Du début à la fin... Histoire du Tecenndor.

Ici sont chroniquées les histoires des Etats et de leurs dirigeants

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Adamon
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Du début à la fin... Histoire du Tecenndor.

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Lorsque mourront les mille étés
Revivront le temps et l’idée.
Alors une nouvelle science
Attirée par ces renaissances
Apportera à l’âme humaine
Une vérité souveraine.



__________



Entre l’amas de vieux registres poussiéreux et les serveurs stockant les bases de données informatiques, eux aussi recouverts de poussière, un globe semblait briller. Cette sphère de verre, d’un vert émeraude translucide, semblait refléter une lumière qui n’existait pas dans cette immense pièce sombre. Seules les quelques leds des ordinateurs émettaient une faible lueur, mais rien à voir avec ce halo intensément bleuté qui semblait se refléter sur le vert du cristal, tel une aurore boréale venue de nulle part.

Il sentait la magie, elle l’englobait, elle le tenait entre ses griffes. Cet aura rayonnant mélangeait bienveillance et violence à la fois. Que faisait un artefact magique dans une salle des archives ? Que contenait cette sphère ? Probablement rien de bien dangereux puisqu’elle n’était pas enfermées dans un des nombreux recoins secrets du siège de la corporation. En réfléchissant quelque peu, il est probable qu’il s’agisse d’un objet relié à l’histoire d’un des états peuplant notre galaxie, puisque cette pièce contient la « vie » de chacun des dirigeants et de leurs terres. Sûrement une facétie Vertanienne.

Personne à la corporation ne savait réellement comment activer le mécanisme de cette sphère. Il lui arrivait de s’activer toute seule, lorsque personne n’était présent, mais elle pouvait aussi rester totalement inerte alors que des archivistes ou des visiteurs passaient un temps infini à essayer de la mettre en marche. Parfois, elle s’activait lorsque quelqu’un entrait dans la salle, avant même que la lumière ne soit allumée. Lumière qui restait éteinte car devenue totalement inutile.

Le halo bleutée enveloppant la boule de cristal devient alors plus intense puis se ternit pour virer au blanc, puis couleur sable… Elle semble prendre forme. Une immense sphère lumineuse plus ou moins régulière se dessine au dessus de l’artefact qui est soudain rétrogradée au simple rang de « décoration ». Cette vision est comme hypnotique. Lorsqu’on l’a aperçu, on ne peut plus la quitter des yeux. La planète de sable est tellement belle sur cette représentation qu’on croirait un paradis. Difficile à croire lorsqu’on connaît les conditions de vie sur Désertica.

Après quelques secondes, hypnotisé par la lueur, une impression de chute se fait ressentir. L’image plonge sur la planète, comme on zoom avec n’importe quel appareil de prise de vue. On se rapproche du sol, comme si on allait s’y écraser. Pourtant, aucune sensation de peur, mais plutôt de l’extase, une sensation tellement jouissive, qui s’intensifie de plus en plus, au point qu’on en attend presque de s’écraser et mourir dans un orgasme de plaisir. Pourtant, le défilé d’images s’arrête avant d’atteindre le sol et se fige au dessus d’une région précise de la belle grise.

Soudain, quelques secondes après que tout se soit figé, une voix calme, posée, envoûtante retentit, semblant provenir de toutes les directions à la fois. Une voix gutturale qui faisait vibrer l’air partout dans la pièce.


Différence. Guerre. Renaissance. Ces trois mots résument à eux seuls l’histoire qui va vous être contée en cet instant de grâce. Prenez le temps d’écouter le récit qui va vous décrire la rencontre, la vie et la quasi destruction des quatre races. Qu’il peut paraître long le temps de faire toutes ces choses. Et pourtant, qu’il put être court… En à peine quelques années, quatre peuplent eurent la capacité de construire ensemble une civilisation avancée, de la détruire, et de se détruire eux-mêmes. Cela vous semble invraisemblable ? Et bien, écoutez moi, et vous verrez que parfois, ce qui apparaît comme impossible aux yeux des hommes peut être totalement réaliste.

Il y a de cela quelques trois cents ans, quatre missives furent envoyé d’on ne sait où avec un seul et unique but. Des ambassadeurs masqués, ne portant aucune marque distinctive, apportèrent ces missives à quatre Princes et Princesses de la belle grise. Quelle étrangeté que de faire porter de simples missives par des ambassadeurs richement vêtus alors que les destinataires ne sont que de pauvres Princes rejetés pour leur « différence ». Ces derniers furent très étonnés de voir qu’ils étaient « conviés pour regagner leur honneur », pour ne pas citer la missive.
Qui pouvait bien être derrière tout cela ? Malgré les questions posées aux messagers, parfois avec quelques « incitations » à parler, rien ne fut révélé aux concernés. Ils devraient le découvrir par eux même. Dix jours… Ils avaient dix jours pour réfléchir, dix jours avant ce fameux rendez-vous.

Un des Princes n’hésita pas une seconde. Dire des Icariis, magnifique peuple ailé, qu’ils étaient fiers aurait été un manque de respect. Ils sont bien plus que fiers, et leur honneur est toute leur vie. Refuser une chance de le regagner ne leur effleura même pas l’esprit. Peu importe s’il s’agissait d’un piège. Tant d’entre eux se sont donnés la mort dans leur déchéance, et tant continuaient encore… Si rien ne changeait, leur race disparaîtrait.
Bien à l’opposé, le refus des Acharites à se déplacer fut sans appel. L’honneur ? Ces guerriers sans scrupules avaient oublié ce que cela signifiait. Pourquoi affronter l’ennemi en face si on peut le poignarder dans le dos ? Ce mot ne voulait plus rien dire pour eux, alors pourquoi se fatiguer ?

Le second jour du décompte, aussi étonnant que cela puisse paraître, Rankh Hah reçut une seconde missive. Il fut le seul, comme si le mystérieux organisateur du rendez-vous avait deviné, lu dans les pensées du chef Acharite. Cette fois, il n’était pas question d’honneur, mais de revanche sur ceux qui les ont martyrisé des années durant. Cet argument frappa comme un coup de tonnerre. Ils seraient bien quatre au rendez-vous fixé.
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Adamon
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Durant le récit, l’image projetée par la sphère de cristal n’avait guère bougé, si ce n’est pour montrer les régions d’origine des quatre élus choisis par les messagers, dispersés dans différents coins de Désertica. Puis, d’abord imperceptiblement, l’image sembla se décaler, vers l’ouest. Au même moment, toujours de manière imperceptible, elle se rapprocha de la surface de la planète. Progressivement, ces deux mouvements s’intensifièrent pour devenir perceptibles. La voix choisit ce moment pour reprendre son conte.

