Après sa brève rencontre dans les couloirs du siège de la Corporation avec celle qui l'avait ramené en ce monde, Halad - puisque c'est ainsi que maintenant il se nommait, bien que le nom de Shingaz soit en ces lieux plus réputé, et donc plus intéressant à porter - erra au hasard dans le grand bâtiment, écoutant parler les gens, prenant la température, se donnant une idée des peurs et des colères. Il vit ceux qui continuaient à lutter, et ceux qui avaient abandonné et se laissaient emporter au gré des vents du déclin et de la destruction. Ces planètes étaient malades, gravement malades, et allaient bientôt périr si rien n'était fait. Heureusement, certains résistaient encore, faisant tout pour ramener des jours lumineux.Messagede Aurel le Mar 12 Fév 2008 13:21
Halad choisit une salle, ouverte il y avait de cela plusieurs semaines pour discuter de la menace Ekelienne, et désertée quelques jours plus tard, lorsque le désespoir avait saisi les coeurs de la plupart des chefs d'États Galacticains. Si l'on exceptait un vieil ambassadeur ronflant sous un banc, il n'y avait plus âme qui vive. Le jeune homme commença par envoyer une missive à ceux des dirigeants qui n'avaient pas renoncé à la lutte, qui poursuivaient le combat contre les envahisseurs Ekeliens. Allaient-ils le rejoindre, comme il le leur demandait ? Halad se contentait d'espérer qu'ils auraient la présence d'esprit de l'écouter.
Il s'installa ensuite sur l'estrade, démarra les enregistrements, fit afficher la salle dans la liste des débats actifs, puis attendit quelques minutes. Il avait pour habitude de faire son entrée dans une salle déjà comble, occupée par d'éprouvants débats pour la survie de la galaxie, afin d'apporter son - décisif - grain de sable, aussi était-il pour lui plutôt inhabituel d'avoir ainsi à attendre son auditoire. Le peuple de Galactica était-il donc si décrépi, enfoncé si profondément dans son déclin, qu'il ne débattait même plus de son avenir ? Aussi loin qu'Halad cherche dans sa mémoire, il ne pouvait se souvenir d'une crise qui se serait déroulée en silence, sans que personne ne vienne se révolter au siège de la Corporation. Mais qu'arrivait-il donc aux gens ? La fin de cette ère approchait, Halad en était persuadé. Après tout, le Voile ne tiendrait plus si longtemps...
Finalement, après que plusieurs des membres de la résistance anti-Ekelia furent arrivés, Halad prit enfin la parole :
Bonjour à vous... aussi peu nombreux que vous soyez. Je suis Asakaï Shingaz. Il y a six semaines, j'ai pris la parole ici même pour vous avertir des dangers que nous encourrions si nous laissons la Federalis exécuter son rituel. Il faut croire que je m'y suis pris trop tard, puisque nous sommes dans cette situation. Depuis, j'ai consacré tout mon temps à la recherche d'une solution. J'ai finalement trouvé, à la fois une idée et les moyens de la mettre en œuvre. Pourtant, ce que je vois ici ne me donne pas envie de vous aider.
Mouvements de foule... Habituel lors des discours de Shingaz. Pourtant, cette fois, l'exaspération était plus intense, les esprits plus tendus. Halad sentait que les gens ici étaient exténués, à bout de patience. Cela ne l'empêcha pas, néanmoins, de leur exposer ses reproches :
Unis, vous aviez les moyens de tenir tête à l'Ekelia pendant des mois ! Vous aviez les moyens de neutraliser ses efforts de guerre ! Vous aviez les moyens de vous assurer que, dès lors que nous aurions trouvé comment neutraliser son portail, cela soit fait sans délai ! Et pourtant, que vois-je ? Vous n'êtes plus que les ombres de ce que vous étiez il y a six semaines ! Vos terres sont en ruine, vos armées décimées ! Et qui vous a fait ça ? Oh, bien sûr, Ekelia y a participé, mais ces envahisseurs sont loin d'être les seuls responsables ! Vous vous êtes entretués, déchirés comme des bêtes sauvages ! N'apprenez-vous donc rien de vos erreurs ? N'avez-vous donc toujours pas compris qu'il arrive parfois que l'on doive mettre de côté ses différents et œuvrer pour un bien commun ? La survie de Galactica ne vous a-t-elle pas paru suffisamment digne de votre considération ?
Halad fixa un par un les membres de son auditoire, le regard sévère. La déception, mais aussi la résignation se lisaient sur son visage. Quand le silence devint trop pesant, il reprit la parole, d'une voix plus chaude :
Enfin, ce qui est fait est fait. Nous devons maintenant penser au futur. J'ai appris que certains d'entre vous ont finalement réussi à s'entendre, à réunir leurs forces. Vous avez repris les sphères élémentaires à Ekelia... C'est bien, mais... inutile si vous ne savez qu'en faire.
Nous comptions nous en servir pour refermer le portail, avança un membre de l'assistance.
Impossible. Il ne peut être refermé sans une action combinée des deux côtés. Les Ekeliens ont très bien calculé leur coup : si nous tentions de nous rendre de leur côté pour fermer le portail, nous ne tiendrions jamais plus d'une minute. Non, nous devons renoncer à simplement refermer le portail. Cependant, il reste une solution. Au lieu de refermer le portail, nous pourrions nous contenter de le déplacer. Le faire déboucher... ailleurs. Quelque part d'où les Ekeliens ne pourraient plus sortir. Quelque part d'où ils ne pourraient plus vous retrouver.
A quel lieu pensez-vous ?
Je pense au Voile. A l'aide des sphères, d'un nombre conséquent de purificateurs et de mon aide, nous pourrions faire "glisser" la sortie du portail, depuis notre dimension jusqu'au Voile. Une fois là-bas, les Ekeliens ne pourraient plus nuire à Galactica. Et ils devraient occuper les démons un certain temps... ajouta Halad avec un petit sourire ironique. Réunissez les purificateurs, les sphères, et assurez-vous que les Ekeliens ne puissent interrompre notre rituel, et tout devrait bien se passer.
Interrompre le rituel ? De combien de temps avez-vous besoin ?
Vingt-quatre heures devraient suffire. Pensez-vous pouvoir tenir ?