Fuite

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Sombre Dune
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Re: Fuite

Message par Sombre Dune »

Salomé était la fille adoptive d’un diplomate reconnu, respecté et très actif au sein de la corporation galactique.
Elle avait appris à marcher dans les jardins du siège de la corporation et prononcé ses premiers mots dans les couloirs du Sénat.
Tous la connaissaient, Chefs d’Etat, Diplomates, personnel de service et même les plus rudes de militaires avaient ébouriffé sa chevelure blonde accordant un sourire à ce charmant minois.
Elle avait passé des heures et des heures à écouter s’affronter les rhéteurs et plus les années passaient, meilleure était sa compréhension de l’articulation du pouvoir des mots et de celui des armes.
Le pouvoir ! Le mot la fascinait et son exercice plus encore. Elle caressait l’espoir d’en devenir un des rouages essentiels dés qu’elle serait en âge de le faire.

Salomé était devenue une splendide jeune fille qui illuminait son environnement d’une beauté radieuse.
Les jeunes militaires comme les jeunes diplomates ne la quittaient pas des yeux et comme elle avait oublié d’être sotte, buvaient aussi ses paroles avec délectation.
Ce fut pour Salomé, une période de bonheur et de légèreté dont elle gardait, encore aujourd’hui, un souvenir ému.

Pourtant un drame y mit cruellement un terme.

Elle avait suivi ce jeune capitaine parce que sa jeunesse réclamait des distractions, des attentions, de l’amour peut être et il est vrai qu’il était charmant, que ses paroles sonnaient agréablement à son oreille. Il lui avait proposé une escapade sur sa planète d’origine, Vertana, lui promettant l’éclat de fêtes qu’il ne donnerait que pour elle et le romantisme de petites criques verdoyantes où ils pourraient, ensemble, savourer les joies de la baignade.

On ne su jamais avec précision ce qu’il se passa, sabotage, attentat ou simple accident mais le chasseur du jeune homme s’écrasa violemment sur la terre Vertane alors qu’ils étaient presque arrivés à destination.
Les cauchemars de Salomé étaient encore aujourd’hui émaillés de la vision du sol arrivant sur elle à une vitesse hallucinante, de la terreur qui l’avait habitée à cet instant qui précéda une longue nuit de souffrance et son réveil dans la blancheur aseptisée d’une chambre d’hôpital.

Les mois qui suivirent furent une torture. Chirurgiens, magiciens exercèrent leur art sur le corps déchiqueté qui n’était plus que souffrance.
Son père se démenait pour trouver, les meilleurs, les plus talentueux parmi ceux qui pouvaient lui apporter leur aide et petit à petit elle se reconstruisit.
Salomé retrouva le mouvement, la parole mais elle gardait vivace la douleur la plus intense, celle de voir sont corps, son visage, qui furent autrefois si beaux, recouvert de cicatrices infâmes. Les quelques courageux qui osaient lui rendre visite ne parvenaient pas à la regarder en face tant ils l’avaient connu belle et tant ils la voyaient aujourd’hui, monstrueuse.
Ne supportant plus le regard des autres la jeune femme décida d’aller se terrer au fin fond de Desertica dans la propriété familiale et de se couper de ce monde injuste qui lui avait cruellement repris ce que la nature lui avait donné avec tant de générosité.

Recluse, Salomé continua néanmoins à chercher dans les livres de la grande bibliothèque et dans les banques de données, le moindre indice qui pourrait l’aider à vaincre la difformité qui lui pourrissait le cœur et l’âme.

Quelques temps avant l’accident, comme tous les jeunes de son âge, elle s’était rendue au temple pour recevoir son don.
L’enjeu était de taille, ceux qui possédaient un potentiel magique pouvait y accéder et en fonction de la taille de ce potentiel, le don reçu serait plus ou moins remarquable.
L’angoisse de ne pas détenir suffisamment de magie pour choisir le don qu’elle souhaitait avoir avait tenu éveillée plusieurs nuits l’ambitieuse jeune fille et c’est tremblante qu’elle se rendit au temple ce jour là.
Elle savait avec détermination ce qu’elle voulait, la nature lui avait donné le don de la beauté, la magie allait lui donner celui de la conserver intacte et de la préserver de l’âge. C’est donc avec gratitude et soulagement qu’elle le reçu.
A quoi allait lui servir ce don d’éternelle jeunesse aujourd’hui ?!
Quel serait l’intérêt de garder juvénile ce visage torturé de cicatrices, de trous, de bosses, de traces blanchâtres, de rougeurs putrides, ce corps disloqué qui n’était plus qu’un ricanement moqueur à sa gloire passée ?

