de mon propre peuple ! »

Avec un feulement de rage, se pate balaya la terre devant elle, en arrachant un large morceau. Tout cela étant des manifestations de rage qui tenait autant au réflexe qu’une façon d’évacuer la tension nerveuse et morale, ce qui lui évitait d’attaquer directement son « ennemie », comme le lui criait son instinct purement animal.

« Vous osez vous apitoyer sur votre sort, mais vous n’avez pas la moindre idée des sacrifices que j’ai dû faire au nom de mon devoir ! Vous pouvez retourner chez vous quand il vous plaît, vous vous occupez de vos hommes, vous avez trouvé une nouvelle famille dans votre armée, quoi que vous en disiez, la façon dont vous parlez de vos soldats le prouvent. D’ailleurs vous avez de la famille dans les hautes sphères de votre armée, vous avez votre propre aïeul comme collègue. »

Le regard carmin ne quittait pas des yeux la boule de poil blanche, mais Valéria se souciait bien peu, en cet instant, de la réaction de Siana. Plus tard, ça en aurait, mais pour le moment c’était de nouveau le débit de la rage, quoi qu’avec un certain contrôle, car elle était venue ici dans un but.

« Vous n’avez aucune idée de ce que j’ai dû abandonné ! J’ai quitté la pierre et le foyer, j’ai quitté la tanière et ses chasseurs. J’ai laissé derrière moi mes Frères et mes Sœurs, j’ai laissé derrière moi le Cercle et Ceux-Qui-Savent ! Vous ne pouvez même pas commencer à comprendre tout ce que cela représente pour les miens ! »

La colère était telle qu’elle étouffait la tristesse, qu’elle étouffait les larmes, qu’elle s’attaquait même à la profonde amertume, si profonde, surtout quand elle parlait de cela. La colère valait mieux, infiniment mieux, même.

« Je ne l’ais pas fait de gaité de cœur. Je l’ais fait parce que, comme vous, j’ai un don pour la guerre. Un don rare pour ceux de mon peuple, et qui est tout sauf envié, surtout en ces temps. Mais le Soleil et la Lune ont parlé, et mon destin fût tracé. Je n’eu d’autre choix que de marcher sur la sente qui s’ouvrait devant moi, loin des miens, de ceux qui sont mon sang et mon souffle, ma chaire et mes os, ceux qui sont ma Kwaené. »

Cette fois, ce fût une pierre affleurant le sol que sa pate pulvérisa, d’un mouvement aussi fulgurant qu’il aurait été mortel sur la plupart des créatures vivantes. Son rugissement retentit de nouveau, pas aussi puissant que celui qui avait précédé, mais plutôt semblable au premier poussé sous cette forme.

« Vous m’avez dit de m’en retourner, mais je n’ais nul endroit où revenir ! Aucun ! J’ai quitté mon peuple, parce que c’était ce que je devais faire, et si longue que doive être ma triste vie, c’est la chose la plus terrible que je ferrais jamais. Je n’ais pas le choix, je ne l’ais jamais eu ! Il me faut donc apprendre, parce qu’il ne me reste rien d’autre à faire. Je serais à jamais étrangère et terre étrangère, car j’ai quitté la roche et le foyer. »

Ce n’était pas la première fois qu’elle le disait ce jour-là, ni même au cours de cette tirade alimentée par la rage brûlante, et la puissante amertume qui était enfin nommée clairement.

« Il ne me reste que cela, et par les miens, si cela m’est enlevé, par ma stupidité et la vôtre, je peux bien mourir ici, Grand Maréchal Siana Elemanquia De Arnis, de la quatrième Légion Clone ! Je ne suis plus rien d’autre qu’une coquille vide, et si j’ai pu aviver vos propres blessures, sachez que ce n’était pas mon attention. Mais cette affaire doit trouver sa conclusion, ici et maintenant. »


L’herbe devant elle n’était plus qu’un souvenir, tant le sol avait été labouré par ses griffes, en un mouvement plus inconscient qu’autre chose. Puissante et terrible sa beauté sous ce ciel étranger, et plus terrible encore ce qui se trouvait dans ces yeux.

« Je ne suis pas noble le moins du monde, je suis plus vile que le dernier des derniers, car j’ai abandonné la pierre et le foyer, j’ai abandonné la tanière et ses chasseurs. Il n’y a plus d’honneur pour moi, et plus de noblesse. Ne croyez pas me donner des leçons de sacrifice, car j’ai tout sacrifié, et qu’il ne me reste absolument rien. Votre langue n’est pas la mienne, vos usages ne sont pas les miens. Alors, par les Puissances assemblées, il est temps d’en finir, et ce n’est pas en nous emportant et en boudant tour à tour que nous arriverons à une fin… »

Après un dernier flamboiement, ses yeux se ternirent, et sa tête se baissa, voilant sa beauté vibrante d’une noblesse naturelle. Elle avait épuisé sa rage… Ne fût ce que pour le moment. Elle attendait.
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Empire de Praetorius
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Re: Comment former des officiers ?

