Reflets du passé

Ici sont chroniquées les histoires des Etats et de leurs dirigeants

Modérateur : Modérateurs

Avatar de l’utilisateur
Kossnei
Soulis de Kalyso
Messages : 1177
Inscription : 19 févr. 2008, 18:46

Re: Reflets du passé

Message par Kossnei »

« Retourne-toi, baisse le bras, cligne des yeux ou respire, et tu es morte. »

Trenia était immobilisée, une lame sous sa gorge. Derrière elle, son agresseur, les yeux fermés, de sa main libre, l'agrippa fermement par le col. Le silence qui s'installa contrastait avec la violence établie à quelques mètres de là, où l'on entendait hurler d'abominables plaintes.

Ce fut la Conseillère qui le brisa :


« Qui t'a permis de poser le pied sur cet état, rat de laboratoire ? Ta maîtresse ne t'a pas abandonné à Sombrot comme tous les autres ? »

Devant l'absence de réaction de son adversaire, qui renforça son étreinte, elle continua :

« Tu te sens fort, hein ? Heureux, d'avoir accompli le devoir que t'avait donné cette chienne de Nikki ? Et tu y gagnes quoi, dans tout ça ? Sa reconnaissance inexistante, non ? Ou alors as-tu enfin pu poser tes sales pattes de sous-fifre sur ce corps dont tu rêves tous les soirs et qu'elle t'a promis durant des années sans t'en laisser goûter la moin... »

Trenia fut coupée en pleine phrase. Du sang jaillit de sa bouche. L'homme qui la maintenait relâcha son étreinte, et l'Enjôleuse tomba à terre, inerte, un petit poignard logé entre ses omoplates.
Si concentrée qu'elle fût, elle n'avait rien eu le temps de remarquer. La vitesse d'action d'Etseko Mirrlahq, l'homme de main et garde du corps de Nikki Katarilis, ne faisait pas mentir la légende...
Alors l'Enjôleuse ferma les yeux, et Etseko disparut, s'engouffrant dans la ruelle, hanté qu'il était par la réussite de la mission que Nikki Katarilis lui avait confié : protéger sa mère, Rikka.


---

De l'autre côté de la ruelle, David Histel, entouré d'assaillants, avait dégainé son arme. Tirant deux, trois coups, il abattit deux hommes, qui s'écroulèrent à ses pieds. Il réitéra sa menace, braquant alternativement les trois hommes qui se trouvaient le plus près de lui :

« Je vous avais dit de reculer... Allez, maintenant, pas de geste brusque, et à terre. Tous ! »

Ses opposants le fixèrent avec ce même regard vide qu'ils affichaient déjà depuis plusieurs minutes. Une étincelle vint animer leurs yeux, puis ils se précipitèrent tous sur le pauvre espion platin qui, quelques coups de feu plus tard, se retrouva projeté à terre, tout comme son arme qui glissa quelques mètres plus loin. Il reçut un violent coup de pied au visage, et son crâne alla heurter le seuil de la porte de Rikka Katarilis, qui était toujours réfugiée près du feu.

L'officier hurla, avant d'attraper un jeune garçon par la chemise et de se relever, l'utilisant comme bouclier.


« Bande de fous... Arrêtez, maintenant... ou... je tue... ce garçon... », haleta Histel.

La foule s'immobilisa. Tombant à genoux, une femme se mit à sangloter. Autour d'elle, interloqués, quelques hommes ouvraient et fermaient la bouche comme pour essayer d'entrer en communication avec la mère de l'enfant.
Mais aucun son ne sortit de leur bouche, et ils restèrent là, comme paralysés, la taille de leurs pupilles respectives évoluant sans cesse, comme s'ils revenaient à eux l'espace d'une seconde, avant de retomber sous le contrôle de la magie de Trenia Heqat, qui devait être en difficulté, quelque part.

Histel profita de ce moment de flottement pour se faufiler à l'intérieur de la maison.


« Non, ne me touchez pas, monstre ! Je n'ai rien fait de mal ! »

L'officier platin attrapa le bras de Rikka Katarilis et l'emmena à l'étage, de force.

« Mme Katarilis, je suis David Histel, Service des Renseignements de l'Etat-Major Platin. Je suis censé vous surveiller, sur ordre de l'Impératrice. Je ne vous veux aucun mal, calmez-vous. »

Rikka ne répondit pas. Elle était recroquevillée contre son lit, tremblante. L'homme s'assura qu'elle était dans un état stable, avant de se relever et d'aller jeter un coup d’œil à la fenêtre.
Le groupe qui l'avait attaqué était toujours inerte, en cercle autour de la jeune femme qui semblait avoir été sortie de son mutisme. Elle criait des paroles étouffées par le double vitrage lorsque ce dernier se teinta de rouge. La ruelle se transforma en un véritable bain de sang.

Histel sursauta et attrapa son TrustCom.