Dix jours après l’apparition des mystérieux ambassadeurs, le lieu fixé pour la rencontre était désert. Pas une seule âme pour réchauffer l’ambiance glaciale de ces terres abandonnées. Pas une ville à des centaines de lieues à la ronde, pas un seul point d’e*u aux alentours. Le rendez-vous n’aurait pu être plus discret, excepté peut être au milieu des océans d’Aquablue. Pourtant, cette discrétion avait un prix. Comment rejoindre cette destination aussi difficile d’accès ?

L’image s’était progressivement rapprochée de quelque chose qui semblait se déplacer rapidement à la surface de la planète. Un point d’abord, puis une forme, et finalement une silhouette se dessina. Généralement, cette vision replissait d’extase le témoin de ce spectacle. Des ailes, mais un corps d’homme. De qui, ou plutôt de quoi pouvait-il s’agir ? La voix le révèlerait rapidement.

La majestueuse créature volante n’eut qu’à suivre les courants favorables pour arriver sur les lieux du rendez-vous en quelques heures seulement. Loman Shra, le Prince Icarii, était pourtant le plus éloigné des quatre. Il dut attendre de longues minutes, sa fragile pe*u blanche souffrant sous les rayons meurtrissant de l’astre diurne. Malgré des centaines et des centaines d’années passées ici, l’évolution ne leur avait pas permis de troquer leur pe*u claire contre une pe*u plus sombre, élément de défense minimum face aux rayons ardents de la belle grise.
Il attendit, attendit, et attendit encore, l’impatience commençant à le guetter. Au moment même ou il se préparait à repartir, il cru discerner une silhouette au loin.


L’image qui surplombait l’Icarii se déplaça soudainement dans son dos, pointant dans la même direction que son regard. La silhouette semblait se déplacer rapidement à la surface du sable chaud, mais pourtant, elle ne soulevait aucune poussière derrière elle. Encore plus bizarre, plus la silhouette se rapprochait, plus il semblait qu’il ne s’agissait que d’un enfant. Quelques instants plus tard, cette impression fut confirmée. Une jeune enfant, une dizaine d’année tout au plus, se déplaçait sur la surface du sable, ou plus exactement, quelques pieds au dessus de la surface, comme portée par de la magie.

Le peuple enfant, reprit de nouve*u la voix grave, issue de la magie divine, des enfants ayant refusés de grandir.

De nouve*u, l’image bougea, se plaçant de coté et montrant l’Icarii et l’enfant face à face. Ils semblaient s’étudier attentivement, à la fois surpris et dubitatif. Un sourire hautain se dessina sur le visage de Loman Shra qui se dressa de toute sa hauteur pour toiser l’enfant. Cette dernière lui répondit par un petit sourire espiègle et un regard brillant d’intelligence qui tranchait bien avec son apparence enfantine. Une voix reprit, mais il ne s’agissait nullement de la voix grave du départ. La voix semblait chanter, malgré le ton fier.

- Une enfant, seule, perdue au milieu de ces terres. Peux tu me dire ce que tu faits en ces lieux, petite ?
- Petite ???


La voix fluette était montée tellement haut dans les aigus qu’elle sembla se briser, et le sourcil gauche remonta jusqu’au milieu du front. Pourtant, le sourire n’avait pas disparu…

- Petite ? Reprit-elle plus calmement. Je pense que c’est plutôt toi qui es trop grand. Au moins, tu as une utilité, tu peux me faire de l’ombre, parasol à plumes !
- Co… Comment ? Tu vas voir, petite insolente, me parler comme ca à moi ? Tu vas…


L’image s’éloigna brutalement des deux protagonistes pour laisser apparaître une masse noire tombant directement sur eux. L’impacte eut lieu à quelques dizaines de pieds et projeta tellement de sable que Loman Shra et Yr O Zema furent obligés de se couvrir les yeux, la bouche et le nez. La capsule s’ouvrit et laissa sortir un homme de haute stature tout de noir vêtu. Son visage balafré et son regard agressif firent presque sursauter de peur les deux Princes déjà présents. Une nouvelle voix s’éleva de la sphère, puissante et violente.

- Et ben, j’ai du m’planter dans les coordonnées moi. J’vois pas comment un môme chialeur et une grande folle ailée pourraient m’aider à m’venger et r’gagner mon honneur. Décidément, m’arrive qu’des merdes moi en c’moment.

L’homme s’assit sur le sable et sortit de sa poche un cigare qu’il alluma grâce au briquet pendu à son cou.

- Il n’en manque désormais plus qu’un. Soyez patient, il aura un peu de retard.

Loman Shra et Yr O Zema sursautèrent en entendant cette voix derrière eux. De nouve*u, l’image bougea, entraînant le spectateur dans une grande valse. Un quatrième homme, surgit de nulle part, était apparut dans le dos des Princes Enfant et Icarii. Il était vêtu d’un immense mante*u à capuche noir, de sorte que seul le bas de son visage était visible.

- N’ayez crainte mes enfants. Je suis celui qui vous a tous convié en ces lieux de paix et de prospérité. Appelez-moi Etoile Loup Soleil Levant. Je suis le prophète qui a annoncé le renouve*u de vos quatre peuples.
- C’est bien ma veine, v’la encore un aut’ bouffon. Nous v’la bien entouré. Une mioche, une bestiole avec des ailes et un taré.
- Espèce d’immonde cafard, tu le regretteras !
- Arrête, tu va t’casser un ongle mon chou.
- Cela suffit !!! Je ne vous ai point conviés pour vous entendre hurler de la sorte. C’est vous qui m’écouterez dès que votre dernier compagnon sera arrivé.
- Pfiu, tant qu’il ne s’agit pas d’un troisième adulte, je devrais pouvoir m’en contenter.
- Il s’agit d’un adulte...
- Dis-moi que ce n’est pas encore un homme…
- J’ai bien peur que si !
- C’est bien ma veine… Je sens que je vais m’amuser ici.
- Et moi, je sens que je vais avoir plus de travail que prévu…


Le quatrième Prince fut plus long à arriver et se fit attendre pendant plus de cinq heures, reprit la voix.

Les trois autres Princes avaient cessés de se chercher querelle et s’étaient isolés chacun de leur coté. Lorsqu’un cavalier fit son apparition à l’ouest, ils se levèrent comme un seul homme en lâchant un soupir de soulagement.

