Voyages

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Lyre
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Voyages

Message par Lyre »

- Ce sable...j'en peux plus. J'en ai partout, ça me gratte, c'est horripilant, on y voit rien...

- Tu veux bien arrêter de te plaindre, ça ne fait pas trois jours que nous sommes partis et je n'entend déjà plus que tes complaintes,
c'est assourdissant.


- J'ai onze ans, je fais un mètre trente, je suis habillée comme si j'allais au bal... j'ai bien le droit de me plaindre non?

- Non. Tais-toi maintenant, c'est toi qui as insisté pour m'accompagner.


- Blablabla, détails. Je suis une fille, j'ai le droit de faire et de dire ce que je veux.

-Ce temps là est révolu, Saren. Les ballades au bois, les rêves de princesse,
tu devrais effacer tous ces souvenirs de ta mémoire, ils te rendront faible.


Je sentais le sable pénétrer jusque dans mon âme au son de ses mots. Ils résonnaient sans fin dans mon esprit trop jeune,
mutilé déjà, souillé par des visions de meurtre, par le sang et les sanglots, la violence, le coups sur mon corps alors trop frêle
et soumit à l'amour qu'inexorablement j'éprouvais pour ceux qui m'engendrèrent, malgré les mains, malgré la ceinture, envers et contre tout.

De longue minutes s'écoulèrent sans qu'un mot ne quitta ma bouche, comme pétrifiée à l'idée qu'un son éveillerait encore ces souvenirs
brulants. Brulant comme le sable sur lequel mes pieds enflés se portaient malhabiles et ballots.


- J'ai mal au pied, Luvi, porte moi!

- Non.


- Pourquoi?

- ...

Je levais la tête vers son visage espérant y trouver une réponse. J'y trouvais des larmes toutes mêlées de sable et de sang.
Sa blessure ne s'était pas arrangée avec le temps comme il m'en avait assuré avant notre départ. Une vilaine plaie ouverte commençait
à s'infecter au dessus de son œil.


- Laisse moi regarder ta plaie, il me reste un peu d'eau dans ma gourde, je vais au moins te la nettoyer.

- Il nous faut trouver un endroit abrité pour dormir, la nuit ne va pas tarder. On s'occupera de ça ensuite. Je ne sens rien de toute façon.


J'imbibais du peu d'eau qui restait dans ma gourde un bout de tissu, que j'avais préalablement arraché de ma robe, et, d'un bond
maitrisé, le lui plaquais contre le visage. Le textile tournait déjà à l'écarlate ce qui ne me rassurait pas.


- Est ce que tu sais au moins où tu vas? Tu n'es pas en condition pour passer une nuit dehors, il faut qu'on te recouse.

- C'est infecté maintenant, recoudre ne ferait qu'empirer la chose. Conserve ta salive au lieu de parler, idiote.


Je n'osais lui dire qu'au fond de moi, mon être tout entier criait à la mort, courbé sous la douleur, la fatigue mentale et physique... Je n'étais pas à court
de bravoure pour une gamine et j'ai, à de nombreuses reprises, affronté les dangers de la vie sans faiblir mais cette fois ci, j'étais au bout.

Soudain et alors que mes jambes cédaient enfin sous mon propre poids, le visage de mon frère se figea.


- DONNE MOI LA MAIN!


J'étais clouée au sol, impossible de bouger.

- SAREN!

Je sentais le sable contre ma joue, sa chaleur presque agréable, cette texture granuleuse, confortable...
Mes yeux s'emplissaient déjà de la brume des rêves, le ciel s'assombrissait et je pouvais sentir une légère brise se lever, caresser mon visage et s'affoler dans mes cheveux.
Puis deux mains me saisirent, des mains froides et ferment qui se refermaient autour de mon abdomen, puis des bras, des bras d'homme, les bras de mon frère, son épaule et,
jetée comme un sac de patate, j'entrouvris de nouveau les yeux pour les fermer aussi vite, apercevant enfin ce qui épouvantait Luvi.

D'entre mes lèvres déséchées jailli un cri silencieux.
Dernière modification par Lyre le 21 sept. 2015, 18:40, modifié 1 fois.
Lyre
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Re: Voyages

Message par Lyre »

...

- SAREN!

Les premiers grains de sable vinrent fouetter mon visage, la tempête arrivait.
D'un bond, mon frère se relevait. Il balayait du regard l'horizon pour un refuge qui n'existait pas.
Tout n'était que mirage et espoir bientôt déçu mais avec courage et détermination, ses jambes nous portèrent
sans relâches.