« Ici Histel, j'ai besoin de renforts immédiats au 2 Ter, impasse Ciur ! J'ai retrouvé la cible et rencontre des obstacles bien au-delà de mon niveau de compétences... »

Il tendit l'oreille. Dans la rue, tout était redevenu calme. Seul le crissement de la ferraille sur le pavé venait troubler le calme qui venait de succéder à la tempête, mais qui sans aucun doute en précédait une bien plus terrible...
« Altea seit Ethel. Ton nom ne sera jamais oublié... » - Kami Raykovith
Avatar de l’utilisateur
Kossnei
Soulis de Kalyso
Messages : 1177
Inscription : 19 févr. 2008, 18:46

Re: Reflets du passé

Message par Kossnei »

Le jeune officier jeta à nouveau un regard par la fenêtre. Les corps de ses agresseurs y étaient épars, exsangues morceaux de chairs habilement découpés à l'épée qu'ils étaient devenus...

Le silence avait finalement succédé au crissement abominable de l'arme d'Etseko. On n'entendait plus que la respiration haletante de Rikka Katarilis, toujours adossée à son lit, abasourdie de la situation que lui réservait cette matinée.


« Chut, plus un bruit ! », lui intima Histel, oppressé, alors qu'un homme passait l'embrasure de la porte, serein.

L'espion platin se retourna, et braqua son arme sur l'homme, qui disparut et se retrouva nez à nez avec la mère de l'Amirale.


« Qu'est-ce que... Pas un geste, vous êtes en état d'arr... »

« Hé, l'idiot. Nikki Katarilis, ça t'parle ? »

L'homme avait enfin ouvert la bouche. Il détourna son attention de Rikka Katarilis, puis se releva, se plaçant enfin face à face avec Histel.

L'officier platin fut décontenancé par ce qu'il vit. Le visage d'Etseko était scarifié, ensanglanté, et ses yeux couverts par un bandeau noir à l'effigie des Procréateurs de Combination.

« Qu... Alors c'est vous, les Procréateurs de Combination ? Nikki... Elle en fait partie, c'est ça ? »

Etseko eut un petit rictus.

« Eh bien, tu en sais des choses, pour un fonctionnaire des Renseignements platins », lâcha-t-il ironiquement.

Histel fit la moue, ne baissant toujours pas son arme.

« Je suis désolé, mais je ne peux pas vous laisser Katarilis. Quoiqu'il arrive. C'est un ordre de l'Impératrice, y désobéir me mènerait en cour martiale... »

En s'asseyant en tailleur, Etseko répliqua, avec cette désinvolture qui rappela à Histel son mentor, Devar Shurak :

« T'excite pas, va, j'sais bien. J'voudrais qu'on parle. Je veux rencontrer l'Impératrice au sujet de cette affaire. Je ne peux pas protéger cette femme tout seul et... - il tendit l'oreille - rah, arrête de me braquer, à la fin ! »

Le jeune homme eut un petit sursaut, ne s'attendant pas à ce que l'homme puisse le voir, puis rangea doucement son arme, méfiant.

« La protéger, vous dites ? Vous n'êtes pas là pour la tuer ? »

Etseko Mirrlahq éclata de rire, et répliqua :

« La tuer ? Je sers Nikki Katarilis, génitrice des Procréateurs de Combination, et je devrais tuer sa mère ? Qu'est-ce qui ne fonctionne pas bien chez toi ? »

Tout en sortant une flasque de sa ceinture, il continua :

« Non, vois-tu, le Grand Conseil, en la personne de feu Trenia Heqat, est à sa recherche. Et j'ai peur que, malgré l'accomplissement de ma mission, la Corporation ne continue à nous poursuivre... »

Il but une gorgée, et en profita pour reprendre sa respiration.

« Bon, de toute manière, si j'ai bien compris, les "renforts" arrivent, hein ? Vous allez pouvoir m'emmener voir Ethel Trust, non ? »

Histel resta coi, puis posa les yeux vers l'extérieur de la maison, pensif.

« Je ne sais pas, il faut que... »

Il marqua une pause, le regard vide toujours braqué vers la fenêtre.

« Il faut que... ? », interrogea Etseko Mirrlahq. Aveugle qu'il était, il n'avait pas vu, comme Histel, ces deux iris bleutés rayonner à la lumière du soleil, sur le toit voisin... En revanche, il pouvait sentir cette présence que dégageait cet homme se rapprocher de lui, subrepticement...

« Il faut que vous retiriez votre bandeau, avant de voir l'Impératrice », déclara l'officier platin d'une voix monocorde, alors que Rikka Katarilis éclatait soudain d'un rire cristallin...
« Altea seit Ethel. Ton nom ne sera jamais oublié... » - Kami Raykovith
Avatar de l’utilisateur
Kossnei
Soulis de Kalyso
Messages : 1177
Inscription : 19 févr. 2008, 18:46

Re: Reflets du passé

Message par Kossnei »

Ahahahahahahahahahahahahahah !

Le son du rire glacial de Rikka Katarilis vrilla les oreilles aiguisées d'Etseko Mirrlahq. Le Capitaine Histel tenta de lui attraper le bras, mais il l'esquiva, reculant de quelques pas, et brandissant son épée en signe de rébellion.


« Qu'est-ce que cela veut dire, platin ? »

Etseko avait les sens aux aguets. Le moindre faux-pas, et c'était la mort, il le savait. Il ignorait encore la raison de l'agression, toutefois. Soudain, un frottement, le bruit d'une arme que l'on charge.

« Allons, retirez ce bandeau... »

Etseko sentait que quelque chose ne tournait pas rond. Pourquoi, tout d'un coup, cet allié le menaçait-il ? Était-ce la requête d'une entrevue avec Ethel Trust qui l'avait effrayé, ou bien...