Message par Empire de Praetorius »

Ce fut avec un véritable dédain dans la voix que la louve lança:

- Tiens ! A présent, il faudrait cesser de s'emporter, maintenant que vous voyez que, si je refuse de vous apprendre, cela vous porte préjudice ? "Mademoiselle la petite princesse" se voit privée d'un joujou, alors elle cesse de bouder pour que les autres l'imitent ?

La louve se releva doucement, et se retourna vers le félin. Les yeux jaunes étaient fixés sur Valéria, et le sourire sardonique du loup était clairement affiché, les babines recouvrant totalement les dents, hormis un trou sur le devant, entre les canines, par lequel sortait la voix..

- Enfant stupide ? certes. Mais moi, j'évite de traiter les autres d'enfants. Certains ont moins de connaissances que d'autres, et quand je parle de peuples moins évolués que les praetoriens, c'est essentiellement sur le plan technologique: comment juger sur les connaissances sociales, médicinales, culturelles...ou magiques ?


Les coins des babines semblèrent retomber de quelques millimètres, transformant le sourire ironique en une expression un peu triste.

- "Retourner chez moi quand je veux" ? Je ne fais que suivre des ordres...et je n'ai pas de "chez-moi"...même l'endroit où j'ai vu le jour n'est pas -ou plus- un foyer pour moi. "Une nouvelle famille dans l'armée" ? Si vous considérez ainsi un immense orphelinat où tous sont à la fois orphelins et adulte s'en occupant...

Le regard jaune se porta sur le sol labouré, puis sur les griffes de Valéria.

- Une conclusion ? Vos lames de tondeuse pourraient essayer d'en amener une pour moi. Mais il est vrai qu'il serait idiot pour moi de ne pas travailler plus longtemps pour l'Empire...

La louve leva son museau vers la montagne à sa gauche, les yeux sur les blanches cimes. Soudain, sans que l'image de la transformation n'ait eu le temps de s'imprimer sur la rétine de Valéria, voilà que Siana était de nouveau sous sa forme humaine, les yeux verts toujours fixés sur les neiges éternelles.

- Je n'ai pas voulu, ne serait-ce qu'une seconde, vous insulter, vous, les vôtres, ou même qui que ce soit de l'Empire ou d'un autre État. Je vous l'ai dis: la seule chose que je sache faire, c'est la guerre.


Elle se laissa tomber au sol, en tailleur, les coudes sur les genoux, le menton dans les mains, le regard toujours fixé sur le même point.

- Valéria...

Siana tourna enfin ses yeux vers l'énorme félin, qui la dominait maintenant d'un peu plus de trois mètres.

- J'aurai aimer vous appeler "mon amie", parce que je crois que vous et Kalio êtes, comme on dit chez moi de "braves filles"...gentilles, serviables, honorables, même si elles ont du caractère. Mais je ne puis vous le proposer, parce qu'il ne fait pas bon d'être proche d'un membre du Maréchalat de l'Empire, et encore moins d'un "De Arnis", pour diverses raisons. Alors...

Siana baissa les yeux sur le sol.

- Alors, je vous propose de nous cantonner dans les rôles d'instructrice et d'étudiantes. Est-ce que cela vous suffira ?
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Ellianne
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Re: Comment former des officiers ?

Message par Ellianne »

Il y aurait pu avoir de la colère, encore une fois. Elle n’avait jamais apprécié l’ironie, fière comme tous ceux de sa race, dans leur gloire déraisonnable. Et il y avait encore eu un mot sur lequel elle aurait pu tiquer. En d’autres circonstances. Mais cette fois, la rage semblait l’avoir totalement quittée, et ne reviendrait pas si facilement. C’était elle qui l’avait fait partir à la poursuite de Siana, mais elle commençait maintenant à discerner une autre raison.

« Siana… Je… »

Elle n’avait jamais été douée pour ce genre de choses, même quand elle était encore chez elle. Sa tête se releva légèrement, et les yeux carmins qui jusque-là regardait le sol labouré devant elle se portèrent sur la silhouette humaine prostrée sur l’herbe verte.

« Moi non plus, je n’ais pas voulu vous insulter, et si ce que je vous ais dit l’a fait, je vous présente mes excuses. La transition de ma langue à la votre n’est pas toujours facile, et je crains que sous l’effet de la colère mes mots dépassent souvent ma pensée. »

La puissante créature se coucha sur le sol, sa tête reposant à pas plus de deux mètres de la praetorienne. Elle ne reprit pas forme « humaine », car ce n’était pas sa forme naturelle et qu’elle ne se sentait pas prête à tester à nouveau sa Maîtrise de la métamorphose, surtout celle-là.

