Un duo ardent.
Publié : 14 sept. 2011, 17:28
Le vent soufflait rageusement au-dehors. Sa course effrénée entre les rochers, les collines, les montagnes dont était saturé le paysage produisait un sifflement strident. La cendre jonchant le sol s'élevait en courtes tornades avant de retomber mollement à terre. Au loin, on distinguait nettement plusieurs orages. Les éclairs fendaient le ciel, et, à chaque fois, un voile rouge se levait et fendait la nuit, pour disparaître l'instant d'après. Ces terres étaient ravagées.
Au travers d'une vitre renforcée, Joras regardait ce spectacle. Où portait son regard, il ne voyait que désolation. Mais peu importe. Sous ses pieds, il le savait, le sentait presque, la vie grouillait. La dureté du climat général de Volcano, et particulièrement de cette région-ci, imposait aux autochtones de se terrer, de se cacher de la puissance formidable des éléments. Sous la montagne se trouvait donc, au sein même d'un long défilé de volcans - pour la plupart éteints, le noyau du Royaume. On appelait cette cité Kha'Kor, foyer des premiers hommes du Val de Cendreterre. D'autres villes troglodytes cernaient la région, et maintes infrastructures souterraines visant la conquête spatiale existaient aussi, mais aucun n'égalait la superbe de Kha'Kor. D'après le culte pratiqué en ces lieux, la cité souveraine fut façonnée lors de la création du monde par le dieu de la Forge. Les premiers hommes y élurent domicile, et continuèrent d’agrandir le dédale de galeries et de niveaux en s'enfonçant toujours plus profondément dans la roche. Lho'Kor, la montagne hébergeant Kha'kor en son ventre, se trouva aussi être une source intarissable de fer. Les Korians surent toujours en tirer profit au fil des avancées technologiques, notamment pour le commerce, mais avant tout pour la guerre.
Tout en ces lieux avait fait des Korians un peuple rude et orgueilleux. Joras, lui, était l'exception. Aux antipodes de ses congénères, il avait tout de même réussi à se créer un nom parmi eux, au point même d'être proclamé Roi. Dès lors, ses désirs devinrent des réalités. Il œuvrait pour son peuple, et son peuple le lui rendait. Il s'était fait construire des appartements privés au bord d'une large corniche, sur le flanc est de Lho'Kor. Un long ascenseur menait directement de ses quartiers au reste de la cité, qui se trouvait trois-mille mètres plus bas. Quand à la décoration intérieure, elle était somptueuse. Pièce après pièce, chambre après chambre, tout n'était que merveilles et délices.
Derrière sa fenêtre, le Roi Blackwood attendait patiemment un visiteur. Il lorgnait avec insistance de ses yeux émeraude vers les nuages, les fixant si intensément qu'il eut été facile de croire qu'il voyait au travers. Soudain apparut dans son champ de vision un vaisseau, petit, ne pouvant contenir qu'une personne. Il sourit et alla se poster devant la porte du sas.
Lorsque retentit le vrombissement des réacteurs, un frisson parcourut l'échine de Joras. Il était nerveux, mais étrangement excité. Le vaisseau enfin arrimé sur l'aire d'atterrissage, il ne put réprimer un hoquet. Il respira alors, profondément, se calma progressivement. Il entendit la porte extérieure du sas s'ouvrir, et dans un bruit métallique et sourd, se refermer. A nouveau, un long bruit sourd, puis la porte intérieure du sas frémit. En un instant, qui parut néanmoins une éternité à Joras, son invitée était devant lui.
- Je suis heureux que vous ayez répondu à mon invitation, s'exclama t'il. J'espère que vous avez fait bon voyage.
- Oui, merci. C'était là une voix de femme, ténue mais ferme. Il fut surpris de sa réponse. Il avait déjà pris l'habitude des titres et des convenances dont tous ici usaient à son égard. En hôte avisé, il la convia à s'asseoir, et lui proposa un verre de vin.
- Un grand cru verdan. Je vous conseille de ne pas en abuser, il vous en cuirait. Comme il se heurtait à un silence glacial, il but une gorgée. Je pense que nous pouvons entrer dans le vif du sujet. Si vous êtes ici, c'est que vous savez que nous regardons dans la même direction, tous deux. Et aussi que vous avez besoin d'aide, soit. Avant tout, vous comprendrez que je ne puis non plus vous suivre aveuglément alors que j'ignore tout de votre charmante personne... Ses yeux s'étrécirent, et la scrutèrent comme pour percer son âme à jour. Je vous serais gré, en guise de préambule et si vous souhaitez que je vous accorde ma confiance, de lever le masque qui cache votre personne, mademoiselle K.
