2002 - Sacrifice

Les Chroniques de Lievanta

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Kalyso
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2002 - Sacrifice

Message par Kalyso »

C'est l'eau boueuse coulant dans ses narines, durcissant sur sa langue et s'engouffrant dans sa gorge qui ramena Neiko à la réalité. Craignant avoir perdu l'usage de son corps, la jeune femme ne tenta pas de se lever tout de suite, préférant attraper au vol des morceaux de souvenirs.

Lievanta, dont le nom seul suffisait à faire trembler un monde. Cette ville magnifique, glorieuse, irradiant par delà les océans de sable, accueillant les voyageurs, abreuvant l'univers d'Histoire, croulant, s'ouvrant en deux sous le poids de son passé et avalant dans un gouffre béant une génération aphone ayant hérité d'un rêve.

1997, date marquée au fer rouge, rongeant la peau des perdus.

Elle avait vécu de loin les révoltes, trop petite, trop effrayée pour comprendre. Cinq années s'étaient écoulées depuis ces évènements. Cinq longues années à patauger dans l'eau croupie, stagnante. A redevenir des animaux sauvages, attirés par les fumets des poubelles de la Grande ville. Keld et Sistra étaient devenus les figures de proue légendaires d'un mouvement tué dans l'œuf. Les moyens n'étaient pas les mêmes. Les noms, cependant, étaient restés. Une fois n'est pas coutume, les problèmes de Lievanta avaient outrepassé ses fontières. L'attention générale avait été retenue quelques mois. Des reporters, des médecins, des engagés avaient afflué par centaines. Des masses bienveillantes avaient planté leurs tentes sous les grenades, se rebellant devant les caméras. Mais l'immobilité avait eu raison d'eux. Parfois, des chasseurs survolaient les camps de zonards, leur envoyaient des caisses de nourriture et de médicaments, et se noyaient dans l'horizon flamboyant.

La stratégie de la ville avait changé. Il était maintenant question d'éloigner les déchets au plus loin. Des batailles virulentes continuaient d'être menées sans grande conviction. Des actions « coup de poing » organisés à la hâte. Les miradors étaient pris d'assaut par une marée de fourmis. Parfois, certains tombaient, laissant un trou dans l'horizon, jusqu'au prochain échafaudage.

De ceux qui avaient connu la Ville de l'intérieur, il ne restait pas grand monde. Des rapports approximatifs venaient alimenter les connaissances. Le refrain vantant un monde parfait, accueillant et chaleureux narguait sempiternellement ceux pour qui ses portes ne s'ouvriraient jamais. Des missionnaires venaient ramener les brebis perdues à la raison. Il y avait une place pour eux. Ils n'étaient pas orphelins, Lievanta était leur mère. Il était encore temps de revenir. De s'insérer. Certains se laissaient séduire, on les oubliait vite. D'autres se risquaient à traverser le tombeau ensablé de la ville. Les derniers, enfin, se résignaient.

C'était une lutte primaire, à qui passerait le mieux l'hiver. Un confort tissé de rêves avortés. Des projets de reprendre des droits indéfinis. Des batailles pour la forme.

Puis les enlèvements avaient commencé. Les enfants du désert disparaissaient. On les disait happés par la ville maudite. D'abord un, puis deux, puis des groupes entiers. Au début, on leur prêtait un avenir radieux. La réalité le reprenait bien vite. Le froid avait commencé à s'installer, et tous n'avaient plus d'humain que l'apparence, et un semblant de langage. Et plus personne ne pourrait voir la barbarie dans telle réponse à la famine. Alors ils restaient en meutes tremblantes, arpentaient les champs de bataille, grattaient les murs, fouillaient les cimetières, et fuyaient la mort blanche.



Le dernier souvenir concret de Neiko Gda remontait à l'aube. Souris des sables, elle se faufilait sans hésitations dans les fissures. On l'envoyait chercher à manger, et elle revenait les poches pleines de victuailles. C'était jour de marché... Que s'était il passé ensuite ? Des bras d'acier qui l'enserraient à la taille, un murmure brulant à son oreille, une litanie, des sanglots... et ce mot.