« Ne faites pas l'enfant, Etseko Mirrlahq... »

Ce dernier eut un sursaut de surprise. Comment cet homme connaissait-il son nom ? A moins que...

Un bruit de revolver que l'on amorce...

Etseko tilta enfin. Le platin ne le connaissait pas, c'était en réalité...


« Trenia... » grinça-t-il.

La machine se mit en marche. Histel tira trois coups, qu'Etseko, dans la cécité que lui prodiguait son bandeau, esquiva avec difficulté. Une balle lui frôla l'épaule, il trébucha, et s'étala de tout son long aux pieds de Rikka Katarilis, qui s'amusa de plus belle d'un rire sans vie.

David Histel profita de ce moment inédit pour porter la main aux yeux de son adversaire, et de lui retirer ce qui les couvrait.


« Non ! », hurla alors Etseko. Il se releva rapidement, le bras devant les yeux, et de son visage déformé par la haine répliqua sans plus attendre.
Il se rua sur Histel et le transperça de sa lame. Ce dernier chuta sur les genoux, avant qu'un long râle ne s'échappe de sa gorge... pour la dernière fois.


« Ce n'est pas ce que je voulais, tu m'y as obligé... Tu aurais dû lutter... Je suis désolé. », soupira Etseko en posant sa main sur le bras du cadavre de l'officier platin.

Mais là s'arrêta la mélancolie d'Etseko qui redonna à son visage sa dureté habituelle. Il se redressa, et se tourna vers la fenêtre, dans l'entrebâillement de laquelle le toisait, assise en équilibre sur le rebord, l'Enjôleuse et Grande Conseillère, Trenia Heqat, tentant d'arborer un sourire que la blessure infligée par le sous-fifre de Nikki rendait peu élégant.

Lorsqu'elle posa le pied sur le sol, triomphante, Etseko souffrait de la coupure qu'il avait à l'épaule droite, l'empêchant de manipuler son arme avec aisance. De plus, son bras gauche lui barrant toujours la vue, il était dans une posture misérable face à la Conseillère qui, d'un pas lent et sadique, avançait doucement vers lui.

Elle prit la parole d'une voix doucereuse :


« Alors, Etseko, on tue des innocents ? Viens plutôt achever ce que tu as commencé, si tu en es encore capable. »

Elle fut prise d'une toux passagère mais non moins violente, et de sa bouche jaillit une gerbe de sang. Son regard se durcit lorsqu'elle enchaîna :

« Tu m'as blessée, chien ? Tu as osé porter la main sur l'Enjôleuse ? Ouvre donc les yeux, à présent, que je m'occupe de toi. »

« Tu peux toujours rêver, Heqat... »
lâcha-t-il d'une voix grinçante.

Rikka Katarilis se leva en silence, dans son dos.

« Etseko, Etseko... Ne t'ai-je pas dit d'arrêter de faire l'enfant ? Tu serais bien mieux dans mes rangs qu'à servir cette petite catin de Nikki. Non ? »

Le coeur de l'homme fit un bond dans sa poitrine, et cet instant d'hésitation suffit à Rikka pour le surprendre. Elle lui mordit sauvagement l'épaule qu'il avait meurtrie, et lui arracha un bout de chair. Hésitant à décapiter l'innocente, le guerrier perdit l'initiative. Trenia lui infligea une violente claque, et il tomba à terre. La mère de Katarilis, sous contrôle de l'Enjôleuse, sauta sur l'homme, et l'immobilisa sans souci, comme si la volonté de sa maîtresse faisait officie de force physique. Non sans mal, elle parvint enfin à lui ouvrir les yeux, dans lesquels se plongea alors Trenia, tentant d'enjôler le fier Etseko.

La joie fut de courte durée pour la Grande Conseillère. Son pouvoir était aussi inefficace que la vue de son adversaire était inexistante. Un sourire s'étira sur les lèvres de l'aveugle alors qu'il profita de la surprise de son opposante pour écarter son pantin, et de lui enfoncer sa lame profondément dans l'estomac.


« Ahahah... Tu as le bonjour de Nikki, Heqat... » souffla l'homme d'une voix faible avant de s'évanouir sous les coups hargneux de Rikka Katarilis dont Trenia avait repris le contrôle, sous l'effet de la haine intense qu'avait déclenchée la douleur.

Haletant, vomissant du sang, l'Enjôleuse se traîna à terre, s'écartant du bain de sang dans lequel était en train de baigner son adversaire, qui n'était désormais plus qu'une poupée dont Katarilis déchirait chaque parcelle de peau, usant de ses griffes et de ses dents comme armes meurtrières.
Mais, tentant d'échapper à la mort, Trenia perdit peu à peu le contrôle de cette dernière... jusqu'à ce qu'enfin elle reprenne ses esprits et que Heqat ne sombre enfin dans les ténèbres.
« Altea seit Ethel. Ton nom ne sera jamais oublié... » - Kami Raykovith
Avatar de l’utilisateur
Kossnei
Soulis de Kalyso
Messages : 1177
Inscription : 19 févr. 2008, 18:46

Re: Reflets du passé

Message par Kossnei »

Il est des événements qui changent une destinée. Il y a, en ce monde, des décisions qui, sans attente aucune, renversent le cours des choses, et altèrent un futur incertain pour le modeler à leur guise. N'est pas Grand Conseiller qui veut. Certains usent de la force, d'autres du courage, ou même de la sagesse. Toutefois, il existe une qualité indispensable et dont d'aucuns ne s'aventureraient à s'en vanter, car elle fait partie de ces vertus qui gênent.

