Fais nous peur ou meurs !
Publié : 04 juin 2008, 01:29
- Heho ! Gnigna ? Ah te voilà crétine !
- Hey ! Je t’ai déjà dit que moi c’est Gina !
La douce fillette s’était retournée en lançant un regard qui se voulait mauvais. Elle renchérit :
- Si tu voulais m’insulter tu pouvais attendre que je revienne plutôt que de venir me chercher comme si t’étais pressé de me maltraiter, sale vilain !
Gina tira la langue et tourna les talons pour s’enfoncer plus loin dans les bois.
- Rha n’importe quoi... T’es vraiment qu’une gamine. Et puis c’est pas comme ça qu’on maltraite les gens, tu sais même pas ce que ça veut dire toi. Allez viens par là, c’est Fodus qui m’envoie te chercher. La nuit commence à tomber alors c’est pas le moment d’aller gambader et encore te perdre comme une conne.
- Mais arrête de parler comme ça ! Toi t’es qu’un méchant.
Petite Gina, fillette de onze ans et demi, avait le teint blanc d’une poupée de cire. Ses couettes de paille et ses grands yeux bleus naïfs lui valaient l’attachement de ceux qui, malgré les apparences, veillaient sur elle comme la petite sœur du groupe. Mais son engouement pour ce qui semblait être de l’indépendance n’était guère apprécié par les adultes. Ni par Fodus d’ailleurs, qui devait sans cesse éviter de la quitter des yeux trop longtemps, de peur qu’elle ne s’échappe pour aller visiter quelque chose comme par exemple un nid de serpents trouvé durant son escapade téméraire. Mais Gina croyait savoir bien mieux qu’eux ce qu’elle faisait, et elle pensait fortement que le danger était une chose courante de la vie. Si on ne va pas droit dessus alors c’est lui qui nous traque, autant l’affronter et lui montrer que sans peur il ne peut rien nous faire. Telle était la conviction infantile de Petite Gina.
Son “Ennemi Juré”, Torei, garnement de treize ans, ne manquait pas de lui rappeler que sa petite taille, sa condition de fille ainsi que son minuscule âge à peine sorti du compte de ses dix doigts, faisait d’elle la plus faible et le plus inutile membre du groupe. Au point d’ailleurs, lui disait-il souvent, qu’elle pouvait difficilement être considérée comme membre. L’embêter était devenu un passe temps qu’il affectionnait et pratiquait sans se lasser mais il était évident que s’il arrivait véritablement quelque chose à Gina, il en serait profondément attristé. Ses cheveux bruns en bataille et ses habits dans lesquels trois Torei entiers auraient pu tenir, correspondaient bien à sa personnalité de petit rebelle. Ne pas se laisser marcher sur les pieds, même (et surtout) quand il avait tort était sa ligne de conduite à n’importe quel moment de la journée.
Gina et Torei s’engouffrèrent dans un taillis qui débouchait sur le chemin le plus emprunté du coin. Il faisait encore jour mais l’abaissement de la température était palpable et significatif. Les nez commençaient à être piqués par la fraîcheur humide de la nature sur le point de vêtir sa magnifique robe nocturne tant de fois louée et chantée. De nombreuses discussions animales, trop intelligentes pour qu’on les comprenne nous diraient-ils (s’ils le pouvaient), comblaient fortement le silence des deux enfants dont les regards fréquemment croisés se ponctuaient de grimaces.
La clairière hantée les accueillit soudainement avec une bourrasque sortie de nulle part, leur faisant fermer les yeux pour les envoyer quelques secondes dans les tréfonds de leurs esprits isolés. Le campement s’étalait en plein milieu dans un désordre soit disant organisé. Divers jeunes gens s’attelaient à préparer la soirée dont l’ambiance du lattant surnaturel serait le mot d’ordre, les baignant tous de joyeux frissons.
Le dîner se passait autour du grand feu de camp. C’était la tradition.
Chaque année à la même période et pendant une semaine, une séance de camping dans la clairière dite Hantée était plus ou moins décidée et lancée. Un groupe généralement composé d’une dizaine d’enfants et de quelques jeunes adultes venait alors défier les légendes morbides et les contes d’horreur en se livrant au jeu traditionnel du “Fais nous peur ou meurs”. Cela consistait à raconter, chacun son tour, une histoire qui devait absolument être votée effrayante par la moitié du groupe, sans quoi un gage sanctionnait le malheureux.
- On dirait qu’on est des Scouts en nous regardant bien hi hi. Scouts Toujours !
Lança un jeune garçon de dix ans. Torei ricanna et n’omit pas l’occasion de commenter la scène par un amical :
- Pauvre naze...
Tout le monde était installé depuis quelques temps déjà autour du feu quand Fodus, le chef animateur, se leva pour annoncer enfin :
- Que le jeu débute ! Qui va oser prendre la parole en premier ?
