Leur quête

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Aurel
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Leur quête

Message par Aurel »

Leur quête, chapitres 1 et 2 (pdf, 470 ko, 132 pages)


***** Chapitre 3 *****


Le noble cheval blanc marchait d'un pas superbe, donnant à son jeune cavalier l'allure d'un prince. Des enfants lui courraient après, criant, riant, piaillant, meute de louveteaux excités. Leurs mères les surveillaient de loin, tout en discutant sur les pas de leurs portes ou devant les étals des marchands. Malgré l'heure matinale, les rues étaient déjà très animées. Les artisans avaient depuis longtemps commencé le travail, les commerçants criaient pour attirer leurs premiers clients. Un petit vent chaud annonçait une journée aussi étouffante que la veille.

Le jeune garçon tira sur les rennes de sa monture et détailla quelques instants du regard la taverne à laquelle il faisait face. Elle paraissait en bon état, bien que durement touchée par les ans. Finalement, il sauta au sol et accepta d'un hochement de tête qu'un garçon d'écurie s'occupe de son cheval. Warren épousseta ses vêtements, couverts de poussière après sa longue chevauchée, puis releva le rideau qui masquait l'entrée de l'établissement. Un agréable fumet épicé lui monta aussitôt au nez. Le jeune garçon sourit et entra dans la taverne.

A l'intérieur régnait une agréable fraicheur. Warren poussa un soupir de soulagement : même à cette heure matinale, les reflets des soleils sur le sable du désert l'avaient fait abondamment transpirer. Il parcourut la salle presque vide du regard et trouva instantannément celui qu'il cherchait. Il se laissa tomber avec soulagement sur un banc face à un jeune homme qui, comme lui, ne semblait pas venir de la région. Celui-ci fit un signe à une enfant qui patientait dans un coin de la salle, et lui adressa quelques mots dans une langue aux sonorités gutturales.

Quelques minutes plus tard, on avait servi à Warren un grand plat de nourriture épicée et un pichet de boisson glacée. Celui-ci commença à dévorer son repas, comme s'il ne s'était nourri depuis des jours. Son sourire faisait plaisir à voir. Ce n'est pas avant d'avoir englouti la moitié de ce qu'on lui avait apporté qu'il commença à parler :

Curieux endroit pour un rendez-vous, Halad. Vous n'avez pas pu trouver plus loin de tout dans les dix-neuf ?

Le jeune homme à qui il s'adressait sourit et haussa les épaules.

Tu sais, depuis le temps, j'ai fini par apprendre à ne pas discuter avec elle.

Warren sourit en avalant une nouvelle bouchée de nourriture.

Alors, une idée de ce qu'elle nous veut ?

Halad hésita un instant, une ombre dans le regard, puis se contenta de secouer la tête.

Mais vous êtes quand même là, prêt à l'aider, quoi qu'elle demande ?

Toi aussi, Warren...

Je n'ai d'autres impératifs que les miens...
rétorqua le garçon. Tandis que vous... Halad... Shingaz... Il n'y a pas si longtemps, vous étiez là-bas, vous occupant d'Ekelia... Où serez-vous dans un mois ?

Probablement dans les environs. Plus ou moins loin. Tu sais, je n'ai toujours pas renoncé à la destruction du Voile...

N'en parlons pas. Pas ici en tout cas... Ces oreilles inocentes ne méritent pas d'être mêlées à tout ça. Pas avant l'heure en tout cas...

Ces gens s'apprêtent à lancer une guerre contre leurs voisins. Des centaines de milliers de morts, des millions de blessés en perspective. Un record pour ce monde.


Warren jeta un coup d'oeil autour de lui.

C'est pour ça qu'on est là ?

Oh, non, non, bien sûr que non. Il y a bien longtemps que Kalyso ne se préoccupe plus d'éviter ce genre de choses. Oui, bien longtemps... Tout ce qui l'intéresse maintenant, c'est...


Mais Halad se tut, laissant sa phrase en suspens. Son regard se perdit dans les ombres de la pièce. Warren termina son repas, puis reprit la parole :

J'ignore ce qui est arrivé entre vous et Dame Kalyso, et ne tiens pas à le savoir, mais...

Le garçon se taisant, Halad leva un sourcil interrogateur.

Peu importe, finit par conclure Warren. Attendons son arrivée pour découvrir ce qu'elle nous veut.
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Kalyso
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Re: Leur quête

Message par Kalyso »

Le début. Le début remonte à si longtemps, qu'elle même, rouage de cette longue chaîne, ne se rappelle plus même de certains mots prononcés depuis lors. Il fait chaud. Une chaleur caressante, qui, si on la laisse librement promener ses mains dorées, vous étouffera sans scrupules. Le paysage n'a pas changé : il n'y a rien. Du sable, quelques branches oubliées par la vie, plantées là, en plein milieu de cet océan ocre, et qui poussent vers le ciel, comme si elles pouvaient s'échapper. Il y a le parfum, aussi, pénétrant, mordant, chaud, inoubliable. Ce parfum indescriptible qui dépose sur la langue le goût des roses orientales dont les épines dégagent une fragrance d'épices, et fait couler dans la gorge quintessence de souvenirs, brouillant les sens et les idées. Non, le paysage n'a pas changé.