Et pourtant... Si, à l'époque, en Ekelia, la grande Enjôleuse n'avait pris des précautions inespérées, profitant d'un simple instant d'inattention pour s'infiltrer dans une infime brèche, qui s'avéra par la suite être celle du Voile... Si, par la suite, elle n'était revenue à la vie, damant le pion à tout un peuple, dont elle lorgnera néanmoins le passé pour le reste de sa vie, faisant de l'envie son fardeau ; de la jalousie, son bourreau... Si, enfin, cette jeune surdouée n'avait, en ses ultimes secondes d'espoir, lancé un regard empli de ses dernières forces d'Enjôleuse à Rikka Katarilis, alors elle aurait sûrement disparu à jamais, laissant la fille de cette dernière libre d'enfin respirer, et de continuer d'avancer, de vivre... et d'aimer.

Mais le destin, et surtout l'opportunisme de Trenia, cette vilaine qualité, qui définit tant l'arriviste que le manipulateur, en voulurent autrement.

Secouée, Rikka Katarilis, femme rongée que le désespoir, le malheur et la solitude avaient submergé d'une tristesse sans égale, la mère d'une Amirale qui l'avait quitté pour la violence et le pouvoir, le succès et l'honneur, s'était retrouvée désarmée face à ces yeux si nostalgiques, qui en elle réveillaient la plus vive des douleurs, et le plus tranchant des souvenirs, et elle l'avait vue, devinée, reconnue...

Et avait couru à son secours, suivant son instinct maternel puissant, et son amour sans égal.

Alors Trenia Heqat avait gagné son duel. Son pari. La plus incroyable de ses batailles. Elle se retrouvait, dans la chambre de Nikki Katarilis, cette minuscule pièce que le passé n'avait laissée vierge, encore, de sourires, de larmes, de joie, de tristesse... Oui, elle se surprit à s'éveiller, alitée dans le foyer de son ennemie jurée, soignée par sa génitrice, qui en son infinie bonté avait signé la mort de l'être chéri...


« Ah, Nikki, tu es revenue à toi ! Tu ne peux pas savoir à quel point j'ai eu peur pour toi, mon bébé... Viens là que je t'embrasse... »

Tout refit surface dans l'esprit de Trenia au moment où la mère de l'Amirale Mana-Li II posa le pied dans la petite chambrette. Alors un sourire s'anima sur son visage, rictus fou de la victoire, et elle eut bien du mal à entrer dans le jeu qu'elle avait elle-même posé, en jouant la dernière carte de sa main, avant de s'évanouir. Mais elle y parvint, malgré tout, si excitée qu'elle fût, au plus profond de son cœur agité :

« Maman... Tu m'as sauvée... » dicta-t-elle, en tentant du mieux qu'elle pût de feindre l'émotion.

Et devant le visage rayonnant de la vieille femme, elle sut que la victoire était enfin là.



---

Bureau réaménagé en laboratoire, sous-sol de la planque de Kami Raykovith et Nikki Katarilis, 3h28.


« Nous y voilà... Tu es prête, Nikki ? »

J'étais épuisée, mais j'acquiesçai d'un signe de tête enjoué. Ces nombreuses heures d'expériences m'avaient tant usée que j'en avais perdu la notion du temps. Lorsque Kami entama l'étalonnage notre système, ma vue commença à s'affoler. Je n'y prêtais pas garde et croisai les doigts en silence, esquissant un sourire gêné lorsqu'un frisson me frappa à l'établissement de la Combination. Le lien scientifico-magique était fait. Je priais en silence pour notre réussite, alors que devant moi survint une explosion photonique exceptionnelle. Je me protégeai rapidement, plus par réflexe que raison.

Lorsque je rouvris les yeux, je constatai avec déception que nous avions échoué... Mais l'espoir me redonna courage, et je m'attelai rapidement à remettre en marche le dispositif, prenant bien soin de réviser toutes les formules utilisées.


---

Demeure de Rikka Katarilis, 3h58.


« S'il te plaît, ma puce, arrête, je veux dormir... Il est tard... »

« Mais à qui parles-tu donc, Rikka ? »


Trenia rit, tandis qu'elle s'affairait à poser diverses sondes sur le corps de Rikka, attachée à une chaise.

« Nikki, s'il te plaît, je sais que cela fait des années, mais nous continuerons de coudre ensemble demain matin, je te le promets... »

« Bien, elle commence à faiblir. Son psychique va bientôt sombrer, mais il faut que le physique suive... » pensa Trenia.

Elle attrapa le thé qu'elle avait fait chauffer, puis le tendit à Rikka, non sans l'avoir saupoudré de sa touche personnelle.


« Tiens, veux-tu du thé ? Je l'ai fait spécialement pour toi... »


---

Sous-sol de la planque de Kami Raykovith et Nikki Katarilis, 4h41.


La fatigue commençait à m'achever, alors que nous lancions notre énième expérience. Je ne sentais plus mes membres tant nous manquions tous deux de sommeil. De petites lumières blanches volaient devant mes yeux, voilant toujours plus ma vue.

