[Quête] Les Graines d'Airain de la Rose Opaline.
Publié : 16 juin 2008, 19:41
J'en pleurerais toute une nuit, et le jour qui suit peut-être, tant j'ai mal de constater qu'il n'est plus rien et que plus rien ne sera. Ma foi se brise au rythme non plus des années, ni même des mois, mais des heures maintenant, et chaque bouffée d'air que je recrache prend malgré moi la forme d'un soupir. J'étais belle à ce qu'on dit. Je ne m'en rappelle plus. J'ai du être jeune en tous cas. Ne le suis je plus ? L'incertitude seule me répond : il n'y a rien dans ma cellule qui puisse prendre la forme d'un miroir, ni homme, ni femme, ni animal qui glapirait à ma vue, ni la moindre petite flaque d'eau où je pourrais me refléter. Juste moi, et les murs aveugles, et les paroles des murmurants, qui me content inlassablement des vies, dont l'une doit être mienne.
Triste sort que celui d'une de ceux qui furent, qui refuse de s'éteindre et ne peut plus qu'écouter. Mes mains sont flétries comme doit l'être ma face. Mes ongles sont noirs de creuser la terre nue, mes minutes sont vides, et mon futur l'est autant. Pourtant j'aimerais sortir, une dernière fois, au nom de la mémoire. Crier au monde de ne jamais oublier. C'est si douloureux, l'oubli. Cela vous heurte en plein visage, vous met à terre, vous ensevelit. Et vous n'avez la force de vous débattre. Si vous y pensez.
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En traversant les plaines qui bordent la mégalopole galacticaine, il pensait que le paysage avait bien peu changé. Tout semblait figé, malgré les rides qui se creusaient quotidiennement sur le visage de la reine. Il pleuvait le soir de son départ, une averse qui aurait pu être faite des larmes de tous ceux à qui le premier coup avait été porté ce jour funeste. Il faisait en sens inverse le chemin, marchant là où il avait couru, riant là où il avait glissé, tendant à sa compagne une main sûre, qui avait autrefois tremblé.
Ils étaient arrivés avec l'aurore, et la première porte poussée fut celle de leur auberge. Entrant avec la lumière hiémale, les jeunes gens avaient fait un pas qui combla toutes les fissures que la vie pouvait dessiner sur un cœur. La pièce était coquette, illuminée, et chaleureuse d'apparence. Pourtant un froid vicieux les avait pris aux entrailles, s'était glissé dans leurs veines, et aurait fait couler leurs larmes, s'ils n'étaient eux. Alors que devant leurs yeux apparaissait un tableau dont les protagonistes semblaient immobiles depuis des lustres, que les couleurs les plus vives se ternirent sous les souffles las, que le feu même sembla geler dans l'âtre, les nouveaux venus ne se coulèrent dans le silence quasi-religieux qui avait happé les autres clients même, mais continuèrent à la surprise générale leur conversation aux teintes rieuses. C'est ainsi que la vie, partie avec Fay, revint à l'Echiquier avec Malt et Pélégrine.
Ils étaient un couple étrange. Elle, quinze ans flous, de longs cheveux bruns noués derrière la nuque, et des yeux saphir, et une voix si rare qu'elle en devenait précieuse. Lui, dix années de plus, rieur, au regard hématite, généreux et inspirant la confiance parlait pour deux. Ils étaient comme frère et sœur, tremblant sans cesse l'un pour l'autre, n'ayant besoin que de regards, et partageant le mystère qui les entourant. Il l'avait trouvée au bord d'une route, elle l'avait suivi. L'amour qu'ils répandaient les rendaient crédibles. Le mur qu'ils avaient bâtit l'étouffait pourtant un peu. Mais ils suffisaient tous deux à l'amitié, et la confiance que les autres leur portait respectait leurs secrets.
Quelques mois s'étaient écoulés, suffisant à faire d'eux des membres du petit groupe.
Les jours qui s'annonçaient allaient tester le lien qui les unissait, et faire trembler les certitudes les plus ancrées.
Si elle était un oiseau, elle serait sûrement de ceux qu'on dit de mauvaise augure. Le soleil effleurait à peine les vitres colorées de la taverne, qu'elle en passa la porte. Elle était accompagnée de ce léger parfum que le vent printanier seul porte, et son sourire malicieux acheva l'œuvre de la chatoyante étoile : tout comme Malt quelques temps plus tôt, elle semblait vêtue de la vie même. Et ses mouvements dansants en éclaboussèrent les murs. Elle promena sur eux son regard gris, et un ris cristallin s'échappa de ses lèvres. Elle posa deux doigts fins et blancs sur celles-ci, avant de se tourner vers le maître des lieux. S'étant assurée qu'il n'y avait personne de trop dans la pièce, elle prit la parole d'une voix enjouée.
A la plus grande des castes de voleurs je dois faire appel aujourd'hui. Oh ne vous inquiétez pas, ma parole est scellée. Je viens à vous en amie, avec une requête. Mais laissez moi me présenter..
