Chroniques de Galactica

Articulation d'une conception stratégique.

Nos premiers pas remontent à une époque lointaine de l'univers, négligée de notre attention. Sorte de semi-existence préliminaire non-officiel. Aujourd'hui c'est différent. Notre date de naissance actée dans les archives de Galactica et du Sénat, nous pouvons enfin prétendre que l'histoire est en marche, que nous faisons partie d'un ensemble, d'un tout; que nous sommes vivants. Oui, nous sommes, et c'est ainsi. Aucun de ceux qui ont une influence extérieure ne pourra jamais contester cet état de fait même si la réalité dans le détail et si l'on se penche dessus est autrement plus ambigu.

Désormais doté d'une conscience et d'une ambition soupesée conforme à l' échelle galactique, un univers dangereux nous faisant paraître telle une minuscule goutte d'eau au milieu de l'océan est venu soudain se superposer au nôtre. Dans lequel nous étions au centre de tout.

Galactica. Cet univers, dont la nature aussi sauvage qu'impitoyable nous fascine avec mesure, outrageusement régi par la loi du plus fort, vertement dominé par la pensée belliqueuse unique et les comportements cupides. Dans cette étendue chaotique où la bien-pensance galactique s'échine à ériger l'agressivité et la déprédation contre les Etats comme un socle fondateur de ce monde, un idéal sain et noble, pire encore; les vantant comme nées d' une logique incontestablement raisonnable. Univers pour sûr étrange dans lequel nous avons tout juste pris naissance, mais dans lequel nous n'avons ni consistance ni pertinence. Et de ce constat affligeant débute précisément toutes nos réflexions scrupuleuses.

Il nous faut suivre un principe d'observation poussée, qui inspire à éradiquer toute ambition démesurée et surtout la hardiesse, celle là même qui amène souvent les Hommes à accomplir des grandes choses ou à se perdre définitivement sans qu'ils n'aient jamais rien planifiés ni prévu de l'issue acérée résultant de leur actes radicaux, courageux au mieux, téméraires au pire. Nous préférons prendre nos distances face à ce genre de voie périlleuse, incertaine, bien qu'aussi légitime qu'une autre.

Notre tâche est de prémunir la Nation contre les corps étrangers, que la parole seule est inapte à garantir contre eux. Il est toutefois des chemins moins connus, moins risqués, plus exigus et capable de guider vers cette fin en soi s'ils sont rigoureusement suivis, arpentés. Nous pensons au Gouvernement que la logique de puissance couplée à la tempérance saura forcer le respect de la communauté galactique. Nos directives s'articuleront définitivement autour de ce principe fondamental et fondateur, héritier du caractère néfaste des leçons durement apprises au travers de notre patrimoine historique nationale. Mais il convient de se focaliser sur le présent qui est bien plus important au vu du chantier titanesque qui l'embarrasse, même si une vision à long terme est plus que nécessaire.

Notre Nation en effet seulement dotée d' à peine moins d'une cinquantaine de drones, nous en sommes toujours relégués à l'état végétatif presque tribale qui nous oblige encore à employer des millions d'individus issus de notre Peuple assommé de tâches. Nous nous sommes tournés vers la Galaxie, mais la Galaxie continue à se détourner de nous. Le principe est implacable : Ce qui n'a guère de valeur ne possède ni amis, ni ennemis, ignoré de tous ou alors ceux-ci toujours inconscients de son existence même. C'est appelé à changer, avec des tracas d'un nouveau genre, jamais expérimenté. C'est inévitable.

Comme toute étude sérieuse le démontre, le destin d'une grande Nation passe d'abord par la création d'une structure identitaire derrière laquelle un nombre défini d'hommes qui s'y sont assimilés se rassemblent, puis l'instauration d'un pacte entre l' Etat et le Peuple, enfin la stabilité garantie de sa situation politique et sociétale interne. La première étape a été franchie après des siècles de conflits et de mutations chez nous. Enfin en paix avec nous mêmes, rassemblés, et nos yeux résolument tournés vers l'extérieur, nous sommes désormais capable d'assumer pour la première fois notre ambition insatisfaite, d'explorer les milliers d'opportunités que nous offrent l'univers Galactica.