- Eh ba, il est temps ! J’commençais à perdre patience.
- Pour une fois, ce barbare à raison. Mes ailes n’auraient pas supporté une exposition plus conséquente à ce soleil.
- Plus c’est grand et plus ils se plaignent… Bon, Etoile Loup, tu vas pouvoir nous dire de quoi il retourne maintenant qu’il arrive.
- Oui, je vais tout vous expliquer, mais laissez lui le temps d’arriver. Il aura également besoin de se désaltérer, comme vous d’ailleurs.


Le cavalier se rapprochait lentement, comme s’il n’était ni pressé, ni attendu. L’homme, de grande stature arborait une chevelure verte nattée qui tombais jusqu’à ses genoux. Ses grands yeux, verts également, s’accordaient parfaitement avec la be*uté sereine de son visage. A l’opposé, son cheval était petit, trapu, et surtout, plus laid que tout se qu’on pourrait imaginer. Quelle étrange contradiction.
Il s’arrêta à quelques pas des autres, les observant chacun leur tour sans descendre de selle. Il les observa longuement sans bouger ni parler. Lorsque Rankh Hah allait ouvrir la bouche pour interpeler l’inconnu, ce dernier prit la parole.


- Seigneur Acharite, ne soyez nullement impatient. Laissez-moi le temps.
- T’laisser le temps d’quoi faire ? On t’attend d’puis suffisamment longtemps !
- Le temps… Juste le temps.
- Hein ? Tu m’cherches la ?
- Pas le moins du monde. Laissez-moi juste le temps, soyez patient. Toi, représentante du Peuple Enfant, ne le provoque pas. Les adultes ont parfois du mal avec votre esprit vif et aiguisé. Votre espièglerie les dérange.
- Je sens que je vais enfin apprécier un adulte… Il a su faire taire ce gros tas en deux phrases…
- Prince Icarii, ne me prend pas de haut. La fierté de ton peuple ne doit pas devenir un défaut. Sache accepter les autres tels qu’ils sont, avec leurs défauts et leurs qualités, c’est cela qui fait leur richesse. Tu ne leur est ni supérieur, ni inférieur. Estimer les autres à leur réelle valeur est preuve de grandeur.
- Enfin, l’un d’entre vous semble un peu plus à l’écoute.
- Noble seigneur, je suppose que vous êtes à l’origine de notre présence en ces lieux. Est-ce que nous vous inspirons une quelconque crainte pour que vous n’osiez pas nous dévoiler votre visage ?
- Aucune, bien au contraire. Je préfère cependant garder l’anonymat, vous aurez bien le temps de savoir qui je suis.
Maintenant que vous êtes présents, je vais pouvoir tout vous expliquer.
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Bizarrement, l’image quitta la scène au moment ou Etoile Loup allait tout éclaircir. Le plan recula, recula et recula encore jusqu’à ce que la belle grise soit de nouve*u totalement visible. La nuit sembla tomber rapidement, et les lumières des cités Déserticains s’allumèrent progressivement d’est en ouest dans une magnifique ola. Le spectateur ne pouvait rester de glace devant un tel spectacle.

Etonnement, la région où se tenaient les quatre Princes et le Prophète semblait dépourvue de toute lumière. Pas une seule cité, pas même un minuscule village à plusieurs centaines de kilomètres à la ronde. Ce « trou noir » béant au milieu de la planète était du plus grand effet, tout simplement impressionnant. Après avoir laissé les spectateurs admiratifs devant cette image pendant quelques secondes, la voix grave retentit de nouve*u.


Isolés, perdus… Ces mots semblent parfaitement indiqués pour exprimer ce que sont ces lieux. Cette région de la belle grise était parmi les plus vides qui soient. Les conditions de vie y sont quelque peu plus hostiles, mais pas inhospitalières. Les raisons de leur inoccupation tiennent en trois mots : Contes et Légendes Maudits. La superstition était telle à cette époque que personne n’osait braver les vieux mythes. Pourtant, quatre êtres vivants se tenaient bel et bien en ces lieux, et aucune malédiction ne les avait encore frappés… Pour l’instant tout du moins. Mais écoutons plutôt ce que le Grand Prophète leur raconta ce jour la. Cela changea leur vie de manière radicale.

De nouve*u, l’impression de plonger, chuter, s’écraser vers la surface provoqua une immense sensation de plaisir chez ceux qui contemplaient la sphère lumineuse. Au fur et à mesure que l’image se rapprochait des Princes, la lueur du jour se fit de plus en plus intense, jusqu’à ce que la luminosité caractéristique de Désertica soit de retour. Lorsque le mouvement cessa, la voix d’Etoile Loup se fit entendre. Il était d’un calme absolu, et le ton employé faisait penser à une personne prédisant le futur. Le prophète racontait sa prophétie.


- Ecoutez moi bien mes amis, et ne m’interrompez pas, je vous en prie. Il y a des années de cela, vos quatre races furent rejetées, bannies ou tout simplement oubliées. Les impies n’avaient aucune idée de votre potentiel et se privèrent probablement des quatre éléments qui auraient fait leur grandeur. La sagesse, la justice, l’intelligence et la force. Voila ce que vous représentez aujourd’hui. Vos dons sont uniques et puissants, autant que vos différences sont nombreuses et vous affaiblissent. Tout cela, vous devrez le maîtriser pour vous construire un avenir brillant.
Oui, un avenir plus que brillant. C’est pour cela que je vous ai tous invités en ce jour béni. Vous, fils et filles de ceux qui furent des martyres, vous pourrez très bientôt vous rappeler au souvenir de tous ces hommes, faibles et inutiles.

Lorsque mourront les mille étés
Revivront le temps et l’idée.
Alors une nouvelle science
Attirée par ces renaissances
Apportera à l’âme humaine
Une vérité souveraine.

Ce jour naîtrons les quatre enfants,
Liés par le passé et le sang
Les fils des anciens proscrits
Réunis par un simple écrit
Vengeront sans plier
Le souvenir de ces oubliés.

Pour que s’accomplisse cette renaissance,
Oublier toutes leurs différences
Et unir les dons de leurs pères
Seront des étapes nécessaires.
Mais libérer l’âme de Tecenndor,
Sera leur boîte de Pandore.

Princes éclairés méfiez-vous,
Car bien des choses restent floues
Dans cet avenir incertain.
Bien des choses en votre sein
De votre nature se nourrissent,
Et laisseront des cicatrices.

Si l’intelligence et la force
Ne s’unissent sans divorce,
Si la sagesse et la justice
Ne peuvent occulter leurs vices,
Alors dans le néant des flammes
Sombreront des milliers d’âmes.

La violence, la crainte et la peur,
S’insinueront dans vos cœurs,
Sans pouvoir vous en libérer,
Princes, vous vous entre-déchirerez,
Scellant ainsi le devenir
D’un Tecenndor sans avenir.

