Le jeu de la vie en Zardoz, chapitre 3 : les jeux du cirque, la Foss'Yle

Ici sont chroniquées les histoires des Etats et de leurs dirigeants

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Zardoz
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Le jeu de la vie en Zardoz, chapitre 3 : les jeux du cirque, la Foss'Yle

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Liens avec deux précédents rps :
Le jeu de la vie chapitre 2 : http://forum.chroniquesgalactica.org/vi ... 54&t=30720
Au plus noir de la nuit, une ombre s'éveille : http://forum.chroniquesgalactica.org/vi ... 48&t=30801


Point de vue d'Anastasia : Réunion de conseil restreint Zardozien, 100 ème étage de la cité-bunker.


Le vieil homme caresse doucement sa barbe blanche d’une main dévoilant la montre incrustée à son avant-bras. Tous peuvent y lire son signe de toute puissance dans cette cité fortifiée : le fameux « A-100 » inscrit en lettres argentées sur son écran principal, témoignant de son statut de chef de l’état.

Une vingtaine de personnes sont assises autour d’une table ovalaire où Al-Rhazès préside en bout, depuis un emplacement surélevé. Tous ses officiers, ses plus proches conseillers et collaborateurs sont présents comme à chaque réunion du conseil restreint du zardoz. Ils discutent avidement entre eux des différentes propositions et articles étudiés par le conseil, mais le silence est roi dès lors qu’Al-Rhazès manifeste la volonté de parler.

Il faut savoir déléguer.

Anastasia dévisage son oncle au regard affuté derrière un visage entaillé par les années. La jeune rousse est la plus jeune de ce conseil. Récemment promue lieutenant-colonel, elle se fait une joie d’être ainsi aux côtés de son oncle et de pouvoir quitter le sénat de temps à autres. Elle ne perd rien des différentes discussions, avide d’en apprendre plus sur la gestion d’un état immense comme le sien.

Cela fait presque trois heures que tous échangent, la fatigue commence à se faire sentir mais aucun ne saurait s’avachir à sa place en présence du puissant Al-Rhazès. Il est de notoriété publique que son oncle, derrière son aspect de vieil homme sait se montrer des plus tranchants. Anastasia avait même pu entendre que lorsqu'elle n'était encore qu'une enfant, il n’hésita pas à faire exécuter tout un versant de sa famille qui préparait un coup d’état au sein de la cité Bunker. Coupant là la branche d’un arbre contaminée, avant que la maladie ne s’étende au reste de celui-ci.

Elle le dévisage pensivement tout en restant attentive aux discussions alentours : était-il si sanguinaire que cela? Quelle est la part de vérité parmi la légende vivante de cet homme?

Les rapports que nous ont envoyés les services secrets de Linterstice sont des plus alarmants. On nous communique bien noir sur blanc qu’un groupuscule Vertanien organiserait en ce moment même un projet d’attentat envers notre souverain, envers-vous mon seigneur Al-Rhazès !, déclare un officier.

Sottises !, dit un autre en tapant du poing sur la table. Nos services de sécurité sont parmi les plus développés, les plus sûrs, de cette galaxie! A vous entendre on croirait que les notres sont aussi frêles et faibles que ceux de l’Antioche ! Qu’on ose nous mettre à l’épreuve mais je gage que personne ne puisse commettre un tel acte sans qu’on le voit venir à des centaines de kilomètres à la ronde de notre cité!

L’Interstice n’est pas réputé pour la fiabilité de ses informations, enchaîne un autre. A-t-on pu recouper ces informations avec celles de nos propres services ?

Certainement, mais les données son parcellaires. Notre bureau de renseignement enquête plus particulièrement sur la possibilité que cette menace vienne d’une association nouvellement fondée de fanatiques des herbes à fumer : le « conclave vertanien ». Nos services sont en train de les infiltrer. Je pense qu’il serait de bon ton que le dossier soit transféré à un plus gradé au vu des tenants et des aboutissants diplomatiques de cette affaire.

Finissant de se caresser sa barbe grisée par les années Al-Rhazès claque doucement dans ses mains. Le silence est immédiat.

Faites comme il vous semblera. Je laisse à ma fille le commandant Thibarine, le soin de mener les recherches sur ces allégations.

S’adressant à sa fille, femme d’âge mur, cigare incandescent à la bouche Al-Rhazès continue :

Si ce conclave paraît douteux, nous passeront directement devant l’assemblée créationniste afin de régler cette affaire au plus vite avec la force de frappe de nos alliés. Je ne crains pas pour ma vie, mais chacun devrait savoir garder la place qu’il mérite dans ce monde et nous nous feront une joie de le rappeler aux yeux de tous si ces menaces d’attentats s’avèrent exactes.

Bien, père. Il sera fait selon votre volonté. Dit-simplement l’officier Thibarine dans un nuage de fumée.

Une légère toux plus en bout de table. Anastasia reconnait le capitaine Calavados caché derrière de larges lunettes rondes masquant un regard perçant. Il était entré en disgrâce aux yeux de la fille d’Al-Rhazès peu après une affaire étrange de fuite de prisonniers. Mais Al-Rhazès n’avait pas alors cédé à la volonté de sa fille qui souhaitait ardemment voir ce capitaine chargé des recherches en Zardoz monter à échafaud.

Si je puis me permettre mon service à vent depuis quelques temps de différentes arrivées au Zardoz. Il s’agirait plus d’un genre de secte si j’en crois mes rapports. Un nombre tout à fait restreint, et le seul que nous avons pu capturer n’était plus en état d’être interrogé… Je pense, à mon humble avis…

Et il dit ces mots avec un large sourire.

…Qu’il va nous falloir creuser cette hypothèse ci également, il semble peu probable à mes yeux que le conclave s’intéresse à notre cité enfouie, en revanche ces individus qui arrivent au compte-goutte viendraient bel et bien de Verta…

Il suffit ! S’exclame le commandant Thibarine, insinuez-vous, capitaine, que nos services font fausse route ?! Restez en à vos recherches !

Juste tes services Thibarine. Je n’insinue pas : je dis clairement que pour moi c’est idiot de s’occuper de fanatiques de l’environnement qui ne sont en croisade que contre le nucléaire et pour que chaque état ait son petit potager. Nous avons bien assez de nos propres fanatiques.

Espèce de…

Il suffit vous deux, clame Al-Rhazès.

Commandant Thibarine continuez votre enquête comme vous l’entendez. Capitaine Calvados, il semble tout à fait improbable que des immigrés puissent se sortir des bas-fonds de la cité sans être absorbés par elle, notre système a été étudié pour et en a fait ses preuves.

Mais menez votre propre enquête, tachez de râliez les individus que vous me décrivez à nos services s’ils le méritent et après être passé par votre programme de … réhabilitation. Si cela s’avère impossible vous avez carte blanche pour purgez les zones infestées. Je ne tolèrerai aucun élément perturbateur dans ma cité.


Les deux acquiescent non sans se jeter mutuellement un regard haineux.

Sujet suivant je vous prie messieurs.

Un silence se met en place.

Capitaine Palinka, c’est à vous, murmure l’officier juste à la gauche de la jolie diplomate du Zardoz.

La jeune rousse rougit en se rendant compte que c’est bel et bien à son tour d’intervenir, elle a qui on a gardé de présenter le dernier sujet de cette séance du conseil.

Oui, désolé mon oncle…

Nous avons reçu une invitation officielle du fossoyeur pour assister à des jeux du cirque dans son secteur. L’invitation est à votre nom mon oncle, j’aurais aimé connaître votre intention à ce sujet.

On décrit déjà l’évènement comme grandiose !, enchaine un officier. On ne parle plus que de cet évènement dans les étages mondains de la cité. La foule va se déplacer en masse !

Tout puissant qu’il soit dans son terrier je ne pense pas qu’il faille accorder tant d’importance à ce Fossoyeur. Ne vous donnez pas la peine de vous déplacer pour ce roturier enrichi sur le dos des autres, seigneur…

La foule est friande de ce genre événements
, poursuit Anastasia. Je pense pour ma part qu’il est important que le gouvernement soit pleinement représenté, au moins par un officiel de marque. Qui plus est le fossoyeur est un partenaire officiel et officieux qui devient de plus en plus incontournable dans la cité. Je gage qu’il faut garder les meilleures relations avec lui.

Il faudra le supprimer avant qu’il ne prenne trop de place mes avis chère cousine, engage la fille d’Al-Rhazès. J’entends déjà certains idiots dans les rues croire qu’il siège au conseil restreint de notre cité… Est-ce seulement concevable d’entendre pareilles inepties ? Père je gage quant à moi qu’il faudra se débarrasser de lui. Laissez-moi monter un scandale à son égard et mes hommes feront le reste…

Nouveau claquement de main d’Al-Rhazès.

Bien, je ne compte pas me rendre à ce genre de festivités pour l’instant, d’autant plus que les affaires du sénat vont attirer particulièrement mon attention dans les jours à venir pour ce que vous savez…

Il se tourne vers sa nièce avec un sourire bienveillant.

Capitaine Palinka, je vous laisse aller nous représenter à ces jeux. Ne perdez pas la face quand vous rencontrerez le fossoyeur, et faites honneur à notre famille. Il sait se montrer intimidant quand il le faut mais vous restez de mon sang : il ne saurait vous prendre de haut sans faire face à mon courroux. Vous me détaillerez vos impressions avant que je ne donne un avis tranché au sujet de son avenir. Tant qu’il est totalement fidèle au régime il a pour moi sa place dans la cité. Au moindre signe de défiance dont vous me ferez part j'étudierais avec soin la possibilité évoquée par Thibarine.


Je… bien mon oncle…


La jeune femme n’a aucun plaisir à participer à ce genre d’évènements sanguins. Mais elle ne saurait remettre en question la volonté directe du vieil homme.

Bien la séance est levée.


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["Sottises !", dit un autre en tapant du poing sur la table.]
Dernière modification par Zardoz le 24 févr. 2016, 12:22, modifié 2 fois.
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Re: Le jeu de la vie en Zardoz, chapitre 3 : les jeux du cirque, la Foss'Yle

Message par Zardoz »

Point de vue de Sahel : Les coulisses des jeux du cirque, plusieurs centaines de mètres sous le Colisée.

Une lumière pâle et neutre issue de multiples néons le long d'un corridor qui s’étend sur des kilomètres. Une chaleur insoutenable d’un lieu clos bien qu’immense. Des gens se poussent et se jaugent comme pour connaître la valeur de l’autre avant le « vrai » combat, d’autres vont et viennent pressés d’un stand à l’autre de ceux qui s’étendent sur les côtés, d’autres encore restent prostrés où échangent des derniers mots avec leus proches.

Moi je me tiens là, bien seul, attendant sagement qu’on me remette un dossard pourvu d’une couleur : rouge ou bleue, et d’un numéro comme ceux qu’on donnerait à un animal allant à l’abattoir. Je n’aurais jamais souhaité qu’Adeline vienne dans ce couloir de la mort de toute façon quand bien même serait-ce pour quelques derniers échanges avec moi. Mais je ne me plains pas, je suis là par choix, tous ici n’ont pas cette chance.

Combien sommes-nous ? Mille ? Deux milles ? Dix milles peut-être ? Entassés dans cette zone de préparation où chacun se change sans pudeur, choisitdes armes ou des tenues qualifiées de « réglementaires » pour les jeux dans les divers stands proposés.

Avec tout ce choix d’équipement il y aurait de quoi monter une milice paramilitaire, sont-ils fous de produire autant d’objets de morts pour un simple « amusement » ? Le choix est varié bien qu’on le dise limité. Tout marche avec un système de crédits. Chacun commence avec une tunique simple, un brassard, et une « monnaie » fictive de 100 crédits pour choisir de quoi il s’équipera pour la première phase des jeux. Armes blanches obligatoire pour cette phase : une arme lourde comme une large masse donne envie, mais encore faut-il savoir la manier mais son coût ne permet pas de choisir grand-chose de plus… Peut-être opterai-je pour des armes plus légères ? Et pour la tenue ? Résistance ou fluidité de mouvements ?

Mon regard s’attarde un instant sur un jeune garçon aux cheveux blancs ébouriffés qui s’extasie devant chaque arme. Un gosse de riche qui vient faire son curieux comme on irait visiter un zoo ? Non il n’en a pas l’air, il ne semble pas bien gros et il porte la tunique neutre qu’on nous à tous donnée à l’entrée. Curieux comportement, qui en étonne plus d’un alentour. A-t-il seulement conscience qu’une de ces armes lui tranchera probablement la gorge sous peu ?

J’ai accepté les termes d’un contrat que m’a proposé un des intendants du fossoyeur il y a quelques jours.

J’accepte d’être un de ses nombreux champions, et je paye mon inscription comme outsider. Pas d’argent réel, j’ai hypothéqué le reste de mon équipement si jamais il m’arrivait quelque chose je n’en aurais plus grand besoin… La moitié de mes gains lui reviendra. Mais en échange je dispose de diverses garanties.

