Chroniques de Galactica

Il se rappelait les solars de l'Alteran, ses premiers combats à peine sortis de l'académie. L'Etat-Major lui avait imposé un poste au sol, à la défense. Cela ne l'avait pas fait rêver. Itihiti était rempli d'impétuosité, il voulait se battre dans l'espace comme les plus grands amiraux. Il avait essayé de refiler son poste à son ami de l'école, Pirmin Moa.
Moa venait de se fiancer. Lui aussi voulait avoir son nom dans les livres d'école, mais sa fiancée lui avait fait pression pour qu'il reste près d'elle, qu'il prenne un poste au sol, qu'il échange avec Itihiti.
Néanmoins, l'Etat major avait décidé et n'allait pas revenir sur ses choix. Moa avait excellé dans les manoeuvres et Itihiti avait trouvé une manière assez audacieuse de déplacer les chars autour des tourelles, faisait un maximum de dégâts aux attaquants.
Mais l'académie était seulement une école militaire, les entraînements se faisaient un casque sur la tête et des électrodes branchées sur le haut du cou pour virtuellement simuler des champs de bataille situés au fin fond de l'espace, dans un champ de météorite ou encore entre les volcans en éruptions de Volcano.
Les deux camarades étaient sortis premiers de leurs promotions, leur donnant des postes haut placés.

Alors qu'Itihiti se chargeait de la flotte de défense, Moa voguait entre les planètes pour attaquer -- « rendre au sable ce qui lui appartient » disait Malinia, qui s'était retrouvée au pouvoir d'un Etat du jour au lendemain, devant arrêter de boire la sève de ses arbres pour se mettre au vin, champagne de la vie mondaine -- les flottes perdues, piller les Etats. Moa avait un sale boulot. Les combats spatiaux étaient trop rares pour que quiconque s'en rappelle. Il s'était fait arnaquer son rêve et n'espérait plus qu'à rester au pays et profiter de ses permissions pour rejoindre sa fiancée.

Itihiti avait vite monté en grade. L'Alteran avait dévoué quinze de ses jours à la destruction systématique du Mahana. Itihiti avait commandé la construction de tourelles aériennes pour détruire les Solars meurtriers. Il avait placé des chars entre les tourelles pour limiter la casse. Les flottes de l'Alteran passaient, les tourelles crachaient du feu, mais les chars se déboulonnaient trop rapidement, comme Itihiti disait. Quinze jours de feu et de sang. Cependant, les sonars tombaient, et les enfants allaient jouer dans les carcasses de ces engins de mort. Malinia avait promu rapidement le capitaine. Itihiti le capitaine était devenu colonel.
Moa rigolait. Il pleurait aussi. Il avait raté sa carrière d'officier, se coltinant petite escarmouche sur petite escarmouche.

Malinia aimait les hommes forts et grands. Itihiti était tout sauf haut de taille. Mais Malinia buvait trop et la brillante victoire contre la flotte d'Earth Industry d'Itihiti lui faisait des frissons. Elle en voulait plus.

« Itihiti, vous allez au Dilhum, sur Volcano »

Il ne pouvait rien dire. Le capitaine Graig Harrison en revenait. Il avait vu un millier de tourelles aériennes et le même chiffre de tourelles terrestre. Itihiti ne pouvait pas emmener de chars, trop risqués. Il décida d'embarquer tous les leurres pour que les croiseurs et cuirassiers soient le plus protégés possible. Itihiti avait été recalé au cours sur les manoeuvres aériennes. Mais cette épreuve, secondaire dans ses cours, ne l'avait pas éliminé. Il avait appris sur le tas.

La flotte décolla. Moa aux commandes du seul solar du Mahana. Moa devait seulement emmener les vaisseaux sur place. « Encore le sale boulot  ». Il n'en voulait pas à son ami, il savait que c'était presque un suicide. Les troupes n'étaient pas prêtes.

Itihiti déclencha l'attaque. Le Dilhum s'écroula. Les silos éclataient dans tous les sens, répandant l'uranium sur l'Etat. Les tourelles détruisirent les trois quarts des leurres aériens, laissant passer les lasers fatals. Funeste moment, cinq cents pilotes de chasseurs périrent, quelques dizaines de croiseurs et cuirassiers tombèrent sur le sol volcanien.

« Misère ». La haine commença à monter dans la tête d'Itihiti. Moa le calma et ordonna de récolter l'uranium du Dilhum.
« Je prends les commandes Itihiti, on retourne au Mahana. C'est ma tournée. 
— Mais qu'est-ce qu'elle voulait Malinia ? La mission était indécente.
— Laisse tomber Itihiti. On n'est comme tout le monde, on exécute les ordres, et les ordres viennent d'en haut. Officiers, sous-of, soldats, on est tous dans le même paquet. »

Le solar prit les airs accompagné du reste de la flotte. Volcano rapetissa derrière le hublot de commande. La route allait être longue jusqu'à Desertica.

