Un duo ardent.

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Joras
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Inscription : 13 sept. 2011, 18:30

Un duo ardent.

Message par Joras »

Le vent soufflait rageusement au-dehors. Sa course effrénée entre les rochers, les collines, les montagnes dont était saturé le paysage produisait un sifflement strident. La cendre jonchant le sol s'élevait en courtes tornades avant de retomber mollement à terre. Au loin, on distinguait nettement plusieurs orages. Les éclairs fendaient le ciel, et, à chaque fois, un voile rouge se levait et fendait la nuit, pour disparaître l'instant d'après. Ces terres étaient ravagées.

Au travers d'une vitre renforcée, Joras regardait ce spectacle. Où portait son regard, il ne voyait que désolation. Mais peu importe. Sous ses pieds, il le savait, le sentait presque, la vie grouillait. La dureté du climat général de Volcano, et particulièrement de cette région-ci, imposait aux autochtones de se terrer, de se cacher de la puissance formidable des éléments. Sous la montagne se trouvait donc, au sein même d'un long défilé de volcans - pour la plupart éteints, le noyau du Royaume. On appelait cette cité Kha'Kor, foyer des premiers hommes du Val de Cendreterre. D'autres villes troglodytes cernaient la région, et maintes infrastructures souterraines visant la conquête spatiale existaient aussi, mais aucun n'égalait la superbe de Kha'Kor. D'après le culte pratiqué en ces lieux, la cité souveraine fut façonnée lors de la création du monde par le dieu de la Forge. Les premiers hommes y élurent domicile, et continuèrent d’agrandir le dédale de galeries et de niveaux en s'enfonçant toujours plus profondément dans la roche. Lho'Kor, la montagne hébergeant Kha'kor en son ventre, se trouva aussi être une source intarissable de fer. Les Korians surent toujours en tirer profit au fil des avancées technologiques, notamment pour le commerce, mais avant tout pour la guerre.

Tout en ces lieux avait fait des Korians un peuple rude et orgueilleux. Joras, lui, était l'exception. Aux antipodes de ses congénères, il avait tout de même réussi à se créer un nom parmi eux, au point même d'être proclamé Roi. Dès lors, ses désirs devinrent des réalités. Il œuvrait pour son peuple, et son peuple le lui rendait. Il s'était fait construire des appartements privés au bord d'une large corniche, sur le flanc est de Lho'Kor. Un long ascenseur menait directement de ses quartiers au reste de la cité, qui se trouvait trois-mille mètres plus bas. Quand à la décoration intérieure, elle était somptueuse. Pièce après pièce, chambre après chambre, tout n'était que merveilles et délices.

Derrière sa fenêtre, le Roi Blackwood attendait patiemment un visiteur. Il lorgnait avec insistance de ses yeux émeraude vers les nuages, les fixant si intensément qu'il eut été facile de croire qu'il voyait au travers. Soudain apparut dans son champ de vision un vaisseau, petit, ne pouvant contenir qu'une personne. Il sourit et alla se poster devant la porte du sas.

Lorsque retentit le vrombissement des réacteurs, un frisson parcourut l'échine de Joras. Il était nerveux, mais étrangement excité. Le vaisseau enfin arrimé sur l'aire d'atterrissage, il ne put réprimer un hoquet. Il respira alors, profondément, se calma progressivement. Il entendit la porte extérieure du sas s'ouvrir, et dans un bruit métallique et sourd, se refermer. A nouveau, un long bruit sourd, puis la porte intérieure du sas frémit. En un instant, qui parut néanmoins une éternité à Joras, son invitée était devant lui.

- Je suis heureux que vous ayez répondu à mon invitation, s'exclama t'il. J'espère que vous avez fait bon voyage.
- Oui, merci. C'était là une voix de femme, ténue mais ferme. Il fut surpris de sa réponse. Il avait déjà pris l'habitude des titres et des convenances dont tous ici usaient à son égard. En hôte avisé, il la convia à s'asseoir, et lui proposa un verre de vin.
- Un grand cru verdan. Je vous conseille de ne pas en abuser, il vous en cuirait. Comme il se heurtait à un silence glacial, il but une gorgée. Je pense que nous pouvons entrer dans le vif du sujet. Si vous êtes ici, c'est que vous savez que nous regardons dans la même direction, tous deux. Et aussi que vous avez besoin d'aide, soit. Avant tout, vous comprendrez que je ne puis non plus vous suivre aveuglément alors que j'ignore tout de votre charmante personne... Ses yeux s'étrécirent, et la scrutèrent comme pour percer son âme à jour. Je vous serais gré, en guise de préambule et si vous souhaitez que je vous accorde ma confiance, de lever le masque qui cache votre personne, mademoiselle K.