Je connais ces jeux, ils ont beaux se modifier un peu à chaque fois pour les joies du public, le principe reste fondamentalement le même.
En m’inscrivant l’intendant m’a garanti par écrit trouver un travail convenable pour Adeline que j’avais pris en affection je dois l’admettre. Peut-être me rappelait-elle moi à son âge… ? Passer la première phase je gagnerai assez pour me renflouer pour un temps conséquent, si j’arrivais à la deuxième phase j’aurais assez pour m’équiper plus que convenablement, et si j’arrivais jusqu’à la troisième phase c’est un bon social assuré de 5 niveaux pour les zardoziens, une somme d’argent pour d’autres, il me garantissait également d’arriver dans les petits papiers du fossoyeur si je me démarquais particulièrement : la porte ouverte à toutes les possibilités !

Trois phases de jeux entrecoupées d’ « intermèdes » vont donc se succéder.

Pour la phase 1 une reproduction de bataille pour épurer le nombre de participants et que l’état se gausse d’un fait d’arme probablement inventé de toutes pièces.

Concernant la phase 2, elle varie mais il s’agit le plus souvent d’une phase pour affiner le nombre de participants d’une manière plus ou moins spectaculaire.

Quant à la dernière phase, la troisième, il s’agit des combats en individuels jusqu’à la déclaration d’un champion des jeux… Rien de fou niveau originalité…

Comme partout tout est question de paris, de lobbies, de dessous de table, et de divers pots de vins. Les gros investisseurs qui misent sur de potentiels champions n’ont pas envie de les voir se faire tuer dès le départ et s’entendent entre eux et avec les organisateurs pour que leur jouet aille le plus loin possible…

A l’inverse, les esclaves vendus ici pour éponger les dettes de leurs maîtres, les prisonniers de droit commun qui n’ont pas de quoi payé leur amende à l’état (car pour avoir le droit d’aller en prison il faut être parmi les élites en zardoz, pas question que la société paye pour des va-nus pieds) et qui refusent les travaux forcés, pour ce petit exploitant qui se retrouve ruiné par les taxes et qui veut sauver le peu qu’il lèguera à son fils en vendant sa chair, et pour tant d’autres malheureux. Nul sponsor, nul mécène, n’a cure de leur sort. Eux sont là avec un vain espoir, mais à l’extérieure, ceux dont on entend déjà le murmure sourd des acclamations dans les tribunes là haut qui se remplissent déjà : ils ne sont que de la chair à canon.

Et il y a les outsiders comme moi, qui ne sont là ni par besoin ni par nécessité mais de façon intéressée… Un groupe des plus hétéroclites associant étrangers et autochtones, certains là pour la gloire, d’autres pour l’argent. Toutes les raisons sont bonnes quant on se rit de la mort elle-même.


Suivant !

Mon tour arrive enfin. On me remet le numéro 3332, code couleur rouge. Mauvais tirage, les gladiateurs sponsorisés sont toujours « artificiellement » tirés au sort du côté bleu. Une épine sous le pied, c’est mon groupe qui allait perdre la bataille. Peu le savent dans les bas étages mais tous les scénarii sont écrits bien à l’avance. Il n’y a que peu de place pour la chance. Juste assez cependant pour donner un spectacle avec un semblant de côté haletant pour le spectateur…

Je ne peux pas changer j’imagine ?, dis-je d’un ton dépité.

Le vieil homme qui fournit les dossards me fait signe de dégager sans prendre la peine de relever les yeux vers moi. J’entends mon voisin de derrière qui reçoit un dossard bleu se gausser de moi de façon à peine dissimulée.

Tout était question de quotas. Mon groupe va le plus souffrir, mais si on en met hors-jeux suffisamment en face la bataille se finira avant que tous les rouges ne soient exterminés…Vous avez demandé un professionnel de la survie?

J’arrive sur le stand d’armes non loin où le même gamin que j’avais aperçu tout à l’heure continue de faire son choix.

Ohhhh allééé siouuuuplaiiit m’siiieur il me faut cette faux ! La mienne est pas compatible ils ont dit !

Avec les couteaux et le veston que tu as pris déjà il te manquera 5 crédits petit ! Je suis désolé mais le règlement m’interdit de dépasser cette limite.

C’est nul ! J’ai envie de mes couteaux aussi moi ! Mais un combat sans faux c’est moins rigolo !

Je regarde intrigué l’enfant. Quel âge a-t-il ? Pas plus de 14 ans ? Il parait si insouciant à sourire ainsi sans cesse. Pourtant le regard ne suit pas, il a l’air totalement vide à l’intérieur. C'est perturbant…

Il finit par se rendre compte que je le dévisage et me regarde avec intérêt.

Et toi m'sieur! Je pourrais pas te piquer 5 crédits sur tes 100 ? Alléééé il veut rien entendre ce vieux croûton !

Je regarde son dossard. Bleu lui aussi, 3321… il ne sera pas placé si loin de moi.

Et la veste que tu viens de lui prendre et que tu portes déjà ? Elle ne te protègera pas de grand-chose de toute façon… rends là lui. Et tu auras de quoi prendre ta ... faux ? Drôle d’arme pour un combat de mêlée… Tu sais qu’on risque d’être un peu tassé au début ?

Il me regarde plissant les yeux et élargissant son sourire tout en inclinant légèrement sa tête pâle sur le côté. Il me glace d’effroi… Certains n’hésitent pas lors des jeux à tuer ceux de leur équipe alentours… ce qui leur permet de se faire remarquer par le public… Serait-il de ceux là ?

Tu as vu la tenue qu’ils nous font porter ? Moche comme tout ! Autant être habillé un peu classe et au moins…

Il ouvre sa veste et me dévoile une rangée de petits coutelas déjà placés soigneusement.

… c’est plus pratique pour les prendre !

Je vois… Comment as-tu fini ici toi petit ?

C’est maman qui m’a dit ! Je suis venu avec mon frère et ma grande sœur aussi ! Mais eux vont justes regarder… Ils doiiivent être trop dégoûtés ! Mais du coup ils peuvent rien m’avancer.

Triste histoire surement. Mais quelle façon de prendre les choses…

Tu me fais revoir tes couteaux ?

Il me laisse en prendre un et l’examiner un instant. De vraies aiguilles mais qui ne passeront qu’à travers les jointures de ceux qui auront opté pour une armure… Je vais plutôt opter pour des couteaux de lancer un peu plus large.

Merci., dis-je en le lui retendant un de ceux qu'il m'a tendu.

J’examine un instant le stand. Et demande à voir une autre rangée de coutelas. Un peu plus large, à lame plus solide. Ce qu’il me faut. Je m’attarde sur les tenues ne sachant que prendre en arme principal. Il me faudrait plutôt prendre une tenue alliant fluidité et protection modérée pour pouvoir esquiver comme il faut…

Je sens sur moi le regard du petit qui continue de me dévisager comme espérant ses 5 crédits de plus.

Je le regarde à nouveau pour lui dire que je suis désolé, mais mon regard se pose à nouveau sur son veston. C’est « classe il a dit ? Un peu voyant certes… mais … il n’a pas l’air si idiot que ça… Oui. Rien n’est totalement lié au hasard dans ces jeux et ceux qui se font repérer du public ont de plus grandes chances d’aller plus loin… Lui mise sur le garçon à la faux et au veston et moi…


Mes yeux vont et viennent entre les rayons derrière le vendeur. Je finis par trouver quelque chose de plutôt original.

Combien pour cette tenue d’ancien officier tout en bleue, avec les boutons dorés ?

Heu… z’êtes sûr monsieur ? Ca date de l’époque du conflit fratricide entre les deux branches de la dynastie Rhazès il y a 10 ans de ça… C’était... ; comment dire, un uniforme du camp qui a perdu. Et je dois dire que leurs officiers étaient pas bien protégés… C’est 30 crédits pour un pauvre bout de tissu. Je vous recommande plutôt le…

Non laissez, ça sera parfait voilà vos 30 crédits, plus les couteaux...

30 crédits de plus.

Voilà.

Bon... il ne m’en reste plus que 40 pour une arme principale… ou du moins de quoi tenir à distance les premiers adversaires. Mais une tenue de militaire, bleue qui plus est dans une équipe de rouge… On me remarquera à coup sûr. Et le mauvais goût ne fera que rajouter aux regards curieux.

Ahah tu fais des choix bizarres monsieur !

Appelle moi Sahel petit. Tiens je te donne tes 5 crédits en plus pour ce que tu m’as fait comprendre !

Moi c’est Taki ! Je comprends pas tout ce que tu dis Sahel, et la tenue que tu as choisi est assez moche en plus, enfin … une tenue de vieux comme toi donc ça passe ! Mais trop cool ! Z’avez entendu patrooon ? Ma faux ! Ma faux !

Le vendeur souffla désespéré et attendit mon acquiescement pour lui chercher l’article. Le gamin s’empressa d’effectuer divers moulinet avec sa nouvelle arme sans se soucier des gens alentours.

Adieu les armes lourdes me concernant. Il me faut juste de quoi tenir mes adversaires à distance…

Je repers un article à 35 crédits justement.

Cette lance là, je peux la voir ?

Elle arrive à mes épaules, la lame n’a pas l’air affûtée mais accroche comme il faut et surtout le bois semble solide. On fera avec.

Je termine avec ça alors.

Très bien. Bon courage monsieur...

J'enfile sans plus tarder la tenue pour vérifier que la taille est standard et me convient bien : ni trop large ni trop serrée, ça fera l'affaire. Puis me retourne pour faire mes adieux au petit qui continue de faire des moulinets avec sa faux dans l’allée. Une ombre arrive derrière lui et bloque son arme par le manche d’une saisie de main.

Si tu tues quelqu’un ici tu seras disqualifié Taki. Attends d’être là haut.

La voix est celle d’une jeune femme, mais le corps est entier recouvert de bandage comme momifié. Peut-être une grande brûlée ? Ou. Un genre de maladie qu’elle cacherait ? Une lépreuse ? Seuls des yeux verts sont apparents Taki sans retirer le sourire toujours présent sur son visage se jette sur elle et l’enserre.

Grande sœur Ayma !

Un autre jeune, paraissant en tous points identiques à Taki se tient prêt de la dénommée Ayma, son jumeaux à n'en pas douter... Il frappe la tête de son frère en passant.

Ah ! T’es juste jaloux hein Taka !

T’as triché, Taki !

Non, t’es juste jaloux puisque je vais pouvoir tous les tuuuer et pas toiii ! Comment maman sera fière! Toi aussi grande sœur hein ?!

Les gens alentours regardent cette scène surnaturelle tantôt amusés, tantôt effarés. Ce garçon n’a rien d’un être humain.

Je ne vois pas la réponse de la jeune femme du nom d’Ayma, juste ses yeux qui se relèvent sur moi et me percent. Froids comme la glace.

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Ayma Warad
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Re: Le jeu de la vie en Zardoz, chapitre 3 : les jeux du cirque, la Foss'Yle

Message par Ayma Warad »

Cet homme…

Mon regard ne le lâche pas. Je le jauge sans plus bouger tandis qu’il me dévisage également, semblant totalement intrigué par mon attitude.

Taka sur mon côté suit mon regard et me déclare avec un immense sourire.

Tu as faim grande sœur ?

Oh, je te comprends grande sœur ! Je l’aime bien et il a une bonne odeur ! Il s’appelle Sahel !, dit un Taki surexcité.

Sans leur répondre je m’avance vers l’individu, doucement, au travers d’une foule qui m’évite comme une pestiférée. Mes bandages peut-être ? Les marques sur mon corps ne diminuent plus depuis mon arrivée dans la citée-bunker du Zardoz, et j’ai le plus grand mal à contrôler mes yeux, ceux-ci devenant d’un noir profond irradié d’un rouge pourpre à la moindre saute de mes sentiments. L’appel de la vengeance et de la mort dans cette cité que j'avais maudite tant d’années…

Il ne bouge pas de sa place tandis que j’approche mais je le vois esquisser un mouvement, presque imperceptible : il se tient prêt à réagir, et à s’armer pour survivre. Je l’intimide ? Ahah…

Pourtant arrivée à lui le fait est qu’il a bien une tête de plus que moi... Quel âge a-t-il ? Ses traits sont tirés, et ses yeux las, pourtant il ne semble pas avoir bien plus de la trentaine.

Je lui murmure en continuant de le regarder fixement.

Sahel c’est ça ? Te sens-tu digne de ce que tu portes ?...

Ou est-ce là juste pour te donner en spectacle et souiller la mémoire de certains?!

La douleur est intense et je comprends que mes yeux viennent de virer à nouveau d’une conjonctive blanche à noire, d’un iris vert au rouge, sous ses yeux d'humains.

Il ne bouge pas plus pourtant et me fait face, luttant contre mon regard dément.

Je ne vois pas pourquoi je te répondrais, toi qui me fait face masquée et sans te présenter…, me répond-t-il simplement.

Je sens que Taki et Taka se sont rapprochés eux aussi, curieux peut-être à moins que ce ne soit pour me retenir de faire une chose stupide devant tant de personnes et si tôt dans nos plans...

Le dénommé Sahel me regarde quant à lui en gardant un léger silence durant quelques secondes semblant réfléchir à la va-vite et lutter contre un dilemme intérieur.

La vérité est partagée… peu le savent mais j’ai porté le bleu jadis, pourtant je ne m’estime pas digne de m'en vêtir aujourd’hui au sens où je n’avais ni ce grade alors, et que je me suis totalement détourné de ce passé après la chute du versant Warad de la famille Rhazès...

Il fait une courte pause avant de continuer, semblant guetter mes réactions.