Si tel malheur se produit,
Alors la chance vous aura fui.
L’opportunité accordée
De vous-même l’aurez sabordée.
Mais pour le futur n’ayez crainte,
Il se retrouve dans cette complainte.

D’elle-même viendra la solution,
Qui passe par la séparation.
Aller chacun de son côté,
Pour laisser les choses s’arranger
Et faire que chacune de vos races
Oublie cette immense disgrâce.

Alors viendront les descendants,
Qui leurs aînés oubliant,
Restaureront l’honneur perdu
De cette immense terre déchue.
Et grâce à tous leurs efforts
Tecenndor se parera d’or.


Mes amis, aujourd’hui, une partie de cette prophétie c’est déjà réalisée. Elle vous enlace en son sein, et vous ne pouvez l’éviter. A vous maintenant de construire votre avenir, mais n’oubliez surtout pas qu’il est incertain. Chacun d’entre vous à un rôle à jouer. Il n’est pas difficile d’interpréter ces mots en surface, mais il est be*ucoup plus dur de percevoir le sens profond qu’ils cachent, ni leurs implication avenir.

Maintenant, c’est à vous qu’advient le pouvoir de faire renaître le Tecenndor. Il ne s’agit pas de quelque chose de concret, de palpable, mais simplement d’une idéologie. Celle de pouvoir un jour être respectés, de regagner votre honneur perdu et pourquoi pas, de dominer.
Loman Shra, tu es probablement le plus éclairé de tous. C’est à toi qu’il advient d’être l’Etoile du Firmament de Tecenndor, l’astre brillant qui indique la direction à suivre. Ho’Demi, ta maitrise des mots et tes connaissances font de toi la Voix lactée de Tecenndor. Porte la parole des tiens avec sagesse à travers la galaxie. Yr O Zema, avec ton éternelle jeunesse et ta joie de vivre, tu seras Langue Rieuse de Tecenndor. Que tes rires te permettent de convaincre et de regrouper les hommes. N’oublie jamais ta bonne humeur. Enfin, Rankh Hah, tu seras le bras armé de Tecenndor, le Tranchant d’Acier. Que la hache de guerre que porte ton cœur et celui des tiens soit votre arme la plus puissante. Respectez ces titres, qui sont une partie de l’âme de cette terre, et cette hiérarchie, qui est indispensable au bon développement d’une civilisation équilibrée.

Il vous faut maintenant un lieu pour construire votre avenir. L’antique cité de Sigholt qui git sous vos pieds sera idéale pour cela. Loman Shra, que ta voix la libère de son sce*u de protection. Ce sera ton premier geste pour Tecenndor.


Une voix d’une be*uté sans égal retentit alors. Un chant plus be*u que tout ce qu’un être humain est capable d’imaginer. Une mélodie si envoutante que l’esprit lui-même est aspiré, endormi, toute volonté semble anéantie par cette be*uté.

C’est la que réside le plus grand pouvoir des Icarii, repris la voix caverneuse. Leur chant est magique et peut déplacer des montagnes. Ils invoquent par leur voix la puissance des Dieux des Etoiles et surpassent ainsi toute la magie existante. Pourtant, cette magie ne leur permet pas de tuer, ni même de blesser. Elle n’est que be*uté et paix. Elle n’apporte que le bonheur dans les cœurs, la be*uté sur terre, l’espoir pour l’avenir. Souvenez-vous. Si un Icarii chante, il ne vous veut que du bien. La haine déformera sa voix et vous transcendera de peur, mais jamais elle ne vous fera de mal.

Durant ces quelques trop courtes minutes, l’image s’était fixée sur un halo à quelques distances des Princes. Plus l’Icarii chantait avec conviction et plus ce halo devenant palpable. Petit à petit, on distingua un mur, une tour, puis une autre. Ensuite, des maisons luxueuses. Ce fut finalement un donjon qui apparu, puis un palais tout entier. A l’extérieur des murs, des douves se remplirent d’une e*u qui arrivait d’on ne sait où. Ces douves, non, plutôt ces rivières, sortaient d’une crête rocheuse présente à quelques centaines de mètres de la cité émergente, et allaient se jeter dans un lac en contrebas des murs. Dans l’enceinte, des pelouses verdoyantes, des arbres magnifiques semblaient créer une magnifique oasis de paix. Lorsque Loman Shra cessa de chanter, l’antique cité de Sigholt était revenue à la vie, ranimée par la magie de la créature ailée.

- Ami Icarii, permet moi de te rendre le lac sacré des jume*ux ainsi que la cité qu’ils protègent, joyaux que tes ancêtres ont cachés avant d’être chassés. Aujourd’hui, ce lieu devient la première pierre de Tecenndor. Que votre avenir soit brillant, mes amis. Nous nous reverrons, un jour.


Comme il était apparu, Etoile Loup disparu, sans laisser de traces, sans même que les Princes puissent l’assaillir de questions. Maintenant, ils étaient seuls face à leur avenir.
Dernière modification par Adamon le 25 janv. 2009, 15:21, modifié 1 fois.
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Dans un mouvement de translation, l’image laissa les protagonistes à leur contemplation pour se focaliser sur la magnifique cité sortie de nulle part… Après avoir tourné quelques instants autour de la cité, le spectateur avait l’impression de se soulever, de quitter le sol et de voler vers la cité. Ces visions étaient tellement immersives qu’il était difficile de simplement les regarder sans les vivre. Impossible même, tellement on se sentait pris dans ce conte, d’arrêter de regarder pour reprendre plus tard. L’impatience de connaître la suite, de contempler de nouve*ux décors aussi sublimes attirait les plus insensibles des personnes et les envoutait.

Un voyage des milliers d’années en arrière… Un immense mur fortifié, des meurtrières, un pont levis… Une véritable cité des temps anciens. Pourtant, ces antiques points fortifiés étaient généralement glauques. Mais pas la cité des Icarii. Ces êtres de toute be*uté avaient su insuffler leur grâce naturelle même à leurs créations militaires, et la forteresse de Sigholt était leur plus be*u joyau, aussi étrange que cela puisse paraître. Loin d’être un simple habitat, la magie enveloppait ce lieu. Les chants des plus puissants Envouteurs Icarii s’étaient autrefois mêlés à la magie du lac des jume*ux, bénissant la cité et ses habitants. Ce jour, le digne descendant de ces Envouteurs avait éveillé la citée endormie lors de leur disgrâce.