Shadowsong

Puis le vide.

Elle avait été propulsée dans le vide par ces bras impitoyables, suivant – elle l'avait compris – la route empruntée par les disparus. Alors elle ouvrit un œil, et bougea le bras. Ses doigts répondaient encore. L'autre ? Elle voulut s'en aider pour se relever. Il s'enfonça dans une masse molle. Un craquement sinistre brisa le silence, auquel elle aurait pu répondre par un cri, si sa bouche entière n'avait été bâillonnée par l'air putride. Elle se leva d'un bond, sur une cheville douloureuse, et recula pendant une éternité, jusqu'à heurter un mur. Quelques rais de lumière découpaient une poussière dorée, qui venait saupoudrer une montagne de silhouettes. Des gémissements, quelques râles, et l'odeur de la mort.

Les histoires de sa grande sœur lui revinrent à l'esprit. Elle repensa à ces légendes oubliées, aux sacrifices, aux bêtes qui dorment dans le ventre de la terre. Une larme s'écrasa sur son épaule alors qu'elle détournait la tête.

Et loin, loin au dessus d'elle, un murmure se joignit à l'obsédante chanson imprimée dans son cerveau, malheureux à fendre l'âme. Et dans l'effrayant silence de ce monde souterrain, la psalmodie était un hurlement. Il invoquait des forces aux noms insensés, et elle se joignait à lui, mécaniquement.

Shadowsong
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hestios
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Re: 2002 - Sacrifice

Message par hestios »

___________________Mourir en Lievanta est devenu anecdotique car ici, la vie ne vaut rien.


...Meurtres … comment ? ... horribles … je ne … la fin … aucun remord … coupable … fusillé … justice à été rendu...

Dans l'obscurité il comptait les secondes, se remémorant son existence chaotique. Demain il sera mort, demain les hommes exécuterons leur parodie de justice.

« C'est mieux que de croupir dans une geôle dans laquelle on finirait par nous oublier », se disait-il.

Mais l'attente fut plus longue qu'il ne pensait, des années surement, tantôt seul, tantôt avec des compagnons de cellule.
Toujours dans l'obscurité. Il ne se souvenait même plus à quoi ressemblait un arbre ou l'astre solaire.
Presque que toute sa vie n'était désormais qu’un souvenir brumeux auquel il se sentait étranger et dont les contours étaient devenus flous.
Seul ses souvenirs d'elle semblaient ne pas vieillir, intacts, comme si le temps, la faim et l'obscurité n'avait de prise sur la lumière qu'elle avait été pour lui.
Vivant parmi les morts. Mort parmi les vivants.

Et c'est un homme exténué et affamé, trainant avec lui l’odeur poisseuse de la mort qu'un matin de lourds bruits de pas réveillèrent alors que la porte blindée s'ouvrait laissant s'engouffrer 5 soldats l'air patibulaire s'empressant de le menotter solidement pied et poings, lui bandant les yeux au passage.

C'était l'heure, enfin et désormais il fallait savourer chaque seconde, compter chaque pas, savourer chaque odeur. Car c'était les dernières. Thalec n'était pas croyant. Une fois mort, ça serait le néant.
L'enfer de toute façon... il l'avait déjà vécu.

Il faisait beau dehors, le soleil matinal était déjà magnifique, royal et éblouissant malgré le bandage recouvrant ses yeux.
Sur le trajet il en profitait pour en capter la lumière, ressentir sa douce chaleur une dernière fois. Alors il s’en délecta jusqu’à plus soif, s’en remplissait chaque centimètre de peau jusqu’à en être ivre.

Ils s'arrêtèrent enfin lui ordonnant de ne plus bouger. L'endroit lui convenait aussi : un vent léger rafraîchissait l’atmosphère. Qu'importe le mur rugueux contre lequel il était placé, Thalec lui, sous son bandeau était déjà ailleurs.
Il était chez lui, devant le sentier qui s’enfonce au milieu des serres de blé, celui qui mène à sa maison.
Elle était encore en vie dans ce songe, là, debout à l'attendre, sur l'herbe couchée qui jauni si vite sous le soleil Desertican malgré l'ombre et les arrosages artificiels.