Je ne la porte aujourd’hui que dans un but intéressé et qui ne regarde que moi, c'est sans honte pourtant, et sans bravade autre que pour cette foule là-dehors qui se réjouit de la mort et se joue de la vie...

La douleur part et mes yeux reprennent leur couleur habituelle à ces derniers propos, tenus par cet homme.

Je vois… Fais-y honneur pendant les "jeux" alors… tunique bleue..., dis-je en me détournant.

Une main, celle de ce Sahel, vient me saisir l’épaule doucement. Je sens un Taka prêt à bondir sur elle et la trancher mais je lui fais signe d’arrêter en un regard.

Désolé. Cela te fait peut-être mal... Je ne connais rien de toi mais je devine une partie de ton parcours. A toi… et peut-être tes frères ? Retire Taki de ces jeux tant qu’il est encore temps. Et retournez de là où vous venez tant que vous le pouvez... Cette cité n’apportera jamais que la mort pour tous ceux qui vivent autrement que dans l’instant présent, elle dévore ou rend fou les autres…


Doucement, je me retourne et je viens vers lui me pencher à son oreille susurrer des mots que seul lui peut entendre:

Cette cité...elle m’a déjà tout pris… A son tour maintenant. Je n’oublie pas le passé et je me cache du présent, mais mon futur comme celui de cette cité…


Mes yeux redeviennent noir tandis que je me retire de son oreille et vient faire face à son visage tout proche, lui étalant un large sourire dément au travers de mes bandages.


… Laisse-moi m’en charger.

Je me retire le laissant là, dubitatif. Les garçons quant à eux, me suivent en se chamaillant l’un l’autre.

Arrivant au bout de l’immense corridor de préparation des participants aux jeux je m’arrête et fais face à Taki.


… Et moi je te dis qu’elle tiendra pas trois coups ta faux au rabais ! Tu aurais du lui bouffer une oreille à se vendeur Taki !


Mais si Taka ! Je vais faire attention ! Au pire je ramasserai sur les gens au sol ce qui trainera comme arme ça sera rigolo aussi… Oui grande sœur ?

Avec son éternel sourire sans fond Taki n’a plus d’yeux que pour moi.

Taki, Taka et moi remontons, prends soin de toi, fais attention et ménage toi pour les phases suivantes des jeux…

J’essayerai grande sœur Ayma !

Peuh ! Frimeur !

Et si je pouvais rajouter une demande…

Tout ce que tu veux grande sœur !

Essaye de faire en sorte que cet homme, Sahel, survive pour vivre notre œuvre…

Je vois son sourire s’élargir encore davantage et ses yeux se plisser de façon exagérée.

Compte sur moi grande sœur !

Grande sœur est amoureuse ?

Oh ? Il est vieux grande sœur !

Ne serait-ce pas de notre devoir de frère de tester ce prétendant Taki ?

Oh ?! Tu crois Taka ?

Taisez-vous tous les deux ! Viens Taka, suis-moi.

Je les vois échanger un regard complice tandis que nous nous éloignons de Taki.

Tant qu’ils font ce que je leur dis, qu’ils s’amusent comme ils peuvent…


Un peu plus loin je vois deux hommes cesser leur discussion et se mettre doucement à nous filer. Là-bas encore deux autres qui détournent leur regard et changent de direction lorsqu’ils voient que mon attention se porte sur eux. L'un d'eux levant une main à son oreille comme pour masquer son visage ou bien communiquer via un microphone...

Tandis que nous prenons un escalier dérobé, nous éloignant des voies d’accès principales je murmure à mon jeune frère parmi les ombres :


Nous n’allons plus être seuls Taka.

Il était temps grande sœur Ayma!

Tu as faim ?

Un peu, me dit-il en élargissant son sourire.

Moi aussi, dis-je commençant à retirer les bandelettes couvrant mon visage, passant doucement ma langue le long de mes lèvres tandis qu’un sourire se dessine en leur coin.

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Zardoz
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Re: Le jeu de la vie en Zardoz, chapitre 3 : les jeux du cirque, la Foss'Yle

Message par Zardoz »

Point de vue d'Anastasia : sur la route vers la Foss'yle du Fossoyeur, quelques heures avant le début des jeux du cirque.

Palinka !Quelle heureuse rencontre !

Alors qu’elle se dirige vers l’arène où se dérouleront la première phase des jeux du cirque le jour même, Anastasia, solidement escorté par un groupe de soldats d’élites réquisitionné par sa cousine le commandant Thibarine afin de veiller sur elle en ce jour que tous disent fastueux en Zardoz, se voit accostée par un officier qu’elle n’attendait pourtant pas.

Capitaine Calvados? Laissez-le passer soldats !

Lui-même a une escorte bien moindre, deux mages au vu de leur apparence. D’abord refoulé par sa garde rapprochée, l’homme finit par se frayer un chemin parmi eux jusqu’à la jeune rousse, nièce du souverain de ce pays.

Il s’incline doucement.

Quelle rencontre heureuse Palinka, je serais ravi de pouvoir échanger un peu avec toi si tes chiens de garde me le permettent ?, déclare le capitaine atypique du Zardoz.

Derrière une tenue soignée en uniforme, la désinvolture transparait dans l’attitude de ce capitaine Calvados. Anastasia le dévisage longuement, s’attardant sur chacun de ses traits, sa moustache courte comme ses cheveux châtains légèrement ébouriffés. Derrière des lunettes rondes un peu dépassées des yeux bruns au regard perçant contrastent tout à fait avec l’attitude générale du personnage.

Elle finit par lui rendre son salut.


Me ferez-vous croire que cette rencontre est liée au hasard Capitaine ? Je ne vous cache pas que ma cousine m’a beaucoup parlé de vous. Des salutations si discourtoises ne jouent pas en votre faveur. Je reste votre supérieure hiérarchique depuis ma promotion.

La jeune rousse a du mal à prendre les gens de haut ainsi, mais elle se méfie plus que tout de cette homme dont elle ne sait rien hormis que sa cousine commandante du Zardoz ne rêve que de s’en débarrasser comme d’un animal fou qui a déjà mordu son maître et qui ne demande qu’à le refaire.

Je dis juste que c’est une heureuse rencontre Palinka, mais je ne vais pas te cacher que je désirais... ardemment faire ta connaissance, répond-il avec un sourire intéressé. Quant au fait d’être en dehors des protocoles de salutations militaire pardonne-moi mais je pense que tu n’es pas plus attachée à cette culture que moi, continue-t-il en désignant d’un signe de tête la tenue de la jeune femme.

Elle avait effectivement opté ce jour là pour une tenue civile, une robe d’un rouge vif et passionné, ne désirant pas le moins du monde porter une tenue froide de l’armée comme ces tuniques vertes que portaient tous ces soldats. Elle serait là aujourd’hui comme la nièce d’Al-Rhazès et non comme officier du Zardoz.

Je vous le concède. Appelez-moi par mon prénom en ce cas. Mon nom d’officier mis nu ainsi m’agresse les oreilles au plus haut point.

Ca sera donc Anastasia. Appelle-moi Calvados pour ma part. Je n’ai plus que ce nom depuis bien longtemps.

Malgré les mises en garde de sa cousine au sujet de cet homme, Anastasia fait signe à sa garde de s’éloigner quelque peu. Curieuse de connaître les intentions de cet indomptable officier. Lequel intime le même ordre aux deux hommes qui le suivaient jusque-là.

Bien. Je ne voudrais pas te mettre en retard et j’ai affaire également près de l’arène du fossoyeur. Je te propose de continuer notre discussion en marchant ?

Vous avez affaire là-bas aussi ?, lui demande la jeune femme tandis que leur groupe reprend sa marche doucement. Je ne vous vois pas friand de ce genre de jeux pourtant ?


Pas plus que toi non, il s’agit plutôt de l’affaire dont m'a chargé Al-Rhazès.

La menace d’attentat ? Ma cousine est revenue en Zardoz hier dans la journée mais je n’ai pu la voir encore. Parait-il que la piste du conclave vertanien n’est pas prometteuse. Vous avez de nouvelles informations quant à vous ?

Un sourire carnassier se dessine sur le visage de l’officier.

Mieux que ça chère Anastasia, j’en ai capturé un de cette secte qui investit notre cité dont je vous parlais à la dernière réunion, et presque en l’état. Nous le faisons parler en ce moment... Cependant je dois avouer que tu es la première au courant en dehors de mes services, mon compte-rendu sera rendu sous peu...

Oh ? J’imagine que je fois m’en réjouir même si les méthodes d’interrogatoire de notre armée me laissent un goût bien amer en bouche… Mais ce n’est pas pour me prévenir de ce fait que vous êtes venu me rencontrer ce jour j’imagine ?

Pas…. Directement disons, déclare-t-il amusé. Je souhaite surtout mieux connaître ta personnalité, du moins autrement que par les rapports qui me sont faits. Utiliser notre petite rencontre pour finaliser mon opinion sur toi pour simplifier. Une visite de courtoisie en somme mais qui m’importe beaucoup à moyenne, voir courte échéance…

Le regard d’Anastasia se fait plus interrogateur. Un bien curieux personnage que ce Calvados.

Je ne vois pas en quoi ma personne vous intéresse autant Capitaine, et je serais bien curieuse d’en connaitre la raison.

La raison ? Elle est simple. Tu as dû entendre dernièrement que je suis…quelque peu... entré en disgrâce aux yeux de ce petit père des peuples qu’est ton oncle, et ta cousine qui ne peut pas me voir en pâture n’y est pas étrangère.

Lui ne peut se passer de moi si facilement, il sait que je suis la clé voûte et le chef d’orchestre d’une bonne partie des recherches de notre cité. Ce d’autant plus que certaines d’entre elles l’intéressent particulièrement.

Elle, n’en a que faire, et me fera tuer dès le feu vert de son père ton oncle. Tu me suis ?


Je crois.

Si je pense continuer à être une pièce forte sur l’échiquier de ton oncle pour quelque temps encore, il finira pourtant par céder à sa fille, me sacrifier… qui plus est lui prend de l’âge, et ces menaces d’attentats qui grandissent sur sa personne… Si jamais il lui arrive quelque chose sa fille prendra le pouvoir.

Et forte de ce que tu as pu entendre de sa bouche à mon sujet et de ce que je viens de t’exposer je te laisse imaginer que les jeux seront faict pour ma personne…


Elle ne peut que comprendre son raisonnement pourtant quel rôle pourrait-elle jouer dans ces conflits internes ?

Je ne vois pas en quoi cela me concerne Calvados. Ma cousine m’apprécie mais elle est assez intransigeante pour que je sache que mon opinion importera peu à l’heure du choix.

Calvados se met à arborer un large sourire.

Oh je ne suis pas là pour mendier une bonne parole auprès de ta personne Anastasia. Je me suis fait seul, et je compte rester maître de ma vie. Je te l’ai dit je cherche juste à me faire une opinion sur toi…

Je suis heureuse de l’entendre Calvados, mais vous me laissez bien perplexe… Je comprends que ma cousine se méfie à ce point de vous, vous avez l’air parfaitement insondable.

Il éclate de rire à ces derniers mots.

Insondable hein ? Sans vouloir t’offusquer toute tacticienne qu’elle soit, l’esprit fermé de ta cousine aurait du mal à cerner grand monde. Pourtant…

Faites attention à ce que vous allez dire capitaine.

Son expression se fait plus sérieuse un instant avant d’arborer à nouveau un léger sourire insolent.

…pourtant, elle a raison de se méfier de moi, en cela elle a su me cerner, mais assez grossièrement je dois dire.

Je dois vous paraitre bien potiche, à vous qui regardez les gens de haut ainsi.

Je juge sur les actes chère Anastasia. Nous venons juste de nous rencontrer laisse moi le temps pour te dire… mais sache que si par le plus grand des... malheurs... Thibarine ne pouvait succéder à son père, tu serais la suivante sur la liste de succession…

Je ne me suis jamais intéressé à cela Calvados. Et j’ai peur de vos sous-entendus. De plus je suis adoptée, l’idée même de pouvoir accéder aux rennes de l’état est idiot, d’autres héritiers viendraient prendre ma place dans l’ordre de succession.


Le capitaine Calvados s’arrête là en se tournant pour faire pleinement face à Anastasia, non loin de l'arène immense, titanesque, d'où s'élève déjà la monstrueuse clameur des premiers spectateurs parfois arrivé des jours auparavant pour s'assurer des meilleurs places. La gêne de la jeune femme se fait sentir mais son regard méfiant ne lâche pas celui perçant du capitaine du Zardoz.

Pour peu que tu sois ambitieuse, aucune porte ne pourra t’être fermée Anastasia. Je vais te laisser là sur ces belles paroles, nos chemins se séparent.

J’espère que vous avez eu ce que que vous cherchez Calvados...

Disons que je regarde un jeu d’échec se mettre en place chère Anastasia. Un jeu dans lequel tu serais une pièce maîtresse, la reine blanche je pense. Je sais que la partie va avoir lieu, et moi observateur curieux je souhaite juste pouvoir m’imaginer cavalier d’une des deux parties, sinon des deux...

Une pièce insaisissable et pourtant décisive lors des débuts de partie… Il t’appartiendra peut-être de me mettre dans un camp ou dans l’autre...


Il s’incline doucement et commence à partir suivi de ses hommes.