Du haut d'une dune, il jetait un nouveau coup d'oeil, la tempête de sable derrière nous, ses vents et ses éclairs, nous poursuivait encore
mais au loin, une lumière brillait dans le ciel assombrit par le mur meurtrier qui avançait inexorablement, peu à peu cachant
le soleil. Une lumière inexplicable et à défaut de raison, il fallait prendre ce risque.

Il ne nous fallut pas plus de quelques minutes pour atteindre ce qui ressemblait à l'entrée d'un bunker.
Puisant dans ces dernières forces, Luvi tapait contre la porte en métal, sans réponse.
La tempête se rapprochait à la vitesse d'un cheval au galop, plus vite encore.

Bientôt ses forces l'abandonnaient, il tombait les genoux à terre, résigné, son regard porté sur moi comme s'il implorait aux dieux
mon pardon. Ce visage aux yeux bleus humides qui aurait fait trembler Hades, je le vois encore aujourd'hui aux heures des doux rêves.

Il ouvrait ses bras, sans un mot. Je me faufilais dans son blouson, tremblante et crevée de peur, blottie contre son coeur.
Le bruit s'intensifiait et avec juste assez d'air pour respirer je fermais les yeux. Le sable s'engouffrait dans toutes les interstices, les crevasses,
les plis et recoins, la moindre faille était bientôt comblée de l'étouffant matériaux.


Et puis la tempête.

...

Il faisait froid. Mes yeux doucement s'ouvraient, engourdis puis se fermaient, clignotaient un instant. J'éternuais du sable à n'en plus finir.

- Luvi?

Ma voix s'étouffait.

- Luvi? Hey?

Il faisait froid, si froid.

Je tâtonnais du bout des doigts et toujours ce maudit sable. Mon frère était là, immobile, à quelques mètres de moi. Je savais déjà.
A genoux, j’avançais doucement. Il faisait nuit.

Mes yeux s'habituaient à la pénombre et j'observais enfin que quelques silhouettes distraites s'étaient accroupies autour de Luvi.
Ils étaient assis en cercle, quelques bougies faisaient danser des flammes dans leurs mains. J'entendais sourdement un air chanté.


- LUVIIII!

J'étais surprise par mes poumons reprenant le dessus, mes cordes vocales désormais éveillées et ma bouche sèche incapable de contrôler
les sons qui en sortaient.

L'une des silhouettes se retourna brusquement alors qu'encore sous le choc j'obstruais ma bouche de mes deux mains.
Je me retournais pour courir.
Une main lourde mais chaude s'était déjà posée sur mon épaule.
Il n'y avait aucune force, aucune violence dans ce geste, je sentais l'énergie du réconfort qui se transférait à travers ce contact.
Au bout de mes forces, déshydratée, mon corps vide s'écroulait vers le sol et mes larmes d'impuissance s'évaporaient au contact du sable.


Adieu Luvi, adieu mon frère...
Lyre
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Re: Voyages

Message par Lyre »

Adieu Luvi, adieu mon frère...

...

D'abord, la sueur, le vent, l'acidité de ma sueur.
Puis un léger souffle, chaud mais tout de même agréable.
Je revenais à la vie, les joues terriblement meurtries par les larmes trop vite évaporées, disparues.

Il me fallu plusieurs minutes pour parvenir à enfin réveiller ce corps atone, vide d'émotion, vide de sens, d'amour. Vide.

Je me savais allongée, je sentais l'ombre rafraichir mes sens malgré l'hardiesse de l'astre Galacticain et le sommeil réparateur
dont j'avais été graciée avait dégagé mon esprit de son fardeau de fatigue.

Je sentais tout mon corps vibrer et le bruit de dizaines de moteurs qui emplissaient le ciel de leurs vrombissements mécaniques.
Perdues, je cherchais du regard au loin un repère, quelque chose mais seul le sable régnait en maître de mes pieds à l'horizon, parsemé de dunes et de tourbillons
de vent.

Je passais en position assise, secouant le sable tout dessus ma robe déchirée, mon regard se portait sur d'étranges créatures dont je ne percevais que la minuscule taille
et leur accoutrement de toile épaisse et couleur de boue.
L'un se retourna et d'un bond surpris manqua de tomber de notre chariot de métal.
Je ne pouvais pas voir son visage sous sa longue capuche sombre, seul ses yeux jaunes comme deux soleil Desertican jaillissaient de l'obscurité qui voilait ses traits.
Trop faible pour avoir peur, trop reconnaissante pour ne pas être curieuse, je tendais mes mains vers le ciel en signe de paix. Cela ne manqua pas de surprendre une nouvelle fois
le mystérieux être qui portait déjà sa main à l'endroit où se trouvait son blaster.