Et pour cause. Tout - mort, vivant, sec, fruité, animal, végétal, ombres, éclats, rayons du soleil, même - tout semble figé, immobile dans les jeux du vent. Il n'y a pas d'autre bruit que son chant, d'ailleurs. Son chant, et le crépitement de la poussière qui cuit sur les pierres opalines, irradiant une lumière presque mystique. Et tandis que la voyageuse s'avance, avalant à chaque pas mois et lieues, et qu'à ses oreilles siffle le figé, propulsé à une vitesse folle ; elle se régale des années passées à parcourir les dix-neuf, et dont les moindres recoins lui reviennent à l'esprit.

Et soudain, ivre de tout ça, elle s'arrête. Elle devient statue parmi les statues. Elle se fige, elle aussi, s'offre aux bras de feu du soleil, aux embrassades du vent facétieux, prête son albe épiderme aux rares ombres qui voudraient le peindre. Et elle promène son regard de grès sur l'étendue infinie où sa minuscule présence se noie. Aux aguets, elle cherche un mirage, une silhouette, un rire, une mélodie. Et, souriant soudain d'un air inspiré, elle s'élance de nouveau à une vitesse folle, laissant sur ses pas une emprunte légère, aussitôt engloutie par le désert.

La scène se passe dans une auberge, décrite quelques temps plus tôt, et que quelque oreille impudique et avide de compréhension écoute parfois. Sont assis à une table, un homme dont seul le regard trahi l'âge, et un enfant qui en dépit de son apparente sagesse ne peut pourtant être que jeune. Malgré le silence et l'immobilité pour l'instant imposés, ils discutent. A ceux qui rêvent du voile, ils paraîtraient d'ailleurs bien trop réels pour obéir à ses règles. Car c'est bien au delà de sa gaze que tout se joue aujourd'hui. Au delà de tout.

La porte ouverte la laisse passer. Elle n'a pas changé non plus, sa course a juste pigmenté ses joues pâles, et redonnés à ses yeux d'airain une pointe d'humanité. Ses longs cheveux, qui retiennent prisonniers les sillons du soleil aventurés trop loin, courent sur ses épaules nues, prolongés par une fine robe de toile qui laisse parfois transparaître les contours de sa silhouette. Elle va pieds nus et sans décoration. Une large ceinture tissé dans un cuir rougeâtre enrobe seulement ses hanches et tient à son côté, sans la pudeur d'un fourreau, une courte lame.

La dame regarde le décor, et sourit de les retrouver. Elle les a fait attendre, mais cela en valait la peine. Ils sont là. Embaumé du charisme d'antan, et portant sur leurs épaules le poids d'années qui les voûte à peine. Ils sont là, oui, encore crispés, se pliant à son désir d'observer le tableau avant de replonger dans ses couleurs. Elle sourit, tourne sur elle même, et jette toute la glace de ses yeux dans le soleil. Et lorsqu'elle les cligne pour que l'eau s'en échappe, des éclats de voix brisent le silence environnant. Un enfant rit, dehors. Un verre laissé en suspend se brise. Et ils tournent comme un seul homme la tête en sa direction.

Plus tard les retrouvailles les amis. Je vous ai appelés car le moment est venu. Mais vous devez mieux le savoir que moi, n'est ce pas ? Leurs ombres se découpent déjà dans les jours de chaque monde. Ils marchent sur nous, et attendent leur heure. Ceux qui reviennent, ceux qui apparaissent pour la première fois, tous se prendront par la main pour que l'équilibre se pose en maître sur les cinq reines - le bon côté. Le voile est à "ça" d'être déchiré. Tout ne dépend plus que de t.. vous, Halad. Shingaz, Monseigneur. Je dois avouer que, quand bien même les conséquences seront lourdes, je serais curieuse de voir s'étendre leur suprématie. Et mon coeur tend d'une part à te supplier, Warren, de reprendre les sphères qui sont tiennes de droit, et d'en faire l'usage tempéré dont tu es capable, et d'autre à vous laisser manipuler ses pauvres fous endormis. Ce n'est pas le prix des vies, qui m'inquiète. J'en ai déjà perdu assez pour m'assurer une place de choix au coeur du linceul.

Oh je pense qu'un autre te préfèrera à ses côté, quitte à aller te chercher parmi les égarés...

Il est trop tôt pour en juger. Laissez moi finir, et répondez moi enfin. Quoi qu'il arrive, maintenant, il y aura de la casse, et pas des moindres. Nombreux devront payer, maints devront surtout dévoiler leur nature. Quel que soit votre choix, j'approuverais en réalité. J'aimerais juste le connaître, et me préparer à agir en conséquence. Qu'ils doivent venir parmi nous, que le voile vomisse sa colère, ou que vous repreniez simplement d'une main même écrasante votre pouvoir.

Et que feras tu ?

Oh, vous verrez. Cela ne reste jamais secret longtemps. Pour l'instant, je me suis mise en chasse. Cela m'amuse. Je provoque, je me bats, j'éteins des étoiles. Mais je m'ennuierai vite. Alors je fais appel à vous. A votre force. Et puis, vous me manquez, malgré tout. Car il n'est d'aventure plus passionnantes que celles que j'ai vécues sur ces terres. Et votre présence les a bien souvent colorées.


La jeune femme sourit, redonnant à son visage l'air enfantin que le temps semblait lui avoir volé. Oui, il y a des chances que la course recommence.
Leur quête n'est peut-être pas terminée...
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