Puis vint le bruit assourdissant des balles qui fusent et avec elles vint la douleur quand elles atteignirent leur cible, lui déchirant la peau, se frayant un chemin à travers l'hémoglobine de son corps pour ressortir de l'autre coté accompagnée de bouts d'os et d'organes.
Sentant une balle s'enfoncer près du coeur il chuta en avant sur la terre craquelée qui laissa échapper un petit nuage de poussière à l'impact du corps désarticulé.

Commença alors son agonie. Le silence et le froid l'avaient déjà enveloppés de leur linceul.
Mais tandis qu'il se sentait partir, que peu à peu ses membres inertes devenaient indolores, il lui semblait entendre une mélodie au loin, un son sombre et glacial comme la mort.

Il est fatigué. Laissant s'échapper ses derniers râles, il résistait pour ne pas sombrer. Plus rien d'autre que ce son n’a d’importance. Ici ou ailleurs.

Il l’appelait, Thalec le ressentait vibrer dans son corps désormais totalement inerte, comme si la mélodie lui parlait, elle lui chantait d'oublier la mort.
Il lui semblait que le son lui murmurait que la mort c'est lui. Qu'il l'a vaincu et que désormais elle chante pour lui.

Thalec cessait de lutter, il n'y avait plus de douleur, alors que le chant devenait de plus en plus fort, qu'il se sentait chuter en ses tréfonds, c'est là que les signaux électriques de son cerveau gravèrent au fer rouge une pensée obsédante dans sa mémoire :


« shadowsong ».
Dernière modification par hestios le 11 nov. 2011, 18:24, modifié 5 fois.
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Spitoven
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Re: 2002 - Sacrifice

Message par Spitoven »

Braaam !

Braaam !

Quand le tissu de la réalité est déchiré, il y a des répercussions sur tout l'Existant. Parfois elles tardent de plusieurs années, décennies, siècles ou millénaires, voire davantage, mais elles finissent toujours par arriver. Pour on ne sait quel raison, elles arrivèrent à Lievanta, cette année-là, à cette date-là, à ce moment-là.

Quelque part, dans une dimension lointaine, un ordre qui existe depuis des millions d'années traque les menaces pour tout l'Existant, qui rassemble l'ensemble des dimensions, des complexes dimensionnels, de ce qui est inclassable, bref, absolument tout ce qui définit ce qui existe d'une façon ou d'une autre.

C'est à peu près, à part son nom, marcher et parler, tout ce que savait Spitoven lorsqu'il apparut subitement dans les profondeurs de Lievanta. Complètement nu, tel un nouveau-né, il se mit à étudier son environnement proche.

L'obscurité. Le silence. Dans le silence, une mélodie étrange, à la fois sinistre et sensuelle, sordide et séduisante, qui semblait exister en parallèle, cohabitant avec ce silence sans le briser. Une odeur atroce. Indéfinissable. Spitoven ne voulait même pas savoir ce qui la produisait. S'il avait su ce qu'était l'enfer, il se dirait probablement qu'il venait d'y être jeté après avoir péri de quelque mort infamante.

Sans trop savoir pourquoi, sans doute par défaut, il se mit à marcher, oubliant la sensation du contact de ses pieds avec ce sur quoi il les posait, pour ne pas avoir à se demander ce qui remuait sous ses pas. Il ne se déplaça ainsi, lentement et méticuleusement, d'une démarche hésitante, que pendant quelques minutes, qui, pour un être sans souvenance, semblaient des années.

Il s'arrêta net lorsqu'il aperçut devant lui, à bonne distance, dans un rayon de lumière aveuglant pour ses yeux inexpérimentés, une silhouette féminine qui se tenait droite, mais semblait en souffrance. Une silhouette féminine... Qu'était une femme ? Qu'était-il, lui ? Un homme, lui semblait-il... Qu'était un homme ?

Tandis qu'il l'observait à distance, le sinueux murmure envoûtant s'intensifia, formant un seul mot distinct : "shadowsong".