A nouveau, le silence s'abattit sur la pièce. Joras Blackwood scruta la réaction de la jeune femme présente à ses côtés, patient.
kay
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Inscription : 04 sept. 2011, 22:38

Re: Un duo ardent.

Message par kay »

Ca faisait si longtemps... Mais le souvenir était si vivace. Des mots, des lettres, des sentiments qui se chevauchent. Des instants fragiles, immortalisés et envolés, qui n'appartenaient qu'à ceux qui savaient les voir. Il en était, c'était certain. Tellement certain qu'elle n'avait pas eu à y réfléchir longtemps avant d'accepter son invitation. S'il le désirait, il pourrait être une de ses aides les plus précieuses... Restait à savoir le convaincre...Alors elle était partie, peu après la fin du débat, prenant à peine le temps de faire un brin de toilette, de se changer, de griffonner quelques mots à l'attention des autres.

Volcano, l'indomptable, la lumineuse, irradiait comme à l'accoutumée. Point de repère incontournable de n'importe quel tête tournée vers l'infini, elle était aujourd'hui la lanterne attractive de k. La jeune femme, confiante en la technologie, avait laissé sa vie entre les mains du pilote automatique. Elle restait concentrée sur les informations qui défilaient sur l'écran principal du poste de pilotage. Des noms, des dates, des calculs, quelques schémas.... Oui, Joras Blackwood serait parfait... Elle se mordit la lèvre et s'autorisa un regard amoureux vers le ballet de roches qu'elle traversait. Il serait parfait, mais il faudrait la jouer fine. Loin d'être un idiot, il allait deviner assez vite vers quoi un engagement le mènerait. Et dans le meilleur des cas lui laisserait quelques jours avant de demander des comptes. Jouer franc-jeu comportait des risques aussi. La jeune femme ne connaissait pas assez bien son interlocuteur. Elle avait pu cerner quelques traits de son caractère fuyant, sans pour autant pouvoir le suivre aveuglément sans repérer une issue de secours... De toute façon, elle en saurait bien assez, et bien assez vite. L'opération n'était pas de celles qui se préparaient pendant des siècle. Il faudrait que les transactions soient rapides, les décisions incisives, et les avis tranchés.

Alors qu'elle calculait sa marge de manœuvre, une sonnerie lui indiqua qu'elle s'apprêtait à entrer dans l'atmosphère.
« Désolée mon vieux, je sais que c'est le plus amusant, mais c'est mon tour de jouer ». Elle fit disparaître les informations de son écran et reprit les commandes. Elle gloussa en se permettant quelques accélérations, ivre de liberté, et entra les coordonnées exactes du royaume de Blackwood.

Une heure plus tard, elle avait atterri et était menée à son hôte. Elle donna à son regard méfiant et son allure soignée une trentaine d'années. Ses yeux verts la dardaient sans pudeur, amusés, une pointe de curiosité au fond de l'iris. Il était sûrement très fort, en dépit des apparences. Froid, calculateur, il ne pouvait pas n'avoir pesé les tenants et aboutissants de cette affaire. Alors elle décida de se fier à ses instincts, et abandonna d'emblée le personnage qu'elle avait composé.

Elle s'approcha de lui pour constater qu'il la dépassait d'une bonne tête et demie, lui offrit un sourire sincère, et défit sa longue cape, le suivant vers une table. Elle accepta le verre qu'il lui tendait et attendit qu'il eut terminé de parler pour trinquer. Tandis qu'il posait de sa voix profonde les conditions de leur potentielle collaboration, elle garda les yeux rivés sur ses doigts, qui couraient sur le bois. Elle les suivit quelques secondes, avant de remarquer le silence qui s'était installé.

« Il n'y a rien à savoir, Monsieur. Nous sommes de la même race. Mais ça, vous l'aurez ressenti. J'ai l'argent. J'ai les projets. J'ai l'honnêteté. Que manque t-il à tout ça ? Vous en saurez toujours assez pour que je ne vous double pas. Que vous apporterait l'historique des batailles que j'ai menées, ou l'identité de mes partenaires ? Je suis une femme qui prend le risque de croire, et qui entraîne derrière elle ceux taillés dans la même étoffe. Libre à vous d'honorer votre nature ou de tourner les talons. Dans quel cas, je vous serais grée de bien vouloir m'en tenir informée dès maintenant. Le temps est une denrée précieuse. ».
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