Kami lança une nouvelle fois le dispositif. Il était couvert de micro-entailles laminant ses avant-bras et son visage. Je proposai de les lui soigner, mais il refusa, m'indiquant, interloqué, qu'il s'agissait d'empreintes magiques dont aucun aseptisant ne pouvait venir à bout.


« Oui, c'est vrai... Où avais-je la tête... » répondis-je, évasive. Je ne voulais certainement pas le troubler à l'aube de notre réussite.

Je m'assis en silence, dans son dos, tentant de récupérer un peu de forces. Je sentais le sommeil m'assaillir, mais l'excitation me maintenait éveillée. Lorsque, enfin, Kami conclut que l'expérience était un succès, même l'exténuation ne put retenir mon émotion. Je plongeai les yeux dans les siens, déterminée, lui faisant part de l'honneur qui m'emplissait d'avoir pu travailler avec lui tout ce temps pour en arriver jusque là... L'ultime Combination.

Amusé, il me prit la main, et m'entraîna par magie au sommet de notre planque. J'eus un rire étouffé lorsque nous posâmes les pieds sur le toit en tuiles. Les lumières floues m'assaillirent alors que nous nous assîmes sous les pâles reflets des étoiles et, paradoxalement, face aux plus grandes extravagances de la planète-lumière.
Retrouvant un élan de force, je tournai mon visage fatigué vers Kami, et l'observai un moment. Il était si impressionnant que j'en étais tout étourdie. Peut-être était-ce l'ambiance, ou l'épuisement, mais jamais je ne m'étais un jour sentie aussi faible, exposée, qu'en cette nuit. Je lui en voulais de me rendre ainsi, mais la sensibilité que j'avais découverte en lui, si émouvante, me faisait me raviser à chaque fois.

Alors, insouciante, savourant ce moment exceptionnel, je posai ma tête sur son épaule. C'était si... apaisant. Je me sentis revivre, après toutes ces années passées à souffrir de ma haine, de ma fierté....


Je voulus lui dire... Je m'entendis presque...

« Je t'aime, Kami... »

... mais les mots ne sortirent pas.


---

Demeure de Rikka Katarilis.


« Pourquoi... Ni...kki... Pour... quoi ? »

Trenia Heqat avait un regard de démente. Le glas sonnait, enfin. Elle avait les yeux scotchés sur la vieille femme, et l'assaillait par la pensée, sans interruptions, la faisant chuter de sa chaise sur le côté, et heurter violemment le sol, tant les tremblements qui l'habitaient étaient intenses.

« Pourquoi quoi, Rikka ? »

La vieille dame avait les pupilles retournées, un filet de bave dégoulina lentement de sa bouche, et alla dissoudre la poussière éparse sur le sol.

« P...qu...oi... me... f..ais...tu...tant...d..e...m..al... m.a.... fi...lle... »

Trenia Heqat éclata d'un rire salvateur. C'était fini, elle avait gagné.

« Mais qu'est-ce que tu racontes, idiote ? Tu n'as jamais eu de fille. Elle n'est qu'une des innombrables illusions dont te berce ta FOLIE !!! »

Trenia hurla comme une dégénérée, tandis que Rikka Katarilis vomissait ses organes sur les dalles de pierre. Cette dernière eut l'impression de mourir, comme si on lui arrachait une partie de sa vie... Mais elle vécut, oh oui, elle survécut... Car Trenia, dans l'acte le plus horrible d'Enjôleuse, lui avait fait oublier que, un jour, cette vieille, pauvre femme avait donné naissance à un enfant.


---

« Kami ? Je... Je... »
« Altea seit Ethel. Ton nom ne sera jamais oublié... » - Kami Raykovith
Avatar de l’utilisateur
Sergent Kami
Soulis de Kalyso
Messages : 785
Inscription : 20 févr. 2008, 10:36

Re: Reflets du passé

Message par Sergent Kami »

Jour J - Quartier commerçant, bureau du sous-sol de la planque, 13h00 environ

Mon communicateur sonnait. Code 4. Je fixais d’un œil critique le bureau sur lequel mon équipement se trouvait étalé. Revolvers, balles à l’uranium, grenades du même élément, oreillette pour communiquer avec Naïssha... Tout devait être parfait car aujourd’hui dans cette cacophonie musicale que représentait la Corporation, je m’improvisais chef d’orchestre. La symphonie ne souffrirait d’aucune fausse note, j’en faisais le serment.


Allée principale face à la Corporation galactique, 13h30 environ


Je foulais d’un pas léger l’immense allée de pavés usés menant au grand hall de la Corporation. Léger comme la brise qui caressait mon visage, éveillant chacun de mes sens pour l’acte final. En maître d’armes qualifié, je m’arrêtais pour observer mon environnement. Une dizaine de gardes armés discutaient çà et là, dans l’expectative d’une attaque à domicile. Ce n’était qu’une avant-garde tout juste bonne à alerter le reste des garnisons… avant que je ne me nourrisse de cette magie qui les animaient.