A nouveau, le silence s'abattit sur la pièce. Joras Blackwood scruta la réaction de la jeune femme présente à ses côtés, patient.
Au travers d'une vitre renforcée, Joras regardait ce spectacle. Où portait son regard, il ne voyait que désolation. Mais peu importe. Sous ses pieds, il le savait, le sentait presque, la vie grouillait. La dureté du climat général de Volcano, et particulièrement de cette région-ci, imposait aux autochtones de se terrer, de se cacher de la puissance formidable des éléments. Sous la montagne se trouvait donc, au sein même d'un long défilé de volcans - pour la plupart éteints, le noyau du Royaume. On appelait cette cité Kha'Kor, foyer des premiers hommes du Val de Cendreterre. D'autres villes troglodytes cernaient la région, et maintes infrastructures souterraines visant la conquête spatiale existaient aussi, mais aucun n'égalait la superbe de Kha'Kor. D'après le culte pratiqué en ces lieux, la cité souveraine fut façonnée lors de la création du monde par le dieu de la Forge. Les premiers hommes y élurent domicile, et continuèrent d’agrandir le dédale de galeries et de niveaux en s'enfonçant toujours plus profondément dans la roche. Lho'Kor, la montagne hébergeant Kha'kor en son ventre, se trouva aussi être une source intarissable de fer. Les Korians surent toujours en tirer profit au fil des avancées technologiques, notamment pour le commerce, mais avant tout pour la guerre.
Tout en ces lieux avait fait des Korians un peuple rude et orgueilleux. Joras, lui, était l'exception. Aux antipodes de ses congénères, il avait tout de même réussi à se créer un nom parmi eux, au point même d'être proclamé Roi. Dès lors, ses désirs devinrent des réalités. Il œuvrait pour son peuple, et son peuple le lui rendait. Il s'était fait construire des appartements privés au bord d'une large corniche, sur le flanc est de Lho'Kor. Un long ascenseur menait directement de ses quartiers au reste de la cité, qui se trouvait trois-mille mètres plus bas. Quand à la décoration intérieure, elle était somptueuse. Pièce après pièce, chambre après chambre, tout n'était que merveilles et délices.
Derrière sa fenêtre, le Roi Blackwood attendait patiemment un visiteur. Il lorgnait avec insistance de ses yeux émeraude vers les nuages, les fixant si intensément qu'il eut été facile de croire qu'il voyait au travers. Soudain apparut dans son champ de vision un vaisseau, petit, ne pouvant contenir qu'une personne. Il sourit et alla se poster devant la porte du sas.
Lorsque retentit le vrombissement des réacteurs, un frisson parcourut l'échine de Joras. Il était nerveux, mais étrangement excité. Le vaisseau enfin arrimé sur l'aire d'atterrissage, il ne put réprimer un hoquet. Il respira alors, profondément, se calma progressivement. Il entendit la porte extérieure du sas s'ouvrir, et dans un bruit métallique et sourd, se refermer. A nouveau, un long bruit sourd, puis la porte intérieure du sas frémit. En un instant, qui parut néanmoins une éternité à Joras, son invitée était devant lui.
- Je suis heureux que vous ayez répondu à mon invitation, s'exclama t'il. J'espère que vous avez fait bon voyage.
- Oui, merci. C'était là une voix de femme, ténue mais ferme. Il fut surpris de sa réponse. Il avait déjà pris l'habitude des titres et des convenances dont tous ici usaient à son égard. En hôte avisé, il la convia à s'asseoir, et lui proposa un verre de vin.
- Un grand cru verdan. Je vous conseille de ne pas en abuser, il vous en cuirait. Comme il se heurtait à un silence glacial, il but une gorgée. Je pense que nous pouvons entrer dans le vif du sujet. Si vous êtes ici, c'est que vous savez que nous regardons dans la même direction, tous deux. Et aussi que vous avez besoin d'aide, soit. Avant tout, vous comprendrez que je ne puis non plus vous suivre aveuglément alors que j'ignore tout de votre charmante personne... Ses yeux s'étrécirent, et la scrutèrent comme pour percer son âme à jour. Je vous serais gré, en guise de préambule et si vous souhaitez que je vous accorde ma confiance, de lever le masque qui cache votre personne, mademoiselle K.
A nouveau, le silence s'abattit sur la pièce. Joras Blackwood scruta la réaction de la jeune femme présente à ses côtés, patient.