Sur ce, nous serons peut-être amenés à nous revoir, mais saches que ce fut un plaisir tout à fait délicat que d’échanger avec toi, Anastasia.

Le cœur de la jeune fille s’emballe, pourtant la foule commence à se faire dense autour du lieu où le groupe s’est arrêté, elle ne peut montrer sa faiblesse, ni crier toutes les questions qu’a faits naître le capitaine du Zardoz en elle.

Déjà un groupe de réception aux blasons du fossoyeur se dirige vers elle et ses hommes, elle ne pourra pas le retenir plus longtemps…


Capitaine Calvados !

Il se retourne doucement, le regard amusé.

Oui Anastasia ?

Vous n’allez pas faire de mal à ma cousine pas vrai ?

Oh je joue depuis longtemps une partie d’échec avec elle, Anastasia. Tantôt elle prend l’avantage tantôt je le prends. Elle m’a mis en échec plus d’une fois ces derniers temps… mais elle se précipite, va trop en avant, et laisse de larges ouvertures…

Les deux personnalités zardozienne se contemple un instant sans mot avant que le chef des recherches ne finisse sa phrase

… elle se met elle-même en échec et mâte en ce moment même. Elle a déjà perdue sa partie mais elle ne le sait pas… trop sûre d’elle... Ne m'en tiens pas rigueur Anastasia. Ce n'est qu'un jeu, TOUT n'est qu'un jeu ici.

Un large sourire vient accompagner sa dernière phrase tandis qu’il disparait en instant au travers de la foule.

Et une nouvelle partie débute, je te l’ai dit Anastasia. Je n’y suis déjà plus qu’ un observateur attentionné,… pour l’instant.

La délégation du Fossoyeur arrive déjà à eux, mais Anastasia au risque de paraître impolie s'adresse d'abord au lieutenant qui fait partie de son groupe d'escorte.

Pouvez-vous joindre ma cousine le commandant thibarine lieutenant? De toute urgence...

Vous me voyez désolé Colonel Palinka... Le commandant est en opération et ne souhaite être dérangée sous aucun prétexte... Elle a été très claire à ce sujet...


Voyant l'air inquiet dans le regard de la jeune rousse ce dernier s'empresse d'ajouter :

Mais n'ayez crainte, elle sait à quoi s'en tenir avec cet énergumène... Notre commandante est forte.

"Et impulsive...", se dit Anastasia à elle-même, laissant place au paraître devant les hommes du fossoyeur.

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Zardoz
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Re: Le jeu de la vie en Zardoz, chapitre 3 : les jeux du cirque, la Foss'Yle

Message par Zardoz »

Point de vue de Sahel : les ascenseurs vers l'arène...


Cette fille…

Elle m’a ramené à des souvenirs bien lointains. Un autre temps… Une autre époque où, encore jeune et plein d’idéaux, je m’étais laissé emporter par la fougue, par une volonté de changer ce monde, par ce qui n’était autre qu’une hystérie collective qui ne dura que quelques mois avant d’être écrasée. Ce dernier m’avait rappelé à la réalité bien assez vite, me laissant pourtant me forger de vains espoirs.

La famille dirigeante elle-même avait été scindée en deux irrémédiablement… La branche Warad avait soutenue et menée la rébellion envers le régime en place, probablement dans un but intéressé me dis-je après coup, mais à l’époque je n’avais pu résister à leur appel, eux qui prônaient la fin du système de castes entre les étages, la fin de la ségrégation des pauvres et des puissants, eux qui voulaient plus de libertés pour le commun et une meilleure répartition des richesses, une justice moins implacable mais plus clémente, et non basée sur la punition collective…

Je m’étais engagé comme une « tunique bleue » que je porte aujourd’hui… comme beaucoup d’habitants des bas étages, souvent des jeunes mais aussi des plus anciens que le système n’avait pas fini de briser. Face à nous des forces gouvernementales pures : les « tuniques vertes », avaient finie par prendre le dessus avec l’appui des derniers étages et sûr du soutien d’Al Rhazès…

Des fusils à projectiles, parfois lasers légers, contre des lourds et plasmatiques, des hommes du peuple se faisant miliciens contre les robot-sentinelles du pouvoir… Nous avions du courage et de la volonté, mais ça ne suffit pas toujours… Ca ne suffit jamais ici. Cela nous permit seulement de tenir quelques semaines de plus face à un rapport de force disproportionné.

Après la guerre les représailles furent sans nom. Les prisonniers capturés tous exécutés après des semaines de tortures souvent. Les familles des prisonniers également et selon les mêmes procédés. Les fuyards traqués, comme leurs proches… Aucune pitié ,même pour les enfants, dans cette campagne de dératisation. Trop peu avaient pu fuir l’état.

Un de mes amis m’avait dit alors que les hommes mourraient mais pas leurs idées. Et que tant qu’il y avait de la vie il y avait de l’espoir… Il s’était fait prendre le lendemain, pauvre bougre. Ses idées durent le lâcher avant son corps. Et moi mes idéaux étaient morts depuis bien longtemps.

Etre free-lance est un dernier recourt pour beaucoup de monde, ce ne fut jamais aussi vrai que pour moi. Nouvelle vie, anonymat… Certains avaient pu me suivre. Et changer du tout au tout quand ils ne s’étaient pas fait tuer…

Aujourd’hui je ne suis plus qu’une coquille vide, vivant au jour le jour, absorbé par un système qui me dépasse bien… Ne pouvant m’accrocher qu’à une nostalgie toute relative. Je n’ai eu qu’une jeunesse semblable à celle d’Adeline la petite que j’ai recueilli… Et sans le savoir je la mène probablement vers la même vie de sans âme que moi…


Adeline. Ne deviens pas comme moi.

Du nerf graines de champions ! Bwahahaha !

Des hommes de l’organisation des jeux nous pressent et poussent comme des animaux vers un ascenseur où des joueurs au brassard rouge sont entassés comme on chargerait un cargot spatiale d’une foultitude de caissons. Triés par numéros, nous sommes ainsi dispatchés vers différents ascenseurs immenses, en ligne, p our le dernier voyage que feront beaucoup d’entre nous… Ces ascenseurs nous mèneront directement à l’arène là haut et nous libèreront sur un sable fin et pur qui sera bientôt souillé du sang des hommes.

Les regards sont soit ceux d’hommes et de femmes résignées, soit ceux de personnes effrayées. Un coup d’œil sur les différents équipements que je peux voir ne fait que me convaincre que ce groupe des « rouges » dans lequel je me trouve n’a que très peu de chance. Des armes difficiles à manier pour des gens dénutris pouvant à peine les soulever, des armures de combat bien trop larges ou du moins totalement inadaptés aux différents gabaris, empêchant tout mouvement…

Je suis poussé comme les autres à l’entrée de l’ascenseur. Et lance un regard haineux au fautif qui s’il l’avait pu parmi cette foule qui se presse,m’aurait rendu un coup pour cet affront.

Il fait atrocement chaud dans cet ascenseur. Pourvu qu’ils n’en fassent pas rentré plus encore. Sans minimum d’espace vitale beaucoup seront évanouis avant l’arrivée à l’arène là-haut…

Un homme à côté de moi à les jambes qui flageoles, jetant partout des regards frénétiques et tenant religieusement ce qui ressemble à une seringue dans ses mains.

Je m’apprête à lui parler, le prévenir mais un cri vient percer parmi les bruits mécaniques des portes des ascenseurs tandis qu’elles se referment doucement.


Je veux pas mourir !!!

Aussitôt un mouvement de panique s’installe prêt des portes et des « participants »aux jeux essayent d’en sortir se prenant coups de bâtons, et menaces pour y rester. Les idiots ils n’en sortiront plus désormais…

Je m’éloigne et me rapproche des murs de l’ascenseur à l’opposé de la scène évitant ainsi le sort de malheureux en train de se faire écraser, piétiner tandis que le mouvement persiste.

Une rafale de feu finalement vient résoudre le problème comme bien des fois... tirée depuis l’extérieur pour calmer les hardeurs. Les premiers s’écroulent dans une mare de sang tandis que les immenses portes de notre ascenseur finissent de se refermer.

Le sol tremble doucement et un doux cliquetis nous fait comprendre que notre ascension débute. Après des pleurs et des cris un silence lourd retombe. Je revois l’homme et sa seringue toujours tremblant mais ne regardant plus qu’elle. Une de ces seringues qu’on pouvait acheter pour quelques uns de nos 100 crédits pour se fournir.

Arrivant face à lui, faisant une bonne tête de plus que lui et arborant ma tenue d’officier tout à fait artificielle mais qui doit me conférer une certaine prestance tout de même je me mets à lui parler fort pour que tout le monde écoute mon propos d’une oreille au moins.


Sais-tu ce que tu tiens dans les mains ?

Il me regarde apeuré mais finit par me répondre.

Ils en vendaient en bas, ils m’ont dit qu’avec ça je saurais me battre… Je n’ai jamais tenu une arme de ma vie vous savez …

Je m’en doute un peu vu son état de panique.

Ce n’est rien de plus que ta pire chance de ne pas t’en sortir cette substance. Elle rend fou en 30 secondes à peine après l’injection. Te faisant perdre tout discernement vis-à-vis des menaces qui peuvent arriver sur toi, des dommages que tu peux subir, mais aussi de qui est ami et qui est ennemi. Pour une bataille qu’on ne peut gagner qu’en étant ordonné face à l’ennemi, c’est la pire des malédictions.

Je continue de le fixer, ne prêtant pas attention au fait que tous on les yeux fixés sur moi maintenant.

Si tu veux l’utiliser sache que tu mourras à coup sûr et je suis catégorique. Je trouve ça stupide mais si tu le fais juste devant la ligne ennemie en face je ne t’en voudrais pas : tu ne verras même plus ta mort arriver avec cette substance, hormis si elle te quitte tandis que tu agonises sur le sol.

En revanche si tu comptes te l'injecter ici alors que nous sommes dans une pièce fermée ou même là-haut tandis que tu es encore dans nos lignes je te tuerai de mes mains sans hésiter avant que la substance n’ai le temps d’agir ! Compris ?!


Ma dernière intonation était particulièrement menaçante. Le pauvre bougre ne la méritait probablement pas…

Oui, j’ai… compris…

Et vous tous ?!, dis-je à l’assemblée, en voyant plusieurs avec le même outillage.

Des murmures d’approbations un peu gênés se font entendre. Beaucoup ne connaissaient même pas le contenu de ces seringues qu'ils avaient pourtant acheté volontier contre une promesse de majoration de leur chance de survie…

Quelqu’un applaudit, bien seul. Je me tourne vers lui et reconnait l’enfant ou pré-adolescent de tout à l’heure avec sa faux, sa petite veste chic et ses cheveux blancs ébourrifés.

Wahou ! Comment tu en sais des choses Sahel ! Je comprends que ma sœur soit impressionnée !

Oh, Taki, c’est toi ? Tu sembles bien être le seul à sourire ici.

Boarf!, me dit-il élargissant encore son sourire sans fond. Je dois dire que l’atmosphère est particulièrement pesante ici, vivement qu’on arrive à l’étage !

J’imagine Taki… Reste près de moi si tu veux, ça se passera bien…

Il s’esclaffe un instant, essuyant une larme à ses yeux, puis se rapproche encore d’avantage.

Et beeeeen ! Je peux t’appeler grand frère alors ?! Je sens qu’Ayma va vite craquer avec un homme aussi soucieux de son petit frère ! Le premier pas dans la famille ahah !


Je le regarde sans comprendre tout son propos. Une ancien vient me pousser avant que je n’ai eu le temps de lui répondre.

Excusez-moi Capitaine, les hommes ont peur il faudrait les mener…

Capitaine de quoi ?

Une jeune fille avec un sabre non loin murmure simplement, assez lucide.

Tes galons mec…

Un autre surenchérit.

On est bien conscient qu’on risque tous de crever, tu es un des seuls qui a pas ce regard résigné ni effrayé… que tu sois vraiment soldat ou pas si tu t’y connais un tant soit peu en combat je suis prêt à suivre tes ordres !

Moi aussi !

Oui moi aussi !

Le capitaine des tuniques bleues !

Guide-nous !


Les gens se serrent et se rapprochent autour de moi tandis que l’ascenseur poursui sa lente course vers l’arène et que le brouhaha titanesque d’un public survolté commence à se faire entendre comme un bruit de fond continu semblable à une multitude de coups de tonnerre ininterrompus.

Je sais me battre oui, je sais diriger de petits groupes de Fls bien entrainés quand je le dois… mais tout un groupe comme ça, sans aucune culture martiale…

Pourtant… pour moi c’est l’occasion de me démarquer… ce que je cherche après tout, et pour nous tous, c’est l’occasion de nous organiser un peu et de ne pas être une masse informe prête à se faire pétrir par les bouchers d’en face…


Bien, pour ceux qui le veulent, je serais donc votre capitaine pour cette première phase des jeux.

Vive le capitaine Flint !

Flint ?!

Je regarde sur ma poitrine, effectivement cette tenue semble bien d’époque, le nom de son précédent propriétaire y est encore gravé…
Capitaine Flint !


Bien, je serais donc le capitaine Flint !
, me dis-je prenant un air résolu.