"shadowsong"... Qu'est-ce que cela signifiait ?
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Kalyso
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Re: 2002 - Sacrifice

Message par Kalyso »

Puis plus rien. Une porte claqua, quelque part là haut, et l'oppressant silence emplit l'espace, s'infiltrant dans la moindre faille, la moindre fissure, noyant quelques instants le décor, faisant vibrer les murs, éclater les tympans. Et ce clapotis à sa surface, refusant de se taire, invoquant la folie... Shadowsong, Shadowsong

Neiko réalisa qu'elle retenait son souffle. Sa vue se troubla, elle chancela sous le poids des larmes. Où était elle ? Que lui voulait-on ?

Il fallait qu'elle sorte de là. Elle réfléchirait en marchant. La menace semblait venir d'en haut, il lui fallait s'enfoncer sous terre. Trouver une autre sortie. Laisser une distance entre le tas de cadavres et sa vie. Et comprendre ?

Le Shadowsong... Ce mot qui continuait à résonner en elle, elle le connaissait. Il avait un sens, une légitimité, une histoire. Les informations glanées ça et là lui revenaient en mémoire au rythme de ses pas hésitants. Un Démon majeur. A l'ombre si longue, aux griffes si acérées qu'il avait réussi en son temps à déchirer le Voile. Et le voile... Cette frontière à la définition incertaine qui séparaient les mondes connus d'un avant, d'un après. Qui cachait dans ses replis une multitude de secrets, de terrains inexplorés.

C'est toutes les informations dont elle disposait, qui, mises bout à bout, n'avaient aucun sens, ne donnaient aucun relief à la situation. C'était du passé, un passé lointain qui ne lui appartenait pas. Lievanta n'avait jamais joué aucun rôle dans l'Histoire. Elle avait ses propres démons à exorciser, jamais liés aux cinq, malgré sa place centrale. Elle s'était développée en autarcie, entre ses murs, sans se mêler des affaires du monde, sans laisser celui-ci lapénétrer. Restant pure, cachée, terrible. Page vierge, dorée, magnifique. Lourde. Trop lisse pour accueillir le flot noir de lettres entrelacées, tracées en continu.

Ou prête, au contraire, à enfanter d'un chapitre nouveau, inédit. Final ?

Et comme elle déambulait au hasard, se cognant dans des murs invisibles, sanglotant en silence, ses yeux s'habituèrent brutalement à l'obscurité quand elle décela en son sein une forme humaine. Une silhouette, un peu floue. Un homme, nu, promenant son regard sur ses blessures. Son air perdu la rassura, l'emplit d'une confiance nouvelle. Elle pouvait se raccrocher à la conscience dont il semblait dénué.

Qui es tu ?

Un léger tremblement dans sa voix trahit ses craintes. Elle ne les laissa pas s'imposer pourtant, et s'accroupit près de l'inconnu, posant une main fraternelle sur son épaule.

Je pense qu'il serait sage de quitter cet endroit. Rien de bon ne peut arriver ici...

Un regard interrogateur lui répondit. Elle se releva et, instinctivement, lui tendit la main.
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hestios
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Re: 2002 - Sacrifice

Message par hestios »

Un corps inanimé gisait dans le silence des ténèbres, silence qui allait bientôt être brisé :

* Silence. *
Un coup sourd ;
Boum...
Un seul
* Silence. * * Silence. * * Silence. *
Boum...
* Silence. *... * Silence. *...
Boum...
Boum... Boum...
…. …
Boum... Boum... Boum, Boum, Boum...


Thalec étalé par terre, portant sa main droite sur son cœur, ouvris brusquement les yeux inspirant l'air puant comme s'il remontait d'une longue apnée.
Un goût de sang rance lui vint immédiatement en bouche mais surement dû à l'état second causé par le choc de l'incertitude de l'endroit où il se trouvait, il sembla ne pas s'en émouvoir.
Palpant peu à peu le reste de son corps il y lui sembla y trouver ce qui ressemblait à de petits trous dans la chair couvert par du sang séché.
Toujours étendu par terre, il commença à observer son environnement immédiat :