- Que les Dieux des étoiles aident notre mère à rester en ce monde au moins aussi longtemps qu’elle fut cachée aux yeux de tous les infidèles. Aujourd’hui, les Icarii tiennent leur vengeance. Que notre honneur perdu, souillé, renaisse comme toi, ma chère Sigholt. Soit des nôtres dans cette aventure, si tu le souhaites. Accueille-nous en ton sein, et nous nous abreuverons de ta bonté et de tes soins. Mère, je t’en conjure accepte tes fils qui t’ont si longtemps reniés. Accepte leur pardon, car aujourd’hui ils reconnaissent leur tords. Je fais le serment, au nom de tous les Icarii, que ton honneur comme le nôtre sera restauré. Mère, nous acceptes-tu ?
- Y nous a pété une durite l’aut’ grande folle ? Faut être complètement…
- Mon fils, je te reconnais comme le digne successeur de Vagabond des Etoiles, le plus puissant des Envouteurs. Tu es bien le fils de celui qui me voua au sommeil. Aujourd’hui, je n’ai pas à accepter ton pardon, car aucune offense ne fut commise. L’intention de ton père était louable, et il m’a permis de survivre. Que ton chant emplisse de nouve*u mon sein comme celui de ton père le faisait il y a mille ans.


Les trois autres Princes ne purent cacher leur surprise. Une ville qui parle ? Ils auraient tout vu. Quel sortilège était capable d’un tel exploit ? Ils n’eurent pas le temps de se poser trop de questions que Loman Shra entonna dans sa langue natale une nouvelle chanson, tout aussi envoutante que la précédente. Pourtant, chacun semblait comprendre ces mots qui leur étaient inconnus.

Ô, Mère, entend ce chant
Que j’entonne pour toi,
Ces mots pleins de l’émoi
Qui fait vibrer mon sang.

Ô, Mère, je te retrouve
Après ces temps d’errance
Et ma voix s’élance,
Chanter ce que j’éprouve.

Ô, Mère, ce temps passé
Loin de ton sein chéri
Laisse en mon cœur meurtri
Des maux à effacer.

Ô, Mère, dès maintenant,
Toute mon âme t’est dévouée.
Le temps qui m’est alloué,
T’appartient à présent.

Ô, Mère, choisis ce jour
Pour renaître des cendres
Laissées par Cassandre,
La traitresse de velours.

Ô, Mère, le jour viendra
Où les nôtre pourront
Retrouver ce félon.
Verser son sang sera,

Ô, Mère, un vrai plaisir.
Pardonne-moi cette violence
Mais face à l’insolence
Je ne puis que sévir.

Ô, Mère, ne m’en veut pas
De nourrire telle rancune
Envers celle qui, mille lunes
Plus tôt, tous, nous tua.

Ô, Mère, si je t’implore
Aujourd’hui d’excuser
Mes ancêtres abusés
Le feras-tu alors ?

Ô, Mère, la responsable
De notre déchéance
Bientôt grâce à ma lance,
Redeviendra sable.

Ô, Mère, je te retrouve
Après ces temps d’errance
Et ma voix s’élance,
Chanter ce que j’éprouve.

Ô, Mère, dès à présent,
Oublions ces jours noirs,
Pour enfin percevoir
Un avenir plaisant.

Ô, Mère, construisons tous
Un futur de bonheur,
De paix, sans déshonneur
Pour que la vie soit douce.

Ô, Mère, pour tout cela,
Je te prie humblement
De recevoir ces gens
En ton sein, comme moi.

Ô, Mère, ils nous aiderons
A rebâtir nos vies
Et nous pourrons ainsi
Rayonner, tel Xirphon*

Ô, Mère, que ta voix sonne
Aux oreilles de tous ceux
Dont l’avenir nuageux
De tristesse résonne.

Ô, Mère, que ton chant glisse
En leur cœur égaré
L’espoir de rencontrer
Un avenir propice.

Ô, Mère, que ta lumière
Fasse renaître en ces lieux
L’espoir de vivre heureux
Pour cette vie éphémère.

*Xirphon est le Dieux soleil chez les Icarii



L’Icarii continua de chanter quelques longues minutes, mais cette fois, plus personne ne semblait capable de comprendre son dialecte natal. Il semblait que Loman Shra voulait garder ses derniers vers pour sa Mère seule.
Lorsqu’il eut fini, un silence de plomb tomba sur la cité. Le vent lui-même s’était arrêté pour ne pas troubler le chant. Après s’être incliné devant la cité, Loman Shra s’adressa de nouve*u à elle.


- Mère, puis-je te demander d’accepter en ton sein mes trois amis ainsi que leur peuple ? Eux, comme nous, ont perdu leur honneur. Ils ont été souillés par les jugements de ces hommes qui nous ont rejetés. Leur cause est la même que la nôtre, seules leurs manières sont différentes. Chacun à notre façon, nous participeront à la construction de Tecenndor.
- Seuls les gens loyaux peuvent en mon sein pénétrer. Le sont-ils ?
- Je ne puis répondre à leur place, Mère. Tu dois le leur demander. Leur réponse fera office de jugement.
- Bien, comme tu le souhaites. Je commence par toi, Ho’Demi. Toi et ton peuples, êtes vous loyaux ?
- Ma loyauté va à mes Dieux et à mes idéaux. Si tu estimes cela suffisant pour m’accepter, alors oui, je suis loyal.
- Cela me suffit. Passe le pont, et si tu ne mens point, tu seras autorisé à fouler mon sein.


Sans hésiter une seconde, l’Avar se dirigea vers la cité. Arrivé devant le pont, il ne sembla pas hésiter une seconde. Pourtant, il arrêta son mouvement au moment où son pied allait se poser sur les pierres du pont, puis il recula de quelques mètres.

- Aurais-tu menti, seigneur Avar ?
- Nullement, mais ce n’est pas à moi de pénétrer le premier en ton sein, je n’en suis pas digne. Ton fils, celui qui t’a redonné vie doit être le premier à recevoir ta bénédiction.
- Tu es très sage, seigneur Avar. Tu es digne de tes origines. Viens à moi, mon fils. Les Icarii sont de retour chez eux.
- Merci, Mère, et merci à toi, mon ami
.