C’est alors qu’elle sombrait dans les affres de la dépression qu’il vint. Salomé ne savait pas d’où il sortait et comment il avait appris son existence.
Par une courte missive, il lui avait demandé audience. Refusant depuis longtemps de recevoir qui que ce soit elle était néanmoins intriguée par le désir de cet inconnu de la rencontrer. Peut être n’est ce qu’un simple voyeur qui désirait mesurer de ses propres yeux l’étendue de sa déchéance. He bien qu’il s’en repaisse et qu’il aille en parler à tous, elle n’en avait cure. C’est donc sur un coup de colère que l’étrange curieux obtint un rendez-vous.

C’était un homme jeune d’assez haute stature, il était brun et son visage reflétait une telle beauté qu’elle en eut un frisson d’envie matinée de dégout.
Ses yeux doux la regardaient sans ciller, ni chercher d’échappatoire au spectacle de sa laideur.
Il était accompagné d’une femme de taille moyenne mais incontestablement musculeuse. Salomé remarqua au bas de son cou et à ses poignets la naissance d’une rangée d’écailles verdâtres, elle en conclue que les lunettes noires qu’elle portait cachaient de reptiliens iris.

Je m’appelle Raphaël et voici Nayhicha dit l’homme d’une voix grave. Il s’assit face à Salomé sans attendre qu’elle l’y invite.

Je ne vais pas y aller par quatre chemins, je suis un guérisseur et je suis capable de vous rendre votre ancien aspect.

Elle eut un rictus amer. Elle en avait vu défiler des dizaines de guérisseurs, médecins et autres charlatans depuis son accident !

Mais ce que je vous propose aujourd’hui doit se réaliser dans des conditions très précises de plus, ce travail a un prix, un prix très élevé.

Il avait piqué la curiosité de la jeune femme qui, désabusée se disait qu’elle n’en était pas à une folie près, après tout qu’avait-elle à perdre ?

Expliquez-moi donc tout ça dit-elle avec un brin d’ironie dans la voix.
Il lui rappela le danger encouru, car à cette époque, la magie était extrêmement réglementée par les organisations gouvernementales, certains mages importants et puissants avaient disparu, assassinés ou retenus par la force en des lieux secrets.

Nous allons déployer une telle puissance magique que nous risquons de nous faire repérer par les observateurs des États, nous devons donc aménager un lieu qui en retiendra l’écho pour assurer notre sécurité.

Il lui fournit la liste et les plans précis des aménagements qu’elle devrait effectuer dans les sous sols de la vieille bâtisse pour que les conditions soient remplies.

Parlons du prix maintenant demanda Salomé.
Comme je vous l’ai dit, le prix est très élevé. Une vie pour une vie, ce sont mes tarifs.

La jeune femme fronça les sourcils.

Je veux que vous me remettiez votre premier enfant.

Elle sourit, fonder une famille était très loin de ses préoccupations actuelles et encore plus loin des projets qu’elle s’était forgée à l’époque où son charisme brillait à la corporation.
Des enfants, elle n’en aurait peut être même jamais !

Marché conclu répondit-elle et le pacte de sang fut signé.

Nous reviendrons dans quinze jours, quand les aménagements seront faits, pour procéder à la rémission magique.
Sur ces mots, il la salua et repartit.

Quel étrange pacte se dit-elle mais il n’était pas question de manquer la moindre chance, si infime fut-elle, de retrouver son ancienne apparence.

Raphaël et Nayhicha furent exacts au rendez vous.
L’homme vérifia la conformité des aménagements à ses instructions et le rituel pu commencer.

La magie nécessaire à une telle rémission est absolument énorme, elle va au-delà de tout ce que vous pouvez imaginer.
Vous dormirez pendant plusieurs jours et moi aussi car elle entrainera mon épuisement.
Nous serons, à ce moment là, l’un comme l’autre, complètement vulnérables.
Nayhicha est une guerrière et aussi une grande magicienne, elle restera à nos cotés pour assurer notre sécurité.


