Une seconde...
Publié : 24 août 2008, 20:28
L’anonymat est une chose terrible de nos jours. La vie s’est répandue de manière telle que chaque habitant de l’univers n’est qu’un être lambda sans aucune espèce de reconnaissance de la part d’autrui. A moins de faire partie des hautes sphères, de ces masques ténébreux qui tirent les ficelles de manière à ce que la mécanique se meut sans problèmes, vous ne pourrez jamais vous démarquer de cet âpre tas d’ombre et poussière. Cela explique probablement l’augmentation exponentielle du nombre d’assassins ces dernières années. La technologie élaborée permet maintenant d’exécuter des meurtres parfaits. Puis, avec la surpopulation tant décriée, le moindre crime ou enlèvement ne fait même plus flancher les familles. Tous savent que la police universelle ne se déplace que si le pesant d’or en vaut la chandelle. Ainsi, si votre nom a le malheur de se retrouver sur un contrat quelconque, priez, fermez les yeux et attendez…
Je m’appelle Naub Letalhym. Vous n’entendrez mon nom qu’une seule fois : Lorsque je vous offrirai un verre, vous regarderez dans les yeux et vous direz « Je vous aime ». Comme tout assassin j’ai ma marque de fabrique. Je ne tue que des êtres du sexe féminin. Certains appellent ça des femmes, foutaises ! Trou conviendrait mieux à ces êtres de facture inférieure. Le dernier psy, ou devrais-je dire la dernière, en date à m’avoir psychanalysé m’a dit d’un air aussi livide qu’ahuri : « Vous n’êtes qu’un misogyne misanthrope sans la moindre once d’état d’âme ». Je ne m’en cache pas, il est vrai que mon dédain pour le sexe faible n’a d’égal que mon ego mais je fais bien mon boulot. Satisfaire mes employeurs, c’est tout ce qui compte. Car ne nous cachons pas, qu’on soit extraterrestre ou humanoïde, voir une femme arriver au sommet de la hiérarchie ne peut être qu’une erreur. Moi on me paie pour buter la pourriture de notre univers, c’est un boulot comme un autre. Après tout, il n’existe pas de sous métiers. Ce que j’adore par-dessus tout ce sont de fastes paysages. Il ne se trouve plus grande douceur que la brise angevine dardant à travers une écharpe de nuage pour caresser la cime des arbres qui se meuvent sous cette tendresse. Une petite table au milieu d’une clairière, quelques bougies, ça fait plus romantique, et une charmante créature pâmée devant le bel éphèbe que vous êtes. Vous la laissez faire la conversation, feignant d’abreuver ses paroles. Elle vous admire, elle vous dégoûte, elle succombe, au revoir. Ceci dit, un dîner avec moi en guise de dernière faveur avant de rendre son dernier souffle n’est que la plus belle récompense qu’on puisse espérer avant de geindre d’un dernier râle. Certains jugeraient ces paroles comme particulièrement empreintes d’égotisme, ce n’est rien d’autre que la constatation d’un fait tangible.