- Saren, mon nom est Saren.

- ...

L'intensité de son regard me perçait, il m'était difficile de bouger, de parler, de respirer et je ne voyais de lui que deux étoiles brillantes palpitantes au fond de sa capuche, jalousement gardées
par une impénétrable obscurité et pourtant je discernais dans cette créature la même curiosité qui me gagnait aussi.
Il se retournait après m'avoir dévisagé pendant de longues et intenses secondes.


- Utinni ! Utinni ! Utinni !

Alors qu'il sautillait en gesticulant vers d'autres de son espèce, tous identiques par leur accoutrement et leurs yeux, indistinguables les uns des autres, j'apercevais quelques têtes jaillir de trappes
que j'avais jusqu'alors pas même remarquée, dissimulées dans le blindage du véhicule sur lequel nous nous trouvions.


- Omu`sata! Ugama!

- Utinni!

L'échange me paraissait surréel.

- Saren, je m'appelle Saren! Merci de m'avoir sauvé.

Les têtes, à l'unisson, se penchaient sur le côté.

- Est ce que je pourrai avoir de l'eau?

Je montrais du doigt une gourde humide posée à l'ombre d'une bâche tendue entre deux bouts de planche.

- Ashuna, ashuna...

Ce dialecte m'était inconnu, je ne comprenais ses intentions que par ses gestes doux et amicaux bien que précautionneux. Il me tendit la gourde.
Je buvais quelques gorgées d'une eau fraîche et pure qui raviva encore d'avantage mes sens.


- Waff’mla wass!

Je lui tendais la gourde et lorsque nos mains se rencontrèrent, je reconnue ces doigts, cette chaleur douce, l'énergie qui m'avait alors recueilli cette nuit terrible.
Comme si je réalisais soudain, mon esprit s’emplit du visage blanc et tranquille de Luvi.
Je ne me faisais aucune illusion et bien qu'encore très jeune, j'avais pleinement conscience qu'il n'était plus de ce monde.


- Où est mon frère?

- Shanney...

Le ton de sa voix ne fit que confirmer mes soupçons. Une seule larme coula, la dernière. Je me l'étais promis.
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Dox
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Re: Voyages

Message par Dox »

  • Tout depuis la création n’était que découverte. Tous les peuples de Galactica partageaient cette indéfectible destinée : avancer.
    Certains suivaient la lumière de leurs saintes interprétations, d’autres secouaient les cocotiers à la recherche de révolutions pataphysiques, d’avantage aventureux les plus téméraires exploraient les confins de l’espace sauvage.
    D’aventure, de nombreux pirates disparaissaient dans les galaxies éloignées, les étoiles éteintes et les autres pièges que la physique de Galactica n’expliquaient encore ; mais plus nombreux encore étaient ceux à s’éteindre contre la rudesse de la nature qui régit les cinq.

    Rien, des marées tempétueuses d’Aquablue jusqu’aux éruptions sauvages de Volcano, n’était aussi puissant, éternel et implacable que la Mer de Sable. Même la grande Corporation ne saurait dater son commencement, plus un seul désertican ne saurait dater sa dernière pause.
    Elle parcourt la jaune au rythme effréné des lunes gazeuses, et pas une seule parcelle de surface n’échappe à son courroux. D’année en année, elle détruit la vie, paralyse l’économie et dévore la magie.

    Mais quelques peuples, y ont trouvé refuge.
    Parmi eux, les saharidistes, ces petits êtres à la bure marronnée, le regard ambré, chassent les carcasses sans vie crachées par l’Insatiable.
    De décennies en décennies, ils ont amélioré leur technologie, se livrant un duel acharné avec les innombrables charognards de la galaxie, ils furent forcer d’arriver toujours plus tôt, toujours plus vite. Cachés dans leurs imposants chars marrons, ils surfaient sur les vagues poussiéreuses comme les Ou’a sur les tsunamis d’Aquablue.

    Les petits poursuivaient, nuit et jour et sans relâche, la mer des dunes. Ils avaient reconfiguré les scanners et radars des bâtiments recyclés pour chercher la vie ; sous forme de plante, d’intelligence artificielle ou d’humanoïdes, ils savaient que ces espèces uniques, valaient bien plus chers que les breloques d’acier qu’ils fabriquaient.