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Ayma Warad
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Re: Le jeu de la vie en Zardoz, chapitre 3 : les jeux du cirque, la Foss'Yle

Message par Ayma Warad »

Point de vue d'Ayma : Sous le secteur du Fossoyeur, dans les souterrains de l'arène.

Nous nous enfouissons un peu plus dans le dédale des souterrains sous le secteur du fossoyeur. Plus âme qui vive dans ces profondeurs réservées à des techniciens de maintenance qui ont mieux à faire en ce jour si « glorieux » pour les dirigeants du Zardoz.

Glorieux… oui ça il le sera.

Silencieuse je marche prestement en compagnie d’un Taka surexcité par la promesse d’un large festin en bout de chemin.

Derrière nous des bruits de pas qui se rapprochent. De belles chaussures en cuir parcourant un sol métallique froid, sale, et crasseux.


Non, n’approchez pas si vite… Nous n’y sommes pas encore.

D’autres bruits viennent sur nous depuis un couloir qui débouche sur le nôtre depuis la gauche. Je fais signe à Taka d’accélérer le pas. Ils doivent bien se douter que nous les avons repérés de toute façon.

Ouah grande sœur ! C’est qu’ils sont tenaces dis donc !

Ils ont de l’entrainement…, dis-je en souriant à mon tour.

Seul le bas de mon visage est découvert maintenant. Je me suis bien gardé de découvrir le haut de mon visage, où seuls mes yeux ayant déjà pris leur teinte quasi démoniaque sont visibles. Je ne cherche pas à être reconnu… pas pour l’instant en tous cas… pas tant qu’ils peuvent encore communiquer entre eux...

Ces sous terrains offrent un abri parfait pour se déplacer. Trop étroit par endroits pour que les robots sentinelles qui font régner la loi et l’ordre par la peur dans les rues là-haut puissent y déployer leur plein potentiel. Un endroit parfait pour un combat de guérilla.

D’autres encore arrivent sur notre flanc, depuis un autre chemin adjacent. En passant devant je distingue à quelques dizaines de mètres un de ces hommes qui nous prend en chasse : une longue tenue de cuir, surmonter d’une large veste, à la main un pistolet mitrailleur laser, probablement de dernière génération. Il nous met en joue mais n’a pas le temps de tirer que nous ne sommes déjà plus dans son angle de vu.

Ils en ont de drôles de militaires ici ! Ils ressemblent à rien !, me dit un Taka amusé qui a vu la scène comme moi.

Ce sont les forces spéciales, Taka, on nous prend au sérieux on dirait, on nous épargne le menu fretin.

Un large sourire désormais à mon visage. Ils ne peuvent pas savoir qui je suis réellement, seul l’Ombre le sait. Elle qui nous envoie là pour poser les bases de son nouvel empire anti corporatique. Elle a besoin de moi et se garderait bien de me mettre trop en avant pour l’heure.

Et ce blason sur l’épaule de ce soldat… un « SS » pour « Services Spéciaux» que je reconnaitrais entre milles, ceux des forces de ma précieuse cousine… Elle a donc mordu à l’hameçon. Notre contact dans le gouvernement aura fait son œuvre.

Des bruits de pas dans le couloir devant nous viennent se mêler à ceux qui nous talonnent à l’arrière. Un vrai labyrinthe ces souterrains… Il en vient vraiment de partout.


C’est encore loin grande sœur Ayma ?, me demande Taka en armant sa faux en un geste précis et fluide malgré l’étroitesse du passage.

Non très peu, mais nous ne couperons pas à ceux qui arrivent devant. Tu es prêt ? Pas le temps de nous arrêter longtemps…

Il sourit doucement tandis que passant un croisement nous nous retrouvons face à un petit groupe de trois individus appartenant à la même unité que nos poursuivants. Nous ne leur laissons pas le temps de pointer leurs armes que nous sommes déjà sur eux. Les coups pleuvent sur les murs sans nous atteindre et le silence revient comme il est venu. A terre deux d’entre eux sont tailladés et totalement hors services. Je tiens le dernier contre un mur d’une main tandis après avoir arraché celle qui brandissait à l’instant une arme contre moi.

Derrière moi, Taka semble médusé d’un coup qu’il a reçu au visage et l’a griffé et s’acharne un court instant sur son auteur. Moi je n’ai plus d’yeux que pour l’homme maintenant manchot qui me regarde avec un regard qui se veut froid et inflexible.

Les bruits de pas à notre arrière se sont accélérés, le reste de nos poursuivants ne va pas tarder à déboucher…


On y va grande sœur ?, me dit un Taka finissant de se défouler sur un corps inanimé maintenant défiguré.

Juste un instant.

Je rapproche mon visage de l’homme qui continue de me fixer d'un air menaçant.

Tu n’as pas peur de moi ?


Pourquoi aurais-je peur de toi sale monstre !, me crie-t-il se voulant défiant mais avec une voix légèrement tremblante.

A toi de me dire..., lui dis-je avec un sourire avant de venir le mordre à pleines dents au niveau du cou et d’en arracher généreusement une partie de la chair.

Son hurlement résonne dans tous les couloirs tandis que je repars avec Taka. Un ennemi blessé et qui hurle de douleur. Voilà qui arrêtera bien des téméraires là où le corps d’un collègue aurait vite été enjambé…

Je m’essuie doucement les lèvres et regarde un Taka qui me dévisage en courant à mes côtés, un léger sourire sur les lèvres, comme satisfait de sa grande sœur.

Je tends une main tachée de sang et lui tourne son visage pour contempler sa blessure.


Il t’a surpris ?

Ils étaient rapides… , me dit-il un peu honteux, je ne me laisserais plus surprendre Ayma !

J’y compte bien, petit frère…

Si les bruits de pas de nos poursuivants ne cessent pas, nous avons au moins pu reprendre une marge de sécurité pour atteindre notre objectif.
Les minutes passent. Ils nous suivent mais dans ce gruyère, ce dédale de galerie semblable à des catacombes, ils ne peuvent pas ou peu prévoir nos mouvements à l’avance. Mouvements qui doivent leur paraitre bien désordonnés… Pour eux ce n’est rien de plus qu’une poursuite de fuyards acculés. Pour nous c’est tout autre…

Et pourtant ils peuvent nous suivre, nos montres d’immigrés à nos poignets nous géolocalisent. Difficilement certes dans cette zone peu cartographiée, mais ils nous suivent à distance.

Et ils vont se rendre compte sous peu que nous nous dirigeons tout droit en un point précis ou le réseau souterrain se relie en une immense et unique impasse…

Un bruit d’eau nous arrive bientôt aux oreilles, et se fait de plus en plus présent et puissant. Nous arrivons au bout de notre voyage dans une pièce immense, toute en longueur, où d’immenses cascades d’eaux nous font face plongeant dans un bassin de rétention tout aussi immense, tandis que tout du long des murs qui parcourent la pièce jusqu’à ce bassin de grands pylônes, des conduits d’eau de toutes hauteurs et de tous calibres parcourent les murs en s’élevant depuis le sol vers les hauteurs.

Toute l’eau ici est relativement potable ou du moins purifiable. Mais elle n’est pas du tout destinée à un usage propre pour les civils des bas étages…
Non, toute cette eau, si rare en Désertica n’est réservée qu’au désir des puissants. Et aujourd’hui un puissant va mourir ici même dans cette eau que ces chiens à la botte d’Al-rhazès s’accaparent.


Un avertissement pour eux, une lueur d’espoir pour le peuple… Une basse vengeance pour moi…

Nous ralentissons le pas et arrivons les pieds dans l’eau au bord de l’immense et sans fond retenue d’eau. Derrière, à plusieurs dizaines de mètres, par là où nous sommes rentrés des dizaines de membres des forces spéciales pénètrent et nous encerclent petit à petit dans un bruit de bottes fracassant en nous mettant en joue les uns après les autres.


Combien sont-ils, Taka ?

Au moins 30… à non 50 avec ceux-là qui arrivent encore.

Ça fait beaucoup pour nous non ?, dis-je en riant.

La lumière faible mais présente des néons en hauteur oscille doucement sur le visage dément de Taka.

Pas sûr grande sœur…

Mains en l’air ou nous faisons feu !, nous hurle un des officiers, sur ses gardes.

Allons bon. Je suppose que vous nous voulez vivant n’est-ce pas ?, dis-je tortillant un des bandeaux qui se détachait de mon corps du bout de mes doigts.

Pas si vous résistez, sales monstres !

Le regard implacable de ces hommes surentraînés est plein de haine au vu de ce que nous avons fait à leurs collègues. Pourtant ils semblent attendre, tous, que nous fassions le premier geste... Ou bien attendent-ils autre chose... Mais quoi? Ou plutôt... qui?

Des pas dans le fond de la salle derrière eux approchent d’une marche assurée. Accompagnée d’une autre escouade un autre officier, de premier ordre arrive face à nous à quelques mètres.


Commandant Thibarine, nous les tenons !, dis l’officier qui nous menaçait jusque-là à sa supérieure hiérarchique.

Un cigare incandescent à la bouche, elle nous dévisage longuement d’un air supérieur avant de prendre la parole dans un nuage de fumée.

Vous êtes faits comme des rats, sales petits nuisibles que vous êtes...

Vous avez de la chance je suis de bonne humeur aujourd’hui : j’ai devancé un collègue que je ne peux voir en pâture sur sa propre affaire et avec mes méthodes… Si vous me laissez vous capturer sagement il souffrira pour vous. Sinon.. Je n’aurais aucune pitié et je ramasserai celui de vous qui sera le moins troué…

Elle reprend une bouffée de son cigare et recrache à nouveau un nuage de fumée en nous perçant de son regard, sûre d’elle.

Vous m’avez comprise ? Allons bon vous n’avez pas perdu la langue j’espère, le soldat a qui vous avez arraché un bout du cou tout à l’heure se fera un plaisir de vous l’arracher pour moi quand il sera remis…

Je la regarde de mes iris rouges écarlates, et pose cette simple constatation face à tous ses hommes :

Toujours aussi sûre de toi Annabelle. Tu n’as pas changé.

L’officier Thibarine arrête de mâchonner son cigare en bout de vie un moment, puis le laisse tomber par terre et l’écrase violemment.

Qui t’a donné mon prénom petite enflure ? Personne ne m’appelle par lui tu m’entends ?! Je vais te faire regretter tes…

Je lève la main dévoilant la montre d’immigrée à mon poignet par laquelle ils nous avaient tracés depuis le début de la course poursuite. D’un geste de mon autre main qui vient rejoindre la montre incrustée dans le bras des zardoziens un petit « Clic » sonore se fait entendre et raisonne dans l’immense pièce réservoire parmi les bruits d’eau alentours incessants.

Ma montre tombe au sol en un léger « clap » et dévoile un avant-bras totalement intact.

Taka m’imite rapidement mais sans se donner en spectacle comme moi. Il n’a pas le goût du théâtre qu’à son frère…

Je vois le visage du commandant Thibarine ne pas comprendre la scène, puis s’enflammer.

Comment se fait-il que ta montre ne soit pas incrustée ?! Tu aurais dû t’arracher le bras pour pouvoir te l’enlever ?! Notre système est infaillible !

Tu te trompes Annabelle…

Elle me regarde plein de fureur, moi j’avance l’index en bon professeur si ce n’est que de mes yeux l’envie de tuer ne cesse de grandir.


La vrai question à poser dans l’immédiat serait : « pourquoi ne l’ont-il pas enlevé avant s’ils le pouvaient, sachant que nous les poursuivions ? »

Ce à quoi je te répondrais: puisque nous voulions être suivi!

Vous pensiez, depuis vos petites tablettes, à nous tracer par deux points uniques comme deux fugitifs isolés, sans aucun témoin de la scène alentours d'après vos radars, alors que…


De chaque recoin de l’immense pièce, de chaque hauteur masquée par les conduites d’eau, des ombres sortent et se dévoilent, encapuchonnées de noir, chacun de leur visage recouvert d’un masque tantôt animal tantôt démoniaque. Certains sautent à l’extrémité même de la pièce en bloquant l’unique sortie. Aucun d’eux ne porte de montres.

… nous n'étions pas seuls. Loin de là.

Je m’avance doucement vers la fille d’Al-Rhazès, tandis qu'une des membres de mon groupe lève sa main au loin pour me signifier que les transmissions sont désormais brouillées. Les armes sont en parties pointées sur moi, mais bon nombre d’entre elles ne savent plus que viser. D’un geste je commence à dérouler le reste des bandages qui me masquent le visage, dévoilant peu à peu mon identité à la fille détestable d’un être détesté.

Toi ?!

Alors Annabelle, ma chère cousine... Inversons les rôles un peu : comptes-tu te rendre ou pas ?, lui dis-je en la regardant de mes yeux plus noirs que jamais.

D’un geste elle retire avec fluidité un pistolet de sous sa ceinture et le pointe vers moi.

Jamais, tu m’entends ?!

Un sourire en coin de lèvre, je lui fais face et avant qu'elle tire, j'ai le temps de dire :

Comme tu es prévisible ma tendre cousine...

Là haut les néons cessent de fonctionner tous d'un même coup plongeant la scène dans une profonde et insondable obscurité qui finit de tourner la situation à notre avantage et masque les horreurs qui suivent où le bruit des tirs et les cris de peur et d'agonies viennent troubler l'espace de quelques minutes le bruit de la cascade d'eau qui continue inexorablement sa chute vers un bassin qu'on découvrira plus tard teinté d'une écume rouge vermeil.