Vous savez ce que j’aime le plus dans galactica ? Le quartier des catins, au moins certaines d’entre elles, probablement celles dont la masse cérébrale est la plus évoluée, même si tout est relatif bien entendu, ont compris leur rôle premier dans la vie. Satisfaire nos désirs les plus primaires et s’en aller. De toutes les fonctions qu’une femelle peut adopter, c’est probablement la plus utile. Gagner quelques crédits avec de telles pratiques s’avère assez astucieux, je le reconnais. Maintenant que les présentations sont faîtes, parlons de mon contrat de la journée. Dame Kalyso, parce qu’en plus elles ont un titre de noblesse maintenant, chef de l’état Zerkola. Intéressant, on fomenterait un coup d’état contre elle, son bras droit. J’adore les bras droits, de véritables pourritures pour la plupart. Ce sont ce genre d’êtres qui vous susurrent des opprobres au creux de votre oreille, manifestant une confiance et une loyauté à toute épreuve à votre égard. Ce délicieux nectar de paroles agit comme un doux poison, une fois votre garde meurtrie, c’en est terminé. Il prend votre place, choisi un bras droit et le cercle vicieux continue sa route tel un rouage sans imperfections. Le problème des bras droits c’est qu’on ne peut pas s’en passer. Non pas parce que deux cerveaux valent mieux qu’un, mais parce que les populations ont peur d’être gouverné par un être seul qui ne soit pas surveillé de près. Pour éviter que les chimères de la folie mènent les chefs d’état vers une croisade de destruction massive, ils préfèrent se tourner vers une galéjade de sécurité en imposant des bras droits … Que de billevesées en ce monde, ça en devient déprimant… Revenons-en à mon contrat. Elle vaut un sacré paquet de crédit la petite ! Avec ce qu’ils comptent me filer pour ce boulot, je vais pouvoir prendre une retraite anticipée ! Un membre influent de la plèbe de Galactica. Soit elle couche à tout va, soit elle roule sur l’or… Dans tous les cas, je dois la battre puis l’abattre. Au sein d’une agglomération comme Galactica, je ne puis me permettre de faire dans la dentelle. Le coup de la clairière sera pour une autrefois. Elle n’est pas protégée, pas un seul garde du corps, pas de caméras, rien. Juste un appartement miteux dans laquelle la petite doit se scarifier en secret. C’est toujours comme ça, de sacrés artifices pour paraître impeccables et une fois dans l’ombre, on se mutile le corps, on déprime, on cherche à se suicider… La mondanité et la frivolité ne font pas bon ménage. Alors qu’une tranche de la population noie son effroi dans des orgies bestiales où la souffrance efface la morosité quotidienne le temps d’un soupir, d’autres plus esseulés brisent la glace et se servent du même verre pour teindre leur chair d’un joli ton pourpre. Dans ces sillons d’hémoglobines sombre la mélancolie qui s’égare de méandre en méandre, le glas de la fin happant toute envie de retour en arrière… Dans son logis vétuste, je n’ose même pas imaginer à quels jeux sinistres et macabres elle se livre… Annihiler cette ignominie de la surface de Galactica apparaît donc comme clairement logique.
Un manteau de nuit recouvre désormais la ville. Les âmes s’apaisent, les yeux se ferment, le libertinage va commencer. Je me promène avec un air furibard, le visage masqué par une capuche. Mes pas sont saccadés, on dirait un requiem dont chaque note annonce un peu plus l’issue funeste de mon dessein. De ma main droite je sers un kriss, l’acier froid se colle à ma chaire, la pointe de la lame essayant de pénétrer à travers ma peau. Du calme ma petite, ta soif de sang sera étanchée bientôt, très bientôt. Je pénètre dans l’immeuble, le portier me laisse passer. Inutile de vous dire qu’il est de mèche, mais qui aura remarqué que ce n’est pas le type habituel ? J’appelle l’ascenseur, le visage toujours masqué ; la décoration se révèle assez terne. On sent que l’argent coule à flot dans cette bâtisse mais pourquoi les appartements ont cet aspect aussi délabré ? Serait-ce ce genre de trous à rat où l’on emmène les catins ? Peu importe, j’appuie sur le bouton, le monte-charge s’élève, mon cœur s’emballe. Les rares fois où cela arrive, c’est qu’un événement imprévu va surgir. Je le sens, au plus profond de moi, quelque chose ne tourne pas rond. Si tout paraît facile, ce n’est pas cela qui me dérange. Mon talent est tel que je rends les choses aisées. Non, le malaise se trouve ailleurs : ma cible ! Pourquoi un paquet de fric aussi élevé pour un simple chef d’état ? Un flux de questions me briment l’esprit, mon instinct me force à reculer… Je ne dois pas, du moment que je respecte la règle numéro 1 : Ne jamais soutenir une proie du regard, yeux dans les yeux, plus de trois secondes. Passé ce délai, c’est terminé. La compassion prendra le dessus, je n’aurai pas les forces de résister, mon bras va s’abaisser et c’est moi qui fermerai les yeux.
Je crochète la serrure, il fait sombre, je n’allume pas elle est peut-être dans son lit. Je me glisse à pas feutré vers la chambre, personne. Est-elle sortie ? Je n’ai pas le temps de m’interroger que la lumière s’allume. Je fais immédiatement volte-face, rebroussant la manche qui dissimule le kriss, ma capuche tombant en arrière. Je n’étais jamais pris par surprise ! Paniqué, c’est là que je croisais son regard superbe.