    Plus d’une semaine qu’aucun char de marchandises n’avait transité entre les castes d’aventureux et les négociants, qui écoulaient les trouvailles dans les villes avoisinant les passages de la Mer de Sable.
    La récupération était devenue un sport compliqué. La vie dans la galaxie s’éteignait, l’impact du Voile continuait de résonner. Mais la tempête léguait toujours quelque chose d’intéressant, à condition d’être patient.
    A l’aube d’un matin comme les autres, les mille pierres jaunes fourmillaient plus qu’à l’habitude. Une voix résonnait dans l’habitacle d’acier.
    • — Eyeta - Ko Eyeta ! *Deux signaux vitaux détectés.*
    Une petite escouade de champions de la bravoure s’était déjà empressée de chausser leur petit char laser modifié. Renforcé en tous les points, masse augmentée, volume réduit, le Stormrider était paré à braver les tumultes.
    • — Ashona ! Lopima ! Okka !! * vers l’infini et l’au-delà*
    • — Okka okka ! *et au-delà l’au-delà*
    Le Stormrider s'expulsa du char et traversa la surface jaune.
    Plus le petit équipage s'enfonçait vers la tempête plus les secousses s'amplifiaient, les bruits dans la carcasse devenaient plus assourdissants. Tellement forts, que plus aucun dialogue n'était possible.
    Devant les changements de pression du sable et les mouvements puissants, tels une marée, le stormrider devait remonter vers la surface. C'était tout le savoir-faire des saharidistes qui s'exprimait alors. L'effet lisière du sable était bien plus fort que celui de l'eau, et la tempête qui les guettait à l'extérieur dix fois plus meurtrières que les vents radioactifs de Volcano.
    • — Po oko… Tomo..Pibboz ! Pibboz !! *Le premier est froid...Le second est encore chaud !*
    • — Kuminee bok cuza ? *A quelle distance ?*
    • — Ashuna ashuna ashuna ! *Go go go*
    Les radars s'étaient affolés, alors le stormrider fit une petite pause. Les petits yeux jaunes se fixaient les uns les autres... La tempête n'était plus à son fort mais elle faisait toujours rage, la jeune femme avait trouvé refuge derrière une colline, et semblait plutôt résistante.
    Tenter un sauvetage dans de telles conditions était aussi périlleux qu'imbécile.
    • — Ton ton Vapoosza !? *Un coup de vaporisateur de sable*
    Encore une idée de génie à mettre sur les épaules du petit Aph'.
    Les petits avaient développé un outil à partir des restes d'une ogive d'IEM, il calculait à partir des capteurs environnants les ondes à émettre pour éteindre tout ou partie de la tempête. Limité à un tout petit rayon, et à une certaine forme de linéarité atmosphérique, en cette fin de tempête les conditions étaient réunies pour un fonctionnement optimal.
    Le petit missile jaillit de la carcasse du char, se planta dans le sable, et après un boom retentissant qui fit trembler les sables alentours, une fine particule de poussière se mit à flotter dans les airs. L’accalmie fut presque instantanée. Le char reprit sa route en direction de la jeune fille.
    Ils la récupérèrent et se rapatrièrent vers le char-ruche.

    La demoiselle était frêle, encore petite. Elle avait cependant déjà la taille des plus grands saharidistes. Elle était depuis trois jours dans la petite infirmerie. Et Aph' et El' s'éternisaient à son chevet.
    Après plusieurs journées de conscience, elle continuait de se réhydrater. Les premières perfusions avaient été difficiles à maintenir. Comme si le sang de la demoiselle bloquait le flux des médicaments du désert.
    Leurs repas, à base de cafards fris et de cactus en ragoût furent plus dur encore à lui faire ingérer, mais le besoin fut rapidement plus fort que le dégoût.
    • — Sa-ren ?!
      — Oui c'est ça ! Ibana-na !
      — You don't have to. They understand you, you understand them quite well for a blue-sea kiddo.
      — Qui êtes-vous ? s'interrogea Saren, avec une instinctive virulence.
      — Ezechiel Tsalèl, first shaman. We've to talk about certain of your abilities.
    L'arrivée d'Ezechiel fit sortir Aph et El. La capuche descendant jusque leurs petits orbes jaunes, les deux jeunes saharidistes retournèrent au travail.
Ouzine Lullazhar, Président élu des Euliadoux.

Khyrhyle, Magister des Naïadimes
Hidaï Lévi, Ingénieur en Chef Saharidiste.
Fondateur des Columna Creationis et éternel membre de la Pléiade.
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