Les années défilent, le connu s’estompe, comme ces estampes à qui les effleurements du soleil finissent par diluer les couleurs.
Aujourd'hui l'hégémonie de l'Aegir n'est que souvenirs oubliés. Hestios est mort, seule son placement en cryogénie le sépare de ces corps en décomposition qui gavent les vers de la nécropole.
Pas de fils connu, pas de famille, rien que des ruines et sur ces ruines une assemblée de droit divin désemparée dont les lamentations ressemblent à une armure s’épanouissant dans une agonie solitaire.
Pour mener le peuple il faut un successeur afin de gouverner, capable de mener l'empire vers un nouvel âge d'or. L'assemblée se déchire sur le successeur, un clone, une autre famille de sang impérial, l'élection d'un représentant de l'assemblée, et d'autres hypothèses circulaient mais elles ne paraissaient qu'être autant d'épées de Damoclès suspendues au dessus de cet état en léthargie, comme si aucune solution ne pouvait approcher le charme de l'absence de sens d'une nation sans celui qui l'a forgée lui donnant son sang et son âme.
L'avenir de l'Aegir est sombre comme son histoire mais depuis quelques jours, loin des tapages politiques, cachés parmi le peuple, des citoyens se réunissent autour d'un homme, d'abord ils étaient dix, puis cent et aujourd'hui presque dix-mille. Ils ne se connaissent pas mais ils savent la détresse de leur patrie. Ensembles ils ont l'impression d'avancer, même si cela est doucement, de manière diffuse comme on entendrait des mouvements que le brouillard nous empêcherait d'apercevoir.
Le plan est simple : imposer leur nouveau leader comme le successeur d'Hestios. Un fils caché d'après les rumeurs.
Un parfum de sérénité se dégage des replis de l'invisible.
Mais soir est un grand soir, l'assemblée suite à des tests adn secrets accepte d'ouvrir son oreille à cet homme.
Elle l'attend, il l'entend. Les derniers préparatifs sont en cours aidé par son conseiller et ami.
-Je sens la peur qui te dévore comme une rivale avide.
-C'est la dernière marche, ici soit on passe la porte soit on tombe. C'est toi qui va prendre la parole mais je suis le plus stressé. C'est cet endroit, j'ai l'impression d'y entendre les murmures de l’âme de l'empereur que le bruit du langage ne saurait totalement étouffer
-Si tu combattais ta peur au lieu de t’y blottir, tu saurais la dresser. Il est mort mais son sang est mien. Ai foi.
Le conseiller lui tend le discours.
-Je crains que tes mots froids et distants, pour ne pas les effrayer, semblent des remparts de sable contre une marée de désarroi.
-Nous verrons.
Il s'avance, traverse le rideau et le voilà au milieu de l'arène.
-Assemblée je me tiens droit, devant vous aujourd'hui pour succéder à mon défunt père.
Je n ai rien a offrir d'autre que du sang , du labeur ,des larmes et de la sueur .
Nous avons devant nous de longs mois de luttes et de souffrance .
Vous me demandez quelle sera ma politique ? Je vous répond : faire la guerre, reconstruire nos bâtiments, mobiliser nos troupes et frapper avec toute notre puissance et toute la force que Dieu peut nous donner les ennemis qui se dresseront devant nous.
Vous me demandez quel est mon but ? Je vous répond en deux mots : la victoire et la gloire, la victoire à tout prix, la victoire malgré toutes les terreurs, la victoire peut importe longueur et dureté que puisse être la route : car, hors victoire et gloire, il n'est point de survie. Comprenez le bien : pas de survie pour l'Empire d'Aegir, pas de survie pour tout ce qu'illustre notre empire, pas de survie pour l'immémorial trésor que nous as légué Hestios.
C'est cela ou il ne restera que l’amertume de nos édens disparus.
C'est plein d'espoir et d'entrain que je compte assumer ma tâche si vous me la confiez, assuré qu'il ne sera pas infligé à notre cause de faillir devant les hommes. Conjonctures qui m'autorisent – je pense – à réclamer l'aide de tous, et à dire " Allons, en avant tous, unis et forts. "
La parole est à l'assemblée et aux divers représentants galactique qui m'ont fait l'honneur de se déplacer.
Poussière du monde.
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