Elle retira la cape qui pesait sur ses épaules, dévoilant son cou albe serti d'une pierre sanguine. Ses mains coururent dans sa chevelure, la rassemblant négligemment à l'arrière de sa tête, et faisant mine d'en chasser les quelques gouttes de rosée qui ne la dérangeaient en rien.
Peut-être avez vous entendu parler de moi. On m'appelle Kalyso. Kalyso d'Assianta...
Triste sort que celui d'une de ceux qui furent, qui refuse de s'éteindre et ne peut plus qu'écouter. Mes mains sont flétries comme doit l'être ma face. Mes ongles sont noirs de creuser la terre nue, mes minutes sont vides, et mon futur l'est autant. Pourtant j'aimerais sortir, une dernière fois, au nom de la mémoire. Crier au monde de ne jamais oublier. C'est si douloureux, l'oubli. Cela vous heurte en plein visage, vous met à terre, vous ensevelit. Et vous n'avez la force de vous débattre. Si vous y pensez.
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En traversant les plaines qui bordent la mégalopole galacticaine, il pensait que le paysage avait bien peu changé. Tout semblait figé, malgré les rides qui se creusaient quotidiennement sur le visage de la reine. Il pleuvait le soir de son départ, une averse qui aurait pu être faite des larmes de tous ceux à qui le premier coup avait été porté ce jour funeste. Il faisait en sens inverse le chemin, marchant là où il avait couru, riant là où il avait glissé, tendant à sa compagne une main sûre, qui avait autrefois tremblé.
Ils étaient arrivés avec l'aurore, et la première porte poussée fut celle de leur auberge. Entrant avec la lumière hiémale, les jeunes gens avaient fait un pas qui combla toutes les fissures que la vie pouvait dessiner sur un cœur. La pièce était coquette, illuminée, et chaleureuse d'apparence. Pourtant un froid vicieux les avait pris aux entrailles, s'était glissé dans leurs veines, et aurait fait couler leurs larmes, s'ils n'étaient eux. Alors que devant leurs yeux apparaissait un tableau dont les protagonistes semblaient immobiles depuis des lustres, que les couleurs les plus vives se ternirent sous les souffles las, que le feu même sembla geler dans l'âtre, les nouveaux venus ne se coulèrent dans le silence quasi-religieux qui avait happé les autres clients même, mais continuèrent à la surprise générale leur conversation aux teintes rieuses. C'est ainsi que la vie, partie avec Fay, revint à l'Echiquier avec Malt et Pélégrine.
Ils étaient un couple étrange. Elle, quinze ans flous, de longs cheveux bruns noués derrière la nuque, et des yeux saphir, et une voix si rare qu'elle en devenait précieuse. Lui, dix années de plus, rieur, au regard hématite, généreux et inspirant la confiance parlait pour deux. Ils étaient comme frère et sœur, tremblant sans cesse l'un pour l'autre, n'ayant besoin que de regards, et partageant le mystère qui les entourant. Il l'avait trouvée au bord d'une route, elle l'avait suivi. L'amour qu'ils répandaient les rendaient crédibles. Le mur qu'ils avaient bâtit l'étouffait pourtant un peu. Mais ils suffisaient tous deux à l'amitié, et la confiance que les autres leur portait respectait leurs secrets.
Quelques mois s'étaient écoulés, suffisant à faire d'eux des membres du petit groupe.
Les jours qui s'annonçaient allaient tester le lien qui les unissait, et faire trembler les certitudes les plus ancrées.
Si elle était un oiseau, elle serait sûrement de ceux qu'on dit de mauvaise augure. Le soleil effleurait à peine les vitres colorées de la taverne, qu'elle en passa la porte. Elle était accompagnée de ce léger parfum que le vent printanier seul porte, et son sourire malicieux acheva l'œuvre de la chatoyante étoile : tout comme Malt quelques temps plus tôt, elle semblait vêtue de la vie même. Et ses mouvements dansants en éclaboussèrent les murs. Elle promena sur eux son regard gris, et un ris cristallin s'échappa de ses lèvres. Elle posa deux doigts fins et blancs sur celles-ci, avant de se tourner vers le maître des lieux. S'étant assurée qu'il n'y avait personne de trop dans la pièce, elle prit la parole d'une voix enjouée.
A la plus grande des castes de voleurs je dois faire appel aujourd'hui. Oh ne vous inquiétez pas, ma parole est scellée. Je viens à vous en amie, avec une requête. Mais laissez moi me présenter..
Elle retira la cape qui pesait sur ses épaules, dévoilant son cou albe serti d'une pierre sanguine. Ses mains coururent dans sa chevelure, la rassemblant négligemment à l'arrière de sa tête, et faisant mine d'en chasser les quelques gouttes de rosée qui ne la dérangeaient en rien.
Peut-être avez vous entendu parler de moi. On m'appelle Kalyso. Kalyso d'Assianta...