Loman Shra ouvrit largement ses ailes et bondit en l’air. Il s’envola dans un mouvement aussi gracieux que l’on pouvait l’attendre d’un Icarii. L’image le suivit dans son envol majestueux, et les spectateurs purent alors contempler la forteresse depuis les airs, à travers même les yeux de la créature ailée.
L’homme oise*u passa au dessus du pont, puis des murailles pour survoler la cité de Sigholt. Il en fit plusieurs fois le tour, la contemplant avec des yeux pleins d’amour et de larmes. Avant même de pénétrer à l’intérieur, il voulait la connaitre par cœur, la graver dans son esprit et son âme.
Enfin, après de longues minutes à planer dans les airs, il se posa délicatement, juste à derrière Ho’Demi, les ailes toujours déployées. Il avança vers son ami et lui posa la main sur l’épaule. Il le remercia d’un regard amical, empli de larmes par la joie et l’émotion, puis continua son chemin en direction du pont. Juste devant les premières pierres, il stoppa. Il entreprit alors le salut rituel des Icarii, écartant les ailes autant qu’il le pouvait avant de les replier dans une révérence vénératrice.
Se relevant, il contempla les murs de sa « Mère » pendant quelques instants avant de poser le pied sur le pont, puis de le franchir. Il s’arrêta de nouve*u devant la porte de garde, levant les yeux, contemplant le blason de sa famille pendant de longues minutes.


- Ce blason… Enfin, je puis le contempler de mes propres yeux. Enfin, je puis le voir autrement que dans mon imagination. Sigholt est notre dernier lieu sacré, le dernier endroit où l’on trouve encore ce blason. Que les Dieux des Etoiles bénissent cet instant qui illuminera tout le reste de mon existence, aussi sombre puissent être les méandres de mon avenir.

Après un nouve*u salut, il passa finalement les portes de la cité. A ce moment exact, la voix majestueuse de la ville, accompagnée par des dizaines d’autres voix venues de nulle part, entonna une mélopée à la fois emplie de joie et de tristesse pour accueillir le premier Icarii venu en cette citée depuis plus de mille ans.

- Mon fils, avec toi, les Icarii reviennent à Sigholt. Que les Dieux des Etoiles veillent sur vous et votre descendance. Maintenant, seigneur Avar, c’est à toi de me rejoindre. Franchis ce pont et fait entrer avec toi tout ton peuple.
- C’est avec un immense honneur que je rejoins tes fils en ton sein. Comment dois-je te nommer, Ô cité sacrée des Icarii ?
- Si tu en es digne, tu m’appelleras Mère.


L’Avar, sans hésiter, prit la direction du pont, et posa le pied dessus de manière assurée. Il était sur de sa loyauté et de sa pureté d’âme. Sigholt ne pouvait le rejeter.
En effet, lorsqu’il pénétra dans la cité, les chants retentirent comme lors de l’entrée de Loman Shra. Ho’Demi était accepté parmi les fils de la forteresse.


- Yr O Zema, es-tu loyale ?
- Bien sur, les enfants ne connaissent pas la trahison et la manipulation des autres… Je suis forcément loyale.
- Méfie toi Princesse, les enfants n’ont pas que des avantages par rapport aux adultes… Franchis ce pont si tu pense être loyale. Ma magie tranchera.
- Bien.


La fillette eut recours à la magie pour rejoindre la cité, mais elle s’arrêta juste devant le pont. Là, elle posa le pied au sol pour fouler le pont de sa propre chair. Pour elle aussi, les chants retentirent lorsqu’elle eut rejoint ses deux compagnons. La fillette venait de rejoindre le rang des élus.

- Rankh Hah, es-tu loyal ?
- Euh, jpense bien, oui. Mais ma loyauté est just’ matérielle. Elle va à mes armes et à la guerre.
- Peu m’importe tes jouets. Es-tu loyal ?
- Jt’ais déjà répondu.
- Non. Es-tu loyal ?
- Pfeu, t’es chiante quand tu t’y mets mamie.
- Es-tu loyal ? Sans cela, jamais tu ne fouleras mon sein, et tu retourneras à ton errance. Es-tu loyal ?
- Loyal envers quoi ? Accouche bordel de merde.
- Peu importe envers quoi, es-tu loyal, oui ou non ?
- Tu sais qu’tu m’gonfle toi ? Bon, on va te faire plaisir. Oui, je suis loyal. Lorsque je donne ma parole, je m’y tiens.
- Bien. Franchis ce pont, et nous verrons si tu l’es.
- L’est trop loin ton pont, viens à moi si t’es si forte.
- Bien, comme tu le souhaites.


Rankh Hah se retrouva rapidement le cul dans le sable, la pierre sur laquelle il était assis ayant disparue subitement. En levant les yeux, il vit qu’il se trouvait devant la magnifique Sigholt. Lâchant un juron, il se releva puis avança en direction du pont. Pourtant, avant de poser le pied dessus, il hésita un long moment. Après quelques minutes, il fini pas se décider et avança sur l’édifice de pierre. Lorsqu’il fut à mi-chemin, la terre trembla, et la voix de la cité retentit, plus violente qu’auparavant.

- Seigneur Acharite, méfie-toi. Je ne suis pas dupe. Quelles sont tes réelles motivations ? Tu nous cache des choses, et ce n’est pas loyal. Tu as commencé la traversée du pont, tu ne peux plus reculer. PARLE !
- J’ai rien à t’dire.
- Quelles sont tes réelles motivations ? Je ne me répèterais pas…


Le ton s’était fait menaçant. Ce changement brutal fit tressaillir Rankh Hah qui faillit reculer. L’air était devenu oppressant, comme si quelqu’un ou quelque chose faisait planer une lourde menace sur les lieux.
Après quelques hésitations, le Prince Acharite prit la parole d’un ton plus humble qu’à l’accoutumée.


- Et bien…
- Avant de continuer, sache qu’il s’agit de ta dernière chance d’être loyal. La seule autre éventualité est la mort.
- Ouai ouai, il m’avait bien semblé comprendre… Euh… Humph. Nous les Acharites n’avons pas pour habitude de partager quoi que ce soit, et tôt ou tard nous nous séparerons de vous. Vous êtes trop faibles, et jamais nous ne pourrons vous accepter ainsi. Je ne pense pas non plus que vous pourrez nous prouver le contraire, pas plus les uns que les autres.
- Nous ne te demandons pas de nous suivre partout et tout le temps. Tu feras le temps que tu veux avec nous autres. Mais d’ici la, respecteras tu les autres peuples de Tecenndor ? Seras-tu loyal le temps où tu nous accompagneras, mon frère ?
- Tu as ma parole, Icarii.
- Mère, accepte-le parmi nous. Même s’il fini par nous quitter, il ne nous trahira pas lors de son passage en Tecenndor.
- Bien, comme tu le souhaites. Soit le bienvenue en mon sein, Seigneur Acharite.


Lorsque Rankh Hah terminé sa traversée et pénétra dans la cité, les chants retentirent de nouve*u. Même s’ils étaient moins sincère que précédemment, ils ne montraient aucune animosité ni crainte.