- Hey ! Je t’ai déjà dit que moi c’est Gina !
La douce fillette s’était retournée en lançant un regard qui se voulait mauvais. Elle renchérit :
- Si tu voulais m’insulter tu pouvais attendre que je revienne plutôt que de venir me chercher comme si t’étais pressé de me maltraiter, sale vilain !
Gina tira la langue et tourna les talons pour s’enfoncer plus loin dans les bois.
- Rha n’importe quoi... T’es vraiment qu’une gamine. Et puis c’est pas comme ça qu’on maltraite les gens, tu sais même pas ce que ça veut dire toi. Allez viens par là, c’est Fodus qui m’envoie te chercher. La nuit commence à tomber alors c’est pas le moment d’aller gambader et encore te perdre comme une conne.
- Mais arrête de parler comme ça ! Toi t’es qu’un méchant.
Petite Gina, fillette de onze ans et demi, avait le teint blanc d’une poupée de cire. Ses couettes de paille et ses grands yeux bleus naïfs lui valaient l’attachement de ceux qui, malgré les apparences, veillaient sur elle comme la petite sœur du groupe. Mais son engouement pour ce qui semblait être de l’indépendance n’était guère apprécié par les adultes. Ni par Fodus d’ailleurs, qui devait sans cesse éviter de la quitter des yeux trop longtemps, de peur qu’elle ne s’échappe pour aller visiter quelque chose comme par exemple un nid de serpents trouvé durant son escapade téméraire. Mais Gina croyait savoir bien mieux qu’eux ce qu’elle faisait, et elle pensait fortement que le danger était une chose courante de la vie. Si on ne va pas droit dessus alors c’est lui qui nous traque, autant l’affronter et lui montrer que sans peur il ne peut rien nous faire. Telle était la conviction infantile de Petite Gina.
Son “Ennemi Juré”, Torei, garnement de treize ans, ne manquait pas de lui rappeler que sa petite taille, sa condition de fille ainsi que son minuscule âge à peine sorti du compte de ses dix doigts, faisait d’elle la plus faible et le plus inutile membre du groupe. Au point d’ailleurs, lui disait-il souvent, qu’elle pouvait difficilement être considérée comme membre. L’embêter était devenu un passe temps qu’il affectionnait et pratiquait sans se lasser mais il était évident que s’il arrivait véritablement quelque chose à Gina, il en serait profondément attristé. Ses cheveux bruns en bataille et ses habits dans lesquels trois Torei entiers auraient pu tenir, correspondaient bien à sa personnalité de petit rebelle. Ne pas se laisser marcher sur les pieds, même (et surtout) quand il avait tort était sa ligne de conduite à n’importe quel moment de la journée.
Gina et Torei s’engouffrèrent dans un taillis qui débouchait sur le chemin le plus emprunté du coin. Il faisait encore jour mais l’abaissement de la température était palpable et significatif. Les nez commençaient à être piqués par la fraîcheur humide de la nature sur le point de vêtir sa magnifique robe nocturne tant de fois louée et chantée. De nombreuses discussions animales, trop intelligentes pour qu’on les comprenne nous diraient-ils (s’ils le pouvaient), comblaient fortement le silence des deux enfants dont les regards fréquemment croisés se ponctuaient de grimaces.
La clairière hantée les accueillit soudainement avec une bourrasque sortie de nulle part, leur faisant fermer les yeux pour les envoyer quelques secondes dans les tréfonds de leurs esprits isolés. Le campement s’étalait en plein milieu dans un désordre soit disant organisé. Divers jeunes gens s’attelaient à préparer la soirée dont l’ambiance du lattant surnaturel serait le mot d’ordre, les baignant tous de joyeux frissons.
Le dîner se passait autour du grand feu de camp. C’était la tradition.
Chaque année à la même période et pendant une semaine, une séance de camping dans la clairière dite Hantée était plus ou moins décidée et lancée. Un groupe généralement composé d’une dizaine d’enfants et de quelques jeunes adultes venait alors défier les légendes morbides et les contes d’horreur en se livrant au jeu traditionnel du “Fais nous peur ou meurs”. Cela consistait à raconter, chacun son tour, une histoire qui devait absolument être votée effrayante par la moitié du groupe, sans quoi un gage sanctionnait le malheureux.
- On dirait qu’on est des Scouts en nous regardant bien hi hi. Scouts Toujours !
Lança un jeune garçon de dix ans. Torei ricanna et n’omit pas l’occasion de commenter la scène par un amical :
- Pauvre naze...
Tout le monde était installé depuis quelques temps déjà autour du feu quand Fodus, le chef animateur, se leva pour annoncer enfin :
- Que le jeu débute ! Qui va oser prendre la parole en premier ?