C'est aujourd'hui que débute notre voyage, sans nul doute parsemé d'embûches et de déconvenues à venir. Mais ce qui compte au final n'est pas le succès ou l'échec d'un travail collectif mis au service d'une ambition, d'un rêve, d'un idéal : C'est le courage et la volonté inébranlable de persévérer, indépendamment du résultat du chemin parcouru et de la subjectivité des constatations quant à sa tournure et sa signification réelle.

Wallace Westoram, 8 Volcan, 3731.

Principe de développement.

La soudaine prise de conscience de centaines d'Etats nous entourant, fragilise nos certitudes quant à notre sécurité. Elle nous inspire un certain malaise, nous intimide. Nous nous sentons menacés dans l'immédiat malgré la relative quiétude résultant de notre pauvreté extrême, et ne sommes pas rassurés par un futur qui promet au détour du sang et des larmes. Face à la toute puissance écrasante de l'univers Galactica et des Nations étrangères, capable de nous balayer d'un revers de vaguelette anodine, notre sentiment de vulnérabilité excessive n'a jamais été aussi fort qu'il ne l'est aujourd'hui.

Et pourtant nos priorités actuelles laisseraient à penser que nous n'en n'avons cure, que nous nous sommes vertement détournés de nos craintes. Bien au contraire, nous prenons ce sentiment d'impuissance, et notre impuissance extrêmement au sérieux. Certains nous taxerons inexorablement de pacifistes, de soumis, d'apathiques. Que ce soit par l'intermédiaire ou la résultante de nos politiques, de nos prises de parole et de nos actions. Qu'importe leur opinions. La vérité, c'est que nous sommes des calculateurs et n'agissons qu'en fonction des résultats d'études sous notre nez, qu'ils soient faussés ou non. Nous n'adhérons à aucun idéal, et ne visons qu'une seule ambition : La logique de Puissance.

Cet objectif est le principe existentiel de notre politique étrangère, l' idéal unificateur des esprits qui servent le Gouvernement, le lien intangible de nos actes conscients, calculés et déterminés. Il va de soi qu'il n'est pas négociable, sans qu'aucune possibilité de conditionnement d'aucune sorte ne soit envisageable. Nous continuerons à suivre ce sentier, quelque soit les influences externes et les moyens détournés que nous n'hésiterons guère à employer de manière récurrente si nécessaire, qu'ils soient considérés comme gageure ou non, honorables ou pas.

Notre premier grand chantier répondant à cette exigence historique consiste d'abord à faire de notre Nation, une puissance productrice majeure. Tout est à créer, ordonner, tisser. Le travail est colossale malgré des débuts très prometteurs et nous sommes encore très loin de pouvoir rivaliser avec quiconque, encore moins de répondre à notre ambition. Mais tout vient à point à qui sait attendre. Et nous sommes résolument patients. Toutefois, la patience n'a jamais empêché la célérité et c'est avec promptitude que nous mettons tout en oeuvre pour accélérer le processus de métamorphose devant conduire au résultat ardemment désiré. Le Gouvernement a déjà évalué les priorités et déterminé les décisions à saisir sur le champs.

Sans entrer dans les détails, il convient d'abord de construire une structure vigoureuse et forte, dynamique et vaste, dont les fondements reposeraient sur une solidité financière et économique implacable. Transformer cette structure étatique insignifiante aux possibilités limitées, en un véritable moteur monstre à échelle galactique capable de servir de source diversifiée aussi extraordinaire qu' intarissable ainsi que de support fluide à des actions militaires fortes. Sans négliger d'ailleurs les recherches scientifiques et les études magiques qui doivent être développées au plus vite car elles sont intrinsèquement liées à l'objectif d'optimiser les effets de notre potentiel économique, producteur, financier et militaire. Entraînant de ce fait dans le même temps par leur effets incisifs l'augmentation incalculable de possibilités et la multiplication de notre efficacité.

Tandis que d'autres Nations belliqueuses aussi vertes que la nôtre s'empressent de construire des forces de défenses réactives et audacieuses, jouant à la guerre et récoltant la précieuse expérience de leur victoires et de leur défaites tout en se développant en parallèle, nous de notre côté nous lançons à la conquête totale de la science, cultivons l'offensive contre l'ignorance arcanique et investissons massivement dans la machine de guerre à laquelle s'apparente l'état structurel de notre Nation. Assumant ainsi totalement notre passivité guerrière actuelle et totale, conséquence de l'abandon néfaste de ce champs de bataille. A chacun sa guerre. La notre actuelle, est tant celle de notre affligeante capacité productive et du peu de rendement qu'elle nous procure, que du faible niveau de nos découvertes scientifiques indispensable à l' élévation de notre société ainsi que de la réforme de notre pensée collective.