Une pupille mystérieuse sur laquelle
1
se dessinent les sillons d’une souffrance
2
qui en deviendrait presque envoûtante
3
tant la douleur l’a rendue vide de tout sentiment
4
Mon bras s’abaisse, mon flanc s’affaisse, une douleur à la poitrine… 4 secondes… Elle me dévisage, mon corps brasse l’air en tombant, elle n’esquisse pas le moindre geste, mon genou touche le sol…
Je m’appelle Naub Letalhym. Vous n’entendrez mon nom qu’une seule fois : Lorsque je vous offrirai un verre, vous regarderez dans les yeux et vous direz « Je vous aime ». Comme tout assassin j’ai ma marque de fabrique. Je ne tue que des êtres du sexe féminin. Certains appellent ça des femmes, foutaises ! Trou conviendrait mieux à ces êtres de facture inférieure. Le dernier psy, ou devrais-je dire la dernière, en date à m’avoir psychanalysé m’a dit d’un air aussi livide qu’ahuri : « Vous n’êtes qu’un misogyne misanthrope sans la moindre once d’état d’âme ». Je ne m’en cache pas, il est vrai que mon dédain pour le sexe faible n’a d’égal que mon ego mais je fais bien mon boulot. Satisfaire mes employeurs, c’est tout ce qui compte. Car ne nous cachons pas, qu’on soit extraterrestre ou humanoïde, voir une femme arriver au sommet de la hiérarchie ne peut être qu’une erreur. Moi on me paie pour buter la pourriture de notre univers, c’est un boulot comme un autre. Après tout, il n’existe pas de sous métiers. Ce que j’adore par-dessus tout ce sont de fastes paysages. Il ne se trouve plus grande douceur que la brise angevine dardant à travers une écharpe de nuage pour caresser la cime des arbres qui se meuvent sous cette tendresse. Une petite table au milieu d’une clairière, quelques bougies, ça fait plus romantique, et une charmante créature pâmée devant le bel éphèbe que vous êtes. Vous la laissez faire la conversation, feignant d’abreuver ses paroles. Elle vous admire, elle vous dégoûte, elle succombe, au revoir. Ceci dit, un dîner avec moi en guise de dernière faveur avant de rendre son dernier souffle n’est que la plus belle récompense qu’on puisse espérer avant de geindre d’un dernier râle. Certains jugeraient ces paroles comme particulièrement empreintes d’égotisme, ce n’est rien d’autre que la constatation d’un fait tangible.
Vous savez ce que j’aime le plus dans galactica ? Le quartier des catins, au moins certaines d’entre elles, probablement celles dont la masse cérébrale est la plus évoluée, même si tout est relatif bien entendu, ont compris leur rôle premier dans la vie. Satisfaire nos désirs les plus primaires et s’en aller. De toutes les fonctions qu’une femelle peut adopter, c’est probablement la plus utile. Gagner quelques crédits avec de telles pratiques s’avère assez astucieux, je le reconnais. Maintenant que les présentations sont faîtes, parlons de mon contrat de la journée. Dame Kalyso, parce qu’en plus elles ont un titre de noblesse maintenant, chef de l’état Zerkola. Intéressant, on fomenterait un coup d’état contre elle, son bras droit. J’adore les bras droits, de véritables pourritures pour la plupart. Ce sont ce genre d’êtres qui vous susurrent des opprobres au creux de votre oreille, manifestant une confiance et une loyauté à toute épreuve à votre égard. Ce délicieux nectar de paroles agit comme un doux poison, une fois votre garde meurtrie, c’en est terminé. Il prend votre place, choisi un bras droit et le cercle vicieux continue sa route tel un rouage sans imperfections. Le problème des bras droits c’est qu’on ne peut pas s’en passer. Non pas parce que deux cerveaux valent mieux qu’un, mais parce que les populations ont peur d’être gouverné par un être seul qui ne soit pas surveillé de près. Pour éviter que les chimères de la folie mènent les chefs d’état vers une croisade de destruction massive, ils préfèrent se tourner vers une galéjade de sécurité en imposant des bras droits … Que de billevesées en ce monde, ça en devient déprimant… Revenons-en à mon contrat. Elle vaut un sacré paquet de