Chroniques de Galactica

On y est presque les gars!

Peyll se retourna vers ses compagnons. L’éclairage faisait en sorte qu’on ne voyait de son visage que le bout de son nez, sa généreuse moustache et sa bouche. Le reste était caché par son éternelle casquette salie par les années.

À l’arrière de la cabine, en retrait, Adrien tourna sur sa chaise. Il était habillé d’un pantalon noir et d’une chemise d’un blanc éclatant. Il portait ses cheveux bruns mi-longs et avait des yeux bleus rieurs. À l’entente de la voix de son ami, un rictus ironique apparu sur son visage.

T’en es sûr ce coup-ci?

Peyll regarda Adrien directement dans les yeux.

Puisque je te le dis.

Faut en être sûr, parce que, quelques heures plus tôt, tu avais dit exactement la même chose… pour ensuite te rendre compte que tu regardais le mauvais cadran. On a été franchement déçu sur le coup.

Non, cette fois j’en suis certain.

Parfait. Préparons-nous alors, mais… c’est toi qui le réveilles.

Accompagnant son geste par la parole, Adrien fit un signe de tête en direction de Ned, endormi sur une chaise, les bras croisés et les pieds sur une autre chaise qui avait eu le malheur de se trouver là. Ayant trouvé le temps long, il avait décidé de dormir un peu. Il savait parfaitement que ses deux amis pouvaient s’arranger seuls.

Peyll s’approcha de Ned, lui prit les épaules entre ses mains et le secoua un peu.

Aller, réveille-toi Ned.

Mmmm…? répondit-il, à moitié endormi.

On y est presque!

Ned ouvrit légèrement les yeux et regarda d’un air mécontent Peyll qui lui offrait, pour l’occasion, son plus beau sourire. Ned s’étira de tout son long pendant quelques secondes et se leva de sa chaise sans mot dire. Ensuite, il alla s’asseoir à son poste, la démarche un peu lente.

Peyll se rassit lui aussi à son poste et l’anxieuse attente put commencer. Depuis quelques années déjà, ils attendaient ce moment avec impatience. Ils étaient tous les trois excités à l’idée d’enfin y arriver.

Finalement, ce qui devait arriver arriva...

Une foreuse de la taille de dix hommes perça la surface sablonneuse de Désertica. Un lézard sursauta et courra à toutes pattes pour se réfugier dans un trou. L’animal n’avait jamais rien vu d’aussi gros sortir du sable.

Le soleil projetait sur la foreuse ses rayons et mettait en évidence l’éclat de la machine à des kilomètres à la ronde, rendant la subtilité de sa sortie nulle. La machine avança précautionneusement à l’aide de ses deux puissantes chenilles et s’arrêta non loin. Finalement, elle s’arrêta lentement de tourner et deux immenses portes en acier s’ouvrirent de chaque côté. Une rampe sortit de l’une d’elles et toucha terre. Trois hommes sortirent. Ce que virent ces hommes fut au-delà de leurs attentes les plus folles.
Ils virent un désert à perte de vue.

C’est… c’est magnifique!

Ce sont les seules paroles qui purent sortir de la bouche de Peyll. Il s’agenouilla à terre, laissa négligemment tomber sa casquette et plongea ses mains dans le sable chaud. La sensation de chaleur qui se répandit de ses mains à son corps tout entier fut si forte que ses yeux s’embuèrent. Deux larmes glissèrent sur ses joues et allèrent mourir sur son chandail. Adrien et Ned, de leur côté, bras dessus-dessous, regardaient avec étonnement le spectacle qui s’offrait à eux. Ils étaient tous très heureux d’enfin arriver sur ces terres dont ils n’ont pu qu’entendre parler. On leur avait décrit la beauté de ces terres. On leur avait dit l’immensité de ce monde. Cependant, ce qu’on leur avait dit était très loin de la réalité, à des années-lumière de là.

Après quelques minutes de contemplation, Peyll se releva enfin et ramassa sa casquette à terre. Il essuya ses yeux mouillés avec son chandail et plaça la casquette sur sa tête.

Les gars… je vais les avertir qu’on est arrivé et qu’on commence tout de suite les travaux.

Oui, c’est parfait. dit Ned, sans le regarder.

Peyll rentra dans l’immense machine et s’étonna encore de voir tout ce matériel entreposé dans cette structure. Ces drones solidement accrochés au sol et placés en rangées parfaitement alignées. Ces immenses piliers d’acier. Tous ces objets au nombre démesuré qui se trouvait là, devant lui. Parfois il avait le vertige au simple fait d’y penser. Il s’arracha à ses réflexions et se dirigea vers un escalier. Il le monta et suivit un couloir linéaire pendant quelques minutes. Peyll arriva à la salle de commande et s’approcha d’un microphone. Il appuya enfin sur un bouton pour transmettre un message.

La Base, ici Peyll. Je suis heureux de vous annoncer que nous venons de faire surface.