Les quatre Princes furent acceptés par le joyau ancestral des Icariis, et en son sein, ils fondèrent le Tecenndor. Oubliant leurs différences pour s’accepter les uns les autres, ceux qui représentaient les quatre races mirent leurs efforts en commun pour constituer une civilisation harmonieuse. Après seulement quelques années s’étaient construites de nombreuses citées autour de Sigholt. Les premières étaient bien différenciables les unes des autres de par leur architecture et leurs habitants. Puis, lorsque les peuples apprirent à se connaitre et à s’entendre, les premiers quartiers mixtes firent leur apparition. Vingt longues années après leur rencontre, les quatre peuples avaient totalement fusionnés pour créer une véritable communauté unie et soudée. Chacun conservait son propre mode de vie, mais les rites est coutumes de chaque race rythmaient la vie quotidienne, animant les rues et emplissant les cœurs de bonheur.
Vingt ans. C’est le temps qu’il fallu aux quatre races pour apprendre à se connaitre, a vivre ensemble et pour établir une brillante civilisation, civilisation basée sur les différences et la tolérance. Principalement la tolérance. Accepter les autres tels qu’ils sont, malgré leurs différences et leurs faiblesses. Quelle belle leçon pour l’ensemble de l’humanité, ne trouvez pas ? Les parias, les laissés pour compte, ceux que l’on considérait comme inférieurs pour un simple critère racial. En ce jour, ils prouvaient qu’ils valaient mieux que ce qu’on avait estimé auparavant. La tolérance mes amis, voila la clé de ce monde meilleur qu’ils avaient réussis à créer. Retenez cela, n’oubliez surtout pas que ce sont nos différences qui font notre force, et pas l’inverse…
Pourtant, elles font également notre faiblesse. Lorsque quelqu’un pointe ces différences du doigt, qu’il veut les faire disparaitre, alors leur force se transforme en faiblesse, leur synergie en antagonisme…
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Adamon
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Re: Du début à la fin... Histoire du Tecenndor.

Message par Adamon »

Pendant plus de vingt ans, la vie se déroula sans anicroches en Tecenndor. Les différents peuples, premièrement cohabitant et apprenant à se connaitre et s’apprécier, finirent par réellement vivre ensemble, de manière commune. Ils n’étaient plus des peuples distincts, ils avaient créé une nouvelle société. Pour le plus grand bonheur de tous, cela semblait vouloir continuer encore de nombreuses années. Pourtant, chaque race tenait à conserver ses racines, ses coutumes et ses habitudes. Tout cela se déroulait dans la plus parfaite harmonie, les fêtes religieuses des uns étant acceptées avec joie par les autre puisque cela leur conférait des jours fériés supplémentaires. Les quatre Princes eux aussi étaient parfaitement unis, chacun ayant un rôle bien défini correspondant à sa personnalité.

Les Icariis, peuple arrogant, et supérieur selon leur propre jugement, étaient les principaux gestionnaires de l’état. Ils avaient accès aux rôles prépondérants de l’économie, de la justice et des lois. Loman Shra gérait à la perfection le Tecenndor, usant de ses talents innés pour promouvoir ses terres et les peuples qu’il dirigeait. Il était estimé et respecté par tous, chacun acceptant de remettre sans contestes sa vie entre ses mains, et ce, quelque soit son peuple d’origine.
Ces rôles convenaient très bien aux Icariis, leur ego étant satisfait et leurs compétences mises en valeur. Ils représentaient l’élite de la société Tecenndorienne.

Les divertissements et l’éducation des enfants étaient gérés par les congénères d’Yr O Zema. Ces adultes au corps d’enfant excellaient dans ce rôle. Ils savaient enseigner les choses essentielles aux jeunes, tout en conservant une certaine ambiance ludique dans la chose. L’éducation spécifique restait cependant réservée aux plus anciens de chaque race. Il était hors de question qu’un Avar fasse l’éducation militaire des Acharites, comme il était hors de question que ce peuple pacifique accepte que leurs enfants reçoivent cette éducation militaire. Chaque race tenait à conserver ses particularités, ces particularités étant enseignées par ceux qui les connaissait le mieux, à savoir leurs aïeuls.

Les Avars, peuples sage et pacifique, étaient les principaux conseillers d’état. Leur avis réfléchi était écouté par tous, même par les Icariis. Leur influence sur le pouvoir était suffisamment importante pour faire pencher la balance. Leur rôle était plus ou moins équivalent à celui des créatures ailées, la notoriété publique en moins.

Enfin, les Acharites étaient bien plus terre à terre et préféraient astiquer leurs armes plutôt que réfléchir. Ils assuraient la plupart des taches ingrates ainsi que la totalité des rôles militaires. Rankh Hah excellait dans les choix tactiques et des stratégies à appliquer sur les champs de bataille, à ceci près que le Tecenndor n’avait pas mené une seule bataille en plus de vingt ans.

Cette organisation en « castes » tenait la route, chacun y trouvant son compte. Pourtant, malgré cette apparente réussite, cette entente cordiale, l’équilibre était quelque peu fragilisé par une des factions. En effet, pour les Acharites, reconquérir leur honneur passait par user de leurs talents de guerrier. Ils n’avaient que faire d’une civilisation rayonnante s’ils n’avaient pas à combattre pour la développer et la protéger. Leur nature violente en faisait des gens instables et en perpétuelle recherche de combats, d’action, de mouvement. Rankh Hah, comme les gens de son peuple, aspirait à une vie mouvementée, pas au calme d’un luxueux palais au centre d’une citée antique. Pendant presque 20 ans, les occupations étaient nombreuses, il fallait former les jeunes, organiser militairement la cité, mettre en place les infrastructures de production et entrainement militaire. Bref, il y avait de quoi occuper même le plus agité des Acharites. Cependant, depuis quelques temps, tout tournait magnifiquement bien, et les occupations se faisaient moins nombreuses. De plus, même si les Acharites sont acceptés de tous, ils restent considérés comme une sous classe, comme inférieurs, de par leur coutumes barbares et leur instinct violent.
Pendant deux ans, rien de grave ne se passa. Le Tecenndor se développait et était devenu un état très florissant, attirant la convoitise et la jalousie des autres états humains. Rankh Hah utilisa cette jalousie comme prétexte lors d’un conseil des ministres. Les quatre Princes étaient réunis, et avec eux, leurs conseillers.



