[Les Jardins] Barbarie moderne (II)
Publié : 01 sept. 2008, 21:59
... mais ce dernier n'avait pas échappé à deux yeux plus bleus que le ciel parsemé de nuage dont la lumière d'un astre élégant offrait le spectacle. Les Jardins, disait-on, incarnaient pudeur et calme, mais il n'en était rien ; nombreux y erraient les fauteurs de trouble.
Et le regard témoin du vilain larcin s'éclipsa de son abri feuillu, pour se présenter, encadré par une tignasse dont le blond avait été terni, et soutenu par des cernes sans pareil, devant le trio des gais-lurons, heureux guerriers en reconversion, qui après un massacre sans précédent pensaient se reconvertir à l'abri des lames vengeresses de leurs nombreux ennemis, souillaient de leur pas allègre les jardins sacrés de la paix.
Quelle ne fut pas la surprise de la rousse, lorsqu'elle reconnut sous les haillons une ancienne alliée, une personne qui n'ignorait rien de l'histoire du Stanford puisqu'elle l'avait suivi depuis l'allégeance de la Magicienne au dogme Loki, que sa propre fille venait d'insulter, semble-t-il sans complexes ni remords.
Une petite demoiselle, qui autrefois ne savait s'affirmer, en qui on avait en de rares occasions placé sa confiance, et qui menaçait maintenant d'exploser dans une tempête d'éclairs ; son regard en témoignant.
Non, elle n'était ni mage ni politique, elle n'était que sous-fifre, instruite sous naïveté, dressée sous le culte de l'admiration, indésirable à la succession d'une préceptrice surdouée et avant tout incomprise, Neva n'avait rien d'enviable ni de louable. Sauf peut-être sa force morale qui, au-delà des pressions et oppressions avait su s'imposer, et, avec en tête cet éternel besoin de surpasser l'immense qui l'avait menée où elle était. La malheureuse n'avait jamais rien su des intentions de cette dernière, et n'avait donc jamais appris... et la niaiserie dont elle s'entichait malgré elle, doublée d'une inexpérience navrante continuerait à jamais de l'habiter.
Ceci dit, revenons à nos moutons. Ah, oui, ces moutons. Qu'en disait-on, d'ailleurs... ?
«Lilas, qu'êtes-vous devenue, pour traiter ainsi des êtres, rappelons-le, humains, et avec qui vous avez tant partagé ? Moutons ? Qu'est-ce donc que ce terme ? Chacun est libre de faire ce qu'il veut, or si les Loki ont jugé que leur idéologie s'appelait Pacifisme, peut-être font-ils ce qu'ils peuvent pour la défendre, même si cela va jusqu'à faire confiance à la puissance qui n'est malheureusement plus seulement dissuasive du Vaalor.»
Voilà que sa voix fluette perçait enfin le cyclique bruissement des feuilles, piaillement des oiseaux, qui s'était doucement invité parmi la troupe suite à la chute du masque de son espion, pour venir répondre à notre question, et ainsi relancer le débat déjà ouvert à la Corporation. Lilas, si stoïque soit-elle, n'avait pu ôter qu'en une demie-seconde l'air stupéfait qu'elle avait affiché, et que son opposante n'avait manqué de relever. Bien loin de rester courtoise, elle s'enorgueillit de sa subite trouvaille, comme un enfant s'amuse sans attendre avec le jouet tout neuf qu'on vient de confier à ses mains potelés et encore maladroites, et dont il eût fallu attendre qu'elles grandissent.
«Oui, Lilas, vous êtes étonnée de me voir, surprise d'une réaction si prompte, davantage encore lorsqu'elle vient d'une personne qui vous connaît. Vous tremblez, Lilas, car je puis vous désarçonner, et c'est d'ailleurs pour cela que j'apparais devant vous en cet instant. Mon but est de poursuivre celui de ma maîtresse, qui avant son décès lutta tant contre la barbarie et le despotisme étendu au-delà des frontières de l'Etat.
Vous n'avez plus cette expression, Lilas, mais votre sourire s'est également estompé. Vous rappelez-vous de moi ? Je suis ici pour remuer le passé, en voici le premier pas.»