J’imaginais que mon public commençait à s’impatienter, je décidais donc de m’approcher d’un groupe de soldats choisis au hasard parmi l’échantillon gracieusement proposé par la Corporation. Sans un mot, je leur laissais le temps d’apprécier des traits de mon visage alors souriant avant de les abattre froidement à l’aide de mon révolver. L’alerte était donnée. Les gardes restant m’encerclèrent, me demandant d’une manière peu polie de poser mon arme au sol. Comme si ces amuse-bouches pouvaient se permettre de me donner un ordre. La réponse ne se fit pas attendre. Je pétrifiais mon assemblée à l’aide de runes de stase avant d’ouvrir de multiples canaux magiques. Sentir l’énergie ainsi affluer me procurait une étrange sensation de bien-être, bien que malsaine. Je m’approchais d’un garde sans vie pour lui prendre son appareil de communication.


Trenia. Dans ta volonté d’éteindre définitivement les procréateurs tu as soufflé la Flamme. Mais le Feu, lui, continue de se répandre. Seras-tu assez forte pour arrêter l’incendie qui te menace avant que la poudre n’explose ?


J’avais à peine eu le temps de terminer ma phrase qu’une forte pression magique s’abattait sur le champ de bataille. Le sceau d’anti-magie venait d’être activé. Il était temps d’en annuler ses effets. Je créais une bulle magique d’un diamètre suffisamment large pour que je ne sois pas gêné dans mon office mais d’une légèreté sans égal de manière à la rendre quasiment imperceptible pour l’ennemi.

Ce même ennemi qui sortait par dizaines du bâtiment corporatif dans une diarrhée humaine indescriptible, optant pour une formation défensive sur le parvis de la corporation. Trenia se tenait derrière ses hommes. L’atmosphère était tendue ; pas un coup de feu ne vint troubler ce silence de mort. Il était évident que malgré ma puissance, je ne faisais pas le poids face à ce bataillon surentrainé. Fixant la jeune nécroman, je libérais mon aura et me dématérialisais. Efface donc ton sourire petite garce, pensais-je. En effet, ce n’était qu’une question de temps avant que la cavalerie ne me sorte de cette inconfortable situation. Lentement, une vingtaine de soldats firent le tour pour m’encercler à nouveau, sans prêter attention à leurs congénères mourants.

C’est terminé Kami. Rends-toi.



Tssh. Mets-toi à couvert Kami, des chasseurs vont ratisser ton secteur. Le reste de l’armée va s’attaquer à la Tour blanche pour te faire gagner un maximum de temps. Bonne chance mon frère.


Juste à temps, comme d’habitude. Le bruit d’une bataille d’un autre genre se fit entendre au loin et allait en s’intensifiant. Six chasseurs nucléaire qui volaient à basse altitude ouvrirent le feu avec les mitrailleuses laser. Surpris par ce revirement de situation, une partie du bataillon tomba. La plupart des hommes de la Corporation coururent vers des positions mieux protégées pour se défendre face à la menace aérienne. Le reste des survivants disparut en une fine pluie de sang et de membres, emportés par une violente explosion au moment où je me rematérialisais. Il ne restait plus que Trenia et moi.

Isolation.

Un cercle blanc apparut autour de nous deux, avant de voir le décor disparaître peu à peu comme avalé par les ténèbres. Il n’y avait plus une trace de la bataille qui se déroulait à la Corporation hormis le sang et les membres répandus çà et là sur la poignée de pavé qui constituaient la nouvelle arène. De même qu’aucune sonorité parasite ne troublait cet instant privilégié. Nous étions parfaitement seuls. La conseillère, qui semblait surprise dans un premier temps, se ressaisit bien vite et nous nous fixâmes sans piper mot. Trenia semblait concentrée. Pour ma part je commençais à barricader mon esprit. Lequel de mon iris explosif ou ton iris envoûtant serait révélerait être le plus puissant ?


L’espace d’un sourire, je me sentis catapulté vers le fond de mon esprit. La partie périphérique de ce dernier, la raison, tomba quasiment instantanément sous son contrôle. L’émotion, plus profondément enfouie ne tint guère plus de temps. La troisième des quatre résista un moment avant de flancher à son tour. Ce ne fut qu’au niveau de la quatrième et dernière barricade, épicentre de mon être que l’impact envoûtant fut bloqué par le puissant instinct animal qui inconsciemment régissait chacune de mes décisions au jour le jour. Profitant du retrait de cette marée captivante, je traversais à mon tour cette brève de mon esprit tel un tsunami. La magie de Trenia se dissipa totalement au moment où je repris le contrôle de mes émotions et que cette rage contenue depuis des années en moi refis violement surface, prenant le pas sur la raison.

A mon retour à la réalité, je regardais vaguement ma lame, comme si elle m’avait subtilement susurré de mettre fin à mes jours. Je relevais violement la tête, la toisant d’un regard emplis de haine.

Non, tu… ça ne peut pas se finir ainsi. Tu étais sous mon contrôle. J’avais réussi à te dompter Kami. Je t’avais vaincu. Pourquoi ? Répond !


Mon sang ne fit qu’un tour. Hurlant cette colère qui me possédait tel une bête, je me téléportais projetant une vague de fumée. L’instant d’après, je réapparus ma lame plantée juste sous le sternum de la conseillère. Lourdement amplifié par la magie, l’impact créa de multiples hémorragies tout en disloquant conjointement l’aura de la conseillère et la rune d’isolement. De retour au milieu des bombes, mon regard croisa celui de ma victime. La colère fis place tour à tour à l’incompréhension puis à ce sentiment indescriptible, lorsqu’on se sent absout de tous nos pêchés. Le projet OBE tuant ma femme et ma fille, ta chasse à l’homme emportant finalement Nikki… Je n’allais certainement pas te laisser partir si facilement après que tu m’ais par deux fois blessé si profondément…. Même l’éternité aurait du mal à me faire oublier tout cela.