Il faisait noir. Très noir. Ses yeux ne distinguaient que de sombres silhouettes qui pouvaient à la fois être un morceau de roche, un mur, un animal immobile ou tout ça à la fois.
Et toujours ce mot qui tournait, se cognait, frappait dans son crâne :


« Shadowsong »

Il décida de se relever. Il fallait bouger, ne pas rester immobile. Qui sait où il était et quels dangers y régnait. Cependant le pourquoi du comment il s'était retrouvait là ne vint pas le chambouler.
La situation l'amusait, l'excitait et bientôt c'est sourire au lèvres que l'inconscient errait changeant de direction sans logique, revenant parfois sur ses pas pour prendre la direction opposée.
Malgré l'illogisme total de son vagabondage dans l'obscurité il avançait.

Au détour d'un mur il trébucha sur un trucmuche puant, collant et plutôt mou.
A quatre pattes sur la matière il approcha sa tête afin de mieux voir, le laissant distinguer un visage de femme en putréfaction.


-Oh ! Bonjour madame ! Ricana-il d'un sourire charmeur.

Toujours à califourchon sur le macchabée il observa autour de lui : elle n'était pas la seule, il y avait plus de corps qu'il ne pouvait en compter.

Passant la main dans les cheveux de la pauvre femme morte :

-Hmm, vos amis n'ont pas l'air très fréquentables... Je vous emmène avec moi... qui sait sur quel genre de détraqué vous pourriez tomber ici

Il se releva puis la saisissant par ses cheveux rouges de sang et noirs de boue commença à la trainer derrière lui.
Le corps frottait bruyamment le sol rugueux, la peau putride se déchirant et s'ouvrant de part en part comme du carton humide que l'on rapperait sur un sol rocailleux.
Sous la pression exercée par des cheveux tirés, la peau du haut de la nuque, là où poussent les premières racines, commença à se rompre laissant apparaître le bas de l'or du crâne.

Déambulant avec sa charogne il ne tarda pas à tomber sur deux inconnu : un homme en tenue d'Adam et une femme habillée elle, debout à côté de lui, la main tendu vers lui.
Parlant à la dépouille déchirée, délabrée, harassée, qui laissait impudiquement son intestin prendre l'air :

-Tiens Irma, je crois que l'on vient d'interrompre une partie de jambe en l'air.

S'adressant aux deux inconnus en leur tournant le dos car occupé à installer « Irma » contre un gros rocher en position plus ou moins assise :
-Continuez, comme si on était pas là !

S'asseyant à coté du cadavre qu'il dû redresser car rebelle et la colonne vertébrale surement en miette, il commençait à pencher :
-On va rester là un instant avec ma nouvelle amie, c'est rare que je rencontre des gens nus. Vous avez l'air intéressants !

Tout le monde se fixait et ce fut le silence.
Les vivants, dans les ténèbres qui les enveloppaient, dans cette tombe profonde, étaient l’épaisseur saisissable de la mort. Chacun entendait le bruit de son propre cœur et la respiration des autres, entendait des mouvements d’étoffes, des exclamations retenues, des mots chuchotés.
La morte elle ne laissait échapper aucun son, les yeux livides fixés vers la jeune femme, semblait sourire grâce à la peau manquante qui laissait apparaître une grande partie de sa dentition.
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Spitoven
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Re: 2002 - Sacrifice

Message par Spitoven »

Spitoven dévisagea la femme qui lui tendait la main pendant un long moment, puis avança la sienne. Le contact était étrange ; chaud, doux, légèrement moelleux et humide...

"Continuez, comme si on était pas là ! On va rester là un instant avec ma nouvelle amie, c'est rare que je rencontre des gens nus. Vous avez l'air intéressants !"

Spitoven tourna la tête vers le nouvel arrivant qui venait de prendre la parole. Ce dernier semblait avoir davantage de points communs avec lui que la jeune femme sur le plan physionomique, mais son esprit lui paraissait l'un éloignement singulier du leur, qu'il sentait si proche.

Ouvrant la bouche pour parler aux deux autres vivants présents à ses côtés, Spitoven se mit soudainement à...vomir, vomir des glaires pâles et sans consistance, pile dans la bouche grande ouverte du cadavre d'un vieillard momifié.
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