L’étrange femme leur tendit, à tous deux, une fiole d’un liquide opaque qu’ils avalèrent. Leur peau devint translucide et une pale lumière semblait pulser à chaque battement de leur cœur.
Salomé s’installa sur l’un des deux lits qui avaient été préparés et ferma les yeux. L’homme, penché sur elle, psalmodiait de gutturales incantations qui semblaient sortir de la nuit des temps. Elle sentit sur sa peau un léger picotement juste avant de s’abîmer dans un sommeil profond.

A son réveil, elle était seule dans la pièce. Il lui avait fallu quelques secondes pour se remémorer les événements et quelques minutes pour que ses mains tremblantes osent venir frôler son visage, c’est une peau parfaitement lisse qui glissa sous ses doigts. D’un bond elle se leva pour courir au miroir installé au fond de la pièce, elle arracha ses oripeaux et ne pu retenir un cri. Son visage, son corps redevenus parfaits lui appartenaient à nouveau.
Derrière elle, sur la table, un petit mot rédigé à la hâte, d’une écriture fine …

N’oubliez pas, votre premier né …

Salomé ne tarda pas à faire son retour au siège de la corporation où, bien sur, d’aucuns s’interrogeaient sur son incroyable rémission. Alors elle mentit, elle mentit à son père, à ses amis, à ses admirateurs, elle mentit à tout le monde mais personne ne su jamais que la magie de Raphaël était la source de ce miracle.

Elle reprit donc pied dans ce qui était son monde, coulisse du pouvoir, transactions, traitrises, rien ne lui échappait. La vie lui souriait à nouveau.

Quelques années plus tard, elle épousa un puissant chef d’Etat, Sénateur craint et respecté pour la force de ses armées comme pour ses talents d’Orateur. Il dirigeait une alliance importante et il était connu pour ses idées expansionnistes. Il l’avait désiré dés qu’il l’avait vu et il n’était pas homme à ne pas atteindre ses objectifs. Salomé n’avait pas joué les coquettes bien longtemps, cet homme, qui avait deux fois son âge, allait lui assurer le rang social auquel elle avait toujours souhaité accéder.
Les choses se corsèrent quand Arkanos voulu un héritier pour son Empire. Salomé y était réticente parce qu’elle ne souhaitait pas d’enfant mais aussi parce que son pacte avec Raphaël lui revenait en mémoire.
Pourtant elle du céder face l’insistance de son mari, comprenant que son refus risquait de lui faire perdre, sa situation, son rang et sa fortune donc son pouvoir et ça ! Il n’en était pas question !

Elle avait abhorré ces quelques mois de sa vie. Réveils nauséeux, ventre tendu, seins lourds.
Elle détestait déjà ce petit être qui, pour grandir, venait déformer son corps. Tous ces gens qui lui tournaient autour l’agaçaient, l’enfant par ci, l’enfant par là, Salomé avait l’impression de ne plus être que le misérable réceptacle d’une merveille à venir laissant à l’arrière la lumineuse femme qu’elle était.
La coupe fut pleine quand son mari décida que des mages devaient venir examiner et palper son ventre pour sentir les mouvements de l’enfant, fort heureusement elle était proche du terme !
Le mot délivrance eut pour Salomé un sens particulier que ne lui prêtaient pas les autres femmes. Au bout de quelques heures l’enfant naquit, c’était une petite fille. Elle fut aussitôt confiée à des nourrices et placée sous bonne garde dans les appartements impériaux.
La jeune femme retrouva avec joie ses activités de sénatrice et de diplomate.
Cependant l’attitude de son mari l’intriguait.
Pourquoi leur enfant était elle constamment sous la surveillance de gardes armés ? Y avait-il eut des menaces d’enlèvement dont il ne lui aurait pas parlé ?

Une pensée la traversa … Raphaël !
Il fallait qu’elle sache et elle entreprit d’interroger son mari. Ce dernier, las de son insistance finit par lui livrer ses raisons.

Écoute Salomé, nous avons de bonnes raisons de penser que ta fille est l’élue qui peut développer le don de déchireur du voile. Si c’est le cas, elle est notre avenir, notre seul moyen d’étendre notre action au-delà de cette galaxie étriquée. Tu comprends bien que si les protectionnistes l’apprennent ils voudront essayer de la tuer. Nous devons donc être extrêmement vigilant et la protéger à tous les instants.