La première des leçons que nous devons absolument assimiler dans cette guerre que nous menons contre notre propre incapacité, est justement que nos capacités sont très limitées. Et de cette leçon est conçu le vif le désir d'éviter l'erreur qui serait de disperser nos efforts. Des choix et des priorités doivent être établies, des faiblesses dans certains domaines acceptés, supportés de manière indéniable. Etape après étape, chaque chose venant en son temps, pierre par pierre. Là ou nous n'avancerons guère, nous stagnerons, tandis qu'ailleurs où se porte notre attention nous ferons des progrès. C'est une règle du développement intraitable, dont ne pourrons nous défiler, qu'assumer en toute conséquence en nous focalisant sur le plus important dans l'immédiat, celui-ci requérant toutes nos ressources produites avec toute l'ardeur et l'effort de notre Peuple aussi désireux que ses dirigeants de voir les choses changer en profondeur.

Face aux risques d'atteintes à notre intégrité, l'urgence nous mènerait à croire que gaspiller des centaines de milliers de crédits pour la protection de notre Etat serait pour le mieux, mais ces protections face aux attaques répétées de Nations plus puissantes que la nôtre ne conduiraient finalement qu'à leur destructions, signifiant zéro profits et alors à moyen-terme des larges pertes. Le mieux est encore d'accepter le pillage des corps étrangers, et de tenter de sauver le plus possible pour continuer à solidifier la puissance productrice de l'Etat, même si c'est au détriment de la fierté nationale et au prix de la défense. Plus vite nous rentabiliserons nos efforts concentrés, plus vite nous pourrons résoudre d'autres équations.

Pour le moment tout se passe bien. Notre puissance économique se développe avec force et outrance et avec elle la capacité de mettre en pratique des conceptions qui étaient hors de notre portée, hors même de notre perception. Plus la gamme de choix qui s'offre à un état est vaste, mieux il est à même d'agir avec efficacité et de se lancer dans des projets pertinents. C'est ce à quoi mènera notre politique générale gouvernementale, j'en suis convaincu.

Wallace Westoram.

Intervention musclée à la Une télévisée, faces aux critiques concernant la réaction contre le pillage étranger de l'Etat.

Arléa Rowenfold, Secrétaire d'Etat aux Affaires Galactiques, membre du Conseil de l'Exécutif.

<< Que de bruits ! Que d'agitation ces jours-ci !

Clairement selon l'opposition, tous confrontés aux pillages dont nous subissons quotidiennement les effets nocifs, nonobstant volontairement tout contexte et toute analyse rationnelle, il est apparu que nous avions failli dans notre tâche de protéger l'Etat. On parle de " Honte nationale ", on dénonce notre " extraordinaire apathie, notre langueur coupable " face à l'invasion de l'ennemi et ses pillages systématiques de nos entrepôts par l'intermédiaire de ses flottilles. Certains vont jusqu'à évoquer l'idée d'une " Nation en déroute, d'une capitulation du Gouvernement. "

Ben voyons !

Face à tout cet étalage ignoble, j'accuse nos détracteurs de comportement réactionnaire anti-patriotique !

Honte à l'Opposition ! Ces aventuriers, qui ambitionnent de jeter et précipiter sans réfléchir la Nation dans une guerre hasardeuse à laquelle elle n'est pas prête, avec d'autres Etats plus puissants, nous conduisant inexorablement à la défaite cinglante !

Honte à l'Opposition ! Ces incompétents qui exigent de détourner les fonds immenses - résultant de notre politique - et destinés à l'amélioration des conditions de vie de notre peuple ainsi qu'au renforcement structurel de l'Etat, au profit d'un régime militariste excentrique aux fondements bancales !

Quel intérêt y a t-il à tout ce remue-ménage guerrier surchargé de testostérones bien masculin je vous prie ? Excepté satisfaire son petit égo blessé ? Toute analyse crédible et sérieuse souligne des résultats plus qu'alarmants en cas de réplique dont le succès n'est pas même assuré ! Aucun de ces chers sénateurs piqués au vif ne sauraient être satisfaits de ce qu'ils voudraient tant voir irrationnellement déclenché, face à de prévisibles déconvenues !