Au même moment, Oceano Pacifior scrutait ses écrans de contrôle tel un rapace prêt à fondre sur sa proie si celle-ci se présentait. C'est lui qui assurait l’intérim lorsque le GMS s'absentait pour aller vagabonder on ne sait où. Quelques minutes plus tard, un de ces écrans radars lui indiqua un mouvement important de troupes se repliant sur le Mahana. Pour en savoir plus, il décida d’envoyer un éclaireur.

Le rapport de l’éclaireur ne se fit pas attendre :

-Groupe de flotte Mahana2 en orbite. Espace spatial occupé : près d’1.5 millions. En attente de nouvelles instructions.

-Restez en visuel leader Bravo. Nous préparons les vaisseaux et nous activons la téléportation dans quelques secondes, lui répondit Oceano.

Une fois la totalité des vaisseaux de combat parés au passage en vitesse lumière, Oceano Pacifior ordonna à son commandant en second :

-Activation du portail et enclenchement des systèmes de mise à feu.


D’un coup d’un seul, l’armada du Kafelor fit irruption en orbite du Mahana. Immédiatement après, Oceano signifia à ses troupes d’attaquer l’ennemi :

-Tout doit disparaitre. Go ! Go ! Go !

La flotte adverse prise par surprise n’eut pas le temps d’effectuer une manœuvre d’esquive. Les envouteurs psalmodièrent des chants d'hypnose pour convertir à leur cause un maximum d’unités ennemies avant que les chars terminent le travail. En quelques minutes, l’équipage au complet de Pirmin Moa fut réduit à néant.

-Ok bon travail les gars. On rentre à la maison. Terminé.

« Mais quel idiot ! Mais quel idiot ! » Moa se répétait ses phrases assis dans la capsule de sauvetage. A peine les deux experts envoûteurs entraire dans la salle de commande, Moa compris et l'alarme retentit. Abandon de tous les postes. Le solar frémit, les portes des capsules de sauvetage s'ouvrirent, des explosions retentirent, la chute commença.

Moa, accompagné d'Itihiti, regarda la tragédie se dérouler. Les vaisseaux arrêtèrent de cracher les lasers, les canons retenirent leur feu, tous se dirigèrent vers la flotte du Kafelor, attirés par les envouteurs.
« Combien y'en a, à ton avis ? Demanda Moa, les yeux semi fermés, le visage pâle, les cernes marquées.
- Je dirais trente milliers, répondis Itihiti. Regarde le solar, seul les canons du système Egide fonctionnent. Il va pas durer longtemps. Les chars du Kafelor sont trop nombreux. Ca doit empester le fuel dans ses porteurs.
- Qu'est-ce qu'on va écrire dans le rapport ? Nombre trop faible de mage ? Moa reposa sa tête contre la cloison et ferma ses yeux.
- Innexistance de mage, plutôt. Il n'y aurais pas eu ta flotte de renseignement, ou de sauvetage devrais-je dire, on serait tous mort. Laisse tomber, je fais le rapport, et je le rend directement à Malinia. »

Le Mahana était calme ce matin-là. Personne n'avait vu les débris tomber dans le ciel. Les capsules attérirent toutes dans la zone ad hoc de la caserne.

Itihi sorti le premier. Malinia était là, elle les attendait une bouteille à la main. Ils étaient livides et abasourdis, ils ne comprennaient toujours pas ce qu'il se passait. Ils avaient laissé leurs derniers réflèxes aquis lors des entraînements lors du fugace combat.

Malinia commençait à ouvrir sa bouche quand tout à coup de violentes rafales de vents se firent resentir. Tout le monde leva la tête. Le bouclier de défense anti-nucléaire venait d'arrêter une dizaine de missiles tactiques. Le Dilhum venait de riposter, mais le bouclier avait tenu.

Malinia ouvri la bouteille de champagne et la bu cul-sec.
« Kafelor, Dilhum, trop de volcaniens à voir se noyer dans le sable. »

Au bord d'une falaise, la vue donne sur une grande étendue de sable. Malinia et Moa sont tous les deux côté à côté, regardant la scène.

“ Moa, tu sais que j'ai demandé aux Celestiaux de les rejoindre.
— Oui Madame.
— Je crois que j'ai fait une erreur.
— Pourquoi ? Parce que je suis né sur au Metabunker, et que malgré tout les victoires ne s'accumulent pas ? ”

Silence. Au loin les dunes de sablent meuvent par le vent.