crédit la petite ! Avec ce qu’ils comptent me filer pour ce boulot, je vais pouvoir prendre une retraite anticipée ! Un membre influent de la plèbe de Galactica. Soit elle couche à tout va, soit elle roule sur l’or… Dans tous les cas, je dois la battre puis l’abattre. Au sein d’une agglomération comme Galactica, je ne puis me permettre de faire dans la dentelle. Le coup de la clairière sera pour une autrefois. Elle n’est pas protégée, pas un seul garde du corps, pas de caméras, rien. Juste un appartement miteux dans laquelle la petite doit se scarifier en secret. C’est toujours comme ça, de sacrés artifices pour paraître impeccables et une fois dans l’ombre, on se mutile le corps, on déprime, on cherche à se suicider… La mondanité et la frivolité ne font pas bon ménage. Alors qu’une tranche de la population noie son effroi dans des orgies bestiales où la souffrance efface la morosité quotidienne le temps d’un soupir, d’autres plus esseulés brisent la glace et se servent du même verre pour teindre leur chair d’un joli ton pourpre. Dans ces sillons d’hémoglobines sombre la mélancolie qui s’égare de méandre en méandre, le glas de la fin happant toute envie de retour en arrière… Dans son logis vétuste, je n’ose même pas imaginer à quels jeux sinistres et macabres elle se livre… Annihiler cette ignominie de la surface de Galactica apparaît donc comme clairement logique.
Un manteau de nuit recouvre désormais la ville. Les âmes s’apaisent, les yeux se ferment, le libertinage va commencer. Je me promène avec un air furibard, le visage masqué par une capuche. Mes pas sont saccadés, on dirait un requiem dont chaque note annonce un peu plus l’issue funeste de mon dessein. De ma main droite je sers un kriss, l’acier froid se colle à ma chaire, la pointe de la lame essayant de pénétrer à travers ma peau. Du calme ma petite, ta soif de sang sera étanchée bientôt, très bientôt. Je pénètre dans l’immeuble, le portier me laisse passer. Inutile de vous dire qu’il est de mèche, mais qui aura remarqué que ce n’est pas le type habituel ? J’appelle l’ascenseur, le visage toujours masqué ; la décoration se révèle assez terne. On sent que l’argent coule à flot dans cette bâtisse mais pourquoi les appartements ont cet aspect aussi délabré ? Serait-ce ce genre de trous à rat où l’on emmène les catins ? Peu importe, j’appuie sur le bouton, le monte-charge s’élève, mon cœur s’emballe. Les rares fois où cela arrive, c’est qu’un événement imprévu va surgir. Je le sens, au plus profond de moi, quelque chose ne tourne pas rond. Si tout paraît facile, ce n’est pas cela qui me dérange. Mon talent est tel que je rends les choses aisées. Non, le malaise se trouve ailleurs : ma cible ! Pourquoi un paquet de fric aussi élevé pour un simple chef d’état ? Un flux de questions me briment l’esprit, mon instinct me force à reculer… Je ne dois pas, du moment que je respecte la règle numéro 1 : Ne jamais soutenir une proie du regard, yeux dans les yeux, plus de trois secondes. Passé ce délai, c’est terminé. La compassion prendra le dessus, je n’aurai pas les forces de résister, mon bras va s’abaisser et c’est moi qui fermerai les yeux.
Je crochète la serrure, il fait sombre, je n’allume pas elle est peut-être dans son lit. Je me glisse à pas feutré vers la chambre, personne. Est-elle sortie ? Je n’ai pas le temps de m’interroger que la lumière s’allume. Je fais immédiatement volte-face, rebroussant la manche qui dissimule le kriss, ma capuche tombant en arrière. Je n’étais jamais pris par surprise ! Paniqué, c’est là que je croisais son regard superbe.
Une pupille mystérieuse sur laquelle
1
se dessinent les sillons d’une souffrance
2
qui en deviendrait presque envoûtante
3
tant la douleur l’a rendue vide de tout sentiment
4
Mon bras s’abaisse, mon flanc s’affaisse, une douleur à la poitrine… 4 secondes… Elle me dévisage, mon corps brasse l’air en tombant, elle n’esquisse pas le moindre geste, mon genou touche le sol…