Téléportation.

La deserticaine disparut dans un halo de lumière. Je prêtais maintenant attention à mon environnement. La verdoyante et accueillante corporation n’était plus qu’une terre maltraitée par les affrontements qui se déroulaient désormais au dessus de ma tête. Cratères et autres carcasses d’appareils remplaçaient les verdoyantes allées et jardins de l’institution. La tour blanche n’était toujours pas tombée, protégée par un immense bouclier magique. Voyant le déluge d’obus et autres munitions qui traversaient l’atmosphère pour le mettre à mal, je supposais que Naïssha concentrait toute sa force de frappe en un baroud d’honneur, avant de s’éclipser.

Des applaudissements bruyants me firent sursauter. Une nouvelle pièce sur l’échiquier venait se confronter au cavalier blanc jusque là invaincu. Je reculais d’un pas avant de me téléporter en arrière lorsque je réalisais que ce n’était ni plus ni moins que la reine noire, en la personne de la conseillère Pandora. Surement au fait de mon sixième sens, son incroyable aura m’avait été dissimulée jusqu'à maintenant. Cela constituait en soi une très mauvaise surprise.


Très surprenant, commenta-t-elle froidement. Je ne m’attendais pas à vous voir venir à bout de la conseillère Heqat, aussi faible soit-elle. Si vos crimes n’avaient pas été si graves, je suppose que vous auriez votre place parmi nous.

Allons, dame Pandora. Une femme aussi intelligente que vous comprend parfaitement que tout ceci dépasse largement les ressentis que deux personnes éprouvent l’une pour l’autre. Il s’agit avant tout d’une guerre d’idée. La liberté et la justice s’opposant au règne despotique de Terluan. Tout comme vous, il y a un peu plus de deux ans.


Les pupilles de la volcanienne se dilatèrent. Visiblement j’avais touché un point sensible.

Comment savez-vous cela ? lança Pandora, une pointe d’émotion dans la voix.

Je me trouvais dans cet amphithéâtre pris en otage. A la seule différence que j’y suis resté de mon plein gré tant vous aviez éveillé ma curiosité. Je vous ai vu vous battre avec foi, foi qui fondit comme neige au soleil lorsque Terluan apparut. Et maintenant, vous êtes l’un de ses pions. Un véritable gâchis n’est-ce pas ?


Elle n’eut aucune réaction, sans doute prise dans ses pensées d’un passé qui lui revenait violement dans la figure. J’en profitais pour évaluer mes chances, avant de me résigner. Sa présence ici impliquait la fin de cette opération.


Vous n’auriez pas dû venir.

Allons, il n’y aurait pu avoir de meilleure conclusion. Tout comme Aschlan l’implora avant de disparaître, je vais vous demander une faveur. Avant que je ne meure, accordez-moi juste une dernière danse.


Devant ces mots anodins et pourtant si lourds de sens, la Conseillère et moi échangeâmes un sourire complice avant qu’elle n’invoque son katana enchanté.


En garde !

En temps normal, ma priorité aurait été d’économiser mon énergie au cas où le combat s’éternise. Bien qu’ayant absorbé d’immenses quantités d’énergie, le sceau de Terluan pouvait à tout moment me couper l’herbe sous le pied en me privant de mes dons si particuliers. Optant pour une stratégie de harcèlement, je bondis sur une conseillère toujours en garde, avant de me téléporter dans son dos. D’un reflexe exceptionnel, la dame fit volte-face et une langue de feu trancha la fumée. Trop lent. J’accélérais la cadence.


Les prochaines minutes ne furent qu’une succession de téléportations, de parades et d’esquives. Je commençais à entrevoir une faille dans cette défense impénétrable. J’enchainais plusieurs téléportations successives, constatant un retard de plus en plus élevé dans la réponse de la Conseillère. Finalement, je portais un coup qui laissa une entaille sur la joue couleur albâtre de la volcanienne. La femme fronça les sourcils, m’envoyant une puissante vague énergétique que je n’eus le temps d’esquiver.


Se retrouver face contre terre était une expérience désagréable que je n’avais pas vécu depuis longtemps. Me relevant, je me dématérialisai, sentant de nouvelles vagues magiques converger dans ma direction. Nous nous fixions, tous deux souriants et le souffle court. Soudain, la pression magique grandit fortement à tel point que je dus me rematerialiser, posant un genou à terre. Je sacrifiais drastiquement ma liberté de mouvement en réduisant la taille de la bulle défensive. Pandora profita de mon inattention pour me faire à nouveau goutter la poussière. Je me relevais plus lentement, la douleur s’accroissant au fil du temps.


Ce n’est pas très fair-play, dis-je en essuyant le sang qui s’échappait de ma bouche.

Tu refusais d’être touché, siffla la dame, un sourire malsain agrémentant son visage.

Le duel prenait une tournure que je n’avais pas envisagée. Que ce soit à l’usure ou à l’aide du sceau, à la prochaine attaque je serais forcé à rendre les armes. Je concentrai donc ce qu’il me restait d’énergie pour un ultime assaut : l’invocation partielle dans sa forme la plus destructrice.