“ Moa, tu sais pourquoi tu as été promu à l'académie ?
— Mes résultats évidemment, comme tout le monde. Le système des examens est infaillible.
— Tais toi, je t'ai pris car tu viens du Métabunker. Tu me fais penser à cet homme que j'ai connu autre fois.
— …
— Ta prochaine mission est de détruire cet homme. Tu iras au Métabunker et détruire les châteaux de sables de son dirigeant. Tu m'entends. Tu détruis tout jusqu'à ce qu'il n'y ait plus personne dans les rangs. Je ne veux pas revoir un char rentrer ici. Tu seras déchargé de tes fonctions après et tu pourras rejoindre Namaj. Je crois qu'il cherche des fonds pour s'installer sur Vertana.
— Mais…
— Sinon tu peux rester dans un des chars sera de l'opération si tu veux. ”

Un transport arriva sur les lieux. Les deux embarquèrent.

Au-dessus des plaines sableuses du Métabunker.

“ Madame, vous me recevez ?
— Très bien. Alors, m'annoncez-vous de bonnes nouvelles ?
— Tous les lapins visibles ont été massacrés, Madame.
— Bien, et pour le reste ?
— Nous avons volé toutes les bouteilles de cinq bunkers.
— Très bien, de quoi finir la journée. Allez, effacez-moi cette flotte du système. Allez où bon vous semble.
— Bien Madame.
— Dépêchez-vous le Mahana va subir un blocus de l'Alteran.
— Encore celui-là, ce misérable Alteran, cette demi-molle.
— Et comme tu le sais, je n'aime pas quand c'est mou.
— Madame, la transmission est diffusée dans tout le cockpit ici.
— Ne vous inquiétez pas, tout ceci, bientôt, ne sera que du passé. Au revoir Pirmin, et bonne chance pour la suite. ”

Entre le Métabunker et le Mahana. Moa toujours aux commandes.

“ Itihiti, tu tiens le coup ?
— Affirmatif, tout va bien ici. C'est très drôle de voir ce qui se passe sur les radars, toutes ces flottes qui viennent près du pays.
— Aucune damage pour le moment ,
— Négatif, rien. Ce ne devrait pas tarder.
— Tiens bien. ”

Entre le Mahana et une autre planète, un peu plus loin. Itihiti s'enterre.

“ Moa, ça chauffe dur là. L'Alteran…
— Ce mou du slip d'Altéran qui essaye de diriger un Etat tu veux dire ?
— Oui, Pirmin. Quatres flottes en stationnaire. Le Dros Delnoch, l'Alterna et ses sonars, et le Delamarre.
— Malinia m'avait parlé d'un château de sable…
— Oh putain, les flottes de l'Alteran vont se faire dégommer maison par le Delamarre, il est partout.
— Va dans le château de sable que Namaj Vüenthal avait construit. Vas-y maintenant, vas-y !
— Adieu Pirmin. Rejoint Namaj sur Vertana. Il a installé un hamac près du Corélya.
— Adieu Itihiti. “

Moa était arrivé à destination.
Première fin du Mahana.

En approche d'Aquablue.

« Eiruss. Envoyez la cinquième flotte au bercail pour livrer le bérychampagne à Madame.
— Bien Commandant. »

Eiruss retourna sur Desertica. L'Alteran avait déjà sévi. Le Mahana subissait un blocus. Un seul et unique petit solar qui bloquait l'arrivée de cuves et bouteilles. Malheur. Les deux cuirassiers ne pouvaient rien faire. Le solar détruisit toute la production du Métabunker. Le Ludolégion envoya une flotte pour contrer le solar, mais une erreur stratégique fit perdre l'assaillant. Les cuirassiers du Ludolégion tombèrent comme des mouches sur le sable.

Moa était calme. L'interminable océan de la grande bleue commençait à se dessiner. Moa, seul, profita du moment, pensant à ces crapauds zénobiens et kaféloriens qui étaient bloqués chez eux après l'attaque nucléaire.
Il mit les porteurs et croiseurs en vol stationnaire tel un glaçon qui allait tomber dans un verre. Aquablue était parfaite pour couler une flotte, pour ne laisser aucune trace.

« Moa, l'alcool a disparu. Vous êtes fautif, vous allez devoir me rembourser.
— Madame, si vous n'êtes pas contente, je vous prie d'aller sur Volcano et de vous jeter dans la lave.
— M… Ma… Mais… Sale petit pédé ! »

Malinia, qui avait contacté le Dros Delnoch pour profiter de l'immobilisation des deux belligérants du Léviathan, envoya de nouveau un message au Dros Delnoch pour détruire Moa. Malinia aimait les hommes qui se laissaient faire. Moa, non. Le Dros Delnoch, rapidement, nargua Moa de fuir. Moa refusa et les glaçons tombèrent dans l'eau.

Malinia était sans armée dans un monde de hyènes. Le Mahana avait vu le jour se lever. La nuit gagnait le ciel.
Seconde fin du Mahana