« Je suis désolée de m’être emporté tout d’abord, mais ma Kwaené est comme ma chaire et mon sang, même si aujourd’hui ce sang s’écoule sans fin de la plaie à vif qu’est mon cœur. Sans doutes n’est-ce que pire, en fait. Nous vivons depuis des années sans nombre dans la Forêt des Brumes, comme nous avons toujours vécu depuis que nous nous y sommes établit, il y a tellement longtemps. Et nous y vivons heureux, si heureux. »

Il y avait une grande nostalgie dans sa voix, et une certaine mélancolie. C’était certes une étrange interlocutrice pour ce genre de conversation, et un bien étrange moment pour la tenir avec elle. Mais elle ne s’en souciait pas le moins du monde, pas plus qu’elle ne se souciait de ce que Siana penserait d’elle ensuite. Mais elle avait commencé à s’expliquer, et elle irait jusqu’au bout.

« Alors, quand vous avez si négligemment qualifié ce genre de civilisation d’arriérée… Ca a été comme un coup au cœur, et je me suis braquée, de façon assez idiote. Sans doutes est-ce moi l’enfant stupide, car j’ai encore beaucoup à apprendre, malgré mes années… »

Ses lèvres s’étirèrent en un sourire qui aurait pu être proprement effrayant, pour quelqu’un qui n’aurait pas su qui elle était ou dans quel contexte il se trouvait, car il dévoilait des crocs dangereusement… dangereux.

« Je me rend compte rétrospectivement que ces mots sont plus insultants dans votre langue et dans votre culture que chez moi. Une chose de plus sur laquelle m’excuser. Chez moi, cela n’a pas une connotation négative, ce n’est qu’une exclamation spontanée, qui traduit le peu de cas qu’on fait de la pertinence du comportement de la personne concernée. En gros. C’est plutôt quelque chose d’assez culturel, en fait… »

Même cela lui provoquait un pincement au cœur. Oh, par la Brume, le Soleil et la Lune, qu’elle aurait voulu ne jamais avoir à quitter les siens ! Qu’elle aurait voulu rester à jamais dans la tanière, près du foyer et de la pierre, avec les chasseurs.

« Tout cela pour dire que je suis sincèrement désolée, et que j’espère que mon « caractère », comme vous dites, ne portera pas préjudice au reste de notre collaboration, ou plus encore, à celle de Kalio. Vous savez, c’est encore beaucoup plus important pour elle que pour moi. Je n’ais plus personne à décevoir, moi, que la Dame, et la Dame est magnanime… Kalio, elle, est l’héritière d’une des Lignées de la Maison des Alwine. Je m’en voudrais jusqu’à la fin de mes tristes jours si elle devait subir le déshonneur à cause de moi. »

La conception de l’honneur par les Fées lui avait toujours semblé des plus étranges, de tout temps, mais elle respectait au plus haut point sa compagne féérique, et sa culture avec elle. Elle respectait aussi la Damoiselle, et la Princesse-Chef de Guerre, qui étaient les meneuses de ce peuple féminin.

« Si elle faillit, elle serait capable de mettre fin à ses jours, si on la laisse faire, et je ne veux en aucun cas compromettre ses chances. Elle est jeune, pour son Peuple, tout comme moi pour le mien, même si elle pourrait être notre arrière-grand-mère à toutes les deux, et largement. Il faut qu’elle face ses preuves, c’est une étape cruciale dans sa culture. »

Contrairement à ce que l’on croyait parfois de l’extérieur, la société alwinionaise, contenue jusqu’il y a peu dans les vastes étendues boisées et brumeuses de l’Alwinion, était très multiculturelle, et abritait de nombreux peuples qui avaient leurs propres traditions et leurs propres façons de faire. Certains se battaient, d’autres non, et alors que les Fées avaient toujours été parmi les premières défenseurs de la Forêt, la plupart des Kwaené ne sortaient jamais des Bois. Un cas tel que celui de Valéria était fort rare, en fait.

« Quant à nos relations… Je comprendrais parfaitement, après cela, que vous ne vouliez point vous risquer à établir des liens avec moi. Nous pouvons nous cantonner à des relations « élève-professeur », si vous le désirez, même si j’ose espérer que ces liens ne perdront pas la chaleur qu’ils avaient avant mon triste éclat et ses conséquences… »

Elle sentait pourtant bien qu’elle aurait pu devenir l’amie de cette belle femme-loup, mais elle respecterait sa volonté, quelles qu’en soit les raisons. Elle n’allait pas la forcé à se lier avec elle et sa compagne, tout de même ?

« Toutefois… Je ne vous conseil pas de répéter cette phrase précise devant Kalio. Elle vous répondrait un truc du genre « Les dangers qu’encoure ma Dame, je les encourais avec honneur ! », et après elle ne vous lâcherait plus les basques. »

Son sourire revint, plus grand, et en fait plus terrifiant pour le passant moyen. Siana, toutefois, devait avoir l’habitude de ce genre de malentendu potentiel, elle-même étant une métamorphe. Sa tête était posée sur ses dangereuses pattes, si puissantes, même proportionnellement à sa taille. Son regard rouge était apaisé, maintenant, comme s’il avait donné tout ce qu’il pouvait donner.
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