Les pensées de Salomé se bousculaient dans sa tête. Les pièces du puzzle tournoyaient pour se mettre en place, les unes après les autres, jusqu’à ce que sa vision et sa compréhension de la situation soient parfaitement claires.
Je vois dit-elle et elle ne lui en reparla plus.

Quelques semaines plus tard elle reçu une missive de Raphaël demandant une audience. Elle ne chercha pas à l’éviter mais le reçu dans le plus grand secret.
Comme à son habitude l’homme fut direct, il venait chercher son du, il venait chercher le prix.

Salomé le défia du regard avec un petit sourire.

Ne pensez surtout pas que j’ai oublié notre marché, ne pensez surtout pas que je refuse de l’honorer, mais je vous soupçonne, Raphaël, de savoir parfaitement pourquoi je ne suis pas en mesure de vous le remettre.

Il ne nia pas.
Elle continua.

L’enfant est bien sûr sous constante surveillance, ils la déplacent très souvent et même moi j’ignore où elle se trouve la plupart du temps. Vous saviez lorsque nous avions conclu le marché qu’il me serait pratiquement impossible d’en honorer ma part et vous m’avez manipulée !
Par conséquent, cher Raphaël, puisque vous m’avez proposé un marché pour lequel je n’avais pas toutes les cartes en main, si vous voulez l’enfant il va falloir que vous alliez la chercher vous-même.


Et c’est à ce moment précis que la chasse commença.
kay
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Inscription : 04 sept. 2011, 22:38

Re: Fuite

Message par kay »

Mange quelque chose...

Voilà trois jours que je supplie la gamine de ne pas se laisser crever. Elle promène tristement ses grands yeux de Raphaël à moi, otage impuissante de nos jeux d'adultes.

Arch et lui se sont enfermés plusieurs heures durant. Ce qu'il s'est dit, je n'en sais rien. Mais mon ami a été catégorique - les droits de l'étranger sur la petite sont indéniables. La nature de leur relation ? Je n'en sais foutre rien. Il doit l'emmener quelque part, pour faire quelque chose. C'est ce qui m'a été expliqué en substance.

Le ton débilisant de l'information ne m'a pas plu, alors j'ai trouvé le moyen de faire chier : je reste jusqu'au bout. Je les suis et les observe, tâchant de comprendre... Et force est d'admettre que je suis plutôt curieuse, et un peu attachée à elle. Il y a ce quelque chose qu'elle dégage, sur quoi je n'arrive à mettre le doigt. Une petite vulnérabilité jamais feinte, un air de défi un peu puéril, une naïveté qui ne colle pas à son âge... Comme une plante qui aurait trouvé un moyen de pousser sans lumière, et serait surprise de ne pas arborer les mêmes couleurs que ses voisines à la photosynthèse réussie. D'où sort-elle pour avoir l'air si grande en en sachant si peu de la vie ?

Je fais l'idiote avec un morceau de pain pour lui arracher un sourire, ça marche à moitié – elle est polie. Raphaël, lui, me regarde à peine. Il m'intrigue également, mais pas de la même façon. Que peut-il vouloir à cette enfant ? Il n'est pas l'image qu'il offre, qu'il soigne, qu'il lisse. Je serais incapable de déterminer sa race, son ambition, d'estimer sa force. Il cache tout. Il enterre ses sentiments, ses yeux se dérobent, ses jambes accélèrent. Pourtant, il n'oublie rien. Il sait qui il est, et suit une direction précise. Avance vers un but, en tous cas. Les détours sont nombreux, il semble fuir.

Il me déteste d'être là, mais n'a rien pu faire. C'était le seul moyen de la récupérer, de l'entraîner à sa suite. Alors il s'y est fait. Les rares mots que nous échangeons débordent de sous-entendus, et jamais le sens premier de nos phrases n'est dépassé. Tout doit rester sous contrôle. On n'offre pas sa nuque au regard de l'ennemi. J'ignore qui de nous deux dort le moins. J'entends les pensées fourmiller dans sa tête la nuit. J'imagine qu'il anticipe autant que moi un coup de poignard dans le dos. Nous savons pourtant ne pas être de ceux-là. Nos éducations, sûrement. L'Honneur, tout ça...

Et donc, patron, notre prochaine destination ?

Il se racle la gorge. A quoi penses-tu, Raphy... Je finirais par te percer à jour, ce n'est qu'une question de temps... Donne moi juste un indice, quelque chose à me mettre sous la dent. Et je te croquerai...
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