La colère, la rancune… Comme ces sentiments sont à la fois délectables et désagréables… Le plaisir de pouvoir dire les choses sans la retenue que nous impose l’amitié, et la rage d’avoir l’impression de perdre une des choses les plus importantes de sa vie…
L’amitié mérite-elle que l’on fasse des sacrifices pour l’autre ? Oui, bien sur. Rien ne surpasse l’amitié. A quoi sert une amitié si on n’offre pas ce que l’on peut à l’autre ? Bien plus que l’amour, l’amitié mérite d’être entretenue, elle mérite que l’on fasse tout pour la conserver. Vivre sans une compagne, oui, mais vivre sans amis… Alors, lorsqu’on peut le faire, il faut accepter les petits défauts pour profiter de toutes les qualités.
Partager les joies comme les peines, les hauts comme les bas. Apporter son soutien, ses conseils lorsque tout va mal, et tout simplement être présent. Au contraire, communiquer ses joies pour mettre du baume au cœur. Plus simple encore, parler, s’amuser, passer du temps ensemble. Ainsi, les liens sont indestructibles, ils résistent à tout.
Mais que faire lorsque tout cela ne va que dans un sens ? Comment réagir lorsque vous avez l’impression de tout donner sans rien avoir en retour ? Pour un temps, cela passe sans difficulté. Puis les premières questions, les premiers doutes… Faut-il s’arrêter la ou persévérer ? Persévérer… Qu’est ce que ce mot viens faire la dedans ? Et pourtant… Le seul fait de penser à « persévérer » signifie tellement. L’amitié nous impose-t-elle de « persévérer » ? Non, bien sur que non. On persévère lorsqu’on a échoué.
Alors que faire ? Que faire lorsque vous sentez une amitié vous glisser entre les doigts comme de l’eau ? Lâcher prise ? Je ne l’ai pas fait. Parler ? Je ne l’ai pas fait non plus… J’ai « persévéré ». Qu’en résulte-il ? Aucun retour, aucun remerciement pour tous les sacrifices, comme s’il était normal qu’il n’y ait aucun retour.
Une routine s’installe, comme si tout cela était réellement normal. Cependant, beaucoup de petits non-dits finissent par devenir un gros abcès, trop dur à percer. Et l’on continue ainsi, encore et encore, jusqu’au jour ou l’abcès fini par éclater de lui-même, relâchant toute la rancune amoncelée. Les mots défilent si vite qu’on ne retient même pas ce que l’on aurait du retenir en toutes circonstances.
Cette vague est une énorme blessure, mais pour qui est-elle la pire ? Pour celui qui s’est retenu si longtemps, ou pour celui qui reçoit tout dans la figure ? Je ne puis vous le dire car je ne sais pas ce que l’autre ressent. Tout ce que je sais, c’est à quel point moi je souffre aujourd’hui…
La colère, la rancune… Comme ces sentiments sont à la fois délectables et désagréables… Le plaisir de pouvoir dire les choses sans la retenue que nous impose l’amitié, et la rage d’avoir l’impression de perdre une des choses les plus importantes de sa vie. Au final, le plaisir s’évanouit très vite, et il ne reste plus que la rage et la douleur d’avoir perdu quelque chose de réellement très important…
Amitié perdue
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