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Kafelor
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Re: Le jeu de la vie en Zardoz, chapitre 3 : les jeux du cirque, la Foss'Yle

Message par Kafelor »

Point de vue du Fossoyeur dans son salon privé

Solidement assis dans mon récamier en cuir, je serrais fermement de ma main droite le pommeau métallisé serti d’émeraude de ma canne en bois d’érable. Ce bâton était comme un porte-bonheur dont je ne me séparais jamais, comme une prolongation de mon bras dont je pouvais ressentir la moindre once de la fonte et du cristal et la moindre fibre boisée. Et actuellement, tous mes sens étaient en alerte, en éveil, prêts à réagir à la moindre occasion.

J’esquissai un bref regard vers la cheminée du coin opposé. Habituellement, j’adorais rester des heures à regarder les braises rougeoyantes pour réfléchir en silence et trancher, jaugeant le pour et le contre de chacune de mes décisions. Mais mon regard se reporta à nouveau sur l’iris qui flottait doucement devant moi. En lévitation, celui-ci était connecté à un autre iris semblable en tout point au mien, placé au milieu du centre de contrôle de l’organisation. Depuis cet œil, je pouvais ainsi me balader virtuellement au sein du quartier général et surveiller à distance ce qui se passait. De multiples opérateurs s’affairaient devant leurs multiples écrans et hologrammes. Toutes les caméras de l’organisation y étaient rassemblées, toutes les informations du réseau, tous les rapports y circulaient. Le chef de la sécurité, Œil de Bœuf, passa non loin de l’iris.

  • - Des nouvelles, Œil de Bœuf ?
Celui-ci tourna sa tête légèrement vers la gauche, en direction de l’iris.

  • - Toujours rien, Monsieur.
  • - Pourquoi ne répondent t-ils pas ?
  • - Nous avons essayé d’entrer plusieurs fois en contact avec eux. Sans résultat.
J’avais un mauvais pressentiment. Ils auraient déjà dû revenir. Ce retard n’annonçait rien de bon.


  • - Envoyez une deuxième équipe pour savoir ce qui se passe.

  • - Très bien, Monsieur.
[/b]

Depuis mon fauteuil et grâce à cet iris, je pouvais voir l'ensemble du centre de contrôle. Ce dernier était en pleine effervescence et nos différentes équipes redoublaient d’effort depuis plusieurs heures pour mener à bien les préparatifs des Jeux, accueillir les principaux dignitaires et encadrer l’arrivée des spectateurs. Chacun semblait à son poste, je n’avais rien vu d’anormal, au moins dans ce centre de contrôle. Mais la vigilance était de mise. L’attaque de l’astroport sur notre première escouade n’avait rien d’anodin.
[voir épisode 2]

Je sentais clairement que quelque chose clochait sans pourtant mettre un visage ou une explication à tout cela. Mon instinct ne m’avait jamais fait défaut jusqu’à présent et, dès lors que j’éprouvais ce sentiment, il arrivait souvent des imprévus regrettables…

Un homme assis sur l’un des moniteurs tourna son siège à 180 degrés pour s’adresser à moi, ou tout du moins à l’iris qui lui faisait face.


  • - Monsieur, le rapport de la police du comté nous a été transmis.

  • - Mettez-le moi sur mon écran.


Mon hologramme changea et un texte s’afficha instantanément. Je parcourus le document en diagonale.
« Rapport de police – affaire n°05107

Agent : McGravy
Date et heure : 18 Galan 3734

Description :
Je suis arrivé sur les lieux avec mes coéquipiers […]. De nombreux corps jonchaient le sol. Ils étaient entaillés de ci de là ou criblés de balle. […] Des gravats étaient éparpillés partout. Nous avons retrouvé des armes lourdes, dont des mitrailleuses RZ-6 et des managuns de gros calibre. […] Les vitres autour du lieu de la fusillade ont été brisées suite au souffle d’une ou de plusieurs explosions, sûrement des bombes de type GS-26. […] Deux camps se sont affrontés, cela ne fait aucun doute, […] nous ne savons pas pour quelle raison mais, des éléments probants semblent indiquer un guet-apens. Plusieurs hommes sont en effet morts tout autour du lieu, derrière des murets, faisant penser à une embuscade. […] nous ne pouvons encore une fois écarter aucune piste […] mais l’attaque surprise est une sérieuse option au vu des résultats du scanner. Nous avons scanné plusieurs empreintes digitales et certaines ont été reconnues par notre base de données. Les trois hommes identifiés au milieu de la tuerie appartiennent à l’organisation du Fossoyeur tandis qu’aucun des quatre hommes reconnus autour du lieu de la fusillade ne sont membres de ce réseau. […] Les caméras de sécurité sont quant à elle relativement éloignées du lieu de l’incident et donc difficilement utilisables comme pièce à conviction, elles montrent également des tireurs embusqués mais la résolution est trop faible pour... »
Je n’eus pas le temps de lire la fin de la déposition que déjà Oeil de Bœuf m’indiquait à travers l’iris :

  • - Monsieur, vous devriez voir ça.


Je regardais l’image en direct qu’il me montrait. Crâne d’Obus venait de passer les contrôles de sécurité de la Foss’Yle. Je zoomais rapidement sur lui et le vis marcher tranquillement en direction de la tribune présidentielle, serrant plusieurs poignées de main au passage et affichant le visage le plus souriant du monde.

  • - Et les autres sont-ils arrivés ?

  • - Négatif, Monsieur.
[/b]

L’instant de silence fût extrêmement bref avant qu’Œil de Bœuf ne reprenne la parole :


  • - Monsieur, nous venons d'apprendre... un de nos goutteurs est mort.
[/b]
  • - Quoi?

  • - Le médecin légiste a confirmé le poison. Il est formel : le saké que l’on devait servir lors du repas d’ouverture était empoisonné.

  • - Que l’on détruise toutes les réserves de saké et que l'on retrouve immédiatement le fournisseur ! Il faut retrouver qui a fait ça, qu’on l’interroge et qu’on le jette ensuite dans la fosse!
[/b]

Je serrais encore plus fortement le pommeau de ma canne et balayai à nouveau d’un regard noir mon salon privé. Il agissait d’habitude comme une force d’apaisement sur moi et mais il ne pouvait guère me calmer ce coup-ci.

La pièce était feutrée et joliment décorée sans entrer dans le guindé. Outre le petit feu de cheminée qui crépitait dans le coin opposé, relâchant une douce chaleur qui donnait envie de se blottir dans l’un des sofas placés devant l’âtre, quelques tapisseries fines et soyeuses ornaient les épais murs en pierre apparente. De grandes poutres en bois portaient avec vigueur la pièce et donnaient au tout un caractère charpenté et chaleureux.

Après quelques recherches, les opérateurs retrouvèrent rapidement la trace du fournisseur en question.


  • - Le fourgon de livraison a été retrouvé carbonisé à deux pas d’ici. Le livreur est mort à l’intérieur.
[/b]
  • - Qui était son boss ?
[/b]
  • - Nous n’en savons rien, Monsieur.

  • - Quoi ? C’est impossible !

  • - Oui je sais, tout est habituellement compilé, mais là, il manque une ligne dans le registre.


Je n’eus pas le temps de répliquer qu’un des opérateurs intervint à son tour :

  • - L’équipe de secours vient d’arriver sur place. Notre escouade au quartier d’Eqmet qui devait récupérer le colis a été décimée. Ils sont tous morts, Monsieur.

  • - Quoi ? Mais c’est impossible ! Crâne d’Obus est bien ici lui. Il ne peut pas être ici en vie et tous les autres morts, c’est insen… à moins que…
[/b]

Mon sang ne fit qu’un tour.

  • - Oh le fumier... Quel pu… de traître… Arrêtez Crâne d’Obus!


La colère m’avait définitivement gagné. Nos équipes avaient été attaquées par deux fois, et Crâne d’Obus avait été le seul à survivre par deux fois. Et voilà qu’il se pavanait comme un paon au milieu de la foule, il n’allait pas s’en sortir comme cela.

Je regardais les gardes commencer à s’approcher de lui. Il allait payer pour sa trahison ! Mais, mon attention fut attirée par des voyants rouges qui clignotèrent sur plusieurs caméras au centre de contrôle.

  • - Des alarmes aux sous-sols se sont activées.

  • - Oui, ça, j’ai vu, mais pourquoi ? bordel de mer…

  • - Nous le serons dans un instant. Des escouades sont en route.


Les caméras des gardes furent connectées immédiatement. Les groupes armés de l'organisation du Fossoyeur se dispersèrent à travers la galerie pour accélérer les recherches et effectivement, l’un d’eux finit par découvrir l’incroyable tuerie…

  • - Oh non ! [/b]s’écria Œil de Bœuf.
Les lumières des pistolets mitrailleurs éclairaient subrepticement les visages au sol recouverts dans un immense bain de sang. On ne pouvait à peine deviner les traits, mais leur tenue maculée ne faisait aucun doute. Ils appartenaient à la garde royale. Les visages défilaient quand soudain, je reconnus avec effroi l’un d’eux…
  • - Code rouge ! Code rouge ! m’écriai-je.
Comme un seul homme, les opérateurs de la salle de contrôle activèrent le protocole d’urgence de sécurité. L’alerte fut donnée et la zone commença à être complètement verrouillée.

  • - Allons messieurs, il faut réagir ! il faut se battre ! il faut qu’on trouve qui a fait ça ! Où sont nos invités ?
[/b]
  • - Dans la galerie de l’anti-chambre de la tribune présidentielle pour l’essentiel.
[/b]
  • - Préparez moi une escouade. Il faut immédiatement que je m’entretienne avec Anastasia et le capitaine Calvados.

  • - Et pour les Jeux ?

  • - Faites retarder les Jeux un moment le temps qu’on en sache plus et qu’on élimine toute menace. Envoyez quelques animaux pour faire patienter le public.


A travers l’iris, je regardais Crâne d’Obus se faire arrêter. Quand deux gardes s’approchèrent de lui pour le menotter, son regard parut surpris. Une surprise qui en disait long… un peu trop à mon goût…

Je me levai d’un bond, serrant plus que jamais le pommeau de ma main droite. Je mis mon chapeau haut de forme et avançai prestement pour aller moi-même au devant des événements. Tout cela ne pouvait être pure coïncidence. Tout cela avait planifié de longue date. Il fallait à tout prix les arrêter.
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Kafelor
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Re: Le jeu de la vie en Zardoz, chapitre 3 : les jeux du cirque, la Foss'Yle

Message par Kafelor »

Point de vue de Donovan Corq (alias Crâne d’Obus) à la Foss’Yle


  • -Salut Donovan, la forme ?

    -Francis ! vieux briscard ! Je suis pas aussi jeune que toi mais je m’entretiens, surtout là-dessous et au-dessus.

Je désignai non sans malice mes parties génitales puis mon crâne chauve dont j’étais si fier. Puis je lui serrais chaleureusement la main tout en lui souriant.


  • -Tu n’as toujours pas réussi à faire venir ta femme ?

    -M’en parle pas ! J’ai beau la tanner, elle refuse d’assister aux Jeux. Elle trouve ça inhumain.



Je me mis à rire à gorge déployée.


  • -Ahah… inhumain, qu’est ce qu’il ne faut pas entendre… ahah !



Je fis quelques pas à l’entrée de la Foss’Yle avant de tomber sur Lauren.

  • -Ma chérie… dis-je d’un ton affectueux.

    -Donovan mon chou… me répondit-elle gentiment. Ben alors, on te voit plus aux soirées ?

    -Oui, j’ai eu fort à faire !

Voyant que je n’en dirais pas plus, elle me regarda d’un air taquin.


  • -Hum, toi t’es en train de te caser !



Je rigolais avec elle. La bonne humeur était de mise. Je pouvais enfin me détendre après une journée de boulot épouvantable. Mes collègues morts à l’astroport, le guet-apens, tout cela ne m’importait plus. Je voulais aller initialement débriefer au centre de contrôle des Jeux mais finalement je pris le chemin de la tribune présidentielle. On verrait tout cela plus tard. J’avais envie de m’amuser, de rire, de chanter. Et de toute façon, moi je n’étais qu’un simple exécutant, j’avais fait ce qu’on m’avait demandé. Ils avaient sûrement déjà obtenu tous les rapports de police et videos de surveillance pour retrouver ces fumiers.

Je continuais à rigoler, à blaguer et à serrer des mains tout en montant les marches avant de tomber nez à nez avec le Capitaine Calvados. Oubliant totalement le protocole, je lui fis la bise.

  • -Salut Cap’taine. On l’a fait quand cette partie de boules ? ahah, enfin… je veux dire… de molky. (*)
Le Capitaine me regarda interloqué mi-amusé mi-consterné. Un de ces gardes me repoussa et se mit en travers. Calvados était un ami d’enfance et on se côtoyait régulièrement.


  • -Vous êtes un peu en avance, la fête n'a pas encore commencé, Donovan.


Il me fit signe de me taire de la main et s’en alla rapidement.


  • -Allez Cap’taine, revenez ! Vous avez peur de vous prendre une branlée ?
[/b]


Il continua à me tourner le dos. Je le vis descendre pour aller s’installer plus bas dans la tribune présidentielle. Je rigolais comme une barrique, je n’en pouvais plus. J’allais m’avancer un peu plus vers ma place et aller rigoler avec d’autres spectateurs quand des collègues vinrent me retenir par le bras.