Je vous le demande, que peut un état qui peine à rassembler cinq-cents croiseurs contre un autre qui peut en produire deux mille d'un claquement de doigt ? Vaut-il vraiment la peine de dilapider toutes ces ressources et liquidités importantes, - négligeable pour l'ennemi, mais si précieuses pour notre développement -, de riposter avec de fortes pertes possibles ? Êtes-vous prêt à risquer son courroux en cas de victoire contre sa flotte ?

Toutes ces attaques politiciennes à notre encontre ne sont qu'une diversion pour tenter d'obscurcir le jugement de nos concitoyens quant aux progrès phénoménaux réalisés grâce à la politique gouvernementale, cohérente et saine, mené par le Président. Nous voilà en possession d'une masse de richesse jamais amassée ni accumulée dans toute l'histoire de notre Patrie en un temps un record, avec des résultats encore plus frappants dans le domaine de la recherche qui compte également parmi nos priorités; Tant et si bien que nous aurons rapidement bousculé le retard qui nous séparait des grandes Nations.

Ces cris de coqs belliqueux mêlés à ces bêlements d'indignation concernant les atteintes impunies contre notre intégrité sont-ils vraiment nécessaires au vu de ces résultats sensationnels et de notre situation galactique peu glorieuse actuelle ?

La vérité c'est qu'en dépit de moyens et d'options très limités, nous avons tout de même réussi à sauver les trois-cinquième de nos ressources des mains de ces voleurs et profiteurs. N'est-ce pas là déjà concrètement l'exemple d'une politique efficace, à tout le moins d'une politique active ? Ou espérez-vous réellement atteindre les étoiles en tendant simplement la main comme vous le prétendez ? Nous ne sommes pas encore des prédateurs et vous voulez déjà montrer les crocs ? Allons, c'est pas sérieux ! Messieurs les sénateurs de l'opposition, reprenez rapidement vos esprits et cessez de vous affliger en spectacle ! Il est temps de sonner la fin de la récréation il me semble !

A ceux qui s'inquiètent parmi nos compatriotes d'un manque de rigueur de notre part, je réponds ceci : La liberté et la souveraineté de nos terres ne sont pas négociables, l'intégrité du territoire également. Il n'est rien du pacifisme autiste dont on nous enveloppe injustement, c'est de pragmatisme proactif dont il s'agit. Soyez patients, nous nous empresserons de nous pencher sur la question des moyens quand nous pourrons nous le permettre.

Nous avons en ce domaine de la gouvernance une obligation de résultat. Nous le savons. Et notre majorité le sait également. Ne mettez pas en doute notre engagement commun en ce sens. Assumons collectivement cette lourde responsabilité qui ne doit laisser place ni aux arrière-pensées, ni aux procès d'intention. Soyons clairs : aucun d'entre nous, ni notre Majorité, - ni à l'évidence les formations politiques de l'opposition - n'éprouvent la moindre complaisance à l'égard des Etats-Voyous qui nous pillent.

Toutefois un usage de la force en ce moment serait si lourd de conséquences pour les hommes et la stabilité de notre Etat qui en a fort besoin, qu'il ne saurait être envisagé aujourd'hui. Vous nous avez élus pour gouverner avec la raison, pas avec nos coeurs, et c'est de cela dont il s'agit depuis que nous nous sommes mis immédiatement au travail à votre service et celui de la Nation.

Enfin pour finir, à ceux qui se demandent avec angoisse quand et comment nous allons céder à la guerre, je voudrais simplement rétorquer : que rien, à aucun moment, au sein du Gouvernement Westoram, ne sera le fait de la précipitation, ou de la peur. Nous sommes les gardiens d'un certain idéal, développé et présenté aux élections, et qui a été fortement soutenu par la population. Nous sommes les gardiens d'une conscience garante de cette promesse de grandeur. Et dans l'optique d'y répondre avec le plus de pertinence possible, la priorité doit aller au développement structurelle, quelque soit les aléas, les offenses commises et la frustration suscitée durant cette période critique. >>

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Réflexions et directives de l'Etat.

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