Rikkes Aether.

La magie se répandait lentement, empruntant chaque fissure des pavés usés, couvrant chaque cratère d’un bleu profond. La conseillère attaqua de sa magie la plus meurtrière avec pour tout effet l’accélération d’un processus qui lui était inconnu. Puis une secousse tellurique traversa le champ de bataille. Pandora se cacha derrière un bouclier magique. Une seconde secousse soulevait les pavés de manière chaotiques. Je lançais ma lame sur la conseillère avant que tout n’explose sous la pression magique. Le souffle détruisit le charme défensif de la volcanienne alors que la lame qui ricocha sur le katana magique effleura l’autre joue de la dame. La bulle éclata.


A bout de force, je fus propulsé une ultime fois au sol. La conseillère s’approcha de moi, d’un pas lent, savourant sa victoire. Face contre terre, quasiment paralysé par le sceau et la douleur, je me trouvais à sa merci. Lentement ma main glissait vers ma ceinture et j’attrapais à une grenade à l’uranium. Lorsque j’en eus l’occasion, j’agrippais la botte de la conseillère. D’un mouvement, cette dernière me fit lâcher prise avant de piétiner ma main, broyant mes phalanges dans un craquement sonore. Un coup de pied suffit à me faire rouler de manière à pouvoir la regarder dans les yeux. Je m’aperçus alors que la goupille avait sauté. Je lâchais la grenade à ses pieds avec un sourire plein d’innocence, lui arrachant un soupir.


Vous n’abandonnerez donc jamais ?

Et ainsi perdre ma liberté ? Plutôt mourir.


L’explosion m’ôta la vie sans autre forme de procès. Cette guerre d’idée venait de se clore ; les blancs avaient perdu faute de combattants. Faire tomber le rideau à ce moment là aurait été une solution de facilité, laissant le temps faire son office... J’ai toujours haïs la facilité.

***

Sans un bruit, j’observais la scène telle une ombre comme tu me l’avais appris. Je me demande bien ce que tu ferais sans moi, maître…

Téléportation.

Et nous disparaissions dans l’indifférence la plus totale.
Dernière modification par Sergent Kami le 24 févr. 2012, 18:56, modifié 2 fois.
Amiral Andrew K. R. Leister, dit le Feu, à votre service.
Un homme éclairé a écrit :Sergent dieu n'aime pas être contredit ! :evil:
Avatar de l’utilisateur
Sergent Kami
Soulis de Kalyso
Messages : 785
Inscription : 20 févr. 2008, 10:36

Re: Reflets du passé

Message par Sergent Kami »

"Tout à l’heure, nous fûmes témoins d’une bataille d’une rare violence avec pour toile de fond notre belle Corporation. Une bataille pour la survie du système galacticain tel que nous l’avions toujours connu. Le terroriste mondialement connu Kami Raykovith, appuyé par une impressionnante flotte de guerre tenta de prendre d’assaut le bâtiment.

Nous tentons de pénétrer à l’intérieur du périmètre de sécurité pour livrer à nos téléspectateurs un aperçu réaliste de l’apocalypse de ce que nos courageux conseillers ont dû endurer parfois au prix de leurs vies pendant pas moins de deux heures."

La caméra fit lentement un plan panoramique des carcasses de chasseurs et des cratères de bombes qui abimaient en divers endroits le paysage.

"Monsieur ? Monsieur ! "

Le garde interpellé s’approcha et eut un vague sourire face à la caméra.

"Nous allons donc interviewer un valeureux garde, qui défendit cette belle institution au péril de sa vie. Monsieur, le peuple de Galactica se demande comment cela a-t-il pu arriver ? N’étiez vous donc pas au fait de ce qui se tramait ?

- Nous savions que le renégat se trouvait sur Galactica, c’est pourquoi la garnison chargée de la sécurité de la Corporation avait été multipliée par dix. Mais nous faisons face à un homme entrainé à faire la guerre, pas à une vulgaire racaille. Notre stratégie consistait donc à l’attirer dans un piège, ici même afin de le traduire devant un tribunal spécial présidé par Althor Terluan lui-même. Et nous avons partiellement réussi, le terroriste ayant été tué par la Conseillère Pandora.

- Une rumeur circule déjà comme quoi le grand conseil aurait choisit un autre lieu plus sécurisé pour y installer le Siège de la Corporation. Pouvez-vous nous en dire plus ?

- Adressez-vous directement à un chargé de presse pour ce genre de question. "

Le garde retourna à ses activités, laissant la reporter sur sa faim.

"Quoi qu’il en soit, le 12 Volcan 3729 restera à jamais gravé dans nos mémoires comme le jour où nos valeurs de justice et de liberté remportèrent une franche victoire face à la peur et l’oppression.

C’était Amélia Dumikro pour G-TV."


***


Je ne suis pas morte ?
Effectivement.
Pourquoi m’avoir sauvée ?
Ne te méprends pas. J’ai seulement sauvé la jeune et prometteuse Trenia Heqat. La Conseillère et l’enjôleuse sont quant à elles mortes et enterrées. Prend cela comme un nouveau départ.
Amiral Andrew K. R. Leister, dit le Feu, à votre service.
Un homme éclairé a écrit :Sergent dieu n'aime pas être contredit ! :evil:
Répondre