Grandeur et décadence d'un idéal : Annales Officielles
Publié : 06 juil. 2012, 10:49
Il était une fois, un petit territoire vertanien paisible et anonyme, comme il en reste tant sur cette planète où les grandes batailles ne sont pas légion. Sans structure politico-administrative arrêtée, sans technologie avancée, mais aussi sans guerre et – presque – sans criminalité, c’était un charmant trou de verdure, qui s’avérait se trouver dans la zone subtropicale de la planète, assez proche de son équateur. Utopia, puisque c’est ainsi que la grande assemblée intertribale réunie toutes les 6 lunes avait décidé de le nommer, bénéficiait donc d’un climat particulièrement luxuriant, d’une nature exubérante et perpétuellement renouvelée qui assurait aux tribus une subsistance confortable pour un effort raisonnable.
La vie y suivait son cours depuis aussi loin que la mémoire des plus grands anciens pouvait remonter, et les événements hors du commun y étaient rares. Occupés à pêcher, à défricher pour limiter la progression de la forêt envahissante, à cultiver ou ramasser les fruits de la nature, rares étaient les Utopiens qui se posaient des questions telles que :
« D’où venons-nous ? Et d’où vient notre sol, notre planète ? Et les étoiles que nous voyons chaque nuit s’allumer dans le ciel ? »
Certains, à l’esprit aventurier, partaient lorsque le jeune âge les poussait à explorer le vaste monde. Jusqu’ici, ils étaient toujours revenus en racontant n’avoir rencontré que de la forêt, déserte d’hommes et semblable à celle que tous connaissent si bien aussi loin que leurs pas avaient pu les porter et à perte de vue, ou alors, ils n’étaient pas revenus. Cet état de fait alimentait les nombreuses légendes sur une planète infinie et présentant toujours le même visage, ou bien sur les abîmes peuplés de créatures fantastiques qui borderaient l’espace où vivent les hommes.
Ce beau conte prit néanmoins fin il y a plusieurs années, quand par une journée ordinaire et semblable à tant d’autres auparavant, d’immenses machines faites d’un matériau inconnu descendirent du ciel et, écrasant au passage maisons et arbres centenaires, se posèrent dans plusieurs villages. D’innombrables créatures humanoïdes mais visiblement mécaniques, sans vie, sortirent de la gueule béante de ces vaisseaux aliens, et, armes à la main, pillèrent sans merci tout ce qu’ils pouvaient trouver sur place : nourriture, minerais, et surtout les précieuses pierres magiques que les chamanes utilisent pour leurs rites religieux.
Les villageois, désarmés et terrifiés, n’opposèrent aucune résistance, et on ne compta aucune victime ce jour-là. La tristesse et la colère furent toutefois grandes dans les mois qui suivirent. Les questions étaient aussi innombrables que les réponses étaient rares.
« Qui étaient ces monstres, ces inconnus venus s’emparer sans vergogne des fruits de vies entières de labeur ? Allaient-ils revenir ? Pouvait-il y en avoir d’autres ? »
Les quelques symboles d'une langue mystérieuse qui ornaient tous les vaisseaux étrangers commencèrent à peupler les cauchemars des Utopiens. Un ancien de l’un des villages, habile de ses mains et surtout plus observateur que ses compatriotes, s’essaya à le dessiner dans la terre battue de sa maison : « lopy ».
Un symbole de terreur et de rage que personne ne s'essaya à prononcer. On s'y référait simplement par l'expression « les runes ».
Suite à cet événement, tout changea très rapidement en Utopia. Les plus forts s’arrogèrent le pouvoir politique, usant de la gravité de la situation comme prétexte. Ils se confectionnèrent des armes, et affirmèrent qu’il fallait une armée. Les chamanes furent mobilisés manu militari pour transmettre leurs connaissances magiques à tous ceux qui seraient aptes à les apprendre, afin de pouvoir se défendre. De grandes usines se mirent à pousser comme des champignons, et les conditions de travail y étaient terribles : il fallait produire en masse et au plus vite, pour nourrir la population et s’armer.
De grandes bâtisses furent construites où les plus grands esprits des tribus réunis tentaient d’améliorer expérimentalement leur connaissance de la magie de guerre, ou de créer de toutes pièces des machines capables de transporter des hommes dans l’espace. Il fallait explorer aussi loin que possible, pour identifier les menaces et pouvoir s’y préparer.