La sombre Kira esquissa un mouvement vers sa ceinture, sous laquelle brillait l'argent poli, mais se ravisa sous le regard calme mais évocateur de Lilas.
Qu'allait-elle donc pouvoir répliquer ?
Et le regard témoin du vilain larcin s'éclipsa de son abri feuillu, pour se présenter, encadré par une tignasse dont le blond avait été terni, et soutenu par des cernes sans pareil, devant le trio des gais-lurons, heureux guerriers en reconversion, qui après un massacre sans précédent pensaient se reconvertir à l'abri des lames vengeresses de leurs nombreux ennemis, souillaient de leur pas allègre les jardins sacrés de la paix.
Quelle ne fut pas la surprise de la rousse, lorsqu'elle reconnut sous les haillons une ancienne alliée, une personne qui n'ignorait rien de l'histoire du Stanford puisqu'elle l'avait suivi depuis l'allégeance de la Magicienne au dogme Loki, que sa propre fille venait d'insulter, semble-t-il sans complexes ni remords.
Une petite demoiselle, qui autrefois ne savait s'affirmer, en qui on avait en de rares occasions placé sa confiance, et qui menaçait maintenant d'exploser dans une tempête d'éclairs ; son regard en témoignant.
Non, elle n'était ni mage ni politique, elle n'était que sous-fifre, instruite sous naïveté, dressée sous le culte de l'admiration, indésirable à la succession d'une préceptrice surdouée et avant tout incomprise, Neva n'avait rien d'enviable ni de louable. Sauf peut-être sa force morale qui, au-delà des pressions et oppressions avait su s'imposer, et, avec en tête cet éternel besoin de surpasser l'immense qui l'avait menée où elle était. La malheureuse n'avait jamais rien su des intentions de cette dernière, et n'avait donc jamais appris... et la niaiserie dont elle s'entichait malgré elle, doublée d'une inexpérience navrante continuerait à jamais de l'habiter.
Ceci dit, revenons à nos moutons. Ah, oui, ces moutons. Qu'en disait-on, d'ailleurs... ?
«Lilas, qu'êtes-vous devenue, pour traiter ainsi des êtres, rappelons-le, humains, et avec qui vous avez tant partagé ? Moutons ? Qu'est-ce donc que ce terme ? Chacun est libre de faire ce qu'il veut, or si les Loki ont jugé que leur idéologie s'appelait Pacifisme, peut-être font-ils ce qu'ils peuvent pour la défendre, même si cela va jusqu'à faire confiance à la puissance qui n'est malheureusement plus seulement dissuasive du Vaalor.»
Voilà que sa voix fluette perçait enfin le cyclique bruissement des feuilles, piaillement des oiseaux, qui s'était doucement invité parmi la troupe suite à la chute du masque de son espion, pour venir répondre à notre question, et ainsi relancer le débat déjà ouvert à la Corporation. Lilas, si stoïque soit-elle, n'avait pu ôter qu'en une demie-seconde l'air stupéfait qu'elle avait affiché, et que son opposante n'avait manqué de relever. Bien loin de rester courtoise, elle s'enorgueillit de sa subite trouvaille, comme un enfant s'amuse sans attendre avec le jouet tout neuf qu'on vient de confier à ses mains potelés et encore maladroites, et dont il eût fallu attendre qu'elles grandissent.
«Oui, Lilas, vous êtes étonnée de me voir, surprise d'une réaction si prompte, davantage encore lorsqu'elle vient d'une personne qui vous connaît. Vous tremblez, Lilas, car je puis vous désarçonner, et c'est d'ailleurs pour cela que j'apparais devant vous en cet instant. Mon but est de poursuivre celui de ma maîtresse, qui avant son décès lutta tant contre la barbarie et le despotisme étendu au-delà des frontières de l'Etat.
Vous n'avez plus cette expression, Lilas, mais votre sourire s'est également estompé. Vous rappelez-vous de moi ? Je suis ici pour remuer le passé, en voici le premier pas.»
La sombre Kira esquissa un mouvement vers sa ceinture, sous laquelle brillait l'argent poli, mais se ravisa sous le regard calme mais évocateur de Lilas.
Qu'allait-elle donc pouvoir répliquer ?