- Bon sang, faut réagir. Si on fait rien, on va s’faire atomiser la gueule avant même d’comprendre s’qui s’passe. Voyez ce qui nous entoure bordel.
- Arrête ton char mon grand, tu vois le mal partout. Pète un bon coup et ca ira mieux !
- J’vois pas ce qu’une gamine peut comprendre à une situation de crise comme celle la. R’tourne jouer à la poupée.
- Pfeu…
- Bon, cela suffit, stoppez vos gamineries tous les deux. Rankh Hah, le Tecenndor n’a pas eut recours à la violence une seule fois, pourquoi commencerions nous maintenant ? Je veux bien écouter, mais si tu ne peux pas justifier tes dires, comment imaginer que ta solution est la meilleure ?
- Enfin Loman, tu ne vas pas l’écouter ?
- Ho’Demi, je sais parfaitement que tu es contre toute violence, mais après tout, c’est pour cela que les Acharites sont avec nous. Ils sont les plus doués militairement, et ils ne craignent pas de tuer. Ils ont probablement tendance à frapper trop tôt et sans discuter, mais cela compense le pacifisme et la passivité des Avars. Nous devons prendre une décision tous ensemble.
- En plus, nos hommes se sont pas battus d’puis une éternité, y vont rouiller à force. Loman, les états voisins lorgnent sur nos terres. Celles qu’nous avons fertilisées au nord pour les immigrants Acharites de volcano risquent d’être envahies rapidement si nous n’les militarisons pas. Mais bien sur, ça ne dérange pas les Avars, plus d’Acharites, ça leur pose problème…
- Là n’est pas le problème Rankhi chéri. Un de plus ou un de moins, ça change rien. Par contre, plus aucun des tiens, ça, ça serait cool. Vos gosses sont intenables, ils n’écoutent rien… D’ailleurs, ta fille tiens bien de toi, elle est terrible…
- Je l’éduque correctement, c’est tout. Loman, t’veux que j’argumente ? Tu sais qu’c’est pas mon fort… Enfin, j’vais essayer. A quoi nous sert une armée si on l’utilise pas ? C’est du temps et de l’argent foutu en l’air. Alors soit on s’bouge pour empêcher nos ennemis de piller nos terres, soit on démilitarise tout et on r’envoie mes hommes à l’usine. Si on attend qu’ils attaquent, il sera trop tard, on perd l’effet de surprise et on ne pourra pas prévoir de stratégie, on pourra que se défendre. ‘fin, au moins au début. Alors que si on attaque, on peut leur botter le cul rapidement. On frappe leurs armées spatiales stationnées au sol, on détruit leurs dépôts de munition et d’armes. Et si on fait ça bien, pour faire plaisir au pacifiste convaincu, on peut limiter les morts s’ils n’ont pas le temps de répliquer…
- Je dois avouer que tu n’as pas tord Rankh Hah. Cette stratégie peut être efficace, rapide et peu couteuse en vies.
- Mais tu ne vas pas écouter de barbare enfin ??? Pourquoi ne veux-tu pas m’écouter cette fois ? Tu as toujours prêté attention à mes conseils !
- Ho’Demi, il s’agit ici d’une décision militaire, et tu n’es pas qualifié pour cela. Rankh Hah et moi-même sommes les plus à même de décider sur ce point.
- Mais il ne s’agit pas de décision militaire, mais diplomatique. La nuance me semble suffisamment grande pour que tu puisses la voir…
- Remettrais-tu mes compétences et ma décision en cause ?
- Je dois t’avouer que j’y pense sérieusement et…
- COMMENT OSES-TU !!!!
- Comment ? C’est simple…
- Sors d’ici immédiatement, et tes semblables également.


Le ton froid, presque détaché, absent, glaça le sang de l’Avar et de la Princesse. Seul l’Acharite ne broncha pas. Sans dire mot, Ho’Demi tourna les talons et quitta la pièce. Il fut suivi des autres Avars, mais également des représentants du peuple enfant.

- Bien, nous allons pouvoir parler sérieusement.
- Ouep, en effet mon pote.


L’assaut fut mené simultanément sur les trois états voisins. Une mission diplomatique fictive, menée par des représentants du peuple enfant, pu passer sans problème les frontières afin de marquer les cibles et transmettre les infos utiles et nécessaires pour l’assaut.
Lorsque les "yeux" furent en place, les Acharites, menés par Rankh Hah, lancèrent leurs troupes. Ils détruisirent toutes les installations militaires, les troupes basées au sol et les systèmes de communications en moins d’une demi-journée. L’efficacité des bombardiers et artilleries Tecenndoriennes ne saurait plus être démenti.


Pendant le récit, ce fut un merveilleux spectacle d’explosions, de tirs, de destruction. Ceci était pourtant tellement bien mis en scène que le spectateur avait plutôt l’impression d’assister à un immense feu d’artifice… Tout en regardant les images, il écoutait la voix majestueuse qui continuait inlassablement à conter son histoire.

Enfin, une troupe au sol pénétra jusqu’à la capitale en évitant soigneusement les troupes ennemies grâce aux informations des espions infiltrés. Tout s’était déroulé à merveille et dans un temps record. Les pertes ennemies étaient minimes, et les pertes Tecenndoriennes tout simplement nulles. Les Acharites avaient montré qu’ils étaient bien les excellent guerriers qu’ils se vantaient d’être.
Cependant, ils allaient également prouver qu’ils étaient bien les barbares que Ho’Demi les soupçonnait d’être. Lors de l’assaut sur les capitales, les troupes n’ont pas tenu compte des menaces ennemies. S'ils ne reculaient pas, les ambassadeurs Tecenndoriens seraient exécutés. Mais peu leur importait, ils n’étaient pas Acharites. Quelques gamins de moins, cela ne ferait aucune différence. Et puis, de toute manière, leur stratégie prévoyait que cette mission d’infiltration était suicidaire. Ensuite, une fois la capitale ennemie prise et la rédition signée, les soldats se livrèrent à des pillages, des massacres et des viols sans précédents. En une nuit, ils firent plus de morts que sur le champ de bataille.

Lorsque ces nouvelles arrivèrent aux oreilles de Yr O Zema et de Ho’Demi, la rupture fut signée. Ils furent tous les deux horrifiés du comportement de ceux qu’ils appelaient auparavant leurs frères. La jeune Princesse avait le cœur brisé d’avoir ainsi perdu une cinquantaine de membres de son peuple, et Ho’Demi était indigné des horreurs commises par les Acharites. Il en voulait autant à Rankh Hah de n’avoir pas tenu ses hommes qu’à Loman Shra d’avoir autorisé cet assaut. De plus, ces actes remettaient en question l’honnêteté et l’honneur du Tecenndor, ce qui ne donnerait certainement pas envie aux peuples blessés d’accepter sagement les traités imposés. Cette attaque avait signé le début d’une période de troubles au sein du Tecenndor.
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