  • -Donovan, suis-nous s’il te plait.
[/b]


Je me retournai et souris en voyant le gars face à moi.

  • -Pied de Poule, mon pote ahah comment tu v…

    -Ne m’appelle pas comme ça, bon sang !

Il me fit signe de le suivre. Je ne comprenais pas.

  • -Les mecs, les Jeux vont commencer là… ça ne peut pas attendre ?

    -Non, ordre du patron.

    -Ouh là… ahah... si c’est le patron alors je vous suis les gars… ahah.

Je les suivis donc avec entrain. On m’emmena vers le centre de surveillance de la Foss’Yle. Bizarrement, j’avais l’impression de marcher un peu à droite à gauche mais je n'en tins pas compte. On entra dans un hall puis on me plaça dans une pièce à part.
Un autre collègue m’y attendait.



  • -Hey Dos d’Ane ! ça fait un bail !
[/b]


Dos d’Ane me fixa intensément. Contrairement à moi, il ne souriait pas.


  • -Crâne d’Obus, assis-toi. C’est pas le moment de plaisanter.
[/b]

  • -Ouh là… ahah… pas de problème poto…
[/b]


Je m’assis sur la chaise la plus proche.


  • -Pourquoi tu n’es pas revenu direct au centre pour le debriefing ?

    -Ouai… je voulais vous voir… ahah… mais bon tu sais comment c’est… les Jeux… on veut pas rater ça alors je me suis dit que...

    -Crâne d’Obus, arrête tes conneries. L’ensemble de ton escouade à l’astroport est mort. Et toi tu te pavanes dans les gradins comme ça.

    -Ouai… c’est clair… je suis un con…
[/b]


Je marquais une petite pause et voyant qu'il ne disait toujours rien, j'enchainai dans un petit sourire.

  • -Ok j’aurai dû venir direct, t’as raison. Je suis désolé.

    -Désolé ? c’est totalement insuffisant. Et l’autre escouade à Eqmet, il s’est passé quoi ? on n’a pas encore reçu de rapport de police.

    -Comment ça l’autre escouade ?

    -Fais pas le con, tu sais très bien de quoi je parle ! Ils sont où tous ?

    -Quoi ? comment ça ? je comprends rien à ce que tu me racontes.

    -Tu veux vraiment la jouer comme ça ?

    -Comment comme ça?

    -En te foutant de ma gueule. De notre gueule.

    -Non je t’assure, je…

    -On a que quelques heures. Si tu nous dis rien, on a ordre de te remettre aux autorités… et leurs chers robots sentinelles. Autant te dire qu'avec eux, ce sera pas une partie de plaisir...
[/b]


Cette discussion ne m’amusait plus beaucoup. Pourtant je continuais malgré moi à sourire.

  • -Bon écoute, de quoi tu parles ? Dis moi ce qui se passe.

    -Mais c’est à toi de nous le dire, Crâne d’Obus ! on t’a proposé combien pour faire ça ? tu pourras enfin aller au niveau 1 avec tout leur putain de fric ? c’était quoi le plan ?

    -Quoi ? quel fric ? pourquoi j’aurais fais quoi ?

    -Parce que t’es un putain de TRAITRE !

    -Quoi ? mais non tu te…

    -On a vu les images de l’astroport. Et ceux d’Eqmet on en a pas mais bizarrement y a que toi qui sort du bâtiment. Les autres ne sont jamais ressortis. Alors qu’est ce que tu dis de ça ?

    -Quoi ? mais non ce n’est pas possible.

    -Ah ouai, ben explique moi alors.

    -Ben je leur ai filé le colis et je me suis barré. Et eux sont repartis de leur côté.

    -Ils sont JAMAIS repartis. Et on a envoyé une autre escouade dans le bâtiment, aucune trace de l’équipe. Putain, Crâne d’Obus, parle, je te le conseille dans ton intérêt.

    -Mais je t’assure, je te dis la vérité.

    -Depuis quand tu fais le tapin d’agent double ?

    -Je t’assure que je n’ai…

    -Les autres ils sont où ?

    -Je… je ne sais pas.

    -Et le colis, putain qui c’est qui l’a ?

(*) [HRP : le molky est un jeu de quilles d’origine scandinave. 12 quilles numérotées + un baton en bois à lancer pour les faire tomber. Si vous ne connaissez pas, je vous conseille, c’est bien fun !]
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Kafelor
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Re: Le jeu de la vie en Zardoz, chapitre 3 : les jeux du cirque, la Foss'Yle

Message par Kafelor »

Point de vue du Commissaire Edgar Delatre à la Foss’Yle



Je ruminais intérieurement. J’avais fait le choix de suivre discrètement Crâne d’Obus plutôt que d’inspecter le bâtiment d’où il était sorti sans la mallette au quartier d’Eqmet. Je ne savais pas si mon intuition allait s’avérer payante à l’avenir et cette incertitude me mettait dans une rogne sans nom. Je détestais par-dessus tout l’improvisation. Dans mon métier, laisser une place (ne serait qu’infime) au hasard, était synonyme d’une mission vouée à l’échec. Tout devait être préparé, minutieusement répété dans les moindres détails, les informations devaient être précieusement collectées, rassemblées, analysées, de sorte à toujours garder au moins trois coups d’avance en cas d’imprévu. Là, je ne savais où j’allais, je partais à l’inconnu et cela ne me plaisait guère.

En homme expérimenté des filatures, j’étais resté à bonne distance de Crâne d’Obus, ni trop près, ni trop loin, de sorte à toujours l’avoir en visuel sans être moi-même vu. La petite filature dura une bonne vingtaine de minutes avant que Crâne d’Obus ne se dirige finalement prestement vers une gigantesque arène de pierre.

De larges colonnades soutenaient l’ensemble de l’édifice qui semblait lui-même comme posé à cet étage du bunker. L’architecture était très ancienne, inspirée de certains forums neongénésiens, mais je n’avais encore rien vu de pareil et je n’aurais su dater la construction de la structure avec exactitude. Elle pouvait dater de quelques centaines d’années comme de plusieurs milliers d’années. Des frises, des motifs et autres bas-reliefs de toute sorte étaient sculptés dans la roche elle-même, sur les piliers et les arcs de voûte. D’immenses panneaux avec écrit « Foss’Yle » dessus en grand annonçaient la bienvenue aux visiteurs.

Des milliers et des milliers de personnes s’amassaient aux abords de l’arène, faisant la queue pour entrer. Les gens étaient littéralement agglutinés les uns sur les autres et patientaient dans d’innombrables couloirs de files d’attente attendant leur tour. Enfin, patienter était bien un grand mot, les gens essayaient de se doubler les uns les autres, des bagarres ne manquaient pas d’éclater ici où là et certains étaient allongés par terre, inconscients.

La foule devenait très dense à mesure que je suivais Crâne d’Obus. Ce dernier se dirigea en direction de l’une des files les moins encombrées marquées de trois lettres : VIP. Je compris instantanément qu’il me fallait moi aussi obtenir le précieux sésame.


  • -Susie, bordel réponds s’il te plait, espérant qu'enfin quelqu'un me réponde dans l'oreillette.
  • -Oui mon chou, je suis là. On a été coupé un moment, il doit y avoir des brouilleurs à certains étages de la Cité-bunker.


  • -Crâne d’Obus entre dans une sorte d’arène, ça s’appelle la Foss’Yle. Me faudrait une place VIP.


  • -C’est comme si c’était fait. Dis donc y a du monde chez toi.


  • -Ouai, ça s’annonce sportif.



Je devais quelque peu forcer le passage et jouer des coudes pour rester en visuel. Des vendeuses toutes bien sapées et maquillées, arboraient un large sourire et tournaient autour des gens avec des plateaux flottants remplis de friandises et de rafraîchissements. Cela ne facilitait guère la progression. L’une d’entre elles me proposa des cornets de glace et des Gin Fizz U, je déclinai poliment l’offre et au moment où je la contournai, je remarquai un homme avec un parasol s’approcher de Crâne d’Obus.

  • -Tu vois ce que je vois ?
  • -Ouai, un parasol dans un bunker souterrain, c’est pour le moins incongru, pour ne pas dire suspect.

L’homme arriva à hauteur de Crâne d’Obus et attendit le moment opportun pour discrètement toucher le pied droit de Crâne d’Obus avec la pointe du parasol. L’homme repartit ensuite aussi sec sur la droite se faufilant à travers la foule. Cette scène avait été très brève et pour le moins étrange.

Mais Crâne d’Obus continua comme si de rien n’était. Il ne semblait pas avoir remarqué quoi que ce soit.


  • -C’est quoi ce plan ?
  • -Il aurait été drogué que ça ne m’étonnerait guère. Je suis en train de scanner ce que t’as vu dans mes logs informatiques.

Je suivis toujours Crâne d’Obus. Ce dernier passa son badge sur l’écran de contrôle et commença à franchir la dizaine de cordons de sécurité. Les gardes étaient armés et tenaient toute sorte de détecteurs sophistiqués pour déceler la moindre menace. Ici on ne lésinait pas sur la sécurité semblait-il.

Je passai peu de temps après sans encombres les différents check point et me retrouvai enfin dans l’enceinte, m’empressant de suivre Crâne d’Obus vers les tribunes présidentielles.

En montant les marches, je vis un brancard aller en sens inverse trimbalé un homme décédé emmené par des secouristes hors de la tribune présidentielle. Puis encore un autre brancard. Puis encore un autre. Intrigué, je demandai à l’un des urgentistes ce qu’il se passait.

  • -Intoxication au saké me répondit-il.

J’arrivai quelques secondes après à l’étage présidentiel et montrai patte blanche à nouveau. Je vis Crâne d’Obus s’arrêter à quelques mètres de là, serrant plusieurs mains et commençant à discuter avec certaines personnes. J’en profitai pour trouver ma place rapidement et m’asseoir afin de pouvoir contempler ma cible tranquillement.

Crâne d’Obus avait l’air bizarrement serein et très joyeux. Son regard était comme embué, comme s’il avait pris une cuite. Pourtant, je ne l’avais pas vu boire une goutte d’alcool jusqu’à présent. Il continua à discuter gaiement avec plusieurs autres personnes avant finalement de prendre place sur son siège.

La Foss’Yle étaient blindée. Des gens chantaient, d’autres psalmodiaient des prières, d’autres encore criaient de manière hystérique. On fit entrer de force des animaux dans l’arène à travers différentes trappes et ouvertures. Un mouton et un coq avancèrent sur la gauche tandis qu’un jaguar sorti d’un autre endroit et commença à courir comme un dératé.



  • -Hum, Susie, tu m’expliques le délire folklorique ?

  • -Tu ne connais pas la Foss’Yle ? me répondit-elle comme si j’étais le dernier des demeurés.
  • -Non, je ne connais pas sinon je ne t’aurai pas posé la question…
  • -Rho te fâche pas mon chou… la Foss’Yle c’est comment te dire… l’arène mythique du système galacticain… l’antre du combat à mort et de la survie collective…

Je ne m’intéressai guère à ce qu’elle me disait en vérité et me concentrai bien davantage sur Crâne d’Obus qui soudainement se fit arrêter tout en rigolant. De plus en plus surprenant.

  • -… y a des morts par centaine et les spectateurs adorent venir pour s’y défouler et oublier la médiocrité de leur vie au Zardoz.
  • -T’as trouvé quelque chose pour le parasol ?

  • -Ouai, en zoomant sur la pointe et en faisant une reconstitution à la poussière chimico-spectrographique, il semble qu’il y avait des traces de psilocybine et bufoténine.
  • -… mais encore.
  • -En gros, ça pourrait ressembler à une drogue psychédélique hilarante.
  • -Ouai ça expliquerait pourquoi il est joyeux.

Je me levai prestement de mon siège et me frayai un chemin pour me rapprocher de Crâne d’Obus qui était désormais emmené par deux hommes. Ces derniers prirent un couloir donnant à un grand hall doté d’une baie vitrée avec une vue imprenable sur l’ensemble du complexe, Des personnalités, habillées pour la plupart en tenue protocolaire, étaient en train de discuter. Au fond du hall, se trouvait une grande cour avec des fauves déserticains et plusieurs rangées de colonnades. Je m’approchai et vis tout juste Crâne d’Obus et les deux hommes armés entrer dans une salle sur la gauche avant de me faire alpaguer.

  • -Bien le bonjour, cher Monsieur, que puis-je faire pour vous ?

Il me tendit la main, je la lui serrais volontiers comme si de rien n’était.

  • -Commissaire Edgar Delatre.
  • -Un Lapin Rose, voyez-vous cela ! Je suis l’intendant Zourk'ho pour vous servir. On ne m’avait pas prévenu de votre venue, j’en suis profondément navré. J’espère que tout va bien ?
  • -Absolument. Je visitais un peu ce lieu mythique avant d’assister au grand show ! lui répondis-je avec un sourire.

L’homme, noir de peau, portait des lunettes rondes aux reliures dorées, semblant totalement chauve ou rasé sous un court chapeau, et était vêtu de larges habits d’un teint orangé. (*)

  • -Dans ce cas, permettez-moi de vous faire une petite visite privée rapide avant que le spectacle ne commence !
  • -Oh non, c’est gentil, ce ne sera pas né…
  • -Si si, j’insiste. Vous êtes un invité d’honneur, je m’en voudrais de vous laisser comme ça comme un malpropre.
  • -Si vous insistez.