Avec ces changements, apparurent les puissants et les faibles, les fortunés et les démunis, en bref une société d’inégalité, d’injustice sociale dans un climat délétère où les moins bien lotis enviaient ceux qui réussissaient mieux qu'eux.
Avec eux mourut un idéal.
La vie y suivait son cours depuis aussi loin que la mémoire des plus grands anciens pouvait remonter, et les événements hors du commun y étaient rares. Occupés à pêcher, à défricher pour limiter la progression de la forêt envahissante, à cultiver ou ramasser les fruits de la nature, rares étaient les Utopiens qui se posaient des questions telles que :
« D’où venons-nous ? Et d’où vient notre sol, notre planète ? Et les étoiles que nous voyons chaque nuit s’allumer dans le ciel ? »
Certains, à l’esprit aventurier, partaient lorsque le jeune âge les poussait à explorer le vaste monde. Jusqu’ici, ils étaient toujours revenus en racontant n’avoir rencontré que de la forêt, déserte d’hommes et semblable à celle que tous connaissent si bien aussi loin que leurs pas avaient pu les porter et à perte de vue, ou alors, ils n’étaient pas revenus. Cet état de fait alimentait les nombreuses légendes sur une planète infinie et présentant toujours le même visage, ou bien sur les abîmes peuplés de créatures fantastiques qui borderaient l’espace où vivent les hommes.
Ce beau conte prit néanmoins fin il y a plusieurs années, quand par une journée ordinaire et semblable à tant d’autres auparavant, d’immenses machines faites d’un matériau inconnu descendirent du ciel et, écrasant au passage maisons et arbres centenaires, se posèrent dans plusieurs villages. D’innombrables créatures humanoïdes mais visiblement mécaniques, sans vie, sortirent de la gueule béante de ces vaisseaux aliens, et, armes à la main, pillèrent sans merci tout ce qu’ils pouvaient trouver sur place : nourriture, minerais, et surtout les précieuses pierres magiques que les chamanes utilisent pour leurs rites religieux.
Les villageois, désarmés et terrifiés, n’opposèrent aucune résistance, et on ne compta aucune victime ce jour-là. La tristesse et la colère furent toutefois grandes dans les mois qui suivirent. Les questions étaient aussi innombrables que les réponses étaient rares.
« Qui étaient ces monstres, ces inconnus venus s’emparer sans vergogne des fruits de vies entières de labeur ? Allaient-ils revenir ? Pouvait-il y en avoir d’autres ? »
Les quelques symboles d'une langue mystérieuse qui ornaient tous les vaisseaux étrangers commencèrent à peupler les cauchemars des Utopiens. Un ancien de l’un des villages, habile de ses mains et surtout plus observateur que ses compatriotes, s’essaya à le dessiner dans la terre battue de sa maison : « lopy ».
Un symbole de terreur et de rage que personne ne s'essaya à prononcer. On s'y référait simplement par l'expression « les runes ».
Suite à cet événement, tout changea très rapidement en Utopia. Les plus forts s’arrogèrent le pouvoir politique, usant de la gravité de la situation comme prétexte. Ils se confectionnèrent des armes, et affirmèrent qu’il fallait une armée. Les chamanes furent mobilisés manu militari pour transmettre leurs connaissances magiques à tous ceux qui seraient aptes à les apprendre, afin de pouvoir se défendre. De grandes usines se mirent à pousser comme des champignons, et les conditions de travail y étaient terribles : il fallait produire en masse et au plus vite, pour nourrir la population et s’armer.
De grandes bâtisses furent construites où les plus grands esprits des tribus réunis tentaient d’améliorer expérimentalement leur connaissance de la magie de guerre, ou de créer de toutes pièces des machines capables de transporter des hommes dans l’espace. Il fallait explorer aussi loin que possible, pour identifier les menaces et pouvoir s’y préparer.
Avec ces changements, apparurent les puissants et les faibles, les fortunés et les démunis, en bref une société d’inégalité, d’injustice sociale dans un climat délétère où les moins bien lotis enviaient ceux qui réussissaient mieux qu'eux.
Avec eux mourut un idéal.