Zourk'ho m’emmena vers un couloir adjacent avec de part et d’autre une multitude de rangées remplies de coupes plaquées or et trophées en cuivre apposés sur des étagères en bois qui correspondaient à la victoire historique de chaque combattant. Leur nom était gravé en toute lettre sur le piédestal des différentes coupes. L’intendant m’expliquait de ci de là ce qui était arrivé pour tel ou tel d’entre eux.

  • -Lui (me montrant le nom inscrit sous l'une des coupes) on le surnommait l’Ombre, parce que ces adversaires n’avaient jamais le temps de le voir directement, il se faisait tuer toujours avant, c’était assez incroyable à quelle vitesse il pouvait…
Je ne l’écoutai pas. J’avais hâte de revenir dans le grand hall pour épier ce qu’il se passait. Mais l’intendant ne me lâchait pas d’une semelle et après m’avoir montré ce couloir à trophée, il insista pour que je prenne un verre dans l’un des salons privés.

Je m’asseyais sur le canapé qu’il m’indiquait et on me servit un verre de vin ainsi que des amuse-gueules.

  • -Je vous laisse vous détendre, Commissaire. J’ai fort à faire avec les Jeux comme vous vous en doutez. Restez le temps que vous voulez, et prenez ce que vous voulez, c’est offert par le Fossoyeur.

Il me vit regarder la fillette qui m’avait gentiment servi du vin et qui se tenait désormais sur le pas de la porte. Il me sourit malicieusement et se tourna alors vers elle, lui indiquant avant de s’en aller.

  • -Adeline, je te laisse t’occuper de lui. Obéis aux moindres désirs du Commissaire, entendu.

La petiote très jeune lui répondit d’une voie chevrotante.

  • -Oui, Monsieur Zourk'ho.

(*) [HRP]L’intendant était déjà apparu dans un épisode précédent. Pour le revoir, cliquez ici.
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Kafelor
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Re: Le jeu de la vie en Zardoz, chapitre 3 : les jeux du cirque, la Foss'Yle

Message par Kafelor »

Point de vue d’Adeline dans les quartiers d’honneur de la Foss’Yle


Je me retrouvai seule à nouveau. Je sentais bien que Sahel ne m’avait pas tout dit, pour me protéger. J’espérais qu’il ne lui arriverait rien de mal. Quant à moi, je ne savais guère ce que l’avenir me réservait encore.
Le dénommé Zourk’ho, à qui je devais désormais obéir au doigt et à l’œil, m’emmena dans les cuisines.


  • -Tu seras ma nouvelle boniche. M’en fallait une, ça tombe bien, l’autre est tombée en rade.

  • -C’est quoi une boniche?
  • -T’es sérieuse là ? Putain, y a plus aucune éducation de nos jours. Bon c’est simple. Là c’est les cuisines. Quand j’ai besoin, y a cette cloche qui sonne (il tira sur la cloche qui fit un son assourdissant). Je veux que tu sois devant à chaque instant et je te dirai par holo ce que je veux, et tu me rapportes ça fissa. Compris ?
Je fis un léger signe de tête. Il s’en alla sans plus tarder me laissant devant cette cloche. A quelques mètres de là, des dizaines de cuistots couraient à droite à gauche autour de divers plans de table, pour aller chercher des ingrédients et aromates, assaisonner leurs plats, dresser leurs assiettes et tutti quanti. La chaleur des fours se faisait fortement ressentir. De bonnes odeurs de cuisson émanaient des cuisines, je les humais avec plaisir. Les plateaux d’argent se remplissaient les uns après les autres sans discontinuer avant d’être embarqués vers les salles de réception réservées aux invités de marque. La cloche retentit soudain et me fit sursauter.
La tête de Zourk’ho apparut en dessous :


  • -Amène moi un jus de citron avec de la grenadine passion. Dans mon bureau personnel.


J’opinai et indiquai la commande à un des cuisiniers le plus proche qui me renvoya vers l’un de ses collègues, qui lui-même me renvoya vers un chef cuistot, qui enfin prit en compte ma demande.

  • -T’es nouvelle ?

  • -Oui Monsieur.

  • -T’as déjà fait la servante ?

  • -C’est quoi une servante ?
  • -Laisse tomber. Quand Zourk’ho te demande un truc, tu viens me voir direct
Tel un virtuose, il prépara le breuvage en deux temps trois mouvements. J’eus l’impression d’un magicien en train de faire un tour de passe-passe, à tel point il allait vite. Ses gestes étaient rudement précis, je le regardai faire avec fascination. Il découpa le citron à partir de quelques entailles, puis sortit d’autres fruits que je n’avais encore jamais vu. Il trancha notamment des petites boules violettes bien juteuses et je fus surpris de découvrir qu’à l’intérieur le tout semblait plutôt jaune.

  • -C’est ça une grenadine ?

  • -Ahah, non ce sont des fruits de la passion. Un des fruits préférés de Zourk’ho. Ils sont rares, on en trouve qu’en Vertana.


Tout en me parlant, il pressa des fruits rouges pour en faire une mixture :
  • -Ca, c’est de la grenadine, m’indiquant les fruits rouges en question.
Puis il versa le tout dans un grand bol en fonte. Il plaça un couvercle par-dessus, prit le bol et brassa le contenu en faisant des grands moulinés à l’aide de ses bras. On avait l’impression qu’il dansait, c’était très rigolo.

Il reposa ensuite le bol, retira le couvercle et versa le contenu dans une sorte de récipient en forme d’aigle doté d’une poignée en bronze.
Il me tendit le récipient en question en me conseillant de bien le tenir des 2 mains pour ne pas le faire tomber puis il se retourna, vacant à d’autres occupations.

Le récipient était très lourd. Je serrais la poignée pour ne pas le faire tomber. Je me dirigeai ensuite à l’extérieur des cuisines sans savoir où je devais me rendre.
En sortant dans le couloir, je croisai des gens et leur demandai mon chemin. Mais personne ne prit la peine de me répondre, ils étaient tous affairés à je ne sais quoi. Je commençais à faiblir au niveau des bras, c’était si lourd.

Je n’avais guère le sens de l’orientation et, à force de chercher dans toutes les salles, je me perdis littéralement, ne sachant même pas comment revenir aux cuisines. J’avais envie de pleurer.

J'errai sans but avec mon récipient n’osant même plus imaginer ce qu’il adviendrait de moi lorsque je reverrai Zourk’ho, lorsque soudain, je heurtai une dame qui sortit précipitamment d’une des pièces sur ma droite. A l’impact, une partie du liquide s’échappa du récipient en forme d’aigle et vint se déverser sur la robe de la femme qui glissa et tomba par terre.


  • -Bordel de merde !

  • -Oh pardon Madame, je suis désolé.

  • -T’es désolé ? T’as vu l’état de ma robe ? Je venais juste de m’habiller pour les Jeux, petite idiote !

  • -Je… je… pardon.


Elle grommelait alors que la tâche rougeâtre s’étala encore un peu plus lorsqu’elle essuya l’un des pans de sa robe.

  • -Regarde moi le travail ! Je sais pas ce que c’est ton truc mais c’est une belle merde !
  • -Tête de Piaf, qu’est ce que tu fous par terre ? (*)
Un homme apparut derrière elle. Il sourit en la voyant se relever péniblement avec sa robe immaculée.

  • -Ah ouais, tu t’es pas ratée. Bon on dégage. C’est pas l’heure de traîner, on a du boulot.


Elle me jeta un regard noir avant de s’éloigner en vitesse. Ils disparurent bientôt me laissant seule avec mon récipient.
Des bruits horribles se firent alors entendre sur ma droite. Je jetai un coup d’œil à travers l’un des hublots de la porte et vis de grands plateaux sur lesquels étaient alignés des verres à pied remplis d’alcool.
Les gémissements alertèrent les gens autour de moi qui ouvrirent la porte et vinrent se rendre compte de la situation.
J’étais tétanisée. Je regardai les gens porter secours à une personne couchée au sol qui convulsait. Mais, ils n’eurent pas le temps de faire quoi que soit que déjà s’échappait de sa bouche un liquide verdâtre.

J’entendis alors les gens se demander ce qui avait bien pu se passer pour en arriver là. Beaucoup regardaient dubitatifs les verres posés sur la grande table, prêts à être servis.


  • -C’est quoi comme alcool ? demanda l’un.
    -Du saké pur du Mare Infinitus.
    -Il y a pas mieux en théorie.
    -Oui c’est bizarre.


L’un d’eux prit un verre et renversa le contenu sur le parquet. Une étrange fumée s’échappa au contact avec le bois.

  • -Hum ça a tout l’air d’un empoisonnement. Prévenez le Fossoyeur.


Soudain, quelqu’un me tira l’oreille et je n'eus pas le temps d'écouter la suite de la conversation.

  • -Alors Machine, on admire le paysage ?


Je me retournai. Zourk’ho me faisait face.

  • -Je suis… pardon, je ne savais pas où aller, j’étais perd…

  • -Tais-toi. Ramène tes fesses et que ça saute.


Je le suivis jusqu’à son bureau personnel. Je lui servis le cocktail et il me fit signe de regagner ma place près de la cloche. Ce que je fis sans broncher.

La suite se résuma à des allers-retours entre les cuisines et les différentes salles où se trouvait Zourk’ho. Je commençais à mieux m’orienter entre toutes ces pièces. Je lui apportais toutes sortes de plats et autres breuvages. Il discutait avec toute sorte de grands dirigeants et hauts représentants et enchaînait les rendez-vous avant les Jeux.


Je commençais à fatiguer. Je n’avais rien mangé de mon côté. Je regardai avec envie les petits fours, les viandes en sauce et autres garnitures maisons plus appétissantes les unes que les autres qui passaient sous mon nez à chaque instant.
Le cuisinier virtuose, en me voyant dévorée du regard tous ces plats, me fit un sourire et me lança une des pâtisseries servies aux invités.


  • -Tiens, c’est cadeau.

  • -Oh merci Monsieur.


Mais alors que je commençai à croquer à pleine dent dans le gâteau, la cloche se mit à nouveau à retentir.
  • -Apporte moi une coupe de vin, fit Zourk’ho à travers l’hologramme.
Je m’exécutai et arrivai avec un verre de vin rouge.
Zourk’ho discutait avec un homme bien habillé mais pas de façon aussi protocolaire ou excentrique que ce que j’avais pu voir jusque-là. Je déposai le verre sur la table et me tint en retrait. Zourk’ho me fit signe de rester et d’obéir aux demandes de l’homme puis il sortit de la pièce. Je fixai mes pieds, n’osant dévisager des yeux le visage de l’homme.

Un silence s’installa pendant quelques secondes avant que l’homme en face de moi ne finisse par prendre la parole :


  • -N’aies crainte, je ne te demanderai rien. Je suis un Commissaire, j’ai beaucoup de travail.

  • -Un Commissaire ?

  • -Oui un représentant de la loi, au service d’un des 12 Archimages.


Je restai sans voix.

  • -C’est un peu impressionnant dit comme ça. Mais tu sais ce n’est pas si incroyable. Souvent, on attend pendant des heures sans rien faire. Et souvent on ne trouve rien. C’est plutôt chiant et frustrant.

  • -Je ne vois pas ce qu’il y a de chiant à être payé à rien à faire.

  • -Ahah, la vérité sort toujours de la bouche des enfants. Tu as raison, je n’ai vraiment pas à me plaindre.


Le silence s’installa à nouveau. Je repensais à l’homme qui était mort sous mes yeux il y a quelques heures.

  • -C’est pour cela que vous êtes ici ? pour retrouver celui qui a tué l’homme aux cuisines ?

  • -L’homme aux cuisines ?

  • -Vous êtes pas au courant ? Vous êtes pas super doué pour un détective. Ou alors vous mentez mal. Ou alors vous voulez me protéger.


Il se mit à sourire.

  • -Je ne suis pas détective, je suis Commissaire. Et je t’assure que je ne sais pas de quel homme tu parles.

  • -C’était plus tôt dans la journée, je l’ai vu mourir. Il s’est fait empoisonné disent certains.

  • -Empoisonné ?


Il marqua une pause.

  • -Il aurait pas bu du saké ?

  • -Si, comment vous le savez ?
  • -Appelons ça l’intuition du détective, me dit-il avec un clin d’œil. Tu n’aurais rien vu d’anormal avant ? genre un événement étrange voire suspect ?
  • -Maintenant que vous le dites, je repense à cette dame qui m’a bousculé quelques secondes avant et qui est repartie précipitamment. Elle avait l’air pressée. Elle portait un nom bizarre…


Je réfléchissais, faisant appel à ma mémoire.

  • -Tête de Piaf ! C’est ça ! Tête de Piaf !
  • -En effet, voilà un nom saugrenu.
  • -C’est quoi saugrenu ?

  • -Un nom bizarre. Tu saurais la reconnaître ?

  • -Ah pour sûr, avec ces vilains yeux, je la reconnaîtrai entre milles !



(*) [HRP] Tête de Piaf était déjà apparue plus tôt dans l’épisode 2. Pour le revoir, cliquez ici.
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